Les jours qui ont suivi l’integration de Jalindra, nous ne nous sommes presque plus quittées. Vivant en hermite depuis longtemps, elle avait peu de dappers et un équipement des plus sommaires. Comme je me doutais qu’elle n’accepterait pas les dappers que je lui aurais donné sans contre partie, je lui ai montré le métier de porteuse d’eau. Lui expliquant, les ficelles du métier et une recette des plus efficaces.

C’est lors d’une de nos tournées de porteuses d’eau où je lui expliquais que des ragus m’avaient attaqués et qu’il devait aimer les fesses des fyrettes, qu’elle m’a surprise en déclarant : « Je les comprends! ». J’étais légèrement surprise : préférait-elle les homines? Ça m’a légèrement troublée, Jalindra étant une magnifique homine, charmante, amusante… Pour tenter de répondre à cette interrogation, j’ai demandé sur un ton taquin : « Tu aimes bien les fesses des fyrettes? ». Elle a souri : « Non, personnellement, je préfère les fyros, mais je sais reconnaître ce qui est beau! ». J’ai eu un étrange sentiment à cet aveu. J’étais à la fois déçue d’apprendre qu’elle n’aurait jamais de sentiments pour moi et à la fois rassurée de le savoir afin de ne pas tomber inutilement amoureuse d’elle.

Le jour suivant, nous avons fait une expédition au pays zoraï avec Dellia une candidate à la guilde. Malheureusement, Dellia était une citoyenne fyros et ne voulait pas perdre sa citoyenneté pour nous rejoindre. Toutefois, elle n’a pas hésité à nous montrer un endroit que je ne connaissais absolument pas. Quand à moi, je les ai conduites jusqu’à la main de Jena. Jalindra semblait heureuse de toutes ces découvertes mais épuisée aussi : « On se rapproche de l’heure du dodo pour mamie Jalindra! ». Ça m’a fait rire et j’ai demandé taquine : « C’est la vieillesse? ». Elle a râlé en plaisantant : « Hey, Dellia est vieille aussi, tu es en minorité! Tu vas te prendre un coup de dentier! ». J’ai fait mine d’avoir peur : « Un dentier mordant? ». Elle a plaisanté elle aussi : « Oui un dentier de kincher! ». J’ai éclaté de rire puis je lui ai souhaité une bonne nuit. Elle a fait mine de retirer un dentier imaginaire : « ‘oi ‘ussi ». Je me suis à nouveau esclaffée puis j’ai ajouté avec un peu malicieusement : « Ne te perds pas en te réveillant ! ». Elle a lancé un « Saletée! » pendant que j’étais pliée en deux de rire. Elle a secoué la tête amusée : « Deux jours.. et déjà les vannes! hmpf dans une semaine on est un vieux couple! Je vais te tapoter le crâne! ». J’ai souri : « Mais je t’en pris! Çà porte bonheur de tapoter le crâne d’une chauve! ». Elle a soupiré : « Et bin… on en apprend tous les jours! ». Elle m’a sourie en me souhaitant une bonne nuit. Elle s’est allongée dans la main de Jena. Dellia est partie de son côté. Je regardais Jalindra dormir. Je n’ai pas réussi à la quitter ce soir là. Je me suis allongée non loin d’elle. Je ne crois pas qu’elle se soit rendu compte de ma présence durant cette nuit. Je me suis réveillée tôt, elle était toujours là. Je l’observais… Non seulement Jalindra était drôle mais en plus elle était magnifique. Je savais que j’étais en train de m’attacher à elle. Quand j’ai surpris ses premiers mouvements d’éveil, je me suis enfuie… Je ne sais pas pourquoi… peut-être que j’avais peur qu’elle me trouve étrange de l’avoir veillée ainsi.

Je suis partie forer perdue dans mes pensées. Je tentais d’éviter de penser à elle mais elle m’a contactée par izam. Elle aussi semblait trouver ma compagnie agréable et la recherchait. Alors que je lui racontais où j’étais avec un sourire aux lèvres oubliant complètement que j’étais au dessus d’une source explosive, celle-ci a explosé violemment. L’izam a réussi à se sauver emportant mon message. Il devait sentir le gaz car elle a accouru inquiète. Elle a soigné mes blessures puis a lancé avec un air amusé : « Tu sens le gaz! ». J’ai souri : « Oui bon d’accord, je ne te ferais pas de bisous alors! ». Elle s’est approchée et m’a embrassée le crâne. J’ai retenu un frémissement de plaisir mais mon large sourire ne l’a pas trompée : j’avais apprécié ce geste tendre. Elle a proposé de m’aider en soignant mes sources pour ne pas qu’elle m’explose à la figure. J’ai hésité à répondre, je savais que la proximité de son corps allait sans doute me troubler mais j’ai fini par accepter. Je forais à ses côtés pendant qu’elle soignait mes sources. Je me concentrais essayant de ne pas la regarder. Elle me parlait de choses et d’autres. J’ai proposé de lui donner quelques fibres que nous avions récoltée ensemble mais elle a refusé : « Non ça ne me sert à rien! ». J’ai senti mon cœur s’emballer… Pourquoi était elle là alors? J’ai demandé en plaisantant : « Si tu es là, c’est donc juste pour le plaisir d’être en compagnie d’une chauve? ». Elle a acquiescé en souriant : « C’est çà! ». Moi qui espérait que sa réponse allait dissiper mes doutes, je me retrouvais encore plus troublée. Elle a proposé d’échanger les rôles : elle forant et moi soignant les sources. Je n’ai trouvé aucune raison valable pour lui refuser. Je restais concentrée sur mes gestes évitant à nouveau de la regarder, parlant peu. Elle a fini par grogner qu’il lui fallait absolument une parure de bijoux pour le forage et elle est partie faire les marchés, me laissant seule. Elle m’envoyait des izams : elle était déçue de ne rien trouver. Je lui ai alors proposé de contacter Icus que je savais être un maître bijoutier. Il a accepté de lui faire à condition qu’elle ramène les matières premières nécessaires. A nouveaux, elle est repartie faire les marchés. Mais, elle ne trouvait pas ce qu’elle voulait où c’était trop cher. J’ai fini par lui proposer de chercher de mon côté. J’ai demandé à Icus des précisions sur les associations possibles des différentes matières premières et j’ai fini par dénicher tout ce dont avait besoin Jalindra pour ses bijoux et je lui ai offert. Elle a voulu me payer mais j’ai refusé. Elle a râlé : « Mais! personne veut que je paye! C’est ma coupe de cheveux? ». Je n’ai pas pu m’empêcher de répondre: « Non tes beaux yeux bleus! ». Elle a secoué la tête en souriant : « C’est ma fête aujourd’hui! ».

Le lendemain, nous avions décidé de nous retrouver pour apprendre le métier de fleuriste. Une fois de plus, nous nous sommes beaucoup amusées à courir dans la neige, à droite et à gauche. Même si elle s’est inquiétée pour mes pieds nus qu’elle trouvait trop rouges. Nous avons fini par nous trouver un abri pour la nuit dans la ville d’Yrkanis. Elle a sorti un tube de crème de son sac pour me soigner les pieds. Je les lui ai tendu avec un air amusé : « Ils ont été dans le fumier n’oublie pas! ». Elle me les a chatouillés : « Pas grave, c’est parti dans la neige. ». Elle m’a mis une énorme épaisseur de crème : « Tiens, comme ça, ça te fera des chaussons! ». J’ai ri : « Je vais rester coller au sol avec çà! ». Elle a secoué la tête : « Mais nan demain t’auras plus rien! absorbé par les pieds… par contre… C’est à base de plantes, gaffe à pas te faire bouffer les pieds par un matis! ». J’ai fait mine d’avoir peur : « Haaaaaaaaaa… Je les mettrais sous ton nez comme çà tu donneras un coup de pique aux matis qui s’approcheront. ». Elle a râlé : « J’ai le sommeil agité. Je vais laisser ma pique un peu plus loin ça vaut mieux. ». J’ai haussé un sourcil : « Pas tant que moi… ». Elle a froncé les sourcils : « Oui bah laisse tes pieds un peu loin, tu vas m’assommer! ». Elle s’est alors rouler en boule dans sa couverture : « Bonne nuit Shaaky! ». J’ai voulu l’embêter un peu alors je lui ai donné un surnom ridicule avec un petit sourire en coin : « Bonne nuit Jaja! ». Elle s’est redressée : « Quel étrange petit nom! ». Je l’ai regardé toujours aussi amusée par sa réaction, elle devait se demander si elle allait devoir subir ce surnom de ma part désormais : « Tu préfères quoi? Jali? ». Elle avait l’air un peu désorienté : « Disons que c’est plus habituel… mais c’est toi qui choisi, c’est toi qui m’appelle! ». J’ai eu un sourire taquin : « J’aime bien Jali. Jaja c’était juste pour t’embêter! ». Elle a grogné : « Tsss… Vilaine! ». J’ai éclaté de rire. Nous nous sommes endormies l’une à côté de l’autre, ce soir là. Je sentais que j’étais en train de lui succomber mais je repoussais mes sentiments : elle préférait les homins et si je tentais un geste autre qu’amical, elle pourrait fuir et je perdrais notre belle amitié.

Les soirs suivants, elle a continué à me mettre de la crème sur les pieds. J’aimais ce geste tendre et attentionné qu’elle m’offrait. Si par hasard, elle oubliait je faisais mine de souffrir des pieds. Ma petite comédie l’amusait je crois. Un jour pourtant elle m’a demandé : « Tu veux juste pouvoir avoir un massage je sais bien… Mais si un jour je disparaissais, qui prendrait soin de tes pieds? ». J’ai sursauté : « Pourquoi tu disparaîtrais? ». Elle a répondu : « Bah je sais pas, les raisons sont assez variées ici : se faire croquer, se noyer, se perdre… ». J’ai pensé qu’elle plaisantait mais m’imaginer soudain la perdre, me terrifiait. Je me rendais soudain compte à quel point j’étais désormais attachée à elle. J’ai grimacé : « Ce n’est pas drôle… ». Mais apparemment, elle était sérieuse : « Je n’essayais pas de l’être, je m’inquiète pour toi c’est tout! ». Qui prendrait soin de moi? Je ne savais pas à vrai dire… Anyume était partie et plus le temps passait moins je croyais à son retour. Na Djaï’tal le ferait si il avait le temps… Eeri aussi sans doute, si elle n’était pas partie si loin… J’ai fini par répondre sans grande conviction : « Eeri… prendrait soin de moi… elle a toujours pris soin de moi. ». Elle m’a regardée : « Je ne la connais pas, mais je t’ai déjà entendu parler d’elle. ». J’ai ajouté : « C’est elle qui m’a recueillie quand je n’avais plus personne. Sans elle… je ne serais pas là. ». Elle a souri : « Et bien je la remercie alors! Tu as la chance d’avoir quelqu’un qui ait pris soin de toi. ». J’ai demandé : « Toi tu n’as eu personne? ». Elle a secoué la tête : « Non.. enfin j’ai rencontré des compagnons, mais quand je les ai perdus, je me suis recueillie moi même. ». J’ai souri : « Et maintenant, c’est moi qui te recueille dans la guilde Hoodo! ». Elle a souri elle aussi : « Oui, et je t’en remercie! ».

Il y a eu aussi cette épisode alors que nous recherchions des fleurs avec Zo’ro Argh. Je ne sais plus quelles plaisanteries j’avais fait à son encontre mais, Jalindra a trouvé que j’avais exagéré et m’a attrapée : « Elle est taquine ce soir… On va la ligoter et la chatouiller! Allez Zorro à l’attaque! ». Ils ont commencé à me chatouiller alors que je me tortillais. J’ai crié : « A l’aide on m’attaque!!! ». C’est alors que nous avons vu apparaître quelqu’un qui s’était inquiété de mes cris. Nous avons éclaté de rire. L’homine est repartie comprenant qu’il ne s’agissait que d’un jeu. Jalindra a fini par me lâcher : « Bon, allez on te libère pour cette fois. ». J’ai profité qu’elle avait le dos tourné pour tenter de la chatouiller, elle aussi. Elle s’est tournée vers moi : « Euh… tu sais j’ai une armure lourde. Enfin je dit ça…. ». Elle n’avais rien sentie. Je l’ai regardée avec un petit air coquin : « Je peux te l’enlever!!! J’ai l’habitude! ». Je pensais à l’armure d’Eeri que j’avais de si nombreuses fois enlevée et je dois dire que m’imaginer en train d’enlever celle de Jalindra avait tendance à m’émoustiller. Mais le rappel à l’ordre a été brutal quand Jalindra a déclaré : « Ah non, y’a que moi qui m’enlève mes fringues! Enfin, y’aura peut être d’autres mains, mais les tiennes ne sont pas assez.. viriles en tout cas! ». J’ai encaissé : de toutes évidences, je n’aurais jamais aucune chance avec elle… Je me suis reprise : « Bon Zorro, je te laisse lui enlever ses habits, elle préfère les mains d’un homin! ». La réaction complètement décontenancée de Zo’ro Argh, nous a fait beaucoup rire. Le soir, elle m’a quand même passé de la crème sur les pieds comme elle avait pris l’habitude de le faire.

Je me souviens aussi de cette chasse que nous avions fait avec les amazones Phaozhu et Zendae. Je les avais rencontrées il y a peu dans leur camp du bosquet vierge et nous avions chassé ensembles. A la suite, de quelques paroles et des sous-entendues qu’elles impliquaient, j’avais osé leur demander si les amazones avaient des relations amoureuses entre elles. Elles avaient acquiescé prête à mordre si je riais ou si j’avais une réaction désobligeante mais elles s’étaient adoucies quand je leur avais expliqué que moi aussi, j’avais une homine dans ma vie : Eeri. Quand Zendae est arrivée durant notre chasse, j’ai vu le regard intéressée qu’elle posait sur Jalindra. Elle lui a même dit quand je lui ai présenté : « Oh Jalindra… jolis éclairs sous tes yeux… ». Une pointe de jalousie m’a soudain traversée et j’ai murmuré à Jalindra : « C’est une amazone… elle aime bien les homines… ». Elle n’a pas semblé gênée : « Ça reste flatteur! ». Je me suis soudain sentie lésée, Zendae pouvait la complimenter et pas moi ? J’ai tenté de me rattraper un peu stupidement : « Hého… moi aussi je trouve que t’as des beaux yeux! ». Elle m’a regardée surprise : « T’es une amazone aussi? ». J’ai vaguement essayé d’éluder la question : « Heu… dans quel sens? ». Elle a précisé sa question : « Tu préfère les homines aussi? ». Je sentais que Jalindra pourrait soudain comprendre certains de mes regards et qu’elle n’apprécie pas. Mais après tout, il fallait bien qu’elle l’apprenne un jour. J’ai bredouillé des explications : « Oui… enfin… j’aime bien aussi les homins. Eeri n’est pas seulement une amie… ». J’observais sa réaction, j’avais peur qu’elle s’éloigne de moi en sachant que j’étais attirée par les homines et potentiellement par elle. Elle a du sentir ma crainte : « T’inquiète c’était juste une question. Chacun fait ce qu’il aime! ». J’ai presque poussé un soupir de soulagement : je ne voulais pas la perdre en tant qu’amie. Puis elle a ajouté : « Tant que ma présence ne provoque pas de scènes de ménage! ». J’ai haussé les épaules : « Elle est de toutes façons très prise… et puis elle a l’habitude me partager en fait… ». Elle a souri : « Gourmande! ». J’ai haussé les épaules : « Sans doute oui… même si elle est sans doute celle qui restera mon point d’attache quoiqu’il arrive… ». Elle a alors déclaré : « Personnellement j’ai fait le choix du célibat à durée indéterminée! J’ai déjà trop perdu… et je ne pense pas pouvoir retrouver de sentiments aussi forts… ». Elle m’a racontée que son amour d’alors était un fyros : « Je n’ai jamais su ce qu’il s’était passé… c’est pour ça que je comprenais ton espoir… mais j’ai fini par retrouver son corps… enfin… ce qu’il en restait… C’est à ce moment que je suis partie dans le désert. ». Je lui ai demandé : « C’est pour çà que tu as le tatouage qui pleure? C’est le même que celui d’Eeri… avant… ». Elle a dit doucement : « Je pense que c’est un mélange de larmes et de colère… maintenant… je ne sais plus à quoi ça correspond… juste une profonde lassitude. ». Je lui ai murmuré : « Tu n’as plus envie de revivre çà… ». Elle a secoué la tête : « Non j’ai peut être trop donné. Les souvenirs sont merveilleux, mais font aussi tellement mal… et pourtant, c’est plus fort que moi, je peux pas m’empêcher de m’attacher, la preuve, je suis la maintenant. ». Mon cœur a fait un bon dans ma poitrine : voulait-elle dire qu’elle s’attachait à moi? Sa douleur pourtant m’a poussée à vouloir l’aider : « Il faudra que je te présente mon ami Na Djaï’tal… Il sait dénouer les douleurs. Il m’a fait beaucoup de bien… ». Elle a soupiré : « Je sais pas si je suis dénouable… Tous mes compagnons ont fini par disparaître aussi. J’espère que je porte pas la poisse… ». J’ai secoué la tête : « Ne dis pas de bêtises… si toi tu portes la poisse… qu’est ce que je devrais dire moi… ? Tous ceux qui ont pris soin de moi sont morts ou disparus… et la dernière… Anyume… ». Elle a voulu me réconforter : « Une enfant n’est jamais responsable… ». J’ai protesté : « Et pourquoi un adulte serait plus responsable? Tu n’es pour rien dans la disparition de ceux que tu as aimé… ». Je l’ai vu repartir dans ses souvenirs : « On était toujours ensemble… on a traversé les primes racines de long en large… et la seule fois où je n’étais pas là… j’aurais peut-être pu le soigner? Et pourquoi il est parti seul… je ne le saurais jamais. ». J’ai tenté de la réconforter : « Pour se prouver qu’il pouvait le faire seul peut-être? Les homins aiment bien parfois se lancer des défis… ». Elle a secoué la tête : « Enfin… non pas prête à revivre ça. Mais un amour ou un ami, cela revient au même. J’espère me protéger mais c’est un leurre de toutes façons. ». J’ai souri un peu tristement : « Oui… je le crois… Regarde… tu es déjà un peu inquiète quand il m’arrive des bricoles. ». Elle a souri : « C’est mon coté mère poule comme tu le dis si bien! Puis bon, faut arrêter d’être attachante aussi! ». J’ai ri puis je lui ai demandé un peu taquine : « Ha bon je le suis? ». J’ai vu son regard devenir lui aussi taquin : « Nan, c’est pour ça que je me fiche de ce qu’il peut t’arriver! ». J’ai râlé : « hééééééééééééééé!!! Dis donc toi!!!! ». Nous avons toutes deux éclaté de rire. Puis je suis redevenue sérieuse : « J’ai appris une chose… avec toutes les pertes que j’ai subies… il faut profiter des autres tant qu’ils sont là… et apprécier chaque instant avec eux. Comme j’apprécie chaque moment que l’on passe ensemble… ». Elle a souri : « Et bien, je pense qu’on profite bien pour l’instant! ». J’ai acquiescé : « Je trouve aussi… surtout mes pieds! ». J’ai éclaté de rire pendant qu’elle faisait mine de grogner sur mes pieds qui n’avaient rien. Puis, j’ai vu qu’elle semblait épuisée et je lui ai proposé d’aller dormir dans les dunes comme de « vraies fyrettes du désert ». Elle a accepté et nous nous sommes éloignées de la route pour nous trouver un endroit plus discret. J’ai posé des couvertures à terre. Elle s’est allongée et m’a demandée d’une voix ensommeillée : « Pourquoi tu n’as pas rejoint les amazones? ». Il est vrai que je m’étais déjà posée la question… mais pourquoi aurais je du rejoindre une guilde uniquement parce que je partageais la même attirance qu’elles pour les homines? J’ai tenté d’expliquer les raisons qui avaient fait que je n’ai pas tenté de les rejoindre : « J’aime leur fierté et leur liberté… mais… elles ont tendance à se croire supérieures aux homins et ce n’est pas ma façon de penser. Et puis… ce sont surtout des matis… elles n’apprécient pas vraiment les fyros en fait… même si elles ne m’ont jamais rien montrée de tel. ». Elle m’a regardée : « Et bien tant mieux… je ne t’aurais pas rencontrée sinon! ». J’ai rougi sous le compliment et j’ai bredouillé un « akep ». Elle semblait avoir froid alors je l’ai recouverte d’une couverture supplémentaire. Elle m’a remerciée avant de s’endormir. Je n’ai pas osé lui proposer mes bras d’amie pour la tenir un peu plus au chaud… J’avais peur qu’elle prenne çà pour une tentative de séduction et qu’elle la refuse. Pourtant, elle avait accepté que je dorme à ses côtés comme tous les autres soirs même en sachant que je pouvais être attirée par elle. J’ai mis du temps à m’endormir ce soir là, perturbée de la savoir si proche et pourtant si inaccessible…

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