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Silan

Je suis arrivée dans le camp de réfugiés de Silan. C’est à cet endroit qu’on accueille les réfugiés comme moi. C’est un endroit plus sécurisé qu’ailleurs où l’on nous forme à survivre avant de nous laisser définitivement partir à l’aventure rejoindre notre ville de rattachement.

C’est Chiang le Fort, un zoraï qui m’a tout d’abord accueilli. Il m’a envoyé directement voir une zoraï qui semblait dormir debout constamment : Unoirrin Cepao. Quand elle se réveillait, elle avait au moins l’avantage de savoir exactement où je pouvais trouver les meilleurs entraîneurs de la région.

J’ai alors rencontré Guilan Guiter. Quand Unoirrin Cepao m’avait parlé d’un entraîneur au combat, je m’attendais à rencontrer un homin. Guilan Guiter était en fait une fyros. Elle m’a appris les bases du combat.

A sa demande, j’ai alors tué mes premiers yubos allaitants. Au début, j’avais une certaine appréhension. J’aimais bien ces petites bestioles attendrissantes et aboyantes qui parfois se dressaient sur leurs pattes arrières pour mieux vous regarder. Mais, je savais que si je ne m’endurcissais pas, j’aurais du mal à survivre ici. Il s’agissait sans doute d’un test que me faisait passer Guilan Guiter. Je suppose que peut-être déjà là certains échouaient et retournaient dans les profondeurs…

Je me souviens de Zakarta, une petite triker blonde complètement perdue qui m’avait demandé si j’avais des bottes pour elle. J’ai essayé de lui montrer comment trouver les ingrédients en chassant des yubos pour avoir les peaux. Je lui ai indiqué l’entraîneur d’artisans qui lui apprendrait comment fabriquer ses premières bottes elle même. J’ai vu à son regard qu’elle était complètement dépassée par ce qu’il lui arrivait. Elle s’est soudain mise à pleurer. Je l’ai prise maladroitement entre mes bras essayant de la réconforter. Je lui ai dit que je l’aiderai qu’il ne fallait pas qu’elle s’inquiète. Elle s’est soudain sentie un peu mieux, retrouvant le sourire. C’est du moins ce qu’il me semblait. Elle m’a ensuite dit qu’elle se sentait fatiguée. Je l’ai laissée se reposer dans un coin protégé du camps de base. Je ne l’ai jamais revue. Est-elle retournée dans les profondeurs?

Quand à moi, j’ai continué à progresser. Les missions se sont enchaînées. Je devais tuer des créatures de plus en plus dangereuses. J’apprenais en plus du combat, la magie, l’artisanat et la récolte en parallèle. La magie enseignée par Nomis Merclao était passionnante. Il m’apprenait à choisir le sort le plus efficace contre les différentes créatures et comment améliorer mes sorts.

Au fil du temps, je devenais de plus en plus aguerrie. Mais dés que je me sentais trop sûre de moi, Atys me rappelait que je n’étais pas grand chose et que le danger était là guettant la moindre faute. Heureusement pour les homins imprudents comme moi, les pouvoirs des Kamis et de la Karavan, les ramènent à la vie.

Je me souviens d’un épisode surprenant alors que je m’entraînais contre des mektoubs sauvages. Ces créatures étranges avec une petite trompe, marchant la plupart du temps sur leurs quatres pattes mais parfois se redressant sur leur pattes arrières, servaient d’animaux de bat, une fois domestiqués. Ils n’avaient pas de sabots mais des sortes de grandes mains à gros doigts qu’ils utilisaient parfois pour frapper ceux qui s’en prenaient à eux.

J’étais en train de me reposer en soignant mes blessures après avoir tué quelques uns d’entre eux pour m’entraîner au combat et récupérer quelques matières premières, quand plusieurs mektoubs se sont approchés de moi, en me regardant. J’ai eu un instant de frayeur. Je savais qu’ils avaient parfois tendance à se défendre en groupe contre les prédateurs. Et j’en étais un… mais j’étais tellement mal en point que j’aurais eu du mal à résister à leur groupe. Je n’ai pas bougé, restant assise calmement, espérant qu’ils allaient continuer leur chemin. Ils m’ont finalement entourée me coupant toute retraite. L’un d’eux s’est alors approché de moi. Je fermais les yeux espérant toujours qu’ils ne seraient plus là quand je les rouvrirai. Et j’ai senti la « main » du mektoub sur ma tête comme une douce caresse. J’ai ouvert les yeux. Il me regardait d’un air doux et placide. J’avais l’impression qu’ils s’inquiétaient pour moi et qu’ils m’avaient entourée ainsi pour me protéger de la vue des torbaks qui rodaient non loin de là. Ils sont ensuite partis tranquillement quand je me suis sentie mieux.

A compter de ce jour, j’ai eu extrêmement de mal à tuer à nouveau des mektoubs. Les autres se moquaient de moi et de ma répugnance mais ce que j’avais vécu ce jour là, m’avait marqué à jamais.

Je commençais tout juste à oser m’enfoncer un peu plus dans les coins reculés de Silan quand j’ai rencontré Kyam, une zoraï aventurière comme moi. Elle m’a appris énormément mais surtout nous avons beaucoup ri ensemble. Elle avait un côté délirant tellement surprenant chez cette grande zoraï toute bleue, alors que son peuple est parfois si distant et méprisant envers les races « inférieures » que sont les autres peuples homins pour eux. J’adorais me moquer d’elle et de son masque. J’affirmais en riant que c’était parce qu’elle cachait derrière une trompe de mektoub. Mais je savais que porter ce masque était une sorte de rite de passage à l’age adulte chez les zoraïs, un don que leur avait fait les Kamis. Mais elle ne se vexait jamais prenant tout cela toujours avec beaucoup d’humour.

Je l’ai perdu de vue quand j’ai rejoint Pyr la ville des Fyros, mon peuple. Elle me manque…

Silan

Nous sommes arrivées à Silan qui était toujours le premier point d’ancrage des aventuriers à la surface. Eeri trépignait d’impatience de retourner à Pyr. Certains des légionnaires recrutés y étaient déjà. Après m’avoir entièrement équipé, elle a apposé un écusson des Légions Fyros sur l’armure qu’elle m’avait offerte sans vraiment me demander mon avis. J’aurais pu refuser mais je ne l’ai pas fait. Elle m’avait formée durant toutes ces années pour çà et je n’avais pas l’intention de la laisser réaliser son rêve de renaissance des légions fyros et de reconquêtes des territoires perdus d’Atys sans moi.

Elle m’a présentée à un nouveau légionnaire, un mâle fyros magnifique aux cheveux blonds roux : Ywan. Je suis tombé sous le charme tout de suite. Il était souriant, aimable et toujours prêt à rire. Eeri est partie pour Pyr nous laissant seuls avec un petit sourire en coin. Se doutait elle qu’Ywan me plaisait déjà ? En tout cas, j’étais heureuse de ne pas être seule pour mon apprentissage de la vie à la surface d’Atys.

Avec Ywan, nous avons découvert avec surprise que ma cousine Kyshala et son oncle Morandy se connaissaient. Ayant lu le cube d’ambre de Kyshala, je savais qu’ils avaient entretenu une relation d’une grande complicité. Peut-être aurait elle dérivée jusqu’à de l’amour si les kitines leurs en avaient laissé le temps ? Mais je n’ai pas osé en parler à Ywan. Nous nous sommes rendus aussi compte que nous faisions les mêmes rêves à leur propos : ils étaient enfermés dans une pièce sombre et appelaient quelqu’un. Pour Ywan, le nom que semblait appeler Morandy était celui de Kyshala. Tout ceci nous paraissait tellement étrange, mais que pouvions nous faire?

Nous avons commencé notre apprentissage auprès des instructeurs mais à vrai dire sans grande assiduité. Libérés de la pression des officiers légionnaires tous partis à Pyr, nous en profitions souvent pour paresser sous un champignon en parlant de choses et d’autres. Parfois, nous nous promenions montant sur les promontoires les plus hauts pour profiter de la vue. J’étais assez fière quand je lui ai fait découvrir la jungle de Silan qu’il ne connaissait pas. Il est vrai que le passage pour s’y rendre était difficilement visible et qu’il fallait savoir nager. C’est là que nous avons découvert nos premières kitines. Nous les avons massacrées avec beaucoup de plaisir comme une vengeance que nous offrions à Kyshala et Morandy.

Les jours ont passé. Nous passions tout notre temps ensemble. Ils nous arrivaient même parfois de nous endormir dans les bras l’un de l’autre comme deux enfants en manque d’affection. Pourtant, j’avais parfois l’impression d’imposer ma présence à Ywan. Je le laissais parfois seul pour ne pas qu’il me trouve trop envahissante ou collante mais il finissait toujours pas me réclamer pour ma plus grande joie. Ayant pris un peu d’avance sur lui en artisanat, je lui ai demandé un jour qu’elle était son arme préférée. Il m’a déclaré aimer combattre avec une pique. Je me suis alors empressée de trouver le plan de fabrication de cette arme auprès de l’instructeur et les meilleurs matériaux sur le marché. J’ai fabriqué pour lui ma première pique. Elle n’était pas très jolie, un peu cabossée par endroit mais elle était assez efficace pour taquiner des créatures. Quand je l’ai offerte à Ywan, il a paru très heureux. Il a même montré sa pique fièrement à un homin avec lequel il avait sympathisé.

Eeri a fini par nous contacter pour nous demander quand nous allions venir à Pyr. Nous lui manquions disait-elle. A vrai dire, elle me manquait à moi aussi. Mais il nous restait une dernière chose à faire sur Silan : vaincre le kirosta qui se terrait au fond de la jungle. C’était comme un rite de passage. Ceux qui avaient terrassé le kirosta étaient près à quitter Silan. Nous savions qu’à deux nous aurions un peu de mal à y parvenir. Aussi, nous nous sommes alliés à d’autres homins, empressés comme nous de vaincre la Bête. Nous y sommes parvenu sans vraiment trop de mal même si j’ai eu une frayeur quand j’ai vu Ywan s’effondrer. J’ai repensé à Kyshala qui n’avait plus eu de sève pour sauver Morandy quand ils ont été transpercés par cette kitine… J’ai chassé ces idées noires de ma tête et je l’ai soigné en espérant que jamais je ne vivrais ce qu’elle avait vécu lors de ce jour funeste. Le kirosta a fini par s’effondrer sous les coups.

Ywan et moi, nous nous sommes souris : nous étions prêt à partir pour Pyr.

Retrouvailles avec Kyshala

Mes cauchemars avaient cessé après notre Voyage. Mais, Jalindra avait des nuits plus agitées. La peur d’avoir cru me perdre, lui avait rappelé cruellement la mort de son homin Shab. Comme elle l’avait fait de nombreuses fois pour moi lors de mes cauchemars, je faisais de mon mieux pour apaiser ses peurs quand elle se réveillait en sursaut. C’était moi désormais qui veillait sur son sommeil.

Nous avions prévu depuis longtemps de nous séparer lorsque j’irais rendre visite à Kyshala sur Silan… Jalindra devait rester pour la guilde et pour représenter les hoodos aux réunions rangers. Mais la date de mon départ arrivait, et plus elle se rapprochait, plus nous souffrions à l’idée d’être loin l’une de l’autre. L’angoisse nous étreignait de plus en plus. Jalindra avait peur que mes cauchemars reviennent malgré le Voyage et moi, je m’inquiétais de son sommeil qui était beaucoup plus agité qu’avant. Mais surtout, nous ne pourrions plus nous offrir cette tendresse continuelle dont nous étions devenus dépendantes.

C’est Jalindra qui la veille du départ a finalement décidé de m’accompagner pour ma plus grande joie. Tant pis pour la guilde! Si les hoodo-jins avaient besoin d’elle, elle ferait le voyage en sens inverse mais en attendant nous serions ensembles. Nous avons fait nos bagages joyeusement, rejoignant l’expédition en partance pour Silan. La caravane s’est lancée sur la route. Elle était composée de marchands, de ceux qui voulaient retourner à l’abri dans les profondeurs trouvant la vie à la surface bien trop aventureuse et dangereuse et ceux qui comme moi partaient retrouver des amis ou des membres de leur famille.

Souvent sur la route, Jalindra et moi, nous nous tenions par la main, incapables de rester trop longtemps sans être au contact de l’autre. Parfois même, nous nous écartions un peu du chemin pour nous offrir des caresses et des baisers enflammés à l’abri de la vue de nos compagnons de voyages. Les premiers soirs du voyage, nous n’osions pas nous toucher devant eux, de peur de provoquer de la gêne. Mais, le manque de câlins tendres a eu raison de moi. Un soir, j’ai fini par m’installer derrière Jalindra, me collant contre son dos l’enveloppant de mes bras alors que comme tous les soirs, le groupe était réuni devant un feu se racontant des histoires d’expéditions heureuses ou malheureuses. J’avais gardé les yeux fixés sur le feu préférant éviter de croiser des regards désapprobateurs, respirant l’odeur de ma belle. Celle-ci avait d’ailleurs sentie mon angoisse et avait déposé un léger baiser sur ma joue, caressant mes mains tendrement. Mais, il n’y avait eu aucune remarque désobligeante aussi tous les soirs nous avions fini par adopter cette position tendre.

Au fur et à mesure, du trajet, Jalindra osait de plus en plus m’offrir des gestes caressants. Durant la marche, elle me gardait constamment contre elle et m’embrassait discrètement à chaque halte, surprenant parfois des regards amicaux posés sur nous et faisant abstraction de ceux qui l’étaient moins. Mais la constante présence d’autres homins à nos côtés avaient quand même tendance à nous frustrer l’une de l’autre. Heureusement, les nuits étaient à nous. Sous notre petite tente, nous nous offrions toutes les caresses que nous n’avions pas pu nous offrir pendant la journée. Silan n’était pas loin et bientôt nous pourrions enfin retrouver un peu d’intimité.

Mais je commençais aussi à être angoissée à l’idée de ma rencontre avec Kyshala. Est ce que ma cousine allait me reconnaître? Est ce qu’elle accepterait Jalindra? Je savais que Kyshala avait déjà eu une relation avec une homine, il y a bien longtemps… Donc cet aspect de ma relation avec Jalindra ne m’inquiétait pas. Mais peut-être qu’elles ne s’entendraient pas? Mais que pourrais-je faire? Jalindra était mon homine et que Kyshala l’accepte ou non, elle resterait mon homine. J’avais cette angoisse commune à tous les homins qui présentent pour la première fois l’élu(e) de leur cœur à leur famille. Le camp de réfugiés était devant nous, le groupe se séparait. L’expédition était terminée. J’allais savoir.

Jalindra avait senti mon inquiétude et elle avait multiplié les gestes tendres pour me rassurer. Nous avons cherché Kyshala dans le camps de réfugiés mais elle était introuvable. En demandant autour de nous, nous avons fini par apprendre que Kyshala passait la plupart de son temps près des groupes de yubos qu’on trouvait autour du camp. Nous l’avons aperçue effectivement non loin de là en train de les nourrir.

Je me suis approchée, Jalindra préférant rester en retrait. Kyshala s’est levée brutalement en entendant des pas près d’elle, menaçante prête à défendre les yubos. Puis, elle m’a vu. Elle a froncé les sourcils semblant me reconnaître sans toutefois être capable de mettre un nom sur mon visage. J’ai fait un petit sourire timide : « C’est moi… Shaakya… ». Kyshala m’a regardée sans un sourire : « Oui… je reconnais tes yeux… ». Elle m’a caressé doucement le crâne : « Qu’as tu fait de tes jolis cheveux blonds? ». Elle a passé un doigt sur mon tatouage : « Et pourquoi ce tatouage sanglant? ».

J’étais incapable de répondre et je me suis jetée dans ses bras en pleurant. Celle-ci a été un peu surprise d’avoir dans les bras une adulte mais plus la petite fille qu’elle avait laissée quand elle était partie à la découverte de la surface. Elle a fini par me serrer un peu gauchement dans ses bras. Elle a aperçu alors Jalindra en retrait qui nous regardait : « Qui est ce? ». J’ai quitté ses bras en tendant la main à Jalindra : « C’est Jalindra! C’est grâce à elle que je t’ai retrouvée. C’est… mon homine… ». J’ai caressé tendrement la joue de Jalindra et déposé un léger baiser sur ses lèvres, en la prenant contre moi. Kyshala l’a regardée intriguée, semblant étonnée que je préfère les homines mais elle n’a rien dit, ne semblant ni approuver, ni désapprouver…

Jalindra me serrait contre elle visiblement émue de me voir heureuse. Mais le regard insistant de ma cousine et le silence qui s’installait, la mettaient mal à l’aise. Elle a fini par rompre le silence d’une voix douce : « C’est moi qui t’ait recherchée… et je suis heureuse de vous voir réunies aujourd’hui, c’est la plus belle des récompenses. ». Elle s’est tournée vers moi en me caressant tendrement la joue : « Je vais vous laisser vous retrouver si tu veux, je serais juste dans le camp, vous devez avoir plein de choses à vous dire… ».

J’ai serré Jalindra contre moi, un peu angoissée : « Non reste, s’il te plait… ». Nous avons fini par nous installer au camp de Silan autour d’un feu pour manger un peu. Kyshala restait un peu éteinte malgré mes tentatives pour la faire parler. Plusieurs fois, j’ai évoqué le nom de légionnaires qu’elle avait connu : Glorf, Eeri, Morandy… Mais celle-ci semblait vouloir détourner la conversation à chaque fois. Elle a fini par dire un peu agacée : « Je ne veux pas savoir qui est mort et qui est vivant… Je suis fatiguée… je vais dormir. ». J’ai soupiré : « Oui… on va dormir nous aussi… On va aller au lac étincelant. On se retrouve demain. ». Je l’ai embrassée sur le front et j’ai entraîné Jalindra jusqu’au lac.

Nous nous sommes installées pour la nuit. J’étais silencieuse mais Jalindra savait bien que ce silence cachait ma détresse. Je suis venue me blottir tout contre elle, comme une enfant, recherchant sa douceur et sa tendresse. J’ai fini par murmurer : « Elle n’est plus la même… Elle a l’air éteinte… brisée… Il n’y a plus aucun éclair de joie dans ses yeux… ». J’ai commencé à pleurer silencieusement dans ses bras. Jalindra m’a serré tendrement contre elle, me berçant en me disant d’une voix douce : « C’est normal… il lui faut du temps, elle a vécu un grand traumatisme… J’ai mis dix ans à revenir à la vie… si tu m’avait connue à ce moment…« . Elle a secoué la tête. Elle m’a gardée contre elle silencieusement, me caressant tendrement le dos, m’entourant de son amour. Je me suis endormie ainsi, apaisée par sa tendresse.

Les jours avaient passé et Jalindra avait du se rendre à la réunion Rangers pour représenter les Hoodos. Cela avait été décidé dés le début mais le moment de la séparation avait été douloureux. Je n’arrivais pas à me détacher de ma bek-i-bemaï pourtant j’avais fini par la laisser partir. Mais, il ne s’était pas passé une heure que j’avais fait mes bagages pour la rejoindre, incapable de me passer d’elle. J’ai couru derrière elle sans jamais réussir à la rattraper. Nous avons fini par nous retrouver après la réunion Rangers sur l’île de Kyshala, nous câlinant, nous embrassant, nous murmurant à quel point nous nous étions manquées, alors que nous n’avions été séparées que quelques heures… Le lendemain, nous sommes reparties pour Silan main dans la main profitant de notre intimité retrouvée, connaissant désormais le chemin. Nous sommes arrivées un soir signalant notre retour à Kyshala qui était sur le point d’aller dormir et l’invitant pour le lendemain au petit-déjeuner. Nous nous sommes endormies enlacées l’une contre l’autre au bord du lac étincelant.

Notre bain quotidien matinal a eu tendance à dériver en des caresses plus intimes pour nous offrir des plaisirs à la fois intenses et doux. Nous étions encore enlacées, en train de nous embrasser sensuellement quand nous avons été surprises par des pas qui approchaient. Kyshala était là me regardant un peu étonnée de me surprendre, moi sa petite cousine, dans une telle intimité avec mon amante. Elle s’est retournée : « Je suis désolée… je reviendrais plus tard. ». Je serrais toujours Jalindra contre moi tentant de cacher au maximum sa nudité : « Non, attends… Le feu est juste là derrière la butte. L’eau chauffe déjà. On arrive. ». Kyshala s’est éloignée en suivant mes indications. Jalindra et moi nous nous sommes regardées et avons étouffé un fou rire avant de courir sur la plage pour nous rhabiller. Nous sommes arrivées la main dans la main auprès de Kyshala, nous asseyant à ses côtés. Celle-ci nous observaient mais ne disaient pas grand chose. Elle a fini par réclamer un peu de lait pour ajouter dans son infusion. Je me suis levée d’un bond : « Ha oui!!! j’avais oublié que tu aimais rajouter du lait. Je reviens! Je vais en chercher au camp. ». J’ai déposé un tendre baiser sur les lèvres de Jalindra avant de partir en courant.

C’est Jalindra qui m’a racontée ensuite ce qu’il s’était passé. Kyshala avait continué de l’observer. Elle avait soudain demandé : « Shaakya n’est elle pas trop jeune pour toi? ». Profitant que Jalindra soit restée interloquée devant cette question abrupte, elle a continué : « Shaakya est très jeune… mais elle a déjà largement eu son compte de malheur dans sa vie… Je ne voudrais pas que tu la prennes pour un agréable petit animal de compagnie en attendant de retrouver les bras d’un homin. ». Elle a eu une grimace de douleur, repensant à sa propre douleur quand son amante l’avait laissée tomber pour un homin préférant une relation plus « normale ». Jalindra a essayé de se reprendre, encore interloquée par les remarques de Kyshala. Elle l’a regardée doucement, sentant sa douleur, en cherchant ses mots : « Rencontrer Shaakya a été la plus belle chose qui me soit arrivée depuis longtemps… Je ne pourrais plus vivre sans elle, et lui faire du mal est la dernière chose que je voudrais… J’essaie au contraire d’apaiser ses souffrances et de lui apporter ce qu’elle n’a jamais connu avant… et pour mon âge, oui, sans doute que je suis trop vieille pour elle… ». Elle a soupiré avant de continuer : « Mais c’est sans doute ce qui me permet d’apprécier l’immense chance que j’ai aujourd’hui… Elle m’a permis de revivre… et d’apprivoiser mes douleurs. ». Elle a regardé Kyshala, sentant leur souffrance commune, n’ajoutant plus un mot, restant pensive.

Kyshala l’a regardée puis a secoué la tête : « Je suis désolée… je… sans doute que ce que j’ai vécu avec l’homine qui avait partagé ma vie… reste comme un échec cuisant… pour ne pas l’avoir vu venir… ». Elle a eu un soupir tremblant : « C’est cette douleur qui m’a fait venir à la surface… et pourquoi? revivre à nouveau la douleur de perdre des êtres chers… Je ne veux pas que Shaakya vive çà… ». Jalindra l’a regardée, pleine de compassion : « Je ne lui ferais jamais vivre ça tant que je pourrais l’éviter… Je connais trop cette souffrance… ce que tu vis maintenant, je l’ai vécu il y a 10 ans… et sans Shaakya, je serais encore exilée, j’aurais surement succombé à la folie de la solitude… ». Elle lui a pris doucement la main, très légèrement pour ne pas la brusquer : « C’est surement encore trop tôt pour toi… mais ne ferme pas la porte à l’espoir… Un jour, tu ne seras plus submergée par la douleur, elle ne te quittera jamais, mais tu l’apprivoiseras… ». Elle a retiré doucement sa main, ayant peur d’avoir été trop loin.

Kyshala a eu un petit sourire triste et a serré doucement la main de Jalindra : « Shaakya a aussi de la chance d’avoir trouvé son âme sœur avec toi… Je sais qu’elle a subi des souffrances dont elle ne veut pas me parler pour ne pas me faire encore plus de mal… C’est elle qui me protège maintenant… J’ai tendance à la prendre encore pour une enfant alors qu’elle a grandi et est devenue une adulte sans moi… Je pense que désormais elle sait ce qui est bon pour elle. Je devrais lui faire plus confiance… ». Jalindra a eu un petit sourire amusé : « C’est dur de s’empêcher de la protéger! « . Elle a continué plus sérieusement : « Effectivement, elle est grande maintenant… mais elle à toujours besoin de toi… et ne rejette pas l’aide qu’elle peut t’offrir… rester seule n’est pas la solution, je le sais maintenant… ». Kyshala a souri plus franchement : « Il me faudra du temps je pense avant de réussir à me lier à quelqu’un à nouveau… Mais, au moins, j’ai l’esprit plus serein de savoir que ma petite cousine est heureuse et qu’elle a trouvé quelqu’un qui l’aime réellement. Akep pour çà Jalindra. ».

Je suis arrivée à ce moment là, courant comme une dératée avec ma bouteille de lait à la main. J’ai dérapé pour m’arrêter en arrivant près d’elles soulevant le sable en présentant fièrement ma bouteille avec un grand sourire : « Le lait est prêt!!! ». Jalindra a ri devant mon arrivée en fanfare. Elle s’est tournée vers Kyshala avec un sourire taquin : « Au moins, elle a gardé son âme d’enfant! ». Elle m’a serrée tendrement contre elle.

Je souriais toujours aussi largement quand je l’ai prise contre moi avant de déposer un baiser sur ses lèvres. Kyshala souriait amusée et attendrie. Je me suis tournée vers elle tout en gardant Jalindra tout contre moi. J’ai pris un air taquin avant d’éclater de rire : « Je vois que vous avez du dire plein de mal de moi pendant mon absence et que çà vous a rapproché! Je devrais peut-être aller chercher plus souvent du lait. ». Jalindra souriait. Elle m’a pris tendrement la main : « Non, on n’a rien dit de mal. Mais j’allais justement demander quelle chipie tu étais quand tu étais encore une petite fyrette bouclée! ». Elle s’est tournée vers Kyshala : « Je suis sûre qu’elle faisait plein de bêtises? ». Kyshala a souri : « Oui plein… toujours à courir partout et pas du tout obéissante. J’étais constamment obligée de la rattraper dans des endroits improbables. Il faut dire que nous avions tendance à la couver mes parents et moi. Alors, je suppose qu’elle profitait de la moindre occasion pour filer. Mais je vois que l’âge l’a assagie un peu… à moins que tu la mènes à la baguette Jalindra? ». J’ai protesté : « Hééé… mais non… j’étais très sage!!! ». Puis, j’ai pris un petit air taquin : « Enfin… parfois… « . Jalindra a éclaté de rire : « J’ai aussi du la rattraper quelques fois… mais je ne crois pas que ce soit une question de sagesse mais plutôt qu’elle n’a plus vraiment envie de filer… sauf quand elle dort… Et non je ne mène personne… J’offre tout ce que je peux, et si j’arrive à apporter du bonheur, j’ai ma récompense!« . Je l’ai serrée dans mes bras tendrement : « Non, je n’ai plus envie de filer… ou alors seulement avec toi ma bek-i-bemaï… Et tu m’apportes énormément de bonheur… ». Je suis venue chercher ses lèvres pour l’embrasser amoureusement. Puis, je me suis tournée vers Kyshala : « Nous allons devoir repartir tu sais… Nous faisons partis d’une guilde les Hoodo et nous voulons devenir Rangers comme ceux de Silan! ». Elle m’a souri : « Ça ne m’étonne pas que tu ais choisi cette voix ma petite yubette! Tu as toujours eu bon cœur malgré toutes tes bêtises. Je suis fière de toi ! Et Jalindra, je compte sur toi pour prendre soin d’elle, désormais! ». Jalindra m’a caressé tendrement le dos en souriant à Kyshala : « Ne t’inquiète pas, je ne la lâche pas, et je ne laisserais rien lui arriver… et j’espère que l’on te reverra bientôt… Fais attention à toi, et ne laisse pas la douleur gagner. Si tu a besoin… je cours très vite! ».

Après avoir déposer un tendre baiser sur mes lèvres et fait un signe à ma cousine, elle s’est levée et s’est éloignée pour préparer nos bagages, nous laissant nous dire au revoir. Je l’ai laissée partir en la suivant des yeux amoureusement. Kyshala m’a regardée : « Tu es très amoureuse n’est ce pas? ». Je me suis retournée vers elle : « Oui… très… c’est tellement… ». J’ai soupiré de bonheur reposant mon regard sur Jalindra : « C’est tellement fort ce qu’il existe entre nous deux… je ne savais pas que c’était possible un tel amour… Nous sommes liées… ». Kyshala m’observait toujours et a eu un regard légèrement inquiet : « Tu sais la passion çà peut être dévorant… et brûler cruellement… ». Je me suis retournée à nouveau vers elle et j’ai caressé sa joue tendrement : « Je sais tout çà ma grande cousine! Jalindra n’est pas ma première amante… Mais c’est la seule qui a su m’apporter ce dont j’avais besoin. Cette passion ne nous brûle pas, elle nous réchauffe. Elle ne nous dévore pas, elle nous rend plus fortes pour affronter la vie. Jalindra est ma bek-i-bemaï! ».

Kyshala me regardait toujours : « Je suis heureuse pour toi alors! Mais si jamais… si jamais un jour çà se passait mal… Promets moi de venir me voir avant de faire une bêtise! ». J’ai souri : « Je ne vois pas comment, çà pourrait se passer mal un jour mais… je promets que je viendrais te voir si jamais çà arrivait. ». Je l’ai serrée dans mes bras : « Et toi promets moi de faire des efforts pour aller à la rencontre des gens et de ne plus passer ton temps avec des yubos ou des mektoubs! ». Kyshala m’a regardée un peu interloquée : « Quoi? Ils sont très bien mais yubos et mes mektoubs… mais oui… je promets… « . Puis, elle m’a serrée fort : « Prends soin de toi ma petite yubette et prends soin de ton amour, ne le laisse pas se flétrir, soit attentive à la moindre tracasserie, ne laisse jamais de mal-entendu entre vous… ». Je lui ai rendu sa tendre étreinte : « Oui, je ferais tout çà! Ne t’inquiète pas et je te demanderais conseils si jamais çà arrivait. ». Je l’ai embrassée tendrement sur la joue : « Oren fyraï ma grande cousine! ». Kyshala a déposé un baiser sur ma joue et m’a laissée m’échapper.

J’ai rejoint Jalindra. J’avais des larmes aux yeux quand je lui ai pris la main : « Allons y mon amour… ». Jalindra m’a serrée tendrement la main, entrecroisant ses doigts dans les miens. Elle a jeté le sac sur ses épaules et nous nous sommes mises en route, nous tenant toujours la main. Elle est restée silencieuse, sachant que j’étais triste de quitter sa cousine. Elle s’arrêtait de temps en temps pour me serrer dans ses bras avant de repartir, m’entourant de son amour. Elles avons marché d’un bon pas, pressées d’arriver et de pouvoir nous retrouver sur l’île qui était désormais notre foyer, l’île qui portait le nom de ma cousine : l’île de Kyshala.

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