J’avais très peu dormi après ma dispute avec Anyume et en me réveillant, j’avais trouvé des intrus sur l’île de Kyshala. J’ai préféré partir, je ne voulais voir personne. J’ai nagé loin et longtemps sans but précis. Un izam a réussi à me trouver : Na Djaï’tal voulait me voir. Je lui ai donné rendez-vous à Fairhaven.
A mon arrivée, il m’a tendu un bouquet de fleurs. Mais il a vu rapidement que je n’allais pas très bien. Alors, je lui ai expliqué que je m’étais disputée avec Anyume. Il m’a pris par la main et m’a conduit en haut de la colline qui surplombe Fairhaven. Il a gardé ma main dans la sienne quand nous nous sommes assis : « J’ai été pas mal absent ces derniers temps, je suis désolé… ». J’ai soupiré : « Tu n’es pas le seul… Eeri a aussi été très absente. Mais Anyume a pris soin de moi… ». Il a pris un masque désolé : « Je dois… J’ai aussi pas mal de choses à faire ces temps-ci. ». J’ai souri : « Je ne t’en veux pas. ». Il m’a caressé la joue en souriant : « Ma douce… ». Je me suis blottie contre lui.
J’ai raconté que j’avais encore eu un cauchemar et que je m’étais retrouvée dans l’appartement d’Eeri. C’est alors qu’un fyros mal élevé s’est installé entre nous. Je me suis levée furieuse en lui donnant des coups de pieds. Na Djaï’tal a été plus calme et lui a demandé de partir. L’individu parlait une de ces langues des terres lointaines mais il a très vite compris qu’il n’était pas le bienvenue. Je suppose que la taille impressionnant de mon bel amant bleu l’a fait fuir. J’ai grogné : « Pas moyen d’être tranquilles!!! ». Il m’a caressé la joue apaisant : « Ce n’est rien… ».
Nous nous sommes rassis et j’ai continué à raconter : « Anyume ne s’est pas rendu compte que j’étais partie… et elle s’en est voulue. Et après… elle a dit qu’elle m’aimait trop et qu’elle détestait ma faiblesse. Ça m’a fait mal. Alors je suis partie. ». Il a écarquillé les yeux : « Elle t’a dit quoi ? ». J’ai répété : « Qu’elle détestait ma faiblesse… ». Il ne semblait pas en croire ses oreilles : « Comme çà? ». J’ai acquiescé. Il a porté ma main à ses lèvres et l’a embrassée très tendrement. J’ai essayé d’expliquer : « Peut-être que je n’étais pas très agréable avec elle non plus… Eeri nous avait laissé pour retrouver Geyos et çà m’a énervée. Enfin je ne sais pas… ». J’ai haussé les épaules : « Sans doute qu’elle en avait marre de me garder… ».
Il a soupiré : « Vous vous êtes revues depuis ? ». J’ai secoué la tête : « Non… J’ai quitté le camps pour venir ici… pour lui faire de l’air… ». Il m’a regardé avec tendresse : « Tu crois vraiment qu’elle t’en voulait ? ». J’ai haussé les épaules : « Je ne sais pas… Je n’étais pas vraiment en état d’être diplomate. ». Il a demandé : « Tu penses que je peux essayer d’en parler avec elle, cela ne te gênerai pas ? ». J’ai acquiescé. Il m’a souri avec tendresse : « Je vais voir si je peux la trouver alors! ». Avant qu’il s’en aille, j’ai voulu précisé une chose : « Je lui en voulais parce que… j’avais l’impression qu’elle me prenait pour une gamine qui ne savait pas se gérer toute seule. ». Il a ramassé un peu de sable : « Tu sais, Shaakya… Les plus grandes douleurs proviennent souvent de ce qu’on ne peut comprendre ce qui est face à nous. Mes Voyages, c’est pour essayer de briser cela, de vaincre la douleur. En tant qu’homins, profitons de notre chance de pouvoir parler pour l’éviter. ». Il s’est penché vers moi et a déposé un baiser sur ma joue. Il m’a enlacé et après un dernier baiser, il est parti en me promettant de revenir très vite me donner des nouvelles.
Je suis retournée me promener dans les lacs. Quand, Na Djaï’tal m’a contactée à nouveau, j’étais à la taverne de Crystabell. Il a décidé de me rejoindre là. Quand, je l’ai vu arriver, j’ai découvert qu’Anyume était avec lui. Elle a eu un petit sourire gêné : « Bankun ! ». Je lui ai souri puis je l’ai serrée contre moi. Elle a répondu à mon étreinte avec soulagement. Nous nous sommes assises autour d’une table dans un silence un peu gêné. Na Djaï’tal a commandé des boissons au barman. Anyume a fini par me demander : « Comment tu vas, belle chauve ? ». J’ai soupiré : « Ca va… et toi? ». Elle a répondu : « Ça va… ». Je lui ai caressé la joue. Na Djaï’tal croquait quelques gateaux secs en attendant que le barman nous serve. Je ne savais pas vraiment quoi dire…
Na Djaï’tal a fini par ramener nos verres sur la table avec un sourire au masque : « Je suis heureux de vous revoir, après ma longue absence. ». Anyume semblait attendre qu’il parle de quelque chose. Quand à moi, j’étais plutôt heureuse qu’il brise le silence pesant qui s’était installé : « Tu t’amusais avec les amazones? ». Il a souri : « J’ai tellement de choses à apprendre ! Et Anyumé vient de me faire comprendre qu’il y en a une que je négligeais vraiment… ». Je ne savais pas si il parlait de moi ou d’Anyume alors j’ai préféré plaisanter : « Une amazone? ». Mais il est resté sérieux : « Né. J’ai un gros défaut, et… Enfin bref, Anyumé m’a fait comprendre que je devrais commencer à me servir de ce que je sais. Car elle est inquiète pour toi, comme moi je le suis, à cause de tes cauchemars. Alors elle m’a dit que je devrais peut-être te proposer un Voyage pour tenter d’y faire face. Qu’en dis-tu ? ». Anyume a ajouté : « C’est mieux que les kamis, nani ? ». Je les ai regardés surprise. Ils avaient de toute évidence parlé de çà entre eux.
J’ai fini par dire : « Oui c’est mieux. Mais Na Djaï’tal, tu n’avais pas dit… que c’était trop tôt? ». Il a haussé les épaules : « J’ai toujours l’impression que c’est trop tôt, si. Mais cela devient trop dangereux pour toi, Anyumé a raison. ». J’ai essayé de protester un peu : « Pas si dangereux que çà… ». Anyume restait concentrée sur son jus de baie. Mais Na Djaï’tal a dit avec conviction : « Si, Shaakya, ça l’est, nous le savons tous! ». Puis, il m’a regardée avec douceur.
C’est à ce moment là qu’un izam est arrivé. Eeri me cherchait et je lui ai indiqué où j’étais. J’ai repris la conversation : « J’ai toujours été somnambule… et j’ai toujours fait des cauchemars. ». Mais Anyume a affirmé : « Et maintenant il est temps d’évoluer ! ». Na Djaï’tal essayait de me faire comprendre : « Tu as failli perdre ta graine, la dernière fois, Shaakya… ». Et Anyume a enfoncé le clou : « Oi, on ne peut pas attendre que tu en meurs. ».
Eeri est arrivée à ce moment là. Elle était surprise de trouver Anyume et Na Djaï’tal avec moi. J’ai profité de sa présence pour tenter de la mettre de mon côté : « Ils disent que je suis malade et ils veulent me soigner. Dis leur toi que j’ai toujours été somnambule. ». Na Djaï’tal est intervenu : « C’est pas tout à fait ça, Shaakya… ». Eeri a ouvert de grands yeux : « Ce n’est pas une maladie! ». J’ai quand même concédé : « Bon d’accord… avant je n’allais pas dans la kitinière. ». Eeri a approuvé en souriant : « Oui, avant… Maintenant tu vas chez moi, c’est mieux!! ». Mais çà ne rassurait pas complètement Anyume : « C’est déjà ça, mais sur la route, en dormant… ».
Na Djaï’tal semblait hésiter à parler en regardant Eeri puis il lui a finalement demandé : « Tu n’es pas inquiète qu’elle pourrait encore…? ». Elle a répondu : « Je ne sais pas trop… Il ne faut pas faire d’un cas une généralité. ». J’étais plutôt heureuse que ma belle chauve prenne mon parti. Il faut dire qu’elle avait pris l’habitude de mes balades nocturnes et de mes cauchemars quand j’étais encore adolescente. Mais à cette époque elle ne dormait jamais très loin de moi. Et, elle faisait en sorte de me reconduire dans mon lit et d’apaiser mes peurs. Par contre, je voyais qu’Anyume n’était pas prête à revivre une semaine d’angoisse à se demander où j’avais bien pu passer. Na Djaï’tal était dans le même état d’esprit. Il a passé une main sur son masque : « En fait, pour tout te dire… J’ai proposé à Shaakya de faire un Voyage avec moi, pour tenter d’affronter ses cauchemars et de pouvoir leur résister… Cela pourrait l’apaiser. J’en fais depuis longtemps, pai je n’ai jamais emmené quelqu’un avec moi, et je ne sais pas exactement… ». Eeri ne comprenait pas : « Où comptes tu l’emmener? ». Na Djaï’tal a froncé le masque : « Où? C’est elle qui m’emmènera je pense plutôt. ». Eeri a souri comprenant de quel genre de voyages il s’agissait : « Expliques moi, tu m’intrigues. ». Il a plissé les yeux : « Je prends des boissons, je respire certaines plantes, pour Voyager. Mon corps ne bouge pas mais mon esprit va au loin. J’essaie de devenir arbre, herbe, torbak, vent, papillon. Cela dépend, des produits, de ma concentration… Cela m’aide à voir les liens, à comprendre. ». Eeri voulait des précisions : « C’est bien ce que j’avais compris, donc… Mais comment fais tu pour aller au même endroit qu’elle? ». Il a expliqué : « Par un rituel que nous faisons en commun c’est possible. Je ne l’ai jamais fait vraiment, mais je sais que ça marche… ». Je sentais l’inquiétude d’Eeri : « Qui l’a déjà fait? ». La sève lui ai monté au masque : « J’arrive parfois à entrer en contact avec ceux qui me sont proches, même sans qu’ils soient là lors d’un de mes Voyages. ». Anyume s’est mise à rougir brusquement. Je me demandais ce qu’il avait bien pu se passer entre eux mais je n’ai pas eu l’occasion de leur demander.
Eeri a froncé les sourcils : « Je comprends, mais es tu sur qu’il n’y a aucun risque pour Shaakya? ». L’inquiétude de ma belle chauve commençait à me gagner : « Il y en a qui ne reviennent pas de ces voyages? ». Na Djaï’tal a secoué le masque : « Je ne peux rien assurer, moi-même je découvre à chaque fois. C’est juste que c’est une chose que je pourrais faire, pour elle, si elle le veut. ». Eeri a hoché la tête : « Je comprends… ». Puis, elle s’est tournée vers moi : « Et toi, penses tu être prête à faire ce voyage? ». J’ai soupiré : « Si çà peut vous rassurer… je veux bien essayer. ». Mon grand bleu s’est mordu la lèvre : « Ne le fais pas pour nous, Shaakya, fais-le si tu y crois pour toi! Si tu le désires! ». Eeri a acquiescé : « J’espère bien… Si tu le fais, tu dois en être convaincue. ». Et Anyume a surenchéri : « Oi, ça ne marchera sans doute pas sinon, en plus. ». A vrai dire, si j’avais une chance de me débarrasser de mes cauchemars, je voulais la tenter : « J’ai confiance en Na Djaï’tal et sa science! Si il dit que çà peut m’aider… et si çà peut me débarrasser de mes cauchemars ». Il a eu un sourire affectueux : « J’espère, Shaakya, je l’espère vraiment. ».
J’ai demandé : « Faut faire quoi ? ». Il réfléchissait : « Il va falloir que je réfléchisse au lieu, et aux ingrédients qu’il faudra assembler… En plus, tes peurs sont liées aux Kitins, et ils sont… ils sont réfractaires aux Voyages… ». Anyume a caressé sa hache : « Les kitins, je m’en occupe… ». Eeri lui a souri : « Moi aussi, moi aussi!!! ». Mais Na Djaï’tal a expliqué : « Ce que je veux dire, c’est que je n’ai jamais réussi à en être un… Même un instant. Il va me falloir de la sève très puissante… Et aussi des sécrétions de kitins, de kitins rouges de préférence. ». Je l’ai regardé bizarrement m’imaginant mon grand bleu sous forme de kitin. Eeri a demandé : « Quelle genre de sève? ». Anyume réfléchissait : « Laofa parle d’une sève très pure, qui en devient corrosive sans traitement… ». Eeri semblait : « Une sève très pure… Tu ne parles pas de sève kami Anyumé? ». Anyume cherchait dans ses souvenirs : « Oi, un lac de sève… je vais retrouver le nom. Dans la cité engloutie je crois. ». Eeri a acquiescé : « Je connais ce lac! ». Na Djaï’tal hoché le masque : « Yui, j’ai entendu parler de ce lac de sève, c’est à lui que je pensais! ». Je me souvenais de ce lac, que j’avais vu en compagnie d’Ywan : « Moi aussi je le connais! ». Na Djaï’tal s’est tourné vers moi surpris. J’ai dit : « Bein quoi… vous croyez que je n’ai jamais été traîner dans les primes racines? ». J’ai regardé Anyume avec un petit air de défi histoire de lui montrer que je n’étais pas aussi gamine qu’elle le pensait.
Mais Anyume pensait toujours au lac de sève : « Il apparaît dans de nombreuses légendes. On raconte que c’est l’un des points les plus profonds des Primes accessibles. Que c’est un passage vers les anciennes terres. Que la Karavan a exploité en secret des homins pour en ramasser des hectolitres de sèves. C’est assurément un endroit qui a de l’importance ! ». Puis, ils ont parlé de la visite des primes racines pour récupérer les ingrédients nécessaires au Voyage et de l’équipement qu’il nous faudrait.
J’ai commencé à piquer du nez, épuisée par ma journée de nage. J’ai entendu dans un ronronnement doux, la voix d’Anyume qui disait : « Il va être temps d’aller border quelques fyrettes ! ». Puis, un autre ronronnement, la voix d’Eeri qui me chuchotait : « Il me reste de très bons bijoux dans mon appartement aussi! ». Je me suis relevée d’un coup en écarquillant les yeux pour avoir l’air éveillé. Je les ai vu s’amuser de ma réaction et j’ai souri. Anyume a demandé : « Où est-ce qu’on dort cette nuit ? ». Na Djaï’tal et Eeri ne voulait pas dormir tout de suite. Ils avaient des choses à faire… J’ai eu un soupire agacé qui a fait réagir Eeri : « Comment ça, pfffff? « . J’ai râlé : « Bein, tu arrives en pleine nuit et tu repars au petit matin… et Na Djaï’tal pareil! Du coup, Anyume est obligée de me supporter! Vous pourriez avoir pitié d’elle! ». Eeri m’a chuchoté à l’oreille : « Tu sais, Shaakya, même si tu n’as plus de cauchemars, ça ne t’empêche pas de venir de temps en temps dans mon appartement. Et parfois c’est toi qui pars au petit matin! ». J’ai plaisanté : « Non moi je pars en pleine nuit! ». Mais aucun des trois, n’a trouvé çà drôle. Mon escapade dans la kitinière les avait tous particulièrement affectés et ils n’étaient pas encore prêt à rire de cela. Anyume a pris la main de Na Djaï’tal comme pour se réconforter mutuellement. Eeri a pris la mienne et l’a serrée doucement.
J’ai finalement dit : « Bon bein, on va se trouver un coin avec Anyume alors! Sur l’île de Kyshala y avait du monde tout à l’heure… ». Mais Eeri a déclaré qu’elle n’y avait croisé personne quand elle m’avait cherché. J’ai tendu la main vers Anyume pour qu’elle vienne mais elle semblait somnoler. Eeri a soupçonné le barman d’avoir mis autre chose que du jus de bais dans le verre d’Anyume. Elle prenait un seau d’eau fraîche s’apprêtant à l’envoyer sur Anyume quand celle-ci a émergé de son demi-sommeil surprise. Elle a finalement dit qu’elle avait des choses à régler avant d’aller dormir. J’ai eu la désagréable impression qu’elle ne souhaitait pas passer la nuit en ma compagnie malgré notre réconciliation. Na Djaï’tal quand à lui voulait partir à la chasse aux ingrédients pour le Voyage. Nous les avons quittés pour aller Eeri et moi sur l’île de Kyshala. Elle aussi devait régler certaines choses mais elle voulait m’accompagner et rester jusqu’à ce que je m’endorme.
Arrivées là bas, je l’ai enlacé en goûtant à la peau de son cou, caressant la naissance de ses reins dénudés. Elle m’a serrée dans ces bras : « Ça me fait drôle quand même… nous sommes trois… trois pour toi… ». J’ai dit un peu amère : « Oui… enfin… Anyume déteste ma faiblesse… alors tu sais… on va dire deux et demi. ». Mais Eeri a continué : « Anyumé t’a toi et Na Djaï’tal. Na Djai’tal t’a toi et Anyumé, et moi je t’ai toi! ». J’ai caressé tendrement son cou en approchant mes lèvres des siennes : « Tu veux que je ne t’ai que toi ? ». Elle a secoué négativement la tête. J’ai demandé doucement : « Pourquoi tu ne veux pas? ». Elle a juste dit : « Tu ne le veux pas, toi… Shaakya, c’est juste que… C’est un peu difficile pour moi, je ne veux pas m’imposer. Mais tous les trois, vous êtes amants. ». J’avais l’impression qu’elle se sentait un peu à l’écart de la relation que nous entretenions tous les trois. Je voulais qu’elle comprenne les sentiments que j’avais envers elle : « Je ne sais pas ce que je veux… je sais que ce que je vis avec toi… c’est spécial… ». Elle a souri : « Je ne veux pas toujours m’imposer auprès d’eux… Et j’aime passer du temps avec toi par dessus tout. ». Je lui ai murmuré d’une voix tremblante : « Moi aussi… par dessus tout… ».
Elle m’a entraînée au sol avec elle. Je la caressais : « Je ne sais pas pourquoi… j’ai laissé Na Djaï’tal devenir mon amant… ». Elle a murmuré : « Tu en avais sans doute besoin. ». J’ai soupiré : « Oui… un besoin d’amour et de tendresse continuelle… difficile à combler… alors quand tu n’es pas là… je cède… ». Au fond de moi, je savais pourtant que ce n’était pas seulement mon manque d’affection qui m’avait fait lui céder. Ça n’aurait jamais pu être possible avec un autre homin que lui. Il était l’arbre sous lequel je me blottissais pendant la tempête, la lumière qui éclairait les différentes voies à prendre sans en imposer aucune, me remettant sur le chemin quand je m’égarais. J’ai caressé le visage d’Eeri : « Mais… j’ai tellement besoin de toi… tellement… ». Je l’ai embrassé très tendrement. Puis, j’ai secoué la tête, je sentais que je lui imposais mes choix de multiples liaisons et qu’elle aurait été sans doute plus heureuse si je n’avais eu qu’elle : « Je ne suis pas un cadeau… ». Elle a réfuté : « Si! tu es un cadeau, pour moi, Shaakya… le seul cadeau que m’ait offert la vie depuis longtemps! ».
J’ai murmuré : « Je n’ai qu’une envie n’être qu’à toi… mais je sais que je suis faible… et qu’il suffit qu’on me montre de l’affection pour que… ». Je ne savais pas expliquer ce qu’il m’arrivait dans ces moments là… Sans doute que je me sentais exister dans cette affection qu’on m’offrait et que je donnais en retour. Elle m’a caressé la joue : « Non je ne pense pas… Ce n’est pas de la faiblesse. ». Je l’ai regardée un peu perdue : « C’est quoi alors? ». Elle m’a embrassée : « Je ne sais pas… Finalement, ça ne t’est arrivée qu’une fois de succomber… Enfin, Anyumé, c’était… avant… Enfin, c’est comme ça… Tu sais, c’est amusant, finalement… ». Je l’ai regardé pas très convaincue : « Tu trouves? ». Elle a continué : « C’est moi qui suis un peu maladroite à trouver ma place et c’est toi qui te pose tout plein de questions. ».
J’ai souri : « Na Djaï’tal en pince pour toi… tu le savais? ». Elle a souri elle aussi : « Oui, je m’en suis rendue compte. ». J’ai dit doucement : « Si tu as envie… et si l’occasion se présente… N’hésite pas… ». Elle a secoué la tête : « Je ne ferais rien! Je n’en ai pas envie. ». J’ai demandé : « Pourquoi? ». Elle a ri : « Ehhh toi!!! Tu veux m’arranger un rendez vous galant pendant que tu y es? ». Elle m’a chatouillée en m’allongeant par terre. J’ai souri : « Je veux que tu te venges de moi surtout… pour rééquilibrer. ». Elle s’est mise au dessus de moi en continuant à me chatouiller : « Jamais! Jamais et jamais! ». Je rigolais en me tortillant essayant d’échapper à ses chatouilles.
Elle a soudain arrêter pour venir m’embrasser. J’ai répondu au baiser avidement en la serrant contre moi. J’ai murmuré à son oreille : « Je t’aime… ». Elle m’a serrée contre elle : « Shaakya! ». Elle s’est arrêtée troublée semblant chercher ses mots. Elle a fini par me chuchoter : « Je n’ai besoin de personne d’autre… ». Je lui ai murmuré en me perdant dans ses yeux : « Mon amour… ». Elle a souri et m’a embrassée. Je repensais à ce jour où elle avait évoqué l’idée d’avoir quelqu’un d’autre que moi en caressant son dos : « Pourtant la dernière fois… tu avais l’air de dire…. ». Elle a secoué la tête : « J’avais l’air de dire… oui, mais, je parlais d’un hypothétique futur… Là aujourd’hui… Je n’ai pas besoin de quelqu’un d’autre… J’aime beaucoup Na Djai’tal mais… ». Elle n’a pas fini sa phrase préférant m’embrasser à nouveau.
Comment lui expliquer ce lien unique que je sentais entre elle et moi? J’ai essayé de lui dire en murmurant : « Il faut que tu saches… ce que je vis avec toi… c’est… c’est vraiment autre chose… qu’avec Anyume et Na Djaï’tal… nous deux c’est comme si… ». Elle a chuchoté : « Comme si… oui, je sais. ». J’ai souri, elle aussi ressentait ce lien. J’ai essayé de l’exprimer : « Nous étions… je ne trouve pas le mot… ». J’ai secoué la tête, je n’y arrivais pas. Et puis, une idée m’est venue : « Comme deux moitiés qui se sont trouvées… ? ». Elle a souri : « Ça doit être ça oui… ».
Nous nous sommes perdues dans les yeux l’une de l’autre. Puis, je l’ai emportée dans un baiser passionné. Nos corps se sont enflammés oubliant que Na Djaï’tal et Anyume pouvaient revenir ici à tout moment. Les plaisirs que nous avons partagés ce soir là ont été si intenses… un feu difficile à éteindre… Eeri n’est finalement pas repartie. Elle est restée contre moi toute la nuit. Est ce qu’Anyume et Na Djaï’tal nous ont rejoints pendant la nuit? Je ne sais pas. Sans doute, que si ils l’avaient fait, ils nous auraient trouvées Eeri et moi, endormies, nos corps nus d’amantes intimement liés l’un à l’autre.