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Cadeaux

Jour 10 Elavrion – Fingelien 380
J’ai passé une nuit horrible, me tournant et me retournant sans cesse, peuplée de cauchemars où je voyais Kely s’éloigner au loin sans que je puisse le rejoindre… Je me suis réveillée en sursaut en le cherchant du regard. Il a toute suite vu que je n’allais pas bien et s’est inquiété. Je lui ai donc parlé de mes angoisses de la veille. Il a sourit et m’a prise dans ses bras. Il m’a alors rassurée comme seul sait le faire un mâle pour sa femelle.

Jour 13 Elavrion – Fingelien 380
Quelques jours plus tard, Kely m’a annoncé que mon cimeterre était prêt… J’étais surprise… Je n’avais, à vrai dire, rien demandé. Mais, il m’a dit qu’il était hors de question que la compagne d’un forgeron ne soit pas correctement armée. Il m’a donc offert un magnifique cimeterre qu’il avait fabriqué de ses mains et toute une panoplie d’armes plus belles les unes que les autres. Celle qui a attiré le plus mon attention, c’est une drôle d’épée à la lame tortueuse, appelée : épée serpentine. J’ai joué un peu avec, appréciant la maniabilité de la lame. J’ai donc offert à mon tour quelques potions de mana. Kely semblait étonné que je les ai faites moi même mais trop occupée à jouer avec mes nouvelles armes je n’ai pas pensé à lui demander pourquoi. J’étais émue que nous partagions tout ainsi sans même y penser et sans rien nous demander en retour. Kely a d’ailleurs ajouté qu’il n’y avait pas de meilleur chose pour un couple que d’avoir un projet commun. Ni l’un, ni l’autre n’avions vécu çà avant.
Au détours d’une conversation, je l’ai appelé « mon ange ». Je l’ai vu grimacé en me rendant compte toute suite de mon erreur. Le mot « ange » était trop lié pour lui à Feydreyah et sa gilde… Je me suis trouvée stupide, j’ai baissé la tête confuse. Il me l’a redressée doucement en me rassurant et en m’expliquant qu’il préférait que j’évite d’employer ce terme.

Après avoir poursuivi nos travaux sur nos bagues de désengagement, Kely m’a proposé une petite promenade. Il ne connaissait pas le Val d’Iriliel, il m’a demandé si je pouvais lui faire visiter. Je lui ai donc fait découvrir le magnifique bateau ailé près du village nain. Nous nous sommes demandés tous les deux si il volait vraiment… Kely s’est senti ensuite un peu fatigué et m’a demandé si je connaissais un coin confortable. Je l’ai donc conduit jusqu’au village elfe de Follen. Il y avait là une grande maison construite autour d’un arbre. Nous y avons passé la nuit.

Cauchemar

Jour 14 Elavrion – Fingelien 380
Je me suis pour une fois éveillée avant Kely. Il semblait avoir un sommeil agité. Je l’ai caliné doucement pour tenter de le calmer. Il s’est soudain rédressé comme prêt à parer une attaque. Il a ouvert les yeux et s’est rallongé. Il avait fait un cauchemar et j’ai compris quand il s’est frotté le dos qu’il avait rêvé à la créature qui l’avait zébré de cicatrices. Je lui ai alors demandé de se mettre sur le ventre et j’ai commencé à masser délicatement son dos martyrisé : tentative dérisoire pour lui faire oublier l’attaque qu’il avait subit enfant. Mais mon bleu a semblé apprécier.
Il s’est ensuite retourné et m’a prise dans ses bras. Il m’a expliqué que quand les cauchemars revenaient, il était temps pour lui de retourner dans le camp des bleus à Galein’th Aseyis. Il avait d’ailleurs accumulé beaucoup de dossiers en retard. Il ne serait pas donc pas présent dans les prochains jours enfermé dans la salle du conseil des bleus préparant la prochaine rencontre de son peuple avec les elfes. J’ai accusé le coup… Il allait terriblement me manquer encore une fois. Kely semblait lui aussi affecté par notre prochaine séparation. Il m’a promis de tenter de s’échapper un peu de son travail pour me retrouver dans quelques jours. C’est avec l’assurance de le voir dans peu de temps que je l’ai laissé partir.

Le réveil de la Sombre

Jour 3 Félinien – Fingelien 380
Cette nuit là, mon sommeil avait été agité, peuplé de cauchemars. J’ai soudain senti une présence, je l’ai attrapé à la gorge violemment… la présence semblait dire quelque chose mais çà m’était égale, je voulais tuer!
Je prenais plaisir à voir son regard envahi par la peur… la présence semblait vouloir parler mais je serrais encore plus fort me délectant de ma propre violence et du visage qui sentait la mort venir…
Je me suis réveillée… J’étais en train d’étrangler Kely… Je l’ai soudain lâché, reculant précipitamment horrifiée parce que j’avais faillit faire. Tandis que Kely reprenait sa respiration péniblement, j’ai baissé le regard ne voulant pas affronter son dégout, sa peur ou sa colère…
Mais il s’est approché de moi et m’a relevée la tête très doucement. Il semblait inquiet pour moi, il m’a demandé à quoi j’avais rêvé… J’étais bien incapable de lui dire. Il s’est interrogé : avais je de quoi être en colère contre lui? Il n’en était rien bien au contraire.
Je me suis souvenu alors de ce qu’il s’était passé avec un lion la veille. Le fauve m’avait envoyée dans le Styx, j’étais revenue tremblante de rage et de colère, éliminant toutes les créatures qui croisaient ma route. Kely est soudain apparu devant moi : sa voix appaisante et sa tendre présence m’avaient calmée, la rage s’était enfouie au fond de moi.
Kely s’est senti coupable. Il se disait qu’il aurait du me laisser exprimer ma rage, la laisser s’échapper… ne pas me laisser l’enfouir… Je ne comprenais plus : non seulement il n’était pas en colère contre moi mais il se sentait coupable. J’ai tenté de le rassurer en lui disant qu’il était le seul à savoir me calmer que jamais personne n’y était arrivé avant.
Je lui ai alors avoué la rage qui m’avait prise en présence de Feydreyah et comment je m’étais accrochée à sa main pour empêcher la rage de me submerger. Kely a blêmit. Il a dit qu’il préférait que je m’attaque à lui plutôt qu’à une de ses amies.
Je ne croyais pas être capable de m’attaquer à lui, je lui ai alors demandé de m’arrêter en me tuant si il le fallait. Il a accepté de le faire en me disant qu’il me suivrait aux enfers si cela arrivait.
Il m’a alors serré dans ses bras et m’a embrassée. Je me suis rendormie tout contre lui.

Sombres cauchemars

Jour 22 Elfist – Fingelien 381
La nuit suivant l’histoire de Polgarath, Kely a fait d’horribles cauchemars, il subissait les sévices de Polgarath et de La Sombre. Quand il me les a raconté, j’ai tenté de le rassurer : je n’étais pas comme çà. Il le savait mais il pensait que ma mère en était tout à fait capable. C’est alors qu’elle a voulu intervenir et je l’ai laissé prendre la parole.
Elle a affirmé qu’elle n’aurait pas agi ainsi. Premièrement, elle n’était pas partageuse et elle savait très bien s’occuper d’un mâle seule. Deuxièmement si Polgarath le touchait, elle la tuerai. Et troisièmement, son instrument privilégié était le couteau et non le fouet. Elle a dit cette dernière phrase en riant amusée de sa plaisanterie. Mais Kely était furieux. Il se souvenait de la scéance de torture que lui avait fait subire La Sombre avec son propre couteau. Cette expérience douloureuse était gravée en lui au fer rouge.
Elle a essayé de lui dire qu’elle n’avait jamais fait de mal à mon père. Mais Kely rageur continuait en lui disant qu’elle aurait dû essayer. J’ai soudain senti ma mère s’effondrer, sa douleur émotionnelle était insupportable. Ses pensées tourbillonaient. Elle pensait à son mâle Keros, à leurs étreintes, à sa mort… Elle se rendait compte que Kely ne lui ferait jamais confiance malgré tous les efforts qu’elle pourrait faire et qu’elle ne pourrait jamais faire de lui un ami. Elle n’aurait sans doute d’ailleurs jamais plus d’amis à qui se confier ou même d’amants… J’ai senti qu’elle renonçait, qu’elle ne voulait plus lutter… que la mort, valait mieux que cette vie qui n’en était pas une… Elle s’est recroquevillée en moi et m’a laissé reprendre le contrôle de mon corps.
J’en voulais à Kely de l’avoir blessée si profondément mais je comprenais aussi sa colère. Je crois qu’il ne se rend pas compte à quel point il est difficile pour ma mère et moi de cloisonner nos émotions dans ce corps que nous partageons. Quand elle est blessée, je ressents sa douleur intensément et inversement. Kely semblait lui aussi pris par des émotions contradictoires, il s’est excusé en se blottissant contre moi. Il m’a demandé si La Sombre souffrait. Que pouvais je lui dire? Oui elle souffrait… évidement… terriblement… Je ne souhaite à personne de vivre ce qu’elle vit. Kely m’a proposé de la laisser sortir quand il n’était pas là. J’y avais déjà songé…
Je crois qu’il est urgent que je lui laisse un peu de liberté, surtout après ce qu’il s’est passé aujourd’hui.

Cauchemar, secret et absence

Jour 12 Elouenien – Fingelien 381
J’ai fait un cauchemar. Ma belle torturait Malkael puis elle s’occupait de ma mère… et ensuite c’est elle qu’on torturait. Et soudain, je revoyais la mort de mon mâle la dague plantée dans le coeur et quand je me jetais sur son corps, c’était le corps mort de Kharya que je tenais dans mes bras…
J’ai apparemment crié son nom car ma belle est arrivée peu après mon réveil. J’ai rapidement essuyé les larmes qui baignaient mon visage pour ne pas qu’elle les voit. Elle m’a demandé si çà allait. J’ai répondu que j’avais juste fait un cauchemar.
Nous sommes allés ensuite nous baigner sur la petite plage discrète près de la grotte de charbon. Nous avons finis pour nous offrir l’une à l’autre. Je me suis endormie.
A mon réveil, ma belle m’a dit qu’elle devait partir. J’ai proposé de l’accompagner mais elle n’a pas voulu. Je l’ai vu pourtant enfiler sa tenue officielle. J’ai redemandé une nouvelle à venir avec elle. Mais, elle me disait que ce n’était pas possible. Je me suis posée la question de savoir si elle ne serait pas avec mon sauvage en train de l’interroger. J’ai contacté mon mâle mais il n’a rien voulu me dire. Il est de plus en plus distant avec moi… Il est vrai que je ne m’occupe plus que très peu de lui entre ma fille et ma femelle. Je n’ai que peu de temps à lui accorder.
J’ai attendu ma belle longtemps. A un moment, elle m’a dit que sa réunion était terminée et qu’elle me rejoindrait bientôt. Je l’ai attendu des heures… Elle ne venait pas. Je l’imaginais dans les bras d’un de ses mâles…
Puis, elle est apparue s’excusant disant qu’elle s’était endormie dans ses absinthes. Je ne sais pas si elle disait la vérité ou non. Je ne préférais pas essayer de deviner. Je savais que je devenais trop jalouse et j’avais peur qu’en sentant ma jalousie, elle se sente de plus en plus prisonnière. Je ne voulais pas çà. J’aime voir ma belle libre et pas tenue en laisse.
Je ne sais pas si j’arriverai à ne pas trop lui faire ressentir ma jalousie. Je veux qu’elle soit heureuse.

Froide rencontre

Jour 30 Illumen – Fingelien 384
De nouveaux cauchemars ont parsemés ma nuit : toujours Lith et des araignées qui m’emprisonnent dans leur toile, j’étouffe, je veux m’échapper mais je ne peux pas…

Je me suis levée. Malkael dormait toujours et je suis partie récolter pour oublier les images de mes cauchemars. Kharya m’a contacté. Elle voulait me parler. Un trouble violent m’a envahi. L’amante de Khaena et Killya avait toujours le même effet sur moi. Je savais que si je me laissais submerger par les sentiments, je retomberai dans la même toile qu’elle avait tendue à Khaena et Killya. Alors, j’ai enfermé mon coeur dans une gangue de glace pour ne pas qu’elle m’atteigne. Je lui ai répondu en la vouvoyant mettant tout de suite une distance entre elle et moi.

Elle a été surprise je crois par ma froideur acceptant toutefois le vouvoiement. Elle a quand même laissé échapper un tutoiement qui a faillit faire fondre la glace qui me protégeait. Mais, j’ai poursuivi comme si de rien n’était. Elle ne semblait absolument pas touchée par la disparition de ses amantes. Elle disait qu’elle avait préféré fuir à cette idée. Elle a avoué aussi avoir perdu une partie de l’amour qu’elle avait pour ses deux femelles depuis qu’elle était avec Mulvaar. Je lui ai dit durement qu’elle pouvait en faire sa chose en s’unissant à lui si elle le voulait aucune femelle ne viendrait de toutes façons lui prendre.

Je lui ai aussi déclaré tout ce que j’avais sur le coeur au niveau du peuple sombre. Khaena serait mortifiée si elle pouvait voir ce que Kharya était en train de faire : le retour du culte de Lith, la nomination de Polgarath en tant que haute prêtresse avec la dureté et la violence que çà allait entraîné, les honneurs fait à Mulvaar. Elle a voulu me rassurer : elle parlerait à Polgarath afin qu’elle adoucisse ses méthodes et elle ne renierai pas ceux qui refuserait le culte de Lith. Je l’ai prévenu que Polgarath et elle me trouveraient au travers de leur chemin, si jamais elles détruisaient ce que Khaena avait construit avec elle. Ça l’a fait sourire. J’ai préféré lui préciser que tant que je serais en accord avec ses décisions je la soutiendrais et je lui obéirais. Elle m’a remerciée.

J’avais terminé. Avant de la quitter, je lui ai précisé que je serais désormais moins présente pour le peuple et qu’il fallait qu’elle trouve un ou des remplaçants pour les postes dont je ne voulais plus m’occuper : responsable de la bibliothèque sombre et responsable des mran’kin. Je lui ai proposé Darkmon qui me semblait un bon choix. Elle le pensait également ainsi que des mâles comme Morax ou Deskhart. Elle devait y réfléchir.

Je suis partie ensuite assez vite. La blonde Rhiordan avait décidé de me taquiner en me parlant de devenir prêtresse. J’étais furieuse. Je suis partie taper sur des torcos pendant des heures. Jusqu’à ce que le blondinet Eryann vienne m’agacer en me parlant d’Isil. J’ai été dure avec lui, lui disant qu’elle était morte. La gangue de glace avait totalement emprisonnée mon coeur, j’étais incapable de sentiments. Je l’ai renvoyé prendre des explications auprès de Kharya.

En retournant refaire mon ravitaillement, j’ai croisé la raclure avec sa glace bleue. Je n’en avais rien à faire. J’ai pris ce qu’il me fallait à mon dépôt et je suis repartie à l’entrainement. Je pensais à Shaael. Elle devait s’inquiéter de ma longue absence. J’avais envie de la voir, de me sentir aimée sans condition. Mais accepterait elle celle que j’étais devenue? J’ai pris ma décision. Je voulais la retrouver.

J’ai prévenu Malkael de mon départ. Je sentais son inquiétude : il avait peur que je ne revienne pas. Alors, je lui ai promis de revenir dans quelques jours. J’ai également prévenue Kharya. Elle a paru surprise mais n’a pas tentée de me retenir. Elle m’a souhaité un bon voyage. J’ai préparé mon sac et je suis partie très vite.

Colères

Na Djaï’tal m’avait ramenée au camps de Thesos sans qu’Anyume et Eeri ai eu le temps de se rendre compte de mon absence. Je m’étais rendormie. A mon réveil, c’est Anyume qui était là. Elle m’a regardée d’un air inquiet me demandant comment allait mon bras. J’arrivais à le plier ce qui a eu l’air de la rassurer. Je me suis blottie contre elle et elle m’a enlacée avec tendresse : « Nadj et Eeri sont allés s’occuper de leurs affaires, c’est à moi de veiller sur toi ce soir ! ». Je me suis moquée gentiment : « Ha bon? Vous faites des tours? Comme pour la vaisselle? ». Mais elle est restée grave : « Je ne veux pas que tu restes seule. Je ne veux plus te perdre… ». Je me suis redressée et j’ai caressé son visage avec douceur en lui murmurant à l’oreille : « Je suis là mon amour. ».

Elle a eu un regard triste : « Tu as refait des cauchemar depuis ton retour ? ». J’ai essayé d’esquiver la question mais elle voulait savoir à quoi je rêvais insistant presque agacée par mes réponses évasives, alors j’ai raconté : « Tu sais c’est en rapport avec ce qu’il s’est passé… En général… je suis prisonnière… et ils sont tous autour de moi… Ils me regardent avec des airs lubriques… J’essaie de me débattre… j’ai mal… les liens me font mal… ils me frappent… J’essaie de m’enfuir toujours… et je tente de rejoindre ma cousine Kyshala pour qu’elle me protège… Ils me poursuivent… je finis toujours par la chercher dans la kitinière comme si elle était là… C’est stupide! Mais c’est… dans mon rêve. Je me réveille en général quand je croise des kitines. A chaque fois, que j’ai fait ce rêve, je me suis réveillée à Almati ou dans la kitinière. ».

Tout au long de mon récit, elle me caressait l’épaule tendrement parfois elle me serrait fort contre elle : « Je savais que ce n’était pas les kitins… Il faut qu’on trouve comment régler ça. Déjà, éloigner tes tps de toi quand tu dors ! Loin, histoire que tu sois obligé de réveiller tout le monde pour aller les chercher. ». Elle a soupiré : « La seule façon que j’ai trouvé, moi, c’est de dormir avec quelqu’un en qui j’ai confiance. Ils ne viennent pas, comme ça. Mais visiblement ça ne suffit pas pour toi… Ou alors tu ne nous fais pas vraiment confiance. ». J’ai protesté : « Mais si j’ai confiance! ». Puis, j’ai demandé : « Tu as des cauchemars toi aussi? ». Elle a acquiescé : « Oi. J’apprends… j’apprends un peu à les apprivoiser. Enfin, plus maintenant, je ne vais plus te lâcher ! ».

Je l’ai embrassé tendrement. Elle a répondu à mon baiser avec un amour un peu désespéré. Puis, elle a dit : « Mais tes cauchemars… ils sont là pour t’apprendre une leçon. Il faut la suivre jusqu’au bout… après, ça devrait changer. ». Son baiser désespéré m’avait surprise : « Que t’arrive t il mon amour? Tu sembles si… triste… ». Elle a ignoré ma question : « Réfléchissons… si dans ton rêve, tu trouvais Kyshala, que ferait-elle ? Ferme les yeux et imagine… Tu cours vers la kitinière, et elle est là, dans son meilleur jour. Forte, vivante, armée. Qu’est-ce qu’elle ferait ? En te voyant arriver affolée ? ». J’essayais de m’imaginer : « Quand j’étais petite elle me prenait dans ses bras et me consolait en me fredonnant quelques chose. Et… elle faisait fuir ceux qui me faisaient peur. ». Elle a déclaré : « Imagine-la en train de faire ça… Visualise-la bien. Il faut que ça devienne une routine dans ton esprit. Et comme ça, quand le cauchemar viendra, il se retrouvera sur cette voie là. Et tu auras retrouvé un peu de pouvoir. ».

Je n’étais pas très sûre que çà puisse marcher. Je lui ai demandé si elle faisait çà elle aussi dans ses cauchemars. Elle m’a expliqué : « Mon rêve est différent. Je suis assise près du feu dans le camp de mon enfance. Avec les autres, on écoute les histoires de Laofa. Je lui demande toujours une autre histoire. Autour, les ombres se rassemblent. Et… son masque change… Les blessures qui apparaissent, les plaies… Je fuis. Je me retrouve dans un endroit sans rien pour me cacher. Une grande plaine, sous le soleil. Au loin, les kitins approchent. Mais je sais que la mort, biëshizai, est juste à côté… Je ne la vois pas, mais je la sens. Et l’odeur de pourpre est là aussi… En général, c’est le moment de se réveiller. ». J’ai demandé ce qu’était l’odeur de pourpre. Elle parlait en fait de la Goo. Elle a poursuivi : « Parfois aussi je me retrouve à fuir en jungle, je grimpe les falaises d’écorce, et je sens une main m’attraper le pied… C’est idiot. ». J’ai contesté : « Non bien sûr que non… c’est plus idiot de s’enfuir dans la kitinière! ». Elle a continué : « Mais ces derniers temps, les rêves sont devenus… différents. J’ai décidé de ne pas fuir. Je finis toujours par le faire, mais j’ai discuté avec les autres avant. Odrazzë pridkainee et Bëshzaikain me guident… même s’ils me terrifient chacun à leur façon. Ils jugent ce que je fais. Ils me montrent les voies qu’ils m’apprenaient, et de leurs voix contradictoires parfois un chemin émerge. ». Je l’ai regardé sans comprendre : « Odraz… et besh quoi ? ». Elle a souri : « Laofa, c’est la professeur bleue, qui prône l’amour et le pardon… capable de tout sacrifier pour ce qu’elle voit comme plus noble. Bëshzaikain… C’est le nom qu’on lui donnait, c’est une contraction de Biëshizai pridkain. Le professeur de mort sans réveil, qui prône l’importance de la survie et de gagner les batailles, à n’importe quel prix. Quitte à sacrifier tout ce qui nous entoure et tout ce qui compte. Chacun d’eux a tort et raison. ».

J’ai demandé : « Et tes rêves, ils t’aident? ». Elle a répondu : « Je crois… Na Djaï’tal aussi m’aide, mais parfois j’ai besoin d’autres conseils. Bon, il est quand même en général celui qui raisonne le mieux ! Et sa présence me protège dans les rêves. ». J’ai acquiescé : « Oui, il est de très bons conseils. Il me surprend à chaque fois… Il t’a dit pour lui et moi? Enfin ce qu’il s’était passé avant que je me sauve dans la kitinière? ». Elle a rigolé : « Il en a dit assez avec son masque ! Il n’y a pas meilleur pour guérir les plaies de l’âme que lui. ». Je l’ai serrée contre moi : « A vrai dire… je ne l’ai pas vu arriver… pourtant tous les signes étaient là… mais je refusais de les voir… ». Elle a dit doucement : « C’est comme ça, parfois on refuse l’évidence. Peut-être parce que ce que ça implique est trop gros pour des petites fyrettes comme nous ! ». Elle a eu un rire étrange. Je l’ai regardée : « Tu m’en veux? ». Elle a répondu : « Un peu, je crois… mais pas que tu ais câliné un beau zorai ! Que tu nous ais fait à tous une telle frayeur en disparaissant. ». Je l’ai serrée contre moi : « Je ne voulais pas… J’ai tout fait pour vous retrouver. ».

Elle a dit : « Chacun de nous était sûr que c’était sa responsabilité si tu avais fui. ». Je l’ai regardée surprise : « Mais pourquoi? ». Elle a grogné en se secouant : « Oublie-ça, tu es là, c’est tout ce qui compte. Ces trucs n’ont aucune importance… ce qui compte c’est qu’on est tous en vie et en un seul morceau. ». Je suis devenue soupçonneuse comme à chaque fois qu’elle tentait d’éluder mes questions : « C’était quoi ses bleus que j’ai vu sur ton visage? ». Elle a répondu laconiquement : « Je me suis battue! ».

Mais cette fois, je n’avais pas l’intention de la laisser tranquille avant qu’elle m’avoue comment elle les avait reçus : « Avec qui et pourquoi ? ». Son regard s’est porté vers la forteresse de Thesos : « Shaakya, tu te souviens, quand je t’ai dit avec Eeri que se saouler au bar n’avait pas d’importance, parce que la région était sans danger ? ». J’ai acquiescé sans comprendre où elle voulait en venir. Elle a continué : « J’avais tort. Même si Thésos est une ville secondaire, elle n’est pas sans danger. J’ai hésité à déplacer le camp. Mais aucun endroit n’est sûr en fait. Si on allait en pleine campagne, on pourrait tout autant se faire repérer et attaquer, et les secours seraient plus loin. ». Je l’ai regardée avec des yeux ronds : « Mais de quoi parles tu ? ». Elle m’a regardée visiblement surprise : « De la méchanceté homine, quoi d’autre ? Les kitines sont calmes actuellement. Les homins recommencent leurs guerres du coup ! ».

Elle m’agaçait. J’avais l’impression qu’elle tentait de noyer le poisson. J’ai tenté une question plus directe : « Tes bleus… çà avait un rapport avec ma disparition? ». Elle a soupiré : « Oui… j’ai eu peur que tu sois là-bas, je suis allée affronter le danger pour être sûre que non, plutôt que de fuir. En fait, j’aurais pu fuir avant les bleus mais j’ai laissé ma fierté parler. ». Elle a eu un petit rire amer. Je ne comprenais rien à ces paroles évasives : « Que je sois où ? Affronter quel danger? ». Elle me regardait d’un air sombre : « Il y avait… Un maraudeur l’autre jour là-haut. J’ai vu qu’il était là avant qu’il me voit… mais je me disais « et si elle est revenue, qu’elle est dans un des box, et s’il l’a vu ? »". J’ai demandé en me doutant de la réponse : « Mais qu’est ce que j’irais faire avec les maraudeurs? Et puis quel maraudeur? ». Elle n’a pas voulu répondre : « Quel intérêt pour toi de le savoir ? ». J’ai alors compris : « Alric! ».

Elle a soupiré en serrant les poings : « Ne t’avise pas de lui chercher des ennuis ! ». J’ai serré moi aussi les poings : « C’est lui qui t’as fait ces bleus? ». Elle était déterminée, la colère couvant dans son regard : « C’est entre lui et moi, cette histoire ! ». J’ai crispé les mâchoires en la regardant avec la même colère. Elle a presque dit en criant : « Je me suis fait du souci bêtement, je l’ai agressé, il a répondu, c’est tout ! Il ne m’a pas tué, et toi, tu es en vie, c’est tout ce qui compte !!! ».

La colère a explosé en moi. Si j’avais eu Alric devant moi je l’aurais étripé ou du moins j’aurais tenté. Et j’étais furieuse contre Anyume qui continuait à le voir malgré tout ce qu’il lui avait déjà fait. L’idée m’a traversée qu’elle ait trouvé l’excuse de ma disparition pour aller le retrouver. Il fallait que ma rage sorte d’une manière ou d’une autre. J’ai donné un coup de poing violent dans la sciure avec mon bras blessé provoquant une douleur insoutenable. Je suis devenue pâle. Mais, j’avais toujours cette rage à extérioriser. J’ai serré à nouveau le poing pour à nouveau taper dans la sciure. Mais cette fois, Anyume m’a saisie le poignet me retenant de toutes ses forces : « Ça suffit ! Ne commence pas à défaire le travail d’Eeri et de Nadjaital ! Ils ne t’ont pas sauvés pour te voir te faire du mal ! ».

Elle avait des larmes dans les yeux mais je pouvais y lire aussi une colère froide qui la rendais plus dure que d’habitude. Mais, ma rage était toujours là. J’ai serré les poings me plantant les ongles dans les paumes. Je la défiais du regard prête à recommencer si elle desserrait son étreinte. Elle grondait : « Shaakya, je ne suis pas Alric, je ne vais pas prendre plaisir à te voir souffrir. Alors arrête ça! ». J’ai sifflé entre mes dents : « Il ne vaut mieux pas qu’il croise mon chemin. Il me tuera sans doute mais il aura mal lui aussi. ».

Je voyais sa colère empirer tandis qu’elle serrait un peu plus son poing libre. J’ai tenté de me dégager violemment de sa poigne : « Lâche moi!!! ». Elle me maintenait fermement : « Non! J’essaie de l’empêcher de te faire du mal, si tu vas le voir, tout ça n’aura servi à rien ! ». Je continuais à me débattre l’évocation d’Alric décuplant ma rage. Elle résistait toujours : « Shaakya, ça suffit !!!! Essaie de comprendre au moins ! ». Mais, je suis devenue violente et je l’ai plaquée au sol la respiration saccadée. Elle m’avait, je crois, laissé prendre l’avantage mais je la sentais prête à réagir à la moindre agression plus marquée. Je la regardais toujours avec cette colère violente dans les yeux. J’ai presque hurlé : « Pourquoi??? ».

Elle me regardait sans frémir, résolue. Elle était belle terriblement belle dans sa détermination. Je me suis penchée vers elle pour l’embrasser avidement. Elle m’a rendu mon baiser avec une férocité presque animale. Je me suis écartée : « Je te déteste!!! ». Puis, à nouveau, je l’ai embrassée avec une passion violente sans retenue. Elle m’a attirée contre elle m’emprisonnant. Je desserrais petit à petit mon étreinte. Elle a glissé ses mains sous mon gilet pendant que je lui dégrafais le sien avec empressement. Nos caresses sont devenues brûlantes de la passion qui nous enflammait. Notre étreinte a été brève, enfiévrée et animale.

Nous sommes retombées dans la sciure l’une à côté de l’autre, épuisées, regardant le ciel, tentant de reprendre notre respiration. J’ai cherché sa main. Elle l’a serrée tendrement. Je me suis penchée sur elle écartant les mèches rebelles de son visage. Elle m’a souri. J’ai pris un air taquin : « Çà ne veut rien dire, je te déteste quand même… ». J’ai goûté ses lèvres tendrement. Elle m’a rendu un baiser suave : « Déteste-moi, tant que tu le fais comme ça, ça me va… ». J’avais encore envie d’elle j’ai recommencé mes caresses. Je lui ai murmuré : « Je te déteste… ». A nouveau, je l’ai embrassée.

Elle a souri mais ses yeux recommençaient à se voiler de tristesse. Je lui ai murmuré : « Dis moi ce qu’il y a mon amour… tu me fais peur quand tu es comme çà… ». Elle a dit doucement : « Pour le moment, tu le dis en souriant, mais tu finiras par le croire… ». Elle ne m’a pas laissée répondre et m’a embrassée. Je me suis laissée emporter par son baiser : « Pourquoi devrais je te détester? ». Elle a soupiré : « Parce que tu es aussi jalouse de lui, que lui le serait de toi, si je ne faisais pas tout pour l’endormir sur la question. ». Je me suis exclamée : « Je ne veux pas qu’il te fasse du mal!!! ». Elle a caressé ma joue : « Et si moi, je veux qu’il m’en fasse ? ». Je l’ai fixée : « C’est le cas? ». Elle a eu un regard étrange : « Shaakya, si j’ai besoin d’aide, je te le demanderais, je demanderais à Na Djaï’tal. Tant que je ne demande rien, c’est que je veux me débrouiller seule. ». J’étais amère : « Donc si je te vois revenir avec des bleus partout… je dois me taire… et faire comme si je n’avais rien vu? ». Elle me regardait : « Tu fais ce que tu veux, mais si tu vas te battre avec Alric, je ne pense pas que tu auras le dessus. Et je souffrirais bien plus de te perdre que de quelques blessures physiques vite guéries ».

Je l’ai fixée : « Tu aimes qu’il te fasse mal ? ». Elle s’est fermée : « La réponse n’a rien de simple. Si ça peut te rassurer, il a aussi des bleus ! ». J’ai eu un petit sourire : « Tant mieux! J’espère que tu as tapé là où çà faisait mal! ». Elle a eu un sourire froid : « J’ai essayé, mais les jupes protègent un peu trop. Enfin, ça l’a quand même suffisamment secoué. ». J’ai eu un sourire satisfait puis je l’ai fixée : « Promets moi alors que si un jour, il va trop loin avec toi… tu m’appelleras! Ou Na Djaï’tal ou Eeri. Tu le feras n’est ce pas? ». Elle a hoché la tête : « Oi, je ferais appel à vous. Mais tout ira bien… ».

Elle a soupiré : « C’est compliqué, tout ça, hein ? ». J’ai soupiré moi aussi : « Oui compliqué. Imagine toi… que pour moi… te savoir avec Alric, c’est comme si tu me laissais aller dans la kitinière sans pouvoir rien faire… ». Elle s’est tendue : « Mais tu ne sais pas te défendre contre les kitins, alors qu’avec Alric, j’ai régulièrement le dessus ! ». J’ai ajouté : « Çà ne me dérange pas qu’il soit ton amant… mais m’imaginer qu’une fois il t’a fait mal, comme j’ai pu avoir mal moi aussi… Çà me terrifie! ». Elle était troublée : « Ça… ça n’a rien à voir Shaakya. Il était seul, et ça n’a pas duré. ». J’ai secoué la tête : « Si… pourtant… je ne peux pas m’empêcher de l’imaginer pris par la sève noire… et te… ». Je n’ai pas pu continuer, les larmes ont commencé à couler le long de mes joues. Elle a grimacé semblant touchée par mes paroles. Elle a essuyé mes larmes avec un doigt tendre : « Il contrôle la Sève en général. Et il est très plaisant quand c’est le cas. Après, lorsqu’elle le contrôle… Je pourrais aussi fuir. Mais j’aime bien les défis. Ça me fait me sentir en vie… Savoir que je peux survivre, trouver comment m’en sortir. ». Je lui ai caressée la joue : « Fais attention à toi… ». Elle a souri : « Fais-moi confiance pour ça. ».

C’est à ce moment là qu’Eeri est arrivée. Elle a souri : « Bonjour les belles homines! ». Anyume a semblé vérifier que ses habits étaient correctement reboutonnés. Eeri a soudain hésité : « Je… vous dérange? ». Quand à moi, je restais bouche bée… Eeri portait une nouvelle armure… blanche celle-ci qui ne cachait pas grand chose… Anyume a fini par répondre avec un grand sourire : « Nani! ». Puis elle a ajouté : « Ho, elle est belle ton armure, Eeri ! ». Ma belle chauve a fait fièrement l’éloge de sa toute nouvelle acquisition. Mais, moi je n’arrivais pas à m’en remettre, ne comprenant rien à ce qu’elle disait. Elle a fini par demander à Anyume : « Tu es sûre qu’elle n’a rien bu? ». Je suis soudain sortie de ma torpeur pour protester : « Hé! mais non je n’ai rien bu! ». Anyume a souri : « Je ne sais pas ce que Nadj lui donne comme herbes… ». Puis Eeri a déclaré : « Enfin, je viens de voir Pecus, il m’a dit que tu avais passé la journée dans son bar… ». Je l’ai regardée avec des yeux ronds : « Moi? ». Eeri semblait sur le point d’éclater de rire : « Oui toi!! Tu as vidé son stock de shooki!!! ». J’ai grogné : « Mais non! c’est lui qui a bu là. ». Anyume a acquiescé en se frottant la nuque : « Oi, elle a surtout dormi… Elle n’a pas bougé de l’après-midi, promis ! ». J’ai grogné : « Il m’a confondue avec toi Pecus! ». Eeri a fini par éclater de rire : « Je sais!!! Je plaisantais! ». J’ai secoué la tête : « Pffff… ».

Nous avons encore discuté de choses et d’autres mais la fatigue nous gagnait. Eeri a hésité à rester mais je l’ai prise contre moi ne lui laissant pas vraiment le choix. De l’autre côté, j’ai serré Anyume. Eeri a déposé un baiser sur ma joue mais j’avais envie de plus. Je me suis penchée sur elle et je lui ai offert un baiser doux et sensuel en lui caressant le visage. Puis, j’ai offert le même baiser à Anyume. Je me suis rallongée contre elle deux. Eeri a chuchoté : « Vous ne me croirez pas… mais les légionnaires se sont mis en tête que j’étais enceinte… ». J’ai plaisanté : « De moi? ». Elle a pouffé : « Je dois avoir un sale caractère avec eux!!! ». Anyume a éclaté de rire.

Elle s’est ensuite endormie très vite tandis que je la caressais tendrement. Eeri et moi, nous avons continué à papoter à voix basse. Eeri m’a avouée alors que je laissais glisser ma main sur son corps : « J’ai eu une dure journée… Et ta douceur me fait du bien. ». Elle m’avait manquée et la sentir contre moi me faisait du bien à moi aussi. Je n’avais qu’une envie avoir une occasion pour être un peu seule avec elle. Je l’ai embrassée tendrement. J’avais envie d’elle mais ma belle chauve était épuisée et Anyume avait le sommeil très léger, alors je l’ai serrée contre moi pour m’endormir dans ses bras.

Dispute

Eeri… Eeri… Il faut que je la retrouve… Elle me manque… Je veux la voir… Mais que fait elle là dans la kitinière? Le kirosta rouge!!!! Nooooooooonn!!!! Il lui plante son épine dans le ventre. Eeri s’effondre… Je cours vers elle mais le kirosta rouge la traîne pour l’emporter dans la kitinière… Je hurle : « Eeeeeriiii!!! ».

Je me suis réveillée. J’étais assise dans un lit, le corps parsemé de tremblements, couvert d’une sueur glacée… Eeri était à côté de moi, le regard inquiet, me serrant, me caressant : « Je suis là… ce n’est que moi. Shaakya!! Calme toi. Je suis là… c’est fini!! ». Je me suis mise à sangloter encore sous le choc d’avoir cru la perdre. J’ai essayé de lui expliquer mon rêve. Elle a souri en me serrant contre elle : « Les kirosta rouges, c’est moi qui les découpe maintenant. ».

Puis, elle a dit doucement : « Je suis désolée, j’ai été absente… Tu n’étais pas avec Anyumé? ». J’ai regardé autour de moi : « Je ne sais pas… Qu’est ce que je fais là ? ». Elle a répondu : « Tu es chez moi là… Comment as tu fait pour entrer? ». Je n’en savais absolument rien. J’étais au camps quand je me suis endormie et je m’étais réveillée là. Pendant la période où je vivais dans la rue, j’avais appris et fait certaines chose pas toujours très avouables comme de crocheter des serrures. J’ai dit d’une petite voix pas très assurée : « J’ai crocheté la porte je suppose? ». J’avais peur de sa réaction mais elle a juste dit : « Je n’ai rien remarqué… ou alors tu fais ça très bien… ». Mais soudain j’ai vu son visage s’éclairer : « Les clés!!! Il me semble t’avoir laissée une clef il y a pas mal de temps non? ». J’ai cherché dans mon sac fébrilement, mortifiée à l’idée que j’ai pu entrer par effraction dans l’appartement d’Eeri. J’ai poussé un soupir de soulagement quand j’ai découvert ses clés au fond de mon sac…

Elle a souri et a posé sa main sur la mienne. Mais, je n’étais pas très à l’aise : « Pardonne moi… Je ne voulais pas entrer sans ton autorisation… ». Elle s’est allongée et m’a entraînée avec elle : « Tu es ici chez toi quand tu veux. Et tu peux te servir de ce que tu veux surtout ce qui se mange… ». J’ai rit doucement en la remerciant. Elle a souri : « Et finir les aliments avant qu’ils ne soient trop vieux. ». J’ai ri : « Je vais devenir obèse! ». Elle m’a pincée doucement le ventre : « Tu as de la marge! ». Je me suis blottie contre son cou et j’ai goûté sa peau : « Je préfère déguster une chauve! ». Elle a souri : « Ça va mieux alors! ». Elle m’a embrassé doucement et j’ai répondu au baiser avec envie.

Je me suis soudain tapée la tête avec ma paume : « Anyume!!! Si elle se réveille elle va être morte d’inquiétude!!! ». Eeri m’a regardée surprise : « Comment çà? elle était au camp avec toi? Et tu t’es sauvée? ». Mais, je n’avais pas très envie de bouger en fait et je continuais à caresser Eeri : « Sauvée… je ne sais pas… Je dormais… Je te cherchais dans mon rêve… ». Elle s’est redressée et m’a regardée gravement : « Shaakya! On doit aller la prévenir… ou déposer un mot! ». Je me suis grattée la tête en regardant ma magnifique chauve pas du tout convaincue d’avoir envie de bouger. Elle m’a embrassée doucement : « On y va toutes les deux? ». J’ai soupiré en lui prenant la main : « Oui… ». Elle m’a prise par la taille : « Shaakya, tu ne peux pas t’imaginer à quel point nous étions inquiets. Enfin si tu peux t’imaginer… Il ne faut pas jouer avec ça. ». J’ai secoué la tête : « Je ne joue pas… ». Elle a souri : « Je ne te parle pas de ton sommeil, mais de l’inquiétude. ». Je me suis collée à elle et je l’ai embrassée avidement. Je me suis un peu écartée en soupirant: « Oui… allons y! ». Mais, elle n’a pas bougé : « Et pour tes promenades nocturnes… Soit nous t’attachons, soit nous… je t’attache! ». Elle s’est collée à moi encore plus. J’ai souri : « Soit tu m’enlaces toutes les nuits? ». Elle a acquiescé : « Voilà. Soit nous trouvons une solution en t’emmenant voir un maître de la pensée par exemple. ». J’osais à peine toucher sa peau de peur d’avoir trop envie d’elle : « Na Djaï’tal ? ». Elle a répondu : « Pas forcément… mais si il peut t’aider, oui. ». Elle m’a embrassée avec passion : « Mais c’est moi qui t’attache! ». J’avais du mal à ne pas m’enflammer : « Fais ce que tu veux de moi ma belle chauve… ». Je me perdais dans ses yeux… Elle a repris sa respiration : « Je t’emmène au campement. Nous devons prévenir Anyumé! ». J’ai secoué la tête pour reprendre mes esprits : « Hein? oui… ». J’ai pris sa main et je l’ai suivie.

Nous avons couru jusqu’au camp. Je ne pouvais m’empêcher d’admirer le déhanché de ma belle chauve. Elle s’est retournée en souriant surprenant mon regard et m’a embrassé furtivement juste avant que nous arrivions. Anyume dormait encore à notre arrivée. Elle s’est réveillée en entendant du bruit. Elle était surprise de me voir déjà debout alors j’ai expliqué brièvement que j’avais fait un cauchemar.

Elle a plutôt apprécié que je ne me sois pas éloignée trop cette fois-ci. J’ai précisé : « Eeri m’a fait revenir vite auprès de toi pour ne pas que tu t’inquiètes. ». Anyume lui a fait un sourire reconnaissant. Eeri m’a pris la main : « Oui, j’ai préféré te la ramener vite. ». Anyume a soupiré : « Donc, que je dorme avec toi ne t’empêche pas de filer… Je ne suis pas très douée pour te protéger… ». Eeri a affirmé : « Je crois que l’on y peut rien, mis à part de l’enfermer dans un appartement! ». Anyume m’a regardée très sérieusement : « Je vote pour! ». J’ai fait la moue, çà ne me plaisait pas trop qu’on m’enferme. Eeri a souri : « Elle sait crocheter les serrures tu sais… ». Anyume a ouvert des yeux ronds : « Même endormie? ». Quand à moi, j’ai baissé la tête honteuse : « Mais heu… tu n’étais pas obligée de de le dire… ». Eeri a pris un air responsable : « C’est pour ton bien Shaakya… Je ne sais pas si tu as utilisé les clefs en même temps… ».

Anyume grognait : « Je ne compte pas attendre bêtement que tu te sauves et qu’on te retrouve morte. ». J’ai rigolé : « Si je ne savais pas nager, ce serait facile! Il suffirait de m’enlever ma bouée et de me mettre sur une île! ». Mais çà n’a pas fait rire du tout Anyume : « Ou tu te noierais… De toutes façons, tu sais nager ! ». J’ai ajouté avec une petite voix : « En même temps, le contact de l’eau pourrait me réveiller non ? ». Mais elles étaient parties sur une autre idée : faire appel à des maîtres kamis…

Cette idée ne me plaisait pas du tout alors j’ai encore cherché à plaisanter : « J’ai une idée! J’arrête de dormir!!!! ». Anyume a levé les yeux au ciel. Et Eeri m’a frotté le crâne : « Entendu!! Affaire classée!! ». J’ai éclaté de rire. Puis elles sont reparties sur l’idée de quelqu’un qui pourrait m’aider. Eeri a parlé d’une histoire avec Glorf, où ils avaient eu affaire à un kami. Mais elle ne voulait pas en dire trop.

Pourtant, nous étions curieuses de savoir quel avait été le problème de Glorf pour faire appel à un kami. Anyume a eu un sourire coquin : « Des soucis d’homin ? ». J’ai pouffé. Eeri a souri : « Dans ce cas.. Pas besoin des kamis! ». Annyume a affirmé : « Ho, ça dépend du souci ! Ptet qu’il préférait les homins, bêtement, remarque… ». J’ai éclaté de rire pendant qu’Eeri déclarait : « Je… ne crois pas!! J’en suis sure!! ». Anyume a eu un faux air compatissant : « Ha, dans ce cas, les ravages de la vieillesse… Mais si le kami a pu l’aider, il a du retrouver du succès auprès de la gente homine ! ». J’essayais de me retenir de rire. Eeri a fait un petit sourire en coin : « Peut-être bien oui! ».

C’est à ce moment là qu’un izam en piètre état s’est affalé au pied d’Eeri. La pauvre bête sentait l’alcool. J’ai cru reconnaître un des pauvres izams que Gunbra envoyait parfois et j’ai chuchoté à Anyume : « Gunbra maltraite les izams… ». Elle a ouvert de grands yeux choqués : « L’izam ça se mange ou on le laisse voler, ce n’est pas bien de les maltraiter ! ». J’ai haussé les épaules : « Çà… faudra le dire à Gunbra. ». Pendant ce temps, Eeri essayait de déchiffrer le message : « Geyos… C’est son écriture. « Pas là… Mais personne ne vient… et… » Illisible… rien de plus… c’est… un trait qui ondule, après… ». J’ai soupçonné : « Il était ivre quand il a écrit… ». Anyume a soupiré : « Encore les ravages de l’alcool. ». Eeri a soupiré elle aussi : « Non, je ne pense pas. Enfin, l’izam, oui, mais là ce n’est pas normal! Je connais son écriture d’ivrogne. ». Du coup, j’ai essayé d’imaginer un izam en train de boire un verre accoudé au comptoir d’une taverne : « Un izam qui a bu un verre? ».

Eeri a soupiré : « Je… dois aller le chercher… ». J’ai fait la moue. Eeri a embrassé ma main qu’elle tenait toujours dans la sienne. Anyume a proposé son aide mais Eeri a refusé. J’ai grogné : « Tu avais dis que tu m’attachais à toi cette nuit! ». Eeri a soupiré : « Désolée Shaakya… Anyumé, attache toi à elle… ». Anyume a acquiescé. J’étais dépitée : « Il est devenu ton amant ou quoi ? ». Eeri m’a embrassée le crâne : « Tu es folle ou quoi? C’était mon chef, c’est toujours mon ancien chef qui m’a beaucoup apporté. ». J’étais soudain jalouse : « Il va avoir des vapeurs quand il va te voir dans cette tenue. ». Mais, elle a déclaré : « Ah ça!! Ne t’inquiète pas!! Il me verra en légionnaire. ». Anyume a ajouté : « Oi, on a jamais vu de légionnaire tomber dans les bras les uns des autres ! ». Eeri m’a chuchotée à l’oreille : « Bon, c’est vrai, il a les yeux qui pétillent autant que toi quand il me voit en légère… ». Ça n’avait pas vraiment le don de me rassurer et j’avais encore moins envie de la laisser partir. Mais elle était décidée : « J’y vais. Si tout va bien, je serais vite de retour… à mon appart hein! ». Je l’ai regardée surprise : « A ton appart? Tu ne reviens pas ici? ». Elle m’a demandée : « Tu veux Shaakya? ». Je l’ai regardée sans comprendre : « Bein oui… ». Mais, elle n’avait pas l’air décidée à revenir me voir : « On verra. Je t’envoie un izam, promis. ». J’ai froncé les sourcils et je me suis rassise contrariée. Pourquoi était elle si empressée à aller voir Geyos? Pourquoi ne voulait elle pas revenir me voir après? Elle comptait passer la nuit avec lui ou quoi ? Eeri m’a embrassée le crâne et a mis son casque : « A plus tard, prenez soin de vous! ». Puis, elle s’est éloignée en courant.

Anyume m’a regardée avec un air contrarié : « T’attacher, hein ? ». J’ai grogné : « Laisse tomber… ne m’attache pas! ». Elle a froncé les sourcils : « Eeri a peut-être raison pour les Kamis. Enfin, en tout cas, t’emmener voir un guérisseur est peut-être une bonne idée. ». J’ai haussé les épaules : « Çà va hein je ne suis pas malade! Des cauchemars j’en ai toujours eu… et j’ai toujours été somnambule! ». Elle avait le regard sévère : « Mosï. Tu comptes continuer à te balader quand tu dors ? Donc, je ne peux pas te protéger, je ne peux pas t’aider, et je ne peux pas te faire confiance pour te protéger toi-même. C’est bien ça ? ». J’ai soupiré : « Bien sûre que tu me protèges. ». Elle a râlé : « La preuve, tu es allée te balader sans même que je me réveille ! ». J’ai essayé de l’apaiser malgré ma mauvaise humeur : « Tu n’as pas arrêté ces derniers jours! Tu a toujours été là et je n’ai pas eu un seul cauchemar. ».

Je me suis blottie contre elle. Elle a soupiré : « Ça commence à me rendre dingue de rester coincée là… J’ai peut-être envie d’être forte, mais la vérité, c’est que je ne le suis pas. ». J’ai demandé : « Forte pourquoi ? ». Elle a haussé les épaules comme si c’était une évidence : « Forte, c’est tout! Je ne peux pas être ta protectrice… Eeri se débrouille mieux que moi pour ça, déjà. ». J’ai protesté : « Je ne te demande pas de l’être. Et Eeri, c’est une habitude chez elle d’être protectrice. Elle me voit encore comme une gamine parfois. ». Anyume a répondu : « Elle a un peu raison… tu restes une gamine par moment ! Tu as besoin de quelqu’un qui veille sur toi ! ». Je suis restée stupéfaite ne sachant comment je devais prendre cette remarque. Elle s’est frottée la nuque : « Qu’est-ce que je vais faire de toi… ». Je me sentais soudain mal. J’avais l’impression de n’être qu’un boulet inutile qu’elle traînait derrière elle. Je l’ai regardée amère puis je me suis levée : « Si je te dérange, je peux aller faire un tour… ».

Elle a soupiré : « Ce n’est pas ce que j’ai dit ! Le souci c’est que je t’aime trop. Tu es si fragile, j’ai peur de ce qui peut t’arriver… ». J’ai demandé : « Et c’est un problème çà de m’aimer trop ? ». Elle a acquiescé : « Oi, un peu d’une certaine façon. Si je t’aimais moins, je te laisserais risquer ta vie sans que ça m’inquiète. Ou si je te savais plus forte, pareil… je saurais que tu peux affronter tout ce qui se trouvera sur ta route. Mais là, je… ». Je me suis rassise à côté d’elle. Elle semblait réfléchir : « Une sorte de faiblesse ? ». Je ne comprenais pas où elle voulait en venir : « Tu aimes ma faiblesse? ». Elle a secoué la tête : « Nani. Je la déteste! … Mais toi, je t’aime… C’est drôle comme l’amour s’accommode de contradictions. ». J’étais perdue : « Mais ma faiblesse fait partie de moi… Tu voudrais que je sois plus dure? que je ne montre aucun sentiment? ». Elle semblait réfléchir : « Non, ce n’est pas ça être fort. Et il y a toujours des gens qui se plaisent à être faibles… Hmmm… Être fort c’est savoir plier sans rompre, survivre à tout, tracer sa voie sans rien laisser nous arrêter. Ce qui passe par l’entrainement physique et mental amenant à toujours se dépasser. ». Elle semblait réciter une leçon alors que moi, j’avais l’impression qu’elle remettait en cause celle que j’étais, alors j’ai tenté de me défendre : « Avec tout ce que j’ai subi, pourtant je continue d’avancer… mais tu ne me trouves pas forte… ».

Elle a répondu : « Tu as de la force, mais… tu laisses tes cauchemars mettre ta vie en danger ! Et je ne peux pas me dire que si tu croises Alric, les chances seront égales. Ce n’est même pas qu’une question de force de frappe… Je suis moins forte physiquement que lui, mais au moins de force égale quand il s’agit de l’affronter, en fait. Tout ça doit te paraître idiot… ». Je détestais qu’elle me compare à Alric. Je me sentais amoindrie et dévalorisée : « Çà me fait surtout mal que toi aussi tu me vois comme une gamine incapable de se gérer toute seule! Je ferais mieux d’aller dormir ailleurs. ». J’ai repris mes pactes de téléportation qu’elle gardait près d’elle. Elle avait un air déprimé mais je n’avais pas envie de la consoler. Elle a dit : « Et voilà, du coup, je t’ai vexée… Je ferais mieux de me taire… ». J’ai secoué la tête amère : « Vexée non… juste… déçue… Je ne ferais pas de cauchemars et je n’irais pas dans la kitinière. Ça te va? ». J’ai sorti un pacte. Elle a affirmé : « Tu n’a pas de prise là dessus… ». J’ai grondé : « C’est ce qu’on verra! ». Avant que la téléportation ne m’emporte, je crois que j’ai distingué un petit sourire sur son visage, sans doute amusée par ma détermination.

Je suis allée à Fairhaven et j’ai nagé jusqu’à l’île de Kyshala. J’avais l’impression qu’Anyume ne m’aimait pas totalement… mon cœur saignait comme si je l’avais en partie perdue… Et Eeri qui avait préféré passait sa soirée avec Geyos… Na Djaï’tal concentré sur ses études. Je me sentais pour la première fois depuis longtemps, horriblement seule… Je me suis roulée en boule sous ma racine préférée cherchant un sommeil engourdissant qui ne voulait pas venir.

Cauchemars du kirosta rouge

J’ai émergé du sommeil quelques heures plus tard… J’étais somnambule et l’eau qui entourait l’île de Kyshala m’avait réveillée… Il y avait ce nouveau cauchemar qui hantait mes nuits désormais. Comme si j’avais passé un premier cap et que je passais à l’étape suivante.

Je ne faisais plus ce cauchemar des homins à l’air de prédateurs qui m’entouraient et me torturaient. Sans doute que le traumatisme de l’agression dont j’avais fait l’objet était enfin digéré. Je crois qu’être devenue l’amante de Na Djaï’tal m’avait guérie de la peur que j’avais des homins. D’ailleurs quand j’y repense, je n’avais plus peur non plus des sèves noires. Je n’avais pas fui quand ils nous avaient menacé Pephosse Aerus et moi lors des élections des akenos. Pourtant, ils empestaient tous la sève noire.

Désormais, dans mon cauchemar, je voyais un kirosta rouge. Il empalait Eeri de son dard et la traînait avec lui. Parfois, ce n’était pas Eeri mais Anyume ou Na Djaï’tal et moi je courrais derrière essayant de les rejoindre. C’était terrifiant et terriblement douloureux émotionnellement.

Cette nuit là, je n’ai pas arrêté pas d’être hantée par ce rêve. Et à chaque fois, je me réveillais au bord de l’eau. Le matin, c’est dans un état semi-comateux que j’ai rejoint Fairhaven. Je repensais à ma réaction face à Eeri la veille et je la trouvais terriblement enfantine… même si mon état de manque affectif à ce moment pouvait en partie l’expliquer. Eeri avait bien le droit de passer son temps avec quelqu’un d’autre que moi…

Peut-être qu’il fallait que je lui fasse un peu d’air et que j’arrête de passer mon temps chez elle. C’était l’occasion de réaliser ce qui me trottait dans la tête depuis longtemps : j’allais m’acheter mon propre appartement au pays des lacs. La capitale Fairhaven étant trop chère pour ma bourse, il fallait que je choisisse une des autres villes. J’ai choisi Avendale pour ses longues plages bordant la ville et son accès aux lagons de la Loria et aux vents du Songe. J’aimais beaucoup Windermeer mais la ville était très excentrée et surtout elle était peuplée d’homins des terres lointaines dont je ne maîtrisais pas du tout la langue. Le tryker chargé de la vente des appartements d’Avendale n’a fait aucune difficulté et m’a tendu les clés de mon nouvel appartement. Il était magnifique… De grandes baies rondes s’ouvraient sur la beauté des fonds lacustres. Je regardais émerveillée les poissons qui passaient sous mes yeux.

J’étais chez moi! Pour la première fois, j’avais mon propre appartement que j’avais acheté avec les dappers que j’avais gagné. Bien sûr, il était un peu vide mais je comptais bien le meubler dés que cela serait possible. En attendant, j’avais un lieu à l’abri de la pluie, de la neige et du vent où je pourrais m’isoler.

J’ai essayé de m’y endormir mais à chaque fois le cauchemar du kirosta rouge revenait. Il fallait peut-être que je fasse comme m’avait suggéré Anyume avant qu’elle ne parte, tenter d’aller jusqu’à son terme. Je suis allée aux sources cachées dans le désert matis car je savais qu’il y avait un gros kirosta rouge qui y chassait. J’ai retrouvé avec bonheur l’endroit où je m’étais endormie après ma première rencontre avec Anyume et Na Djaï’tal. Je me suis installée au même endroit.

J’ai fini par m’y endormir… Je me suis réveillée alors que j’étais en train de donner un coup de pied à un kirosta rouge géant bien réel celui-là… Il n’a bien évidement pas apprécié du tout. Il a fallu que je demande une résurrection aux kamis et je suis retournée aux sources cachées.

Etre aller au bout de mon rêve ne m’avait pas apporté grand chose à part une pénalité de sève que j’allais devoir rembourser aux kamis. Pourtant, j’ai persisté, encore et encore…

Le rêve était toujours le même mais les images se faisaient plus précises. J’avais l’impression que la canopée s’effondrait sur moi laissant apparaître le kirosta rouge. Je voyais le corps désarticulé d’un homin dans un coin visiblement mort et le kirosta qui s’avançait sur Eeri, Anyume ou Na Djaï’tal visiblement blessés par la chute de la canopée sur nous. Ils me faisaient signe de ne pas m’approcher mais je venais vers eux… Et puis, le kirosta les transperçait de son dard et commençait à les emporter avec lui. Je poussais un cri et je lui donnais des coups pieds. Il finissait par se tourner vers moi menaçant, derrière moi j’entendais la voix de Kyshala qui me demandait de la rejoindre… et puis je me réveillais devant un vrai kirosta rouge…

Je ne sais combien de fois, j’ai du demander aux kamis de régénérer ma sève… Mais j’avais l’espoir de trouver la raison de ces cauchemars continuels alors je continuais…

Au bord de la mort

Nous nous étions endormies sur l’île de Kyshala. La veille je l’avais veillée, toute la nuit, inquiète, parce qu’elle était éteinte, malade souffrant d’un vilain rhume. Elle allait mieux alors j’étais tombée, épuisée de fatigue le soir suivant. Est ce que c’est l’angoisse de la voir malade ainsi qui a réveillé mon cauchemar au kirosta rouge? Je ne sais pas… En tout cas, quand je me suis réveillée, j’étais dans la kitinière et un kirosta en face de moi qui n’a pas mis longtemps à me mettre à terre. Je me suis évanouie.

Quand, je me suis réveillée, j’étais percluses de douleur parmi les cadavres de créatures. J’étais dans le garde-manger des kitines, incapable de me soigner, je ne ressentais pas la présence des kamis, ni de la karavan… les pactes de téléportation n’allaient pas fonctionner et les demandes de résurrection encore moins… J’allais mourir. Je me suis mise à pleurer… Non, non… pourquoi? Alors que j’étais si heureuse et que j’avais enfin trouvé celle avec qui je voulais passer le reste de ma vie… J’ai pleuré de longues minutes incapable de m’arrêter. Je repensais au moment merveilleux que j’avais passé à ses côtés ces derniers jours, comme cette journée près d’une cascade sous une arche que nous avions surnommées « l’arche des amantes » en raison des étreintes passionnées que nous y avions vécues…

Et moi, je gâchais tout avec mon cauchemar et mon somnambulisme maladif… Je m’en voulais de provoquer un nouvel horrible déchirement dans la vie de Jalindra. Mes larmes ne cessaient plus… Et puis il y a eu un petit mouvement parmi les cadavres, un izam blessé essayait de se dégager. Je me suis traînée jusqu’à lui pour l’aider mais il était vraiment mal en point lui aussi. Il s’est blottit contre moi recherchant ma chaleur. J’ai eu pitié, si je ne pouvais plus me soigner moi-même au moins je pouvais l’aider lui… J’ai lancé un soin. Il était guéri et volait autour de moi tout joyeux.

J’ai eu un petit sourire triste. L’izam est revenu contre moi, semblant vouloir tenter de m’aider. Je l’ai caressé même si je savais que je ne survivrais pas. Pourtant son insistance m’a donnée une idée. J’allais envoyer un message à ma bek-i-bemaï. Il ne fallait pas que je meurs sans qu’elle sache ce qu’il m’était arrivée comme avec Shab. J’ai sorti difficilement de quoi écrire de mon sac et j’ai commencé ma lettre :

« Mon amour, ma bek-i-bemaï,

Je crois que j’ai encore fait un cauchemar et comme j’ai oublié de te donner mes pactes, je suis à nouveau dans la kitinière. Je t’envoie cette lettre grâce à l’aide d’un izam qui était sur le point de mourir et que j’ai réussi à soigner grâce à mes dernières gouttes de sève, lui aussi a été ramené par les chasseurs dans le garde manger des kitines.

Ma bek-i-bemaï, cette fois, je crois que ma graine de vie s’est brisée et ne pourra plus être réparée. Quelle idiote, je suis! J’ai à nouveau suivi un kirosta rouge dans mes cauchemars pour me réveiller transpercée par son dard au fond de la kitinière. Je suis à un niveau tellement profond que je crois que les kamis n’entendront pas mon appel… Je vais mourir mon amour…

Je suis désolée de te laisser seule alors que notre amour était ce qu’il y avait de plus beau dans ma vie. Je veux que tu profites de la vie et que tu trouves quelqu’un qui t’offre ce que j’ai à peine eu le temps de t’offrir.

La mort ne nous séparera pas mon amour. Ma sève attendra la tienne pour se mêler à elle et être à jamais réunies.

el makèch ma bek-i-bemaï.

Shaaky. »

J’ai attaché le message à la patte de l’izam. Je lui ai donné quelques miettes du gâteau que j’avais dans mon sac et je l’ai laissé s’envoler. Il est parti à tir d’ailes. Je n’étais vraiment pas sûre qu’il parviendrait à sortir de la kitinière vivant mais j’espérais de tout mon cœur que mon message parviendrait d’une façon ou d’une autre à Jalindra. Au moins, pour qu’elle sache que j’avais pensé à elle jusqu’à ma dernière seconde de vie. J’ai tenté de lutter contre l’engourdissement de la mort que je sentais venir mais j’ai fini par m’évanouir à nouveau.

C’est le bec d’un izam qui m’a réveillée. Dans un état comateux, j’ai tenté de le repousser de la main : « Laisse moi… je suis fatiguée… trop fatiguée… ». Mais l’izam me picorait le crâne avec insistance. J’ai finalement réussi à ouvrir un œil : c’était l’izam que j’avais sauvé. J’ai grogné : « Je t’ai dit pourtant de rejoindre Jalindra… Va-t-en!!! ». J’ai fermé les yeux à nouveau mais toujours ce bec qui picorait avec insistance mon crâne. J’ai ouvert à nouveau les yeux et c’est là que j’ai vu que la pauvre bête avait été chargée comme un mektoub de bât. Il portait des sacoches et semblait épuisé.

J’ai ouvert les sacoches : des potions de vie et de sève… Et un mot de Jalindra, griffonné dans l’urgence : elle me disait qu’elle m’aimait et qu’il fallait que je lutte de toutes mes forces, qu’elle allait me rejoindre. Ma bek-i-bemaï me redonnait courage. J’ai bu les potions. Le bien-être a été immédiat même si les douleurs étaient toujours là…

Maintenant, il fallait sortir sans se faire dévorer… J’ai aperçu une larve de kitine perdue non loin de là… J’ai réussi à l’attraper en me faufilant à travers les cadavres et les kitines. Je me suis frottée avec reprenant l’idée qui m’avait déjà sauvée une fois et je l’ai gardée dans mon sac. Il fallait que je remonte le plus possible pour que Jalindra me trouve. J’ai suivi mon petit izam qui semblait décider à m’aider… mais parfois il passait par des endroit inaccessible pour moi… alors je faisais demi-tour cherchant une autre issue. Je me suis perdue dans le labyrinthe de la kitinière… Mais à chaque fois, l’izam me retrouvait trouvant un autre chemin. Jusqu’à ce que l’épuisement me fasse tomber à genoux. J’étais arrivée dans la chambre des œufs, où je me suis évanouie à nouveau.

Puis, j’ai entendu la voix au bord de la panique de Jalindra : « Shaakya, ma belle! ça va? ». Elle a lancé une série de soins magiques sur moi. J’ai ouvert un œil et j’ai souri en voyant son visage au dessus de moi : « Tu n’aurais pas du…. prendre de risque… comme çà… ». Elle m’a soulevée dans ses bras toujours terriblement inquiète : « Ça va aller… je n’allais pas te laisser là! comment tu te sens? ». J’ai dit doucement : « Mal… et bien parce que tu es là… ». Elle a dit doucement : « Je serais toujours là… ». J’ai murmuré : « J’ai cru… que j’allais mourir… ». Elle a dit d’une voix déterminée : « Je ne t’aurais pas laissé faire… ». Elle m’a serrée très fort dans ses bras et m’a embrassée tendrement. J’ai caressé sa joue : « Je suis désolée… ». Elle a secoué la tête : « C’est moi qui le suis… J’ai cru… qu’il n’y avait plus de danger… Mais allons sur l’île, que je puisse te soigner… c’est risqué de rester ici. ». Elle m’a soutenue avant de déchirer nos deux pactes et elle m’a conduite ensuite jusqu’à l’île de Kyshala.

Elle a fait un feu et m’a recouverte d’une couverture. Je voyais qu’elle faisait çà presque mécaniquement comme pour oublier la peur qu’elle avait eu. Elle a demandé : « Tu as soif? faim? ». J’ai tendu ma main vers sa joue. Elle s’est penchée vers moi pour embrasser mon front : « Un câlin? ». J’ai souri : « Oui un câlin… tes soins m’ont fait du bien. ». Elle m’a pris doucement entre ses bras pour poser ma tête sur ses genoux : « Je suis désolée… ». Je l’ai laissé faire en souriant : « Ha oui là… je suis sûre que je vais aller beaucoup mieux! ». Mais je voyais bien qu’elle n’avait pas le cœur à rire, alors j’ai repris plus sérieusement : « J’ai du…. te faire très peur mon amour… avec ma lettre… j’ai cru que j’allais mourir cette fois… je ne pensais même pas que l’izam arriverait à te rejoindre… il était tellement mal en point lui aussi. ». Elle avait pris de la crème dans son sac et l’appliquait doucement sur mon flanc : « Oui… j’ai cru que je n’arriverais pas à temps… Les kitins auraient eu un peu plus à manger… si je ne t’avais pas retrouvée… ». J’ai écarquillé mes yeux : « Tu veux dire…? ». Elle a caressé mon visage : « Je serais restée avec toi oui… plus rien n’aurait de sens sans toi… ». Je me suis redressée malgré ses tentatives pour m’en empêcher : « C’est comme je te disais… quand nous étions dans les primes racines… il me sera impossible de vivre sans toi désormais… ». Elle a souri en reprenant un peu de son humour : « Il y a plus simple pour me quitter que d’aller embrasser les kitins! ». J’ai ri en me tenant douloureusement les côtes.

Puis, son regard s’est assombri : « Je m’en veux… j’ai relâché mon attention… j’ai faillit te perdre… ». J’ai tenté de la rassurer : « Mais non… c’est cette angoisse à cause de ta maladie… les cauchemars sont réapparus. J’aurais du y penser! ». Elle a secoué la tête : « Je n’oublierais jamais plus de te prendre tes pactes… j’ai eu si peur… ». Elle a frissonné : « Quand je me suis réveillée… et que tu n’étais plus la… ». Je l’ai serrée contre moi : « Moi aussi, j’ai eu peur… de savoir… que je te laissais seule… J’étais persuadée… que j’allais mourir… Sans ton izam… je n’aurais jamais réussi à remonter plus haut. ». Elle a secoué la tête : « Je n’étais même pas sûre qu’il arrive jusqu’à toi… ». J’ai souri en me frottant le crâne : « Il est arrivé… il était très insistant… parce qu’il a du me sortir de mon évanouissement avec des coups de bec. ». Elle a souri reprenant son humour habituel : « Oui je lui ai soufflé dans les plumes avant qu’il parte! Ça se trouve, c’était le même, il a eu peur… ». J’ai ri en repensant à notre première rencontre où elle avait soufflé dans les plumes de l’izam qui avait envoyé une lettre incomplète faisant suite à sa candidature à la guilde Hoodo.

Puis, je me suis blottie contre elle : « Tu m’as sauvée la vie mon amour… ». Elle a souri en me serrant contre elle : « Et je recommencerais autant qu’il le faudra… même si j’aime autant que tu ne te mettes pas en danger! ». Elle m’a embrassée tendrement. J’ai répondu à son baiser avant de lui répondre doucement : « Je n’en ai pas l’intention… Si tu savais comme j’ai pleuré… pas par peur de mourir… mais parce que je te laissais seule… alors que nous avions tellement à vivre ensemble… J’avais l’impression… d’avoir tout gâché avec ce cauchemar! ». Elle m’a serrée un peu plus contre elle : « J’ai beaucoup pleuré aussi… Je ne veux pas perdre ce bonheur… on a eu si peu de temps… ». J’ai posé mon front sur le sien et pris ses mains dans les miennes : « Rien ne nous séparera mon amour… comme je te le disais dans ma lettre… nos sèves se mêleront… et nous serons à jamais réunies. ». Elle a dit avec une petite voix : « Je n’aurais jamais pu attendre… J’ai croisé Xenargos avant de partir… Je n’ai pas réussi à lui en parler… Il aurait souhaité venir… et je ne voulais pas le mettre en danger… ni qu’il m’empêche de rester à tes cotés si jamais… ». Sa voix s’est soudain brisée dans un sanglot. Je l’ai prise contre moi pour la bercer doucement, en lui murmurant des mots d’amour.

Elle a finalement séché ses larmes petit à petit : « C’est moi qui devrait te rassurer… ». J’ai joué les grosses dures en montrant les muscles de mes bras : « Moi? mais je suis une habituée de la kitinière maintenant… Même pas peur!!! ». Elle a eu un petit sourire : « Tu vas vite perdre cette habitude! Je suis d’accord pour qu’on meure ensemble… mais dans très longtemps! ». J’ai acquiescé : « Dans très longtemps oui… Je demanderais à Na Djaï’tal qu’on fasse rapidement le Voyage. ».

Nous avons ensuite chercher la meilleur manière de m’empêcher de me sauver lors de mes crises de somnambulisme. La meilleur solution était celle qu’avait adoptée Anyume après ma première visite de la kitinière : m’attacher à elle. Jalindra m’a ensuite fait manger en me grondant parce que je dévorais comme un ogre. Elle avait peur que mon estomac ne tienne pas le le choc. Je voyais bien que son angoisse était disproportionnée par rapport à cet événement : ma belle n’avait pas encore réussi à exprimer toute l’angoisse et la peur qu’elle avait ressenti pendant que j’étais dans la kitinière. Aussi après avoir fini de manger, je l’ai prise dans mes bras. J’ai caressé doucement ses épaules pendant qu’elle se blottissait contre moi. J’ai commencé à la bercer doucement.

Au bout de quelques minutes, elle a enfin réussi à exprimer son angoisse : « J’étais persuadée de te trouver morte… comme Shab… ». J’ai embrassé son front délicatement : « Je sais… j’y ai pensé… et je m’en voulais… de te faire subir çà à nouveau… ». Elle a secoué la tête : « Tu n’y es pour rien… Je voulais juste que tu ne meurs pas seule… ». Je l’ai serrée fort contre moi en retenant mes larmes : « Je ne voulais pas mourir sans toi… mais je ne voulais pas que tu meurs pour moi… Je ne savais plus où j’étais mon amour… ce que je voulais… ». Elle a eu un sourire tremblant : « Tu n’aurais pas pu protester. ». Je me suis mis soudains à pleurer silencieusement.

Elle m’a prise dans ses bras, me berçant doucement en me murmurant des mots d’amour. J’ai réussi à dire d’une voix tremblante : « Je voulais mourir dans tes bras… mais pas que tu meurs… ». Elle a murmuré d’une voix douce : « Je serais morte avec toi… dans tout les cas. Et même si j’avais résisté à la volonté de te rejoindre… je serais restée une coquille vide… ». Je l’ai regardée : « Comme moi… avec toi… si… ». Je n’ai pas réussi à terminer ma phrase. J’ai secoué la tête : « Je ne veux plus revivre çà… ». Elle a acquiescé : « Je ferais tout pour que ça n’arrive plus… ».

J’ai pris un ton plus désinvolte : « On sera obligées d’être attachées tout le temps! ». Elle a souri : « Je vais remettre tes pactes dans mes bottes, comme avant! ». J’ai pris un petit air taquin : « Celles qui sentent des pieds? ». Elle a ri : « Oui!!! Au pire l’odeur te réveillera… on ira même voir le tas de fumier de bodocs pour être sûres! ». J’ai éclaté de rire avec elle.

Elle a remis de la crème sur mon flanc. Ce geste doux nous a rappelé les tendres attentions qu’elle avait eu pour mes pieds alors que nous n’étions encore que des amies. Nous avons longuement discuté sur ce que nous avions ressenti l’une pour l’autre à cette époque qui nous paraissait déjà si lointaine. Le sommeil a fini par avoir raison de moi. Jalindra a posé une couverture sur moi et m’a attaché le poignet au sien : « Voilà, tu ne pourras pas partir cette nuit! Je te garde avec moi! ». J’ai murmuré d’une voix ensommeillée : « Je ne veux pas partir… je n’ai jamais voulu partir… ». Elle m’a entourée de ses bras : « Je sais mon amour… ». Elle m’a bercée doucement. J’ai murmuré dans un demi-sommeil : « Jamais séparées mon amour… jamais… toujours dans tes bras… ». Elle a murmuré : « Je suis là, je serais toujours là… ». J’ai murmuré avant de m’endormir dans le creux de ses bras : « el makèch… ». Je l’ai entendu murmurer très doucement : « el makèch ». Elle s’est endormie en me serrant fort contre elle.

Durant la nuit, j’ai encore fait le cauchemar du kirosta rouge, j’ai hurlé le prénom de Jalindra. Mais elle était là veillant sur moi, me murmurant des paroles apaisantes. Je suis retombée dans un sommeil plus apaisé en murmurant : « Ne me laisse pas toute seule… laisse moi venir avec toi… ». Elle a murmuré à mon oreille : « Je suis là… je ne vais pas mourir… Tu ne seras jamais seule… ». J’ai fini par me rendormir dans un sommeil calme et réconfortant.

Le lendemain, c’est elle qui a fait un cauchemar. Elle s’est réveillée en sursaut tremblant de tout son corps. Je lui ai murmuré : « Je suis là mon amour… je suis là ma bek-i-bemaï… ». Elle m’a regardée avec des yeux hagards : « La kitinière… tu y étais retournée… je te cherchais… et j’allais mourir sans te retrouver… sans savoir si j’allais t’abandonner ou si c’était déjà fini… ». Un sanglot l’a empêchée de continuer. Je l’ai serrée contre moi, tentant de la rassurer d’une voix enrouée par l’émotion : « Je ne retournerais pas dans la kitnière pas sans toi… On ira dire aux rangers qui gardent l’entrée de me bloquer le passage si je suis seule par la force si il le faut… On leur dira de te contacter si jamais il me trouve… Ça n’arrivera plus… Les rangers sont capables d’empêcher de sortir des énormes kitines, ils arriveront bien à arrêter une petite fyrette au pieds nus, non? ». Je l’ai serrée encore plus fort contre moi : « Je ne veux plus revivre çà… croire que je t’avais perdue… que je te laissais seule… que nous ne pourrions pas vivre, tout ce que je veux vivre avec toi… ma bek-i-bemaï… ». Elle a murmuré en se blottissant contre moi : « Non, plus jamais… J’ai cru devenir folle quand j’ai reçu ton izam… Je n’avais jamais ressenti un tel déchirement… ni une telle haine contre la vie… seule la perspective de pouvoir encore te sauver m’a fait avancer… ». Je l’ai embrassée par petites touches tendres en continuant à la caresser : « Nous aimerons la vie ensemble désormais… Je vivrais pour te rendre heureuse, voir ton merveilleux sourire et entendre ton rire. ». Je la gardais contre moi en respirant son odeur : « Si je pouvais te garder constamment contre moi comme çà… profiter de ta chaleur, de la douceur de ta peau, du goût de tes lèvres… je le ferais… Plus rien, n’a d’importance, quand tu es dans mes bras à part toi… ». Mon baiser s’est fait plus sensuel et passionné. Elle a répondu avec fièvre. Cette nuit là, nous nous sommes fait l’amour avec urgence comme pour conjurer le sort, nous délectant de sentir l’autre si vivante.

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