J’étais en train de dormir contre Jalindra quand un izam est venu m’apporter un message :
« Bonjour ma belle chauve!
J’ai enfin réussi à trouver le chemin du retour après mon long voyage impromptu. J’aurai des tas de choses à te raconter, et quelques explications à te donner sur les causes réelles qui m’ont poussées à partir.
J’espère te voir vite, et j’espère aussi que tu ne m’en voudras pas…
Ta chauve »

Je suis restée un instant stupéfaite : Eeri était de retour? Je n’ai pas réussi à me rendormir. Déjà que j’étais sur le qui-vive à surveiller Jalindra qui faisait des cauchemars depuis mon dernier passage dans la kitinière, ce n’est pas le retour d’Eeri qui allait me donner un sommeil apaisé : Qu’est ce que j’allais bien pouvoir lui dire?

Jalindra s’est réveillée quelques heures plus tard avec un sourire aux lèvres : « Ils en font du bruit ces shookis… c’est à cause d’eux que tu as mal dormi? ». J’ai souri : « Non… je surveillais une belle brune qui avait des cauchemars! ». Elle a protesté en souriant : « Mais… je ne me sauve pas pendant la nuit… Tu aurais dû te reposer… tu as l’air fatigué… ». J’ai secoué la tête : « Non… mais tu avais besoin de dormir… alors j’ai essayé de ne pas trop bouger… et de ne pas… avoir de cauchemars. ». Elle m’a serrée contre elle en souriant : « C’est presque comme si on avait un petit homin… On dort à tour de rôle! ». J’ai ri et puis j’ai posé ma main sur son ventre : « Y a un petit homin ici ? ». Elle a ri : « Non y’a que mon estomac la dedans ».

Elle a du voir à mon air que quelque chose n’allait pas et a demandé : « Qu’est-ce qu’il y a? ». Je lui ai expliqué que j’avais reçu un izam d’Eeri et que celle-ci était de retour. Elle a dit doucement : « Tu peux aller la voir tu sais… ». Je me suis blottie contre elle : « Je n’ai pas envie… ». Elle a murmuré : « Je suis sûre que si… ». J’ai secoué la tête : « J’ai peur de sa réaction… ». Elle m’a regardée d’un air doux : « Je te proposerais bien de venir… mais je suis pas sur que ça t’aide… ».. J’ai caressé sa joue : « Il faut que je lui dise… pour nous deux… ». Elle a détourné le regard : « Après… si tu veux toujours être avec elle… je comprendrais… ». J’ai ramené doucement son visage vers le mien : « C’est toi qui ne comprend pas… Je ne peux plus… être avec elle… Je n’y arriverai pas comme avec Anyume… parce que tu es mon homine… et que je n’ai besoin de personne d’autre… ». Elle a eu un léger soupire : « Je voulais juste que tu saches… que même si ce n’était pas le cas, tu ne me perdrais pas. ». J’ai posé mon front sur le sien en la caressant tendrement : « Mais je n’en ai plus envie… je veux juste être avec toi… tu sais… si je multipliais les amants avant de te connaître… c’est que je n’y trouvais pas mon compte… ». Elle m’a caressé la joue : « Je sais… Mais ça ne t’empêche pas d’être attachée à elle… et c’est normal. ». Je l’ai regardée : « Je suis attachée à elle… sans elle… je ne serais plus en vie je crois. ». Elle a souri : « J’espère un jour pouvoir la remercier. ». Je suis partie à Thesos ensuite en demandant à Jalindra de ne pas rester trop loin comme pour être rassurée en la sachant proche de moi. Elle a accepté de forer au nord de la ville pendant que j’allais à la rencontre d’Eeri. Elle m’a embrassée tendrement comme pour me donner du courage. J’ai répondu à son baiser en lui déclarant : « J’ai bien l’intention de dormir dans tes bras cette nuit mon amour. Jamais séparées tu te souviens? ». Elle a souri : « J’y comptais bien ! ». Puis, elle s’est reprise : « Mais si tu as besoin de rester seule avec elle, ne t’en fait pas pour moi, c’est tout! ». J’ai eu du mal à me séparer d’elle. C’est d’ailleurs elle qui m’a finalement poussée à retrouver Eeri.

J’avais une boule dans la gorge et une sorte de nausée. Je savais qu’Eeri accepterait beaucoup moins bien qu’Anyume, le fait que j’ai une nouvelle amante. Elle n’avait que moi et j’étais persuadée qu’elle avait accepté que je garde Anyume et Na Djaï’tal uniquement parce qu’elle savait qu’elle ne pourrait pas m’apporter seule tout l’amour dont j’avais besoin. J’avançais à petit pas à travers Thesos, essayant de retarder au maximum le moment de la confrontation.

Et puis, je l’ai vu devant l’étable en train de bavarder avec le palefrenier. J’ai failli m’enfuir soudain paniquée. Mais finalement, je me suis reprise et je l’ai appelée. Elle s’est tournée vers moi avec un grand sourire. Elle portait son armure en rylonyx noire. Je n’étais soudain plus sûre de rien…

J’ai souri et je l’ai serrée dans mes bras. Elle m’a caressée la tête et les épaules : « Shaakya… Je suis heureuse de te voir… Tu m’as manquée. ». J’ai avoué : « Toi aussi… ». Puis, j’ai repris d’une façon plus taquine : « Tu n’as pas grandi! ». Elle a souri : « Je me suis même un peu tassée, tu sais, l’âge… ». J’ai ri doucement.

Nous nous sommes ensuite rendues à la taverne. Elle a commandé une des bières de Geyos. Nous nous installées à une des tables de la terrasse. Elle m’a caressée la joue et s’est penchée pour m’embrasser. J’ai eu un léger mouvement de recul qui m’a surprise moi même. Elle a froncé les sourcils : « Que se passe t’il? ». J’ai essayé de m’expliquer : « Il faut que je te dise… ». Mais elle ne m’a pas laissé continuer : « J’ai… Excuse moi! Je n’aurais pas du partir comme ça. ». J’ai posé un doigt sur ses lèvres pour la faire taire : « Non, non… il n’y a rien à excuser… C’est moi… ». Elle a esquissé un sourire inquiet : « Je t’écoute. ». J’ai soupiré : « J’ai rencontré une homine… Je t’en ai parlé dans ma lettre… enfin quand je l’ai écrite, elle et moi on était juste amies. ». Elle a penché la tête sur le coté et a ouvert la bouche : « C’est tout? ». Elle a étouffé un fou rire : « Elle est jalouse? ». J’ai grimacé : « Je ne dirais pas çà… ». Elle est redevenu sérieuse : « Mais ça pose un problème… que je sois revenue non? ». J’ai cherché mes mots : « Ce qu’il se passe entre elle et moi… c’est difficile à expliquer… ». Sa voix s’est durcie : « C’est incomparable? C’est au dessus de tout ce que tu pouvais connaitre? J’ai déjà entendu ça oui… ».

Je suis restée silencieuse comprenant que je l’avais piquée au vif malgré toutes les précautions que j’avais essayé de prendre pour lui annoncer. Elle a serré les dents : « Excuse moi! ». J’ai baissée la tête : « Elle est là… elle est présente… elle ne me quitte pas… elle a besoin de moi comme j’ai besoin d’elle… elle n’a pas l’impression que je la colle trop… ». Elle a chuchoté amèrement : « Tu as raison, c’est une raison pour me fuir? ». Je l’ai regardée : « Est ce que je te fuis là ? j’ai vu ton izam… et je t’ai cherché… ». Elle a dit doucement : « J’aurais espéré que… enfin, ne pas te retrouver en parlant d’une autre, mais entendre un peu parler de toi… ». J’ai murmuré : « Je vais bien! si c’est ce que tu veux savoir… très bien… ». Elle a soupiré en baissant la tête : « Pas grâce à moi à ce que je vois… ». Je lui ai relevé doucement le menton : « J’ai été seule… pendant longtemps… ».

Elle a eu un regard un peu perdu : « Tu as donc tant changé que ça en si peu de temps? ». J’ai demandé : « Tu trouves que j’ai changé? ». Elle a secoué la tête : « Je ne sais pas… Mais ta vie semble avoir changée. Avant… tu étais très heureuse entre trois amants. ». Pensait-elle vraiment que c’était le cas? Ne lui avais je pas proposé assez de n’avoir plus qu’elle? L’avait elle oublié? Je me souvenais de cette période, où il est vrai j’avais trois amants mais je passais la plupart de mes journées horriblement seule, à les attendre. Et si par hasard, ils étaient là tous les trois, je me sentais déchirée, ne sachant pas vraiment avec qui aller… J’ai demandé un peu amèrement : « Tu crois? Pourquoi est ce que j’avais besoin de trois amants à ton avis? ». Elle m’a regardée : « Ne me dis pas que c’est parce qu’ils n’étaient pas toujours là… Ce n’est pas entièrement vrai. ». Qu’en savait elle? Qu’imaginait elle? Croyait-elle que mon besoin était uniquement charnel? Je l’ai regardé sans vraiment savoir que penser : « Vraiment? ».

Elle a soupiré : « Je suis juste en train de comprendre que… tu n’as plus besoin de moi… ». J’ai essayé de m’expliquer encore une fois : « Anyume est partie, tu es partie et Na Djaï’tal s’est réfugié dans ses drogues pour oublier le départ d’Anyume. J’ai été seule longtemps… Personne ne me donnait de nouvelles… « . Elle a essayé de protester : « Ce n’étais pas facile de donner des nouvelles de là où j’étais… et je suis revenue… ». J’ai acquiescé : « Anyume est revenue, tu es revenue et Na Djaïtal sort tout juste de ses drogues… ». Elle m’a regardée surprise : « Anyumé est revenue? ».

J’ai hoché la tête en posant ma main sur la sienne : « Oui… et encore plus important… Jalindra a remué ciel et terre… pour moi… pour retrouver Kyshala… et… elle l’a retrouvée… Elle est vivante… sur Silan. ». Eeri est restée immobile stupéfaite par la nouvelle : « Quoi??? Comment… est-ce possible? ». J’ai tenté d’expliquer : « Sa graine de vie avait été oubliée… elle est restée… dix ans sans être retrouvée… entre la vie et la mort… ». Elle restait abasourdie : « Et quelqu’un l’a retrouvée? les kamis? la karavan? ». J’ai haussé les épaules : « Les kamis, je pense… Je suppose que les résurrections… lors de l’exode… étaient compliquées… ». Elle a dit mécaniquement : « Lors de l’exode, elles étaient presque impossibles. ». J’ai continué à expliquer : « Apparemment ce n’est pas la première fois que çà arrive… Il y a peut-être encore d’autres graines perdues… mais Kyshala… est un peu perturbée… les rangers ont pris soin d’elle. Elle n’avait plus rien… ».

Eeri restait silencieuse. Elle a fermé les yeux, j’ai senti que ce n’était que pour retenir ses larmes. Je l’ai prise contre moi pour tenter de la consoler : « Elle est vivante… tu n’as plus à t’en vouloir de ne pas avoir pris soin d’elle… ». Elle s’est écartée : « Ça fait combien d’années… ». J’ai répondu doucement : « Plus de 10 ans je crois… elle pensait que j’étais encore une petite fille. ». Elle m’a demandée : « Tu l’as revue? ». J’ai secoué négativement la tête : « Non, pas encore… le voyage vers Silan est compliqué… mais je vais y aller oui. ».

A nouveau, elle est restée silencieuse, pensive. Puis, elle a déclaré un peu abruptement : « Je vais repartir. Je pense que c’est ce que j’ai de mieux à faire. Ma place n’est pas ici en ce moment. Et je dois terminer mes recherches ». J’ai secoué la tête surprise et attristée : « Pourquoi dis tu çà ? ». Elle a eu un regard dur : « A ton avis… ».

J’ai demandé brutalement, lui en voulant soudain de m’avoir abandonnée : « Pourquoi es tu partie? ». Elle a répondu sans animosité : « C’est une longue histoire. Tu as entendue parler d’Elias Tryton? Ne parle à personne de ce que je vais te dire… même Icus n’est pas au courant. Je suis partie à la recherche de traces du feu de Coriolis afin de vérifier certaines théories trytonistes. Je ne pouvais pas me permettre de mêler quelqu’un à ça. ». J’ai regardé autour de nous un peu inquiète que quelqu’un puisse entendre : « C’est dangereux? ». Elle a hoché la tête : « Ces théories expliquent la présence de la goo, de la karavan, de l’origine du grand dragon, et de la vraie nature des kamis… En gros, qui nous sommes. ». J’ai demandé en chuchotant : « Nous sommes qui alors? ». Elle a expliqué : « Personne ne sait y répondre. Seules les mythes des kamis et du culte jénaïque nous donnent un semblant de réponse qui est totalement fantaisiste. ». Puis, elle a répété : « A personne hein? Même Geyos, même Anyumé. ». J’ai acquiescé : « D’accord… Tu sais bien que tu peux me faire confiance… ». Elle a souri : « Oh que oui je te fais confiance! ». J’ai caressé sa joue en souriant. Elle a frémi au contact de ma main.

Elle s’est soudain reculée un peu : « Il vaudrait mieux que je reparte! ». Mon geste tendre lui avait rappelé cruellement ce auquel elle n’aurait plus droit. J’ai baissé la tête mortifiée : « Pardon… ». Elle a expliqué : « Je comprends bien que tu as besoin de vivre… Mais ce n’est pas très facile à encaisser… c’est tout. Je voulais juste ne pas te compromettre. ». J’ai relevé doucement la tête : « Je comprends… Mais tu sais… quelque chose s’était déjà un peu cassé entre nous avant ton départ… même si tu ne l’as sans doute pas ressenti. Quand tu m’as dit qu’on ne pouvait pas passer notre temps coller l’une à l’autre… sur le moment, je me suis dit que tu avais raison… Mais… c’était un besoin chez moi… ». Elle a tenté de s’expliquer : « Le jour ou je t’ai dit ça, je faisais des missions de boucherie… c’est comme, je ne sais pas moi… c’est comme… Enfin… je… Je n’ai pas à me justifier, et je n’ai pas le droit de chercher à te faire changer d’avis! ». J’ai souri : « Je sais…je sais qui tu es et quels sont tes besoins! Et je ne te demande pas de te justifier. ». Elle hoché la tête : « Je sais… Tu es indépendante Shaakya, il faut parfois te le rappeler, mais c’est un fait. Même si tu appartiens à une guilde, tu dois garder cela! ». Je n’arrivais pas à comprendre ce qu’elle cherchait à me dire : « C’est ce que je fais! J’essaie de reconstruire les hoodos. Et je sais que je suis indépendante… elle ne m’oblige à rien tu sais… c’est moi qui… ». Elle a secoué la tête puis a souri : « Bien sûr… oui c’est toi qui… j’aurais juste aimé que tout ça se passe un peu différemment… ».

J’ai baissé la tête : « Je sais… je ne comprends pas ce qu’il m’arrive… ». Elle a dit doucement : « Tu n’y es pour rien. Elle est juste arrivée au moment où tu en avais besoin. ». J’ai relevé la tête : « Je sais juste… que… je suis bien… et heureuse… ». Elle a souri : « C’est le principal. Et çà me rassure. Tant que le monde tourne… ».

Après quelques minutes, elle a repris : « Tu sais… Je ne suis pas partie de gaieté de cœur. Mais ce dont j’avais peur est en train de se profiler. : une nouvelle guerre des temples! ». J’ai murmuré un peu honteuse : « J’ai cru… que çà te faisait du bien de t’éloigner de moi… ». Elle est restée stupéfaite : « Tu as cru? Comment as tu pu croire une chose pareille…? Je suis partie parce que je le devais! C’était prévu depuis trop longtemps. Enfin, non, pas trop… mais au fur et à mesure que j’avançais dans mes recherches, je savais qu’il allait falloir que j’y aille. Je crains que quelque chose d’irréparable bien pire qu’un essaim soit en train de se produire. Et si ces théories s’avèrent justes, Atys court un grand danger! ». Je l’ai regardée inquiète : « Tu crois? ». Elle semblait réellement tracassée : « J’aimerais avoir la bonne surprise de me tromper… Mais je dois explorer les mines de Coriolis… ce qu’il en reste, du moins… ».

J’ai demandé : « Est ce que les Hoodo peuvent t’aider en quoique ce soit? ». Elle a secoué la tête : « En restant à leur place et en ne s’en mêlant pas, j’en ai peur… C’est bien pour ça que je n’ai pas mêlé les légions. Je compte laisser mon écusson dans mon appartement en repartant. Je ne veux pas voyager comme une légionnaire. Mais ce que je veux découvrir est précisément ce qu’ils ne veulent pas voir apparaître au grand jour. Si tu veux comprendre… ». Elle m’a tendue quelques papiers pliés, en précisant : « Je les ai recopiés… Je ne pense pas que tout ceci soit vrai… ou du moins pas entièrement vrai… Mais si tu regardes la fin du deuxième carnet : l’explication du grand dragon, sous les mines de Coriolis. Selon ce carnet, la goo serait causée par la karavan… Leur carburant, en quelque sorte. ».

Après avoir lu les carnets, j’ai demandé un peu étonnée : « Tu es devenue trytoniste? ». Elle a réfléchi un instant puis a fini par chuchoter : « On va dire que… je m’intéresse à leurs théories sans pour autant me sentir… l’une des leurs. J’ai retrouvé l’emplacement précis des mines et l’entrée. Je vais chercher des traces de ce que je peux… Le but n’est pas non plus de tout brûler, mais de faire ça discrètement… descendre en touchant le moins de choses possibles. Maintenant, promets moi de garder ça pour toi! Et dis toi que ce ne sont sans doute que des suppositions farfelues que cette imbécile d’Eeri va quand même tenter de vérifier! ». J’ai hoché la tête : « oui… je garderais çà pour moi… Mais tu n’es pas une imbécile! ».

Elle a secoué la tête : « Si! J’avais tout pour être heureuse et insouciante… maintenant… C’est un peu tard pour m’en rendre compte. ». Je l’ai regardée comprenant qu’elle parlait de mon amour qu’elle avait perdu. J’ai murmuré me sentant un peu coupable : « Je suis toujours là… ». Elle a souri : « Mais moi pas… et c’est sans doute mieux comme ça… Je te souhaite d’être heureuse Shaakya. ». J’ai dit doucement comme pour la rassurer : « Je le suis… mais toi? ». Elle a hoché la tête : « On ne peut connaitre le bonheur quand on ne connait pas le malheur. Une succession de hauts et de bas… Plus tu descends, plus la sensation de bonheur est forte lorsque la pente est ascendante. Comme le phénomène de manque… C’est une sorte de drogue. Je penserai à mon bonheur plus tard au moment venu. ».

J’ai demandé ensuite si elle avait eu le temps de voir des légionnaires mais ce n’était pas le cas. Elle espérait par contre voir Geyos. J’ai demandé un peu taquine : « Pour sa bière? ». Elle a répondu un peu amèrement : « ou pour en faire mon amant aussi. ». J’ai essayé de continuer à plaisanter : « C’est sûr que si tu te pointes comme çà devant lui… il va avoir du mal à résister! ». Son rire a été cynique puis elle a déclaré : « Enfin, c’est pas de lui dont j’ai… Bref! ». J’ai eu un soupire désolé.

Elle s’est levée : « Je vais y aller! Si toutefois un jour… Je dis n’importe quoi… A bientôt Shaakya! ». Elle a déposé un baiser sur ma joue qui m’a fait frémir. Je l’ai retenue pour lui offrir le même baiser sur la joue. Elle a souri, a secoué la tête puis s’est éloignée. Je l’ai suivie du regard. Je l’ai soudain vu se tourner vers moi. Il m’a semblé qu’elle articulait deux mots sans que je distingue lesquels puis elle est repartie.

J’ai alors couru rejoindre Jalindra me blottissant contre elle à la limite de pleurer. Elle m’a serrée contre elle avant de me ramener sur l’île de Kyshala, comprenant dans quel état j’étais. Elle a installé les couvertures avant de me reprendre contre elle. J’ai éclaté en sanglot. Elle m’a bercée en me murmurant des paroles rassurantes : « Ça va aller ma belle… Elle a mal… Il lui faut du temps pour accepter… ». Petit à petit, j’ai essuyé mes larmes, tentant de raconter tout ce qu’il s’était passé. Jalindra avait des paroles rassurantes et apaisantes qui me faisaient du bien. Puis, elle a demandé doucement : « Tu regrettes ton choix? ». J’ai secoué la tête en souriant : « Non! Je suis avec qui là pour passer la nuit? ». Elle a souri en faisant mine de regarder autour d’elle : « On attend quelqu’un? ». Je l’ai embrassé tendrement.

Nous nous sommes alors installées pour la nuit. Pendant qu’elle attachait nos deux poignets avec la petite liane pour ne pas que je me sauve pendant la nuit, j’a murmuré : « Je me suis demandée tu sais… si j’allais pouvoir lui résister si elle avait des gestes d’amantes envers moi… ». Elle m’a regardée : « Je me le suis demandé aussi… ». J’ai continué : « Mais en fait…. c’est venu tout seul… je n’ai pas eu à me forcer… je n’ai pas pu… lui offrir ce qu’elle voulait. ». Elle a souri : « Et j’en suis vraiment heureuse… ». Je l’ai embrassée dans le cou : « Moi aussi j’en suis heureuse… je t’aime ma bek-i-bemaï. ». Elle a murmuré : « Je t’aime mon amour… ». Elle a continué à me bercer jusqu’à ce que je m’endorme dans ses bras.