Un jour, Oudline m’a fait remarquer qu’il portait désormais le même écusson que Naacre. Il s’agissait de l’écusson d’une guilde : Les légions fyros. Il m’a expliqué qu’il avait obtenu tout récemment la citoyenneté fyros après avoir accomplis une série de missions que les responsables de mon peuple, lui avait demandé de réaliser. En tant que matis, il avait eu bien plus à prouver qu’un simple fyros.

Cette étape était une condition obligatoire pour entrer au sein de la guilde de sa cousine Naacre. Il m’a demandé presque timidement, si j’allais le rejoindre. Les légions fyros étaient une guilde militaire entièrement dévouée à la défense du territoire fyros. J’étais dubitative… Entrer dans une organisation militaire ne me plaisait pas vraiment. Il a insisté, s’inquiétant de ma protection quand il n’était pas là. Son côté protecteur était touchant et j’ai fini par accepter.

C’est là bas que j’ai rencontré pour la première fois Glorf, Dinomir, Morandy et Eeri. Tous trois étaient fyros comme moi. Glorf était le chef de la guilde. Il était du genre bourru. Dans les combats, il préférait je crois « foncer dans le tas » avec sa hache à deux mains. Plus réservé, Dinomir était quand à lui un grand magicien aussi bien dans la magie curative que destructrice. Morandy était quand à lui beaucoup plus discret que les autres mais comme tous les membres de la guilde, il était toujours près à aller au combat. Quand à Eeri, elle était à la fois magicienne et combattante. Nous nous sommes tout de suite entendue. Elle était toujours prête à partir en expédition, au combat ou à la taverne de Pyr. Nous nous entraînions souvent ensemble : moi j’avais besoin de m’améliorer en combat et elle en magie.

Quand Oudline n’était pas là occupé à d’autres activités, je passais la plupart de mon temps avec elle. Est ce que c’est cette affection que j’avais pour Eeri, qui a fait peur à Oudline? Il savait qu’il m’était arrivé d’avoir des liaisons avec des homines. Un soir alors que nous étions à la taverne, nous y avons croisé Eeri. Celle-ci voulait me faire goûter à toutes sortes d’alcool comme de la bière de shooki. Oudline désapprouvait déclarant qu’elle allait me pervertir. J’ai secoué la tête stupéfaite. Celui-ci me connaissait donc bien mal. Comment pouvait il affirmer cela ? Me croyait il si naïve ? Sans doute était ce de ma faute : je ne lui avais jusqu’ici, montré qu’un aspect de ma personnalité : le côté naïf et doux. Pourtant, il m’arrivait d’être aussi agressive qu’un gingo et aussi piquante qu’une slaveni.

Oudline a fini par vouloir aller se coucher mais je ne l’ai pas suivi, je voulais rester encore un peu et puis j’étais agacée par l’impression qu’il ne me voyait que comme une douce zoraï un peu sotte. Comme il s’étonnait que je ne le suive pas, j’ai dit en plaisantant que Eeri et moi, nous allions faire des choses innommables dés qu’il aurait le dos tourné. Et Eeri a bien sûr renchéri pendant que Oudline quittait la taverne en nous souhaitant une bonne nuit. Tout ceci n’était que plaisanterie. J’ai d’ailleurs quitté moi aussi la taverne peu de temps après. Mais, je crois que cet incident l’avait bien plus blessé que je ne l’imaginais.

Quelques jours plus tard, la guilde a organisé une expédition pour Thesos, une ville fyros perdue dans le désert. Quand je suis arrivée, toute la guilde était rassemblée à la taverne de Pyr. Oudline était déjà là. Nous sommes partis très vite. La route était longue et dangereuse. Je savais que la guilde organisait surtout cette expédition pour moi afin que je puisse accéder au téléporteur de Thesos, pour ainsi par la suite, pouvoir me rendre plus facilement dans cette ville. Ils étaient là pour m’escorter et me guider aux travers des dangers qui allaient jalonner la route.

C’est avec pas mal d’appréhension que je les ai suivi. J’étais plutôt maladroite ne sachant pas trop me comporter lors des combats : devais je fuir ? ou devais je tenter d’aider avec mes faibles compétences aux risques de prendre un coup et d’obliger les soigneurs à me relever les détournant des combattants? J’ai préféré la deuxième solution même si je n’étais pas fière quand une créature finissait par se retourner contre moi et me mettait à terre en un coup…

Nous avons fini par arriver à Thesos. Terres très excentrées de tout, entourées de zones peuplées de créatures dangereuses et agressives : varynx et ocyx en tête. Mais, elle avait l’avantage d’avoir une superbe taverne au dessus de l’eau. C’est là que nous avons fait une halte. Oudline a commencé à me faire remarquer que je ne l’avais pas embrassé. Je trouvais la remarque un peu déplacée dans ce contexte d’expédition. Je lui ai répondu que j’étais plutôt réticente en général à exprimer mon affection en public et qu’en l’occurence nous n’avions pas eu le temps de nous retrouver seul avant le départ. C’est là qu’il a commencé à dire qu’il n’aimait pas beaucoup être en groupe et préférait de beaucoup être seul avec moi. Je ne sais pourquoi j’ai ressenti cette petite reflexion comme un étau qui se refermait sur moi. J’avais l’impression qu’il ne me voulait qu’à lui et que çà le dérangeait que j’apprécie d’être avec d’autres personnes que lui…

Glorf a alors proposé de continuer pour rejoindre Zora la capitale Zoraï. Oudline a alors déclaré qu’il allait s’arrêter ici, qu’il était trop fatigué pour continuer. Dinomir s’est arrêté là aussi. J’hésitais : si je poursuivais la route avec la guilde j’avais peur que Oudline ne le prenne comme un rejet mais j’avais vraiment très envie de continuer et découvrir le pays jungle. Je me suis finalement dit qu’il allait bien falloir qu’il s’habitue à mon besoin de liberté et de découverte si il voulait rester avec moi. J’ai annoncé que je continuais la route.

Glorf et Eeri semblaient heureux de me voir continuer avec eux mais j’ai vu Oudline tiquer. Il a commencer à me dire que Eeri était un homin manqué et qu’elle avait parfois des véritables attitudes d’homins… Je ne comprenais pas… et alors? qu’est çà avait à voir avec l’expédition? Il n’a pas vraiment répondu et s’est éloigné en me souhaitant une bonne nuit.

J’ai haussé les épaules et je me suis mise en route avec Eeri et Glorf. Je ne me souviens absolument pas de la route que nous avons prise… Je sais que plus d’une fois, il a fallu sprinter pour passer aux travers de groupes de créatures qui trouvaient la viande d’homins à leur goût. Glorf faisait ce qu’il pouvait pour nous protéger mais il a été plus d’une fois débordé. Mais après bien des résurrections, Zora était en vue.

Drôle de ville… aucune porte, aucune ruelle… une ville complètement ouverte difficile à défendre contre des invasions. Mais, on m’a expliqué que c’était volontaire. Cette façon de construire était du au massacre qu’il y avait eu dans l’ancienne capitale Zoran pendant le Grand Essaim. Des milliers de zoraïs étaient morts piétinés poussés par la panique que provoquait l’arrivée des armées de Kitins et par des portes trop étroites…

Je me suis endormie sur place épuisée et légèrement tracassée par les réactions qui me semblaient étranges d’Oudline.

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