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Le tour d’Atys à dos de mektoubs

Après avoir senti le souffle de la mort nous effleurer, nous avions besoin de profiter de la vie ensemble. Aussi un soir, j’ai proposé à Jalindra de réaliser mon rêve de faire le tour d’Atys à dos de mektoubs. Elle a acquiescé mais sans enthousiasme. J’ai eu l’impression de revoir Eeri quand je lui avais proposé la même chose. Eeri avait ensuite toujours esquivé le sujet affirmant qu’elle avait trop de travail mais que nous le ferions un jour… J’ai soupiré : décidément, il n’y avait que moi à avoir ce rêve.

J’étais persuadée que Jalindra allait faire la même chose qu’Eeri. Aussi, je l’ai regardée avec des yeux ronds quand dés le lendemain, elle a proposé que nous nous préparions pour entamer notre tour d’Atys. J’étais stupéfaite et terriblement heureuse. Nous avons préparé nos bagages. Je me dépêchais de peur qu’elle change d’avis, m’emmêlant les pinceaux. Jalindra était, quand à elle, très calme me proposant de m’aider à stocker le superflu. Et nous sommes parties!!!

Du pays des lacs tryker à la jungle zoraï

Nous n’avions décidé d’aucun chemin particulier. Nous voulions juste être libres de nos mouvements, sans être obligées de nous arrêter dans les villes. Aussi, nous avions pris le maximum de nourritures pour nos mektoubs. Je galopais comme un folle en direction du vortex menant à la route des ombres, oubliant les précautions d’usage. Résultat : je me suis retrouvée au milieu des kitines des lacs. Heureusement, Jalindra était bien plus prudente et a réussi à s’enfuir. Gato, mon mektoub, a réussi à survivre mais il restait au milieu des kitines sans savoir quoi faire. Jalindra n’a pas réussi à m’atteindre aussi j’ai du demander une résurrection aux kamis. Maintenant, il nous fallait ramener Gato mais après plusieurs essais infructueux, nous commencions à nous dire qu’on ne pourrait vraiment pas y arriver. Notre voyage commençait bien… même pas une étape et nous avions déjà perdu un toub… Et puis, un tryker du clan macFay nous a proposé de nous aider. Le tryker était un grand combattant, et avec notre support en soin, nous n’avons eu aucun mal à récupérer Gato qui m’a suivi bien sagement jusqu’au vortex. Le tryker nous a ensuite quitté après que nous l’ayons remercié chaleureusement, en nous conseillant de porter une armure lourde si nous nous déplacions en mektoub.

La jungle zoraï

La traversée des primes racines a été assez facile et nous sommes arrivées au pays zoraï sans encombre. Nous sommes allées dormir le premier soir sur la colline du bosquet vierge que j’avais appelée : la colline de Na Djaï’tal. C’était là que Jalindra et moi avions failli devenir amantes avant qu’un importun ne nous dérange. Cette fois-ci, personne n’est venue nous déranger…

Le lendemain, nous avons aidé Kiwalie et Nerwane à rechercher des termitières. Nous avons visité dans tous les sens la jungle zoraï. Nous sommes même allées dans la région du vide pour aller visiter l’ancienne kitinière. Il y avait une termitière cachée tout en haut. L’endroit était étrange comme une forteresse impressionnante mais désertée.

Nous avons fini par rejoindre épuisée notre petit coin que nous avions appelé : notre arbre fleuri. Il était tellement magnifique au printemps.

Le lendemain, nous avons beaucoup ri au sujet de nos mektoubs les soupçonnant d’entretenir une relation amoureuse même si il s’agissait de deux mâles. Gato présentant toujours son derrière à celui de Jalindra que j’avais surnommé « Termite », en hommage à nos recherches de termitières.

Le désert fyros

Nous sommes repartie par les primes racines des sources interdites pour rejoindre le désert fyros. Cette fois, la traversée a été plus que périlleuse. Même si nos toubs avaient l’avantage d’être extrêmement rapides, les créatures peuplant cette région étaient très agressives. Termite, le mektoub de Jalindra, n’a pas survécu à la traversée…

C’est un peu tristes que nous sommes arrivées à Dyron où Jalindra a pu racheter un beau mektoub du désert. Nous avons rejoint l’oasis d’oflovak pour planter notre camp pour la nuit en haut d’une falaise. Nous avons admiré le paysage en nous câlinant tendrement avant de nous endormir.

Le lendemain, en nous promenant à travers le désert, la discussion est venue sur Shab, celui qui avait failli devenir l’homin de Jalindra. Elle m’a montrée d’une haut d’une falaise l’endroit de la forêt enflammée où elle avait trouvé son corps puis elle s’est éloignée comme si la douleur de ce souvenir était encore trop vive. Je comprenais soudain qu’elle n’avait jamais pu faire son deuil. Elle avait encaissé la mort de Shab et s’était enfuie dans la solitude du désert pour vivre loin de tout. Le second essaim était arrivé et elle avait du lutter pour survivre sans même pouvoir repenser à la mort de son homin. J’ai couru après elle en lui demandant de me parler de Shab. Mais, elle s’est refermée sur elle même.

Mais, à force d’insister avec douceur, elle a fini par me conduire dans la forêt enflammée à l’endroit où ils avaient l’habitude tous les deux de récolter. Elle a fini par me raconter comment il avait disparu et l’horrible découverte de son corps. Elle avait beaucoup pleuré et moi avec elle. Elle s’était endormie dans mes bras épuisée par les sanglots et l’émotion.

Quand je me suis réveillée le lendemain, elle n’était plus là. J’ai eu un moment terrible de panique : où était elle? Avait-elle décidé de retourner vivre dans le désert seule? La douleur de la perte de Shab lui rappelant qu’elle pouvait me perdre moi aussi et que la douleur serait insupportable… Je me suis redressée d’un bond, la cherchant du regard. Puis, j’ai vu un petit mot qu’elle avait laissé m’expliquant qu’elle était allée dire au revoir à Shab sur le lieu où il avait été enterré laissant la forêt enflammée brûler son corps sans vie. J’ai couru la rejoindre en essayant d’enfiler mon pantalon en même temps, manquant de m’écrouler par terre. Quand je l’ai aperçue au loin, je me suis arrêtée brutalement dans un dérapage comique faisant voler les cendres de la forêt enflammée autour de moi. Jalindra était debout exprimant sa douleur et sa colère contre celui qui l’avait laissée seule après l’avoir demandée en mariage. J’ai cueilli un bouquet de petites fleurs blanches en forme d’étoile.

Elle m’a aperçue et m’a fait signe de la rejoindre. Elle avait des larmes plein les yeux. Je me suis approchée doucement d’elle, je l’ai attirée contre moi en la serrant fort. Elle a laissé s’exprimer son chagrin tandis que je la berçais tendrement. Quand ses pleurs ont commencé à s’estomper, j’ai embrassé doucement son front en caressant son visage, essuyant délicatement les larmes de ses joues. Puis, j’ai déposé le bouquet de fleurs blanches devant nous et j’ai dit doucement : « Shab, j’espère que tu es heureux de voir Jalindra à nouveau sourire et rire de là où tu es. Je te promets de prendre soin d’elle et de la rendre heureuse comme tu aurais voulu le faire. Sache en tout cas qu’avec moi, elle ne manquera jamais d’amour ou de tendresse. ».

Jalindra semblait touchée par mes paroles. Nous avons vu soudain une source apparaître au milieu des fleurs. Elle a souri en passant sa main dessus. Elle a murmuré, les yeux perdus dans le vague : « Je lui ai parlé de toi, après m’être excusée de ne pas être venue avant… Il sait à quel point tu me rends heureuse… et surement que sans toi, je ne serais jamais revenue… ». Elle s’est penchée pour cueillir des fleurs à son tour et les déposer dans la source en souriant tendrement. Elle a murmuré en direction du bouquet de fleurs : « Tu resteras mon premier amour… celui qui a montré à une fyrette solitaire que l’amour existait… j’espère que l’autre monde n’est qu’amour et que tu es bien… ». Elle s’est relevée et m’a pris la main pour me ramener aux mektoubs. Ce jour là, ma bek-i-bemaï avait enfin pu faire le deuil de son homin.

Le lendemain, pour nous changer les idées, j’ai proposé à Jalindra d’aller rendre visite aux fraiders : cette drôle de tribu primitive du désert. Le chemin a été difficile le long du couloir brûlé mais nous avons réussi à rejoindre le camp sans trop de mal grâce à la vitesse de pointe de nos mektoubs. J’ai même pu lui montrer l’endroit où Kyshala était tombée devant l’entrée de l’oasis secrète des Kamis où tous les homins s’étaient réunis pour fuir le deuxième grand essaim.

Les fraiders nous ont accueillis à leur manière un peu frustre. Épuisées, nous nous sommes installées pour la nuit. Et c’est là derrière un de ses énormes crânes qui entourent le camp des fraiders que nous avons aperçu une des termitières recherchées par les aspirants rangers. Nous avons aussitôt envoyé un izam à Kiwalie la prévenant fièrement de notre découverte.

C’est là bas aussi que nous avons eu l’idée saugrenue de faire le gâteau à la bière que j’avais promis à Eeri le jour de son départ. Jalindra m’a regardée faire effarée mélanger les œufs écrabouillés avec plus ou moins de coquilles, la farine, la bière et le shookila. Elle a étouffé un fou rire, songeant soudain aux coquilles d’œufs qu’elle avait du avaler sans le savoir. Elle a tenté de m’expliquer sa technique où elle cassait délicatement le haut de l’œuf avec sa pique pour ensuite enlever le reste des coquilles. J’ai essayé de faire la même chose coinçant l’œuf entre mes pieds et donnant de petits coups dessus mais sans succès. J’ai fini par donner un grand coup de dague. L’œuf a bien sûr éclaté sous la violence du choc, m’éclaboussant entièrement de la tête au pied sous les fous rires de Jalindra : « C’est un œuf, pas un varinx! Remarques… c’est une bonne technique pour une omelette! ». Elle a continué à rire m’aspergeant de bière avant de venir m’embrasser : « Ça manque un peu de sucre quand même… ». Je vous laisse imaginer la suite de la bataille de farine et de sucre parsemée de bière devant des fraiders médusés de découvrir les mœurs étranges des fyros.

Nous avons parcouru ensuite le désert de long en large, retournant auprès de frère arbre et à la taverne de Pyr, le lieu de notre première rencontre, comme un retour aux sources de notre si belle rencontre. Cela nous a donné envie de rejoindre le pays matis où nous avions passé pas mal de temps ensembles à apprendre le métier de fleuriste alors que nous n’étions alors que des amies.

Le pays Matis et le Nexus

Nous avons donc rejoint Thesos pour prendre le vortex qui mène directement au si beau désert matis. La route s’est déroulée sans encombre, rejoignant Yrkanis, retrouvant le dôme où elle m’avait massée si souvent les pieds. Nous nous sommes endormies épuisées par le trajet dans les bras l’une de l’autre.

Le lendemain, nous étions déjà repartie. Nous voulions retrouver le Nexus et sa « piscine » où nous avions déjà passé une nuit. L’endroit était magnifique au printemps même si les créatures et les homins qu’on y trouvait n’étaient pas particulièrement amicales.

De retour au pays matis, nous avons croisé Kiwalie qui nous a emmené dans une chasse aux termitières rangers. Durant nos pérégrinations, nous sommes tombées sur Bodokin : le roi des bodocs. Une magnifique créature au pelage bleuté et aux cornes dorées ressemblant à une couronne.

Nous avions entendu la légende qui entourait cette créature : pour une raison inexplicable, les psykoplas défendaient le roi des bodocs. Quand nous l’avons trouvé, Bodokin étaient justement entourés par un champ de psykoplas. Forcément, il a fallu que nous testions si la légende était vraie. Il ne nous a pas fallu longtemps pour le découvrir quand nous nous sommes retrouvées à être attaquées de toutes parts par les plantes intelligentes. Notre retraite a été peu glorieuse mais nous sommes revenues à la charge, nous débarrassant en premier des plantes. Nous pensions avoir fait le plus gros et nous avons commencé à attaquer Bodokin mais soudain un troupeau de bodocs enragés est apparu défendant leur roi. La retraite a été encore moins glorieuse cette fois-ci : des psykoplas étaient réapparus nous barrant le principal chemin de sortie et nous lançaient des attaques magiques. Nous sommes pourtant passées au travers poursuivies par des bodocs enragés qui refusaient de nous laisser aller et des ragus qui se sont joints à la fête trouvant l’opportunité trop belle pour croquer de l’homine.
Après avoir soigné nos blessures, nous avons beaucoup ri de notre mésaventure, essayant d’élaborer un plan plus intelligent : on se débarrasse des bodocs puis des psykoplas et enfin de Bodokin. C’est donc fières de notre plan si bien préparé que nous sommes retournées sur les lieux, Jalindra appliquant avec beaucoup d’attention les étapes de notre plan. Pendant que Kiwalie et moi nous faisions n’importe quoi attaquant Bodokin en premier. Celui-ci nous a alors attaqué, nous avons fui riant comme des folles attaquées par les psykoplas au passage et suivi par quelques bodocs, laissant Jalindra seule contre le gros de la troupe des bodocs et qui pestait de nous voir faire n’importe quoi. Mais en fait, ce n’était pas une si mauvaise idée que çà d’attirer Bodokin en dehors de sa troupe de protection. Nous n’avons eu aucun mal à nous débarrasser des bodocs qui nous avaient suivi. nous avons ensuite attaqué Bodokin parfois agacées par des ragus qui voulaient revenir nous croquer. Jalindra est arrivée en courant, soulagée de voir que je n’avais rien, juste au moment où Kiwalie donnait le coup de grâce. Le magnifique roi bodoc était tombé. Nous nous sommes partagées les précieuses matières premières avant de nous séparer, riant encore de notre aventure.

Jalindra et moi, après avoir récupéré nos mektoubs, nous sommes retournées sur le lieu que nous avions surnommé : « la marre aux grenouilles ». Les abords du point d’eau étaient infestés de cutters et de ragus qui venaient sans doute là pour chasser les nombreux herbivores qui venaient s’y abreuver. La rapidité de nos mektoubs nous a permis de passer au travers des carnivores sans encombre.

De l’autre côté de la marre surmontée de falaises, nous étions à l’abri. La pluie est arrivée faisant sortir les grenouilles pour notre plus grande joie!!! Je me suis mise à les chasser dans tous les sens attrapant de magnifiques mottes de terre à la place. Nous avons beaucoup ri en imaginant embrasser les grenouilles pour qu’elles se transforment en princesse ou en prince comme dans les contes pour petits homins. Au final, c’est dans les bras de ma princesse bien réelle, Jalindra, que je me suis endormie ce soir là.

Le lendemain, nous avons rejoins Avalae, la ville la plus au sud du pays matis. Nous avions l’intention de rejoindre le pays des lacs. Mais auparavant, nous préférions laisser nos mektoubs se reposer dans une étable avant le périple dangereux qui nous attendait. Quand à nous, dormir dans une ville ne nous enchantait pas vraiment. Aussi, nous avons rejoint un joli endroit où un arbre liane poussait isolé de tout. Je me suis réveillée cette nuit là. Je regardais ma belle dormir : elle était magnifique… Je l’aimais tellement… J’ai commencé à la caresser, enflammant mon désir, alors qu’elle s’éveillait à peine. Je l’ai emportée dans le plaisir intense sans qu’elle puisse me rendre mes caresses. Quand elle est retombée entre mes bras, j’ai goûté tendrement ses lèvres. Je lui ai murmuré alors qu’une larme d’émotion coulait le long de ma joue : « el makèch mayumé… plus que tout… ». Elle était encore tremblante du plaisir offert quand elle a recueilli ma larme de ses lèvres en murmurant : « Je t’aime mayumé… ». Nous sommes restées un long moment silencieuses, nos corps entremêlés, profitant de la chaleur et de la douceur de l’autre, laissant l’émotion nous traverser.

Au bout de quelques minutes, elle a murmuré en me caressant tendrement la joue : « Je veux que tout le monde sache comme je t’aime… Tu veux devenir mon homine? Enfin… officiellement? ». Je l’ai regardée avec des yeux perdus avant de me blottir contre elle en sanglotant : « Oui bien sûr que oui… ». Je me suis relevée pour la regarder : « Je… j’y ai pensé… je voulais te le proposer… mais je ne savais pas comment… ni les mots… je voulais te trouver une bague et… ». Je suis retournée dans ses bras en pleurant. Elle a souri tendrement avant de me serrer fort contre elle : « C’est vrai que c’est assez simple comme façon de demander… mais je n’ai jamais besoin de réfléchir avec toi, tout vient naturellement… mais si tu veux… ». Elle s’est écartée avant de mettre un genou à terre : « Mayumé… je t’aime, et je veux vieillir avec toi. Ça, tu le sais déjà ! Mais surtout, je ne veux plus qu’on se cache, je veux que ce lien si fort qui nous uni soit reconnu par tous et qu’on ne nous appelle plus jamais les jumelles!!! ». Elle a éclaté de rire avant de continuer : « Tu es l’amour de ma vie et nous resterons liées bien après… et je veux t’épouser ! ». Je l’ai relevée pour l’envelopper de mes bras : « La première demande était très bien tu sais… je n’en demandais pas plus… ». Je me suis doucement écartée pour mettre un genou à terre. J’avais la voix enrouée par l’émotion quand à mon tour, j’ai fait ma demande : « Mayumé… tu es mon rêve… celle que j’ai toujours espéré avoir dans ma vie… je veux être ton homine et que tu sois la mienne, celle avec qui je partagerai ma vie jusqu’au bout… et ne plus jamais être séparée de toi… ». Je me suis relevée. Elle avait le regard débordant d’émotion. J’ai pris son visage entre mes mains pour l’embrasser avec beaucoup d’amour. Je me suis écartée doucement avant de prendre un petit air taquin : « Et aussi… qu’on ne nous appelle plus les jumelles! ». Elle m’a serrée contre elle m’embrassant à nouveau. Difficile de décrire cette émotion que nous avions toutes les deux… Nous savions que ce que nous vivions était rare et que ce mariage n’était rien de plus qu’une façon de montrer à nos amis à quel point nous étions liées mais que çà ne changerait en rien notre liaison si intense. Nous avons parlé de longues heures ensuite : nous savions juste que nous voulions un mariage Hoodo mêlant les traditions des différents peuples d’Atys.

Mais avant de nous marier, il nous fallait terminer notre tour d’Atys, quitter le pays Matis pour rejoindre notre région de départ : le pays des lacs. Le chemin le plus court était celui passant au travers du labyrinthe de la Masure de l’Hérétique. C’était aussi le plus dangereux. Nous sommes donc reparties sur la route.

Nous n’avions même pas atteint le labyrinthe que déjà nous étions attaquées de toutes parts. Jalindra a perdu son beau mektoub du désert : Termite II. Elle m’a laissée seule pas loin de l’entrée de la Masure de l’Hérétique pour aller se chercher un nouveau mektoub matis et rayé : Termite III. Je dois dire que je n’étais pas très rassurée d’être seule entourée par des carnivores évoluant au loin en attendant son retour.

Elle est arrivée poursuivie par une cohorte de bestioles, me criant de loin de remonter sur mon mektoub pour la suivre. Je suis remontée en catastrophe sur Gato la suivant du mieux que je pouvais. Nous nous sommes enfoncées dans le labyrinthe à corps perdu, prenant les chemins qui nous semblaient les plus libres oubliant de marquer nos passages. Les premiers poursuivants ont abandonné la poursuite, mais aussitôt reprise par d’autres carnivores affamés… J’ai fini par tomber sous leurs coups pendant que Jalindra réussissait à s’enfuir. Elle a réussi à revenir pour me soigner. Gato n’avait rien et nous avons pu reprendre la route, nous enfonçant un peu plus dans l’horrible labyrinthe. Une nouvelle attaque nous a surprises. Une nouvelle fois, je suis tombée. Jalindra a réussi à s’enfuir mais est finalement tombée elle aussi, un peu plus loin. Nous avons demandé une résurrection aux kamis près du vortex du pays des lacs. Nous savions que nos mektoubs étaient vivants eux… Mais, il allait falloir les retrouver en plein milieu de ce dédale marécageux et dangereux.

Combien de fois, avons nous tenté de les rejoindre ce jour là ? Je ne sais pas… sans doute une vingtaine ou une trentaine de fois… cherchant un chemin, allant un peu plus loin à chaque fois… mais tombant au final contre l’afflux de créatures… C’est épuisées que nous avons réussi à rejoindre la plage d’un lac nous permettant de trouver un endroit calme pour la nuit… Nous pensions à nos toubs : allaient-ils survivre à cette nuit dans l’horrible marécage?

Le lendemain, nous avons recommencé encore et encore… échouant à chaque fois. Le soir, nous avons retrouvé le petit lac de la veille, encore plus épuisée. Nous avons commencé à évoquer l’idée d’abandonner nos toubs, ne voyant absolument pas comment nous pourrions les sortir de là… Pendant la nuit, l’horrible cauchemar du kirosta rouge m’a hantée, alors qu’il avait disparu depuis le « Voyage ». Heureusement que Jalindra n’avait pas oublié d’attacher la liane à nos deux poignets : je ne sais pas où j’aurais atterri… Jalindra me serrait contre elle alors que j’essayais de reprendre pied dans la réalité. J’ai tenté de lui expliquer que l’idée d’abandonner nos toubs, avait fait ressurgir l’horrible traumatisme que j’avais vécu avec la perte de ma mère et de mon père et le sentiment d’abandon qui avait suivi. Ma belle s’est excusée pensant être la responsable de mon cauchemar. Mais, elle n’y était pour rien : j’avais moi aussi pensé à l’idée de laisser nos mektoubs au fin fond de la Masure de l’Hérétique…

Au final, nous nous sommes promises de tout faire pour les récupérer. A deux, nous n’y arrivions pas… alors, nous allions demander de l’aide à nos amis. Zo’ro Argh est venu nous aider une journée mais sans succès… Et le lendemain, c’est Kiwalie et Corwin qui sont venus à notre aide. La puissance de frappe de Kiwalie et Corwin a été décisive et même si nous avons subi une ou deux résurrections, nous avons pu rejoindre nos mektoubs qui étaient restés bien sagement là où nous étions tombées. Pour les sortir du labyrinthe, nous avons abandonnés l’idée de rejoindre le vortex nous emmenant directement au pays des lacs. Nous allions retourner au nord pour au moins les mettre à l’abri, aidant à chasser quelques rois au passage pour Kiwalie et Corwin, en remerciement de leur aide.

Nous avons passé une nouvelle nuit près de l’arbre liane d’Avalae, tandis que nos toubs retrouvaient le confort de l’étable de la ville. Le lendemain, nous sommes reparties vers le pays des lacs en faisant le grand détour par le gouffre d’ichor, le nexus et la route des ombres. Le chemin pourtant pas des plus tranquille, nous a semblé particulièrement facile après ce que nous avions vécu dans la Masure de l’Hérétique.

Nous sommes arrivées à Fairhaven fourbues laissant nos mektoubs dans l’étable pour un repos bien mérité. Nous avons retrouvé pour la nuit l’île de Kyshala avec bonheur mais avec un petit pincement au cœur : notre aventure était terminée. Mais une chose était sûre : nous avions emmagasiné des souvenirs pour toute une vie… Peut-être que pour certains, ce genre d’expédition pouvait détruire leur couple, mais pour ma belle et moi, cela n’avait fait que renforcer notre attachement au point que nous nous étions demandées en mariage. Désormais, j’allais rêver de ma bek-i-bemaï en robe de mariée!

Le mariage

Après notre tour d’Atys à dos de mektoubs, nous nous sommes mises à préparer notre mariage, souvent avec enthousiasme, quelques fois angoisse à l’idée d’être toutes les deux devant un public et parfois découragement devant l’ampleur du travail à accomplir : les invitations, la préparation de la cérémonie, le choix de nos témoins… Mais, nous étions si proches l’une de l’autre que l’idée d’officialiser notre relation nous donnait des ailes.

Et le jour est arrivé. Nous avions toutes deux fait la veille des rêves angoissés où nous n’étions plus que toutes les deux à la cérémonie, aucun de nos amis n’ayant pu venir. Mais au final nous en avons ri affirmant que même si nous n’étions que toutes les deux, cela ne nous empêcherait pas de nous marier. Le point de rendez-vous était devant les étables de Fairhaven. En effet, notre mariage devait commencer par une course de mektoubs comme dans les mariages trykers où la joie et l’amusement était de mise. Nous ne voulions surtout pas un mariage pompeux où tout le monde s’ennuie.

Nos amis ont commencé à arriver. Certains préféraient se rendre directement sur le lieux de la cérémonie. Zoro’Argh était de ceux là. Il voulait amener ses propres réserves de boissons ce qui d’ailleurs nous angoissait un peu connaissant ses idées saugrenues et sa tête dans les nuages. Mais nous avions prévu d’acheter des réserves de bières fyros auprès de Geyos au cas où. Na Djaï’tal et Anyume étaient chargés d’arbitrer l’arrivée de la course et étaient déjà sur place.
Tous nos autres amis étaient là près à en découdre lors de la course : Kiwalie, Phaozhu, Mogala, Krill, Fyrenskaken, Osquallo, Corwin. Ils plaisantaient, riaient en attendant le départ.

Je cherchais Eeri du regard : allait-elle venir? Est ce que ce ne serait pas trop dure pour elle de venir à mon mariage alors que nous avions été si proches et que sans doute si je n’avais pas connu Jalindra nous serions toujours amantes? Mais, elle m’avait promis qu’elle viendrait… Et puis elle est apparue, souriante juste à côté de moi. Je suis descendue de mon mektoub en sautant dans ses bras, heureuse qu’elle soit venue. Elle a salué tout le monde en me serrant contre elle.

Tous mes amis étaient là. J’étais heureuse et Jalindra aussi. Je le voyais à ses yeux pétillants de joie. Nous sommes tous remontés en selle, parés pour commencer la course. Le but était de rejoindre l’île que nous avions appelé « la cascade de Jalindra« , lieu que nous avions choisi pour la cérémonie et d’y trouver Anyume qui s’y était cachée. Il n’y avait pas de chemin prédéfini, il était au choix du participant à la course. Jalindra m’a pris la main en attendant le départ. Mogala semblait perdu ne sachant pas où il fallait aller alors que nous avions envoyé à tous la carte indiquant le lieu du mariage. C’était un tout nouvel Hoodo arrivée de Silan en même temps que Kyshala. Je le soupçonnais d’ailleurs d’avoir un faible pour elle et de n’être venu sur le continent que pour rester avec elle. Il semblait tout le temps ailleurs, normal pour un zoraï à vrai dire, mais lui était un spécimen particulièrement remarquable.

Le départ a été lancé. J’ai poussé un cri : « yyyyyyyyyyyyyyyyyyyaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhh ». Les toubs se sont élancés tous ensembles soulevant le sable de la plage et éclaboussant les passants en entrant dans l’eau du lac. Jalindra m’a lâché la main prenant en pitié Mogala pour lui montrer la route. Quand à moi, je poursuivais Krill qui avait déjà pris plusieurs mètres d’avance. Eeri la taquinait parce qu’elle avait chargé son toub de tonneaux et nous barrait le passage : « Krill! tu n’avance pas ton toub est trop plein de bières. ». Elle protestait : « Ah an ! Il n’est pas plein de bière ! Il la porte ! ». Mais malgré les tentatives d’Eeri pour la déconcentrer elle était toujours devant passant à travers les cloppers qui levaient leurs pinces pour tenter de l’attraper. Ça la faisait rire : « Vous remarquerez que j’attire les cloppers pour vous libérer le passage. Ça me donne droit à un bonus ? ». Eeri grognait tentant d’encourager son toub à aller plus vite : « Hahahaaaaayyyyy!!! ». J’étais derrière elles deux au plus près mais mon toub s’est enlisé dans le sable mou du bord de plage et je les ai vu partir plus loin. J’ai grommelé, je ne gagnerai pas la course à moins de trouver Anyume avant elles. Elles ont remonté le long de la cascade et sont parties directement sur la droite. La seule issue pour moi était de choisir une autre route, je suis partie tout droit mais Anyume n’était pas là. Krill l’avait trouvée en première. J’ai entendu l’annonce d’Anyume : « Gagnante Krill ! ». Je les ai rejoints en grognant.

Puis, j’ai retrouvé mon sourire en voyant Anyume et Na Djaï’tal. Je les ai serrés contre moi heureuse de les retrouver. Les autres participants sont arrivés eux aussi. Jalindra avait perdu Mogala qui s’était perdu on ne sait où… J’ai regardé autour de nous… Il y avait de jolis lampadaires installés un peu partout. Kiwalie et Zo’ro Argh avaient décoré l’île pour la rendre magnifique. Ils étaient nos témoins et s’étaient décarcassés pour nous offrir une vue merveilleuse de l’île. J’ai serré la main de Jalindra dans la mienne heureuse de découvrir la surprise de nos amis. En attendant Mogala, nous avons discuté des tonneaux de bière fyros de Geyos. Il y en avait fait venir 10. J’ai commenté : « Il y a 5 tonneaux pour Krill. ». Eeri a sautillé sur place : « M’oublie pas!!! ». J’ai ajouté en riant : « Et 3 pour Eeri et les 2 autres c’est pour les autres! ». Finalement, Mogala est arrivé essoufflé, prenant une route complètement alambiquée grognant contre les géographes et leurs cartes sans indication de relief.

Nous sommes passés derrière les paravents pour nous changer. Nos robes de mariées avaient été confectionnées par Kiwalie, la plus grande couturière que nous connaissions et notre amie et témoin. Elles étaient magnifiques blanches et turquoises. La jupe et les manches étaient matis et le haut tryker. Nos pieds resteraient nus, Jalindra sachant que je préférais n’avoir rien aux pieds. Et puis, c’était comme çà qu’elle m’avait vu pour la première fois et après tout n’étais je pas la petite reine d’ambre aux pieds nus? Je me souvenais de tous les essayages que nous avions faits avec Jalindra pour finir par adopter cette tenue que nous adorions toutes les deux. Ils nous étaient même arrivé de la porter avant le mariage quand nous n’étions que toutes les deux, juste pour le plaisir d’apprécier la beauté de l’autre dans cette tenue.

La pluie s’était mise à tomber faisant râler Eeri en bonne fyros qu’elle était : « Espérons que le beau temps va revenir… pour le moment, toute cette eau… pouark!!! ». Na Djaï’tal quand à lui, levait le masque vers le ciel pour boire quelques gouttes. Tout le monde est sorti de derrière les paravents en habits de cérémonie. Ils étaient tous magnifiques. Le plus surprenant était Zo’ro Argh dans sa superbe tenue mauve. Nous avions eu l’habitude de ne le voir habillé que d’un short tryker de savant. Sans doute que Kiwalie lui avait fait la leçon et lui avait confectionné une tenue de circonstance. Mais Kiwalie nous a fait presque rougir en affirmant d’une voix sincère : « Que vous êtes jolies ! ». J’ai pris la main de Jalindra comme pour me rassurer en sentant sa présence et sa douceur. Elle me l’a serrée doucement pour me montrer qu’elle était là.

Nous nous sommes avancées. Nous voulions nous marier près de notre arbre celui sous lequel nous étions devenues amantes mais apparemment il avait été prévu que nous nous installerions sur la petite butte non loin de là. Il est vrai que le lieu semblait beaucoup plus approprié. J’ai murmuré à ma belle : « On n’a qu’à caresser l’arbre au passage. ». Elle a acquiescé doucement. Nous avons posé nos mains entrelacées sur nos noms que nous avions gravés sur le tronc lors de notre premier passage ici.

Puis nous nous sommes avancées lentement suivis par les invités. Anyume qui ne nous avait pas encore vues en robes de mariées s’est exclamée : « Hooo elles sont belles ! ». Na Djaï’tal nous attendait en haut de la butte en souriant. C’est lui que nous avions choisi pour nous marier. Il s’est penché pour cueillir 2 petites fleurs et nous les a tendues. Nous les avons prises en souriant. Je me sentais un peu angoissée mais Jalindra me réconfortait en me serrant doucement la main.

Na Djaï’tal s’est éclairci la voix et a commencé : « Comme vous le savez, nous sommes ici pour accompagner nos deux amies pour une occasion spéciale. ». Il a regardé Krill : « Un prétexte pour boire pour certain, mais pas seulement… ». Krill a fait un clin d’oeil à Na Djaï’tal en montrant ses mains vides… pour l’instant… Il a poursuivi : « Mais je pense que le mieux serait qu’elles nous disent elles-même pourquoi elle souhaitent se marier et nous ont donc conviés ici. Shaakya, Jalindra pourquoi voulez-vous vous marier? ».

C’était à nous. Il fallait que nous déclamions le texte que nous avions préparé toutes les deux. Je me suis tournée vers Jalindra et je lui ai pris les mains en commençant :
- « Avant de te connaître, je pensais que le mariage c’était se mettre des chaines qui emprisonnent… »
Elle m’a souri. Elle était angoissée elle aussi, je le voyais. Mais nos mains liées, nous donnaient le courage d’affronter le regard de tous nos amis.
- « Avant de te connaître, je pensais que le mariage était synonyme de malheur et de souffrances… »
- « Mais je sais maintenant qu’un lien peut être aussi doux que de la soie. »
- « Mais je sais maintenant que le bonheur peut durer éternellement. »
J’ai regardé Eeri, Anyume et Na Djaï’tal avec un peu d’angoisse en poursuivant :
- « J’avais des amis et des amants, mais je leur demandais beaucoup trop et je me sentais seule. »
Mais Na Djaï’tal m’a souri affectueusement et Eeri a hoché la tête en souriant. Jalindra a continué :
- « Je vivais en ermite dans le désert après avoir perdu mon homin et mes amis. »
Et j’ai repris la parole en souriant aux souvenirs que cela évoquait :
- « La première image que j’ai de toi, c’est quand tu as soufflé sur l’izam qui avait mangé une partie du message de ta candidature à la guilde Hoodo. »
- « La première image que j’ai de toi, c’est ton visage plein de malice, ton crâne chauve et tes pieds nus qui te donnait un petit air bohème. »
Anyume semblait particulièrement émue à cette évocation. Mais j’ai continué :
- « Nous nous sommes rencontrées à la taverne de Pyr pour ne plus nous quitter. »
- « D’abord amies, nos liens n’ont cessé de se resserrer »
J’ai regardé derrière moi cherchant Kyshala du regard mais elle n’était pas encore arrivée. Je lui avais demandé de préparer une surprise que je réservais à Jalindra. Mais je savais qu’elle ne raterait mon mariage pour rien au monde. Elle allait arriver c’est sûr!
- « Tu as retrouvé ma cousine Kyshala alors que tout le monde la croyais morte. »
- « Nous sommes devenues amantes alors que je ne croyais aimer que les homins. »
Na Djaï’tal a esquissé un petit sourire.
- « Tu as réalisé mon rêve en m’emmenant faire le tour d’Atys à dos de mektoubs. »
Je me suis tournée vers Kiwalie et Corwin qui nous avaient tant aidés pour récupérer nos toubs perdus dans le labyrinthe de la masure de l’hérétique durant notre tour d’Atys pendant que Jalindra continuait.
- « Je t’ai demandé en mariage parce que je voulais que tout le monde sache à quel point je t’aimais. »
- « Et je t’ai dit oui parce que c’était une évidence, nous étions liées. »
J’ai vu Kiwalie et Na Djaï’tal arborer de francs sourires tandis qu’Eeri semblait retenir des larmes d’émotion.
- « La mort nous a effleuré déjà plusieurs fois »
- « Assez pour comprendre qu’on ne pouvait survivre sans l’autre. »
- « La mort ne nous séparera pas. »
- « Nos sèves se mêleront l’une à l’autre »
- « Pour n’en faire plus qu’une. »
- « A jamais unies »
- « El makèch mayumé. »
Mes yeux débordaient de larmes d’émotion quand je lui ai répondu :
- « El makèch mayumé »
Jalindra m’a caressée doucement la joue. Je l’ai embrassé tendrement et elle a répondu au baiser avec beaucoup d’amour.

Kiwalie soupirait d’émotion et Anyume se tamponnait les yeux. Même Fyrenskaken semblait avoir les yeux humides. Par contre, Mogala semblait regarder dans le décolleté de ses voisines et Corwin en profitait pour se servir discrètement un verre. Zo’ro Argh regardait Na Djaï’tal angoissé à l’idée de rater son rôle de témoin. Na Djaï’tal s’est mis à tousser pour se redonner une contenance et a toisé l’assemblée : « Est-ce que quelqu’un veut prendre la parole pour dire un mot aux mariées? ».

Kiwalie s’est approchée, a pris une grande inspiration et a commencé à réciter un poème :
« Un petit cœur sème
des petits cœurs à cueillir
par deux petits cœurs
les vôtres… »

J’ai souri à Kiwalie. Jalindra était émue. Puis, nous avons vu Zo’ro Argh s’avancer. Il est passé par toutes les couleurs du blanc au vert en passant par le violet. J’ai souri attendri par son trouble. Puis il a commencé lui aussi à réciter un poème :
« Voies à l’unisson
Deux lucioles dans la nuit
S’éclairent la route. »

Il a ensuite fait une révérence courtoise devant Kiwalie, Jalindra et moi. J’ai laissé échappé une larme. Il nous a regardé avec angoisse : « Heu… c’était bien?! ». Jalindra lui a souri pour le rassurer : « Très joli! ». Na Djaï’tal a hoché la tête et Kiwalie le regardait avec fierté tandis que Mogala lançait un « Ça l’fait p’tit. ».

C’est alors que j’ai vu apparaitre Icus. J’étais surprise étant donné qu’il m’avait annoncé qu’il ne pourrait pas être présent et que de toutes façons les mariages, il n’aimait pas çà. Je lui ai souri. C’est alors que j’ai vu Eeri s’approcher : « Je voudrais dire un petit mot, moi aussi. Je ne vous dirai pas de poème, mais juste un petit mot… ». Mogala s’est gentiment moqué : « Un seul? ». Mais elle a continué imperturbable : « J’ai connue Shaakya alors qu’elle sortait tout juste de l’enfance. Ça c’est bien arrangé depuis! Je l’ai prise sous mon aile, pour honorer la promesse que j’avais faite à Kyshala. Nous avons été proches, très proches même. ». J’ai souri un peu gênée à l’évocation subtile de notre relation d’amantes. Elle a poursuivi : « Hélas, je n’ai jamais été présente comme il le fallait pour cette admirable fyrette… ». J’ai rougi pendant qu’elle continuait de parler : « J’ai suivi mon désir de partir, à la recherche de… Peut-être de moi même… Aujourd’hui, je suis heureuse pour toi, Shaakya, et pour toi, Jalindra. Je vous souhaite tout mon bonheur, et… ». Elle semblait chercher ses mots sous le coup de l’émotion : « Voilà… c’est tout je crois. ». Je la regardais incapable de lui répondre autre chose qu’un « akep » d’une toute petite voix. Eeri s’est essuyée les yeux en me souriant.

Corwin s’est approché timidement : « Quand je lève la tête, je vois des milliers d’étoiles mais les plus belles sont en face de moi. ». Mogala a salué sa déclaration pendant que Jalindra se retenait de pleurer.

C’est alors que Kyshala est arrivée toute essoufflée sous les yeux intéressés de Mogala, heureux de pouvoir apprécier la présence de celle qu’il appelait « Deux monts » en raison de sa poitrine généreuse. Apparemment la surprise que j’avais préparé avec son aide pour Jalindra, lui avait pris plus de temps que prévu. Elle s’est avancée : « Je voudrais dire un mot. Je suis la cousine de Shaakya… pour ceux qui ne me connaissent pas. ». Elle a soupiré : « J’ai… vécu le deuxième grand essaim… ». Na Djaï’tal a plissé les yeux en la regardant attentivement. Mogala l’a encouragée. Elle a poursuivi après un long silence semblant revivre la fuite des réfugiés : « et j’y suis morte… ». Eeri lui a souri pour la soutenir revivant avec elle ce qu’elles avaient vécu ensembles. Kyshala a continué : « Tout le monde me croyait morte d’ailleurs… Pourtant Jalindra a tout fait pour me retrouver… pour retrouver la cousine de son amie Shaakya… et… je suis heureuse qu’aujourd’hui parce que ma petite cousine a trouvé son âme soeur. ». Elle s’est ensuite tournée vers Eeri en lui souriant : « Et… je voudrai aussi remercier Eeri… qui a pris soin de Shaakya alors qu’elle n’était encore qu’une enfant. Merci Eeri! ». Eeri s’est mise à rougir sentant les regards sur elle. Jalindra a dit doucement : « Oui, merci… sans toi, je ne l’aurais pas à mes cotés aujourd’hui. ». Kyshala a alors ajouté : « Merci aussi à toi, Jalindra! C’est à toi maintenant de prendre soin d’elle. ». Elle s’est alors rassis sous un étrange regard de Mogala.

Fyrensaken s’est alors mis à toussoter avant de s’avancer : « Je suis persuadé que chacune d’entre vous trouvera en l’autre ce qu’elle a toujours cherché, que dans l’adversité, chacune trouvera soutien auprès de l’autre, que votre amour perdure au-delà des temps. Moi aussi… je vous souhaite mes meilleurs vœux de bonheur ». Il s’est incliné avant de se rassoir. Je l’ai remercié d’un signe de tête.

La pluie avait soudain cessé et Mogala s’est écrié : « Pluie qui cesse ! Mariage en finesse ! ». Connaissant Mogala, j’ai craint qu’il poursuive avec une autre rime et j’ai vu au regard d’Eeri qu’elle pensait la même chose. Je n’ai pas pu m’empêcher de pouffer. Tandis que celui-ci se mettait lui aussi à rire sans rien ajouter.

Plus personne ne semblait plus vouloir s’avancer, alors Na Djaï’tal a repris la parole : « Je souhaiterais également ajouter quelque chose… Avec les zoraïs, c’est soit un haiku, et c’est rapide, soit c’est un conte, et c’est plus long… J’ai choisi la seconde option, mais comme nous sommes dans les Lacs, j’ai essayé de donner une teinte tryker au récit… ». J’adorais les histoires de Na Djaï’tal, je lui ai souri heureuse qu’il me gratifie d’un de ses contes. Il m’a souri en retour et a commencé :
« Il était une fois, une île où tous les différents sentiments vivaient : le Bonheur, la Tristesse, le Savoir, ainsi que tous les autres, l’Amour y compris.
Un jour on annonça aux sentiments que l’île allait couler. Ils préparèrent donc leurs bateaux et partirent.
L’Amour voulait rester jusqu’au dernier moment. Quand l’île fut sur le point de sombrer, l’Amour décida d’appeler à l’aide.
La Richesse passait à côté de l’Amour dans un luxueux bateau. L’Amour lui dit :
- “Richesse, peux-tu m’emmener ?”
- “Non car il y a beaucoup de dappers sur mon bateau. Je n’ai pas de place pour toi.”
L’Amour décida alors de demander à l’Orgueil, qui passait aussi dans un magnifique vaisseau :
- “Orgueil, aide moi je t’en prie !”
- “Je ne puis t’aider, Amour. Tu es tout mouillé et tu pourrais endommager mon bateau.”
La Tristesse étant à côté, l’Amour lui demanda,
- “Tristesse, laisse moi venir avec toi.”
- “Ooh… Amour, je suis tellement triste que j’ai besoin d’être seule !”
Le Bonheur passa aussi à côté de l’Amour, mais il était si heureux qu’il n’entendit même pas l’Amour l’appeler !
Soudain, une voix dit :
- “Viens Amour, je te prends avec moi.”
C’était un vieillard qui avait parlé. L’Amour se sentit si reconnaissant et plein de joie qu’il en oublia de demander son nom au vieillard.
Lorsqu’ils arrivèrent sur la terre ferme, le vieillard s’en alla. L’Amour réalisa combien il lui devait et demanda au Savoir :
- “Qui m’a aidé ?”
- “C’était le Temps” répondit le Savoir.
- “Le Temps ?” s’interrogea l’Amour. “Mais pourquoi le Temps m’a-t-il aidé ?”
Le Savoir sourit plein de sagesse et répondit :
- “C’est parce que Seul le Temps est capable de comprendre combien l’Amour est important dans la Vie.” »

Na Djaï’tal nous a souri les yeux brillants. Anyumé le regardait avec des yeux complices. Phaozhu a applaudit. Kiwalie a dit doucement : « Que c’est beau et vrai! ». Thalis a murmuré : « Magnifique… ». Jalindra a écrasé une larme d’émotion.

Puis Na Djaï’tal a repris la parole : « Si les témoins veulent bien s’avancer pour lier symboliquement les mariées. ». Jalindra était tellement prise par l’émotion qu’elle en a oublié qu’elle avait la liane. Je lui ai pris doucement des mains et je l’ai tendue à Zo’ro Argh. Il l’a prise en tremblant et a lié le poignet de Jalindra en disant : « Nous sommes les témoins du lien qui vous uni l’une à l’autre! ». Zo’ro Argh avait oublié de me laisser parler et Na Djaï’tal lui a fait doucement remarqué. Il a pris un air tellement confus que je m’en suis voulue de devoir le reprendre. J’ai souri à Zo’ro Argh pour le rassurer et j’ai expliqué : « Voici la liane qui a accompagné notre sommeil nous liant lors de nos nombreuses nuits perturbées tant par mon somnambulisme, que par l’infection de Jalindra par la goo. Elle fut mon rempart contre mes escapades nocturnes dans la kitnière motivées par la recherche inconsciente de ma cousine. ». C’était à Zo’ro Argh mais il était perdu et ne savait plus ce qu’il devait faire ou dire. Na Djaï’tal lui a chuchoté : « Maintenant, tu peux dire ton texte… ». Mais il était incapable de reprendre. Il a serré le nœud de la liane sur le poignet de Jalindra et a tendu l’autre bout à Kiwalie.

Fyrensaken a sorti sa guimbarde et a commencé à en jouer… l’air vibrait et des sonorités envoutantes se répandaient autour de lui, calmant les esprits… faisant envoler les tensions et les crispations. Kiwalie a pris alors doucement mon poignet et a dit doucement en nouant la liane : « Que ce lien soit le symbole de celui qui existe entre vous ».

Je me suis tournée vers Jalindra me perdant dans son regard. Elle plongeait ses magnifiques yeux bleus dans les miens. Na Djaï’tal a toussoté nous ramenant à la réalité. J’ai secoué la tête pour reprendre pied. Puis Jalindra a commencé à déclamer l’haiku que Na Djaï’tal nous avais traduit en langage zoraï. Je lui répondais par la traduction en langage commun.
- « zaadi’i né-an »
- « Les graines malheureuses »
- « pai akaba na shi-zi »
- « oublient leur souci et ne deviennent qu’une Graine de vie »
- « la liliko le »
- « Pour faire germer une fleur »

Nous nous sommes souries. Jalindra a passé à mon doigt une magnifique bague d’ambre aussi fine qu’une liane en lisant l’inscription gravée : « Notre lien est indestructible. ». J’ai passé à son doigt la même bague en y lisant une autre inscription : « A jamais réunies. ». Puis nous avons lancé ensemble le sort que nous avions préparé qui a illuminé nos corps de lumière sous les yeux ébahis de nos invités. J’ai serré Jalindra contre moi avant de l’embrasser. Elle a répondu à mon baiser avec beaucoup d’amour en m’entourant de ses bras. Je ne voyais plus qu’elle… le temps était suspendu…

Les invités se sont mis à nous acclamer : « Vivent les mariées!!! » nous sortant de la bulle que nous avait entourée pendant un bref instant. Et les feux d’artifices ont commencé à s’élever, ajoutant des étoiles colorées au ciel étoilé. Je me suis mise soudain à pleurer de bonheur. Jalindra m’a souri en serrant ma main.

Puis les invités ont commencé à s’approcher, ils avaient tous des cadeaux pour nous. Cela allait de magnifiques bouquets fleurs, à de la nourriture exotiques, aux tonneaux de bière, des feux d’artifices, des matières premières, des potions, aux armes, amplificateurs et boucliers pour se protéger durant nos explorations… Nous avons même eu droit à un petit mot de Fey-Lin que nous n’avions pas osé inviter pensant qu’elle était un personnage bien trop important pour venir à notre « petit » mariage. C’est alors que Mogala s’est approché timidement : « Je peux? ». Jalindra l’a encouragé : « Bien sûr! ». Il regardait en l’air avec des yeux inquiets : « Comme vous le savez, j’ai perdu toute ma famille, toute ma vie… A cause d’un morceau d’écorce qui a écrasé mon village… Alors, ici, je ne suis pas très à l’aise… J’ai passé des semaines blessé et d’autres à rechercher les morceaux des corps des miens… Et pour cette occasion, pour vous remercier, vous et vos amis, de l’aide énorme que vous m’avez apportée…. Pour vous remercier d’avoir permis à l’Amour de vivre avant que le vieillard ait eu le temps de faire son œuvre dans mon cœur… Voici réunis en colliers, les objets les plus précieux qu’il me soit donné de posséder. ». Il nous a alors offert deux colliers formés de tous petits morceaux colorés de masques zoraïs : « C’est tout ce qu’il reste des miens. Qu’ils vous protège et vous accompagne dans l’Amour et tout au long de l’oeuvre du vieillard… ». Le cadeau était si étonnant et précieux pour Mogala que je suis restée un instant indécise à me demander si j’avais le droit de l’accepter. Mais Jalindra a décidé pour nous deux et lui a sauté dans les bras pour embrasser sa joue. Je l’ai alors moi aussi serré contre moi en l’embrassant. Eeri a commenté : « Quels poètes, ces Hoodos! ». En moi même, j’ai pensé qu’effectivement, cela n’avait rien à voir avec les légions fyros.

A nouveau, les feux d’artifices ont illuminé le ciel. Nous regardions les étoiles colorées avec des yeux d’enfants. Puis j’ai lancé voyant que certains lorgnaient avec envie sur les tonneaux et les cookies de Kiwalie : « Et maintenant!!! Baignade, bière et cookies!!! ». Tout le monde s’est précipité sur la plage en courant, certains plus lentement traînant un tonneau derrière eux. D’autres jetaient leur vêtements en continuant d’avancer pour être les premiers dans l’eau. J’ai rangé précautionneusement ma robe de mariée pour arborer mon maillot de bain rouge en criant : « AAAAAAAAAA l’eauuuuuuuuu!!! ». Puis, estimant que j’étais arrivée la première : « J’ai gagnééééééééééééééééééé ». Jalindra a ri de mon habituelle plaisanterie et Anyume nous a éclaboussé. Mon homine nous a vengé en l’attrapant par les pieds pour la faire couler. La suite a été une série de batailles d’eau, de beuveries avec les tonneaux amenés sur la plage, de courses après les cookies aux termites et du chant merveilleux du slibard rouge de la légion fyros. Je ne me souviens plus de grand chose précisément à vrai dire à part qu’il y avait un esprit de fête, de joie emplis de rires.

Mais je tenais à faire ma surprise à Jalindra, aussi je lui ai proposé de nous éclipser. Elle a accepté avec joie. Nous avons remercié nos amis avec chaleur pour leur présence. Nous avons enfourché nos mektoubs et nous avons rejoints l’île de Kyshala. Je l’ai entrainé à l’est de l’île. Il y avait un tipi tricker blanc et bleu d’où sortait une légère fumée. J’ai souri en voyant l’étonnement de ma belle, j’ai pris sa main : « Allez viens on entre! ». L’intérieur du tipi était éclairé par de multiples petites bougies. Un arbre liane à deux fleurs trônait dans le fond. Une odeur douce embaumait l’atmosphère. Une baignoire en bois était placée au milieu remplie d’eau chaude avec une multitude de petits pétales de fleurs jetés dedans. Une petite table était placée à côté avec de nombreuses petites bouteilles de parfums, d’huiles parfumées, de savons posés dessus. J’étais moi aussi surprise… Kyshala avait beaucoup travaillé pour nous offrir ce lieu. J’ai regardé Jalindra attendant sa réaction.

Elle est resté un moment ébahie, regardant avec stupéfaction l’arbre, la baignoire avec la petite table. Elle s’est avancé doucement pour caresser l’arbre, avant de regarder sa bague avec émotion. Elle a effleuré l’eau du bout des doigts, avant de se tourner vers moi. Des larmes d’émotion roulaient sur ses joues tandis qu’elle murmurait en souriant : « C’est magnifique… mayumé… personne ne m’avait montré autant d’amour… ». elle s’est jeté dans mes bras, se blottissant dans mon cou. Je l’ai serré contre moi aussi émue qu’elle. J’ai murmuré : « J’ai tellement d’amour à te donner… ». Je l’ai déshabillée très doucement et je me suis dénudée moi aussi. J’ai testé la chaleur de l’eau du bain. L’eau était à une température parfaite. J’ai soulèvé Jalindra et je suis entrée avec elle dans l’eau. Je me suis placée contre son dos l’enveloppant de mes bras. L’eau du bain sentait bon les huiles parfumées. J’ai embrassé tendrement sa nuque en massant doucement son dos : « Cette nuit, je vais m’occuper de mon homine… pour qu’elle se souvienne toujours de notre nuit de noces. ». Ma belle se laissait câliner, semblant apprécier la détente apportée par le bain parfumé et mon doux massage. Elle a fini par se retourner pour m’embrasser avec passion avant de murmurer : « Et je compte bien prendre soin de l’homine de ma vie, pour rendre sa vie aussi merveilleuse qu’elle… ». J’ai répondu avec fièvre à son baiser et murmuré : « Ma vie est déjà tellement merveilleuse depuis que je te connais. ». J’ai commencé à la caresser de façon beaucoup plus intime en murmurant d’une voix tremblante de désir : « el makèch mayumé… ». Elle a répondu à mes caresses nous emportant dans un tourbillon de passions.

J’ai repris doucement mes esprits après le plaisir que nous nous étions offert en la serrant tout contre moi. Je lui ai lavé les cheveux avec des gestes doux presque des caresses. Je les ai rincés très délicatement, en embrassant sa nuque par petites touches. Je suis venus chercher ses lèvres pour l’embrasser tendrement. J’ai caressé son visage, les yeux emplis d’amour. Puis, je l’ai portée pour la sortir de l’eau et l’allonger sur un matelas recouvert de serviettes très douces à la bonne odeur de propre. Je l’ai essuyé tendrement. Elle est venue chercher mes lèvres les yeux brillants de bonheur. Elle me regardait et j’avais l’impression d’être magnifique dans ses yeux où luisaient la douce lueur des bougies. Elle nous a recouvertes de serviettes, en me serrant contre elle tandis qu’elle m’essuyait avec beaucoup de douceur. J’ai goûté à nouveau ses lèvres, ne me lassant jamais de leur douceur. J’ai attrapé une petite bouteille d’huile parfumée sans quitter ses bras. J’ai imprégné mes mains de l’huile parfumée et je les ai passé doucement sur le corps de ma belle avec des gestes caressants. J’ai plongé à nouveau dans ses yeux, me perdant dans mon rêve éveillé. Elle fermait les yeux sous mes caresses, savourant la sensation de mes mains glissant sur sa peau. Elle a murmuré doucement : « Je suis la plus heureuse des mariées… tu es vraiment mon rêve mayumé… ». Elle a rouvert les yeux pour attraper l’huile et a commencé à masser doucement mon dos. Je me suis laissée aller sous ses mains en fermant les yeux. J’ai murmuré en soupirant de bonheur : « Tu es le mien mayumé… je ne peux rêver mieux que toi mon amour… ». J’ai fini par m’endormir contre elle sous ses douces caresses.

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