Categorie: Journal de La Sombre


Killya Arha Khaladh

Je suis Killya Arha Khaladh . Je suis morte.
Du moins mon corps l’est. Mon esprit est resté vivant dans le corps de ma fille, Khaena.
J’ai été tuée par des assassins qu’une soit disant « haute » prêtresse a lancé sur moi. Il faut dire que j’ai voulu la tuer après qu’elle ait fait assassiné mon mâle Keros le jour de notre union.
Ma fille est née quelques instants avant ma mort. Pour la protéger des assassins qui me poursuivaient et des humains près desquels j’ai du l’abandonner, j’ai fait un rituel qu’on m’avait appris au sein de mon peuple qui permet à l’esprit d’une mère mourante de rejoindre le corps de son enfant. J’ai fait ce rituel pour la protéger mais ma mort violente dans les atroces souffrances de la torture, on fait perdre toute raison et tous souvenirs à mon esprit pendant de longues années. Il semble toutefois que j’apparaissais en cas de danger mortel ou lors des colères de Khaena mais je n’en ai aucun souvenir.
C’est le mâle de ma fille, le petit bleu Kely qui m’a un jour sorti de l’état « endormi » où j’étais en me provoquant lors d’une scéance d’entrainement. Mais à ce moment là, je n’avais encore aucun souvenir, la folie était mon lot quotidien et je ne savais pas ce que je faisais dans un corps qui n’était pas le mien. Jusqu’à ce que Khaena retourne voir sa mère adoptive.
Depuis, je suis en elle… vivante et prisonnière.

Un journal

Je ne sais pas pourquoi j’ai commencé à écrire dans un journal qui m’est propre… Ce n’est vraiment pas mon truc d’écrire des fadaises que personne ne lira!
Sans doute qu’à force de voir la petite écrire dans le sien et lire ses états d’âmes, m’en a donné envie. J’ai d’ailleurs parfois écrit dans le sien… enfin ce n’était pas vraiment moi… Mon esprit venait de se réveiller suite à l’entrainement avec le petit bleu. J’ai écris une nouvelle fois lorsque mon esprit fou a failli le tuer la première fois . Il y a eu aussi une deuxième occasion mais ma folie était déjà moins présente et je crois que j’ai commencé à être intriguée par le petit bleu. Mais, à la suite de çà la petite m’a muselée en elle. J’ai commencé à dépérir jusqu’à ce nous réussissions à trouver un compromis toutes les deux et que je lui demande de retourner dans son village. J’avais en effet remarqué certains passages de son journal et s’est ainsi que j’ai retrouvé la mémoire.

Peut-être que c’est pour çà que j’écris ici? Si je meurs, il restera cette trace pour comprendre qui j’étais. Je n’ai pas grand chose à faire d’autre à vrai dire : la petite n’aime pas que j’utilise son corps pour aller voir d’autres personnes. Et puis j’avais envie parfois d’écrire ce que je ressentais mais je n’osais le faire dans le journal de la petite, je ne veux pas qu’elle sache tout ce que je pense et tout ce que je fais… Un petit espace de liberté en somme, dans la prison d’un corps qui n’est pas le mien.

Folle passion

Jour 2 Illumen – Fingelien 381
Le corps de la petite réclamait à manger, ce jour là. Et je dois dire que j’ai trouvé assez drôle qu’elle mange les champignons bleus. Je savais quels effets hallucinatoires, ils pouvaient avoir mais je ne lui ai rien dit. J’avais envie de rire, de la voir pour une fois complètement libérée et délirante. Je n’ai pas été déçue! Elle a mangé une quantité astronomique de champignons… Elle était excitée comme une puce, courrait partout devant l’air effaré de son mâle. Et je riais de la voir ainsi. Il faut dire que même si mon esprit est plus fort que celui de la petite contre ce genre de substance, j’étais moi aussi atteinte…
A un moment, elle s’est effondrée et c’est moi qui est pris le contrôle du corps… Je n’avais plus toute ma raison… et c’est moi qui ait attiré le petit bleu, il n’a pas pu me résister. J’ai mêlé mon corps au sien dans la petite maison de Starenlith. Il me rappelait tellement Keros… Le petit bleu a un côté tellement sombre… il m’attire irrésistiblement. Nous nous sommes unis plusieurs fois sauvagement. Il savait bien que ce n’était pas Khaena qu’il avait en face de lui et pourtant il a continué à me désirer et moi aussi.
Nous avons ensuite combattu tous deux côte à côte mais un orque armé nous a envoyé en Achéron à quelques secondes d’intervalle. J’ai demandé au petit bleu si il avait déjà fait l’amour en Achéron. Il m’a répondu non mais de toutes évidences, il n’en avait pas envie. Je ne sais ce que çà m’a fait… Je me suis sentie rejetée et plutôt que de rejoindre l’entrée, j’ai pris un détour et je me suis assise devant un lac de lave en me demandant ce que çà me ferait de me jeter dedans. Je n’aimais pas qu’il me repousse ainsi… Je sais que je m’attache à lui que je ne devrais pas qu’il est le mâle de ma fille et non le mien… Mais il ressemble tellement à Keros parfois. Et pendant qu’il me cherchait partout, s’inquiétant de ce que je faisais, j’ai rejoint l’entrée. Je lui ai demandé moqueuse pourquoi il traînait. Il m’a rejoint mais n’avait pas l’air de vouloir partir finalement. Nous nous sommes embrassés avec passion, je l’ai conduit dans un coin retiré de l’Achéron. Les odeurs sulfureuses et le ciel rouge ont guidé nos corps l’un vers l’autre. Mais, cette fois, il a été doux et tendre. Je me sentais empotée. Je ne savais pas ce qu’était la douceur et la tendresse mais je savais qu’il me faisait du bien. Il me disait juste de me laisser aller. C’était tellement bon… Puis nous avons quitté l’Achéron.
Je ne sais plus bien ce que nous avons fait ensuite. Je me souviens que la perspective de laisser mon corps à la petite m’a terriblement frustrée. J’ai bu beaucoup dans la taverne de Corina à Pierre Blanche en compagnie du petit bleu. Je ne voulais pas le quitter. Je savais que sa véritable femelle c’était elle et non moi mais ces moments passés près du petit bleu m’ont terriblement attachés à lui.

Le sombre sauvage

Jour 24 Illumen – Fingelien 381
La petite vient de découvrir un mâle sombre : Malkael. Amusant : elle est troublée par lui, fascinée mais aussi révulsée parfois. Elle n’est pas arrivée à se détacher de lui pendant plusieurs jours. Il faut dire que ce mâle est magnifique, un regard perçant plein d’intelligence, de dureté et de sauvagerie : un véritable sombre.
Il dit qu’il va refaire son éducation. Belle excuse pour lui pour rester près d’elle. Je vois bien qu’il est troublé par elle. Sa douceur l’attire comme le miel attire les insectes. Bien sûr, il ne l’avouera jamais. Si je l’ai bien percé à jour je pense qu’il déteste être attaché à quoi ce soit ou qui que ce soit… Il aime la liberté et se sentir prisonnier d’une femelle, il va finir par détester çà.

J’ai pris le contrôle de la petite alors qu’ils s’entrainaient l’un contre l’autre pour mieux me rendre compte de qui il était vraiment. Je n’ai pas été déçue. Il était tel que je me l’imaginais. Il a cette violence en lui, cette agressivité propre à tous les sombres. Je l’ai embrassé. Il avait très bon goût. Il m’a repoussée. Ça m’a fait rire. Et puis soudain, c’est lui qui m’a embrassée. Comme si, l’envie qu’il avait eu de la petite depuis qu’il la connaissait, finissait par déborder. J’y ai répondu avidement. C’était tellement agréable de goûter à nouveau à un sombre… J’ai pensé à Keros… mon mâle… le même goût…
Puis il m’a repoussé et à recommencer à s’entraîner comme si rien ne s’était passé. Il cherchait même à me provoquer, me reprochant de ne pas éduquer la petite à la culture sombre, d’avoir eu peur de la mort quand j’ai fait ce rituel pour investir son corps. Ca me mettait en rage qu’on me dise çà: la mort est bien moins pire que ce que je vivais actuellement. Je crois que je lui ai envoyé alors plusieurs coups violents qu’il a paré en ricanant. Il ne m’amusait plus : j’ai laissé la petite reprendre le contrôle.

Je suis revenue quand j’ai vu qu’il l’embrassait lors d’une autre séance d’entrainement à Pierre blanche contre des ogres et des trolls. J’ai senti la détresse et l’incompréhension de la petite face à ce geste. Je savais qu’avec son honnêteté maladive, elle le dirait au petit bleu. Ce sauvage mettait en danger leur couple mais surtout allait troubler la petite bien plus qu’il ne le pensait. J’ai essayé de lui dire même si je pensais que çà aurait sans doute peu d’effet sur lui. Je crois que j’étais aussi un peu jalouse que la petite amène ce mâle pourtant si imperturbable à ce genre de geste passionné et irréfléchi… Je me suis moquée de lui, lui reprochant d’avoir des sentiments pour elle.
Il me répliquait qu’il n’était auprès d’elle que pour la surveiller, elle avait été nommée Jaliless et elle aurait accès à des informations sensibles. Il ajoutait que le petit bleu n’était sans doute avec elle uniquement à des fins d’espionnage des sombres. J’ai ricanné : il se trouvait des fausses excuses pour être auprès d’elle et imaginer le petit bleu avec un esprit aussi vénale me faisait rire. Je crois que j’avais frappé juste. Il était attaché à elle. Je laissé la petite reprendre le contrôle, son mâle l’appelait. J’en ai profité juste avant pour à nouveau voler un baiser au sombre sauvage.
Il semble que mes paroles aient eu quand même un effet contrairement à ce que j’imaginais. Il ne s’est pas excusé de son geste auprès d’elle : un sombre ne s’excuse jamais. Il lui a juste dit qu’il ne voulait pas que cela lui pose des problèmes.
Ce sombre me plait… et il plait à la petite. Par contre, je suis sûre que je vais pâtir de ce que j’ai fait avec le petit bleu. Il va me détester pour çà : les bleus sont tellement exclusifs.

Folie

Jour 30 Ullitavar – Fingelien 381
Je ne supporte plus de les voir ainsi se mêler sans cesse… La petite a tout je n’ai plus rien… Pourquoi lui ai je conseiller de ne plus voir le sombre sauvage si elle voulait garder son couple?
Je suis prisonnière… je redeviens folle… J’essais de le cacher à la petite. Elle croit que c’est elle qui a des accès de rage mais c’est moi…
Je vais exploser.

Liberté

Jour 3 Nuona – Fingelien 381
Je n’en pouvais plus… J’ai pris le contrôle du corps de la petite. Elle ne s’en est pas rendu compte : elle dormait. Je sais maintenant comme prendre le contrôle sans utiliser la force et sans lui demander. Il suffit que je le fasse quand elle dort. Elle ne se rend compte de rien et reste endormie jusqu’à ce que je la laisse reprendre les commandes.
Je sais que je n’aurais pas du mais je n’en pouvais plus, il fallait que je sorte. Le petit bleu a hurlé en me cherchant partout, tentant de réveiller la petite. C’était assez amusant. Il a même eu l’idée d’appeler la douce à la rescousse. Ça m’a donné l’idée de lui rendre visite. Je me suis donc rendue en Séridia. Je savais bien qu’elle ne bougeait presque jamais de son campement de Galein’th Aseyis mais l’endroit était peuplé de bleus qui m’aurait sans doute attrapée le temps que le petit bleu me rejoigne. J’ai évité tous les endroits peuplés, longeant les murs.
C’est à Starenlith que j’ai vu un des deux Kazrik nains en train de parler avec le nain banni nécromant et un pâlot. Amusée, j’ai toute suite retransmis l’information sur le canal public pour voir les réactions. Malheureusement, les inférieurs se passionnaient pour la destitution de l’Eldorian Skwy… dommage… j’ai continué ma route.
J’ai rejoint la grotte de Thyl Dur en me demandant si je devais dire à la douce où j’étais. J’hésitais : elle n’est pas idiote et malgré ses paroles rassurantes, je sentais qu’elle tentait de me piéger. Pendant ce temps, le petit bleu me hurlait de libérer Khaena. Il me faisait rire avec ses menaces. Que pouvait il faire? j’étais dans le corps de sa chérie…
Pourtant, j’avais envie de voir la bleue. Elle m’a toujours fait du bien… Je voulais juste la toucher, sentir la douceur de sa peau. Elle m’a demandée si je voulais lui faire du mal ou la séduire. J’ai trouvé çà drôle qu’elle me le demande si abruptement. Et en même temps, je trouvais triste qu’elle ait peur de moi ainsi. Je n’avais jamais tué personne… Bien sûr je suis brutale et stupide, parfois… oui d’accord souvent… Sans doute que le petit bleu lui a raconté l’horreur de mon éveil quand je l’ai torturé. Si ils savaient tous comme je regrette.
Je lui ai donc répondu que je voulais juste la séduire car tuer une aussi belle femelle, c’était du gâchis. Je crois que çà l’a fait sourire. Je lui ai demandé si elle avait déjà eu des relations avec des femelles, m’attendant à la même réponse outrée que me faisait souvent mes futures conquêtes. Elle m’a surprise en me disant qu’elle avait essayé mais que çà n’avait pas été concluant. Enfin, c’est ce que j’en ai déduit du moins. Je lui ai demandé aussi depuis combien de temps quelqu’un l’avait pris dans ses bras. Elle n’a pas répondu mais j’ai ressenti sa tristesse.

Je ne voulais pas la brusquer. Je lui ai dit que j’allais m’isoler un peu. Je suis allé jusqu’au campement sud ouest de Starenlith. Elle continuait de me parler, tentant de comprendre pourquoi j’avais pris le corps de la petite. J’avais l’impression qu’à elle, je pouvais tout dire qu’elle me comprendrait. Je lui ai donc parlé de mon emprisonnement et de ma frustration d’être ainsi prisonnière pendant de nombreux jours sans que la petite ne me laisse un instant de liberté… J’ai eu du mal à lui dire et je ne suis pas sûre qu’elle l’ait compris que je souffrais de voir ma fille si heureuse avec le petit bleu alors qu’il me rejetait violemment depuis que j’avais échangé un baiser avec ce sombre.

C’est alors que le petit bleu est apparu. Il m’a attrapée et attachée alors que je n’offrais aucune résistance. Il m’a giflé ensuite durement. J’ai eu mal pas physiquement mais moralement. Mais je ne voulais surtout pas lui montrer. Alors je me suis moquée, ce qui a provoqué une nouvelle crise de violence chez lui. J’étais surprise qu’il ose ainsi frapper le corps de la petite. J’ai fait mine de me plaindre à la douce. Je sentais que çà la ferait venir et elle est arrivée calmant ainsi toute suite le petit bleu.
Elle a pris un petit morceau de tissu qu’elle a plongé dans l’eau et l’a passé très doucement sur le visage sur mes lèvres tuméfiées par les coups qu’il m’avait donné. Je la regardais subjuguée pendant que je voyais le petit bleu tous les sens en alerte près à bondir sur moi si je lui faisais du mal. Je voyais la main bleue de la douce passer près de ma joue. J’ai attrapé sa main je voulais la toucher. Le petit bleu s’est redressé d’un coup, j’ai cru qu’il allait encore me gifler pour avoir oser ce geste mais je ne faisais aucun mal, je voulais juste sentir sa main dans la mienne. La douce s’est moquée disant que ce n’est pas comme çà que j’allais la séduire. Dépitée, j’ai lâché sa main.

Elle m’avait déjà demandé plusieurs fois ce que je voulais et en la voyant je lui ai dit… Je voulais juste être dans les bras de quelqu’un, sentir la chaleur d’un corps contre moi. Je sais bien que j’étais ridicule… mais comment vivre sans cette sensation de toucher? Mon côté animal réclamait ce contact qu’on ne m’autorisait pas à avoir. La douce n’a pas posé de question et m’a serrée contre elle. J’ai profité de ce bref instant au maximum, me gavant des sensations que cela me procurait : sa douceur, sa chaleur, l’odeur de sa peau, la douceur des caresses sur mes cheveux, son chant si beau… Elle me troublait… Je ne pouvais le nier. Je me suis redressée la fixant me demandant si elle faisait çà uniquement pour libérer la petite. Qu’importe à vrai dire. Elle m’avait donné sans rien me demander en retour ce que mon corps en manque réclamait depuis si longtemps. Je lui ai caressé la joue presque tendrement. Mais je me sentais soudain gênée d’avoir fait ce geste. J’ai baissé la tête et j’ai commencé à redonner le contrôle à la petite. Soudain, j’ai senti que la douce me reprenait dans ses bras, je voulais rester encore un peu… mais le petit bleu a appelé la petite… c’était trop tard. Elle avait repris possession de son corps.
Ils ont expliqué à la petite ce qu’il s’était passé et la douce a émis une drôle d’idée. Me laisser la possession du corps tout les jours en multiple de 5. Ils avaient l’air d’accord. Et je dois dire que l’idée était séduisante. La douce voulait connaître mon avis. J’étais d’accord bien sûr! J’allais être bien plus libre que je ne l’avais espéré. J’ai alors dit à la douce que je viendrais la voir dans 2 jours. Au moment, où j’allais rendre le corps à la petite, la douce m’a embrassée sur la joue. Ça m’a surprise. Il y avait longtemps que quelqu’un m’avait embrassée ainsi. Je n’en avais que plus envie de la revoir.
J’espère qu’elle sera là…

Endormie

Jour 5 Nuona – Fingelien 381
Je ne me suis pas réveillée… J’ai tellement l’habitude de dormir. Je n’ai pas pu voir la douce. J’ai essayé de demander à la petite si je pouvais remplacer ce jour perdu par un autre. Elle ne pouvait pas ce jour là : un conseil matriarcale l’obligeait à être présente. Je devrais pouvoir bientôt.
J’espère que la douce ne m’en voudra pas… en même temps, je ne veux pas lui montrer à quel point je suis impatiente de la voir… ce n’est pas plus mal après tout…

Premier jour

Jour 10 Nuona – Fingelien 381
A peine réveillée, je suis tombée nez à nez avec le petit bleu. Il s’est téléporté ailleurs en me voyant. Il me fuyait. J’ai eu mal… très mal…
J’ai donc été voir la douce. C’était agréable… enfin au début…
Elle m’a dit qu’elle était à Nord Thyl, la cité des nains… drôle d’endroit… je n’aime pas beaucoup ces petits êtres patauds mais heureusement, je n’en ai pas croisé. Elle était là parce qu’elle voulait sentir la pluie sur son visage. Dans son désert, il ne pleut jamais. Je me suis assise en face d’elle pas trop près sous les orangers proches de la taverne.
Elle a voulu que je parle de moi de ce que j’avais vécu. Je lui ai raconté l’assassinat de Keros lors de notre union. J’ai voulu en savoir plus sur elle. Elle m’a parlé de sa jeunesse parmi son peuple où sa voix magnifique séduisait tous les mâles sauf un qui était devenu son ami. Malheureusement, sa femelle jalouse ne l’a pas supporté. Elle a entraîné la douce loin du campement. Là des sinans l’attendaient, ils lui ont coupé la langue et l’ont pris comme esclave. Nous avions d’étranges similarités dans nos histoires. Je sentais sa tristesse et à force de m’approcher d’elle, je l’ai pris dans mes bras. Je la caressais tendrement, je l’ai même embrassée sur le front sans qu’elle ne me repousse.
Je lui ai demandé si elle avait eu un mâle depuis le départ des îlots de son mâle sinan Palladio. Elle n’en avait pas mais elle ne cherchait pas à vrai dire. Elle attendait qu’un autre la trouve. J’ai tenté un « Je t’ai trouvé ». J’ai malheureusement été gentiment repoussée. Elle m’a signalé que je n’étais pas « un » mais « une »… Avant Keros, ce genre de chose ne m’aurait pas arrêtée mais je n’avais pas envie de me battre. Et puis, comme je lui ai dit les femelles ne me réussissaient pas en général. J’essayé de faire la fière, faisant comme si çà ne m’affectait pas mais j’étais blessée. J’ai ajouté qu’il ne me restait plus qu’à reconquérir Kely, essayant stupidement de la rendre jalouse alors qu’elle n’était pas attachée à moi et espérant qu’elle serait assez attachée à lui pour que çà la blesse un peu. Elle a répliqué que c’était une très mauvaise idée, que je ne devais pas faire çà, etc…
J’ai préféré arrêter là notre conversation prétextant qu’il ne me restait que peu de temps avant que je rende le corps à la petite. Ma rage commençait à gonfler en moi… Je tentais de ne pas exploser en plantant mes ongles dans la paume de mes mains. La moindre créature à ma portée, finissait en charpie. J’allais au temple d’Illumen me défouler sur les orques femelles, sans potion ni armure. Je le traversais sans aucune égratignure, à ma grande frustration… La douce ne cessait de me dire que je ne devais pas abîmer le corps de la petite. Elle me faisait la leçon je détestais çà!

La région étant très peuplée, j’avais peur qu’un importun ne finisse par faire éclater ma colère… Je décidais d’aller en Irilion en prévenant la bleue. Une nouvelle fois, elle me faisait la leçon me disant que je ne devais pas éloigner Khaena du petit bleu… Mais qu’est ce qu’elle en savait… Ses leçons m’exaspéraient de plus en plus. Tout me paraissait soudain inaccessible : la vie ne m’intéressait plus. Le petit bleu ne m’aimait plus, la douce ne voulait pas de moi. Elle disait qu’elle m’appréciait mais je ne l’entendais plus… je ne voulais plus l’entendre… Elle semblait dire que le petit bleu ne pouvait aimer et la petite et moi en même temps, que je devais les laisser, faire des concessions, que ce n’était pas ma vie mais celle de Khaena, que je ne devais pas lui voler… Je lui hurlais de se taire… Celle qui d’habitude m’apaisait me faisait horriblement mal.

Tout me dégoûtait, je me suis soudain mise à vomir. Mais elle continuait à me dire que je ne devais pas vivre la vie de la petite. J’ai à nouveau vomi… Le petit bleu m’a parlé, je voulais le voir mais c’était trop tard, il était l’heure de rendre le corps à la petite. Je l’ai laissé reprendre le contrôle soulagée de ne plus avoir à entendre la douce…

Le gouffre

Jour 16 Nuona – Fingelien 381
Je ne voulais plus vivre… mon esprit s’effilochait petit à petit… J’avais l’impression de tomber dans un gouffre sans fin…
La petite tentait de me retenir mais je n’attrapais pas la main qu’elle me tendait… je tombais encore et encore… Je ne voulais plus m’accrocher, je ne voulais plus lutter.
La petite était bien entourée : elle avait un mâle prêt à tout pour elle, une place dans son peuple, une âme soeur, de nombreux amis. Elle était devenue une bonne combattante. Elle n’avait plus besoin de moi désormais…

Mais le petit bleu… il m’a retenu, il m’a pris dans ses bras, il a dit qu’il prendrait soin de moi… j’y crois… La petite a accepté de le partager avec moi… J’ai du mal à y croire… Mais lui et moi, nous avons mêlé nos corps… J’étais faible, je n’ai presque pu rien faire mais il m’a donné du plaisir, à sa façon tendre. J’ai succombé. Je ne veux plus partir désormais. Je veux retrouver ce plaisir avec lui.
J’espère que je ne suis pas trop faible déjà, que je retrouverais mes forces…

La fin

Jour 2 Elavrion – Fingelien 381
Le petit bleu a dit qu’il ne m’aimait pas qu’il ne m’avait prise que pour me sauver et parce que la petite le lui avait demandé.
Inutile de continuer…

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