Du 18 au 24 du thyllion du fingelien 380

Que d’aventure ces derniers jours !
Alors que je trainais à la pointe d’Egratia non loin de notre maison dans laquelle je me réfugiais la nuit tombée, Khaena est revenue brièvement dans les îlots. Elle venait chercher des ingrédients pour tenter de guérir sa mère adoptive qui dépérissait. J’étais heureux de la revoir, j’avais attendu ce moment là depuis tellement longtemps, mon corps entier la désirait, mais vu les circonstances, elle devait être bien ailleurs que sur ses considérations charnelles.
Nous avons discuté un peu puis l’heure du départ approchait. Je n’arrivais pas à me résoudre de la laisser repartir ainsi. Sur un coup de tête j’ai décidé de partir avec elle. Elle avait l’air contente et en même temps anxieuse. Il y avait beaucoup de danger et vivre ici nous faisait parfois oublier toute prudence. C’était sans compter sur ce qu’il m’était arrivé chez mon maitre forgeron. J’avais ma dose de prudence au maximum. Elle a accepté, j’ai préparé mon baluchon prêt à partir, mais elle me regardait avec ce désir ardent dans les yeux. Elle avait envie de me faire l’amour. Je ne me suis pas fait prier, trop heureux qu’elle puisse quand même gouter au plaisir charnel malgré la situation.
Nous sommes partis ensuite, une fois nos corps rassasié et ce fut long.
J’ai failli nous faire repérer en faisant un peu de bruit, mais tout se déroula le mieux possible et nous sommes arrivés à la maison de sa maman sans encombre.
J’ai vu sa mère adoptive, une toute petite femme, tenant à peine sur ses jambes et prise régulièrement de quinte de toux. Ensemble avec Khaena nous avons pensé à la faire asseoir. Comme beaucoup de fois nous étions sur la même longueur d’onde. Ce qui fit sourire sa mère qui trouvait ainsi que nous étions dans un accord parfait. Cela lui rappelait sa relation avec son mari.
Sa mère l’appelait sa petite louve, douce et féroce à la fois. J’ai trouvé ça attendrissant.
Puis la sombre qui devait piétiner d’impatience s’est manifestée. Elle voulait connaitre les détails de la découverte de Khaena par le couple d’humain.
Je résumerai en disant que la sombre est en fait la mère biologique de Khaena.
Ca m’a fichu un choc.
Un rituel qu’elle aurait fait pour protéger sa fille, et son esprit ce serait lié à celui de sa fille.
Je restais abasourdi. Les images de mes rencontres avec la sombre me revenaient en mémoire les unes derrière les autres.

Sensation d’étouffement.
Le rituel n’a pas fonctionné normalement parce qu’elle était torturée, elle a perdu tous ses souvenirs dont une partie lui revient seulement maintenant.
Sa fille …
La sombre …
La mère …
Khaena est revenue alors que sa mère adoptive était reprise par une quinte de toux plus féroce que d’ordinaire.
Elle était au bout de ses forces, les dernières qu’elle avait puisées dans le seul espoir de revoir sa fille adoptive. Maintenant qu’elle la savait entourée de gens qui l’aimait, elle était sereine et estimait qu’il était temps pour elle de partir.
Elle s’est laissé glisser dans la mort sur le son de ma voix.

Nous n’avons pas eu trop le temps de nous retourner que quelqu’un frappait à la porte. Nous nous sommes cachés ensemble dans un coin. Un homme est entré, j’ai vu Khaena devenir folle de rage, je n’ai pas pu la retenir elle s’est jeté sur l’homme, lui serrant la gorge. Il n’a pas eu le temps de réagir sur la soudaineté de ce qui lui arrivait. Il commençait à devenir plus bleu que moi, je tentais de faire reprendre raison à la sombre qui voulait tuer cet homme.
J’ai compris un peu plus tard qu’il s’agissait du prêtre qui avait chassé Khaena, son premier amant. Si j’avais su, j’aurais laissé la sombre lui serrer la gorge jusqu’au bout !
Enfin, il a donné une sépulture à sa mère adoptive, comme nous lui avions demandé et nous sommes rentrés en Séridia.
Sur le retour, la sombre … sa mère a voulu me parler encore une fois. Elle voulait je pense s’excuser du mal qu’elle m’avait fait. Moi ce qui m’intéressait maintenant c’était la suite.
Comment la co-existence allait-elle bien pouvoir se faire. Et quand au cours de la conversation elle a cru comprendre que j’accepterai de donner le corps de Khaena à un autre mâle pour qu’elle puisse satisfaire ses besoins charnelles, j’ai cru mourir sur place.
Je n’avais pas imaginé aussi pire comme situation.
Elle a tenté de me rassurer en disant qu’elle ne ferait jamais rien pour nous séparer Khaena et moi, mais j’avoue que j’ai une confiance plus que limité en elle.
Elle a quand même voulu me tuer et a été mon bourreau. Si je lui pardonnais, je ne pouvais l’oublier.

Le retour sur Séridia a été silencieux, je réfléchissais à tout cela.

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