Icus m’avait donné quelques noms de personnes qui avaient des connaissances sur les rangers. Toutes mes recherches jusqu’à présent aboutissaient dans le vide : la personne était disparue ou morte ou bien après huit années personne ne se souvenait d’elle. Il ne me restait qu’un seul nom sur ma liste : Laofa. Était-elle encore vivante? ou faisait-elle, elle aussi partie des morts du deuxième grand essaim ?

J’ai longtemps cherché et j’ai fini par découvrir que Laofa était une zoraï habituée des tavernes… Je désespérais… Si elle était encore vivante, comment une soûlarde allait pouvoir m’aider? Pourtant, j’ai continué mes recherches frappant aux portes de toutes les tavernes d’Atys. Après tout moi aussi, j’étais une habituée des tavernes…

Je suis arrivée à la taverne de Thesos et j’ai commencé à poser des questions au barman. Puis quelqu’un m’a interpellé : « Tu connaissais Laofa ? ». Je me suis retournée et j’ai découvert une jolie fyros aux traits fins : Anyume. Elle avait connu Laofa il y a longtemps et m’a annoncé sa mort… Elle aussi avait disparu durant le deuxième grand essaim. J’ai soupiré : « comme ma cousine… enfin je crois… on n’a jamais retrouvé son corps… ». Anyume a eu un petit sourire triste : « Donc tu t’accroches à l’espoir certains jours et le deuil est impossible à faire… ». J’ai acquiescé. Devant mon air un peu abattu, elle m’a offert un verre.

J’ai commandé une bière de shooki et je l’ai regardée avec un air ahuri quand elle a demandé un jus de baie de je ne sais pas quoi… Drôle de fyros… Nous avons ensuite discuté. Je lui ai expliqué pourquoi je cherchais Laofa : Je voulais devenir ranger et celle-ci aurait pu me guider… Anyume m’a parlé des carnets de Laofa dont elle avait hérité et dont les dernières pages semblaient codées. Elle avait déjà rencontré un ranger à ce sujet et elle allait se rendre à une réunion de la NASA (Nouvelle Académie des Sciences d’Atys) pour y rencontrer un certain Zo’ro Argh qui pourrait l’aider lui avait on dit. J’ai reconnu le nom, c’était un des fondateurs de la guilde Hoodo, une guilde ranger. Nous allions aller à cette réunion toutes les deux au bois d’Almati.

Puis soudain, elle a changé complètement de conversation : « Tu as déjà chassé un roi des plantes ? ». Devant ma totale incompréhension, elle m’a expliqué qu’une amie l’avait prévenu que Psykokin, le « roi » plante des psykoplas était apparu sur les terres matis. « Ça te tente de la rejoindre et qu’on le chasse ensemble ? ». J’étais partante bien sûr. Nous avons alors couru jusque là bas. J’ai eu à peine le temps de me présenter au groupe que nous étions déjà en train de combattre les psykoplas qui entouraient le roi. Nous n’avons eu aucun mal au final à le battre. Ses restes ont été également partagés entre tous. J’ai regardé notre groupe : fyros, zoraï et matis avaient combattu ensembles dans un but commun. L’idéal ranger était donc possible!

Nous nous sommes présentées les uns aux autres : Mindae et Berserka des matis et Na Djaï’tal un zoraï. Berserka nous a quitté en déchirant un de ses pactes, elle avait à faire ailleurs. Anyume a alors proposé de rejoindre le téléporteur de la région afin que je puisse acheter le pacte que je n’avais pas encore. Nous avons fait la course comme des gosses, même si je ne savais pas où il fallait aller, je m’amusais de voir les autres accélérer brutalement pour finalement se tromper de route et revenir sur leur pas. J’ai suivi le grand zoraï bleu Na Djaï’tal si calme. Il avait dit que le téléporteur n’était pas très loin du camp où il avait élu domicile : il devait bien connaître la région. J’ai fait le bon choix, nous étions aux premières places quand nous avons aperçu le téléporteur. Je m’apprêtais à accélérer quand Mindae nous a dépassé comme une flèche. Je n’ai même pas essayé de la rattraper mais Na Djaï’tal ne l’entendait pas de cette oreille et il s’est lancé à sa poursuite. Au final, je ne sais qui a gagné. Mindae affirmant avec force que c’était elle et Na Djaï’tal déclarant très calmement : « Mindae ne veut pas admettre que je l’ai battue au dernier moment, voilà tout! ». Une chose était sûre la grande perdante était Anyume et elle allait devoir nous payer une tournée ce qui a mis tout le monde d’accord.

Mais auparavant Mindae voulait d’abord aller chasser un gnoof dévastateur. Nous sommes repartis prêts à l’aider mais alors qu’elle nous guidait. Nous avons croisé un immense groupe de bolobis. Alors que je m’extasiais devant ces étranges bestioles bleues en forme de boules sur longues pattes et au long bec, nous avons distingué le roi des bolobis : Bolkin…

Deux rois en une seule journée, cela tenait du miracle! Mais, ils étaient impossible de le combattre à nous quatre… Nous avons tenté de contacter les légions fyros mais Icus a refusé catégoriquement de se rendre sur les terres matis… Ça ne m’a pas plus étonnée que çà même si j’aurais aimé revoir mes frères d’armes. Finalement, c’est la guilde de la fédération du commerce qui est venue nous soutenir. Le combat a été plus acharné que contre le roi des psykoplas mais si nous étions plus nombreux mais Bolkin a fini par céder. Nous avons poussé un cri de victoire, nous félicitant mutuellement, oubliant complètement de récupérer ses restes si précieux. C’est quand nous l’avons vu disparaître, sa graine de vie régénérée ailleurs que nous sommes soudain restés interdits. Puis, nous sommes partis dans un immense éclat de rire général : nous avions combattu avec acharnement un roi pour au final ne pas prendre notre récompense. Nous nous sommes séparés de la fédération du commerce dans la bonne humeur.

Mindae nous alors proposé d’aller boire un verre aux sources cachées. J’étais heureuse : j’allais enfin découvrir moi aussi cet endroit que Kyshala avait découvert avec Morandy. Après avoir croisé quelques kitines agressives, nous sommes enfin arrivés aux sources cachées.

Mais Mindae a voulu nous conduire plus loin. Elle connaissait un endroit encore plus beau où nous pouvions voir les oiseaux de près ceux que nous ne faisions d’habitude qu’apercevoir de très loin là haut dans le ciel.

Le désert matis était magnifique… Icus m’aurait sans doute sermonnée si il m’avait entendu dire çà mais c’était tellement vrai… Ce mélange de verdures parsemés de fleurs colorés et la beauté des dunes du désert : mi-matis, mi-fyros…

Anyume a commencé à distribuer des cookies au shookila, des baies et a sorti une bouteille d’eau… De l’eau? Heureusement, Mindae a sorti une bouteille de vin de poissenlit… Une soeur amazone de Mindae nous a rejoint : Zendae. Et puis Na Djaï’tal a commencé à nous raconter l’histoire des sources cachées appelées également Sources de Virginia.

« Kami zo’taki no (il était une fois)…
une source au milieu d’un désert…
On raconte, que l’eau qui sourd du désert à cet endroit sont les larmes inépuisables d’une jeune fille matis, Virginia, amoureuse d’un fier garçon Fyros, Akos.
Elle périt d’avoir pleuré la perte scandaleuse de son amant, soustrait à elle et enfermé par les siens.
C’était une famille de Thesos affiliée aux légions Fyros, qui préféra voir mourir son fils séquestré, plutôt que de savoir son coeur épris de la belle Matis : Virginia.
Akos refusa toute nourriture dès lors que la vue de sa belle et blanche Matis lui était à jamais interdite et consuma sa pauvre et jeune vie en peu de temps…
On entendit, par la suite, les déchirantes lamentations de Virginia qui fuyant toute compagnie homine s’était enfuie au Désert…
Puis une nuit le vent se leva et seuls les jappements des ocyx continuèrent de déchirer l’obscurité lunaire du lieu…
Une source surgit au milieu du chaos rocheux où Virginia vécu ses derniers instants.
Bien plus tard, un vieux poète tryker, Kim O’Bline, ayant visité ce lieu après avoir entendu les habitants des villages raconter cette histoire, composa une ode aux amants malheureux : « Les Chutes de Virginia ».
Par infortune, on a perdu le texte de cette ode, seuls en restent quelques bribes dans les chansons des chasseurs, des foreurs et des artisans d’Atys et le nom de ce lieu, à jamais pleurant.

Ochi Kami no akaba (ainsi les kamis le voulaient) »

L’histoire était belle et triste mais Anyume et moi nous avons pesté contre cet idiot d’Akos qui aurait pu faire semblant d’obéir à sa famille pour mieux s’enfuir ensuite. Nous avons continué de discuter de choses et d’autres… Enfin… j’avais du mal à suivre la conversation à cause de la fatigue et surtout parce que parfois, mes compagnons parlaient par sous-entendus de choses qui m’étaient inconnues.

J’ai fini par me rouler en boule sur l’herbe, bercée par les voix de leur conversation et le sentiment d’avoir vécu une journée dont je me souviendrais pendant longtemps.

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