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Kyshala

Je me nomme Kyshala. Je suis une Fyros.

Mon peuple s’était réfugié dans les profondeurs d’Atys à la suite de ce que l’on a appelé le Grand Essaim. Il s’agissait d’une invasion de kitins, de gros insectes géants, qui détruisaient tout sur leur passage. Les quatre peuples homins qui vivaient jusque là séparés, les Fyros, les Zoraïs, les Trykers et les Matis, ont du apprendre à vivre ensemble dans les terres anciennes.

Les années ont passé et petit à petit les premiers courageux ont rejoint la surface. Ils ont commencé à sécuriser certains territoires. Mais tout était à refaire et à reconstruire : les villes, les routes. Enfant, je regardais avec envie, les plus aventureux partir vers le nouveau monde. Tous savaient que même si les territoires étaient « sécurisés », le danger était toujours présent.

Devenue adulte, je me suis décidée à rejoindre moi aussi la surface. J’avais besoin de voir autre chose et de réaliser mon rêve d’enfance.

J’ai préparé mon sac. Puis, j’ai embrassé mes parents et ma petite cousine Shaakya. Je savais que je ne les reverrais pas avant longtemps et peut-être même jamais…

Je suis partie le coeur à la fois douloureux et en même temps empressée de découvrir ce nouveau monde qui m’avait tant fait rêvé.

Réveil brutal

Nous étions tout joyeux d’arriver à Pyr. Malgré notre épuisement, nous n’avons pas pu nous empêcher d’aller taquiner quelques Shookis devant les portes de la ville. Mais tellement empressés, nous faisions un peu n’importe quoi attaquant chacun une créature sans faire attention de prendre soin de l’autre. Nous avons alors failli succomber sous leur riposte collective. Ça nous a bien fait rire. Nous avons fini par nous trouver un coin pour la nuit. Ywan a basculé très vite dans le sommeil à mes côtés.

Mais, moi, je n’arrivais pas à m’endormir. Alors, je suis montée en haut d’une dune. Je respirais enfin l’air chaud du désert Fyros et plus cette odeur de moisissure des champignons de Silan. Je regardais l’immensité désertique en me disant que j’étais enfin chez moi. Je suis retournée me coucher près d’Ywan avec un sourire aux lèvres.

Le réveil a été brutal. Un « cal i selak » tonitruant a retenti près de moi, le chef de notre guilde Icus me saluait avec la salutation des légionnaires : le fameux « Force et gloire » en fyros. Ywan n’était plus là. Les yeux encore embués de sommeil, j’ai regardé éberluée les légionnaires entourer notre chef. Et c’était parti : la légion se mettait en ordre de bataille!

Les jours qui ont suivi, n’ont été que entraînements intensifs à n’en plus finir et de longues expéditions… encore et encore… Je croisais Ywan que pendant de brefs instants de répits. Eeri n’était pas souvent là, elle non plus. De nouveaux arrivants venaient tous les jours gonfler les rangs de la légion. Je me sentais perdue, ne sachant pas où était ma place. Moi qui avait pourtant déjà eu droit à l’entrainement des légionnaires avec Eeri dans les profondeurs, je me sentais complètement abrutie par ce traitement de choc. J’avais rêvé d’aventures, de découvertes et de grands espaces mais je me retrouvais comme oppressée par la pression que m’infligeait l’entrainement de la légion.

Toutefois, les moments que je préférais étaient les expéditions mais Ywan n’était pas là pour les partager avec moi. J’étais pourtant tellement heureuse de découvrir la taverne de Thesos où Kyshala était venue… Mais, nous nous sommes à peine arrêter. Il fallait déjà repartir cette fois pour Yrkanis la capitale des matis. Tout c’est fait au pas de course comme toujours… Un jeune fyros nous a suivi profitant de la force de frappe des légionnaires en mouvements. J’ai à peine vu les primes racines…Nous étions déjà dans les forêts pleines de champignons du pays matis. A un moment, quelqu’un a crié que le dernier arrivé à la taverne était un bébé matis: insulte suprême pour un fyros. La troupe s’est disloquée chacun courant le plus vite possible pour ne pas arriver dernier. Pour ma part, ne sachant absolument pas où se situait cette taverne, j’ai suivi Eeri. La connaissant, je savais qu’elle pouvait sentir l’odeur d’une taverne à dix kilomètre à la ronde. Mais au final, personne n’est allé là bas. La troupe s’est retrouvée devant l’intendante matis. Le but était de l’agacer le plus possible en refusant la citoyenneté matis. Au début, je trouvais le jeu amusant mais à force, je n’aimais pas ce manque de respect même envers une matis. Et quel était l’intérêt pour la guilde de se mettre déjà à dos les matis, je ne comprenais pas… Je me sentais une fois de plus en total décalage avec ce que j’avais pensé vivre ici. Heureusement, Eeri m’a déclaré par télépathie qu’elle trouvait elle aussi que tout ceci était exagéré. Elle considérait qu’elle avait bien l’intention de se servir de matis pour au moins leur pomper leurs dappers. Elle préférait donc garder des relations neutres avec eux. Au final, je suis retournée par téléporteur à Pyr complètement dépitée, oubliant de prendre un pacte pour pouvoir retourner à Yrkanis…

Les jours passaient. Ywan était toujours aussi absent. Eeri, en tant qu’officier, avait bien d’autres choses à s’occuper que de moi. Je me sentais très seule… Heureusement, j’ai rencontré une petite tryker Lyouna qui était venue s’installer à Pyr. Elle était enthousiaste et je l’ai aidé du mieux que j’ai pu. Elle a fini par vouloir intégrer les légions fyros, elle aussi… Je n’étais pas très enthousiaste pour qu’elle le fasse mais elle semblait tellement y tenir que j’ai donné un avis favorable à sa candidature. Elle m’a sautée au cou pour me remercier après que notre chef Icus lui ait remis son écusson de la légion.

Et puis, j’ai revu Ywan. Il semblait déprimé. Il n’avait plus envie de rien. Je crois qu’il pensait que tout serait facile, qu’il suivrait les traces de son oncle Morandy et qu’il deviendrait un grand magicien et un grand foreur comme lui. Mais la réalité était tout autre. Il était un jeune légionnaire débutant et même si il apprenait bien plus vite que moi, Atys ne faisait aucun cadeau à qui tentait de la défier… Il s’est endormi près du téléporteur kami de l’oasis d’Oflovak. Je l’ai quitté avec la gorge serrée… Allait il repartir et retourner dans les profondeurs?

A la recherche de Kyshala

Je me suis réveillée la tête dans le sable, sur la plage nord de la ville. Les brumes de l’alcool de la veille avait du mal à se dissiper. Je me suis relevée péniblement époussetant le sable collé à mes joues et mon front et j’ai regardé autour de moi. Ce pays était vraiment magnifique… Je comprenais pourquoi Kyshala l’avait tant aimé. Si elle était encore vivante, elle devait être là quelques parts. C’était décidé j’allais parcourir le pays tryker pour tenter de la retrouver.

Mais d’abord, j’avais envie de me baigner. Je me suis relevée et j’ai directement plongé dans l’eau. J’ai soupiré de plaisir : quel bonheur de nager dans cette eau transparente! Dans le désert, les points d’eau étaient rares et souvent trop sombres ou trop boueux pour en distinguer le fond. Là, je voyais les algues et les plantes lacustres flotter au grès des courants et les poissons multicolores venaient me chatouiller les pieds.

J’avais entendu parler de cette compagnie « Vers de Nouveaux Horizons » qui proposait aux homins de livrer des colis dans différentes villes de chaque région. Le but de ces livraisons était de mettre en place un système de transport rapide entre les villes remplaçant ainsi les téléporteurs kamis ou de la karavane. Ceci était bien sûr rémunéré et très bien d’ailleurs. J’allais profiter donc de ma visite du pays tryker pour livrer ces colis et me faire quelques dappers.

Mais pour çà, il fallait que je trouve leur représentant. Après une première recherche infructueuse, j’ai demandé sur le canal de la légion fyros si quelqu’un savait où le trouver à Fairhaven. Icus a répondu d’un ton bourru que je ferais mieux de le faire dans le désert ardent et n’a pas répondu à ma question. J’ai râler intérieurement : qu’est ce que çà pouvait lui faire d’abord? Si j’avais envie de livrer des colis au pays tryker, je le ferais avec son assentiment ou non! J’ai redoublé d’effort et j’ai fini par le découvrir dans une petite île au sud-est de Fairhaven.

Quand le représentant m’a donné le paquet, j’étais estomaquée : il pesait une tonne!!! Il a fallu que j’aille vider mon sac pour réussir à le porter. Le représentant m’a alors précisé que je gagnerai mes dappers une fois le colis livré et la rémunération était fonction de la difficulté à atteindre la ville. Ça tombait bien, je comptais aller le plus loin possible. Par contre, il fallait faire vite et arriver dans le temps imparti.

Ne connaissant pas très bien la région, je me suis dit que j’allais commencé doucement. Fairhaven était trop près et ne rapporterait sans doute pas grand chose : ma première destination serait Crystabell, une ville située un peu plus loin au nord. Cela me permettrait de vérifier ma capacité à sillonner la région. L’avantage du pays des lacs, c’est la présence d’eau partout qui offrait la possibilité de se réfugier en cas d’attaques. Ça m’allait très bien! J’adorais nager en regardant sous l’eau.

J’ai regardé la carte et j’ai trouvé un passage. J’espérais juste arriver à temps pour le colis. Mais à vrai dire, je n’ai pas vraiment eu de problème. Et, je suis tombée nez à nez avec le responsable des « Nouveaux horizons » de Crystabell dès mon arrivée. La récompense était intéressante mais pas autant que je m’y attendais. Sans doute que Crystabell n’était pas assez éloignée. J’ai fait un tour de la ville cherchant sans grand espoir Kyshala. J’ai posé des questions autour de moi en montrant un luciogramme de ma cousine : quelqu’un avait il vu cette fyrette?. On me répondait toujours par la négative. Un des pontons de Crystabell était relié à une petite île. De loin, j’ai vu qu’elle était envahie par un nid de kitines. Kyshala était elle là? Je me suis approchée à la fois terrifiée et fascinée par les insectes géants : est ce eux qui avait traîné le corps de Kyshala dans les entrailles de leur nid? Ma curiosité a eu raison de moi. Des soldats kitines m’ont pris en chasse. Malgré l’intervention de quelques gardes, je n’ai pas survécu à l’attaque.

Après une demande de résurrection aux kamis, j’étais de retour à Fairhaven. J’ai continué mes recherches toujours en emportant un colis avec moi. J’ai visité Avendale puis Windermeer, laissant à chaque fois un colis aux représentants des « Nouveaux horizons ». Personne n’avait vu Kyshala. Je m’y étais attendu mais la déception était grande.

Pourtant, j’ai continué, nageant longtemps visitant de long en large le pays tryker. J’ai fini par croiser une tribu tryker qui semblait déambulait comme moi à travers tout le pays. Je les ai suivi. Ils m’ont conduit à leur camp. J’ai été accueilli simplement, un énorme kami était là.

Étrange tribu, les trykers étaient plutôt des fervents de la Karavan, hors ceux-ci accueillaient sur leur petite île un ambassadeur kami. Ils m’ont dit qu’ils se nommaient les Corsaires. Apparemment, les autorités trykers les laissaient en paix car ils étaient des guerriers redoutables mais que surtout, ils étaient toujours là lors des guerres pour défendre la région des lacs. A eux aussi, j’ai demandé si ils avaient croisé Kyshala. Un de leur ancien guerrier l’a reconnue me redonnant espoir. Mais d’après ses dires, il l’avait vue bien avant le deuxième grand essaim…

Me voyant déprimée, ils m’ont invité à passer la soirée avec eux. L’alcool a coulé à flot. Je me suis endormie dans leur camp. A mon réveil, au moment de partir, ils m’ont promis de garder les yeux ouverts et de me prévenir si ils voyaient quelqu’un qui pourrait ressembler à Kyshala. Je leur ai laissé un luciogramme d’elle. Je suis repartie avec le sourire : si eux pensaient qu’elle était encore vivante, il y avait encore de l’espoir.

Libération des pays tryker, zoraï et… matis

Pendant mes pérégrinations dans l’Aeden Aequous, j’avais croisé à Avendale une jeune tryker Gwenith Wyler qui tentait de persuader tous les passants de s’organiser et s’armer pour repousser les kitines dans les profondeurs. Apparemment, elle était la fille d’un héros connu des trykers.

J’avais été surprise de découvrir que Reen avait demandé l’autorisation à Icus d’aller aider son peuple à chasser les kitines de leurs terres… N’est ce pas le devoir de la légion de protéger l’hominité et détruire les kitines? Pourquoi devions nous avoir l’autorisation de notre chef?

Pour ma part, qu’Icus nous ait donné l’autorisation ou non, j’y serais allée, quitte à en subir ses foudres. Autorisera-t-il la légion à participer à la fermeture des nids sur les terres matis? Ce doute me glaçait, je savais que la légion était résolument anti-matis. Allions nous laisser ce peuple sans le soutien des guerriers de la légions sous prétexte que nous détestions les matis?

Alors que cette interrogation me turlupinait, l’heure était venue d’aider les trykers. La jeune et si petite Gwenith Wyler était au milieu de la foule appelant au combat. Le premier nid était juste à côté d’Avendale. Ce nid a été particulièrement difficile à prendre. A chaque fois que nous pensions en venir à bout, d’autres kitines ressortaient encore et encore. Heureusement, que l’eau était proche en solution de repli. Mais, les trykers, peuple épris de liberté, avaient beaucoup de mal à obéir aux ordres. La bataille était complètement désorganisée, les combattants attaquant de tous les côtés sans vraiment employer de stratégie. Mais nous avons fini par en venir à bout. Nous sommes alors entrés dans les lagons de la Loria. Le deuxième nid a été plus facile à prendre mais il était plus petit aussi. Par contre, au troisième, la désorganisation a été totale… Les guerriers ont foncé dans les lignes ennemies sans même laisser le temps aux soigneurs de se placer correctement. Nous nous sommes retrouver au milieu de créatures agressives alors qu’un plan d’eau n’était pas loin, si seulement ils nous avaient laissé le temps de nous placer. Ça a été le massacre. Personne n’a eu le temps de venir me relever et j’ai ressuscité à Fairhaven… Je n’ai pas pu revenir, c’était trop loin. Je ne sais pas ce qu’il en a été de la bataille finale mais je pense que les nids ont fini par être rebouchés.

Quelques jours plus tard, c’était au tour du pays Zoraï d’être libéré. J’ai été impressionnée par l’intelligence de leur organisation. Des guerriers partaient agacer quelques kitines et revenaient vers nous. Au fur et à mesure, par petits groupes nous les décimions, évitant ainsi une attaque frontale avec l’ensemble du nid. Nous avons alors enchaînés les nids sans réelles difficultés. Cette fois aussi, il y avait peu de légionnaires mais Eeri était là. Nous avions été acceptées dans une équipe multi-raciale. C’était plutôt sympathique à part ce combattant qui ne cessait de réclamer à tout va les morceaux de kitines. Il n’arrêtait pas d’agacer Eeri pour qu’elle lui donne les morceaux qu’elle avait. Je détestais qu’on l’embête et j’ai fini par grogner à l’importun : « Tu nous gaves avec tes morceaux de kitines! ». Ce qui a eu le don de faire beaucoup rire Eeri qui ne me connaissait pas ce côté agressif. La bataille s’est terminée après que nous ayons libéré Zora.

Puis le jour est venu de libérer le pays Matis. Aucune conversation de légionnaires ne parlait de participer à cette libération… Ils ne discutaient que d’une chose : la chasse qu’ils allaient organiser entre eux. J’étais déçue… Étais-je donc la seule à vouloir défendre les homins contre les kitines? Est ce que les rancoeurs des peuples ne pouvaient pas s’éteindre le temps d’une bataille contre notre ennemi commun? Je suis allée à Avalae seule alors que je ne connaissais même pas la région… J’ai dû m’y reprendre à deux fois : des kitines poursuivant un homin m’avait finalement trouvée plus à leur goût. Quand je suis arrivée au centre de la ville, il n’y avait que très peu de monde… J’ai regardé autour de moi me demandant si nous étions au bon endroit. Les matis n’étaient pas beaucoup appréciés apparemment. Une tryker m’a gentiment intégrée dans son équipe. Les ondes télépathiques ont commencé à crépiter, les matis demandant l’aide des autres peuples. Zaydan a ricané déclarant que les matis ne s’attendaient quand même pas à ce que les légions fyros participent. Un homin a alors déclaré qu’une légionnaire était pourtant présente à Avalae. J’ai tiqué. Je me doutais que je contrevenais sans doute à la ligne de conduite de la légion. Mais après tout, Kyshala m’avait toujours dit qu’on est une véritable homine que quand on fait ce qu’on pense être juste même si c’est contre l’avis de tous. Tant pis, si je subissais les foudres des autres légionnaires. Zaydan a fini par demander sur les ondes de la guilde quel légionnaire participait à la bataille. Je n’ai rien répondu. Ywan a semblé étonné qu’un légionnaire puisse être là bas et puis la conversation a cessé. Ils ont sans doute pensé qu’on leur avait menti. Les combats étaient bien moins organisés que chez les zoraïs même si les matis tentaient d’imiter leur technique mais en tout cas bien mieux que chez les trykers. La bataille a fini par être gagnée.

L’ensemble des pays homins avait été vidé des envahisseurs kitines. J’étais heureuse d’avoir participé à cette libération. Mais, j’avais comme un goût amer… Je n’étais pas en accord avec ma guilde… Ils détestaient à un tel point les matis qu’ils préféraient laisser les kitines envahir leurs terres au risque que la menace s’étende ailleurs… Je ne comprenais pas cette attitude. J’avais eu des amis de tous les peuples quand j’avais été une enfant des rues. Les matis étaient des homins comme les autres même si leur culture était parfois déroutante pour un fyros et leur tendance à se croire supérieur aux autres des plus agaçantes. Mais tous n’étaient pas ainsi. Dans chaque peuple, il fallait distinguer le bon grain de l’ivraie et les matis ne faisaient pas exception…

Quelle serait mon avenir dans la guilde? Est ce qu’Icus allait avoir vent de l’histoire d’une légionnaire venue aider les matis? Me punirait il si il l’apprenait? Et moi qu’allais je devenir dans une guilde avec laquelle je me sentais de plus en plus mal à l’aise? Je ne participais pratiquement plus aux chasses communes me sentant en total décalage avec les légionnaires ne pensant qu’à améliorer leurs armes, leurs armures et leurs techniques de combat. Mais tous mes amis étaient dans la légion : Eeri, Ywan et Lyouna. Le temps me donnerait sans doute la réponse à mes questions…

Le mariage

Après notre tour d’Atys à dos de mektoubs, nous nous sommes mises à préparer notre mariage, souvent avec enthousiasme, quelques fois angoisse à l’idée d’être toutes les deux devant un public et parfois découragement devant l’ampleur du travail à accomplir : les invitations, la préparation de la cérémonie, le choix de nos témoins… Mais, nous étions si proches l’une de l’autre que l’idée d’officialiser notre relation nous donnait des ailes.

Et le jour est arrivé. Nous avions toutes deux fait la veille des rêves angoissés où nous n’étions plus que toutes les deux à la cérémonie, aucun de nos amis n’ayant pu venir. Mais au final nous en avons ri affirmant que même si nous n’étions que toutes les deux, cela ne nous empêcherait pas de nous marier. Le point de rendez-vous était devant les étables de Fairhaven. En effet, notre mariage devait commencer par une course de mektoubs comme dans les mariages trykers où la joie et l’amusement était de mise. Nous ne voulions surtout pas un mariage pompeux où tout le monde s’ennuie.

Nos amis ont commencé à arriver. Certains préféraient se rendre directement sur le lieux de la cérémonie. Zoro’Argh était de ceux là. Il voulait amener ses propres réserves de boissons ce qui d’ailleurs nous angoissait un peu connaissant ses idées saugrenues et sa tête dans les nuages. Mais nous avions prévu d’acheter des réserves de bières fyros auprès de Geyos au cas où. Na Djaï’tal et Anyume étaient chargés d’arbitrer l’arrivée de la course et étaient déjà sur place.
Tous nos autres amis étaient là près à en découdre lors de la course : Kiwalie, Phaozhu, Mogala, Krill, Fyrenskaken, Osquallo, Corwin. Ils plaisantaient, riaient en attendant le départ.

Je cherchais Eeri du regard : allait-elle venir? Est ce que ce ne serait pas trop dure pour elle de venir à mon mariage alors que nous avions été si proches et que sans doute si je n’avais pas connu Jalindra nous serions toujours amantes? Mais, elle m’avait promis qu’elle viendrait… Et puis elle est apparue, souriante juste à côté de moi. Je suis descendue de mon mektoub en sautant dans ses bras, heureuse qu’elle soit venue. Elle a salué tout le monde en me serrant contre elle.

Tous mes amis étaient là. J’étais heureuse et Jalindra aussi. Je le voyais à ses yeux pétillants de joie. Nous sommes tous remontés en selle, parés pour commencer la course. Le but était de rejoindre l’île que nous avions appelé « la cascade de Jalindra« , lieu que nous avions choisi pour la cérémonie et d’y trouver Anyume qui s’y était cachée. Il n’y avait pas de chemin prédéfini, il était au choix du participant à la course. Jalindra m’a pris la main en attendant le départ. Mogala semblait perdu ne sachant pas où il fallait aller alors que nous avions envoyé à tous la carte indiquant le lieu du mariage. C’était un tout nouvel Hoodo arrivée de Silan en même temps que Kyshala. Je le soupçonnais d’ailleurs d’avoir un faible pour elle et de n’être venu sur le continent que pour rester avec elle. Il semblait tout le temps ailleurs, normal pour un zoraï à vrai dire, mais lui était un spécimen particulièrement remarquable.

Le départ a été lancé. J’ai poussé un cri : « yyyyyyyyyyyyyyyyyyyaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhh ». Les toubs se sont élancés tous ensembles soulevant le sable de la plage et éclaboussant les passants en entrant dans l’eau du lac. Jalindra m’a lâché la main prenant en pitié Mogala pour lui montrer la route. Quand à moi, je poursuivais Krill qui avait déjà pris plusieurs mètres d’avance. Eeri la taquinait parce qu’elle avait chargé son toub de tonneaux et nous barrait le passage : « Krill! tu n’avance pas ton toub est trop plein de bières. ». Elle protestait : « Ah an ! Il n’est pas plein de bière ! Il la porte ! ». Mais malgré les tentatives d’Eeri pour la déconcentrer elle était toujours devant passant à travers les cloppers qui levaient leurs pinces pour tenter de l’attraper. Ça la faisait rire : « Vous remarquerez que j’attire les cloppers pour vous libérer le passage. Ça me donne droit à un bonus ? ». Eeri grognait tentant d’encourager son toub à aller plus vite : « Hahahaaaaayyyyy!!! ». J’étais derrière elles deux au plus près mais mon toub s’est enlisé dans le sable mou du bord de plage et je les ai vu partir plus loin. J’ai grommelé, je ne gagnerai pas la course à moins de trouver Anyume avant elles. Elles ont remonté le long de la cascade et sont parties directement sur la droite. La seule issue pour moi était de choisir une autre route, je suis partie tout droit mais Anyume n’était pas là. Krill l’avait trouvée en première. J’ai entendu l’annonce d’Anyume : « Gagnante Krill ! ». Je les ai rejoints en grognant.

Puis, j’ai retrouvé mon sourire en voyant Anyume et Na Djaï’tal. Je les ai serrés contre moi heureuse de les retrouver. Les autres participants sont arrivés eux aussi. Jalindra avait perdu Mogala qui s’était perdu on ne sait où… J’ai regardé autour de nous… Il y avait de jolis lampadaires installés un peu partout. Kiwalie et Zo’ro Argh avaient décoré l’île pour la rendre magnifique. Ils étaient nos témoins et s’étaient décarcassés pour nous offrir une vue merveilleuse de l’île. J’ai serré la main de Jalindra dans la mienne heureuse de découvrir la surprise de nos amis. En attendant Mogala, nous avons discuté des tonneaux de bière fyros de Geyos. Il y en avait fait venir 10. J’ai commenté : « Il y a 5 tonneaux pour Krill. ». Eeri a sautillé sur place : « M’oublie pas!!! ». J’ai ajouté en riant : « Et 3 pour Eeri et les 2 autres c’est pour les autres! ». Finalement, Mogala est arrivé essoufflé, prenant une route complètement alambiquée grognant contre les géographes et leurs cartes sans indication de relief.

Nous sommes passés derrière les paravents pour nous changer. Nos robes de mariées avaient été confectionnées par Kiwalie, la plus grande couturière que nous connaissions et notre amie et témoin. Elles étaient magnifiques blanches et turquoises. La jupe et les manches étaient matis et le haut tryker. Nos pieds resteraient nus, Jalindra sachant que je préférais n’avoir rien aux pieds. Et puis, c’était comme çà qu’elle m’avait vu pour la première fois et après tout n’étais je pas la petite reine d’ambre aux pieds nus? Je me souvenais de tous les essayages que nous avions faits avec Jalindra pour finir par adopter cette tenue que nous adorions toutes les deux. Ils nous étaient même arrivé de la porter avant le mariage quand nous n’étions que toutes les deux, juste pour le plaisir d’apprécier la beauté de l’autre dans cette tenue.

La pluie s’était mise à tomber faisant râler Eeri en bonne fyros qu’elle était : « Espérons que le beau temps va revenir… pour le moment, toute cette eau… pouark!!! ». Na Djaï’tal quand à lui, levait le masque vers le ciel pour boire quelques gouttes. Tout le monde est sorti de derrière les paravents en habits de cérémonie. Ils étaient tous magnifiques. Le plus surprenant était Zo’ro Argh dans sa superbe tenue mauve. Nous avions eu l’habitude de ne le voir habillé que d’un short tryker de savant. Sans doute que Kiwalie lui avait fait la leçon et lui avait confectionné une tenue de circonstance. Mais Kiwalie nous a fait presque rougir en affirmant d’une voix sincère : « Que vous êtes jolies ! ». J’ai pris la main de Jalindra comme pour me rassurer en sentant sa présence et sa douceur. Elle me l’a serrée doucement pour me montrer qu’elle était là.

Nous nous sommes avancées. Nous voulions nous marier près de notre arbre celui sous lequel nous étions devenues amantes mais apparemment il avait été prévu que nous nous installerions sur la petite butte non loin de là. Il est vrai que le lieu semblait beaucoup plus approprié. J’ai murmuré à ma belle : « On n’a qu’à caresser l’arbre au passage. ». Elle a acquiescé doucement. Nous avons posé nos mains entrelacées sur nos noms que nous avions gravés sur le tronc lors de notre premier passage ici.

Puis nous nous sommes avancées lentement suivis par les invités. Anyume qui ne nous avait pas encore vues en robes de mariées s’est exclamée : « Hooo elles sont belles ! ». Na Djaï’tal nous attendait en haut de la butte en souriant. C’est lui que nous avions choisi pour nous marier. Il s’est penché pour cueillir 2 petites fleurs et nous les a tendues. Nous les avons prises en souriant. Je me sentais un peu angoissée mais Jalindra me réconfortait en me serrant doucement la main.

Na Djaï’tal s’est éclairci la voix et a commencé : « Comme vous le savez, nous sommes ici pour accompagner nos deux amies pour une occasion spéciale. ». Il a regardé Krill : « Un prétexte pour boire pour certain, mais pas seulement… ». Krill a fait un clin d’oeil à Na Djaï’tal en montrant ses mains vides… pour l’instant… Il a poursuivi : « Mais je pense que le mieux serait qu’elles nous disent elles-même pourquoi elle souhaitent se marier et nous ont donc conviés ici. Shaakya, Jalindra pourquoi voulez-vous vous marier? ».

C’était à nous. Il fallait que nous déclamions le texte que nous avions préparé toutes les deux. Je me suis tournée vers Jalindra et je lui ai pris les mains en commençant :
- « Avant de te connaître, je pensais que le mariage c’était se mettre des chaines qui emprisonnent… »
Elle m’a souri. Elle était angoissée elle aussi, je le voyais. Mais nos mains liées, nous donnaient le courage d’affronter le regard de tous nos amis.
- « Avant de te connaître, je pensais que le mariage était synonyme de malheur et de souffrances… »
- « Mais je sais maintenant qu’un lien peut être aussi doux que de la soie. »
- « Mais je sais maintenant que le bonheur peut durer éternellement. »
J’ai regardé Eeri, Anyume et Na Djaï’tal avec un peu d’angoisse en poursuivant :
- « J’avais des amis et des amants, mais je leur demandais beaucoup trop et je me sentais seule. »
Mais Na Djaï’tal m’a souri affectueusement et Eeri a hoché la tête en souriant. Jalindra a continué :
- « Je vivais en ermite dans le désert après avoir perdu mon homin et mes amis. »
Et j’ai repris la parole en souriant aux souvenirs que cela évoquait :
- « La première image que j’ai de toi, c’est quand tu as soufflé sur l’izam qui avait mangé une partie du message de ta candidature à la guilde Hoodo. »
- « La première image que j’ai de toi, c’est ton visage plein de malice, ton crâne chauve et tes pieds nus qui te donnait un petit air bohème. »
Anyume semblait particulièrement émue à cette évocation. Mais j’ai continué :
- « Nous nous sommes rencontrées à la taverne de Pyr pour ne plus nous quitter. »
- « D’abord amies, nos liens n’ont cessé de se resserrer »
J’ai regardé derrière moi cherchant Kyshala du regard mais elle n’était pas encore arrivée. Je lui avais demandé de préparer une surprise que je réservais à Jalindra. Mais je savais qu’elle ne raterait mon mariage pour rien au monde. Elle allait arriver c’est sûr!
- « Tu as retrouvé ma cousine Kyshala alors que tout le monde la croyais morte. »
- « Nous sommes devenues amantes alors que je ne croyais aimer que les homins. »
Na Djaï’tal a esquissé un petit sourire.
- « Tu as réalisé mon rêve en m’emmenant faire le tour d’Atys à dos de mektoubs. »
Je me suis tournée vers Kiwalie et Corwin qui nous avaient tant aidés pour récupérer nos toubs perdus dans le labyrinthe de la masure de l’hérétique durant notre tour d’Atys pendant que Jalindra continuait.
- « Je t’ai demandé en mariage parce que je voulais que tout le monde sache à quel point je t’aimais. »
- « Et je t’ai dit oui parce que c’était une évidence, nous étions liées. »
J’ai vu Kiwalie et Na Djaï’tal arborer de francs sourires tandis qu’Eeri semblait retenir des larmes d’émotion.
- « La mort nous a effleuré déjà plusieurs fois »
- « Assez pour comprendre qu’on ne pouvait survivre sans l’autre. »
- « La mort ne nous séparera pas. »
- « Nos sèves se mêleront l’une à l’autre »
- « Pour n’en faire plus qu’une. »
- « A jamais unies »
- « El makèch mayumé. »
Mes yeux débordaient de larmes d’émotion quand je lui ai répondu :
- « El makèch mayumé »
Jalindra m’a caressée doucement la joue. Je l’ai embrassé tendrement et elle a répondu au baiser avec beaucoup d’amour.

Kiwalie soupirait d’émotion et Anyume se tamponnait les yeux. Même Fyrenskaken semblait avoir les yeux humides. Par contre, Mogala semblait regarder dans le décolleté de ses voisines et Corwin en profitait pour se servir discrètement un verre. Zo’ro Argh regardait Na Djaï’tal angoissé à l’idée de rater son rôle de témoin. Na Djaï’tal s’est mis à tousser pour se redonner une contenance et a toisé l’assemblée : « Est-ce que quelqu’un veut prendre la parole pour dire un mot aux mariées? ».

Kiwalie s’est approchée, a pris une grande inspiration et a commencé à réciter un poème :
« Un petit cœur sème
des petits cœurs à cueillir
par deux petits cœurs
les vôtres… »

J’ai souri à Kiwalie. Jalindra était émue. Puis, nous avons vu Zo’ro Argh s’avancer. Il est passé par toutes les couleurs du blanc au vert en passant par le violet. J’ai souri attendri par son trouble. Puis il a commencé lui aussi à réciter un poème :
« Voies à l’unisson
Deux lucioles dans la nuit
S’éclairent la route. »

Il a ensuite fait une révérence courtoise devant Kiwalie, Jalindra et moi. J’ai laissé échappé une larme. Il nous a regardé avec angoisse : « Heu… c’était bien?! ». Jalindra lui a souri pour le rassurer : « Très joli! ». Na Djaï’tal a hoché la tête et Kiwalie le regardait avec fierté tandis que Mogala lançait un « Ça l’fait p’tit. ».

C’est alors que j’ai vu apparaitre Icus. J’étais surprise étant donné qu’il m’avait annoncé qu’il ne pourrait pas être présent et que de toutes façons les mariages, il n’aimait pas çà. Je lui ai souri. C’est alors que j’ai vu Eeri s’approcher : « Je voudrais dire un petit mot, moi aussi. Je ne vous dirai pas de poème, mais juste un petit mot… ». Mogala s’est gentiment moqué : « Un seul? ». Mais elle a continué imperturbable : « J’ai connue Shaakya alors qu’elle sortait tout juste de l’enfance. Ça c’est bien arrangé depuis! Je l’ai prise sous mon aile, pour honorer la promesse que j’avais faite à Kyshala. Nous avons été proches, très proches même. ». J’ai souri un peu gênée à l’évocation subtile de notre relation d’amantes. Elle a poursuivi : « Hélas, je n’ai jamais été présente comme il le fallait pour cette admirable fyrette… ». J’ai rougi pendant qu’elle continuait de parler : « J’ai suivi mon désir de partir, à la recherche de… Peut-être de moi même… Aujourd’hui, je suis heureuse pour toi, Shaakya, et pour toi, Jalindra. Je vous souhaite tout mon bonheur, et… ». Elle semblait chercher ses mots sous le coup de l’émotion : « Voilà… c’est tout je crois. ». Je la regardais incapable de lui répondre autre chose qu’un « akep » d’une toute petite voix. Eeri s’est essuyée les yeux en me souriant.

Corwin s’est approché timidement : « Quand je lève la tête, je vois des milliers d’étoiles mais les plus belles sont en face de moi. ». Mogala a salué sa déclaration pendant que Jalindra se retenait de pleurer.

C’est alors que Kyshala est arrivée toute essoufflée sous les yeux intéressés de Mogala, heureux de pouvoir apprécier la présence de celle qu’il appelait « Deux monts » en raison de sa poitrine généreuse. Apparemment la surprise que j’avais préparé avec son aide pour Jalindra, lui avait pris plus de temps que prévu. Elle s’est avancée : « Je voudrais dire un mot. Je suis la cousine de Shaakya… pour ceux qui ne me connaissent pas. ». Elle a soupiré : « J’ai… vécu le deuxième grand essaim… ». Na Djaï’tal a plissé les yeux en la regardant attentivement. Mogala l’a encouragée. Elle a poursuivi après un long silence semblant revivre la fuite des réfugiés : « et j’y suis morte… ». Eeri lui a souri pour la soutenir revivant avec elle ce qu’elles avaient vécu ensembles. Kyshala a continué : « Tout le monde me croyait morte d’ailleurs… Pourtant Jalindra a tout fait pour me retrouver… pour retrouver la cousine de son amie Shaakya… et… je suis heureuse qu’aujourd’hui parce que ma petite cousine a trouvé son âme soeur. ». Elle s’est ensuite tournée vers Eeri en lui souriant : « Et… je voudrai aussi remercier Eeri… qui a pris soin de Shaakya alors qu’elle n’était encore qu’une enfant. Merci Eeri! ». Eeri s’est mise à rougir sentant les regards sur elle. Jalindra a dit doucement : « Oui, merci… sans toi, je ne l’aurais pas à mes cotés aujourd’hui. ». Kyshala a alors ajouté : « Merci aussi à toi, Jalindra! C’est à toi maintenant de prendre soin d’elle. ». Elle s’est alors rassis sous un étrange regard de Mogala.

Fyrensaken s’est alors mis à toussoter avant de s’avancer : « Je suis persuadé que chacune d’entre vous trouvera en l’autre ce qu’elle a toujours cherché, que dans l’adversité, chacune trouvera soutien auprès de l’autre, que votre amour perdure au-delà des temps. Moi aussi… je vous souhaite mes meilleurs vœux de bonheur ». Il s’est incliné avant de se rassoir. Je l’ai remercié d’un signe de tête.

La pluie avait soudain cessé et Mogala s’est écrié : « Pluie qui cesse ! Mariage en finesse ! ». Connaissant Mogala, j’ai craint qu’il poursuive avec une autre rime et j’ai vu au regard d’Eeri qu’elle pensait la même chose. Je n’ai pas pu m’empêcher de pouffer. Tandis que celui-ci se mettait lui aussi à rire sans rien ajouter.

Plus personne ne semblait plus vouloir s’avancer, alors Na Djaï’tal a repris la parole : « Je souhaiterais également ajouter quelque chose… Avec les zoraïs, c’est soit un haiku, et c’est rapide, soit c’est un conte, et c’est plus long… J’ai choisi la seconde option, mais comme nous sommes dans les Lacs, j’ai essayé de donner une teinte tryker au récit… ». J’adorais les histoires de Na Djaï’tal, je lui ai souri heureuse qu’il me gratifie d’un de ses contes. Il m’a souri en retour et a commencé :
« Il était une fois, une île où tous les différents sentiments vivaient : le Bonheur, la Tristesse, le Savoir, ainsi que tous les autres, l’Amour y compris.
Un jour on annonça aux sentiments que l’île allait couler. Ils préparèrent donc leurs bateaux et partirent.
L’Amour voulait rester jusqu’au dernier moment. Quand l’île fut sur le point de sombrer, l’Amour décida d’appeler à l’aide.
La Richesse passait à côté de l’Amour dans un luxueux bateau. L’Amour lui dit :
- “Richesse, peux-tu m’emmener ?”
- “Non car il y a beaucoup de dappers sur mon bateau. Je n’ai pas de place pour toi.”
L’Amour décida alors de demander à l’Orgueil, qui passait aussi dans un magnifique vaisseau :
- “Orgueil, aide moi je t’en prie !”
- “Je ne puis t’aider, Amour. Tu es tout mouillé et tu pourrais endommager mon bateau.”
La Tristesse étant à côté, l’Amour lui demanda,
- “Tristesse, laisse moi venir avec toi.”
- “Ooh… Amour, je suis tellement triste que j’ai besoin d’être seule !”
Le Bonheur passa aussi à côté de l’Amour, mais il était si heureux qu’il n’entendit même pas l’Amour l’appeler !
Soudain, une voix dit :
- “Viens Amour, je te prends avec moi.”
C’était un vieillard qui avait parlé. L’Amour se sentit si reconnaissant et plein de joie qu’il en oublia de demander son nom au vieillard.
Lorsqu’ils arrivèrent sur la terre ferme, le vieillard s’en alla. L’Amour réalisa combien il lui devait et demanda au Savoir :
- “Qui m’a aidé ?”
- “C’était le Temps” répondit le Savoir.
- “Le Temps ?” s’interrogea l’Amour. “Mais pourquoi le Temps m’a-t-il aidé ?”
Le Savoir sourit plein de sagesse et répondit :
- “C’est parce que Seul le Temps est capable de comprendre combien l’Amour est important dans la Vie.” »

Na Djaï’tal nous a souri les yeux brillants. Anyumé le regardait avec des yeux complices. Phaozhu a applaudit. Kiwalie a dit doucement : « Que c’est beau et vrai! ». Thalis a murmuré : « Magnifique… ». Jalindra a écrasé une larme d’émotion.

Puis Na Djaï’tal a repris la parole : « Si les témoins veulent bien s’avancer pour lier symboliquement les mariées. ». Jalindra était tellement prise par l’émotion qu’elle en a oublié qu’elle avait la liane. Je lui ai pris doucement des mains et je l’ai tendue à Zo’ro Argh. Il l’a prise en tremblant et a lié le poignet de Jalindra en disant : « Nous sommes les témoins du lien qui vous uni l’une à l’autre! ». Zo’ro Argh avait oublié de me laisser parler et Na Djaï’tal lui a fait doucement remarqué. Il a pris un air tellement confus que je m’en suis voulue de devoir le reprendre. J’ai souri à Zo’ro Argh pour le rassurer et j’ai expliqué : « Voici la liane qui a accompagné notre sommeil nous liant lors de nos nombreuses nuits perturbées tant par mon somnambulisme, que par l’infection de Jalindra par la goo. Elle fut mon rempart contre mes escapades nocturnes dans la kitnière motivées par la recherche inconsciente de ma cousine. ». C’était à Zo’ro Argh mais il était perdu et ne savait plus ce qu’il devait faire ou dire. Na Djaï’tal lui a chuchoté : « Maintenant, tu peux dire ton texte… ». Mais il était incapable de reprendre. Il a serré le nœud de la liane sur le poignet de Jalindra et a tendu l’autre bout à Kiwalie.

Fyrensaken a sorti sa guimbarde et a commencé à en jouer… l’air vibrait et des sonorités envoutantes se répandaient autour de lui, calmant les esprits… faisant envoler les tensions et les crispations. Kiwalie a pris alors doucement mon poignet et a dit doucement en nouant la liane : « Que ce lien soit le symbole de celui qui existe entre vous ».

Je me suis tournée vers Jalindra me perdant dans son regard. Elle plongeait ses magnifiques yeux bleus dans les miens. Na Djaï’tal a toussoté nous ramenant à la réalité. J’ai secoué la tête pour reprendre pied. Puis Jalindra a commencé à déclamer l’haiku que Na Djaï’tal nous avais traduit en langage zoraï. Je lui répondais par la traduction en langage commun.
- « zaadi’i né-an »
- « Les graines malheureuses »
- « pai akaba na shi-zi »
- « oublient leur souci et ne deviennent qu’une Graine de vie »
- « la liliko le »
- « Pour faire germer une fleur »

Nous nous sommes souries. Jalindra a passé à mon doigt une magnifique bague d’ambre aussi fine qu’une liane en lisant l’inscription gravée : « Notre lien est indestructible. ». J’ai passé à son doigt la même bague en y lisant une autre inscription : « A jamais réunies. ». Puis nous avons lancé ensemble le sort que nous avions préparé qui a illuminé nos corps de lumière sous les yeux ébahis de nos invités. J’ai serré Jalindra contre moi avant de l’embrasser. Elle a répondu à mon baiser avec beaucoup d’amour en m’entourant de ses bras. Je ne voyais plus qu’elle… le temps était suspendu…

Les invités se sont mis à nous acclamer : « Vivent les mariées!!! » nous sortant de la bulle que nous avait entourée pendant un bref instant. Et les feux d’artifices ont commencé à s’élever, ajoutant des étoiles colorées au ciel étoilé. Je me suis mise soudain à pleurer de bonheur. Jalindra m’a souri en serrant ma main.

Puis les invités ont commencé à s’approcher, ils avaient tous des cadeaux pour nous. Cela allait de magnifiques bouquets fleurs, à de la nourriture exotiques, aux tonneaux de bière, des feux d’artifices, des matières premières, des potions, aux armes, amplificateurs et boucliers pour se protéger durant nos explorations… Nous avons même eu droit à un petit mot de Fey-Lin que nous n’avions pas osé inviter pensant qu’elle était un personnage bien trop important pour venir à notre « petit » mariage. C’est alors que Mogala s’est approché timidement : « Je peux? ». Jalindra l’a encouragé : « Bien sûr! ». Il regardait en l’air avec des yeux inquiets : « Comme vous le savez, j’ai perdu toute ma famille, toute ma vie… A cause d’un morceau d’écorce qui a écrasé mon village… Alors, ici, je ne suis pas très à l’aise… J’ai passé des semaines blessé et d’autres à rechercher les morceaux des corps des miens… Et pour cette occasion, pour vous remercier, vous et vos amis, de l’aide énorme que vous m’avez apportée…. Pour vous remercier d’avoir permis à l’Amour de vivre avant que le vieillard ait eu le temps de faire son œuvre dans mon cœur… Voici réunis en colliers, les objets les plus précieux qu’il me soit donné de posséder. ». Il nous a alors offert deux colliers formés de tous petits morceaux colorés de masques zoraïs : « C’est tout ce qu’il reste des miens. Qu’ils vous protège et vous accompagne dans l’Amour et tout au long de l’oeuvre du vieillard… ». Le cadeau était si étonnant et précieux pour Mogala que je suis restée un instant indécise à me demander si j’avais le droit de l’accepter. Mais Jalindra a décidé pour nous deux et lui a sauté dans les bras pour embrasser sa joue. Je l’ai alors moi aussi serré contre moi en l’embrassant. Eeri a commenté : « Quels poètes, ces Hoodos! ». En moi même, j’ai pensé qu’effectivement, cela n’avait rien à voir avec les légions fyros.

A nouveau, les feux d’artifices ont illuminé le ciel. Nous regardions les étoiles colorées avec des yeux d’enfants. Puis j’ai lancé voyant que certains lorgnaient avec envie sur les tonneaux et les cookies de Kiwalie : « Et maintenant!!! Baignade, bière et cookies!!! ». Tout le monde s’est précipité sur la plage en courant, certains plus lentement traînant un tonneau derrière eux. D’autres jetaient leur vêtements en continuant d’avancer pour être les premiers dans l’eau. J’ai rangé précautionneusement ma robe de mariée pour arborer mon maillot de bain rouge en criant : « AAAAAAAAAA l’eauuuuuuuuu!!! ». Puis, estimant que j’étais arrivée la première : « J’ai gagnééééééééééééééééééé ». Jalindra a ri de mon habituelle plaisanterie et Anyume nous a éclaboussé. Mon homine nous a vengé en l’attrapant par les pieds pour la faire couler. La suite a été une série de batailles d’eau, de beuveries avec les tonneaux amenés sur la plage, de courses après les cookies aux termites et du chant merveilleux du slibard rouge de la légion fyros. Je ne me souviens plus de grand chose précisément à vrai dire à part qu’il y avait un esprit de fête, de joie emplis de rires.

Mais je tenais à faire ma surprise à Jalindra, aussi je lui ai proposé de nous éclipser. Elle a accepté avec joie. Nous avons remercié nos amis avec chaleur pour leur présence. Nous avons enfourché nos mektoubs et nous avons rejoints l’île de Kyshala. Je l’ai entrainé à l’est de l’île. Il y avait un tipi tricker blanc et bleu d’où sortait une légère fumée. J’ai souri en voyant l’étonnement de ma belle, j’ai pris sa main : « Allez viens on entre! ». L’intérieur du tipi était éclairé par de multiples petites bougies. Un arbre liane à deux fleurs trônait dans le fond. Une odeur douce embaumait l’atmosphère. Une baignoire en bois était placée au milieu remplie d’eau chaude avec une multitude de petits pétales de fleurs jetés dedans. Une petite table était placée à côté avec de nombreuses petites bouteilles de parfums, d’huiles parfumées, de savons posés dessus. J’étais moi aussi surprise… Kyshala avait beaucoup travaillé pour nous offrir ce lieu. J’ai regardé Jalindra attendant sa réaction.

Elle est resté un moment ébahie, regardant avec stupéfaction l’arbre, la baignoire avec la petite table. Elle s’est avancé doucement pour caresser l’arbre, avant de regarder sa bague avec émotion. Elle a effleuré l’eau du bout des doigts, avant de se tourner vers moi. Des larmes d’émotion roulaient sur ses joues tandis qu’elle murmurait en souriant : « C’est magnifique… mayumé… personne ne m’avait montré autant d’amour… ». elle s’est jeté dans mes bras, se blottissant dans mon cou. Je l’ai serré contre moi aussi émue qu’elle. J’ai murmuré : « J’ai tellement d’amour à te donner… ». Je l’ai déshabillée très doucement et je me suis dénudée moi aussi. J’ai testé la chaleur de l’eau du bain. L’eau était à une température parfaite. J’ai soulèvé Jalindra et je suis entrée avec elle dans l’eau. Je me suis placée contre son dos l’enveloppant de mes bras. L’eau du bain sentait bon les huiles parfumées. J’ai embrassé tendrement sa nuque en massant doucement son dos : « Cette nuit, je vais m’occuper de mon homine… pour qu’elle se souvienne toujours de notre nuit de noces. ». Ma belle se laissait câliner, semblant apprécier la détente apportée par le bain parfumé et mon doux massage. Elle a fini par se retourner pour m’embrasser avec passion avant de murmurer : « Et je compte bien prendre soin de l’homine de ma vie, pour rendre sa vie aussi merveilleuse qu’elle… ». J’ai répondu avec fièvre à son baiser et murmuré : « Ma vie est déjà tellement merveilleuse depuis que je te connais. ». J’ai commencé à la caresser de façon beaucoup plus intime en murmurant d’une voix tremblante de désir : « el makèch mayumé… ». Elle a répondu à mes caresses nous emportant dans un tourbillon de passions.

J’ai repris doucement mes esprits après le plaisir que nous nous étions offert en la serrant tout contre moi. Je lui ai lavé les cheveux avec des gestes doux presque des caresses. Je les ai rincés très délicatement, en embrassant sa nuque par petites touches. Je suis venus chercher ses lèvres pour l’embrasser tendrement. J’ai caressé son visage, les yeux emplis d’amour. Puis, je l’ai portée pour la sortir de l’eau et l’allonger sur un matelas recouvert de serviettes très douces à la bonne odeur de propre. Je l’ai essuyé tendrement. Elle est venue chercher mes lèvres les yeux brillants de bonheur. Elle me regardait et j’avais l’impression d’être magnifique dans ses yeux où luisaient la douce lueur des bougies. Elle nous a recouvertes de serviettes, en me serrant contre elle tandis qu’elle m’essuyait avec beaucoup de douceur. J’ai goûté à nouveau ses lèvres, ne me lassant jamais de leur douceur. J’ai attrapé une petite bouteille d’huile parfumée sans quitter ses bras. J’ai imprégné mes mains de l’huile parfumée et je les ai passé doucement sur le corps de ma belle avec des gestes caressants. J’ai plongé à nouveau dans ses yeux, me perdant dans mon rêve éveillé. Elle fermait les yeux sous mes caresses, savourant la sensation de mes mains glissant sur sa peau. Elle a murmuré doucement : « Je suis la plus heureuse des mariées… tu es vraiment mon rêve mayumé… ». Elle a rouvert les yeux pour attraper l’huile et a commencé à masser doucement mon dos. Je me suis laissée aller sous ses mains en fermant les yeux. J’ai murmuré en soupirant de bonheur : « Tu es le mien mayumé… je ne peux rêver mieux que toi mon amour… ». J’ai fini par m’endormir contre elle sous ses douces caresses.

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