Je me sentais malade et je ne comprenais pas pourquoi… Je savais juste que dès que Llariarith était là mon mal s’arrêtait et je me laissais envahir par une douce chaleur, mon coeur battait la chamade, mes mains se mettaient à trembler.
Je suis allé à une autre réunion des sombre pour découvrir un autre candidat à la chambellance : Bouh. J’espérais y voir Llariarith… Mais elle n’est pas venue. Elle avait envoyé Valfreyja à sa place. C’était une magnifique sinane rousse mais je me sentais horriblement déçu. Pourtant en temps normal, J’aurai été ravi de pouvoir profiter de la vue d’une si belle femelle… Et puis, je me suis dit que peut-être Valfreyja allait parler de moi à Llariarith et qu’il ne valait mieux pas que je me montre trop amorphe. Alors, j’ai commencé à participer. Mais quand j’ai voulu poser une question sur l’histoire du temple de Pierre-Blanche, l’Ilharess m’a jeté un regard noir. Je n’ai pas compris pourquoi, j’ai préféré cessé toute intervention, regardant mes pieds et m’ennuyant à mourir. Pourquoi ai je cru que les mâles du peuple sombre de Draïa avaient droit à la parole? Seuls les mâles de la famille de l’Ilharess avaient cette possibilité : Alak, Mulvaar…
L’Ilharess a finalement remarqué mon soudain silence. Elle a fini par me déclarer par télépathie que j’avais droit à la parole à condition que je ne parle pas de l’affaire du temple… J’ai répondu de façon obséquieuse que je ne voulais pas lui déplaire. Elle a fini par déclarer qu’elle s’en remettrait en prenant un bain. J’ai cru sans doute stupidement, qu’elle souhaitait mes services. Je ne pensais sur le moment qu’à la laver et lui proposer un massage. La plupart des femelles de mon clan se contentait de çà. Parfois certaines voulaient que j’aille plus loin. Je faisais en sorte de ne jamais les décevoir. Pourquoi l’Ilharess a t elle cru que je lui proposais uniquement un acte charnel me menaçant de m’envoyer son mâle Mulvaar et ses minions? Quelle incompréhension pour mon métier dans ce peuple…
Ce soir là, j’ai compris que je ne trouverais jamais ma place ici. Ni mes compétences de servant, ni ma faculté à parler n’étaient appréciés. A quoi bon continuer à rester parmi eux? Je ne m’étais approché de ce peuple que parce que Fharath me l’avait demandé mais celle-ci n’avait pas daigné venir à ma remise de bouclier alors que je l’avais « invitée ». Je ne la voyais plus d’ailleurs…
Quelques jours plus tard, j’ai parlé à Llariarith par télépathie. J’aimais nos conversations. Elle était une des rares femelles que je trouvais assez intéressante avec Fharath. Mais cette dernière finissait toujours par me trouvait trop bavard alors que Llariarith semblait apprécier nos petites discussions. Ce jour-là, elle a tenté de me redonner confiance en mon peuple et en son Ilharess. Elle semblait la connaître assez pour me dire que l’Ilharess avait été sans doute agacée par mes questions sur le temple à cause des multiples critiques dont elle avait fait l’objet sur le sujet. Llariarith semblait croire que je pourrais trouver ma place parmi les sombres de Draïa et monter dans la hiérarchie. J’en doutais mais j’aimais cette confiance qu’elle avait en moi : elle me réchauffait. Pourtant, elle semblait réticente à aller plus loin qu’une simple amitié avec moi, me déclarant à plusieurs reprises qu’elle avait assez d’amants comme çà et que la politique lui prenait trop de temps.
Plus tard, elle m’a invité à participer à la réunion des sinans qui allaient écouter Bouh. Le sujet de la réunion m’importait peu, je voulais juste être près d’elle. Je m’attendais à me retrouver parmi une foule de sinans mais il n’y avait que Valfreyja et Llariarith. Elles avaient laissé une place entre elles mais je n’osais pas m’y installer sans y avoir été invité. Alors, je me suis assis sur un banc, un peu à l’écart. Llariarith m’a finalement invité à venir près d’elles. Je me suis installé. Le contact si proche de celle qui faisait vibrer mon coeur me troublait. Mais, une fois de plus, je me suis repris ne voulant pas qu’elle me trouve trop empoté. Pourtant, si elle avait regardé mes mains tremblantes, elle se serait tout de suite rendue compte de mon état.
La discussion était intéressante avec le petit Kultar. Celui-ci semblait beaucoup plus intelligent et ouvert que le pitre Balek, comme nous aimions l’appeler. Je ne comprends toujours pas comment, les autres peuples ont pu être abusés à ce point en choisissant Balek : celui qui ne décidait rien comme il l’avait dit lui même. Toutefois Bouh n’allait pas avoir la voix des sinans car en tant que représentant Kultar, lors de l’affaire du temple, il avait fait une erreur que ceux-ci ne pouvaient lui pardonner : sans aucune discussion il avait fermé le dépôt au peuple sinan. Dommage, ses idées pour faire connaître la nécromancie aux autres peuples, aurait pu faire avancer les esprits sur le sujet.
La réunion s’est terminée. Llariarith nous a renvoyé Valfreyja et moi : elle devait parler à Bouh de représentant à représentant. Je voulais l’attendre devant la porte mais elle m’a dit que je devrais plutôt tenter de séduire Valfreyja en lui offrant un verre… Comme un mâle sombre doit le faire avec une femelle, je lui ai obéi mais au fond de moi, c’est à elle que j’aurais voulu offrir ce verre. Si j’avais été un peu moins imprégné par ma culture sombre, j’aurais compris qu’il ne s’agissait que d’une sorte de test qu’elle me faisait passer. Elle me repoussait vers une autre pour savoir à quel point je lui étais attaché… Pourquoi ai je été aussi stupide ?
Valfreyja a refusé le verre que je lui offrais prétextant des choses à faire. Je l’aimais bien. Elle avait un humour assez particulier : elle voulait par exemple revenir devant Bouh avec des créatures invoquées pour voir sa réaction. Mais, la jolie sinane rousse n’a jamais provoqué le trouble dans lequel me plongeait à chaque fois Llariarith.