Categorie: La vie d’un mâle sombre


Yloken Than Khlar

Je suis Yloken Than Khlar. Je ne sais pas ce que signifie mon prénom contrairement à mon nom.
Than signifie : puissance cachée, subtilement, faiblesse simulée. Quand à Khlar : damnation éternelle, esclavage.

Je suis un elfe noir et mon nom est à l’image de ce que je suis : l’esclave damné des femelles sombres mais dont la faiblesse et la soumission n’est souvent que simulation.

J’ai eu une enfance normale… élevé avec les autres jeunes mâles. Comme tous les mâles, notre vie était déjà tracée, pas par nous mais par les femelles qui décidaient qui ferait quoi. Le choix était de toutes façons limité. Les plus forts devenaient guerriers ou forgerons. Les plus stupides travaillaient aux cuisines ou se chargeaient des taches ménagères. Ceux atteints d’un problème physique ou mentale étaient éliminés. Les plus intelligents devenaient mages ou nécromants. Les plus habiles devenaient assassins. Les plus beaux ou du moins ceux qui plaisaient le plus aux femelles devenaient servants. J’étais de ceux là.

Je me demande encore pourquoi on avait choisi cette voie pour moi. Je ne me trouvais pas particulièrement beau… mais je crois que j’avais une certaine facilité à parler et à séduire qui plaisait. Cela suffisait peut-être.

Les femelles qui nous « dressaient », c’est le terme qu’elles employaient, faisait en sorte de nous mettre continuellement en compétition les uns contres les autres. Encore enfant, on nous confiait des épreuves en rapport avec notre âge. Je m’en souviens plus particulièrement d’une que j’avais remportée. Il nous fallait obtenir un des plus gros gâteaux que nous pourrions obtenir aux cuisines et cela sans voler.

J’avais, ce jour-là, laissé les autres devant réclamer leur gâteau. J’étais arrivé dans les cuisines pratiquement à la fin du temps qui nous était imparti. J’avais repéré une jeune adolescente sans doute trop « gentille » pour monter dans la hiérarchie sombre et qu’on avait relégué ici. Je m’étais présenté devant elle simulant des pleurs et demandant d’une voix entrecoupée de faux sanglots, si je ne pouvais pas avoir un gâteau sinon je serais fouetté. La jeune sombre m’a pris en pitié incapable de résister à la détresse du petit garçon que j’étais. Elle m’a offert le plus gros qu’elle avait, en séchant mes larmes avec son tablier. Puis, elle m’a embrassé tendrement sur le front en me disant de courir le ramener. Ce baiser qu’elle m’avait offert m’avait troublé. Je me sentais étrangement coupable soudain d’avoir profité d’elle ainsi.

Mais quand je suis arrivé dans la salle où nous attendaient nos préceptrices avec mon gros gâteau, j’ai vu tout de suite que j’avais gagné. Je l’ai posé sur la table devant elles, inclinant la tête pour ne pas qu’elle voit la fierté d’avoir réussi dans mes yeux. Je crois que mes préceptrices étaient surprises, elles ont mêmes été se renseigner pour savoir si je n’avais pas subtiliser le gâteau. Finalement, elles ont concédé du bout des lèvres que j’avais gagné l’épreuve. Elles ont bien sûr garder pour elles, tous ces gâteaux qui nous faisaient tellement envie… J’ai appris par la suite que la jeune sombre qui avait été si gentille avec moi avait été fouettée pour avoir donné à l’enfant sombre que j’étais ce gâteau destiné à la matriarche… Pourtant, elle ne m’en a jamais voulu.

Amahya

La jeune sombre des cuisines s’appelait Amahya. Cet incident nous avait rapproché. Je crois que je lui rappelais son petit frère.

Amahya avait une histoire tragique. Elle était née sombre d’un père et d’une mère hauts-elfes : des pâlots comme nous les appelions. Amahya affirmait que nous étions sombres parce que nous souffrions d’une maladie qui rendait notre peau plus foncée que celle des hauts-elfes et notre âme plus sombre. Je la laissais dire mais je ne croyais pas du tout à son histoire. J’étais persuadé que sa mère avait du fauter avec un mâle sombre et qu’elle lui avait raconté cette histoire pour qu’elle accepte son état.

Mais depuis que je suis allé en Draïa, j’ai commencé à croire à ce qu’elle m’avait raconté. J’ai découvert dans un livre d’histoire qu’une malédiction des landes avait rendu certains pâlots aussi sombres que moi, il y a de cela plusieurs centaines de fingéliens. La maladie s’était propagée sur le continent. Les sombres avait été rejetés par leurs frères palôts qui les bannissaient de leur clan. Les sombres avaient fini par réussir à se regrouper créant leurs propres clans. Ils ont gardé enfoui au fond d’eux la honte d’avoir été maudit, la rage de survivre et surtout la haine des pâles.

Mon clan faisait régulièrement des rafles dans les tribus des pâlots. Je pensais qu’il ne faisait que ramener des esclaves pâles pour nous servir mais Amahya m’affirmait qu’ils ramenaient aussi les bébés et enfants sombres qu’ils trouvaient. Mais, c’était toutefois assez rare. La plupart des parents pâles qui mettaient au monde un bébé sombre préféraient l’éliminer ou l’abandonner près d’un clan d’elfes noirs. Amahya avait eu la chance ou la malchance que ses parents pâles la gardent et l’élèvent malgré ce que les autres appelaient sa difformité. Elle avait vécu les premières années de sa vie parmi les pâles, marquée à jamais par cette culture.

Elle n’était dans notre clan que depuis peu de temps quand je lui avais réclamé un gâteau. Elle n’arrivait pas à s’intégrer, incapable d’accepter ce que mon clan avait fait au sien et à sa famille. Elle avait vu nos guerriers massacrer ses parents et son petit frère pâle lui aussi, devant ses yeux, alors qu’ils ne lui faisaient rien à elle si sombre de peau. Elle avait voulu mettre fin à ses jours elle-même mais les guerriers sombres l’en avait empêché la ramenant de force dans notre clan. Elle avait été surveillée jour et nuit pendant des semaines pour ne pas qu’elle s’échappe ou tente n’importe quoi. Les sombres ne le faisaient par pitié mais uniquement dans le but de faire d’elle une future reproductrice de la race sombre. Quand le désespoir avait fini par s’estomper, on l’avait mise aux cuisines, une place dégradante pour un mâle mais encore plus pour une femelle.

Mais Amahya ne s’en rendait pas compte. Elle ne luttait plus et se laissait maltraiter avec indifférence. Ma venue et mes pleurs simulés lui avaient rappelé son petit frère qu’elle avait tenté de soustraire à l’exécution froide des guerriers sombres jusqu’au bout. Mais que pouvait faire une jeune adolescente contre des combattants sur-entraînés? Je crois que m’avoir aidé à échapper à une punition lui avait redonné le goût de vivre. Elle se disait que son rôle désormais était de me protéger.

Au début dans ma petite tête de sombre, je n’y voyais que mon intérêt : j’aurais droit à des rations supplémentaires à manger. Mais les douces attentions d’Amahya ont fini par troubler le petit garçon que j’étais, habitué à ne recevoir aucune marque d’affection de personne. Je n’osais m’avouer au début que je recherchais sa compagnie. Je me mentais à moi même et aux autres en déclarant que je ne la voyais que pour qu’elle me serve à manger.

Elle n’était pas dupe je crois et elle a continué malgré tout à prendre soin de moi comme une soeur l’aurait fait chez les pâles. Elle a fini par m’apprivoiser. J’ai accepté et finit par trouver de plus en plus agréable ce petit feu intérieur qui me réchauffait. Nous sommes finalement devenus très proches même si nous devions vivre cette « amitié » de façon cachée. Cela nous amusait d’ailleurs quand elle jouait devant les autres, une femelle sombre méprisante envers moi et que moi je jouais les petits mâles soumis.

Elle était le seul petit moment de bonheur que je m’accordais. Le reste du temps, je devais lutter encore et encore pour prouver ma valeur à savoir servir les femelles sombres.

Vengeance

Amahya était désormais prête à « se reproduire avec un mâle », c’est ce que lui avait annoncé froidement, la femelle qui la prenait en charge. Quand elle m’a raconté çà, elle était effarée. Elle ne comprenait pas qu’on puisse parler ainsi de ce qu’elle appelait « l’amour ». Je la regardais dubitatif. Je ne voyais pas ce qu’il y avait de choquant dans ces paroles : elle était une femelle sombre et comme toutes femelles sombres, elle se devait de fournir au clan de nouveaux sombres. Là, elle m’a regardé avec des yeux éberlués : comment pouvais je dire çà ? Elle pensait que nous étions assez proche pour que je la comprenne. Mais qu’est ce que j’y pouvais? Tout çà me paraissait très normal. Je regrettais juste d’être encore trop jeune pour lui servir de mâle.

Cette discussion nous a considérablement éloigné l’un de l’autre. Elle était furieuse contre moi et moi je lui en voulais de ne pas vouloir servir notre peuple. Plusieurs mois, ce sont passés ainsi sans que nous nous parlions. J’en souffrais même si je ne voulais pas me l’avouer. J’entendais parfois des propos de certaines femelles qui se moquaient d’elle. Elles disaient qu’aucun mâle ne voulait d’elle et qu’il allait bien falloir à un moment donné la forcer un peu en la mettant dans les bras d’un servant.

Plus tard, j’ai entendu que plusieurs servants lui avaient été envoyés mais elle les avait tous repoussés. Ils avaient d’ailleurs subi les conséquences de leur échec : fouet ou torture suivant l’humeur de leur femelle responsable. Une fois de plus, je lui en voulais d’être la cause des punitions de ceux qui faisait le même « métier » que moi.

J’avais décidé d’aller la voir pour lui faire comprendre que ses refus n’étaient pas sans conséquence. C’est alors que j’ai vu ce que je n’aurai pas du voir. Amahya était plaquée contre un mur par une femelle combattante à l’aspect rustre et épais. J’avais déjà remarqué à plusieurs reprise les regards lubriques que celle-ci lançait à Amahya. Elle l’empêchait de crier en plaquant une de ces mains sur sa bouche pendant qu’elle tentait de glisser son autre main entre les cuisses d’Amahya qui luttait avec l’énergie du désespoir. J’aurais du m’enfuir vite et en silence. Mais j’étais tellement surpris que dans mon mouvement de recul, j’ai fait tomber quelque chose derrière moi.

La femelle s’est retourné brutalement avec de l’effroi dans les yeux. Elle savait qu’elle était en tord et qu’elle risquait une lourde punition pour avoir tenté de forcer une autre femelle sombre. Mais quand elle a vu que celui qu’il l’avait surprise n’était qu’un jeune mâle, son air effrayé s’est chargé de violence perverse. Elle m’a attrapé par le collet puis à commencer à me frapper avec une brutalité que je n’avais jamais connue.

C’est dans un brouillard rouge que j’ai entendu Amahya crier : « je ferais tout ce que vous voudrez mais laissez le tranquille ». Après, je ne sais pas ce qu’il s’est passé, tout est devenu noir. Je me suis réveillé plusieurs jours plus tard dans l’infirmerie. J’étais contusionné de partout, mon visage était tuméfié, chaque mouvement m’était douloureux. Mais je savais que si je restais trop longtemps alité, je serais considéré comme inutile et paresseux et je risquais d’être « éliminé ». Cela me terrorisait. Plusieurs fois, j’ai dit que j’allais mieux sous le regard glacial de celles qui me soignaient pour finalement m’évanouir quand je tentais de me lever. Je lisais déjà dans les yeux de certaines que je ne me rétablirais pas. Le désespoir m’avait envahi, j’allais mourir bêtement comme çà à cause des coups d’une femelle sombre…

Amahya est venue me voir discrètement. Je ne lui ai pas fait part de ma peur d’être éliminé car j’ai vu comme une ombre dans ces yeux. Je me suis souvenu alors des dernières paroles que je l’avais entendu prononcer avant de sombrer dans l’inconscience : « je ferais tout ce que vous voudrez mais laissez le tranquille ». Est ce que la sombre lubrique avait trouvé ce moyen de pression pour obtenir ce qu’elle voulait d’Amahya ? Elle ne m’a pas répondu détournant le regard où j’ai cru distinguer des larmes qu’elle tentait de retenir. Elle est partie soudain en me demandant de me rétablir vite. La haine a soudain explosé en moi : la sombre allait payer pour m’avoir frappé à mort et pour ce qu’elle faisait à Amahya.

Je me suis levé sous le regard surpris de celles qui me soignaient. La rage me maintenait debout. J’ai laissé passer quelques jours pour surveiller les allers et venus de la sombre lubrique et échafauder mon plan. J’ai volé une fiole de poison à l’infirmerie où j’avais passé trop de temps à mon goût. Je savais qu’elle passait le soir aux cuisines pour réclamer à manger à Amahya pour ensuite l’entraîner dans une chambre et assouvir ses plaisirs pervers avec elle. Mais ce soir là, elle ne quitterait pas la cuisine.

Je n’ai rien dit à Amahya sur mes intentions. Elle était en train de préparer un bol de soupe quand la sombre lubrique est arrivée. J’étais resté dans l’ombre même Amahya ne m’avait pas vu. La sombre est allée directement sur Amahya la plaquant contre le mur comme je l’avais vu faire la première fois. J’ai profité qu’elle avait le dos tourné pour verser le poison dans le bol. Amahya m’a vu. Son regard était surpris, elle se demandait ce que je faisais. Je suis retourné dans l’ombre. La sombre a fini par retourner à son bol de soupe, l’avalant rapidement pressée d’assouvir ses désirs. Puis soudain, elle s’est mise à trembler. Elle ne semblait pas comprendre ce qui lui arrivait. Elle est tombée en arrière convulsant sur le sol. Je me suis approché d’elle pour mieux la regarder agoniser. Elle a alors compris mais elle n’était plus en état de faire quoique ce soit. Pour une combattante, ce n’était sans doute pas la mort à laquelle elle s’attendait : empoisonnée par un enfant.

Amahya comprenais soudain elle aussi. Je souriais assez fier de moi : j’avais accompli ma vengeance. Elle me regardait ne sachant si elle devait se réjouir ou être horrifié par ce que j’avais accompli. Une femelle est arrivée et a découvert la scène. Amahya a dit que c’était elle qui l’avait empoisonnée, expliquant qu’elle s’était vengée pour ne plus subir les viols quotidiens dont elle était la victime. Elle n’a pas été punie pour çà. Au contraire, les femelles sombres avaient enfin l’impression qu’elle devenait une des leurs… Surtout que j’ai appris plus tard, qu’elle avait déclaré que c’était elle qui m’avait battu presque à mort pour avoir cassé une assiette.

Amahya commençait à être respectée et moi je sortais tout juste de l’enfance et j’avais déjà commis un meurtre.

Première fois

Ce meurtre m’avait fait grandir intérieurement mais aussi physiquement. Comme-ci mon corps d’enfant n’attendait que cet évènement pour faire de moi un adolescent. J’avais grandi très vite en quelques mois. J’étais aussi grand qu’Amahya désormais.

Celle-ci avait fini par « s’habituer » à la culture sombre du moins en apparence. Je savais qu’intérieurement, il n’en était rien. Elle se montrait glaciale et dominatrice en public mais dés que nous étions seuls, je retrouverais sa chaleur et sa douceur.

Durant les premiers jours après le meurtre, elle avait réclamé que je dorme avec elle. La nuit la terrorisait : elle avait l’impression à chaque bruit que la sombre lubrique allait revenir. Au début, j’étais assez réticent. J’avais peur que mon absence du dortoir des servants se fasse remarquer. Mais j’ai compris très vite qu’il était plutôt bien vue pour des servants de « découcher ». Nos préceptrices considéraient que cela faisait partie de notre éducation contrairement aux autres mâles.

Alors, j’ai dormi avec elle. Les premiers jours, elle ne cessait de pleurer. Je me sentais désemparé : j’avais rarement vu pleurer quelqu’un à part les très petits enfants. Un sombre ne pleurait pas. Pleurer était un signe de faiblesse. Je ne savais quoi dire ni quoi faire. Elle se blottissait contre moi alors j’essayais maladroitement de la prendre dans mes bras. Cela semblait suffire car elle finissait par s’endormir.

Nous avions fini par trouver normal de dormir l’un contre l’autre. Mais plus le temps passait, plus je ressentais de la gêne à être contre elle ainsi. Il m’arrivait de me réveiller en pleine nuit et de l’observer dormir. Parfois, j’apercevais la naissance de ses seins. Je ne pouvais en détacher mon regard. Une fois, j’ai même osé déboutonner le haut de sa chemise pendant qu’elle dormait pour mieux apercevoir la courbure magnifique. Chaque jour, j’allais un peu plus loin : mes doigts ont commencé à effleurer sa peau puis mes mains se sont mises à la caresser et enfin mes lèvres sont venues goûter sa peau par petite touche. Mais dés qu’elle faisait un mouvement, je m’arrêtais et je faisais semblant de dormir. C’était un peu stupide. Je crois qu’elle n’était parfois pas aussi endormie que je le croyais.

Et puis un jour, mon corps m’a fait savoir que je n’étais plus du tout un enfant… Je me suis senti terriblement gêné devant cette manifestation incontrôlable. Les jours qui ont suivis, je ne cessais de penser à elle à vouloir la rejoindre au plus vite. Mais je n’osais aller plus loin que de simples baisers sur sa peau.

C’est elle qui une nuit a ouvert les yeux me montrant ainsi qu’elle n’était pas dupe de mon petit manège. Je la regardais angoissé, me demandant si je n’étais pas allé trop loin. Je tremblais de désir mais je ne savais pas vraiment comment l’assouvir. Elle m’a souri et m’a placé au dessus d’elle. Puis très doucement, elle m’a attiré en elle. Je la regardais presque effrayé n’osant faire un mouvement alors qu’une onde de plaisir m’avait traversé. Elle a doucement ondulé le bassin, je n’osais toujours pas bouger. Puis mon instinct a pris le dessus, j’ai suivi le mouvement qu’elle avait imprimé pour nous deux. Il n’a pas fallu longtemps avant que j’exprime dans un râle, le plaisir brutale que j’avais ressenti. Je ne crois pas que pour sa part elle ait ressenti grand chose. Je suis retombé comme une masse sur elle. Elle m’a caressé tendrement.

A nouveau, j’ai eu envie d’elle. J’ai essayé cette fois là d’être un peu plus à son écoute pour lui procurer à elle aussi du plaisir. Plusieurs fois cette nuit là, nos corps se sont entremêlés sans que nous échangions un seul mot.

Au matin, alors que je me rhabillais rapidement pour ne pas être en retard auprès de mes préceptrices, nous nous sommes lancés de petits sourires gênés. J’ai quitté la pièce toujours sans un mot. Je savais que toute la journée j’aurais envie de la retrouver. Je n’espérais qu’une chose que mes préceptrices me laisse partir plus tôt ce jour là.

Apprentissage

Je ne sais pas comment elles ont su mais dés que je suis apparu auprès de mes préceptrices, elles m’ont envoyé dans le cours réservé aux « mâles » et plus aux enfants. Est ce mon air stupidement satisfait qui leur a mis la puce à l’oreille? ou est ce que les fréquentations d’Amahya étaient surveillées de par ses refus successifs? Peut-être un peu des deux.

Cette fois, j’allais vraiment apprendre ce pourquoi on me préparait depuis des années. Je ne serais plus chargé de simples missions de séduction, je devrais aller jusqu’au bout de mes actes. Après la nuit que j’avais passé avec Amahya, cela avait tendance à me surexciter : je ne voulais qu’une chose recommencer encore et encore. Je n’étais qu’un adolescent qui découvrait les plaisirs de la chair…

Je suivais les cours avec avidité et l’envie d’en savoir toujours plus. J’écoutais, je regardais et je mettais en pratique ce que j’apprenais. Nous le faisions devant tous les autres. Les femelles qui nous servaient à nous exercer étaient la plupart du temps des esclaves. Mais parfois c’était nos préceptrices elle-même qui se chargeaient de çà, afin d’estimer elles-mêmes si nous faisions leurs « exercices » correctement.

Dés le premier soir, j’ai mis en pratique ce que j’avais appris sur Amahya. J’étais enthousiasmé à l’idée de lui rendre le plaisir qu’elle m’avait donné lors de cette première nuit. Les jours ont passé ainsi : je suivais les cours assidûment et le soir, je m’exerçais sur Amahya. Parfois, elle reprenait certains de mes gestes qu’elle trouvait trop mécaniques. Elle m’apprenait à y ajouter de la douceur et de la tendresse.

Je ne sais ce qu’elle pensait de moi avec sa culture de haut-elfe, elle ne m’en a jamais parlé. Quand je repense à tout çà maintenant, j’ai l’impression que je me suis servi d’elle alors qu’elle attendait sans doute beaucoup plus de moi qu’un simple amant. Mais, je n’envisageais pas à l’époque que moi un servant puisse être le mâle d’une seule femelle. Cela nous était de toutes façons interdit.

Grâce à ce que m’apportait Amahya, je devenais un des meilleurs élèves. Un jour une de mes préceptrices m’a demandé de venir la rejoindre dans sa couche. C’était un honneur rare. Je n’ai même pas prévenu Amahya de mon absence pour la nuit, tellement j’étais fier et empressé.

Elle s’appelait Kendza. Plusieurs fois, j’avais vu son regard surpris lors de nos exercices : je n’appliquais pas à la lettre tout ce qu’on m’apprenait mais j’innovais et j’expérimentais de nouvelles méthodes. J’ai frappé à la porte de sa chambre. Elle m’a dit d’entrer de façon autoritaire. Je n’étais soudain plus très sûr de vouloir être là. Je suis entré en baissant la tête, terriblement intimidé. Elle a eu un petit sourire ironique, sûre de l’autorité qu’elle avait sur moi : « Alors Yloken? on expérimente de nouvelles pratiques? ». J’ai bredouillé de vagues excuses ne sachant à quelle sauce j’allais être mangé. Elle a ri : « Détends toi petit. Tu vas me montrer tout çà! ».

Elle s’est déshabillée devant moi sans une once de gène. Je ne savais pas ce que je devais faire : « Tu attends quoi? Que je te déshabille moi même? ». Je me suis empressé d’enlever mes vêtements manquant de tomber en me prenant les pieds dans mon pantalon. A nouveau, elle a ri : « Et bien si c’est comme çà que tu comptes faire ton métier de servant auprès des femelles… on aurait peut-être du te diriger vers le métier de bouffon non ? ». Je ne savais pas si je pouvais rire ou non alors j’ai esquissé un sourire timide.

Elle a fait un petit sourire en coin. Elle m’observait de bas en haut. Quand à moi, je ne pouvais cacher la manifestation de mon désir. Elle était belle, très belle… Une véritable femelle sombre pas une adolescente. Elle m’a entraîné jusqu’au lit : « Maintenant montres moi ce que tu sais faire! ». Au début, j’étais maladroit mais les caresses expertes qu’elle m’a offertes, ont eu raison de mes appréhensions. Je lui ai donné tout ce que j’avais, tout ce dont j’étais capable.

Je suis retombé éreinté à côté d’elle, tentant de reprendre une respiration normale. Je l’ai regardé en me demandant avec angoisse ce qu’elle pensait de ma « performance ». Elle fixait le plafond les yeux dans le vague avec un petit sourire aux lèvres. Je l’ai entendu murmurer: « Par Lith… ».

Puis, elle a repris son air détaché : « Mouai… pas mal… ». Je savais qu’elle n’avouerai pas avoir apprécié. J’ai tenté un petit trait d’humour avec un petit sourire aux lèvres : « Seulement pas mal ? Il faut donc que je recommence pour tenter de vous satisfaire pleinement? ». Elle m’a regardé surprise puis a éclaté de rire.

Et nous avons recommencé plusieurs fois dans la nuit. Elle ne s’avouait jamais satisfaite mais je savais que c’était un jeu. Le matin est arrivé sans que nous ayons beaucoup dormi. Je me suis rhabillé sous son regard amusé. Au moment, où j’allais partir. Elle m’a lancé : « Je n’ai pas pu assez apprécier tes talents. Tu reviendras ce soir! ». J’ai souri en inclinant légèrement la tête en signe d’acquiescement.

Les jours ont défilés ainsi. Je ne voyais plus du tout Amahya trop « sucrée » à mon goût, je lui préférais le piment de Kendza.

Les femelles sombres

Les jours passaient et je m’éloignais irrémédiablement de Amahya. La plupart de mes nuits, je les passais en compagnie de Kendza. Mais parfois, elle choisissait un autre élève, ce qui avait le don de m’irriter profondément. Du coup, je me cherchais une autre femelle pour la nuit. Quand j’y repense maintenant, je me demande si elle ne le faisait pas exprès…

Un soir, où elle m’avait demandé de la rejoindre. Je l’ai trouvée dans les bras d’une autre femelle : Khalara. C’était une guerrière, une grande guerrière de notre clan. Elle partait souvent pendant de long mois. Elle revenait auréolée de gloire pour avoir décimé un clan ennemi avec ses troupes. Mais apparemment, cela lui était égale. Elle considérait qu’elle n’avait fait que son « travail ».

Quand je les ai surprise dans les bras l’une de l’autre. Khalara s’est tournée vers moi : « C’est qui ce morpion? ». Kendza a souri en disant que j’étais un de ses élève « plutôt doué ». Khalara m’a regardé d’un air peu amène. Elle n’avait de toute évidence pas envie que je reste. Kendza m’a alors renvoyé vertement en m’appelant elle aussi « morpion » : elle préférait rester seule avec son amante. J’étais dépité : comment pouvait elle me préférer une femelle? Que pouvait elle bien lui apporter de plus que moi?

C’est Amahya qui m’a fait comprendre. Il n’y avait pas sans doute pas entre Kendza et Khalara que des relations charnelles, il y avait sans doute aussi quelque chose de plus fort : elles s’aimaient. J’ai haussé les épaules en récitant la leçon que l’on m’avait rabâchée : « L’affection pour quelqu’un est dangereuse. Elle n’apporte que des problèmes de dépendance et des émotions dangereuses pour le clan! ». Amahya secouait la tête : « ce n’est pas que cela… ». Elle a dit çà en me jetant un drôle de regard qu’elle a ensuite détourné. Je n’ai pas compris ce jour là, ce qu’elle essayait de me dire. J’était trop obnubilé par ma frustration de me rendre compte que je n’étais pas le favori de Kendza comme je le croyais. Je ne me suis pas non plus rendu compte que le corps de Amahya avait changé. Il s’arrondissait. Elle était enceinte et sans doute de moi puisque je ne lui connaissais pas d’autres mâles.

Quelques jours plus tard, Kendza m’a réclamé pour la nuit. Je me suis empressé de venir. Khalara était là… Je suis resté un instant interdit. Qu’attendaient elles de moi ? La voix autoritaire de Khalara m’a sorti de mon état de stupéfaction : « Déshabille toi morpion! ». Ce petit surnom qu’elles m’avaient donné les amusaient beaucoup. Quand à moi, je n’avais pas mon mot à dire mais je prenais plutôt çà comme une marque d’intérêt que comme une insulte.

Les nuits qui ont suivi, je les ai passées avec elles. Elles semblaient apprécier mes « compétences » même si je ne me faisais pas d’illusion. Je n’étais qu’un simple outil au service de leurs plaisirs. Mais je dois dire que je me délectais de ces nuits passées en leur compagnie. J’observais, j’apprenais comment les femelles se donnaient du plaisir entre elles, ajoutant ainsi quelques cordes à mon arc de servant.

Les jours passaient. J’étais toujours le meilleur élève de Kendza. On m’envoyait déjà en « mission » : séparer une jeune adolescente sombre d’un mâle pas assez bien pour elle, en réconforter une autre qui ne semblait plus vouloir continuer à vivre, donner le goût des mâles à certaines femelles… Il y avait en effet un tel mépris des mâles dans la culture sombre ou du moins de notre clan que certaines femelles n’envisageaient même pas d’éprouver du plaisir avec l’un de nous. Ceci pouvait devenir problématique, si nous voulions que notre peuple prospère et devienne influant. D’autant qu’il était extrêmement difficile pour les femelles sombres d’engendrer sans complication. Dans notre clan, il était de toutes façons obligatoire pour une femelle de donner au moins un enfant au peuple.

Un jour en plein cours, une femelle de l’infirmerie est entrée et s’est mise à parler à l’oreille de Kendza. J’ai vu le regard de celle-ci se tourner vers moi puis elle a fait un geste d’acquiescement. La femelle m’a dit d’un ton péremptoire : « Suis moi! ». Je la suivais en me demandant bien ce qu’on me voulait. Puis la sombre s’est mise à m’expliquer pendant que nous parcourions les couloirs en direction de l’infirmerie : « Amahya? tu connais? ». J’ai acquiescé. « Elle accouche et çà se passe mal… çà fait des heures et des heures… l’enfant est coincé… et elle ne veut plus rien faire tant que tu n’es pas là… ». Elle a levé les yeux au ciel comme si c’était une aberration : « si çà continue, on va perdre les deux : la mère et l’enfant ». Elle secouait la tête. Ce n’était pas de la pitié. Elle était furieuse car on lui reprocherait de ne pas avoir su garder en vie l’un des deux.

Je suis arrivée dans la pièce où on l’avait mise. Amahya était incroyablement pâle et faible mais elle m’a souri en me voyant arriver. Je me suis placé près d’elle n’osant avoir de gestes trop intimes sous le regard des autres femelles sombres. Amahya m’a pris la main. Elle l’a soudain serrée violemment en poussant un cri de douleur. Je ne savais pas trop quoi faire me sentant impuissant. Les femelles sombres à ses côtés lui ordonnaient sans ménagement de « pousser ». Amahya avait semble-t-il repris courage avec mon arrivée. Je crois qu’elle a tout donné… Mais rien n’y faisait. Je voyais Amahya devenir de plus en plus pâle, sa respiration été saccadée. Je voyais les femelles autour d’elles avoir un air entendu. L’une d’elles s’est placé au dessus d’elle et a appuyé brutalement sur son ventre, encore et encore… le sang… le sang giclait… La main d’Amahya ne me serrait plus qu’à peine. Elle n’était plus capable de faire quoique ce soit. Elle me regardait mais j’avais l’impression qu’elle ne me voyait plus.

Et soudain, il y a eu un cri. Le bébé était enfin sorti. C’était une femelle. La main d’Amahya s’est serrée. Je me suis retournée pour la regarder. Elle semblait heureuse. Puis, elle a demandé : « je veux voir mon bébé ». Les femelles sombres faisaient comme si elles n’avaient rien entendu. Alors j’ai osé : « laissez la voir son bébé au moins… ». Elles se sont retournées vers moi surprise que je me permette de leur adresser la parole sans autorisation. L’une d’elles a fini par me répondre : « à quoi bon? elle va mourir… ». J’étais sous le choc, j’ai presque hurlé : « qui va mourir ? ». Elle a froncé les sourcils puis a désigné Amahya du menton. Pendant ce temps, une autre commençait à se diriger vers la porte avec le bébé. « Je vous en prie, laissez la voir son bébé… ». La sombre a haussé les épaules en me montrant Amahya : « çà ne sert plus à rien! ». Amahya avait les yeux grand ouvert un petit sourire aux lèvres mais elle ne respirait plus. Je me suis précipité à ses côtés, j’espérais que ce n’était qu’un évanouissement… Mais, elle était morte…

Pendant ce temps, l’autre femelle emportait le bébé. Je me suis soudain relevé la rage au ventre, le regard meurtrier : « je veux voir le bébé!!! ». Je m’approchais à grandes enjambées, je crois que j’étais prêt à tuer n’importe qui. Puis, une voix autoritaire m’a sorti de ma transe : « çà suffit Yloken! ». C’était Kendza. « Tu viens maintenant. ». Elle m’a pris par le bras sans ménagement. Je l’ai entendu dire aux femelles de l’infirmerie qu’elle allait me punir elle-même pour mon manque de respect envers elles. Elles ont souri satisfaites.

Je ne voyais que du brouillard autour de moi. Kendza me tenait ou plutôt me maintenait debout pour ne pas que je m’écroule. Elle ne m’a pas conduit en salle de torture comme je pensais avoir droit mais dans sa chambre. J’étais une loque… incapable de bouger… Elle m’a déshabillé et m’a mis dans son lit… Je crois qu’elle m’a fait boire quelque chose, une drogue qui m’a fait dormir… Je ne me souviens plus…

Mahya

A mon réveil, j’étais toujours apathique. Kendza essayait de me secouer pour que je réagisse mais rien n’y faisait. Elle allait donner ses cours sans moi. Je restais prostré dans sa chambre jusqu’à son retour. Elle avait inventé une histoire pour les autres sombres : j’avais été torturé et comme la punission n’était pas assez sévère, j’étais chargé de faire le ménage dans sa chambre : une tache insultante pour n’importe quel sombre.

Mais ce mensonge ne durerait sans doute pas. Il fallait que je me reprenne en main sinon j’allais droit à l’élimination comme elle me le disait. Même cette menace ne me faisait rien. J’avais l’impression que plus rien n’avait d’importance puisque celle avec qui je m’étais lié d’affection avait disparu : jamais plus je n’aurais droit à ses caresses tendres, ni à ses conseils et ses explications sur ces choses étranges que sont les émotions… Kendza commençait à perdre pied elle aussi. Elle avait menti à plusieurs reprises pour protéger un mâle. Elle prenait un risque énorme de perdre ses statuts. Mais je ne m’en rendais pas compte comme si j’étais déjà « éliminé ».

Khalara qui était parti en mission depuis plusieurs semaines, est revenue à ce moment là. J’entendais Kendza lui expliquer la situation. Elle me regardait toujours aussi impassible. Elle s’est approchée de moi : « alors petite tête, il t’arrive quoi? ». Je n’ai pas réagi. Elle m’a appuyé sur le front avec son doigt pour voir si je ne m’étais pas endormi les yeux ouverts. Je n’étais que chiffon ma tête s’est cogné contre le mur derrière moi. Elle a eu l’air surpris puis à recommencer pour voir si les mêmes causes auraient les mêmes effets. Elle a commencé à trouver çà drôle et a esquissé un sourire en se tournant vers Kendza : « T’as vu? ».

Le regard de Kendza était furieux. Elle a élevé la voix contre sa femelle qu’elle trouvait totalement inconsciente. Khalara était stupéfaite, c’était la première fois que Kendza élevait la voix contre elle. Elle s’est approchée d’elle et l’a prise dans ses bras comprenant enfin sa détresse et son angoisse. Tout allait bien se passer, elle allait régler la situation. Elle l’a embrassée tendrement.

Puis Khalara s’est tournée vers moi : « Debout morpion!!! ». La voix était tellement autoritaire que mon corps a réagi instinctivement en se redressant brutalement. « On va aller voir le truc qu’a pondu la pâlotte! ». Je la regardait comprenant à peine. Elle m’a conduit dans les dédales de nos souterrains jusqu’au lieu où on s’occupait des bébés sombres. Elle a demandé à la nourrice de garde où était le bébé de la pâlotte. Étrangement, elle a su tout de suite de qui on parlait. En effet, Amahya n’avait jamais perdu son surnom et il faut dire que Khalara était connue et respectée et qu’il n’était pas bon de désobéir à une femelle sombre de son rang.

Elle nous a conduit jusqu’à un berceau où un bébé très éveillé nous regardait avec curiosité. Je regardais l’enfant d’Amahya. Elle était belle aussi sombre que moi avec les cheveux de sa mère. La nourrice se demandait ce que nous voulions et nous lançait un regard interrogatif. Khalara a alors déclaré : « Ce bébé est sous ma protection! C’est compris!!! ». La nourrice a acquiescé. elle devait se dire qu’elle n’aurait pas intérêt à ne pas prendre soin de la petite si elle ne voulait pas avoir Khalara sur le dos. Puis Khalara a ajouté : « Je vais la prendre quelques heures! ». Cette affirmation ne souffrait d’aucune contestation.

Khalara a commencé à prendre le bébé par le pied en le soulevant la tête en bas. La petite ne disait rien devant sans doute trouver cette position étrange. Je voyais le regard inquiet de la nourrice puis Khalara m’a mis le bébé dans les bras : « portes la toi! ». J’ai pris maladroitement la petite contre moi. Nous sommes repartis sous le regard inquiet de la nourrice.

Arrivée dans la chambre de Kendza, Je me suis assis sur le lit tenant la petite contre moi qui me regardait toujours. Kendza a failli commencé une phrase de protestation mais Khalara lui a posé un doigt sur les lèvres. : « laisse faire la magie… ». Kendza ne comprenait pas. Khalara l’a tournée vers moi en la prenant par la taille : « Regarde! ».

Je souriais béatement. Le bébé était tout ce qui me restait de sa mère. Serait elle comme elle? Il fallait que je la protège. Elle n’avait plus que moi. Sans doute que Amahya aurait appelé çà l’instinct paternel… Mais, je savais que je voulais rester en vie pour elle.

J’ai regardé Khalara en lui souriant. Comment avait-t-elle su ce dont j’avais besoin, alors que je ne le savais même pas moi même? Comment cette sombre si peu démonstrative pouvait avoir eu l’idée de me mettre au contact du bébé ? Khalara était si secrète. Avec sa stature imposante et sa façon de parler en publique, on aurait pu penser qu’elle n’était qu’une brute incapable de sentiments. Pourtant, elle était capable d’une telle tendresse envers Kendza que je savais que cette brutalité apparente n’était qu’une façade comme savait si bien les construire les femelles sombres.

Kendza s’est approchée de moi pour regarder le bébé. Elle avait déjà eu deux enfants sombres mais comme à toutes les femelles, on les lui avait enlevé dés la naissance. Pour notre peuple, il fallait couper le lien maternelle dés la naissance car trop dangereux pour le clan. Les enfants sombres étaient tous élevés dans des crèches sans jamais connaître leurs parents. Et les parents ne connaissaient rien de leurs enfants, du moins la plupart du temps. Il arrivait parfois que certaines mères essaient de suivre de loin l’évolution de leur progéniture. Kendza n’avait jamais eu un bébé dans les bras et je voyais qu’elle regardait la petite avec envie. Alors, je lui ai tendu l’enfant.

Elle l’a prise maladroitement avec l’appréhension de ne pas savoir comment faire. Et puis, elle s’est détendue. Elle s’est mise à sourire attendrie. Je me demandais si notre peuple n’avait pas tord de séparer ainsi les femelles sombres de leur petit alors qu’elles avaient tant à donner. Khalara m’a fait sursauté quand elle m’a demandé quel nom je voulais donner à la petite. Je l’ai regardé éberlué. Moi ? donner un nom à une petite femelle sombre? Elle m’a regardé impassible: « Dépêche toi avant que je ne change d’avis! ». Des noms ont soudain tourbillonné dans ma tête. J’essayais de réfléchir à toute vitesse. Et puis soudain, un nom m’est apparu qui ressemblait à celui de sa mère: « Mahya ». « C’est pas mal! Adopté! ». Kendza souriait des dernières paroles de Khalara en la regardant amoureusement. Cette dernière lui rendait le même regard. Elle s’est approchée de nous.

Kendza lui a tendu le bébé mais elle a refusé d’un signe de tête. Elle a regardé l’enfant en lui tendant son doigt. De façon surprenante, Mahya l’a attrapé et a tenté de le mettre à sa bouche. Khalara restait interdite puis elle a finalement détaché son doigt et s’est éloignée en nous tournant le dos. J’ai vu Kendza froncer les sourcils. Elle m’a redonné l’enfant pour se diriger vers sa femelle. Elle l’a regardée surprise puis elle m’a dit d’un ton péremptoire : « Ramène l’enfant! ». J’ai obéi me dirigeant vers la porte. Khalara m’a lancé toujours en me tournant le dos : « Dis leur que je l’ai appelé Mahya! ».

J’ai ramené Mahya même si j’ai eu du mal à m’en séparer. J’ai fait mine de vouloir me débarrasser d’elle au plus vite pour ne pas qu’on soupçonne quoique ce soit. J’ai annoncé la « décision » de Khalara sur le nom de l’enfant. La nourrice a juste répondu : « Il sera fait selon son désir! ».

Je suis reparti et j’ai frappé à la porte de la chambre de Kendza. Personne n’a répondu pourtant je savais qu’elles étaient là. Je suis entré discrètement. Kendza serrait Khalara contre elle. Cette dernière semblait submergée par l’émotion que l’autre tentait de calmer. Je ne comprenais pas pourquoi mais je me suis approché pour me serrer moi aussi contre elles. Elles ne m’ont pas repoussé.

C’est Kendza qui m’a expliqué bien plus tard le pourquoi de la réaction de Khalara. Celle-ci n’avait jamais eu d’enfants ou du moins aucun qui ait survécu. Suivant les règles sombres, elle n’aurait jamais du avoir un poste à responsabilité si elle était incapable d’engendrer. Mais les qualités de Khalara étaient tellement grandes, que le conseil matriarcal avait décidé de falsifier la « vérité » pour le bien du clan. Alors que Khalara venait encore d’accoucher d’un enfant mort-né, on avait substitué celui-ci par un enfant bien vivant né quelques jours auparavant. Ce mensonge du conseil matriarcal pour garder un de ces meilleurs éléments au sein de ses troupes avait toujours énormément peser sur Khalara. Elle s’était toujours senti redevable. Mais surtout, il y avait ce sentiment d’échec qui lui était revenu brutalement avec la présence attendrissante de Mahya.

Moi qui pensait avoir tout perdu en perdant Amahya, je me rendais compte que je n’étais pas seul. Alors qu’elles ne m’avaient pas montré jusqu’ici beaucoup d’affection, Kendza et Khalara tenaient à moi et avaient tout fait pour me sauver. Et puis, il y avait Mahya : ma fille… c’était étrange de dire çà pour un mâle sombre. Mais qui étais je donc à part son père? Même si mes possibilités étaient des plus limités en tant que mâle, je comptais bien tout faire pour la protéger. J’avais désormais un but : je voulais voir ma fille grandir et évoluer au sein de la hiérarchie sombre. Qui sait ce qu’elle allait devenir? Mais comme tout père, je n’espérais que le meilleur pour elle et chez les sombres, le meilleur était de devenir Ilharess!

Les jours heureux

Les années ont passés et nous étions heureux. Nous formions une petite famille: étrangeté chez les elfes noirs. Mais une famille secrète, il était hors de question que les autres sombres se doutent de nos liens d’affection. Surtout que quelques mois après la naissance de Mahya, Kendza est tombée enceinte. Je n’avait rien vu comme d’habitude. C’est Khalara qui en revenant d’une de ces longues missions l’a remarqué. Je l’ai rarement vu aussi émue que ce jour là.

La petite Kenlary est née sans aucune complication ni pour elle, ni pour Kendza: évènement assez rare. Je n’ai évidement pas pu en tant que mâle assister à l’accouchement. Mais à vrai dire, je n’en avais pas du tout envie après ce que j’avais vécu à la naissance de Mahya. Kenlary a été séparée de Kendza dés la naissance comme tout enfant sombre. Mais au retour de Khalara, celle-ci a joué la même comédie aux nourrices déclarant que Kenlary était sous sa protection. Sans l’autorité de Khalara, nous n’aurions jamais pu profiter de la petite.

D’ailleurs, Kendza et moi, nous ne pouvions voir les filles que quand elle était là ce qui avait tendance à nous frustrer et au fil des ans c’était le cas pour les petites également. Mais nous profitions de ces rares instants pour tisser des liens étroits entre nous.

Quand à moi, je ne suivais plus les cours de Kendza. J’était devenu adulte et mes nuits étaient consacrées aux femelles sombres de mon clan comme mon « métier » l’exigeait. A vrai dire, j’adorais être servant et découvrir ainsi la face cachée des femelles: celle qu’elle ne montrait pas en public. Je commençais a avoir un certain succès. Il m’était de plus en plus difficile de me libérer. Kendza était parfois obligée de me « réserver » auprès de la femelle chargée de décider des priorités de mes « prestations ».

Khalara avait décidé de m’apprendre à combattre pour des raisons obscures… Elle avait tenté d’initier Kendza mais celle-ci avait toujours refusé. Mais moi, je ne le pouvais pas: un mâle ne peut désobéir à une femelle… Alors je suivais ses cours quand elle était là. Je dois dire que je les prenais plutôt à la légère, çà ne m’intéressait pas du tout ce qui avait le don de la faire enrager.

J’aurais peut-être du l’écouter…

Les jours sombres

Cette nuit là, j’étais en train de « satisfaire » une des femelles de notre clan quand j’ai entendu des bruits de luttes. Puis, l’alarme a sonné : nous étions attaqués. Les assaillants étaient déjà entre nos murs. Khalara avait été envoyée en mission la veille avec la plupart de nos troupes de combats…

Je suis sorti à peine couvert. Je pensais à Mahya et Kenlary. Où étaient elles? Je courrais à travers les couloirs jonchés de corps. Le massacre avait commencé. J’ai trouvé une arme sur le corps d’une de nos gardes et j’ai couru vers le dortoir des enfants. J’ai supplié notre Déesse Lith de laisser mes filles vivre, je préférais mourir à leur place.

A l’entrée du dortoir, au vue des terribles blessures qu’elles avaient, les nourrices avaient du lutter farouchement pour protéger les petits sombres mais elles avaient toutes succombé. Je me suis précipité dans le dortoir, Kendza était déjà là effondrée. Mahya et Kenlary étaient mortes dans les bras l’une de l’autre massacrées par nos attaquants. J’ai hurlé mon désespoir!

Puis la rage meurtrière m’a envahie. J’ai cherché dans le dédale de nos couloirs, nos assaillants. C’était des sombres! Qu’est ce que çà pouvait être d’autres d’ailleurs? Quelle race était assez cruelle pour massacrer des enfants à part des sombres comme moi ? J’ai tué encore et encore laissant éclater ma rage. Tout était brouillard, je tapais encore et encore me souvenant trop tard des cours de Khalara… Les elfes noirs tombaient autour de moi et puis une douleur fulgurante et le noir. La dague d’un de nos assaillants s’était plantée dans mon dos.

Le fin du combat, on me l’a raconté. Khalara était revenue avec ses troupes comprenant qu’elles étaient tombées dans un piège les attirant hors de notre camp. Pendant des heures, les troupes de Khalara ont lutté pour reprendre pied à pied chaque parcelles de nos souterrains. Les assaillants ont fini par fuir. Ils n’auraient pas nos terres.

Khalara m’a trouvé dans le couloir où j’étais tombé. Elle m’a donnée deux ou trois claques pour me réveiller : « Ce n’est rien petite tête. Aucun organe vitale n’est touché! ». Elle a bandé ma blessure. Puis, elle m’a demandé : « Les petites? ». J’ai secoué la tête négativement. Je l’ai vu crisper les mâchoires tentant de retenir sa douleur : « Kendza ? ». J’ai haussé les épaules : « Je ne sais pas… ». Nous sommes allés dans la chambre de Kendza. Elle était là amorphe… Dans le même état sans doute, qu’elle m’avait trouvé après la naissance de Mahya. Khalara a tenté de la prendre dans ses bras mais Kendza l’a repoussée brutalement : « Où étais tu? pourquoi tu n’étais pas là pour protéger nos filles? ». Elle était folle de douleur. Khalara l’a regardée incapable de répondre quoique ce soit. Puis, j’ai vu son regard changer. Une rage sourde et brutale l’a envahie.

Elle est sortie de la chambre. Surpris, je l’ai suivi. J’avais peur qu’elle fasse n’importe quoi. Elle se dirigeait vers la salle du conseil matriarcal. Qu’allait elle faire? La plupart des sombres encore vivants était rassemblé là. Khalara s’est approchée de l’Ilharess à grandes enjambées : « Je vous l’avais dit que c’était un piège!!! ». Tout les sombres observaient stupéfaits cette esclandre. L’Ilharess l’a regardé avec un oeil mauvais : « Alors pourquoi ne pas être revenu plus tôt? Vous avez préféré attendre le dernier moment pour venir soutenir vos soeurs ? ». J’ai vu la haine dans les yeux de Khalara : « J’ai obéi à vos ordres, Ilharess! ». La façon dont elle a prononcé Ilharess était chargée de mépris. Mais celle-ci a continué avec un ton mielleux : « Mais puisque vous êtes si obéissante, allez me rapporter la tête de la responsable de ce massacre! ». Khalara a failli répondre puis a finalement tourné les talons. Au moment, où elle quittait la pièce l’Ilharess a ajouté : « Inutile de revenir sans cette tête bien sûr! ». Khalara s’est arrêtée un instant puis a continué son chemin sans se retourner. Les sombres avaient compris la sentence : si Khalara ne pouvait avoir la tête de l’Ilharess du clan adverse, elle devait soit mourir soit ne jamais revenir. Autant dire que la plupart des sombres supposaient que Khalara n’y arriverait jamais et que de ce fait, on ne la reverrait plus.

J’ai couru après elle : « Il faut dire au revoir à Kendza!!! ». Elle a répondu brutalement : « Je vais revenir! ». Puis, après un instant de silence : « Prends soin d’elle… ». Et elle est partie… comme tous les autres, je ne pensais pas la revoir. Je me trompais.

Le retour de Khalara

Les jours passaient. Kendza ne voulait plus me voir. Je savais d’après ses élèves qu’il n’était pas bon de subir ses foudres en ce moment. Elle utilisait souvent le fouet pour le moindre prétexte. Moi, je savais pourquoi : la douleur l’avait transformée et elle se vengeait sur tous ceux qui passaient sous sa main.

Quand à moi, en tant que servant, j’étais très demandé. Les femelles sombres malgré tout ce qu’on pouvait dire sur leur insensibilité avaient été profondément marquées par ce drame. La plupart avait perdu quelqu’un qui leur avait été cher quoiqu’on en dise : un amant, une soeur, un enfant… Je comprenais leur douleur puisqu’elle était mienne aussi. Sans doute que cette compréhension que j’avais de leur douleur me permettait de panser leur plaie. Et je dois dire que les aider ainsi me permettait de panser les miennes. Souvent, après avoir été dans mes bras, elles me réclamaient à nouveau. Certaines plus profondément blessées s’accrochaient à moi comme à une bouée de sauvetage. Pourtant c’était souvent celles qui ne laissaient rien paraître.

Je suppose que quelques unes parlaient de moi, puisque j’avais de plus en plus souvent de nouvelles femelles de haut-rang qui venaient chercher mon réconfort, jusqu’à des Jaliless pour ma plus grande surprise. J’ai appris ainsi à quel point les relations entre Khalara et l’Ilharess s’étaient tendues avant l’incident. Cette dernière devenait férocement jalouse de la célébrité et de l’aura que pouvait avoir Khalara suite à ses succès sur les champs de bataille. L’Ilharess l’avait envoyée volontairement dans des missions de plus en plus dangereuses espérant ainsi se débarrasser d’une éventuelle future prétendante à son poste. Malheureusement, Khalara ne faillait jamais et s’entourait de plus en plus de gloire. Jusqu’à ce jour où l’Ilharess l’avait envoyée massacrer un clan que des informations disaient sans défense… Khalara avait tenté de la faire fléchir à plusieurs reprises tentant de la convaincre qu’il s’agissait sans doute d’un piège. L’Ilharess n’en avait fait qu’à sa tête ne supportant pas que Khalara aille contre sa volonté.

Je me suis aussi rendu compte à quel point les sombres commençaient à douter des décisions de leur Matriarche… chose impensable… mais celle-ci s’était mis à dos la plupart des membres de son clan en bannissant à mot couvert Khalara, celle qui avait sauvé de l’avis de tous, le peuple de la destruction. L’Ilharess ne pensait plus à son peuple mais à garder son poste coûte que coûte. Si elle avait su à quel point Khalara était peu intéressée à devenir Ilharess, elle n’aurait jamais commis cette erreur.

Un jour, j’ai entendu des murmures qui se transformaient soudain en cris de joie. Je me suis précipité dans les couloirs d’où venaient le bruit. Khalara était de retour avec ses troupes les plus fidèles. Elle tenait quelque chose à la main. Elle se dirigeait vers le trône de l’Ilharess qui la regardait d’un oeil mauvais. Khalara la regardait fièrement sans faillir puis elle a soudain jeté à ses pieds ce qu’elle tenait à la main : la tête de la matriarche du clan responsable du massacre de notre peuple. Khalara la défiait du regard en restant silencieuse. L’Ilharess a fini par émettre un soupire d’agacement en tapotant son accoudoir avec ses doigts : « Je ne vous attendais plus! ». Le regard de Khalara s’est durci. Il se dirigeait vers le cou de l’Ilharess puis elle regardait la tête à ses pieds, puis à nouveau le cou… Tout le monde a compris qu’elle hésitait à offrir le même sort que celle à qui appartenait la tête à celle qu’elle avait en face d’elle. Le visage de l’Ilharess a montré un instant de la peur et sa main s’est portée à sa dague.

Khalara l’a regardée avec un petit sourire amusé puis elle lui a tourné le dos pour sortir de la salle. J’ai vu l’Ilharess se redresser et hésiter à la poignarder ainsi dans le dos mais elle voyait tous les regards réprobateurs des sombres tournés vers elle. Elle a finalement relâché l’étreinte sur sa dague en criant pour ne pas perdre la face : « Je n’en ai pas fini avec vous!!! ». Khalara a fait comme si elle n’avait rien entendu continuant son chemin vers la porte. L’Ilharess voyait les sourires amusés autour d’elle. Alors, elle a voulu reprendre la main pour ne pas paraître de céder : « Mais allez y! Vous avez sans doute besoin de vous reposer. Nous reparlerons de tout çà plus tard! ». Elle s’est finalement rassise après avoir donné un violent coup de pied dans la tête au pied de son trône et en grognant : « Débarrassez moi de çà!!! ».

J’ai quitté alors la salle me précipitant à la suite de Khalara, Kendza était devant moi. Nous sommes entrés à la suite l’un de l’autre dans les quartiers de Khalara. Kendza a brutalement explosé : « Pourquoi tu ne la pas défiée? Tous les sombres ne souhaitaient que çà!!! ». Khalara l’a regardée blasée : « Tous les sombres, sauf moi… et çà aurait changé quoi de toutes façons? çà ne ramènera pas nos filles! ». Kendza a eu un rictus de colère : « Tu n’es qu’une lâche!!! Elle va détruire notre peuple comme elle a détruit nos filles et tu ne fais rien !!! ». Elle est ensuite sortie en claquant la porte.

Khalara m’a regardé avec un air un peu perdu : « Tu penses comme elle? ». J’ai secoué négativement la tête : « non tu n’es pas lâche… mais le peuple n’a plus confiance en l’Ilharess… Il faut en changer et tu es la mieux placée pour çà. Elle t’a toujours crainte… ». Elle a haussé les épaules : « Rattrape Kendza et calme la s’il te plait… je vais réfléchir à tout çà. ». Elle s’est assise et s’est pris la tête entre les mains.

J’ai couru à la suite de Kendza. Elle était en train de réclamer un verre d’alcool aux cuisines mais celui qu’elle voulait lui était refusé parce qu’il avait été « spécialement » préparé par l’Ilharess pour Khalara. Nous nous sommes regardés Kendza et moi, un peu surpris du changement de ton de l’Ilharess à l’égard de Khalara… Puis nous avons attendu que le verre de Kendza soit prêt… Pourtant, j’avais l’impression que quelque chose ne tournait pas rond mais je n’arrivais pas à déterminer quoi…

C’est alors que çà m’est apparu comme une évidence : « le verre… l’Ilharess… ». Kendza a soudain compris, elle aussi. Nous avons couru à en perdre haleine. Nous avons croisé dans les couloirs le serviteur qui revenait d’avoir déposé le verre. Kendza murmurait : « non… non… ». Nous sommes entrés en trombe dans les quartiers de Khalara. Elle venait de reposer son verre vide… Elle s’est tournée vers nous en souriant : « Merci pour le verre! ». Kendza a murmuré avec de l’incompréhension dans la voix : « mais ce n’est pas moi qui… ». Et Khalara a commencé à vaciller. Elle était devenue blanche comme un linge. Kendza a réussi à la rattraper avant qu’elle ne s’effondre complètement. Khalara a doucement murmuré : « L’Ilharess ? ». Nous avons acquiescé de la tête incapable de prononcer le moindre son. « J’aurais du m’en douter… je suis stupide parfois… tu étais trop en colère pour m’offrir un verre… ». Kendza s’est mise à pleurer : « pardonne moi… tu n’as jamais été lâche… tu… ». Khalara lui a posé un doigt sur les lèvres : « chtttt… tout va bien se passer. Je t’attendrais de l’autre côté avec les filles… ». Puis elle s’est éteinte…

Kendza s’est mise à hurler comme une folle… Je n’ai jamais vu autant de douleur dans le regard de quelqu’un que dans celui de Kendza ce jour là. J’ai tenté de la prendre dans mes bras. Elle m’a repoussé violemment contre le mur derrière moi avec la force d’une démente. J’étais à moitié assommé. Elle a pris la dague de Khalara et s’est précipitée dans les couloirs. J’ai repris mes esprits et je me suis précipité à sa suite. Je savais où elle allait.

Je l’entendais hurler : « Vous êtes bien trop lâche pour affronter Khalara de face! vous préférez l’empoisonner!!! Mais, moi, je vous fais face comme devrait le faire tout sombre digne de ce nom et qui veut le bien de son peuple. Vous n’êtes plus l’Ilharess pour moi!!! Vous n’êtes qu’un déchet! Je vous maudis vous et votre descendance!!! Race ignoble!!! ». Le combat avait commencé quand je suis arrivé. Kendza n’avait aucune chance je crois qu’elle le savait bien elle même mais j’espérais que sa rage lui permettrait de gagner… espoir futile…

La dague de l’Ilharess s’est plantée profondément dans le coeur de Kendza… et elle s’est effondrée… L’Ilharess l’a repoussée du pied avec un sourire mauvais : « voilà une bonne chose de faite! ». Puis elle s’est éloignée sans un regard. Les sombres présents étaient stupéfaits… J’ai pris Kendza dans mes bras. « Tu la tueras pour nous n’est ce pas, morpion? ». Elle m’a regardé avec un petit sourire amusé comme si elle me faisait une bonne blague en m’appelant une dernière fois « morpion ». J’ai tenté de sourire : « oui… bien sûr… ». Elle m’a souri une dernière fois et son corps est devenu flasque… Son esprit était parti rejoindre Khalara et nos filles…

J’étais seul désormais… mais il fallait que je survive pour accomplir ma vengeance…

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