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Silan

Je suis arrivée dans le camp de réfugiés de Silan. C’est à cet endroit qu’on accueille les réfugiés comme moi. C’est un endroit plus sécurisé qu’ailleurs où l’on nous forme à survivre avant de nous laisser définitivement partir à l’aventure rejoindre notre ville de rattachement.

C’est Chiang le Fort, un zoraï qui m’a tout d’abord accueilli. Il m’a envoyé directement voir une zoraï qui semblait dormir debout constamment : Unoirrin Cepao. Quand elle se réveillait, elle avait au moins l’avantage de savoir exactement où je pouvais trouver les meilleurs entraîneurs de la région.

J’ai alors rencontré Guilan Guiter. Quand Unoirrin Cepao m’avait parlé d’un entraîneur au combat, je m’attendais à rencontrer un homin. Guilan Guiter était en fait une fyros. Elle m’a appris les bases du combat.

A sa demande, j’ai alors tué mes premiers yubos allaitants. Au début, j’avais une certaine appréhension. J’aimais bien ces petites bestioles attendrissantes et aboyantes qui parfois se dressaient sur leurs pattes arrières pour mieux vous regarder. Mais, je savais que si je ne m’endurcissais pas, j’aurais du mal à survivre ici. Il s’agissait sans doute d’un test que me faisait passer Guilan Guiter. Je suppose que peut-être déjà là certains échouaient et retournaient dans les profondeurs…

Je me souviens de Zakarta, une petite triker blonde complètement perdue qui m’avait demandé si j’avais des bottes pour elle. J’ai essayé de lui montrer comment trouver les ingrédients en chassant des yubos pour avoir les peaux. Je lui ai indiqué l’entraîneur d’artisans qui lui apprendrait comment fabriquer ses premières bottes elle même. J’ai vu à son regard qu’elle était complètement dépassée par ce qu’il lui arrivait. Elle s’est soudain mise à pleurer. Je l’ai prise maladroitement entre mes bras essayant de la réconforter. Je lui ai dit que je l’aiderai qu’il ne fallait pas qu’elle s’inquiète. Elle s’est soudain sentie un peu mieux, retrouvant le sourire. C’est du moins ce qu’il me semblait. Elle m’a ensuite dit qu’elle se sentait fatiguée. Je l’ai laissée se reposer dans un coin protégé du camps de base. Je ne l’ai jamais revue. Est-elle retournée dans les profondeurs?

Quand à moi, j’ai continué à progresser. Les missions se sont enchaînées. Je devais tuer des créatures de plus en plus dangereuses. J’apprenais en plus du combat, la magie, l’artisanat et la récolte en parallèle. La magie enseignée par Nomis Merclao était passionnante. Il m’apprenait à choisir le sort le plus efficace contre les différentes créatures et comment améliorer mes sorts.

Au fil du temps, je devenais de plus en plus aguerrie. Mais dés que je me sentais trop sûre de moi, Atys me rappelait que je n’étais pas grand chose et que le danger était là guettant la moindre faute. Heureusement pour les homins imprudents comme moi, les pouvoirs des Kamis et de la Karavan, les ramènent à la vie.

Je me souviens d’un épisode surprenant alors que je m’entraînais contre des mektoubs sauvages. Ces créatures étranges avec une petite trompe, marchant la plupart du temps sur leurs quatres pattes mais parfois se redressant sur leur pattes arrières, servaient d’animaux de bat, une fois domestiqués. Ils n’avaient pas de sabots mais des sortes de grandes mains à gros doigts qu’ils utilisaient parfois pour frapper ceux qui s’en prenaient à eux.

J’étais en train de me reposer en soignant mes blessures après avoir tué quelques uns d’entre eux pour m’entraîner au combat et récupérer quelques matières premières, quand plusieurs mektoubs se sont approchés de moi, en me regardant. J’ai eu un instant de frayeur. Je savais qu’ils avaient parfois tendance à se défendre en groupe contre les prédateurs. Et j’en étais un… mais j’étais tellement mal en point que j’aurais eu du mal à résister à leur groupe. Je n’ai pas bougé, restant assise calmement, espérant qu’ils allaient continuer leur chemin. Ils m’ont finalement entourée me coupant toute retraite. L’un d’eux s’est alors approché de moi. Je fermais les yeux espérant toujours qu’ils ne seraient plus là quand je les rouvrirai. Et j’ai senti la « main » du mektoub sur ma tête comme une douce caresse. J’ai ouvert les yeux. Il me regardait d’un air doux et placide. J’avais l’impression qu’ils s’inquiétaient pour moi et qu’ils m’avaient entourée ainsi pour me protéger de la vue des torbaks qui rodaient non loin de là. Ils sont ensuite partis tranquillement quand je me suis sentie mieux.

A compter de ce jour, j’ai eu extrêmement de mal à tuer à nouveau des mektoubs. Les autres se moquaient de moi et de ma répugnance mais ce que j’avais vécu ce jour là, m’avait marqué à jamais.

Je commençais tout juste à oser m’enfoncer un peu plus dans les coins reculés de Silan quand j’ai rencontré Kyam, une zoraï aventurière comme moi. Elle m’a appris énormément mais surtout nous avons beaucoup ri ensemble. Elle avait un côté délirant tellement surprenant chez cette grande zoraï toute bleue, alors que son peuple est parfois si distant et méprisant envers les races « inférieures » que sont les autres peuples homins pour eux. J’adorais me moquer d’elle et de son masque. J’affirmais en riant que c’était parce qu’elle cachait derrière une trompe de mektoub. Mais je savais que porter ce masque était une sorte de rite de passage à l’age adulte chez les zoraïs, un don que leur avait fait les Kamis. Mais elle ne se vexait jamais prenant tout cela toujours avec beaucoup d’humour.

Je l’ai perdu de vue quand j’ai rejoint Pyr la ville des Fyros, mon peuple. Elle me manque…

Oudline

C’est sur Silan que j’ai rencontré Oudline, un matis. Au début, j’ai surtout entendu les allusions que lui lançaient la plupart des aventuriers. Oudline semblait aimer les homines et était connu pour cette tendance à vouloir les charmer. D’ailleurs, à ce moment là, on le taquinait souvent parce qu’il passait son temps derrière les jupes de Judiine.

Toutefois, j’aimais assez son humour et malgré la méfiance que m’inspirait naturellement les matis, je sentais qu’il était différent des autres. Il n’était pas prétentieux et imbu de lui-même comme peuvent l’être les autres membres de son peuple et il y avait une douceur surprenante dans son regard émeraude.

Au début, j’ai été un peu vexée quand il m’a appelée pour la première fois « Kysh » rappelant ainsi, avec ce surnom, un plat que certains cuisinaient. Sur le moment, je n’ai pas vraiment su comment réagir puis j’ai trouvé ma petite vengeance. Puisqu’il me donnait un surnom ridicule, je lui en donnerais un moi aussi. Quand, je l’ai appelé pour la première fois « Doudouline » sur les ondes communes, beaucoup ont ri. Oudline quand à lui, l’a assez bien pris. Il m’a avoué par la suite qu’il ne m’avait affublée de ce surnom ridicule que pour attirer mon attention. Il avait réussi.

Les jours ont passé. Une drôle d’amitié a commencé à naître entre nous. Oudline était toujours présent. Il connaissait bien mieux Silan que moi et savait toujours comment me dépanner et m’aider. Je me doutais que lui ne voyait pas de l’amitié entre nous mais cherchait à me séduire. Mais le croyant avec Judiine, je ne répondais pas à ses avances. Et puis, j’étais réticente à vivre une nouvelle histoire d’amour avec quelqu’un après avoir vécu une série de liaisons qui s’étaient toutes terminées très mal…

Mais, un jour, il m’a annoncé son départ pour la ville. Je pensais qu’il allait se rendre à Yrkanis, la ville matis. Mais, il comptait aller vivre à Pyr, la ville fyros. J’étais stupéfaite : pourquoi un matis irait vivre parmi les fyros ? Il m’a avoué que la plupart de ces amis y étaient et surtout que sa cousine fyros, Naacre vivait là bas depuis longtemps. Comment un matis pouvait il avoir une cousine fyros? Ils s’étaient en fait découvert une lignée commune. Durant une guerre, leurs ancêtres communs avaient eu une liaison… Décidément Oudline était un matis très spécial…

Il m’a alors demandé si je voulais l’accompagner avec Judiine et un autre homin. Étonnée, j’ai préféré lui dire que je ne me sentais pas encore prête mais que je viendrais lui dire au revoir au téléporteur. Il semblait déçu et a tenté de trouver mille arguments pour me faire venir. Mais, c’est en fait Judiine qui m’a convaincue. Elle m’a affirmé que contrairement à ce que je pensais, elle n’était pas l’amante de Oudline. Mais surtout, il était bien plus facile de découvrir la ville si on y allait en groupe d’amis.

Je pensais à Kyam… Cela faisait plusieurs jours que je ne l’avais pas croisée. Nous avions parfois parlé de notre départ pour « la ville ». Il m’avait semblé à ce moment là, qu’elle aurait voulu que je vienne avec elle à Zora, la ville de son peuple. Mais ces derniers temps, elle était de plus en plus souvent avec Kalondu, un zoraï comme elle. J’osais de moins en moins m’immiscer entre eux, supposant peut-être à tord qu’ils avaient envie d’être seuls.

Je réfléchissais à tout çà tandis que Oudline retardait son départ pour avoir ma réponse. Il semblait énormément tenir à ma venue. Et Judiine insistait pour que je vienne, affirmant que Oudline tenait beaucoup à moi. J’ai finalement accepté de partir avec eux. J’ai vu le visage d’Oudline s’illuminer.

Tout s’est alors précipité, comme si il avait peur que je change d’avis. Nous sommes partis très vite pour Pyr. Naacre était là, semblant nous attendre. Elle a commencé à nous offrir de quoi survivre. Elle nous a donné des dappers que j’ai voulu refuser mais elle a insisté affirmant qu’elle était « riche ».

Une des premières choses que j’ai acheté est un mektoub de monte. Il avait l’avantage outre de pouvoir me transporter plus vite, de porter une partie des pauvres richesses que j’avais pu accumuler jusqu’ici. Je lui ai donné le nom de Ganesh. La première fois que je l’ai monté, le pauvre a du être surpris par mon inexpérience et il est parti au grand galop droit devant lui. J’entendais Oudline me crier des conseils que je ne comprenais pas, tandis que j’étais ballottée en tout sens, incapable de le maîtriser.

Accrochée comme je le pouvais à l’encolure de Ganesh, je voyais arriver le bord d’une falaise droit devant. J’ai fermé les yeux m’attendant au pire. Heureusement, Ganesh s’est arrêté juste à temps manquant de me faire basculer dans le vide. Oudline est arrivé en courant suivi de Naacre, le regard inquiet. Je tremblais de peur incapable de bouger. Ganesh était dans le même état. Nous n’osions plus faire un seul mouvement. Nous apercevions en contrebas des créatures des plus agressives, qui attendaient que nous tombions pour leur servir de steaks de mektoub et d’homine.

J’essayais de me calmer sentant que mon angoisse ne faisait que démultiplier celle de Ganesh. Oudline a bien compris la situation. Il a parlé calmement très doucement. Il m’a conseillé de descendre de mon mektoub, puis de lui demander de me suivre. J’ai eu du mal à descendre mais la voix de Oudline était rassurante. J’ai fini par y arriver. J’ai pris les rênes de Ganesh en le tirant très légèrement avec une voix douce. Il a obéi et nous avons fini par rejoindre Oudline qui a poussé un soupir de soulagement. Il nous avait sauvés. Je l’ai remercié et je suis finalement remontée sur Ganesh pour le conduire à l’étable, afin qu’il se remette de ses émotions.

Cet incident a commencé à provoquer un trouble chez moi… Oudline était sans doute bien plus que le simple charmeur d’homines que j’avais toujours cru qu’il était.

Et c’est après une journée épuisante d’entrainement que j’ai accepté de le suivre au jacuzzi de Pyr. Je savais bien ce qu’il allait se passer. Mais après tout, cela faisait longtemps que je n’avais pas eu droit au réconfort des bras de quelqu’un. Nous nous sommes lavés mutuellement. Puis, un massage qui s’est transformé en caresses sensuelles. Je me suis inquiétée, nous risquions d’être surpris. Le jacuzzi était un lieu public très apprécié dans le pays désertique fyros.

Oudline a alors demandé les clés de l’appartement de Naacre qui nous les a données avec un petit sourire aux lèvres. Les nuits qui ont suivi, ont été merveilleuses, à la fois torrides et pleines de tendresse, comme si nos corps s’attendaient depuis longtemps et s’étaient enfin trouvés.

Déménagement

Ma décision était prise : je voulais être ranger. Il me restait à l’appliquer. Mais tout d’abord, j’allais déménager à Fairhaven : vivre dans le désert ardent et croiser des légionnaires m’auraient fait plus de mal que de bien. J’ai vendu tout ce qui ne m’était plus nécessaire et fabriqué tout ce que je pouvais avec les matières premières qu’il me restait. J’ai regardé la vieille armure ranger complètement usée que les Rangers de Silan m’avait offerte. Je l’avais gardé à l’abri dans les sacoches de mon mektoub. Je ne sais pourquoi mais je n’avais jamais réussi à m’en séparer. Et cette fois encore, je n’ai pas pu…

Je suis partie à dos de mektoub pour un long voyage que je n’avais jamais fait seule… Mais, je ne pouvais demander à personne de m’accompagner, tous mes amis faisaient partis de la guilde. Au départ, je voulais juste aller vers Dyron voir comment je me débrouillais. Et puis, j’ai tellement bien réussi ce premier voyage que j’ai pris confiance : j’allais au moins aller jusqu’à Zora. Mais pour çà, il fallait s’enfoncer dans les primes racines en traversant la zone appelée « Sources interdites ». Je savais que c’était la partie la plus difficile du voyage mais il allait falloir que je m’habitue à vivre seule et c’était une expérience que je rencontrerais souvent désormais.

J’ai vérifié que mon mektoub avait tout ce qu’il lui fallait en nourriture pour la traversée et je suis repartie. La partie dangereuse du nord de Dyron a été passée sans soucis. J’avais compris au fil des expéditions avec les légions fyros, que les bords de falaise étaient plus sécurisés et je gardais les yeux grand ouverts. Et enfin, j’ai vu le vortex d’entrée dans les primes racines.

J’ai poussé un soupir de soulagement : « Jusqu’ici tout va bien! ». Je regardais avec angoisse la beauté des sources interdites sachant très bien qu’il s’y cachait des créatures capables de me briser en deux en un seul coup.

J’ai pris deux grandes inspirations et je suis repartie. J’ai réussi à atteindre le milieu des sources interdites en passant inaperçue me faufilant entre les bestioles inamicales me cachant parmi les herbivores. Et puis, un zerx m’a pris en chasse réussissant à me donner un coup. J’ai paniqué fonçant droit devant pour lui échapper. Heureusement, mon mektoub était rapide. J’ai regardé derrière moi tout en continuant à galoper. J’ai souri le zerx avait été distancé.

J’ai recommencé à regarder devant moi pour me rendre compte avec horreur que je fonçais droit devant un groupe de tyranchas… Il était trop tard pour les éviter. Je n’avais pas le choix il ne me restait plus qu’à espérer passer au travers profitant de la vitesse de mon mektoub pour leur échapper…

Mais, je saignais abondamment déjà de la blessure que m’avait infligée le zerx. Il n’a fallu qu’un seul coup pour que je tombe. Je voyais le vortex de sortie quand un voile rouge est tombé sur mes yeux… la sortie était pourtant là tout près…

J’ai demandé une résurrection aux kamis près du vortex si proche, espérant que mon mektoub avait survécu. Mais quand je suis arrivée, je n’ai pu que constater que les tyranchas en avaient fait leur déjeuner. J’ai réussi à m’approcher pour au moins récupérer les affaires qu’il y avait dans les sacoches : la hache à deux mains qu’Eeri venait de m’offrir, le bâton sucre d’orge qu’on m’avait donné pendant les fêtes d’Anlor Winn… Mon sac a rapidement été plein. J’ai regardé longuement l’armure ranger… J’allais devoir la laisser ici. Pourquoi avais je les larmes aux yeux ? Ce n’était qu’une armure… Et puis, je me suis ressaisie. Ce n’est pas parce que je laissais l’armure ici que je ne deviendrais pas ranger! Elle était de toutes façons inutilisable désormais. J’ai enterré l’armure pour que personne ne la trouve. Après tout, c’était une belle fin pour une armure de ranger que de finir dans les primes racines, si proche des kitines.

Je me suis alors téléportée à ma destination finale : Fairhaven. J’ai racheté un nouveau mektoub. Celui-ci était gris et n’avait pas les couleurs sableuses du désert. J’ai fait quelques tours avec lui, il nageait très bien, normal pour un mektoub des lacs. C’était une brave bête autant que celui que j’avais perdu. J’espère que mes erreurs dans mes futures expéditions ne lui seront pas fatales à lui aussi…

Mon amour de chauve

Les jours passaient. J’avais tendance à ne pas quitter Eeri d’une semelle du moins quand ses activités le permettaient. J’avais cette angoisse sourde qu’elle disparaisse comme Anyume. Mais elle ne semblait jamais agacée par ma présence constante, au contraire. Elle avait décidé de prendre en charge mon entrainement de guerrière et de soigneuse. Même si ces exercices ne me captivaient pas quand je les réalisais seule, je dois dire que la simple présence de ma belle chauve suffisait pour que j’y trouve un intérêt.

Le soir, nous finissions par des séances de forage. Elle s’amusait de me voir m’endormir debout alors qu’elle continuait à forer jamais épuisée. Elle déclarait qu’elle voulait me fabriquer de beaux bijoux et pour cela elle devait s’entraîner à en fabriquer avec les ingrédients qu’elle aurait forés.

Souvent en me voyant trop épuisée, elle me prenait tendrement dans ses bras pour m’allonger sur le sol. Je finissais par m’endormir sur ses genoux tandis qu’elle me caressait doucement. Quand elle avait fini son forage, elle me portait pour me ramener dans son appartement. Je me suis toujours demandée comment une si petite homine pouvait toujours réussir à porter l’adulte que j’étais devenue et qui la dépassait désormais presque d’une tête. Profitant de la situation, il m’arrivait de continuer à faire semblant de dormir tandis qu’elle me portait. Je lui avais pourtant dit à plusieurs reprises de laisser Toubi son mektoub, me porter. Mais elle refusait en affirmant qu’elle prenait plaisir à le faire et je dois dire que moi aussi…

Il arrivait souvent aussi qu’une fois dans son lit après qu’elle m’ait dénudée comme si j’étais encore une enfant, que son regard et ses mains s’attardent sur mes courbes. Ceci provoquait un embrasement de nos sens qui nous laissaient toutes les deux pétrifiées de bonheur. Nous finissions par nous endormir enlacées intimement.

Le lendemain, nous avions beaucoup de mal à nous séparer l’une de l’autre. Et même, si je voulais toujours l’avoir près de moi, je ne voulais pas qu’elle se sente prisonnière de mes bras. Je finissais par la laisser partir, sans trop tenter de la retenir en espérant qu’elle reviendrait vite me rejoindre.

Le tour d’Atys à dos de mektoubs

Après avoir senti le souffle de la mort nous effleurer, nous avions besoin de profiter de la vie ensemble. Aussi un soir, j’ai proposé à Jalindra de réaliser mon rêve de faire le tour d’Atys à dos de mektoubs. Elle a acquiescé mais sans enthousiasme. J’ai eu l’impression de revoir Eeri quand je lui avais proposé la même chose. Eeri avait ensuite toujours esquivé le sujet affirmant qu’elle avait trop de travail mais que nous le ferions un jour… J’ai soupiré : décidément, il n’y avait que moi à avoir ce rêve.

J’étais persuadée que Jalindra allait faire la même chose qu’Eeri. Aussi, je l’ai regardée avec des yeux ronds quand dés le lendemain, elle a proposé que nous nous préparions pour entamer notre tour d’Atys. J’étais stupéfaite et terriblement heureuse. Nous avons préparé nos bagages. Je me dépêchais de peur qu’elle change d’avis, m’emmêlant les pinceaux. Jalindra était, quand à elle, très calme me proposant de m’aider à stocker le superflu. Et nous sommes parties!!!

Du pays des lacs tryker à la jungle zoraï

Nous n’avions décidé d’aucun chemin particulier. Nous voulions juste être libres de nos mouvements, sans être obligées de nous arrêter dans les villes. Aussi, nous avions pris le maximum de nourritures pour nos mektoubs. Je galopais comme un folle en direction du vortex menant à la route des ombres, oubliant les précautions d’usage. Résultat : je me suis retrouvée au milieu des kitines des lacs. Heureusement, Jalindra était bien plus prudente et a réussi à s’enfuir. Gato, mon mektoub, a réussi à survivre mais il restait au milieu des kitines sans savoir quoi faire. Jalindra n’a pas réussi à m’atteindre aussi j’ai du demander une résurrection aux kamis. Maintenant, il nous fallait ramener Gato mais après plusieurs essais infructueux, nous commencions à nous dire qu’on ne pourrait vraiment pas y arriver. Notre voyage commençait bien… même pas une étape et nous avions déjà perdu un toub… Et puis, un tryker du clan macFay nous a proposé de nous aider. Le tryker était un grand combattant, et avec notre support en soin, nous n’avons eu aucun mal à récupérer Gato qui m’a suivi bien sagement jusqu’au vortex. Le tryker nous a ensuite quitté après que nous l’ayons remercié chaleureusement, en nous conseillant de porter une armure lourde si nous nous déplacions en mektoub.

La jungle zoraï

La traversée des primes racines a été assez facile et nous sommes arrivées au pays zoraï sans encombre. Nous sommes allées dormir le premier soir sur la colline du bosquet vierge que j’avais appelée : la colline de Na Djaï’tal. C’était là que Jalindra et moi avions failli devenir amantes avant qu’un importun ne nous dérange. Cette fois-ci, personne n’est venue nous déranger…

Le lendemain, nous avons aidé Kiwalie et Nerwane à rechercher des termitières. Nous avons visité dans tous les sens la jungle zoraï. Nous sommes même allées dans la région du vide pour aller visiter l’ancienne kitinière. Il y avait une termitière cachée tout en haut. L’endroit était étrange comme une forteresse impressionnante mais désertée.

Nous avons fini par rejoindre épuisée notre petit coin que nous avions appelé : notre arbre fleuri. Il était tellement magnifique au printemps.

Le lendemain, nous avons beaucoup ri au sujet de nos mektoubs les soupçonnant d’entretenir une relation amoureuse même si il s’agissait de deux mâles. Gato présentant toujours son derrière à celui de Jalindra que j’avais surnommé « Termite », en hommage à nos recherches de termitières.

Le désert fyros

Nous sommes repartie par les primes racines des sources interdites pour rejoindre le désert fyros. Cette fois, la traversée a été plus que périlleuse. Même si nos toubs avaient l’avantage d’être extrêmement rapides, les créatures peuplant cette région étaient très agressives. Termite, le mektoub de Jalindra, n’a pas survécu à la traversée…

C’est un peu tristes que nous sommes arrivées à Dyron où Jalindra a pu racheter un beau mektoub du désert. Nous avons rejoint l’oasis d’oflovak pour planter notre camp pour la nuit en haut d’une falaise. Nous avons admiré le paysage en nous câlinant tendrement avant de nous endormir.

Le lendemain, en nous promenant à travers le désert, la discussion est venue sur Shab, celui qui avait failli devenir l’homin de Jalindra. Elle m’a montrée d’une haut d’une falaise l’endroit de la forêt enflammée où elle avait trouvé son corps puis elle s’est éloignée comme si la douleur de ce souvenir était encore trop vive. Je comprenais soudain qu’elle n’avait jamais pu faire son deuil. Elle avait encaissé la mort de Shab et s’était enfuie dans la solitude du désert pour vivre loin de tout. Le second essaim était arrivé et elle avait du lutter pour survivre sans même pouvoir repenser à la mort de son homin. J’ai couru après elle en lui demandant de me parler de Shab. Mais, elle s’est refermée sur elle même.

Mais, à force d’insister avec douceur, elle a fini par me conduire dans la forêt enflammée à l’endroit où ils avaient l’habitude tous les deux de récolter. Elle a fini par me raconter comment il avait disparu et l’horrible découverte de son corps. Elle avait beaucoup pleuré et moi avec elle. Elle s’était endormie dans mes bras épuisée par les sanglots et l’émotion.

Quand je me suis réveillée le lendemain, elle n’était plus là. J’ai eu un moment terrible de panique : où était elle? Avait-elle décidé de retourner vivre dans le désert seule? La douleur de la perte de Shab lui rappelant qu’elle pouvait me perdre moi aussi et que la douleur serait insupportable… Je me suis redressée d’un bond, la cherchant du regard. Puis, j’ai vu un petit mot qu’elle avait laissé m’expliquant qu’elle était allée dire au revoir à Shab sur le lieu où il avait été enterré laissant la forêt enflammée brûler son corps sans vie. J’ai couru la rejoindre en essayant d’enfiler mon pantalon en même temps, manquant de m’écrouler par terre. Quand je l’ai aperçue au loin, je me suis arrêtée brutalement dans un dérapage comique faisant voler les cendres de la forêt enflammée autour de moi. Jalindra était debout exprimant sa douleur et sa colère contre celui qui l’avait laissée seule après l’avoir demandée en mariage. J’ai cueilli un bouquet de petites fleurs blanches en forme d’étoile.

Elle m’a aperçue et m’a fait signe de la rejoindre. Elle avait des larmes plein les yeux. Je me suis approchée doucement d’elle, je l’ai attirée contre moi en la serrant fort. Elle a laissé s’exprimer son chagrin tandis que je la berçais tendrement. Quand ses pleurs ont commencé à s’estomper, j’ai embrassé doucement son front en caressant son visage, essuyant délicatement les larmes de ses joues. Puis, j’ai déposé le bouquet de fleurs blanches devant nous et j’ai dit doucement : « Shab, j’espère que tu es heureux de voir Jalindra à nouveau sourire et rire de là où tu es. Je te promets de prendre soin d’elle et de la rendre heureuse comme tu aurais voulu le faire. Sache en tout cas qu’avec moi, elle ne manquera jamais d’amour ou de tendresse. ».

Jalindra semblait touchée par mes paroles. Nous avons vu soudain une source apparaître au milieu des fleurs. Elle a souri en passant sa main dessus. Elle a murmuré, les yeux perdus dans le vague : « Je lui ai parlé de toi, après m’être excusée de ne pas être venue avant… Il sait à quel point tu me rends heureuse… et surement que sans toi, je ne serais jamais revenue… ». Elle s’est penchée pour cueillir des fleurs à son tour et les déposer dans la source en souriant tendrement. Elle a murmuré en direction du bouquet de fleurs : « Tu resteras mon premier amour… celui qui a montré à une fyrette solitaire que l’amour existait… j’espère que l’autre monde n’est qu’amour et que tu es bien… ». Elle s’est relevée et m’a pris la main pour me ramener aux mektoubs. Ce jour là, ma bek-i-bemaï avait enfin pu faire le deuil de son homin.

Le lendemain, pour nous changer les idées, j’ai proposé à Jalindra d’aller rendre visite aux fraiders : cette drôle de tribu primitive du désert. Le chemin a été difficile le long du couloir brûlé mais nous avons réussi à rejoindre le camp sans trop de mal grâce à la vitesse de pointe de nos mektoubs. J’ai même pu lui montrer l’endroit où Kyshala était tombée devant l’entrée de l’oasis secrète des Kamis où tous les homins s’étaient réunis pour fuir le deuxième grand essaim.

Les fraiders nous ont accueillis à leur manière un peu frustre. Épuisées, nous nous sommes installées pour la nuit. Et c’est là derrière un de ses énormes crânes qui entourent le camp des fraiders que nous avons aperçu une des termitières recherchées par les aspirants rangers. Nous avons aussitôt envoyé un izam à Kiwalie la prévenant fièrement de notre découverte.

C’est là bas aussi que nous avons eu l’idée saugrenue de faire le gâteau à la bière que j’avais promis à Eeri le jour de son départ. Jalindra m’a regardée faire effarée mélanger les œufs écrabouillés avec plus ou moins de coquilles, la farine, la bière et le shookila. Elle a étouffé un fou rire, songeant soudain aux coquilles d’œufs qu’elle avait du avaler sans le savoir. Elle a tenté de m’expliquer sa technique où elle cassait délicatement le haut de l’œuf avec sa pique pour ensuite enlever le reste des coquilles. J’ai essayé de faire la même chose coinçant l’œuf entre mes pieds et donnant de petits coups dessus mais sans succès. J’ai fini par donner un grand coup de dague. L’œuf a bien sûr éclaté sous la violence du choc, m’éclaboussant entièrement de la tête au pied sous les fous rires de Jalindra : « C’est un œuf, pas un varinx! Remarques… c’est une bonne technique pour une omelette! ». Elle a continué à rire m’aspergeant de bière avant de venir m’embrasser : « Ça manque un peu de sucre quand même… ». Je vous laisse imaginer la suite de la bataille de farine et de sucre parsemée de bière devant des fraiders médusés de découvrir les mœurs étranges des fyros.

Nous avons parcouru ensuite le désert de long en large, retournant auprès de frère arbre et à la taverne de Pyr, le lieu de notre première rencontre, comme un retour aux sources de notre si belle rencontre. Cela nous a donné envie de rejoindre le pays matis où nous avions passé pas mal de temps ensembles à apprendre le métier de fleuriste alors que nous n’étions alors que des amies.

Le pays Matis et le Nexus

Nous avons donc rejoint Thesos pour prendre le vortex qui mène directement au si beau désert matis. La route s’est déroulée sans encombre, rejoignant Yrkanis, retrouvant le dôme où elle m’avait massée si souvent les pieds. Nous nous sommes endormies épuisées par le trajet dans les bras l’une de l’autre.

Le lendemain, nous étions déjà repartie. Nous voulions retrouver le Nexus et sa « piscine » où nous avions déjà passé une nuit. L’endroit était magnifique au printemps même si les créatures et les homins qu’on y trouvait n’étaient pas particulièrement amicales.

De retour au pays matis, nous avons croisé Kiwalie qui nous a emmené dans une chasse aux termitières rangers. Durant nos pérégrinations, nous sommes tombées sur Bodokin : le roi des bodocs. Une magnifique créature au pelage bleuté et aux cornes dorées ressemblant à une couronne.

Nous avions entendu la légende qui entourait cette créature : pour une raison inexplicable, les psykoplas défendaient le roi des bodocs. Quand nous l’avons trouvé, Bodokin étaient justement entourés par un champ de psykoplas. Forcément, il a fallu que nous testions si la légende était vraie. Il ne nous a pas fallu longtemps pour le découvrir quand nous nous sommes retrouvées à être attaquées de toutes parts par les plantes intelligentes. Notre retraite a été peu glorieuse mais nous sommes revenues à la charge, nous débarrassant en premier des plantes. Nous pensions avoir fait le plus gros et nous avons commencé à attaquer Bodokin mais soudain un troupeau de bodocs enragés est apparu défendant leur roi. La retraite a été encore moins glorieuse cette fois-ci : des psykoplas étaient réapparus nous barrant le principal chemin de sortie et nous lançaient des attaques magiques. Nous sommes pourtant passées au travers poursuivies par des bodocs enragés qui refusaient de nous laisser aller et des ragus qui se sont joints à la fête trouvant l’opportunité trop belle pour croquer de l’homine.
Après avoir soigné nos blessures, nous avons beaucoup ri de notre mésaventure, essayant d’élaborer un plan plus intelligent : on se débarrasse des bodocs puis des psykoplas et enfin de Bodokin. C’est donc fières de notre plan si bien préparé que nous sommes retournées sur les lieux, Jalindra appliquant avec beaucoup d’attention les étapes de notre plan. Pendant que Kiwalie et moi nous faisions n’importe quoi attaquant Bodokin en premier. Celui-ci nous a alors attaqué, nous avons fui riant comme des folles attaquées par les psykoplas au passage et suivi par quelques bodocs, laissant Jalindra seule contre le gros de la troupe des bodocs et qui pestait de nous voir faire n’importe quoi. Mais en fait, ce n’était pas une si mauvaise idée que çà d’attirer Bodokin en dehors de sa troupe de protection. Nous n’avons eu aucun mal à nous débarrasser des bodocs qui nous avaient suivi. nous avons ensuite attaqué Bodokin parfois agacées par des ragus qui voulaient revenir nous croquer. Jalindra est arrivée en courant, soulagée de voir que je n’avais rien, juste au moment où Kiwalie donnait le coup de grâce. Le magnifique roi bodoc était tombé. Nous nous sommes partagées les précieuses matières premières avant de nous séparer, riant encore de notre aventure.

Jalindra et moi, après avoir récupéré nos mektoubs, nous sommes retournées sur le lieu que nous avions surnommé : « la marre aux grenouilles ». Les abords du point d’eau étaient infestés de cutters et de ragus qui venaient sans doute là pour chasser les nombreux herbivores qui venaient s’y abreuver. La rapidité de nos mektoubs nous a permis de passer au travers des carnivores sans encombre.

De l’autre côté de la marre surmontée de falaises, nous étions à l’abri. La pluie est arrivée faisant sortir les grenouilles pour notre plus grande joie!!! Je me suis mise à les chasser dans tous les sens attrapant de magnifiques mottes de terre à la place. Nous avons beaucoup ri en imaginant embrasser les grenouilles pour qu’elles se transforment en princesse ou en prince comme dans les contes pour petits homins. Au final, c’est dans les bras de ma princesse bien réelle, Jalindra, que je me suis endormie ce soir là.

Le lendemain, nous avons rejoins Avalae, la ville la plus au sud du pays matis. Nous avions l’intention de rejoindre le pays des lacs. Mais auparavant, nous préférions laisser nos mektoubs se reposer dans une étable avant le périple dangereux qui nous attendait. Quand à nous, dormir dans une ville ne nous enchantait pas vraiment. Aussi, nous avons rejoint un joli endroit où un arbre liane poussait isolé de tout. Je me suis réveillée cette nuit là. Je regardais ma belle dormir : elle était magnifique… Je l’aimais tellement… J’ai commencé à la caresser, enflammant mon désir, alors qu’elle s’éveillait à peine. Je l’ai emportée dans le plaisir intense sans qu’elle puisse me rendre mes caresses. Quand elle est retombée entre mes bras, j’ai goûté tendrement ses lèvres. Je lui ai murmuré alors qu’une larme d’émotion coulait le long de ma joue : « el makèch mayumé… plus que tout… ». Elle était encore tremblante du plaisir offert quand elle a recueilli ma larme de ses lèvres en murmurant : « Je t’aime mayumé… ». Nous sommes restées un long moment silencieuses, nos corps entremêlés, profitant de la chaleur et de la douceur de l’autre, laissant l’émotion nous traverser.

Au bout de quelques minutes, elle a murmuré en me caressant tendrement la joue : « Je veux que tout le monde sache comme je t’aime… Tu veux devenir mon homine? Enfin… officiellement? ». Je l’ai regardée avec des yeux perdus avant de me blottir contre elle en sanglotant : « Oui bien sûr que oui… ». Je me suis relevée pour la regarder : « Je… j’y ai pensé… je voulais te le proposer… mais je ne savais pas comment… ni les mots… je voulais te trouver une bague et… ». Je suis retournée dans ses bras en pleurant. Elle a souri tendrement avant de me serrer fort contre elle : « C’est vrai que c’est assez simple comme façon de demander… mais je n’ai jamais besoin de réfléchir avec toi, tout vient naturellement… mais si tu veux… ». Elle s’est écartée avant de mettre un genou à terre : « Mayumé… je t’aime, et je veux vieillir avec toi. Ça, tu le sais déjà ! Mais surtout, je ne veux plus qu’on se cache, je veux que ce lien si fort qui nous uni soit reconnu par tous et qu’on ne nous appelle plus jamais les jumelles!!! ». Elle a éclaté de rire avant de continuer : « Tu es l’amour de ma vie et nous resterons liées bien après… et je veux t’épouser ! ». Je l’ai relevée pour l’envelopper de mes bras : « La première demande était très bien tu sais… je n’en demandais pas plus… ». Je me suis doucement écartée pour mettre un genou à terre. J’avais la voix enrouée par l’émotion quand à mon tour, j’ai fait ma demande : « Mayumé… tu es mon rêve… celle que j’ai toujours espéré avoir dans ma vie… je veux être ton homine et que tu sois la mienne, celle avec qui je partagerai ma vie jusqu’au bout… et ne plus jamais être séparée de toi… ». Je me suis relevée. Elle avait le regard débordant d’émotion. J’ai pris son visage entre mes mains pour l’embrasser avec beaucoup d’amour. Je me suis écartée doucement avant de prendre un petit air taquin : « Et aussi… qu’on ne nous appelle plus les jumelles! ». Elle m’a serrée contre elle m’embrassant à nouveau. Difficile de décrire cette émotion que nous avions toutes les deux… Nous savions que ce que nous vivions était rare et que ce mariage n’était rien de plus qu’une façon de montrer à nos amis à quel point nous étions liées mais que çà ne changerait en rien notre liaison si intense. Nous avons parlé de longues heures ensuite : nous savions juste que nous voulions un mariage Hoodo mêlant les traditions des différents peuples d’Atys.

Mais avant de nous marier, il nous fallait terminer notre tour d’Atys, quitter le pays Matis pour rejoindre notre région de départ : le pays des lacs. Le chemin le plus court était celui passant au travers du labyrinthe de la Masure de l’Hérétique. C’était aussi le plus dangereux. Nous sommes donc reparties sur la route.

Nous n’avions même pas atteint le labyrinthe que déjà nous étions attaquées de toutes parts. Jalindra a perdu son beau mektoub du désert : Termite II. Elle m’a laissée seule pas loin de l’entrée de la Masure de l’Hérétique pour aller se chercher un nouveau mektoub matis et rayé : Termite III. Je dois dire que je n’étais pas très rassurée d’être seule entourée par des carnivores évoluant au loin en attendant son retour.

Elle est arrivée poursuivie par une cohorte de bestioles, me criant de loin de remonter sur mon mektoub pour la suivre. Je suis remontée en catastrophe sur Gato la suivant du mieux que je pouvais. Nous nous sommes enfoncées dans le labyrinthe à corps perdu, prenant les chemins qui nous semblaient les plus libres oubliant de marquer nos passages. Les premiers poursuivants ont abandonné la poursuite, mais aussitôt reprise par d’autres carnivores affamés… J’ai fini par tomber sous leurs coups pendant que Jalindra réussissait à s’enfuir. Elle a réussi à revenir pour me soigner. Gato n’avait rien et nous avons pu reprendre la route, nous enfonçant un peu plus dans l’horrible labyrinthe. Une nouvelle attaque nous a surprises. Une nouvelle fois, je suis tombée. Jalindra a réussi à s’enfuir mais est finalement tombée elle aussi, un peu plus loin. Nous avons demandé une résurrection aux kamis près du vortex du pays des lacs. Nous savions que nos mektoubs étaient vivants eux… Mais, il allait falloir les retrouver en plein milieu de ce dédale marécageux et dangereux.

Combien de fois, avons nous tenté de les rejoindre ce jour là ? Je ne sais pas… sans doute une vingtaine ou une trentaine de fois… cherchant un chemin, allant un peu plus loin à chaque fois… mais tombant au final contre l’afflux de créatures… C’est épuisées que nous avons réussi à rejoindre la plage d’un lac nous permettant de trouver un endroit calme pour la nuit… Nous pensions à nos toubs : allaient-ils survivre à cette nuit dans l’horrible marécage?

Le lendemain, nous avons recommencé encore et encore… échouant à chaque fois. Le soir, nous avons retrouvé le petit lac de la veille, encore plus épuisée. Nous avons commencé à évoquer l’idée d’abandonner nos toubs, ne voyant absolument pas comment nous pourrions les sortir de là… Pendant la nuit, l’horrible cauchemar du kirosta rouge m’a hantée, alors qu’il avait disparu depuis le « Voyage ». Heureusement que Jalindra n’avait pas oublié d’attacher la liane à nos deux poignets : je ne sais pas où j’aurais atterri… Jalindra me serrait contre elle alors que j’essayais de reprendre pied dans la réalité. J’ai tenté de lui expliquer que l’idée d’abandonner nos toubs, avait fait ressurgir l’horrible traumatisme que j’avais vécu avec la perte de ma mère et de mon père et le sentiment d’abandon qui avait suivi. Ma belle s’est excusée pensant être la responsable de mon cauchemar. Mais, elle n’y était pour rien : j’avais moi aussi pensé à l’idée de laisser nos mektoubs au fin fond de la Masure de l’Hérétique…

Au final, nous nous sommes promises de tout faire pour les récupérer. A deux, nous n’y arrivions pas… alors, nous allions demander de l’aide à nos amis. Zo’ro Argh est venu nous aider une journée mais sans succès… Et le lendemain, c’est Kiwalie et Corwin qui sont venus à notre aide. La puissance de frappe de Kiwalie et Corwin a été décisive et même si nous avons subi une ou deux résurrections, nous avons pu rejoindre nos mektoubs qui étaient restés bien sagement là où nous étions tombées. Pour les sortir du labyrinthe, nous avons abandonnés l’idée de rejoindre le vortex nous emmenant directement au pays des lacs. Nous allions retourner au nord pour au moins les mettre à l’abri, aidant à chasser quelques rois au passage pour Kiwalie et Corwin, en remerciement de leur aide.

Nous avons passé une nouvelle nuit près de l’arbre liane d’Avalae, tandis que nos toubs retrouvaient le confort de l’étable de la ville. Le lendemain, nous sommes reparties vers le pays des lacs en faisant le grand détour par le gouffre d’ichor, le nexus et la route des ombres. Le chemin pourtant pas des plus tranquille, nous a semblé particulièrement facile après ce que nous avions vécu dans la Masure de l’Hérétique.

Nous sommes arrivées à Fairhaven fourbues laissant nos mektoubs dans l’étable pour un repos bien mérité. Nous avons retrouvé pour la nuit l’île de Kyshala avec bonheur mais avec un petit pincement au cœur : notre aventure était terminée. Mais une chose était sûre : nous avions emmagasiné des souvenirs pour toute une vie… Peut-être que pour certains, ce genre d’expédition pouvait détruire leur couple, mais pour ma belle et moi, cela n’avait fait que renforcer notre attachement au point que nous nous étions demandées en mariage. Désormais, j’allais rêver de ma bek-i-bemaï en robe de mariée!

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