Après avoir senti le souffle de la mort nous effleurer, nous avions besoin de profiter de la vie ensemble. Aussi un soir, j’ai proposé à Jalindra de réaliser mon rêve de faire le tour d’Atys à dos de mektoubs. Elle a acquiescé mais sans enthousiasme. J’ai eu l’impression de revoir Eeri quand je lui avais proposé la même chose. Eeri avait ensuite toujours esquivé le sujet affirmant qu’elle avait trop de travail mais que nous le ferions un jour… J’ai soupiré : décidément, il n’y avait que moi à avoir ce rêve.

J’étais persuadée que Jalindra allait faire la même chose qu’Eeri. Aussi, je l’ai regardée avec des yeux ronds quand dés le lendemain, elle a proposé que nous nous préparions pour entamer notre tour d’Atys. J’étais stupéfaite et terriblement heureuse. Nous avons préparé nos bagages. Je me dépêchais de peur qu’elle change d’avis, m’emmêlant les pinceaux. Jalindra était, quand à elle, très calme me proposant de m’aider à stocker le superflu. Et nous sommes parties!!!

Du pays des lacs tryker à la jungle zoraï

Nous n’avions décidé d’aucun chemin particulier. Nous voulions juste être libres de nos mouvements, sans être obligées de nous arrêter dans les villes. Aussi, nous avions pris le maximum de nourritures pour nos mektoubs. Je galopais comme un folle en direction du vortex menant à la route des ombres, oubliant les précautions d’usage. Résultat : je me suis retrouvée au milieu des kitines des lacs. Heureusement, Jalindra était bien plus prudente et a réussi à s’enfuir. Gato, mon mektoub, a réussi à survivre mais il restait au milieu des kitines sans savoir quoi faire. Jalindra n’a pas réussi à m’atteindre aussi j’ai du demander une résurrection aux kamis. Maintenant, il nous fallait ramener Gato mais après plusieurs essais infructueux, nous commencions à nous dire qu’on ne pourrait vraiment pas y arriver. Notre voyage commençait bien… même pas une étape et nous avions déjà perdu un toub… Et puis, un tryker du clan macFay nous a proposé de nous aider. Le tryker était un grand combattant, et avec notre support en soin, nous n’avons eu aucun mal à récupérer Gato qui m’a suivi bien sagement jusqu’au vortex. Le tryker nous a ensuite quitté après que nous l’ayons remercié chaleureusement, en nous conseillant de porter une armure lourde si nous nous déplacions en mektoub.

La jungle zoraï

La traversée des primes racines a été assez facile et nous sommes arrivées au pays zoraï sans encombre. Nous sommes allées dormir le premier soir sur la colline du bosquet vierge que j’avais appelée : la colline de Na Djaï’tal. C’était là que Jalindra et moi avions failli devenir amantes avant qu’un importun ne nous dérange. Cette fois-ci, personne n’est venue nous déranger…

Le lendemain, nous avons aidé Kiwalie et Nerwane à rechercher des termitières. Nous avons visité dans tous les sens la jungle zoraï. Nous sommes même allées dans la région du vide pour aller visiter l’ancienne kitinière. Il y avait une termitière cachée tout en haut. L’endroit était étrange comme une forteresse impressionnante mais désertée.

Nous avons fini par rejoindre épuisée notre petit coin que nous avions appelé : notre arbre fleuri. Il était tellement magnifique au printemps.

Le lendemain, nous avons beaucoup ri au sujet de nos mektoubs les soupçonnant d’entretenir une relation amoureuse même si il s’agissait de deux mâles. Gato présentant toujours son derrière à celui de Jalindra que j’avais surnommé « Termite », en hommage à nos recherches de termitières.

Le désert fyros

Nous sommes repartie par les primes racines des sources interdites pour rejoindre le désert fyros. Cette fois, la traversée a été plus que périlleuse. Même si nos toubs avaient l’avantage d’être extrêmement rapides, les créatures peuplant cette région étaient très agressives. Termite, le mektoub de Jalindra, n’a pas survécu à la traversée…

C’est un peu tristes que nous sommes arrivées à Dyron où Jalindra a pu racheter un beau mektoub du désert. Nous avons rejoint l’oasis d’oflovak pour planter notre camp pour la nuit en haut d’une falaise. Nous avons admiré le paysage en nous câlinant tendrement avant de nous endormir.

Le lendemain, en nous promenant à travers le désert, la discussion est venue sur Shab, celui qui avait failli devenir l’homin de Jalindra. Elle m’a montrée d’une haut d’une falaise l’endroit de la forêt enflammée où elle avait trouvé son corps puis elle s’est éloignée comme si la douleur de ce souvenir était encore trop vive. Je comprenais soudain qu’elle n’avait jamais pu faire son deuil. Elle avait encaissé la mort de Shab et s’était enfuie dans la solitude du désert pour vivre loin de tout. Le second essaim était arrivé et elle avait du lutter pour survivre sans même pouvoir repenser à la mort de son homin. J’ai couru après elle en lui demandant de me parler de Shab. Mais, elle s’est refermée sur elle même.

Mais, à force d’insister avec douceur, elle a fini par me conduire dans la forêt enflammée à l’endroit où ils avaient l’habitude tous les deux de récolter. Elle a fini par me raconter comment il avait disparu et l’horrible découverte de son corps. Elle avait beaucoup pleuré et moi avec elle. Elle s’était endormie dans mes bras épuisée par les sanglots et l’émotion.

Quand je me suis réveillée le lendemain, elle n’était plus là. J’ai eu un moment terrible de panique : où était elle? Avait-elle décidé de retourner vivre dans le désert seule? La douleur de la perte de Shab lui rappelant qu’elle pouvait me perdre moi aussi et que la douleur serait insupportable… Je me suis redressée d’un bond, la cherchant du regard. Puis, j’ai vu un petit mot qu’elle avait laissé m’expliquant qu’elle était allée dire au revoir à Shab sur le lieu où il avait été enterré laissant la forêt enflammée brûler son corps sans vie. J’ai couru la rejoindre en essayant d’enfiler mon pantalon en même temps, manquant de m’écrouler par terre. Quand je l’ai aperçue au loin, je me suis arrêtée brutalement dans un dérapage comique faisant voler les cendres de la forêt enflammée autour de moi. Jalindra était debout exprimant sa douleur et sa colère contre celui qui l’avait laissée seule après l’avoir demandée en mariage. J’ai cueilli un bouquet de petites fleurs blanches en forme d’étoile.

Elle m’a aperçue et m’a fait signe de la rejoindre. Elle avait des larmes plein les yeux. Je me suis approchée doucement d’elle, je l’ai attirée contre moi en la serrant fort. Elle a laissé s’exprimer son chagrin tandis que je la berçais tendrement. Quand ses pleurs ont commencé à s’estomper, j’ai embrassé doucement son front en caressant son visage, essuyant délicatement les larmes de ses joues. Puis, j’ai déposé le bouquet de fleurs blanches devant nous et j’ai dit doucement : « Shab, j’espère que tu es heureux de voir Jalindra à nouveau sourire et rire de là où tu es. Je te promets de prendre soin d’elle et de la rendre heureuse comme tu aurais voulu le faire. Sache en tout cas qu’avec moi, elle ne manquera jamais d’amour ou de tendresse. ».

Jalindra semblait touchée par mes paroles. Nous avons vu soudain une source apparaître au milieu des fleurs. Elle a souri en passant sa main dessus. Elle a murmuré, les yeux perdus dans le vague : « Je lui ai parlé de toi, après m’être excusée de ne pas être venue avant… Il sait à quel point tu me rends heureuse… et surement que sans toi, je ne serais jamais revenue… ». Elle s’est penchée pour cueillir des fleurs à son tour et les déposer dans la source en souriant tendrement. Elle a murmuré en direction du bouquet de fleurs : « Tu resteras mon premier amour… celui qui a montré à une fyrette solitaire que l’amour existait… j’espère que l’autre monde n’est qu’amour et que tu es bien… ». Elle s’est relevée et m’a pris la main pour me ramener aux mektoubs. Ce jour là, ma bek-i-bemaï avait enfin pu faire le deuil de son homin.

Le lendemain, pour nous changer les idées, j’ai proposé à Jalindra d’aller rendre visite aux fraiders : cette drôle de tribu primitive du désert. Le chemin a été difficile le long du couloir brûlé mais nous avons réussi à rejoindre le camp sans trop de mal grâce à la vitesse de pointe de nos mektoubs. J’ai même pu lui montrer l’endroit où Kyshala était tombée devant l’entrée de l’oasis secrète des Kamis où tous les homins s’étaient réunis pour fuir le deuxième grand essaim.

Les fraiders nous ont accueillis à leur manière un peu frustre. Épuisées, nous nous sommes installées pour la nuit. Et c’est là derrière un de ses énormes crânes qui entourent le camp des fraiders que nous avons aperçu une des termitières recherchées par les aspirants rangers. Nous avons aussitôt envoyé un izam à Kiwalie la prévenant fièrement de notre découverte.

C’est là bas aussi que nous avons eu l’idée saugrenue de faire le gâteau à la bière que j’avais promis à Eeri le jour de son départ. Jalindra m’a regardée faire effarée mélanger les œufs écrabouillés avec plus ou moins de coquilles, la farine, la bière et le shookila. Elle a étouffé un fou rire, songeant soudain aux coquilles d’œufs qu’elle avait du avaler sans le savoir. Elle a tenté de m’expliquer sa technique où elle cassait délicatement le haut de l’œuf avec sa pique pour ensuite enlever le reste des coquilles. J’ai essayé de faire la même chose coinçant l’œuf entre mes pieds et donnant de petits coups dessus mais sans succès. J’ai fini par donner un grand coup de dague. L’œuf a bien sûr éclaté sous la violence du choc, m’éclaboussant entièrement de la tête au pied sous les fous rires de Jalindra : « C’est un œuf, pas un varinx! Remarques… c’est une bonne technique pour une omelette! ». Elle a continué à rire m’aspergeant de bière avant de venir m’embrasser : « Ça manque un peu de sucre quand même… ». Je vous laisse imaginer la suite de la bataille de farine et de sucre parsemée de bière devant des fraiders médusés de découvrir les mœurs étranges des fyros.

Nous avons parcouru ensuite le désert de long en large, retournant auprès de frère arbre et à la taverne de Pyr, le lieu de notre première rencontre, comme un retour aux sources de notre si belle rencontre. Cela nous a donné envie de rejoindre le pays matis où nous avions passé pas mal de temps ensembles à apprendre le métier de fleuriste alors que nous n’étions alors que des amies.

Le pays Matis et le Nexus

Nous avons donc rejoint Thesos pour prendre le vortex qui mène directement au si beau désert matis. La route s’est déroulée sans encombre, rejoignant Yrkanis, retrouvant le dôme où elle m’avait massée si souvent les pieds. Nous nous sommes endormies épuisées par le trajet dans les bras l’une de l’autre.

Le lendemain, nous étions déjà repartie. Nous voulions retrouver le Nexus et sa « piscine » où nous avions déjà passé une nuit. L’endroit était magnifique au printemps même si les créatures et les homins qu’on y trouvait n’étaient pas particulièrement amicales.

De retour au pays matis, nous avons croisé Kiwalie qui nous a emmené dans une chasse aux termitières rangers. Durant nos pérégrinations, nous sommes tombées sur Bodokin : le roi des bodocs. Une magnifique créature au pelage bleuté et aux cornes dorées ressemblant à une couronne.

Nous avions entendu la légende qui entourait cette créature : pour une raison inexplicable, les psykoplas défendaient le roi des bodocs. Quand nous l’avons trouvé, Bodokin étaient justement entourés par un champ de psykoplas. Forcément, il a fallu que nous testions si la légende était vraie. Il ne nous a pas fallu longtemps pour le découvrir quand nous nous sommes retrouvées à être attaquées de toutes parts par les plantes intelligentes. Notre retraite a été peu glorieuse mais nous sommes revenues à la charge, nous débarrassant en premier des plantes. Nous pensions avoir fait le plus gros et nous avons commencé à attaquer Bodokin mais soudain un troupeau de bodocs enragés est apparu défendant leur roi. La retraite a été encore moins glorieuse cette fois-ci : des psykoplas étaient réapparus nous barrant le principal chemin de sortie et nous lançaient des attaques magiques. Nous sommes pourtant passées au travers poursuivies par des bodocs enragés qui refusaient de nous laisser aller et des ragus qui se sont joints à la fête trouvant l’opportunité trop belle pour croquer de l’homine.
Après avoir soigné nos blessures, nous avons beaucoup ri de notre mésaventure, essayant d’élaborer un plan plus intelligent : on se débarrasse des bodocs puis des psykoplas et enfin de Bodokin. C’est donc fières de notre plan si bien préparé que nous sommes retournées sur les lieux, Jalindra appliquant avec beaucoup d’attention les étapes de notre plan. Pendant que Kiwalie et moi nous faisions n’importe quoi attaquant Bodokin en premier. Celui-ci nous a alors attaqué, nous avons fui riant comme des folles attaquées par les psykoplas au passage et suivi par quelques bodocs, laissant Jalindra seule contre le gros de la troupe des bodocs et qui pestait de nous voir faire n’importe quoi. Mais en fait, ce n’était pas une si mauvaise idée que çà d’attirer Bodokin en dehors de sa troupe de protection. Nous n’avons eu aucun mal à nous débarrasser des bodocs qui nous avaient suivi. nous avons ensuite attaqué Bodokin parfois agacées par des ragus qui voulaient revenir nous croquer. Jalindra est arrivée en courant, soulagée de voir que je n’avais rien, juste au moment où Kiwalie donnait le coup de grâce. Le magnifique roi bodoc était tombé. Nous nous sommes partagées les précieuses matières premières avant de nous séparer, riant encore de notre aventure.

Jalindra et moi, après avoir récupéré nos mektoubs, nous sommes retournées sur le lieu que nous avions surnommé : « la marre aux grenouilles ». Les abords du point d’eau étaient infestés de cutters et de ragus qui venaient sans doute là pour chasser les nombreux herbivores qui venaient s’y abreuver. La rapidité de nos mektoubs nous a permis de passer au travers des carnivores sans encombre.

De l’autre côté de la marre surmontée de falaises, nous étions à l’abri. La pluie est arrivée faisant sortir les grenouilles pour notre plus grande joie!!! Je me suis mise à les chasser dans tous les sens attrapant de magnifiques mottes de terre à la place. Nous avons beaucoup ri en imaginant embrasser les grenouilles pour qu’elles se transforment en princesse ou en prince comme dans les contes pour petits homins. Au final, c’est dans les bras de ma princesse bien réelle, Jalindra, que je me suis endormie ce soir là.

Le lendemain, nous avons rejoins Avalae, la ville la plus au sud du pays matis. Nous avions l’intention de rejoindre le pays des lacs. Mais auparavant, nous préférions laisser nos mektoubs se reposer dans une étable avant le périple dangereux qui nous attendait. Quand à nous, dormir dans une ville ne nous enchantait pas vraiment. Aussi, nous avons rejoint un joli endroit où un arbre liane poussait isolé de tout. Je me suis réveillée cette nuit là. Je regardais ma belle dormir : elle était magnifique… Je l’aimais tellement… J’ai commencé à la caresser, enflammant mon désir, alors qu’elle s’éveillait à peine. Je l’ai emportée dans le plaisir intense sans qu’elle puisse me rendre mes caresses. Quand elle est retombée entre mes bras, j’ai goûté tendrement ses lèvres. Je lui ai murmuré alors qu’une larme d’émotion coulait le long de ma joue : « el makèch mayumé… plus que tout… ». Elle était encore tremblante du plaisir offert quand elle a recueilli ma larme de ses lèvres en murmurant : « Je t’aime mayumé… ». Nous sommes restées un long moment silencieuses, nos corps entremêlés, profitant de la chaleur et de la douceur de l’autre, laissant l’émotion nous traverser.

Au bout de quelques minutes, elle a murmuré en me caressant tendrement la joue : « Je veux que tout le monde sache comme je t’aime… Tu veux devenir mon homine? Enfin… officiellement? ». Je l’ai regardée avec des yeux perdus avant de me blottir contre elle en sanglotant : « Oui bien sûr que oui… ». Je me suis relevée pour la regarder : « Je… j’y ai pensé… je voulais te le proposer… mais je ne savais pas comment… ni les mots… je voulais te trouver une bague et… ». Je suis retournée dans ses bras en pleurant. Elle a souri tendrement avant de me serrer fort contre elle : « C’est vrai que c’est assez simple comme façon de demander… mais je n’ai jamais besoin de réfléchir avec toi, tout vient naturellement… mais si tu veux… ». Elle s’est écartée avant de mettre un genou à terre : « Mayumé… je t’aime, et je veux vieillir avec toi. Ça, tu le sais déjà ! Mais surtout, je ne veux plus qu’on se cache, je veux que ce lien si fort qui nous uni soit reconnu par tous et qu’on ne nous appelle plus jamais les jumelles!!! ». Elle a éclaté de rire avant de continuer : « Tu es l’amour de ma vie et nous resterons liées bien après… et je veux t’épouser ! ». Je l’ai relevée pour l’envelopper de mes bras : « La première demande était très bien tu sais… je n’en demandais pas plus… ». Je me suis doucement écartée pour mettre un genou à terre. J’avais la voix enrouée par l’émotion quand à mon tour, j’ai fait ma demande : « Mayumé… tu es mon rêve… celle que j’ai toujours espéré avoir dans ma vie… je veux être ton homine et que tu sois la mienne, celle avec qui je partagerai ma vie jusqu’au bout… et ne plus jamais être séparée de toi… ». Je me suis relevée. Elle avait le regard débordant d’émotion. J’ai pris son visage entre mes mains pour l’embrasser avec beaucoup d’amour. Je me suis écartée doucement avant de prendre un petit air taquin : « Et aussi… qu’on ne nous appelle plus les jumelles! ». Elle m’a serrée contre elle m’embrassant à nouveau. Difficile de décrire cette émotion que nous avions toutes les deux… Nous savions que ce que nous vivions était rare et que ce mariage n’était rien de plus qu’une façon de montrer à nos amis à quel point nous étions liées mais que çà ne changerait en rien notre liaison si intense. Nous avons parlé de longues heures ensuite : nous savions juste que nous voulions un mariage Hoodo mêlant les traditions des différents peuples d’Atys.

Mais avant de nous marier, il nous fallait terminer notre tour d’Atys, quitter le pays Matis pour rejoindre notre région de départ : le pays des lacs. Le chemin le plus court était celui passant au travers du labyrinthe de la Masure de l’Hérétique. C’était aussi le plus dangereux. Nous sommes donc reparties sur la route.

Nous n’avions même pas atteint le labyrinthe que déjà nous étions attaquées de toutes parts. Jalindra a perdu son beau mektoub du désert : Termite II. Elle m’a laissée seule pas loin de l’entrée de la Masure de l’Hérétique pour aller se chercher un nouveau mektoub matis et rayé : Termite III. Je dois dire que je n’étais pas très rassurée d’être seule entourée par des carnivores évoluant au loin en attendant son retour.

Elle est arrivée poursuivie par une cohorte de bestioles, me criant de loin de remonter sur mon mektoub pour la suivre. Je suis remontée en catastrophe sur Gato la suivant du mieux que je pouvais. Nous nous sommes enfoncées dans le labyrinthe à corps perdu, prenant les chemins qui nous semblaient les plus libres oubliant de marquer nos passages. Les premiers poursuivants ont abandonné la poursuite, mais aussitôt reprise par d’autres carnivores affamés… J’ai fini par tomber sous leurs coups pendant que Jalindra réussissait à s’enfuir. Elle a réussi à revenir pour me soigner. Gato n’avait rien et nous avons pu reprendre la route, nous enfonçant un peu plus dans l’horrible labyrinthe. Une nouvelle attaque nous a surprises. Une nouvelle fois, je suis tombée. Jalindra a réussi à s’enfuir mais est finalement tombée elle aussi, un peu plus loin. Nous avons demandé une résurrection aux kamis près du vortex du pays des lacs. Nous savions que nos mektoubs étaient vivants eux… Mais, il allait falloir les retrouver en plein milieu de ce dédale marécageux et dangereux.

Combien de fois, avons nous tenté de les rejoindre ce jour là ? Je ne sais pas… sans doute une vingtaine ou une trentaine de fois… cherchant un chemin, allant un peu plus loin à chaque fois… mais tombant au final contre l’afflux de créatures… C’est épuisées que nous avons réussi à rejoindre la plage d’un lac nous permettant de trouver un endroit calme pour la nuit… Nous pensions à nos toubs : allaient-ils survivre à cette nuit dans l’horrible marécage?

Le lendemain, nous avons recommencé encore et encore… échouant à chaque fois. Le soir, nous avons retrouvé le petit lac de la veille, encore plus épuisée. Nous avons commencé à évoquer l’idée d’abandonner nos toubs, ne voyant absolument pas comment nous pourrions les sortir de là… Pendant la nuit, l’horrible cauchemar du kirosta rouge m’a hantée, alors qu’il avait disparu depuis le « Voyage ». Heureusement que Jalindra n’avait pas oublié d’attacher la liane à nos deux poignets : je ne sais pas où j’aurais atterri… Jalindra me serrait contre elle alors que j’essayais de reprendre pied dans la réalité. J’ai tenté de lui expliquer que l’idée d’abandonner nos toubs, avait fait ressurgir l’horrible traumatisme que j’avais vécu avec la perte de ma mère et de mon père et le sentiment d’abandon qui avait suivi. Ma belle s’est excusée pensant être la responsable de mon cauchemar. Mais, elle n’y était pour rien : j’avais moi aussi pensé à l’idée de laisser nos mektoubs au fin fond de la Masure de l’Hérétique…

Au final, nous nous sommes promises de tout faire pour les récupérer. A deux, nous n’y arrivions pas… alors, nous allions demander de l’aide à nos amis. Zo’ro Argh est venu nous aider une journée mais sans succès… Et le lendemain, c’est Kiwalie et Corwin qui sont venus à notre aide. La puissance de frappe de Kiwalie et Corwin a été décisive et même si nous avons subi une ou deux résurrections, nous avons pu rejoindre nos mektoubs qui étaient restés bien sagement là où nous étions tombées. Pour les sortir du labyrinthe, nous avons abandonnés l’idée de rejoindre le vortex nous emmenant directement au pays des lacs. Nous allions retourner au nord pour au moins les mettre à l’abri, aidant à chasser quelques rois au passage pour Kiwalie et Corwin, en remerciement de leur aide.

Nous avons passé une nouvelle nuit près de l’arbre liane d’Avalae, tandis que nos toubs retrouvaient le confort de l’étable de la ville. Le lendemain, nous sommes reparties vers le pays des lacs en faisant le grand détour par le gouffre d’ichor, le nexus et la route des ombres. Le chemin pourtant pas des plus tranquille, nous a semblé particulièrement facile après ce que nous avions vécu dans la Masure de l’Hérétique.

Nous sommes arrivées à Fairhaven fourbues laissant nos mektoubs dans l’étable pour un repos bien mérité. Nous avons retrouvé pour la nuit l’île de Kyshala avec bonheur mais avec un petit pincement au cœur : notre aventure était terminée. Mais une chose était sûre : nous avions emmagasiné des souvenirs pour toute une vie… Peut-être que pour certains, ce genre d’expédition pouvait détruire leur couple, mais pour ma belle et moi, cela n’avait fait que renforcer notre attachement au point que nous nous étions demandées en mariage. Désormais, j’allais rêver de ma bek-i-bemaï en robe de mariée!