J’ai apprécié Morandy, dés la première fois où je l’ai rencontré. J’aimais son caractère doux et mesuré et surtout l’attention et la générosité qu’il avait constamment envers les autres. Je ne pensais pas au début qu’il m’appréciait. Je m’imaginais un peu trop délurée pour quelqu’un d’aussi pondéré que lui. Mais je me trompais.

J’ai commencé à remarquer qu’il faisait constamment attention à moi, restant à mes côtés la plupart du temps lors de nos expéditions. Je pensais qu’avec sa générosité, il ne faisait çà que pour protéger la plus faible de la troupe. C’était d’ailleurs sans doute le cas au début. Mais au fil des jours, une douce amitié est née entre nous.

Je me souviens de ce concours de combat auquel il m’avait gentiment conviée, m’expliquant où il se situait. Je n’ai pas beaucoup de souvenirs des combattants mais c’est ce jour là, je ne sais pourquoi, que j’ai remarqué le beau mâle fyros qu’il était. Sans doute parce que j’étais un peu en retrait derrière lui et que je ne me gênais pas pour observer à loisir sa musculature puissante. J’ai finalement secoué là tête en me disant que je n’étais pas là pour çà mais pour regarder les combats. C’est pendant que j’avais détourné le regard qu’il s’est éclipsé.

Le concours avait fini par l’ennuyer et il était parti en compagnie de Guyzmo pour une expédition vers les primes racines. J’étais un peu déçue qu’il ne m’ait pas invitée mais après tout, je comprenais : j’étais une charge pour des combattants plutôt qu’une aide. Je me suis alors rendue dans le hall de notre guilde. Morandy m’avait demandé de regarder si je trouvais une arme et une armure à ma convenance. Malheureusement, il n’y avait rien qui pouvait m’aller… Dépitée, j’ai fini par annoncer sur les ondes de la guilde que j’allais me saouler à la taverne avant d’aller rouler sous la table.

Morandy a réagi immédiatement semblant inquiet à ma grande surprise. En fait, il n’était pas encore parti en expédition ayant rencontré une ancienne connaissance. Il m’a déclaré qu’il serait heureux que je les rejoigne si j’en avait envie. Je me suis précipitée ne finissant pas le verre de bière de shooki que j’avais commencé. Heureusement que Eeri n’avait pas vu çà, sinon elle m’aurait copieusement sermonnée pour ce crime!

Elle était là quand je suis arrivée d’ailleurs. Nous sommes partis presque immédiatement. Notre petite troupe cherchait à trouver le nommé des yelks. Mais nous avons été décimés par une patrouille de kitines qui est revenue à la charge à plusieurs reprises. Nous nous en sommes sortis que grâce à l’intervention d’une matis. C’était un peu honteux pour des légionnaires fyros.

Quelques jours plus tard, Morandy m’a demandé si j’avais finalement trouvé mon bonheur dans le hall de la guilde. Je lui ai avoué que ce n’était pas le cas. Il m’a réprimandée pour ne pas lui avoir dit plus tôt. Mais de mon côté, je ne voulais déranger personne. Il a secoué la tête déclarant qu’il allait me faire lui-même une armure. Il a pris mes mesures me faisant essayer différents types pour que je choisisse la forme qui me convenait le mieux. J’ai opté pour une armure moyenne de type fyros sauf pour le pantalon dont la coupe ne me plaisait pas. J’ai choisi le short tryker que j’avais appris à apprécier après que l’instructeur de récolte de Silan m’en ait offert un.

Je pensais que çà allait être tout mais Morandy m’a demandée de choisir la couleur de mon armure. Je l’ai regardé surprise : je pouvais vraiment ? Il m’a souri amusé de ma naïveté. J’ai osé à peine dire que j’aimais le rouge et le bleu, et que l’une des deux couleurs m’iraient très bien. Il m’a demandé de préciser : quelles parties rouges et quelles parties bleus? Je l’ai regardé à nouveau un peu interloquée : çà aussi je pouvais choisir? J’ai alors recommencé quelques essayages sur des armures de bases alternant les teintes même si aucune n’étaient rouges ou bleues. Je me rendais soudain compte que peut-être j’exagérais de profiter de la gentillesse de Morandy : le rouge et le bleu étaient des teintes assez rares, les couleurs les plus courantes étant le vert et le brun. Mais celui-ci attendait ma réponse, j’ai donc choisi du rouge pour le gilet et le short et le reste en bleu. Morandy est alors parti très vite pour récolter ce qu’il lui manquait pour réaliser mon armure. J’ai demandé timidement, si je pouvais aider à quelque chose, sachant très bien que mes faibles compétences ne pourraient lui être d’aucune aide. Il m’a déclaré qu’il allait se débrouiller.

Il est revenu peu de temps après avec mon armure magnifique entre les mains. Elle étaient encore plus belle que ce que je ne m’étais imaginée. Le bleu et le rouge étaient rehaussés par de jolies formes arrondies oranges.

Je ne l’ai plus jamais quitté sauf pour la nettoyer consciencieusement tous les soirs.

Une autre fois Morandy m’a demandé si il y avait des lieux inconnus où je voulais aller mais comme je lui ai fait remarqué, si il s’agissait de lieux inconnus je pouvais difficilement lui dire que je voulais m’y rendre. Il a approuvé ma déclaration en riant. J’ai ensuite ajouté que grâce au pouvoir de l’atrium qui nous donnait accès à tous les téléporteurs, il y avait beaucoup de lieux que je connaissais déjà. Il semblait déçu. J’ai compris que peut-être il souhaitait que nous nous promenions ensembles… Je me suis alors rattrapée en déclarant que beaucoup d’endroits me restaient inconnus parce que tout simplement des créatures agressives m’empêchaient d’aller beaucoup plus loin que l’endroit où j’avais été téléportée. Il a retrouvé le sourire me proposant de découvrir des endroits qu’il appréciait particulièrement.

Je l’ai suivi heureuse pour une fois de n’être qu’avec lui. Il m’a d’abord conduite dans le désert matis. Nous n’étions que tous les deux pour traverser les zones dangereuses non sécurisés et je dois dire que je n’étais pas très rassurée. Je ne voulais pas que par ma faute et mon inexpérience nous nous retrouvions tous les deux morts sans personne pour nous sauver. Mais Morandy était rassurant affirmant que j’étais une bonne soigneuse… La confiance qu’il avait en moi me rassérénait et me donnait envie de me surpasser pour lui. Il s’en est même voulu à un moment de me demander autant d’efforts pour le soigner. Il est vrai qu’il ne lui suffisait que d’un sort pour me remettre d’aplomb alors que j’étais obligée de les multiplier pour faire disparaître ses blessures. Cette fois c’est moi qui l’ai rassuré, affirmant que j’adorais lancer des sorts. Je n’ai pas osé ajouter surtout si c’était lui qui était l’objet de mes soins.

Nous avons fini par arriver dans un endroit magnifique appelé, les sources cachées, où trois cascades se jetaient dans un gouffre rempli d’eau.

J’en suis restée sans voix pendant de longues minutes. Morandy ne disait rien me laissant apprécier. Revenue de mon état semi-rêveur, j’ai pris plusieurs luciogrammes pour qu’il me reste des souvenirs de ce lieu si magique, si jamais je ne pouvais y retourner.

Puis, Morandy m’a proposée de continuer. Il voulait me montrer sa piscine privée. Elle était située dans les nexus, je crois. Apparemment, tout comme moi, il aimait nager et être loin de tout. Là bas, nous nous sommes amusés comme des enfants : faisant la course d’un bout à l’autre de « sa piscine ». Je crois qu’il me laissait gagner volontairement. Je riais.

A un moment, il a glissé sur une pierre un peu plus moussue que les autres et m’a donné un coup en tentant de se rattraper. J’ai fait mine de me défendre et je me suis mise en garde. Nous avons alors commencé une petite bagarre de gosses mal élevés. Je me suis finalement arrêtée quand je me suis rendue compte qu’il ne répondait plus à mes coups. Je lui ai souri. Le temps s’est arrêté un instant pendant que nous nous regardions en silence. J’aurais du sans doute à ce moment là, faire ce qui m’avait traversé l’esprit : me jeter dans ses bras et l’embrasser tendrement sur la joue. Mais une fois de plus, je n’ai pas osé…

Nous sommes rentrés sur Pyr. Il m’a offert un bâton en forme de sucre d’orge que j’ai adoré. Il pouvait même servir d’arme. J’ai failli lui sauter au cou pour le remercier mais une fois de plus quelque chose m’a retenue. Nous sommes ensuite aller voir un feu d’artifice. Étrange scène : toute l’hominité semblait être réunie là comme si il s’agissait des derniers jours heureux avant l’arrivée des kitines.

Nous étions l’un à côté de l’autre. Parfois mon bras effleurait le sien provoquant un frisson le long de mon échine. Je m’imaginais lui prendre la main mais ce n’était qu’un rêve. Trop de fois brûlée par les flammes de l’amour, je n’osais plus faire le premier pas.

Nous sommes ensuite retournés sur Pyr. Il m’a offert des dappers pour que je m’achète un appartement… A quoi bon lui ai je dis? Avec l’invasion kitine en cours, je prenais le risque qu’il soit détruit et puis j’avais toujours préféré dormir au milieu du désert. Il m’a avoué que lui aussi et qu’il dormait rarement dans le sien mais il avait l’avantage de lui permettre de stocker ses biens. J’ai fini par accepter. Il m’a montré son immeuble, c’était également celui d’Eeri que nous avons croisé à ce moment là. J’ai acheté mon appartement et je les ai invités tous les deux à venir « chez moi ».

Puis, j’ai demandé à Morandy si il voulait nous montrer le sien. Il a accepté. Eeri et moi, nous nous sommes un peu moquées de sa méthode de rangement : presque tous ses bibelots étaient à terre. Il y en a d’ailleurs un qui m’a fait beaucoup rire : c’était un yubo avec de drôles de cornes sur la tête affublé d’un chapeau rouge. Eeri est retournée dans son appartement nous laissant seuls.

J’ai demandé timidement à Morandy si je pouvais dormir chez lui n’ayant encore aucun meuble chez moi. Il a accepté avec un sourire. Nous nous sommes endormis ainsi l’un près de l’autre comme des amis sans nous toucher.

Je me sentais bien et rassurée près de lui. J’ai basculé rapidement dans de doux rêves en me demandant ce que l’avenir nous réserverait : resterions nous à jamais des amis ou est ce que nous passerions le cap un jour qui nous mènerait à la douce chaleur de l’amour?

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