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Kyshala

Je me nomme Kyshala. Je suis une Fyros.

Mon peuple s’était réfugié dans les profondeurs d’Atys à la suite de ce que l’on a appelé le Grand Essaim. Il s’agissait d’une invasion de kitins, de gros insectes géants, qui détruisaient tout sur leur passage. Les quatre peuples homins qui vivaient jusque là séparés, les Fyros, les Zoraïs, les Trykers et les Matis, ont du apprendre à vivre ensemble dans les terres anciennes.

Les années ont passé et petit à petit les premiers courageux ont rejoint la surface. Ils ont commencé à sécuriser certains territoires. Mais tout était à refaire et à reconstruire : les villes, les routes. Enfant, je regardais avec envie, les plus aventureux partir vers le nouveau monde. Tous savaient que même si les territoires étaient « sécurisés », le danger était toujours présent.

Devenue adulte, je me suis décidée à rejoindre moi aussi la surface. J’avais besoin de voir autre chose et de réaliser mon rêve d’enfance.

J’ai préparé mon sac. Puis, j’ai embrassé mes parents et ma petite cousine Shaakya. Je savais que je ne les reverrais pas avant longtemps et peut-être même jamais…

Je suis partie le coeur à la fois douloureux et en même temps empressée de découvrir ce nouveau monde qui m’avait tant fait rêvé.

Réveil brutal

Nous étions tout joyeux d’arriver à Pyr. Malgré notre épuisement, nous n’avons pas pu nous empêcher d’aller taquiner quelques Shookis devant les portes de la ville. Mais tellement empressés, nous faisions un peu n’importe quoi attaquant chacun une créature sans faire attention de prendre soin de l’autre. Nous avons alors failli succomber sous leur riposte collective. Ça nous a bien fait rire. Nous avons fini par nous trouver un coin pour la nuit. Ywan a basculé très vite dans le sommeil à mes côtés.

Mais, moi, je n’arrivais pas à m’endormir. Alors, je suis montée en haut d’une dune. Je respirais enfin l’air chaud du désert Fyros et plus cette odeur de moisissure des champignons de Silan. Je regardais l’immensité désertique en me disant que j’étais enfin chez moi. Je suis retournée me coucher près d’Ywan avec un sourire aux lèvres.

Le réveil a été brutal. Un « cal i selak » tonitruant a retenti près de moi, le chef de notre guilde Icus me saluait avec la salutation des légionnaires : le fameux « Force et gloire » en fyros. Ywan n’était plus là. Les yeux encore embués de sommeil, j’ai regardé éberluée les légionnaires entourer notre chef. Et c’était parti : la légion se mettait en ordre de bataille!

Les jours qui ont suivi, n’ont été que entraînements intensifs à n’en plus finir et de longues expéditions… encore et encore… Je croisais Ywan que pendant de brefs instants de répits. Eeri n’était pas souvent là, elle non plus. De nouveaux arrivants venaient tous les jours gonfler les rangs de la légion. Je me sentais perdue, ne sachant pas où était ma place. Moi qui avait pourtant déjà eu droit à l’entrainement des légionnaires avec Eeri dans les profondeurs, je me sentais complètement abrutie par ce traitement de choc. J’avais rêvé d’aventures, de découvertes et de grands espaces mais je me retrouvais comme oppressée par la pression que m’infligeait l’entrainement de la légion.

Toutefois, les moments que je préférais étaient les expéditions mais Ywan n’était pas là pour les partager avec moi. J’étais pourtant tellement heureuse de découvrir la taverne de Thesos où Kyshala était venue… Mais, nous nous sommes à peine arrêter. Il fallait déjà repartir cette fois pour Yrkanis la capitale des matis. Tout c’est fait au pas de course comme toujours… Un jeune fyros nous a suivi profitant de la force de frappe des légionnaires en mouvements. J’ai à peine vu les primes racines…Nous étions déjà dans les forêts pleines de champignons du pays matis. A un moment, quelqu’un a crié que le dernier arrivé à la taverne était un bébé matis: insulte suprême pour un fyros. La troupe s’est disloquée chacun courant le plus vite possible pour ne pas arriver dernier. Pour ma part, ne sachant absolument pas où se situait cette taverne, j’ai suivi Eeri. La connaissant, je savais qu’elle pouvait sentir l’odeur d’une taverne à dix kilomètre à la ronde. Mais au final, personne n’est allé là bas. La troupe s’est retrouvée devant l’intendante matis. Le but était de l’agacer le plus possible en refusant la citoyenneté matis. Au début, je trouvais le jeu amusant mais à force, je n’aimais pas ce manque de respect même envers une matis. Et quel était l’intérêt pour la guilde de se mettre déjà à dos les matis, je ne comprenais pas… Je me sentais une fois de plus en total décalage avec ce que j’avais pensé vivre ici. Heureusement, Eeri m’a déclaré par télépathie qu’elle trouvait elle aussi que tout ceci était exagéré. Elle considérait qu’elle avait bien l’intention de se servir de matis pour au moins leur pomper leurs dappers. Elle préférait donc garder des relations neutres avec eux. Au final, je suis retournée par téléporteur à Pyr complètement dépitée, oubliant de prendre un pacte pour pouvoir retourner à Yrkanis…

Les jours passaient. Ywan était toujours aussi absent. Eeri, en tant qu’officier, avait bien d’autres choses à s’occuper que de moi. Je me sentais très seule… Heureusement, j’ai rencontré une petite tryker Lyouna qui était venue s’installer à Pyr. Elle était enthousiaste et je l’ai aidé du mieux que j’ai pu. Elle a fini par vouloir intégrer les légions fyros, elle aussi… Je n’étais pas très enthousiaste pour qu’elle le fasse mais elle semblait tellement y tenir que j’ai donné un avis favorable à sa candidature. Elle m’a sautée au cou pour me remercier après que notre chef Icus lui ait remis son écusson de la légion.

Et puis, j’ai revu Ywan. Il semblait déprimé. Il n’avait plus envie de rien. Je crois qu’il pensait que tout serait facile, qu’il suivrait les traces de son oncle Morandy et qu’il deviendrait un grand magicien et un grand foreur comme lui. Mais la réalité était tout autre. Il était un jeune légionnaire débutant et même si il apprenait bien plus vite que moi, Atys ne faisait aucun cadeau à qui tentait de la défier… Il s’est endormi près du téléporteur kami de l’oasis d’Oflovak. Je l’ai quitté avec la gorge serrée… Allait il repartir et retourner dans les profondeurs?

Libération des pays tryker, zoraï et… matis

Pendant mes pérégrinations dans l’Aeden Aequous, j’avais croisé à Avendale une jeune tryker Gwenith Wyler qui tentait de persuader tous les passants de s’organiser et s’armer pour repousser les kitines dans les profondeurs. Apparemment, elle était la fille d’un héros connu des trykers.

J’avais été surprise de découvrir que Reen avait demandé l’autorisation à Icus d’aller aider son peuple à chasser les kitines de leurs terres… N’est ce pas le devoir de la légion de protéger l’hominité et détruire les kitines? Pourquoi devions nous avoir l’autorisation de notre chef?

Pour ma part, qu’Icus nous ait donné l’autorisation ou non, j’y serais allée, quitte à en subir ses foudres. Autorisera-t-il la légion à participer à la fermeture des nids sur les terres matis? Ce doute me glaçait, je savais que la légion était résolument anti-matis. Allions nous laisser ce peuple sans le soutien des guerriers de la légions sous prétexte que nous détestions les matis?

Alors que cette interrogation me turlupinait, l’heure était venue d’aider les trykers. La jeune et si petite Gwenith Wyler était au milieu de la foule appelant au combat. Le premier nid était juste à côté d’Avendale. Ce nid a été particulièrement difficile à prendre. A chaque fois que nous pensions en venir à bout, d’autres kitines ressortaient encore et encore. Heureusement, que l’eau était proche en solution de repli. Mais, les trykers, peuple épris de liberté, avaient beaucoup de mal à obéir aux ordres. La bataille était complètement désorganisée, les combattants attaquant de tous les côtés sans vraiment employer de stratégie. Mais nous avons fini par en venir à bout. Nous sommes alors entrés dans les lagons de la Loria. Le deuxième nid a été plus facile à prendre mais il était plus petit aussi. Par contre, au troisième, la désorganisation a été totale… Les guerriers ont foncé dans les lignes ennemies sans même laisser le temps aux soigneurs de se placer correctement. Nous nous sommes retrouver au milieu de créatures agressives alors qu’un plan d’eau n’était pas loin, si seulement ils nous avaient laissé le temps de nous placer. Ça a été le massacre. Personne n’a eu le temps de venir me relever et j’ai ressuscité à Fairhaven… Je n’ai pas pu revenir, c’était trop loin. Je ne sais pas ce qu’il en a été de la bataille finale mais je pense que les nids ont fini par être rebouchés.

Quelques jours plus tard, c’était au tour du pays Zoraï d’être libéré. J’ai été impressionnée par l’intelligence de leur organisation. Des guerriers partaient agacer quelques kitines et revenaient vers nous. Au fur et à mesure, par petits groupes nous les décimions, évitant ainsi une attaque frontale avec l’ensemble du nid. Nous avons alors enchaînés les nids sans réelles difficultés. Cette fois aussi, il y avait peu de légionnaires mais Eeri était là. Nous avions été acceptées dans une équipe multi-raciale. C’était plutôt sympathique à part ce combattant qui ne cessait de réclamer à tout va les morceaux de kitines. Il n’arrêtait pas d’agacer Eeri pour qu’elle lui donne les morceaux qu’elle avait. Je détestais qu’on l’embête et j’ai fini par grogner à l’importun : « Tu nous gaves avec tes morceaux de kitines! ». Ce qui a eu le don de faire beaucoup rire Eeri qui ne me connaissait pas ce côté agressif. La bataille s’est terminée après que nous ayons libéré Zora.

Puis le jour est venu de libérer le pays Matis. Aucune conversation de légionnaires ne parlait de participer à cette libération… Ils ne discutaient que d’une chose : la chasse qu’ils allaient organiser entre eux. J’étais déçue… Étais-je donc la seule à vouloir défendre les homins contre les kitines? Est ce que les rancoeurs des peuples ne pouvaient pas s’éteindre le temps d’une bataille contre notre ennemi commun? Je suis allée à Avalae seule alors que je ne connaissais même pas la région… J’ai dû m’y reprendre à deux fois : des kitines poursuivant un homin m’avait finalement trouvée plus à leur goût. Quand je suis arrivée au centre de la ville, il n’y avait que très peu de monde… J’ai regardé autour de moi me demandant si nous étions au bon endroit. Les matis n’étaient pas beaucoup appréciés apparemment. Une tryker m’a gentiment intégrée dans son équipe. Les ondes télépathiques ont commencé à crépiter, les matis demandant l’aide des autres peuples. Zaydan a ricané déclarant que les matis ne s’attendaient quand même pas à ce que les légions fyros participent. Un homin a alors déclaré qu’une légionnaire était pourtant présente à Avalae. J’ai tiqué. Je me doutais que je contrevenais sans doute à la ligne de conduite de la légion. Mais après tout, Kyshala m’avait toujours dit qu’on est une véritable homine que quand on fait ce qu’on pense être juste même si c’est contre l’avis de tous. Tant pis, si je subissais les foudres des autres légionnaires. Zaydan a fini par demander sur les ondes de la guilde quel légionnaire participait à la bataille. Je n’ai rien répondu. Ywan a semblé étonné qu’un légionnaire puisse être là bas et puis la conversation a cessé. Ils ont sans doute pensé qu’on leur avait menti. Les combats étaient bien moins organisés que chez les zoraïs même si les matis tentaient d’imiter leur technique mais en tout cas bien mieux que chez les trykers. La bataille a fini par être gagnée.

L’ensemble des pays homins avait été vidé des envahisseurs kitines. J’étais heureuse d’avoir participé à cette libération. Mais, j’avais comme un goût amer… Je n’étais pas en accord avec ma guilde… Ils détestaient à un tel point les matis qu’ils préféraient laisser les kitines envahir leurs terres au risque que la menace s’étende ailleurs… Je ne comprenais pas cette attitude. J’avais eu des amis de tous les peuples quand j’avais été une enfant des rues. Les matis étaient des homins comme les autres même si leur culture était parfois déroutante pour un fyros et leur tendance à se croire supérieur aux autres des plus agaçantes. Mais tous n’étaient pas ainsi. Dans chaque peuple, il fallait distinguer le bon grain de l’ivraie et les matis ne faisaient pas exception…

Quelle serait mon avenir dans la guilde? Est ce qu’Icus allait avoir vent de l’histoire d’une légionnaire venue aider les matis? Me punirait il si il l’apprenait? Et moi qu’allais je devenir dans une guilde avec laquelle je me sentais de plus en plus mal à l’aise? Je ne participais pratiquement plus aux chasses communes me sentant en total décalage avec les légionnaires ne pensant qu’à améliorer leurs armes, leurs armures et leurs techniques de combat. Mais tous mes amis étaient dans la légion : Eeri, Ywan et Lyouna. Le temps me donnerait sans doute la réponse à mes questions…

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