Tag Archive: Laofa


A la recherche de Laofa ou les deux rois

Icus m’avait donné quelques noms de personnes qui avaient des connaissances sur les rangers. Toutes mes recherches jusqu’à présent aboutissaient dans le vide : la personne était disparue ou morte ou bien après huit années personne ne se souvenait d’elle. Il ne me restait qu’un seul nom sur ma liste : Laofa. Était-elle encore vivante? ou faisait-elle, elle aussi partie des morts du deuxième grand essaim ?

J’ai longtemps cherché et j’ai fini par découvrir que Laofa était une zoraï habituée des tavernes… Je désespérais… Si elle était encore vivante, comment une soûlarde allait pouvoir m’aider? Pourtant, j’ai continué mes recherches frappant aux portes de toutes les tavernes d’Atys. Après tout moi aussi, j’étais une habituée des tavernes…

Je suis arrivée à la taverne de Thesos et j’ai commencé à poser des questions au barman. Puis quelqu’un m’a interpellé : « Tu connaissais Laofa ? ». Je me suis retournée et j’ai découvert une jolie fyros aux traits fins : Anyume. Elle avait connu Laofa il y a longtemps et m’a annoncé sa mort… Elle aussi avait disparu durant le deuxième grand essaim. J’ai soupiré : « comme ma cousine… enfin je crois… on n’a jamais retrouvé son corps… ». Anyume a eu un petit sourire triste : « Donc tu t’accroches à l’espoir certains jours et le deuil est impossible à faire… ». J’ai acquiescé. Devant mon air un peu abattu, elle m’a offert un verre.

J’ai commandé une bière de shooki et je l’ai regardée avec un air ahuri quand elle a demandé un jus de baie de je ne sais pas quoi… Drôle de fyros… Nous avons ensuite discuté. Je lui ai expliqué pourquoi je cherchais Laofa : Je voulais devenir ranger et celle-ci aurait pu me guider… Anyume m’a parlé des carnets de Laofa dont elle avait hérité et dont les dernières pages semblaient codées. Elle avait déjà rencontré un ranger à ce sujet et elle allait se rendre à une réunion de la NASA (Nouvelle Académie des Sciences d’Atys) pour y rencontrer un certain Zo’ro Argh qui pourrait l’aider lui avait on dit. J’ai reconnu le nom, c’était un des fondateurs de la guilde Hoodo, une guilde ranger. Nous allions aller à cette réunion toutes les deux au bois d’Almati.

Puis soudain, elle a changé complètement de conversation : « Tu as déjà chassé un roi des plantes ? ». Devant ma totale incompréhension, elle m’a expliqué qu’une amie l’avait prévenu que Psykokin, le « roi » plante des psykoplas était apparu sur les terres matis. « Ça te tente de la rejoindre et qu’on le chasse ensemble ? ». J’étais partante bien sûr. Nous avons alors couru jusque là bas. J’ai eu à peine le temps de me présenter au groupe que nous étions déjà en train de combattre les psykoplas qui entouraient le roi. Nous n’avons eu aucun mal au final à le battre. Ses restes ont été également partagés entre tous. J’ai regardé notre groupe : fyros, zoraï et matis avaient combattu ensembles dans un but commun. L’idéal ranger était donc possible!

Nous nous sommes présentées les uns aux autres : Mindae et Berserka des matis et Na Djaï’tal un zoraï. Berserka nous a quitté en déchirant un de ses pactes, elle avait à faire ailleurs. Anyume a alors proposé de rejoindre le téléporteur de la région afin que je puisse acheter le pacte que je n’avais pas encore. Nous avons fait la course comme des gosses, même si je ne savais pas où il fallait aller, je m’amusais de voir les autres accélérer brutalement pour finalement se tromper de route et revenir sur leur pas. J’ai suivi le grand zoraï bleu Na Djaï’tal si calme. Il avait dit que le téléporteur n’était pas très loin du camp où il avait élu domicile : il devait bien connaître la région. J’ai fait le bon choix, nous étions aux premières places quand nous avons aperçu le téléporteur. Je m’apprêtais à accélérer quand Mindae nous a dépassé comme une flèche. Je n’ai même pas essayé de la rattraper mais Na Djaï’tal ne l’entendait pas de cette oreille et il s’est lancé à sa poursuite. Au final, je ne sais qui a gagné. Mindae affirmant avec force que c’était elle et Na Djaï’tal déclarant très calmement : « Mindae ne veut pas admettre que je l’ai battue au dernier moment, voilà tout! ». Une chose était sûre la grande perdante était Anyume et elle allait devoir nous payer une tournée ce qui a mis tout le monde d’accord.

Mais auparavant Mindae voulait d’abord aller chasser un gnoof dévastateur. Nous sommes repartis prêts à l’aider mais alors qu’elle nous guidait. Nous avons croisé un immense groupe de bolobis. Alors que je m’extasiais devant ces étranges bestioles bleues en forme de boules sur longues pattes et au long bec, nous avons distingué le roi des bolobis : Bolkin…

Deux rois en une seule journée, cela tenait du miracle! Mais, ils étaient impossible de le combattre à nous quatre… Nous avons tenté de contacter les légions fyros mais Icus a refusé catégoriquement de se rendre sur les terres matis… Ça ne m’a pas plus étonnée que çà même si j’aurais aimé revoir mes frères d’armes. Finalement, c’est la guilde de la fédération du commerce qui est venue nous soutenir. Le combat a été plus acharné que contre le roi des psykoplas mais si nous étions plus nombreux mais Bolkin a fini par céder. Nous avons poussé un cri de victoire, nous félicitant mutuellement, oubliant complètement de récupérer ses restes si précieux. C’est quand nous l’avons vu disparaître, sa graine de vie régénérée ailleurs que nous sommes soudain restés interdits. Puis, nous sommes partis dans un immense éclat de rire général : nous avions combattu avec acharnement un roi pour au final ne pas prendre notre récompense. Nous nous sommes séparés de la fédération du commerce dans la bonne humeur.

Mindae nous alors proposé d’aller boire un verre aux sources cachées. J’étais heureuse : j’allais enfin découvrir moi aussi cet endroit que Kyshala avait découvert avec Morandy. Après avoir croisé quelques kitines agressives, nous sommes enfin arrivés aux sources cachées.

Mais Mindae a voulu nous conduire plus loin. Elle connaissait un endroit encore plus beau où nous pouvions voir les oiseaux de près ceux que nous ne faisions d’habitude qu’apercevoir de très loin là haut dans le ciel.

Le désert matis était magnifique… Icus m’aurait sans doute sermonnée si il m’avait entendu dire çà mais c’était tellement vrai… Ce mélange de verdures parsemés de fleurs colorés et la beauté des dunes du désert : mi-matis, mi-fyros…

Anyume a commencé à distribuer des cookies au shookila, des baies et a sorti une bouteille d’eau… De l’eau? Heureusement, Mindae a sorti une bouteille de vin de poissenlit… Une soeur amazone de Mindae nous a rejoint : Zendae. Et puis Na Djaï’tal a commencé à nous raconter l’histoire des sources cachées appelées également Sources de Virginia.

« Kami zo’taki no (il était une fois)…
une source au milieu d’un désert…
On raconte, que l’eau qui sourd du désert à cet endroit sont les larmes inépuisables d’une jeune fille matis, Virginia, amoureuse d’un fier garçon Fyros, Akos.
Elle périt d’avoir pleuré la perte scandaleuse de son amant, soustrait à elle et enfermé par les siens.
C’était une famille de Thesos affiliée aux légions Fyros, qui préféra voir mourir son fils séquestré, plutôt que de savoir son coeur épris de la belle Matis : Virginia.
Akos refusa toute nourriture dès lors que la vue de sa belle et blanche Matis lui était à jamais interdite et consuma sa pauvre et jeune vie en peu de temps…
On entendit, par la suite, les déchirantes lamentations de Virginia qui fuyant toute compagnie homine s’était enfuie au Désert…
Puis une nuit le vent se leva et seuls les jappements des ocyx continuèrent de déchirer l’obscurité lunaire du lieu…
Une source surgit au milieu du chaos rocheux où Virginia vécu ses derniers instants.
Bien plus tard, un vieux poète tryker, Kim O’Bline, ayant visité ce lieu après avoir entendu les habitants des villages raconter cette histoire, composa une ode aux amants malheureux : « Les Chutes de Virginia ».
Par infortune, on a perdu le texte de cette ode, seuls en restent quelques bribes dans les chansons des chasseurs, des foreurs et des artisans d’Atys et le nom de ce lieu, à jamais pleurant.

Ochi Kami no akaba (ainsi les kamis le voulaient) »

L’histoire était belle et triste mais Anyume et moi nous avons pesté contre cet idiot d’Akos qui aurait pu faire semblant d’obéir à sa famille pour mieux s’enfuir ensuite. Nous avons continué de discuter de choses et d’autres… Enfin… j’avais du mal à suivre la conversation à cause de la fatigue et surtout parce que parfois, mes compagnons parlaient par sous-entendus de choses qui m’étaient inconnues.

J’ai fini par me rouler en boule sur l’herbe, bercée par les voix de leur conversation et le sentiment d’avoir vécu une journée dont je me souviendrais pendant longtemps.

L’inquiétude d’Eeri

J’avais croisé Eeri une première fois. Icus lui avait parlé de ce qu’il s’était passé avec Alric et des « fréquentions » d’Anyume. Elle était inquiète : « Je me fais des soucis du fait de te savoir traîner avec des maraudeurs. Ça ne me plait pas beaucoup… ». J’avais haussé les épaules prête à défendre ma relation avec Anyume bec et ongle. Elle a alors continué comprenant qu’elle arrivait sur un terrain glissant : « Je ne cherche pas à te faire la morale, ne t’inquiète pas. Tu me connais. Mais tu devrais faire attention à toi. ». J’ai souri en la remerciant pour l’inquiétude qu’elle avait toujours pour moi. Elle a ajouté : « C’est super tout ce qui t’arrive… mais tu peux tomber dans des jeux dangereux. N’hésite pas si tu as besoin d’aide. Tu fais toujours partie de la légion! Et moi ou Icus ou un autre, nous t’aiderons. ». Je l’ai remerciée touchée par son attention. « En tout cas, si tu as besoin de me parler, n’hésite pas, je préférerais entendre ce genre d’histoires de ta part plutôt que par quelqu’un d’autre… ». Je lui ai alors fait remarquer que nous n’avions pas eu l’occasion de beaucoup nous croiser ces derniers temps. Elle a approuvé déclarant qu’elle s’entraînait beaucoup en ce moment.

Le lendemain, elle était là à Fairhaven. Elle savait que je passais le plus clair de mon temps dans le pays trykers et je crois qu’elle voulait m’y croiser. Elle voulait que j’apprenne un métier pour ne jamais être dans le besoin et puis c’était un moyen pour que les autorités du pays nous apprécient. Nous avons beaucoup ri quand on s’est décidé à être porteuses d’eau. Deux fyros adeptes des tavernes qui portaient de l’eau et pas de la bière de Shooki, c’était plutôt étrange. Mais après tout, les trykers étaient sûrs au moins que nous n’essayerions pas de boire leur eau. Eeri m’a montré comment procéder. Nous courrions à droite et à gauche suivant les demandes des opérateurs de la compagnie des eaux.

Puis une tryker a commencé à me suivre cherchant à m’agacer. Elle voulait de toute évidence que je lui tape dessus. Il n’a pas fallut trente secondes à Eeri pour arriver quand je lui ai parlé de cette tryker qui me cherchait des noises. Elle l’a regardée lui lançant un défi. L’autre s’est jetée sur elle. Elle ne savait sans doute pas à qui elle avait à faire. Un coup de hache d’Eeri à suffit pour la mettre à terre pour mon plus grand amusement. Eeri a fini par la relever en lui faisant la morale. Il y avait un minimum à faire si on voulait aborder les gens même pour un combat de rue improvisé. Nous sommes reparties en la laissant dernière nous.

Quand nous avons eu fini, notre tournée de porteuses d’eau, j’ai proposé à Eeri d’aller sur l’île de Kyshala. Elle m’a regardé surprise. Elle ne savait pas que Kyshala aimait le pays tryker à ce point. Je l’ai conduit jusqu’à là bas et je lui ai fait un peu visiter. Nous avons fini par nous asseoir au bord de l’eau. Je lui ai expliqué que je venais souvent ici quand je n’allais pas bien. Mais que depuis quelque temps j’étais souvent à Thesos avec Na Djaï’tal et Anyume. Il a fallut que je lui rappelle qui était Na Djaï’tal mais elle a toute suite fait le rapprochement quand je lui ai dit que c’était lui qui voulait de la liqueur d’ocyx : « Ah oui, tu m’en as parlé, celui qui fait des expériences bizarres. ». J’ai précisé que c’était lui qui m’avait appelé « Shaakya Cracheuse d’eau ». Elle souri : « Cracheuse d’eau… Je t’envie ce surnom! ».

Puis, elle a eu un regard songeur : « Anyume est une fyrette étrange… Est-ce qu’elle t’a déjà parlé de Laofa? ». Je savais juste qu’elle était morte à vrai dire. Eeri m’a alors parlé de ce qu’elle savait de la zoraï que j’avais cherché pendant longtemps : « Je l’ai connue, brièvement… Grâce à Glorf. Une encyclopédie vivante, un puit de science, et surtout, elle notait méticuleusement tout, absolument tout, discussions, nouveautés… Elle est partie à la rencontre des maraudeurs, avant l’exode. Elle voulait savoir pourquoi ces homins prenaient une voie si différente. Je pense que si Anyume possède les carnets de Laofa, c’est qu’elle les a récupéré chez les maraudeurs donc. Sais tu où elle a été élevée? ». Je me suis raidie me sentant prise entre deux feux. Je ne savais pas si je pouvais dévoiler qu’Anyume était une maraudeuse. Je ne m’en sentais pas le droit même à Eeri : « Non. Enfin… précisément non. Je ne sais pas si je peux t’en parler. ». Elle m’a souri sans insister : « Comme tu veux! ».

Elle m’a alors raconté sa dernière soirée avec elle : « J’étais à… la dernière soirée de Laofa sur l’écorce. Sa dernière soirée, avant qu’elle ne descende dans les primes pour tenter de trouver les maraudeurs. Glorf y a été, je l’ai suivi, c’était au bar de Thesos. On a bien ri, bien bu. Et avec Glorf, on a chanté la chanson du slibard rouge. Mais je n’ai pas souvenir que Laofa ait bu… Elle a beaucoup ri en tout cas! ». Les souvenirs de Glorf lui revenait en mémoire : « Ah, ce Glorf… Un jour je t’emmènerai le voir si tu veux. Il a beaucoup changé, mais au fond, c’est un brave homin… euh, fraider. Et il est plus facile à approcher depuis quelques temps comme s’il trouvait peu à peu la sérénité. ». Depuis le temps que j’entendais parler de Glorf dans le journal de Kyshala ou de la bouche d’Eeri, je voulais aller le voir. Peut-être que lui saurait m’en dire plus sur ce qu’il était arrivé à ma cousine?

Elle a soupiré : « Si un jour tu as besoin de me parler d’Anyume ou de ce genre d’histoires… Je crains qu’elle ne soit impliquée dans des histoires avec les « Sève noire ». Je savais que même si Anyume faisait des choses malhonnêtes, je ne pouvais plus me passer d’elle et que j’étais capable de la suivre n’importe où si elle me le demandait. Je me sentais mal à l’aise avec les questions d’Eeri même si je savais qu’elle ne voulait que mon bien : « Elle connait des maraudeurs oui… Icus a du t’en parler non? ». Eeri semblait légèrement agacée par mes réponses laconiques : « Oui, je le sais qu’elle connait des maraudeurs… Moi même j’en connais tu sais. Enfin, maraudeurs plus ou moins repentis… Mais j’aurai peut-être quelques questions à lui poser, à cette Anyume… ». Je me suis soudain inquiétée : « Tu ne vas pas lui faire de mal? ». Elle m’a regardée comme si j’avais dit une énormité : « Bien sur que non!!! Enfin, Shaakya, tu me connais mal à ce point? Je ne lui veux aucun mal, je la trouve même sympathique! ». J’ai souri en repensant à la trykette qui avait eu l’audace de me chercher des noises quelques heures auparavant : « Non mais je sais ce dont tu es capable lorsque tu veux me défendre. ». Puis j’ai ajouté avec une petite voix en rougissant en parlant d’Anyume : « Je l’aime beaucoup… vraiment beaucoup… ».

Elle n’a pas remarqué ma gêne, elle a déclaré avec un regard froid et dur : « Si elle ou ses « amis » venaient à toucher un de tes… cheveux, ou sourcils, ou… Je serais beaucoup moins gentille en effet. ». Puis, elle a repris avec un air beaucoup plus souriant : « Mais elle a l’air bienveillante. ». Je lui ai avoué en grimaçant : « Alric… a essayé… enfin… il a lancé des menaces… ». Elle a froncé les sourcils : « Alric est mauvais, le mal coule en lui. ». Et avec un haut le coeur, elle a ajouté : « En plus il est blanc comme un linge… ». Puis, elle a repris avec une voix sourde : « Mais Alric, c’est une autre paire de manche que ces petits trykers! C’est un tueur sur-entraîné. La prochaine fois que tu le croises, fuis le, c’est un conseil… ». J’ai haussé les épaules pas très fière de moi : « oui… de toutes façons c’est ce que j’ai fait la dernière fois… après lui avoir pointé une dague sous la gorge. ». Elle m’a rassurée : « Tu as eu raison! Et s’il est à Pyr, appelle moi, ou Icus. On se fera une joie de lui rendre une petite visite! Enfin, si tu en as besoin. En tout cas, çà sera avec plaisir! Tant qu’il reste courtois et hypocrite comme le sont ce genre de matis. ». Puis, elle a ajouté avec un sourire : « Bravo pour la dague, tu as eu du cran! ». Je n’étais pas convaincue : « J’ai surtout eu la trouille de ma vie… Et je suis partie en courant je te signale. Donc le cran… pas vraiment… ». Elle a haussé les épaules : « C’est pas grave! Il a du comprendre que tu ne te laisserais pas faire, c’est le principal! ». Puis, elle s’est mise à rigoler : « Finalement, avec un matis comme Chonchon qui me colle aux bottes, je suis pas si mal tombée, il est juste collant lui… Il ne ferait pas de mal à un yubo! ».

J’ai souri. Je commençais à être fatiguée : « Je vais aller dormir, je crois. Merci pour cette soirée. Çà faisait longtemps! ». Elle a ri : « Je suis porteuse de shooki maintenant! Et oui, ça faisait longtemps… Je vais essayer de prendre le temps maintenant! Et si tu es avec Anyume, j’espère aussi me joindre à vous. Je ne l’embêterai pas trop avec mes questions promis! Mais ne lui dis pas que je veux lui parler, je voudrais juste faire connaissance avec elle, un peu plus. ». Je lui ai promis de la contacter dés que je serais avec Anyume. Puis, je me suis endormie en boule près d’elle. Je savais qu’à ces côtés rien ne pouvait m’arriver.

Fraiders et maraudeurs

Ce soir là Na Djaï’tal et Anyume étaient en train de se tremper les pieds devant la taverne de Thesos. Je suis arrivée avec des cadeaux : une jolie fleur bleu pour Anyume et une bouteille pour Na Djaï’tal. Ils semblaient heureux tous les deux. Anyume a dit en riant : « C’est la fête ! ».

Na Djaï’tal s’est alors levé : « Si c’est la fête, j’ai une surprise pour vous ! ». Nous l’avons regardé surprises. Et il a commencé à chanter :

« ♪ Une chanson d’homine
♬ Que j’ai créée pour Anyumé ♫
♪ Fuyant les Kitins ♬
♫ Je fredonnais dans les fourrés ♫
♬ Cette chanson homine ♬
♪ Je vais la chanter pour elle ♬
♫ Car elle est bien maline ♪
♬ Bien assez pour nous sauver ♬
♫ Le pauvre zoraï est aux abois ♬
♬ Dans le bois rôdent les kitins ♪
♪ Ting ting ting ting !
♬ Mais la fière Anyumé passa ♫
♬ Et pris le zoraï par le bras ♬
♪ La, la, la, la ♪
♬ Le grand zoraï fou, ♬
♪ Courait sans jamais s’affoler ♪
♫ Kincher, on s’en fout ♬
Contre lui nous serons deux ♫
♪ Une chanson d’homine ♪
♫ Que j’ai créée pour Anyumé ♬
Une chanson d’homine ♪
♪ Pour célébrer sa bonté ♬
♬ O le joli conte que voilà, ♬
♪ Anyumé en beauté se changea, ♪
♬ La, la, la, la ♬
Et devant le zoraï ébahi ♫
♪ Belle homine elle a grandi ♪
♫ hi, hi, hi, hi ♬
La belle Anyumé ♫
Emplie de tristesse ♪
♪ Peu à peu se consumait ♬
♬ Avec délicatesse, ♫
♫ Une chanson d’homine ♪
♪ Le zoraï lui a chanté ♬
♩ Cette chanson d’homine ♪
♪ Je peux la chanter pour toi ♬
♬ Pour toi, zo’li Shaakya, ♫
♪ La fyrette Cracheuse-d’Eau ♩
♬ Oh, oh, oh, oh ♪ »

Nous avons tous éclaté de rire même Eeri. Elle était arrivée au milieu de la chanson après que je lui ai envoyé un izam la prévenant de l’endroit où nous étions. J’ai fait les présentations en expliquant à Na Djaï’tal que c’était grâce à Eeri que j’avais pu avoir des bouteilles de liqueur d’ocyx à petit prix. Elle a protesté : « Tu peux remercier que Lydix aime faire des cadeaux aux fyrettes! ». Anyume a levé les yeux au ciel : « L’alcool, toujours l’alcool… ». Je lui ai dit en souriant : « Y a du jus pour toi aussi! ». Et j’ai commencé à préparer son jus préféré. Eeri était éberluée : « Du jus? ». J’ai souri : « Du jus de baies au poivre! Le péché mignon d’Anyume! ». Elle n’avait pas l’air convaincue : « Quelle drôle d’idée… enfin, chacun son mauvais goût! ». Anyume a affirmé : « C’est super bon ! Et Shaakya le prépare mieux que tous les barmans d’Atys en plus! ». J’étais un peu gênée, ne me sentant pas aussi « douée » que çà : « Tu exagères! ». Mais Na Djaï’tal a ajouté : « Tu devrais ouvrir ton bar, Shaakya! J’ai vu qu’il y a un local sympa tout en haut de la tour, là, à côté ». Et Anyume a appuyé l’avis de son zoraï : « Haha, on pourrait s’y installer et faire des soirées cocktails et petits trucs à grignoter ! ». Je les regardais en me demandant si ils plaisantaient ou non. Et le grand bleu a poursuivi : « Yui, c’est zo’li, pai il n’y a même pas une fenêtre pour respirer un peu ». Je me voyais mal tenir un bar mais préparer le jus d’Anyume, çà je savais que je le ferais toujours avec plaisir.

Je lui ai tendu son verre que j’avais préparé avec application. J’attendais toujours son verdict avec angoisse même si je voyais à ses yeux qu’elle le savourait : « Il est bon? ». Elle m’a répondu en souriant : « Il est parfait! ». Eeri a alors sorti une petite bouteille : « C’est de la bière de cratcha, quintuple fermentation! ». Elle a ouvert la bouteille et humé la fumée violette qui s’en dégageait. Je me suis demandée ce que pouvait bien être cette drôle de fumée. Elle a expliqué : « Ca monte le degré alcoolique tout en ajoutant du corps au breuvage… Celle-ci est refermentée avec des bourgeons de cratchas. ». Na Djaï’tal semblait comprendre ce que disait Eeri : « Du coup, on peut ajouter des éléments qui ne fermenteraient pas normalement, c’est ça ? ». Elle lui a répondu : « Non, la refermentation se fait grâce aux levures qui se dégagent des bourgeons en séchant ». Il y avait des moments comme çà, où je regrettais de ne pas avoir pu aller plus longtemps à l’école…

Na Djaï’tal a commencé à sentir puis finalement goûter à la bière. Je n’ai pas pu m’empêcher de le taquiner comme il l’avait fait avec moi avec son infusion : « Fais attention Nad çà fait pousser les poils de bardes aussi çà! ». Anyume et Na Djaï’tal ont compris l’allusion et se sont mis à rire mais Eeri a commencé à regarder la bouteille bizarrement en se frottant le crâne. Anyume en voyant le geste à passer sa main dans mes cheveux raz : « Tu vois bien l’effet que ça fait ! ». Et j’ai ajouté : « Donc en fait, tu vas perdre tes cheveux! J’ai confondu avec ton infusion ». Na Djaï’tal a roulé des yeux affolés avant d’éclater de rire avec nous. Eeri ne semblait rien comprendre à notre discussion alors je lui ai expliqué en riant : « Un conseil Eeri ne boit pas les infusions de Na Djaï’tal. Çà fait pousser les poils de barbe et çà donne l’accent matis et en plus… y a de l’eau dedans! ». Je ne suis pas sûre qu’Eeri ait mieux compris! Anyume a fait remarqué à propos de la perte de cheveux : « Ce serait dommage, j’aime bien ses cheveux un peu plumeux… ». J’ai approuvé en faisant un sourire complice à Anyume: « C’est vrai qu’il a de jolis cheveux. Très mignons! ». La sève lui est monté au masque : « Je ne les prête pas, hein ! ».

Eeri semblait toujours aussi perturbée : « Qu’est-ce que c’est que cette histoire d’accent matis? ». J’ai cherché le soutien de mes comparses : « C’est l’infusion de Na Djaï’tal qui donne l’accent matis, hein oui ? ». Na Djaï’tal m’a suivi dans mon petit jeu : « En effet ! Au delà de trois verres, on parle comme le Karan ». Et Anyume a fait de même en prenant un petit accent : « Delem silas, aie aie jena ! ». Nous avons éclaté de rire. Je me tenais les côtes tellement je riais. Nous avons continué ainsi à rire de tout et de rien.

Puis soudain Eeri a paru agitée : « Je… Je dois… Je dois vous laisser! ». J’ai su comme une intuition qu’elle pensait à Glorf. Je savais qu’elle voulait aller le voir, elle m’en avait déjà parler. Peut-être que parler des matis, lui avait rappelé Glorf. Les autres se sont demandé ce que voulait dire Glorf. Eeri leur a expliqué : « Ce n’est pas une insulte, c’est juste un nom. Vous n’en avez jamais entendu parler? Il était chef des légions fyros, avant l’exode. Nous avons combattu, côte à côte, et avec… Kyshala… et bien d’autres. ». J’ai eu une petite grimace de douleur mais tout de suite Anyume m’a serré la main de façon réconfortante. Eeri a poursuivi : « Il ne s’est jamais remis de la disparition de ses compagnons et s’est isolé. Je vais le voir parfois, afin de lui demander conseil, ou juste pour le voir. Mais la dernière fois que j’y suis passée, il n’était pas là. Et les fr… « . Elle s’est arrêté comme si elle allait dire quelque chose qu’elle n’aurait pas dû puis a repris : « Euh… Personne ne l’avait vu depuis quelques jours ».

J’ai proposé de venir avec elle. Na Djaï’tal et Anyume se demandaient également si ils pouvaient venir. Mais Eeri a prévenu que le voyage était périlleux : il fallait traverser le couloir brûlé. Anyume s’est demandée si nous n’allions pas être une charge pour elle plutôt qu’autre chose. Elle avait un regard tellement fatigué que je lui ai dit en lui caressant le dos : « Tu peux rester là. Mais si tu restes, j’espère que tu vas nous préparer un repas de roi! ». Elle semblait soulagée que je lui offre cette porte de sortie : « Je vais peut-etre faire ça plutot ! J’ai eu une sacré journée. Je fais plus à manger et si tu ramènes Glorf. Il y aura de quoi nourrir un régiment ! ». Mais Eeri a dit d’un ton péremptoire : « Je ne le ramènerai pas. Déjà ce serait une chance de le voir, mais je ne pense pas que je pourrai le sortir de sa tannière. ».

Nous nous sommes alors préparées pour partir. Anyume a sorti un petit sachet de biscuits qu’elle a tendu à Eeri : « Il me restait des biscuits de ce midi. C’est pour quand tu le retrouveras! ». Eeri les a pris en la remerciant. Je voyais Na Djaï’tal hésiter. Il voulait de toutes évidences venir avec nous mais il ne voulait pas laisser Anyume. Finalement, c’est Eeri qui l’a décidé : « Reste là Na Djaï’tal! ». J’ai embrassé Anyume sur le front, pendant qu’elle me serrait dans ses bras : « Prends soin de toi… ». Eeri a dit en souriant : « Ne vous inquiétez pas, je vous la ramène entière! ».

Na Djaï’tal a plaisanté : « Et si tu lui trouves des cheveux en chemin, prends-les lui ! ». Eeri a rigolé : « Des cheveux, pourquoi faire? Il faut toujours les recoiffer en enlevant le casque! ». Anyume a protesté doucement : « Hooo, mais… ce qui compte c’est qu’elles s’aiment comme elles sont ! ». Na Djaï’tal a continué sur le ton de la plaisanterie : « Elles laissent les poils aux homins fyros, c’est gentil ! ». Nous nous sommes mises en route dans un fou rire.

Le chemin a été effectivement assez périlleux mais Eeri revenait me relever à chaque fois. J’ai essayé plusieurs fois de lui poser des questions sur où elle avait vu Kyshala pour la dernière fois mais elle semblait vouloir éviter ce sujet douloureux pour elle comme moi. Elle a fini par me montrer un endroit en disant que c’était là qu’elle l’avait vu en dernier. J’étais surprise Kyshala avait dit qu’elle avait vu Eeri passer les portes de l’oasis mais je ne voyais pas de porte à cet endroit. Avait-elle en partie oublié ce qu’il s’était passé pour se protéger?

Nous sommes finalement arrivées en vue du clan des Fraiders. Je n’était pas très rassurée, ils ressemblaient à des frahars. Eeri m’a présentée à Rrak. Celui-ci m’a regardée de bas en haut : « Moi chef Frraiders ! Rroumpf ! Toi Grrramouk, rrrrreste ami avec les Frrrraiders ! Sinon moi boirrre dans ton crrrâne ! Grrarr ! ».

Glorf n’était pas là. Eeri a interrogé les fraiders mais ils donnaient tous la même réponse : « Glorrrf partiiii! ». J’étais déçue. J’avais tellement espéré avoir des réponses sur la disparition de Kyshala… Eeri a tenté de me rassurer : « Tu le verras un jour, c’est sur! S’il est parti, c’est pour une bonne raison, et c’est sans doute que son esprit va mieux. ».

Nous sommes reparties pour Thesos avec un pacte de téléportation. Alors que je la conduisais jusqu’à notre camp, Eeri m’a soudain dit avec un sourire : « Dis donc, c’est le grand amour avec Anyume ? ». Puis, elle s’est mise à rire. Je suis devenue écarlate complètement perturbée par cette déclaration. J’ai bredouillé quelque chose : « Oui, on s’entend vraiment bien. ». Eeri a souri : « Ne rougis pas, tu n’as pas besoin! ». Je me suis dépêchée de rejoindre le camp pour éviter les questions trop précises sur ma relation avec Anyume que d’ailleurs je ne savais pas moi même définir.

Anyume et Na Djaï’tal étaient heureux de nous retrouver : « Ho, vous êtes de retour ! Alors ça c’est bien passé ? ». Nous avons expliqué en souriant que nous étions tombées plusieurs fois. Mais comme à chaque fois qu’il y avait des discussion avec la mort, Anyume a déclaré d’un ton sans réplique : « Faut pas rire avec la mort… On ne sais jamais quand les puissances décident de lâcher. Ou la graine de vie. Un bon guerrier reste en vie ! ». Elle a alors fait un petit clin d’oeil pour atténuer la dureté de ces propos mais je n’étais pas dupe, je savais à quel point le sujet était sensible pour elle.

Eeri a sorti une bouteille : « Bon, sinon, le chef m’a donné ça! De la shooki spéciale fraider!!! Ils font de la très bonne shooki là-bas. ». J’étais assez fière : « On a été voir les fraiders! ». Ils nous regardaient un peu interloqués se demandant de quoi nous parlions. J’ai alors précisé : « C’est une tribu primitive! ». Na Djaï’tal a compris alors : « Comme les Gibbads de la Jungle, un peu ? ». J’ai acquiescé et Eeri a déclaré : « Les fr.. de tout à l’heure. Mais maintenant, je sais que Glorf est parti pour de bon, je n’ai plus aucun intérêt à cacher le lieu de sa retraite. ».

Nous avons commencé à boire en parlant d’Icus, de la légion, et des fêtes à la taverne de Lydix. Puis Eeri s’est assombrie : « Enfin, maintenant, les problèmes sont plus sérieux et nous n’avons plus vraiment le coeur à boire de la sorte! ». Nous l’avons regardée surpris. Puis, j’ai compris à quoi elle faisait allusion et je me suis tu. Je me doutais que Anyume n’apprécierai pas la suite de la discussion mais elle a insisté pour en savoir plus. Eeri après une hésitation a finalement continué : « J’ai cru comprendre, en entendant un nom, que les histoires se recoupent. Nous sommes aux prises avec les « Sève noire ». ». Anyume a sursauté et je lui ai pris doucement la main.

Eeri a continué : « Ce qui n’est pas nouveau finalement… Ce sont des maraudeurs, ennemis de l’empire et des fyros. Les altercations se sont multipliées. Et je crois que le fait de les chasser de la foret enflammée ne les fait pas reculer. ». Na Djaï’tal a dit sagement : « Ils aiment le chaos en fait, donc les combattre constitue une victoire pour eux. ». Anyume a hoché la tête : « Le combat est un accomplissement. ». Na Djaï’tal a alors proposé : « Vous devriez peut-être parler à la femme de mon ancien professeur, c’est une Eveillée qui combat les Sèves Noires depuis des années : Fey-Lin. » . Eeri a acquiescé : « Je l’ai déjà rencontrée. Elle n’a pas un caractère facile, mais elle nous a été d’un grand secours déjà. Qui était ton maître? ». Na Djaï’tal a répondu pendant qu’Anyume, sentant sans doute que le sujet était sensible, lui prenait la main : « L’Éveillé Kaikyo Liang. Fey-Lin Li’laï-ko m’a dit qu’il était mort pendant l’Essaim. Elle ne s’est pas étendue. C’est dommage, il aurait pu vous aider je suis sûr. Apparemment, il espérait pouvoir guérir l’un d’eux de sa folie. Et pensait savoir comment s’y prendre. ».

Eeri semblait savoir de quoi il parlait : « La sève sacrée. Après… La mise en application est très hasardeuse. ». Ça a eu l’air de dire quelque chose à Anyume : « Tiens, Laofa parle de « sève des esprits » dans un de ces carnets… ça a un rapport ? ». Eeri lui a répondu : « Il y a sans doute un rapport, sève sacrée, sève des esprits, sève kami. ». Anyume a repris : « Laofa en parle seulement dans ses travaux pour guérir la goo. Et de ce qu’elle dit, ce n’est pas une panacée, cela sert juste à soulager un peu. Et le processus de fabrication a l’air assez complexe. Enfin, pas simple à reproduire à grande échelle… ». Eeri s’intéressait plus à la sève noire. Anyume lui a dit ce qu’elle savait des carnets de Laofa : « Elle dit que ça libère les inhibitions, en procurant un grand plaisir dans l’instant qui suit la prise. Et elle marque des grands « DANGER » partout quand elle en parle. Je crois qu’elle en avait pris, vu comme elle le décrit, en fait. Je me souviens, quand j’étais petite et qu’elle était chez nous dans les premiers temps, quelqu’un lui a demandé pourquoi elle ne restait pas avec les maraudeurs des nouvelles terres. Elle avait dit que les Sèves noires étaient trop tentants, et les Maîtres avaient de mauvaises fréquentations. ». Elle s’est mise à rire : « Comme si il y avait des bonnes fréquentations dans un clan ! ». Mais son rire s’est étranglé dans un hoquet. Je me suis approchée inquiète. Elle a continué : « Hier, il y a un passage de ses carnets, un des derniers, qui m’a.. Elle note juste des façons de mourir. Comme une liste de courses. Je crois qu’elle a provoqué les Anciens à dessein, en fait. Pas juste en posant une question innocente de trop. ».

Je sentais son émotion et j’ai commencé à l’attirer dans mes bras. Elle s’est laissée aller doucement. Na Dajaï’tal a commencé à fredonner sa douce mélopée pendant que je la berçais. Elle a soudain dit presque rageusement : « Pourquoi elle n’est pas partie par les arc-en-ciel avec les autres ? ça n’a servi à rien qu’elle aille mourir dans les Anciennes Terres ! ». Na Dajaï’tal a souri doucement : « Né, Anyumé. Elle a fait ce qu’elle a jugé le mieux. ». J’ai vu avec surprise Eeri laisser échappé une larme. Puis, le grand bleu a passé une main affectueuse dans les cheveux d’Anyume : « Ne la juge pas sur les résultats, pai sur les intentions. Et qu’elle ait fait ça peut-être après avoir pris de la Sève Noire prouve que ce n’est rien qu’un produit comme un autre. Le produit n’est rien, qu’un mektoub affolé. Il lui faut un esprit pour le mener. Sans lui, pas de voyage ! « . Eeri a protesté, elle n’était pas d’accord mais Na Dajaï’tal était sûr de son fait : « Je le crois parce que pour le vaincre, vous ne pourrez vous contenter de boire une potion. C’est l’esprit qui sauvera, pas une préparation. ». Anyume a demandé : « Ils s’en servent pour trier les plus faibles ? ». Il a répondu : « Ils n’ont pas d’autre dessein que le chaos, Anyumé. Que cela tue un fort et laisse vivre le faible ne les dérange pas. ». Anyume protestait : « Nani, pas le chaos. Si c’est ce que vous pensez, vous n’avez rien compris des maraudeurs. Et si le fort meurt, c’est qu’il ne l’était pas assez. ». Na Dajaï’tal a alors précisé : « Je parle des Sèves Noires, pas des Maraudeurs. ».

Puis Anyume a commencé à parler de ce qu’elle savait des maraudeurs :« Les sèves noires sont des pions pour les vrais maraudeurs et n’ont donc qu’un bout du discours. Mais ils croient aussi en des valeurs…. qui sont partagés par d’autres homins. C’est même pour ça qu’ils peuvent recruter. ». Eeri ne comprenait pas : « Explique moi ce que tu entends par vrais maraudeurs. ». Elle a répondu : « Ceux des anciennes terres, qui ont du apprendre à s’unir par delà leurs différences pour lutter contre les kitins et survivre. ».

Nous étions tous épuisés. Anyume a proposé de reparler de cela une autre fois. Eeri est reparti en promettant de ne pas dire où était notre camps. Nous sommes endormis tous les trois, les uns contres les autres. Anyume était entre nous deux, cherchant notre contact à tous les deux.

Les Hoodo-Jin

Le premier Hoodo-Jin que j’ai rencontré a été Zo’ro Argh. Enfin, il n’est pas encore redevenu un Hoodo mais il a été le fondateur de la guilde et pour moi il reste un Hoodo. C’est un tryker blond à la chevelure en broussaille qu’il cache sous un foulard. Il était là avant le deuxième grand essaim. Je trouve assez amusant sa façon d’avoir souvent la tête dans la canopée. Il a parfois des réparties qu’on a du mal à comprendre mais c’est sans doute parce qu’il est un grand savant. J’ai été touchée la fois, où il m’a raconté son histoire lors de la cérémonie des disparus de Pyr et d’hommage à l’empereur Dexton.

D’après ce qu’il m’a dit, il n’avait jamais parlé de çà personne. Il avait assisté à la mort de l’empereur Dexton, lors de l’exode et à la douleur de Glorf d’avoir perdu celui qu’il devait protéger. Lui était resté coincé dans une anfractuosité de rocher et personne ne l’avait vu, jusqu’à ce que la Karavane le ramène. Arrivé, à l’oasis secrète des kamis, il a soigné encore et encore tous les réfugiés jusqu’à l’épuisement. Il se rendait compte de tous les homins qui avaient disparus. Il regrettait de n’avoir pas eu le temps de dire au revoir à certains comme à Laofa. Il s’est ensuite retrouvé seul pensant avoir perdu tous ceux de sa guilde. Et Kaaon chef de la tribu Talodi l’a accueilli. C’est seulement après cela qu’il a retrouvé Sylwa et son fils adoptif Rajaaar, deux autres anciens de la guilde Hoodo. Mais, il se sent redevable envers Kaaon et pour l’instant il reste au sein de sa guilde pour rembourser la dette qu’il pense lui devoir.

J’ai rencontré le fils adoptif de Zo’ro Argh, Rajaaar à Thesos. Il était curieux de connaitre tous les nouveaux membres de la nouvelle guilde Hoodo et c’est lui qui est venu à moi. Je m’attendais à voir un tryker mais c’est un grand matis brun que j’ai découvert. Je me suis souvenue alors de lui. Je l’avais rencontré brièvement lors de la première réunion de la N’ASA. C’était un étrange matis élevé par un tryker. Il aimait la bière et n’avait pas les attitudes empruntées et les airs supérieurs comme peuvent l’avoir certains matis. Lui aussi, avait été recueilli par la tribu Talodi. Mais, il se sentait empressé de nous rejoindre.

Xenargos, le premier membre de la nouvelle Hoodo, est celui qui avait apposé l’écusson de la guilde sur mon armure. J’aimais son regard franc et son souci de toujours bien faire pour ne pas déplaire aux anciens hoodo-jin. Il était un tout nouvel arrivant de Silan et me faisait une totale confiance.

Il y a des fois, où il n’aurait pas dû. Comme la fois, où je l’ai entraîné jusqu’à Zora pour qu’il connaisse autre chose que le désert ardent. Notre traversée des primes racines a été plus que chaotique et sans la venue d’Eeri nous n’aurions jamais réussi. Mais jamais, il n’a baissé les bras, continuant à me suivre vaillamment malgré toutes les blessures que les kitines lui avaient infligés.

Dyren, un étrange fyros qui avait annoncé sa candidature en indiquant qu’il avait renié son peuple et avait envisagé rejoindre les maraudeurs. Il semblait assez désabusé par l’hominité et ses guerres de religions et de factions. Mais, je sentais que sa candidature était comme un appel au secours et cela m’avait touchée. Après de longues discussions épistolaires avec lui pour le connaître un peu mieux, étant donné qu’il était encore sur Silan, Xenargos et moi, avons décidé de l’intégrer à la guilde. Quand on lui a fait parvenir son écusson, il n’a manifesté aucune émotion particulière mais nous a fait savoir qu’il ferait tout pour rejoindre le continent rapidement.

Et puis, il y a eu Jalindra… Dans sa candidature, je sentais intuitivement, sa douleur intérieure qui me rappelais la mienne. Je lui avais envoyé un izam pour lui proposer de la rencontrer. Elle avait répondu mais son message ne m’était pas parvenu en entier. Je me demandais si l’izam ne l’avait pas mangé en partie. Je lui ai proposé de la retrouver à la taverne de Pyr. Quand elle est arrivée, elle tenait le pauvre izam responsable du message incomplet et lui soufflait dans les plumes : « Où qu’il est le reste de ma lettre? ». Puis elle s’est tournée vers moi en relâchant l’izam : « Bon je disais juste que je vous contacterais ce soir… mais c’est fait donc. ». Je dois dire que cette première approche m’a enchantée. J’ai senti tout de suite que nous allions bien nous entendre et il n’a fallu que quelques minutes pour que je lui donne l’écusson de la guilde sans même en parler avec Xenargos. Nous nous sommes parlés de nos vies comme si déjà nous étions des amies proches. Elle avait perdu ses compagnons et ses amours. Elle était resté à la surface après le deuxième grand essaim, vivant seule en ermite. Elle n’avait de toutes façons, plus grand chose à perdre. Puis, avec le retour des homins, elle était sortie de sa solitude mais elle avait perdue sa foi kamiste. Elle avait vu la présentation la guilde Hoodo et cela l’avait touchée.

Pour moi, il n’y avait aucun doute : Jalindra était une hoodo-jin. J’ai même fait venir Zo’ro Argh pour qu’il la rencontre. Je crois que lui aussi est tombé sous le charme.

J’ai su ce soir là que Jalindra deviendrait pour moi bien plus qu’une simple compagne de guilde. Il y avait quelque chose entre nous comme un lien qui était en train de se tisser.

La goo

Ça avait commencé par une petite toux puis les cauchemars de Jalindra avaient repris. D’abord de vilains rêves où elle voyait des ombres agressives l’entourer. Je ne me suis pas inquiétée au début. Je pensais que ses cauchemars avaient repris à cause de la peur qu’elle avait eu de me perdre durant le Voyage. Mais ceux-ci devenaient de plus en plus terrifiants au fil des jours. Jalindra m’a alors appris que pendant les quelques heures où nous avions été séparées à cause de la réunion ranger. Elle avait fait une expédition avec d’autres apprentis rangers dans la kitinière et qu’elle était tombée avec d’autres dans de la goo. Sur les conseils de Zo’ro Argh, ils avaient brûlé tous les vêtements et les objets qui avaient été au contact de cette substance pour éviter toute contamination.

Je savais qu’Anyume détenait les carnets de Laofa et de ce qu’elle m’en avait dit, cette dernière avait fait des études sur différentes substances dont la goo. J’ai pris contact avec elle. Elle nous a décrit les symptômes qui pouvaient être liés à une contamination : des vertiges, de la toux, des problèmes de peau, des hallucinations, des changements de comportement, des douleurs… Jalindra avait bien une petite toux mais rien d’autres et ses cauchemars n’étaient pas des hallucinations. Anyume a été rassurante : elle disait que tout ceci pouvait tout à fait s’expliquer par d’autres raisons et qu’il ne fallait pas s’inquiéter. De plus, les homins étaient en général très résistants à la contamination du fait de leur utilisation régulière des téléporteurs. Et même si sa toux et ses cauchemars étaient les symptômes annonciateurs d’une contamination, celle-ci était récente et pouvait très bien être enrayée. Elle nous a donné alors des conseils de base pour ralentir, voir supprimer l’évolution : se laver abondamment et vider l’eau dans les Landes obscures (un lieu contaminé par la goo) et utiliser régulièrement les téléporteurs. Elle a même indiqué mais avec beaucoup de réticences qu’il était possible qu’une résurrection pouvait suffire à guérir de la maladie. Mais elle ne conseillait pas de le faire volontairement : on était jamais sûr de la volonté des kamis à vouloir accepter notre requête de résurrection. Elle a ensuite préparé une affiche qu’elle a placardé à l’entrée de la kitinière d’Almati pour que tous puissent être prévenus. Je l’avais quittée avec un drôle de sentiment : à la fois rassurée par ses paroles et en même temps avec une boule d’angoisse dans la gorge parce qu’elle n’avait pas dit que les symptômes de Jalindra ne ressemblait pas à ceux d’une contamination par la goo.

Et puis, il y a eu ce jour terrible alors que nous marchions vers frère arbre pour aller dormir, elle a eu des visions : des ombres qui tentaient de l’entraîner. J’ai su qu’elle était contaminée. J’ai complètement paniqué, lui hurlant de revenir près de moi, cherchant du regard les ombres qu’elle semblait voir, leur demandant de laisser Jalindra. Je suppose que c’est ma panique qui l’a fait revenir à la réalité. Elle était là, à nouveau, m’enveloppant de ses bras, m’affirmant que c’était fini. Pourtant, l’une comme l’autre, nous savions qu’il ne s’agissait que du début… Il fallait absolument qu’elle se soigne.

J’ai envoyé des izams d’appels à l’aide à Na Djaï’tal et Anyume. Mon petit arbre bleu a répondu toute de suite, il ne pouvait pas nous rejoindre mais nous a conseillées d’aller trouver l’éveillée zoraï Fey-Lin au plus vite. Nous avons suivi ses conseils et demandé audience à celle-ci. Elle était à Jen-Laï. Quand nous sommes arrivées, elle était en grande discussion avec un fyros Thols. J’essayais d’attendre patiemment la fin de leur discussion mais mon attitude a du interpeller Fey-Lin. Et elle s’est inquiétée de savoir ce que nous voulions.

Nous avons expliqué sommairement que nous pensions que certains aspirants rangers avaient dû être contaminés, évitant de dire que Jalindra qui était à côté d’eux devait l’être assurément. Leur réaction nous a glacé. Pour eux, il fallait isoler tous ceux qui étaient contaminés car la contamination pouvait se transmettre par l’intermédiaire de tous les « fluides » que leur corps rejetaient. Nous avons blêmi… Il était évident dans ce cas que j’avais été contaminée. Et quand nous avons demandé comment nous pouvions, les guérir. Ils ont eu des airs dubitatifs. Pour eux, ça n’était pas possible à part peut-être avec une purge totale de leur corps mais tous les fluides qu’ils rejetaient devait être emmagasinés dans un récipient spécial pour être ensuite placé dans un endroit déjà contaminé par la goo. Nous sommes reparties de là effondrées. Jalindra se sentait horriblement coupable de m’avoir sans doute contaminée. Mais moi, à vrai dire, ça ne me dérangeait pas… au moins… je partirais avec elle. Et si il fallait nous isoler à tout jamais, nous le ferions ensembles. Jalindra a bien essayer de résister un instant à ma tendresse sous prétexte de me protéger mais çà nous était impossible d’envisager de ne plus nous embrasser, nous câliner.

Le lendemain nous avons retrouvé Anyume en lui expliquant ce que nous avait dit Fey-Lin et Thols. Elle était furieuse contre eux. Elle disait que les homins et en particulier les zoraïs avaient tellement peur de la goo qu’ils ne cherchaient même pas à l’étudier et disaient des énormités à son sujet. D’après les carnets de Laofa, les risques de contamination inter-homins étaient faibles voir nuls. Mais, elle était inquiète des symptômes de Jalindra. Aussi, elle nous a proposé une expédition au point du milieu pour nous purifier avec de la sève pure. Nous sommes retrouvées dans cette étrange endroit des Terres Abandonnées.

Jalindra et moi, nous étions arrivées en premières et en l’attendant, nous nous sommes plongées dans le lac de sève pour nous amuser un peu. C’est alors que nous avons reçu un izam d’Anyume : « Sautez pas dans la mare ! On prend la sève et on se frotte avec ! Et après on ira faire trempette! ». Jalindra et moi, nous nous sommes regardées avant d’éclater de rire : nous étions au milieu du lac de sève. Nous avons couru jusqu’au bord pour essayer de faire ce que nous dictait Anyume. C’est alors que nous avons vu quelqu’un arriver devant nous qui nous a salué d’une voix grave : « Bankun jeunes fyrettes! C’est 150 000 dappers la taxe dans la zone ! ». Puis, nous avons entendu un grand éclat de rire sous le casque. C’était Anyume qui avait tenté de nous faire peur. Nous avons toutes les trois éclatées de rire.

Anyume est redevenue sérieuse : « Bien, à présent il ne faut pas faire n’importe quoi. La goo et la sève ont une relation étrange. Elles se combattent et se nourrissent en même temps. Nous sommes ici sur une des artères de sève d’Atys. Si elle se faisait contaminer par la goo, ce serait comme réveiller le Dragon. L’apocalypse des karavaniers… ». Nous n’étions pas très rassurées par ses paroles. Je sentais Jalindra tendue et j’ai caressé tendrement son dos. Elle a demandé inquiète : « Et comment on fait? pour ne pas contaminer? ». Anyume s’est mise à rougir : « Je… heu, vous avez eu l’occasion déjà de vous examiner en détail mutuellement ? Il faudrait… vérifier s’il n’y a pas de lésions cutanées. ». Jalindra a dit doucement : « Heu.. non je n’ai rien remarqué. ». Anyume m’a regardée : « Tu l’as bien examiné ? Partout ? ». Je n’ai pas pu m’empêcher de pouffer à cette question : « Oui, oui… partout… partout… ». Anyume est devenue rouge pivoine.

Elle a commencé à fouiller dans son sac pour se redonner une contenance : « J’ai mis du temps à venir, je devais me procurer quelques trucs… ». Elle a sorti un fiole avec un liquide vert très pale. Elle m’a demandé : « Est-ce que Jalindra s’énerve facilement ces temps-ci ? ». J’ai secoué la tête : « Non… elle a surtout peur de m’avoir contaminée à cause du mélange de nos… « fuildes » comme à dit Fey-Lin ». Elle m’a rassuré : « Ne t’inquiète pas Shaakya. Visiblement il n’y a quasi pas de risque. C’était une des grandes craintes de Laofa. Elle était très amoureuse… et craignait de contaminer son amant. Pendant longtemps elle s’est forcée à la chasteté à cause de ça. Et puis ses études ont fini par la rassurer et aussi son amant… ». J’ai fait une moue dubitative : « Oui mais nous la chasteté… ce n’est pas notre truc hein… ». Elle a ri : « Je me doute que vous n’êtes pas chastes, dur de résister au charme de Shaakya ! ». Je me suis mise à rougir craignant un peu la réaction de Jalindra mais celle-ci a souri : « Je confirme ». Puis, elle a dit sur un ton plus inquiet : « Je m’inquiète de la contaminer, je m’inquiète de m’en prendre à elle, je m’inquiète de perdre la raison… ». Anyume a acquiescé : « Tu as raison de craindre la folie Jalindra. C’est le pire, avec la douleur. ».

Elle a hésité puis a finalement tendu la fiole à Jalindra : « Bois-en la moitié, même si c’est ignoble ». Jalindra s’est bouchée le nez pour avaler la mixture. Elle a pâli essayant visiblement de ne pas tout revomir. Je me suis sentie mal quand Anyume a dit : « Shaakya, bois ce qui reste. ». J’ai essayé de protester : « Mais je croyais que je n’étais pas censée être contaminée? ». Mais, elle a dit : « On ne sait jamais! ». J’ai pris la bouteille et j’ai commencé à boire. C’était répugnant : « BOUARKKKKK!!! ». Mon cri de dégoût a du s’entendre sur tout Atys. Anyume et Jalindra ont éclaté de rire.

Puis Anyume a lancé : « Bien, maintenant, en petite tenue, on va nager un peu ! ». Je n’étais pas sûre d’avoir compris : « Tu veux dire… toutes nues ? ». Elle a acquiescé avant de se déshabiller et se jeter dans le lac de sève. Nous nous sommes jetées dans la sève à sa suite en nous tenant la main. Nous sommes restées quelques minutes ainsi nageant dans le lac. Anyume a fini par dire : « Si on reste trop longtemps, ça décape. Là, ça devrait agir en partie avec ce que vous avez avalé… vous allez vous mettre en phase avec Atys et expulser ce qui reste de goo, si tout va bien… ».

Nous sommes alors sorties de la sève pour nous présenter devant le Maître Kami du Point du milieu. Anyume l’a salué : « Ari’kami. Nous venons combattre le Fléau. Je vous demande votre soutien pour lutter contre lui. ». Nous sommes assises en cercle devant lui en nous tenant la main. La situation était plutôt comique : nous étions à moitié nue devant un Maître Kami. Anyume s’est mise à rire : « Si un foreur ou un croyant passe, on aura l’air malignes! Mais tant pis! Sans Na Djaï’tal physiquement ici, je ne vois pas comment me débrouiller autrement… On ne va pas plonger dans le Chant d’Atys. Je ne suis pas assez experte pour ça. On va juste tenter une purification. Elle est déjà bien entamée… La goo est désordre, néant, destruction et chaos, à la fois dans les corps et les esprits. Pour la combattre, il faut donc laisser la paix venir et nous habiter. C’est un des meilleurs lieux pour ça… Ici, on peut entendre battre le cœur d’Atys… ».

Elle a fermé les yeux en expirant profondément, semblant rayonner d’énergie. Jalindra restait sérieuse semblant tenter de faire le vide dans son esprit. Et moi, j’avais une envie folle de rigoler. Anyume a dit d’une voix douce : « Pensez à des choses agréables et sereines. Essayez d’être en harmonie avec le monde… d’entendre le Chant et de joindre votre voix à sa mélodie. ». Elle m’a regardée en souriant. J’essayais désespérément de me retenir de rire. Elle a dit doucement : « Ne te retiens pas! Le rire est un des rythmes du Chant, un des meilleurs. ». J’ai éclaté de rire incapable de me retenir plus. Jalindra a été prise d’un fou rire communicatif et finalement Anyume s’est mise à rire elle aussi. Nous avons fini par pleurer de rire.

Puis, nous avons repris petit à petit notre calme, essuyant nos larmes. Nous étions sur le point de nous rhabiller pour nous rendre vers les chutes mystiques du pays zoraï quand un vorax agressif s’est jeté sur nous. Les gardes kamis ont riposté pour nous défendre pendant que nous nous jetions dans le lac de sève pour nous mettre à l’abri. Je regardais cet étrange ballet des sorts jetés sur le vorax et celui-ci qui répliquait à coups de dents. Anyume a commenté ce combat : « C’est une allégorie de la lutte contre le chaos ! ».

Nous nous sommes rhabillées ensuite pour nous rendre aux Chutes mystiques. Arrivées là bas, Anyume a regardé la cascade avec une expression indéfinissable. Quand à moi, j’ai rougi en reconnaissant l’endroit. C’était là que Na Djaï’tal m’avait emmenée après que nous soyons devenus amants, là où j’avais osé pour la première fois avoir les gestes d’une amante envers un homin après ce que j’avais vécu. Anyume nous a dit de nous rincer et nous frotter pour enlever la sève qui était restée sur nous. Elle avait un regard mélancolique quand on a essayé de savoir ce qu’elle avait, elle a juste répondu : « Je n’étais pas revenue depuis… Très longtemps… ».

Elle restait pensive puis elle a dit soudain : « Je vais peut-être vous laisser là… c’est un endroit apprécié des amoureux ! En théorie, ce qu’on a fait devrait suffire. Si ce n’est pas le cas… alors ce sera très mauvais. Si jamais il y a de nouveaux des symptômes cela voudra dire qu’il n’y a plus rien à faire, à part prier… et même là… Et si c’est le cas, la NASA a des protocoles pour aider à lutter contre la démence et la douleur. Mais une chose très importante : si l’une de vous se révèle contaminée, sans espoir de retour, elle devra garder le secret. Je veux dire : sa compagne peut savoir, la NASA aussi, du moins la branche goo mais évitez que ça s’ébruite. Vous l’avez vu avec Fey-lin : la goo est mal comprise, mal acceptée… Elle met des gens biens à l’écart de tout. Laofa pensait que cette ostracisation faisait partie de la progression de la démence… Il est important de protéger les gens atteints de ces préjugés absurdes. ». Elle a pris un visage plus souriant : « Mais ça devrait bien se passer à présent ! L’Écorce chantait avec nous tout à l’heure, elle riait de la blague… il n’y a pas de raison que ça évolue mal. Par contre, tu vas peut-être tousser plus ces jours-ci, et avoir un peu faim ! Prenez soin de vous deux… Je file ! dormez bien ! ». Elle a remis ses bottes. Je l’ai remerciée avant d’embrasser son front. Elle a déchiré un pacte avant de disparaitre.

J’ai proposé à Jalindra de dormir ici. Elle a accepté trouvant le lieu magnifique avec ses fleurs de printemps. Nous avons parlé des souvenirs que j’avais de Na Djaï’tal à cet endroit, juste avant que je m’enfuie dans la kitinière pour la première fois. Puis, Jalindra a reparlé de ce que nous venions de vivre : « Je me suis sentie comme une paria avec Fey-lin… j’avais juste peur d’avoir une vision au mauvais moment! Et là, Anyume m’a offert une vie de bonheur à tes côtés. ». J’ai souri : « J’aurais vécu une vie de paria avec toi tu sais! ». Elle a hoché la tête : « Je sais mon amour… et ça rendait les choses encore plus difficiles, quelques part… ». Je l’ai caressée tendrement : « Finalement on va devenir vieilles ensemble! ». Elle a murmuré : « La vie est tellement plus belle ici. ». J’ai murmuré en la serrant contre moi : « La vie est tellement plus belle avec toi… ». Nous nous sommes câlinées tendrement avant de nous endormir.

Les jours suivants, il n’y avait plus aucun symptôme. Anyume avait guéri Jalindra et peut-être moi également. Je pensais à cette mystérieuse zoraï, Laofa que j’avais cherchée et qui m’avait fait découvrir Anyume. Ses carnets avaient sans doute sauvé la vie de Jalindra. Je ne sais pas si elle m’a entendue mais j’ai laissé le vent d’Atys emporter mes remerciements en espérant qu’elle les reçoive de là où elle était.

Powered by WordPress | Theme: Motion by 85ideas.