La journée avait bien commencé. Eeri avait réclamé ma venue parce qu’elle souhaitait me donner quelque chose. Je lui ai proposé de nous retrouver à Pyr où je voulais réaliser quelques missions contre les bandits pour les autorités fyros. Elle voulait m’accompagner.
Nous nous sommes retrouvées devant l’étable de Pyr. Elle m’a offert une parure de bijoux magiques et une paire de bottes et un casque tryker blancs. Elle a déclaré que ce n’était que des babioles qu’elle avait récupérées de ses missions et qu’ils ne lui serviraient pas. Je lui ai sauté au cou en l’embrassant sur la joue : qu’elle ait pensé à moi suffisait à me remplir de joie. Elle a eu un léger sourire comme à chaque fois que je lui faisais des démonstrations affectueuses de ce genre.
Nous étions sur le point de partir quand nous avons croisé Anyume. Je lui ai proposé de se joindre à nous. Elle a accepté en souriant. Tout cela a été assez rapide et amusant. Anyume et Eeri se découvraient. Je crois qu’elles se sont appréciées. Eeri a été appelée par les légionnaires pour une chasse aux kirostas. Elle nous a proposé de venir mais je n’étais pas particulièrement emballée par ce genre de chasse et Anyume non plus. Eeri nous a alors quitté.
Qu’allions nous faire maintenant? Anyume m’a regardée avec un petit sourire. Elle voulait me proposer une autre chasse : la chasse au maraud. Elle connaissait un maraudeur Alric qui la poursuivait de ces avances. Il lui disait régulièrement qu’elle était unique. Mais elle n’était pas dupe, elle savait qu’il voyait bien d’autres homines. C’était un homin à homines.
Elle avait envie de le piéger, de voir sa réaction si elle le surprenait en train de batifoler avec une autre homine. Est ce que je voulais être l’appât qu’elle mettrait sous le nez d’Alric? Je dois dire que ce petit jeu m’amusait. J’ai accepté même si je doutais de mes capacités de séduction. Mais après tout, avec un homin comme lui, n’importe qui ferait l’affaire à condition d’être du « beau » sexe.
Elle savait qu’il avait ses habitudes aux bains de Pyr. Il y emmenait régulièrement ses conquêtes. Mais cette fois là, il n’était pas là ou pas encore. Nous avons bu un verre pas loin à la taverne de Lydix en l’attendant. Elle a commandé un jus de fruits frais à Lydix qui lui a lancé un regard noir : il était plus habitué à servir de l’alcool. Pour ma part, j’ai commandé ma bière de shooki habituelle.
Anyume a commencé à goûter son jus et puis s’est mise à râler : « Saklarczzëdrin ! C’est quand même pas dur ! Des baies rouges et du poivre de sarina ! Un yubo pourrait le faire ! Même la barmen de Jen Laï y arrive, c’est dire… ». J’ai souri amusée : « Oui mais c’est une zoraï. Les fyros ne connaissent que l’alcool! ». Elle a répondu d’un ton péremptoire : « L’alcool affaiblit les réflexes ! ». Et j’ai répondu comme à moi même : « Mais il fait oublier bien des choses… ». Elle continuait sur son ton tranchant et droit : « Oublier, c’est prendre le risque de répéter les mêmes erreurs. ». Oui… elle avait sans doute raison… mais il y a des choses parfois si dures… que pour survivre, il est préférable d’oublier même si je savais qu’un jour, je devrais affronter mes démons. Elle a payé nos consommations malgré mes protestations. Elle voulait retourner voir, si Alric était arrivé.
Elle m’a accompagnée jusqu’à l’entrée en me précisant avec un air rêveur : « C’est un matis, les cheveux longs, couleur feuille de printemps… Musclé… Il a un petit tatouage sur le front… ». De toutes évidences, elle l’aimait bien. Elle a confirmé mes dires en soupirant : « Je crois que oui… C’est un salopard, mais il m’amuse beaucoup. ». J’avais du mal à comprendre… elle semblait si attachée à Na Djaï’tal. Quand j’ai prononcé ce nom, elle a souri largement : « Je l’adore lui ! C’est la personne la plus extraordinaire du monde ! C’est tout. ».
Je suis descendue jusqu’aux bains. Il y avait bien un matis mais il n’avait pas les cheveux verts et pas de petit tatouage sur le front… Pourtant, j’ai presque instinctivement su que c’était Alric, à la façon dont il m’a déshabillée du regard. Je l’ai salué et j’ai demandé si je pouvais moi aussi utiliser les bains. Il a répondu avec un petit sourire : « Si tu n’as pas peur que j’admire ton corps, je n’y vois pas de problèmes… ». J’étais dubitative : je ne trouvais pas mon corps particulièrement beau…
Son regard me brûlait et mon coeur s’est mis à battre plus vite comme apeuré. Je me suis cachée derrière un poteau pour me déshabiller. J’ai essayé ensuite de me plonger le plus vite possible dans le bain pour qu’il aperçoive le moins possible mon corps à moitié nu. Mais Alric n’a pas été dupe : « Vous n’avez pas à vous en faire… Je ne suis pas gêné. ». L’eau m’avait rassurée comme une enveloppe protectrice. J’ai donc continué le petit jeu sachant qu’Anyume avait du entendre les dernières paroles d’Alric. J’ai répliqué avec un air taquin : « Pourquoi c’est l’habitude pour vous d’être à moitié nu dans un bain avec une homine? ». Il a esquissé un sourire : « D’habitude l’homine ne s’assoit pas à l’opposé. ».
J’ai eu un instant de frayeur, je ne voulais pas qu’il s’approche. Alors, j’ai tenté vainement de lui faire peur : « Étonnant que les légionnaires laissent un matis prendre ses aises dans leurs bains… ». Il a répliqué avec ce regard de prédateur que je détestais : « Même cinq Légionnaires n’arriveraient pas à me déloger… alors je ne vais pas me priver d’une si belle vue ». J’ai fait semblant de ne pas prendre pour moi cet ébauche de compliment. J’ai regardé une des habituées du bain derrière moi : « c’est vrai qu’elle est mignonne la jolie blonde! ». Il a fait remarquer qu’elle était souvent là. J’ai rétorqué : « Et elle est imperturbable à votre charme? ». Il a supputé qu’elle préférait peut-être les homines, d’ailleurs elle me couvait du regard parait-il. Je crois qu’il cherchait à me choquer… Mais, je n’avais jamais été troublée par les relations de deux homines entre elles ou des homins entre eux. Kyshala avait d’ailleurs eu une relation passionnelle avec une homine avant de partir pour Silan.
Mais lui serait-il troublé si j’évoquais la même chose avec l’homin derrière lui? Sa réaction n’a pas tardé : « Il mourra s’il ose tendre la main vers moi. ». J’ai continué amusée par sa réaction : « Le pauvre… lui qui aurait juste voulu vous tâter un peu le corps ». Mais il ne perdait pas le nord reprenant ses tentatives d’approche : « Je laisse ça à des mains expertes… peut-être les vôtres ? ».
C’est le moment qu’a choisi Anyume pour faire son apparition. Elle en avait assez entendu je crois. Elle a tenté de faire comme si elle arrivait là par hasard. Mais Alric n’était pas dupe. Il sentait qu’il s’agissait d’un jeu et attendait le prochain coup. Anyume nous a rejoint dans l’eau pendant que je lui expliquais qu’Alric voulait de toute évidence un massage. Elle lui a demandé : « Est-ce que tu as vu en Shaakya une reine dès le premier coup d’oeil ? ». Puis pour moi : « Il prétend ne s’intéresser qu’aux homines exceptionnelles… Et tu l’es, Shaakya, mais en quelques minutes, l’as-t-il vu ? ». J’ai souri pendant que Anyume riait d’avoir pris en défaut le matis chasseur d’homines. Alric a rétorqué en me regardant effrontément : « Elle avait l’air…confiante en ses capacités au moins. Moins dans son charme corporel… ». Encore ce regard qui me brûlait et qui m’a fait monter le rouge aux joues… J’ai détourné la tête en haussant les épaules.
Comme le disait Anyume, c’était un collectionneur d’homines. Nous avons supposées en riant qu’il devait collectionner les différentes coiffures et que nous devions être des pièces rares. Alric a grogné que c’était « perturbant » qu’on parle de lui comme si il n’était pas là. Mais Anyume a déclaré que c’était encore plus malpoli de lui cacher nos réflexions. Ce à quoi j’ai ajouté avec ironie qu’on pouvait se mettre dans son dos si il préférait. J’ai vu une étincelle apparaître dans son oeil comme si il n’attendait que çà : « J’aurais des scrupules à vous demander à m’aider à apaiser la tension de mon dos ». Anyume a pris la balle au bond : « Pourquoi ? Deux homines ce serait trop ? Ou tu crains qu’on ne masse pas assez bien ? ».
Elle s’est alors approchée de moi et a commencé à me masser doucement. Ses mains étaient douces. J’appréciais leur contact. « Est-ce que je suis assez douce, Shaakya ? ». Je savais qu’elle cherchait à taquiner Alric, alors j’ai volontairement enfoncée le clou : « Tu es parfaite! J’adore tes mains ». Au début, Alric avait un regard rieur comprenant le jeu auquel nous jouions. Puis, il semblait de plus en plus agacé : « Est ce que c’est sensé m’impressionner Seraes ? ». J’ai soupiré de plaisir faisant comme si je ne l’avais pas entendu : « Hmmm… C’est vraiment très agréable… ». Anyume s’appliquait consciencieusement : « Tu as la peau si douce… C’est un vrai plaisir ! Je comprend mieux pourquoi les fyrettes ont autant de succès… Si elles sont toutes comme toi ! ». Je savais qu’elle disait çà pour rendre Alric jaloux mais je n’ai pas pu m’empêcher d’être touchée par son compliment et j’ai répondu avec sincérité : « Mais tu es bien mieux que moi tu sais… ».
J’ai alors proposé d’inverser les rôles. Elle a accepté avec joie tout en surveillant les réactions d’Alric du coin de l’oeil. J’ai commencé à la masser. Mes mains retrouvant instinctivement des gestes perdus depuis longtemps… J’oubliais presque que nous n’étions pas seules : « Toi aussi tu as la peau merveilleusement douce… ». Mes mains parcouraient son dos à la fois caressantes et plus fermes quand elles trouvaient une contracture. Je sentais Anyume se détendre petit à petit et pousser des soupirs de bien être. J’ai vu Alric se crisper. Il trouvait notre petit jeu de moins en moins drôle. Pourtant, il a dit dans un souffle : « Et bien… c’est un spectacle qui ravirait tout Homin ».
J’ai enfin arrêter mon massage dans un geste tendre en caressant ses épaules si douces : « Voilà ma belle… A moins que tu veuilles que je continue? ». Elle a répondu: « Nani, si tu fais plus, je n’arriverais plus à sortir de ce bain, je n’aurais plus de muscles ! ». Puis elle s’est doucement laisser aller contre moi, je l’ai serrée très tendrement en l’enveloppant de mes bras appréciant le contact de son corps contre le mien… çà faisait tellement longtemps que je n’avais pas pris quelqu’un dans mes bras… J’appréciais l’instant…
Et puis le regard d’Alric m’a sortie de mon état rêveur : un éclair de jalousie avait traversé ses yeux. Et puis, j’ai senti le soudain trouble d’Anyume. Était-elle troublée par mes bras ou par la jalousie d’Alric ? Mais je n’arrivais pas à me détacher d’elle et elle n’avait pas l’air de vouloir que je la libère de ma tendre étreinte. Elle a regardé Alric : « Tu as eu tort de douter de nos qualités de masseuses, je crois… ». J’ai ajouté doucement : « Les fyrettes peuvent être très douces… Mais… elles choisissent avec qui. ». Il m’a observée : « Manifestement An t’a adoptée. ». Je ne l’ai pas nié mais préférant dire que nous nous étions adoptés mutuellement.
Puis j’ai murmuré à l’oreille d’Anyume : « Tu veux peut-être que je te libère? ». Elle a répondu en chuchotant avec un sourire : « C’est bon… Mais je ne veux pas te gêner ». Elle ne me dérangeait pas. Je n’ai pas osé ajouter que je pourrais la garder contre moi toute la nuit si elle me laissait faire… Elle a ajouté : « Je ne pensais pas que ça tournerait comme ça… On en fait trop, peut-être ? ». Elle a regardé Alric en laissant échapper un petit rire joyeux.
J’avais à nouveau oublié sa présence à celui-là. Et, je me rendais compte qu’Anyume n’était dans mes bras que pour le rendre jaloux… J’ai eu comme un pincement au coeur. J’ai fini par répondre : « Peut-être… çà dépend si tu veux en faire ton amant ou non… ». Elle a soudain rougi : Alric était déjà son amant… J’ai encaissé sans montrer quoique ce soit comme acceptant la fatalité : « Donc si tu veux le garder, il vaut mieux que je te lâche… ». Je me suis fait violence pour la libérer de mes bras. Je lui ai murmuré en esquissant un sourire : « je vais te laisser tranquille avec lui! ».
J’étais sur le point de me lever pour les laisser quand Alric s’est mis à parler : « Anyume… Tu pourrais au moins me dire à quoi rime ce jeu malicieux. ». Elle a semblé réfléchir : « Je voulais juste… m’assurer que tu te conduisais de la même manière avec toutes les homines ! ». Soudain un tryker a sauté sur Alric pour l’attaquer violemment. Il s’est défendu. Tous deux virevoltaient de part et d’autres de la pièce. Puis, ils sont soudain sortis nous laissant seules.
Anyume a soudain éclaté de rire et j’ai ri avec elle. Quelle indécence! La laisser tomber pour un tryker! on aura tout vu! Mais apparemment le tryker était bien plus amoureux animé d’une passion violente! Usant de pratique barbare, sortant sa pique directement pour l’embrocher sans préliminaires! Nous nous tenions les côtes tellement nous riions.
Alric est finalement revenu accompagné d’un fyros aux cheveux en bataille. Nous avons à nouveau éclaté de rire quand celui-ci en voulant nous envoyer un baiser de la main a dirigé son geste malencontreusement vers Alric : « ils s’aiment entre eux!!! On devrait les laisser non ? « . Ce dernier a très peu apprécier et a lancé un regard glacial à son comparse.
Nous avons commencé à commenter les attributs physique du fyros : il était un peu maigrichon mais ses cheveux en bataille lui donnaient un air sauvage. Alric a fini par grogner : « Aucun Homin ne m’interesse et puis la plupart manquent d’attention! ». Anyume a pris la balle au bond : « Tu veux dire que les homines devraient rester entre elles ? ». Ce qui a eu le don de déclencher chez nous une nouvelle crise de fous rires incontrôlable.
Alric ne semblait pas du tout apprécier : « Vous aviez l’air de si bien vous entendre… ». Il avait l’air jaloux ce qui a surpris Anyume mais il a préféré nier l’évidence… Elle s’est alors approché de lui et lui a déposé un baiser sur la joue : « Est-ce que ça va mieux comme ça ? ». Le regard d’Alric est resté glacial. Il a soulevé le menton d’Anyume en lui susurrant à l’oreille : « Ça se paiera ma belle… ». Elle a souri amusée : « Du moment que tu ne me déclares pas la guerre… ». Mais le maraudeur a ajouté : « Ton amie en subira surement quelques conséquences aussi… ».
Anyume s’est glacée… comme si… elle avait plus peur pour moi que pour elle… Quand à moi, j’ai détesté qu’il tente de l’effrayer ainsi, je l’ai regardé avec des yeux méprisants. Anyume a tenté de le questionner : « Qu’est-ce que tu veux dire ? ». Il a eu un sourire mystérieux. « Alric… Si tu fais du mal à Shaakya, je te jure que je te le ferais payer au centuple… ». Je commençais à craindre que les maraudeurs deviennent violents : « Allons nous en Anyume, je ne sais pas ce que tu lui trouves… Il n’a rien d’un homin… ». Avec cette dernière pique, j’espérais détourner la rage d’Alric sur moi pour qu’il ne fasse aucun mal à Anyume. Mais il n’a pas relevé se préparant à partir en me lançant : « Eh bien… Jeune masseuse, on se reverra un jour surement. ». J’ai grogné : « c’est çà oui… dans tes rêves ».
Ils sont partis pour une chasse. Nous nous sommes rhabillées en silence perdues dans nos pensées. Anyume a proposé de boire un verre pour « nous remettre ». Nous sommes retournées à la taverne de Lydix. Elle s’en voulait de m’avoir mis en danger : « moi et mon sens des défis… ». J’ai essayé de lui dire de ne pas s’inquiéter. Elle a commandé à Lydix « un truc sans alcool pas trop immonde… ». J’ai souri et j’ai pris le shaker de Lydix. Je voulais lui faire plaisir. J’ai préparé sa boisson en faisant comme m’avait appris la mère de Kyshala. J’ai versé doucement dans son verre. Elle a goûté. Elle a visiblement apprécié.
Puis, elle s’est inquiétée : « J’espère qu’il ne te veux pas vraiment du mal et qu’il pensait plus à te séduire pour me faire rager… ». J’ai haussé les épaules, je craignais plus pour elle : « Il consomme de la sève noire non? ». C’était le cas comme tous ceux de son clan mais elle ne comprenait pas ce que çà pouvait leur apporter. J’ai répondu comme si je me parlais à moi même : « Au début… de se sentir bien et fort… invincible… après … la dépendance… la violence… ». J’ai vidé mon verre d’un trait et j’ai repris une bière de shooki… Anyume a rétorqué que de toutes façons, ils avaient la violence dans leur sève.
Elle m’a regardée boire s’inquiétant soudain : « Et si tu bois plus, est-ce que tu retrouvera ton appartement ? ». Mais je n’avais pas d’appartement ou de campement, je dormais là où mes pas me menaient. Elle m’a regardé : « je t’invite pour la nuit ? ». Je l’ai observée me demandant ce que cela signifiait. Elle a précisé : « Je n’ai pas encore d’appartement, mais avec mon frère on s’est installé un campement à Thesos. C’est calme… Et s’il est là, il nous protégera… ». Mais, peut-être que si Alric la rejoignait pour la nuit et qu’il me trouve à ses côtés, il en prendrait ombrage. Elle a balayé mon hésitation d’un geste : « Je ne lui ai pas donné l’adresse de ma tente ! ».
Nous nous sommes mises en route. J’étais étonnée : elle avait un frère? Elle a souri en précisant qu’il ne s’agissait pas d’un frère de sève mais de coeur. J’ai soudain compris : Na Djaï’tal n’était pas son amant mais un ami d’enfance. J’ai expliqué ma bévue à Anyume qui a ri. Mais, à vrai dire, je trouvais qu’ils allaient bien ensemble tous les deux et que parfois les amis d’enfance devenaient autre chose que des amis… Elle m’a regardée un peu perdue et troublée. J’ai souri tendrement comme pour la rassurer : « il n’y a pas de mal à çà… mais parfois… c’est mieux de rester ami… enfin… çà brûle moins… ». Elle a secoué la tête pour finalement déclarer : « Ho la la… je n’ai jamais rien compris à ces histoires, et j’ai l’impression que ça devient un peu plus compliqué chaque jour… ». J’ai ri.
Nous étions arrivées au campement. Na Djaï’tal n’était pas là. Elle s’est allongée sur une couche et a tapoté un endroit à côté d’elle pour que je m’installe moi aussi. Je l’ai regardée s’endormir. J’étais perdue… J’ai regardé les étoiles… Pourquoi avais je ressenti un tel trouble quand je l’avais eu entre mes bras? Et elle? Qu’avait elle ressenti? J’ai secoué la tête : il ne fallait pas que je m’attache… Elle avait un amant et un ami d’enfance qui deviendrait sans doute un jour aussi un amant… Et moi, je n’étais qu’une imbécile en manque de tendresse. Inutile de chercher plus loin!
Je me suis endormie d’un sommeil sans rêve me réveillant souvent. A chaque fois, je me rendais compte que j’étais collée à elle. Est-ce elle ou moi qui bougeait ainsi dans son sommeil pour rechercher la chaleur de l’autre? A chaque fois pourtant, je m’éloignais. Au matin, elle n’était plus là sans doute partie travailler… Je me suis rendormie, fuyant la réalité dans le sommeil.