Archive for octobre, 2012


Ganesh

La menace de l’invasion kitine se précisait. Les Kamis et la Karavan avait fait installer des barrières de protection autour des capitales de chaque peuple, afin de retarder l’invasion.

J’ai fait tout le tour de celles de Pyr avec Ganesh mon mektoub apprenant ainsi à mieux le maîtriser et développant avec lui une certaine complicité.

Je me suis lancée ensuite dans de longues équipées avec lui. J’essayais de suivre la route que devait emprunter les participants à une course à travers le désert. Le départ et l’arrivée se situait à Pyr en passant par l’ensemble des différentes régions du pays fyros. Je voulais me rendre compte de la difficulté. Je n’ai pas été déçue…

De Pyr, j’ai rejoint l’oasis d’Oflovak sans rencontrer vraiment de problèmes. Mais je n’ai pas osé me rendre jusqu’à Dyron. Je me souvenais de la difficulté que j’avais eu à traverser avec les autres membres de la guilde et cette fois j’étais seule avec mon mektoub. Finalement de l’oasis d’Oflovak, je me suis décidée à descendre sur Thesos en empruntant le couloir brûlé en compagnie d’un matis nommé Chonchon qui faisait des repérages pour la course.

Heureusement pour moi, Ganesh courrait vite et il arrivait la plupart du temps à échapper aux créatures agressives. Malheureusement, en voulant échapper à des cuttlers, j’ai atterri en plein milieu d’un groupe de varynx. Ils n’ont eu aucun mal à m’arrêter, me blessant mortellement. Avant de m’évanouir, j’ai eu le temps de voir Ganesh qui donnait de grands coups de griffes aux varynx qui s’approchaient trop de moi. Sylve a tenté de venir à mon secoure ainsi que Chonchon. Mais tous deux ont du fuir. Je n’étais vraiment pas tombée où il fallait. Comme on le disait dans la légion en riant : « il faut toujours mourir dans un endroit sécurisé! ».

J’ai fini par ressusciter à Pyr mais Ganesh était resté au milieu des varynx. Je voulais aller le récupérer avant qu’il ne se fasse dévorer. Chonchon et Sylve m’affirmaient que c’était impossible que je n’y arriverai jamais. Le matis a même proposé de m’acheter un nouveau mektoub… Je l’ai laissé parler. Je voulais sauver Ganesh coûte que coûte, lui qui avait tenté de me défendre alors que je rendais mon dernier souffle. Je savais que cela allait être particulièrement difficile. Nous avions tenté une fois avec la guilde de récupérer le mektoub d’un nouveau légionnaire : Guyzmo. Nous n’avions jamais réussi tombant les uns après les autres sous les attaques des créatures. Cette fois, j’étais seule mais je voulais essayer quand même.

De Thesos, j’ai cherché un passage. J’ai vu mon mektoub du haut d’une falaise mais impossible de le rejoindre, la paroi était trop abrupte. J’ai fini par voir au fond du gouffre un téléporteur de la Karavan. J’ai réussi à m’y faire téléporter. Il ne me restait plus qu’à échapper aux regards des créatures pour rejoindre Ganesh.

Je rampais parmi les herbes le long de falaise. Quand un varynx se dirigeait vers moi, je ne bougeais plus et il finissait par s’éloigner. Finalement, j’ai réussi à m’approcher à quelques mètres de Ganesh. J’ai tenté de l’appeler mais il ne répondait pas à mes sollicitations. J’ai du me lever et m’avancer un peu plus pour qu’il me rejoigne. Je suis montée rapidement sur son dos et j’ai lancé une téléportation à Pyr pendant que je voyais les varynx accourir se rendant compte que leurs proies, leurs échappaient.

Arrivée à Pyr, j’étais heureuse : j’avais sauvé Ganesh!

Exode

Ca y était! Les grands de ce monde l’avaient décidé. L’hominité allait devoir fuir devant la menace de l’invasion de kitines que l’on appelait désormais le deuxième Grand Essaim. Les barrières installées par les Kamis et la Karavane ne suffiraient pas à endiguer le flot des créatures. Les kitines étaient déjà là aux portes de Pyr tentant de percer la défense. Tous les peuples avaient réussi à s’entendre. Seule la faction du clans des maraudeurs avait refusé de fuir préférant lutter contre l’invasion.

Tous les homins devaient se retrouver à Pyr, où le chemin de l’exode, nous mènerait à l’oasis secrète des Kamis. De là, un « arc-en-ciel » devrait nous transporter jusqu’aux anciennes terres. Pour le moment, il fallait participer à l’effort en aidant au rapatriement des mektoubs de ceux qui le souhaitaient vers Pyr.

Sylve avait trois mektoubs à rapatrier de Dyron vers Pyr. Nous allions l’escorter ainsi que tous ceux qui avait laissé leurs montures là bas. Finalement, moi aussi, j’allais un peu faire ma route de l’eau… Même si j’aurais préféré d’autres circonstances. La route s’est assez bien déroulée. J’ai juste été blessée par une goari alors que j’étais en queue de peloton. Heureusement, Eeri et Sylve m’ont vue en difficulté et sont revenues sur leurs pas en appelant les autres à l’aide. Ce petit incident m’a fait comprendre bien malgré moi que la position la plus sécurisée était au milieu de la troupe et non à ses extrémités.

Quelques jours plus tard, c’était l’heure du départ. Glorf nous a fait un discours :
« Légionnaires ! Ce soir nous ne connaîtrons pas la peur !
Légionnaires ! Ce soir nous ne connaîtrons pas la crainte !
Légionnaires ! Ce soir notre bras sera puissant !
Légionnaires ! Ce soir nous ne faillirons pas !
Légionnaires ! Ce soir nous connaîtrons l’espoir !
Légionnaires ! Ce soir nous nous battons pour tout ce que nous avons toujours défendu !
Légionnaires ! Ce soir nous nous battrons comme un seul homin face à ces insectes !
Légionnaires ! Ce soir nous montrerons à l’écorce la puissance du sharük !
Légionnaires ! Notre nom ne sera pas oublié !
Légionnaires ! Que la flamme des Légions brûle à tout jamais dans le désert et que nous ne soyons pas qu’un nom dans un manuel d’histoire
Force et Gloire Légionnaires ! »

Ce discours qui avait galvanisé les autres légionnaires m’a fait froid dans le dos. « Nous ne connaîtrons pas la peur »? j’étais terrifiée. « Notre bras sera puissant! » ? Je savais que j’étais la plus faible du groupe et que j’étais incapable de faire ne serait ce qu’une égratignure à une kitine… Il me restait l’espoir… l’espoir de voir cet arc-en-ciel et que tous mes amis soient là avec moi pour le prendre.

Je me suis laissée entraîner à l’entrée de Pyr. J’étais impressionnée par le si grand nombre d’homins présents… Moi qui détestait la foule j’étais servie. Je cherchais Morandy et Eeri du regard. Ils étaient là non loin de moi. Il fallait que je reste près d’eux coûte que coûte. Nous avons formé des équipes, j’étais dans celle de Morandy et Eeri dans celle de Glorf.

J’ai sorti Ganesh de son étable. Je me sentais perdue dans ce brouhaha incessant. Puis les premiers rangs ont commencé à se mettre en mouvement. J’ai suivi. Je n’avais de toutes façons pas le choix poussée par la foule derrière moi. J’essayais de rester au contact de Morandy et puis je l’ai perdu de vue. J’ai cherché Eeri du regard. Elle non plus n’était plus là. Le convois s’est soudain arrêté.

Puis j’ai entendu Glorf beugler de le rejoindre pour ne pas laisser l’empereur Fyros sans garde rapprochée. J’ai compris que la longue file des exilés avait été séparée en deux. J’étais devant avec la première tandis que Glorf et les autres étaient restés en arrière. Que devais je faire? Les rejoindre au risque de traverser une longue zone sans aucune protection ou rester à les attendre? Ne les voyant pas arriver, j’ai tenté le tout pour le tout en retournant en arrière. Au moins, si je devais mourir, je serais moins loin d’eux…

C’est au détour d’une dune que j’ai failli entrer en collision avec l’Empereur Fyros lui-même : Dexton. Les légionnaires l’entouraient. J’ai poussé un soupire de soulagement : ils étaient tous là. Nous avons rejoint le deuxième convois, le dépassant même pour aller en première ligne sous l’impulsion de l’Empereur. La première partie du voyage dans les dunes s’est déroulé sans vraiment de problème. Les pauvres bestioles qui tentaient de s’attaquer à la marée homine étaient laminées. Mais nous savions que le plus dur rester à venir : la traversée du couloir brûlé.

Nous les avons vu devant nous elles étaient là bloquant le passage vers l’oasis Kami, semblant nous attendre. Un énorme rassemblement de kitines menaçantes. Il n’y a pas eu de réflexion. A quoi bon? C’était le seul passage. Avec un courage désespéré, l’hominité a chargé droit devant, fonçant dans la masse compacte de dards, de pinces et de mandibules acérées. Cette fois, je suis restée au contact des autres légionnaires, leur lançant continuellement des dons de sèves ou de vies. Je faisais de mon mieux pour être leur soutient et non pas une charge. J’essayais de rester non loin de la paroi de la falaise, évitant ainsi de me faire surprendre par l’arrière. Et puis j’ai entendu l’annonce : l’Empereur Dexton était tombé. Il gisait mort. C’était la stupéfaction. Pourquoi n’arrivions nous plus à le ressusciter malgré tous nos essais?

C’est quand j’ai regardé autour de moi que j’ai compris… De l’immense foule du début, il ne restait plus que la moitié. Les corps homins gisaient tout autours de ceux qui étaient encore debout. La terre brûlée se gorgeant de leur sang. L’horrible vue des kitines dévorant les nôtres était insoutenable. Le bruit de leurs mandibules broyant leurs os m’a donné la nausée. Les résurrections n’étaient plus possibles, les kamis avaient été débordés par les si nombreuses morts en si peu de temps… Ils n’arrivaient plus à régénérer la graine de vie des homins.

Et puis Glorf est passé de la stupeur à la rage s’enfonçant dans les troupes ennemies, comme inconscient du danger. Lui qui avait été si proche de son Empereur ne pouvait supporter sa mort. Nous n’avions d’autres choix que de le suivre pour ne pas qu’il succombe lui aussi ouvrant ainsi un chemin aux travers des kitines.

Nous étions presque en vue de l’oasis quand une masse jaunâtre s’est précipitée sur moi. Un troupeau de shalahs sans doute paniqués avait foncé droit devant, piétinant tout sur leur passage, pour échapper aux combats que se livraient les homins et les kitines. Mes os se sont brisés sous leur masse. J’ai senti mon esprit s’échapper de mon corps… Je le voyais comme si mon esprit était suspendu au-dessus de lui. Est ce que j’allais mourir moi aussi comme l’Empereur Dexton et tous les autres? j’ai été envahie par la panique, attendant que quelqu’un m’offre un peu de sa vie…

Et puis Morandy est arrivé. Il m’a relevée. Je l’ai remercié par un sourire et j’ai regardé autour de moi. Je n’étais pas la seule à être tombée sous la charge des shalahs. Eeri se relevait elle aussi difficilement. Et puis, j’ai vu Ganesh… Il avait été piétiné, le mektoub de Eeri également. Nous les regardions toutes deux un peu abasourdies. Je me souviens qu’Eeri a demandé si il était possible de redonner vie à son mektoub. La réponse était négative. Je m’en voulais. Pourquoi l’avais je pris avec moi, alors que ce voyage était si dangereux. J’aurais du lui rendre sa liberté à Pyr… Au moins, il serait encore en vie.

Mais, il fallait continuer, le passage au travers des kitines se refermaient. Nous devions soutenir les combattants encore et encore. L’épuisement faisait ressentir ses effets. Je n’arrivais plus à suivre ne sachant plus à qui je devais offrir ma séve ou ma vie. Alors, je me suis concentrée sur les deux seules personnes que je ne voulais pas perdre : Eeri et Morandy.

Et puis, j’ai entendu Sylve crier « à l’oasis, à l’oasis!!! ». L’entrée était là à quelques pas. J’ai vu Eeri passer la barrière de pierres. J’ai souri un peu tristement, elle au moins était sauve. J’ai cherché Morandy. J’avais cru qu’il me suivait. Il n’était pas là… Je suis revenue sur mes pas en courant en l’appelant d’une voix angoissée : « Morandy! ». Il a crié lui aussi mon nom me permettant de le distinguer dans la masse des kitines qui l’entourait. Il était sur le point de défaillir. Mais il était loin, il a fallu que je m’approche au plus près des monstrueux insectes pour offrir de ma vie encore et encore…

J’entendais les cris d’appels à la retraite mais il était hors de question que je laisse Morandy. Quel sens aurait ma vie ensuite si je l’abandonnais au milieu des kitines? J’offrais ma vie et ma sève pour lui sans penser à autre chose que le sauver. Et puis, il est apparu réussissant à sortir de la masse. Je lui ai souri rassurée. Il m’a rendu mon sourire. Et puis son expression s’est soudain changée en peur et il a couru vers moi. De quoi avait il peur? Puis, j’ai compris qu’il regardait derrière moi. Je n’ai pas eu le temps de me retourner. Morandy m’avait poussée sur le côté mais j’ai senti le dard de la créature me transpercer le flanc, laissant une partie de son poison. Je suis tombée à genoux. Morandy avait lancé sa lance en avant prenant tous les risques transperçant lui aussi la kitine de part en part mais la bête avait déjà ressorti son dard de mon corps pour le lancer vers celui de son attaquant, l’enfonçant profondément dans son ventre avant de s’effondrer.

Morandy est tombé en arrière près de moi. Je me suis traînée près de lui. Tout n’était que brouillard, le poison envahissait mon sang. Mais, je voulais être à ses côtés. Est ce que quelqu’un était encore là pour nous sauver? Les kitines s’étaient détournées de nous poursuivant les derniers homins qui s’enfuyaient vers l’oasis. Je savais que Eeri était sauvée, Sylve également… Mais tous les autres? Où étaient Glorf, Dinomir, Rizel et Reen? Où était Lurtz qui était sorti de sa retraite pour combattre? Il n’y avait plus que nous ici, d’autres blessés qui gémissaient de douleur et tous ses morts. Je ne voulais pas entendre encore une fois l’horrible son que faisait les mandibules qui broyaient les os des homins, ni entendre les hurlements de ceux qui étaient dévorés vivants…

J’ai capté le regard de Morandy m’enfermant dans une bulle où il n’y avait plus que nous deux. Nous nous sommes pris la main matérialisant ainsi pour la première fois physiquement le lien qui nous unissait. Sa main était si douce et si chaude… Pourquoi n’avais je pas osé la prendre dans la mienne avant? Nous nous sommes souris. Nous savions tous les deux que nous allions mourir, le poison nous envahissait irrésistiblement. Sa blessure était bien plus profonde que la mienne… il allait mourir avant moi… Je serrais sa main, je ne voulais pas qu’il me laisse. Il semblait comprendre mon angoisse même si aucun mot n’avait été échangé. Il a embrassé ma main et m’a dit dans un murmure qu’il m’aimait. Je n’arrivais pas à répondre : ma gorge était bien trop nouée pour çà. Je n’ai réussi qu’à lui offrir un sourire retenant mes larmes de douleurs. Je ne voulais pas que la dernière image qu’il voit soit celle d’une homine en pleurs.

Ses yeux se sont fermés, sa main s’est faite flasque dans la mienne, mes larmes ont commencé à couler le long de mes joues. Je me suis allongée près de lui, me blottissant contre son cou. J’espère juste que je serais morte quand les kitines reviendront…

Silan

Nous sommes arrivées à Silan qui était toujours le premier point d’ancrage des aventuriers à la surface. Eeri trépignait d’impatience de retourner à Pyr. Certains des légionnaires recrutés y étaient déjà. Après m’avoir entièrement équipé, elle a apposé un écusson des Légions Fyros sur l’armure qu’elle m’avait offerte sans vraiment me demander mon avis. J’aurais pu refuser mais je ne l’ai pas fait. Elle m’avait formée durant toutes ces années pour çà et je n’avais pas l’intention de la laisser réaliser son rêve de renaissance des légions fyros et de reconquêtes des territoires perdus d’Atys sans moi.

Elle m’a présentée à un nouveau légionnaire, un mâle fyros magnifique aux cheveux blonds roux : Ywan. Je suis tombé sous le charme tout de suite. Il était souriant, aimable et toujours prêt à rire. Eeri est partie pour Pyr nous laissant seuls avec un petit sourire en coin. Se doutait elle qu’Ywan me plaisait déjà ? En tout cas, j’étais heureuse de ne pas être seule pour mon apprentissage de la vie à la surface d’Atys.

Avec Ywan, nous avons découvert avec surprise que ma cousine Kyshala et son oncle Morandy se connaissaient. Ayant lu le cube d’ambre de Kyshala, je savais qu’ils avaient entretenu une relation d’une grande complicité. Peut-être aurait elle dérivée jusqu’à de l’amour si les kitines leurs en avaient laissé le temps ? Mais je n’ai pas osé en parler à Ywan. Nous nous sommes rendus aussi compte que nous faisions les mêmes rêves à leur propos : ils étaient enfermés dans une pièce sombre et appelaient quelqu’un. Pour Ywan, le nom que semblait appeler Morandy était celui de Kyshala. Tout ceci nous paraissait tellement étrange, mais que pouvions nous faire?

Nous avons commencé notre apprentissage auprès des instructeurs mais à vrai dire sans grande assiduité. Libérés de la pression des officiers légionnaires tous partis à Pyr, nous en profitions souvent pour paresser sous un champignon en parlant de choses et d’autres. Parfois, nous nous promenions montant sur les promontoires les plus hauts pour profiter de la vue. J’étais assez fière quand je lui ai fait découvrir la jungle de Silan qu’il ne connaissait pas. Il est vrai que le passage pour s’y rendre était difficilement visible et qu’il fallait savoir nager. C’est là que nous avons découvert nos premières kitines. Nous les avons massacrées avec beaucoup de plaisir comme une vengeance que nous offrions à Kyshala et Morandy.

Les jours ont passé. Nous passions tout notre temps ensemble. Ils nous arrivaient même parfois de nous endormir dans les bras l’un de l’autre comme deux enfants en manque d’affection. Pourtant, j’avais parfois l’impression d’imposer ma présence à Ywan. Je le laissais parfois seul pour ne pas qu’il me trouve trop envahissante ou collante mais il finissait toujours pas me réclamer pour ma plus grande joie. Ayant pris un peu d’avance sur lui en artisanat, je lui ai demandé un jour qu’elle était son arme préférée. Il m’a déclaré aimer combattre avec une pique. Je me suis alors empressée de trouver le plan de fabrication de cette arme auprès de l’instructeur et les meilleurs matériaux sur le marché. J’ai fabriqué pour lui ma première pique. Elle n’était pas très jolie, un peu cabossée par endroit mais elle était assez efficace pour taquiner des créatures. Quand je l’ai offerte à Ywan, il a paru très heureux. Il a même montré sa pique fièrement à un homin avec lequel il avait sympathisé.

Eeri a fini par nous contacter pour nous demander quand nous allions venir à Pyr. Nous lui manquions disait-elle. A vrai dire, elle me manquait à moi aussi. Mais il nous restait une dernière chose à faire sur Silan : vaincre le kirosta qui se terrait au fond de la jungle. C’était comme un rite de passage. Ceux qui avaient terrassé le kirosta étaient près à quitter Silan. Nous savions qu’à deux nous aurions un peu de mal à y parvenir. Aussi, nous nous sommes alliés à d’autres homins, empressés comme nous de vaincre la Bête. Nous y sommes parvenu sans vraiment trop de mal même si j’ai eu une frayeur quand j’ai vu Ywan s’effondrer. J’ai repensé à Kyshala qui n’avait plus eu de sève pour sauver Morandy quand ils ont été transpercés par cette kitine… J’ai chassé ces idées noires de ma tête et je l’ai soigné en espérant que jamais je ne vivrais ce qu’elle avait vécu lors de ce jour funeste. Le kirosta a fini par s’effondrer sous les coups.

Ywan et moi, nous nous sommes souris : nous étions prêt à partir pour Pyr.

Réveil brutal

Nous étions tout joyeux d’arriver à Pyr. Malgré notre épuisement, nous n’avons pas pu nous empêcher d’aller taquiner quelques Shookis devant les portes de la ville. Mais tellement empressés, nous faisions un peu n’importe quoi attaquant chacun une créature sans faire attention de prendre soin de l’autre. Nous avons alors failli succomber sous leur riposte collective. Ça nous a bien fait rire. Nous avons fini par nous trouver un coin pour la nuit. Ywan a basculé très vite dans le sommeil à mes côtés.

Mais, moi, je n’arrivais pas à m’endormir. Alors, je suis montée en haut d’une dune. Je respirais enfin l’air chaud du désert Fyros et plus cette odeur de moisissure des champignons de Silan. Je regardais l’immensité désertique en me disant que j’étais enfin chez moi. Je suis retournée me coucher près d’Ywan avec un sourire aux lèvres.

Le réveil a été brutal. Un « cal i selak » tonitruant a retenti près de moi, le chef de notre guilde Icus me saluait avec la salutation des légionnaires : le fameux « Force et gloire » en fyros. Ywan n’était plus là. Les yeux encore embués de sommeil, j’ai regardé éberluée les légionnaires entourer notre chef. Et c’était parti : la légion se mettait en ordre de bataille!

Les jours qui ont suivi, n’ont été que entraînements intensifs à n’en plus finir et de longues expéditions… encore et encore… Je croisais Ywan que pendant de brefs instants de répits. Eeri n’était pas souvent là, elle non plus. De nouveaux arrivants venaient tous les jours gonfler les rangs de la légion. Je me sentais perdue, ne sachant pas où était ma place. Moi qui avait pourtant déjà eu droit à l’entrainement des légionnaires avec Eeri dans les profondeurs, je me sentais complètement abrutie par ce traitement de choc. J’avais rêvé d’aventures, de découvertes et de grands espaces mais je me retrouvais comme oppressée par la pression que m’infligeait l’entrainement de la légion.

Toutefois, les moments que je préférais étaient les expéditions mais Ywan n’était pas là pour les partager avec moi. J’étais pourtant tellement heureuse de découvrir la taverne de Thesos où Kyshala était venue… Mais, nous nous sommes à peine arrêter. Il fallait déjà repartir cette fois pour Yrkanis la capitale des matis. Tout c’est fait au pas de course comme toujours… Un jeune fyros nous a suivi profitant de la force de frappe des légionnaires en mouvements. J’ai à peine vu les primes racines…Nous étions déjà dans les forêts pleines de champignons du pays matis. A un moment, quelqu’un a crié que le dernier arrivé à la taverne était un bébé matis: insulte suprême pour un fyros. La troupe s’est disloquée chacun courant le plus vite possible pour ne pas arriver dernier. Pour ma part, ne sachant absolument pas où se situait cette taverne, j’ai suivi Eeri. La connaissant, je savais qu’elle pouvait sentir l’odeur d’une taverne à dix kilomètre à la ronde. Mais au final, personne n’est allé là bas. La troupe s’est retrouvée devant l’intendante matis. Le but était de l’agacer le plus possible en refusant la citoyenneté matis. Au début, je trouvais le jeu amusant mais à force, je n’aimais pas ce manque de respect même envers une matis. Et quel était l’intérêt pour la guilde de se mettre déjà à dos les matis, je ne comprenais pas… Je me sentais une fois de plus en total décalage avec ce que j’avais pensé vivre ici. Heureusement, Eeri m’a déclaré par télépathie qu’elle trouvait elle aussi que tout ceci était exagéré. Elle considérait qu’elle avait bien l’intention de se servir de matis pour au moins leur pomper leurs dappers. Elle préférait donc garder des relations neutres avec eux. Au final, je suis retournée par téléporteur à Pyr complètement dépitée, oubliant de prendre un pacte pour pouvoir retourner à Yrkanis…

Les jours passaient. Ywan était toujours aussi absent. Eeri, en tant qu’officier, avait bien d’autres choses à s’occuper que de moi. Je me sentais très seule… Heureusement, j’ai rencontré une petite tryker Lyouna qui était venue s’installer à Pyr. Elle était enthousiaste et je l’ai aidé du mieux que j’ai pu. Elle a fini par vouloir intégrer les légions fyros, elle aussi… Je n’étais pas très enthousiaste pour qu’elle le fasse mais elle semblait tellement y tenir que j’ai donné un avis favorable à sa candidature. Elle m’a sautée au cou pour me remercier après que notre chef Icus lui ait remis son écusson de la légion.

Et puis, j’ai revu Ywan. Il semblait déprimé. Il n’avait plus envie de rien. Je crois qu’il pensait que tout serait facile, qu’il suivrait les traces de son oncle Morandy et qu’il deviendrait un grand magicien et un grand foreur comme lui. Mais la réalité était tout autre. Il était un jeune légionnaire débutant et même si il apprenait bien plus vite que moi, Atys ne faisait aucun cadeau à qui tentait de la défier… Il s’est endormi près du téléporteur kami de l’oasis d’Oflovak. Je l’ai quitté avec la gorge serrée… Allait il repartir et retourner dans les profondeurs?

Première réunion des légions fyros

Une nouvelle fois, j’ai été réveillée en sursaut d’un sommeil sans rêve. Icus appelait les légionnaires à la première réunion des nouvelles légions fyros.

C’est encore à moitié endormie que je me suis rendue dans notre hall de guilde. J’étais une des dernières à arriver et pourtant je savais où se situait notre immeuble contrairement à ceux arrivés après moi. Comme disait Icus, ce n’était pas difficile : c’était l’immeuble de guilde le plus proche de la taverne. Je me suis assise près de la porte en oubliant de saluer les présents. Eeri m’a fait un petit signe de la main auquel j’ai répondu avec un vague sourire. Si j’avais pu, je me serais assise près d’elle mais Kralis et Guyzion, l’entourait déjà. J’ai regardé un peu tristement l’assemblée : Ywan n’était pas là…

La réunion a commencé rapidement sous la direction d’Icus. Il allait nous falloir des uniformes. Depuis toujours, la légion arborait fièrement une armure fyros lourde rouge. Seuls certains anciens légionnaires, parmi ceux qui avait survécu au deuxième grand essaim avaient encore leur uniforme. Mais pour fabriquer des armures, il fallait des ingrédients. Un rendez-vous a été pris à Thesos pour organiser une récolte.

Puis, des expéditions allaient être à nouveau organisées pour Yrkanis, Zora et Fairhaven. Ceci afin de permettre à tous les légionnaires d’avoir accès aux télé-porteurs des capitales.

Depuis toujours la guilde avait été plutôt kamiste, mais cette fois, Icus semblait dubitatif sur cette orientation « religieuse ». Il semblait préférer une position plus neutre. Mais, l’avantage d’être dans les bonnes grâces des kamis, permettait d’avoir accès à leurs télé-porteurs. Toutefois, on entendait de plus en plus de rumeurs concernant la future apparition de télé-porteurs qui n’appartiendraient ni aux kamis, ni à la Karavane. La guilde allait restait neutre en attendant de plus amples informations.

Puis, les artisans de la guilde ont été choisis chacun avec une spécialité. Pour finir, les trois postes à responsabilité ont été distribués : Icus a conservé son rôle de chef, Maltor est devenu l’intendant et Eeri a été désignée diplomate. Ça m’a fait sourire : elle qui traînait dans les tavernes allait devoir apprendre à être sérieuse. Quoique comme elle le disait, la diplomatie pouvait commencer à la taverne!

La réunion s’est terminée. Je n’avais pas vraiment participé à part pour répondre aux questions qui étaient posées à tous. Je me sentais trop débutante parmi tous ses habitués de la surface. J’allais m’en aller quand Eeri m’a rattrapée pour me demander si je voulais quelque chose dans le hall de guilde. J’ai parlé de mes amplificateurs qui étaient devenus trop faibles pour les sorts que j’arrivais désormais à lancer. Elle m’a alors sorti un amplificateur correspondant à mon niveau de mage.

Après l’avoir remerciée, j’allais partir quand elle m’a demandé si je voulais faire quelque chose. J’étais heureuse : Eeri avait enfin un peu de temps pour moi. Nous sommes alors parties à la chasse aux bandits et aux créatures dangereuses pour sécuriser les alentours de Pyr à la demande d’un sergent de la garde. A vrai dire, c’était aussi pour gagner un peu de dappers qui étaient désormais si difficiles à gagner.

Ce soir là, je me suis endormie un peu rassérénée par la présence souriante et joyeuse de celle qui avait pris soin de moi après la mort de Kyshala.

Nouvelle expédition à Yrkanis

A peine éveillée, Eeri m’a proposée de la rejoindre pour faire le « tour des bandits » d’Oflovak comme elle l’appelait. J’ai accepté tout de suite même si j’avais la bouche pâteuse suite à la soirée de la veille. Ywan s’est alors réveillé en saluant la guilde. Eeri s’est alors montrée soupçonneuse : étrange comme nous nous réveillons ensemble Ywan et moi. J’ai pensé que j’aurais bien aimé passer la nuit avec lui mais en l’occurrence ce n’était pas le cas.

Elle m’a alors proposée d’inviter « mon beau blond » à nous suivre dans notre tour. Je me suis empressée de le faire. Il m’a répondu qu’il en avait marre d’attendre pour trouver des bandits. J’ai cru donc qu’il ne voulait pas venir. J’étais un peu déçue de sa réaction mais après tout c’était son choix. Eeri et moi, nous sommes donc partie toutes les deux à la chasse. Ce n’est que bien après que je me suis rendue compte que j’avais mal compris. Ywan avait voulu venir et n’avais pas parler des bandits d’Oflovak mais de ceux de Pyr… J’étais mortifiée et profondément déçue de ne pas avoir pu profiter de sa présence.

J’espérais le trouver pour le départ de l’expédition vers Yrkanis. Mais il n’était pas là m’indiquant qu’il nous rejoindrait « plus tard ». J’espérais qu’il n’était pas fâché contre moi… La troupe des légionnaires prêts à partir en expédition était impressionnante. J’avais rarement vu autant de monde rassemblé. D’ailleurs, la première partie du voyage vers Thesos s’est déroulée plutôt tranquillement sans véritablement d’attaques de la part de créatures, sans doute peu enclines à s’attaquer à un groupe tel que nous.

A Thesos, j’ai cherché Ywan du regard mais je ne l’ai pas vu. J’ai soudain entendu sa voix, il se moquait disant qu’il nous attendait depuis longtemps. J’ai souri en le saluant mais nous avons à peine eu le temps de nous parler que j’ai entendu le cri d’Icus : « Kralis non!!! ». Kralis s’était jeté droit devant dans un groupe de carnivores. J’aimais bien Kralis même si il était un peu « primaire ». Les rares mots qu’il prononçait étaient « Kralis content » ou « Kralis taper » ou encore « Kralis aime pas les minus » quand il parlait des trykers. Là, il avait décidé de n’en faire qu’à sa tête fonçant droit devant, sans doute tout heureux de pouvoir aller « taper » les vilaines bêtes.

Nous n’avions pas le choix, nous devions le suivre au risque de mettre en danger tout le groupe. La bataille a été acharnée : les varynx et les ocyx nous attaquant en nombre. Je suis tombée à plusieurs reprise mais relevée à chaque fois par mes camarades. J’ai bien cru à un moment que tout était perdu, tant il y avait de légionnaires à terre. Mais au dernier moment, la tendance s’est inversée : les prédateurs n’arrivaient plus. Et nous avons fini par être tous à nouveau debout. Mais il ne valait mieux pas rester dans le coin, nous nous sommes précipités vers le vortex nous permettant de rejoindre le désert matis.

Il y avait un téléporteur de la Karavane. Quand j’ai lu son nom « les sources cachées », je me suis souvenue des luciogrammes que Kyshala avait laissé dans son cube d’ambre. Je voulais moi aussi aller voir cet endroit alors j’ai acheté des pactes. J’ai entendu les remarques des légionnaires qui me reprochaient de commercer avec la Karavane. Je n’ai rien répondu. Mais même Ywan s’en est étonné. J’ai tenté de lui expliquer que je voulais découvrir les sources cachées mais je n’ai pas eu le temps pour des explications plus longues : nous étions déjà repartis.

Quelques minutes plus tard, nous étions dans les primes racines. Cette fois, Icus nous a laissé le temps d’apprécier le spectacle. J’ai même eu le temps de prendre un luciogramme.

Nous sommes repartis sans les traverser, c’était inutile pour aller à Yrkanis.

Nous étions bientôt arrivés quand nous avons croisé une tribu matis en plein déplacement. Je ne sais qui a commencé mais soudain nous étions en train de les combattre. Les matis se sont tous retrouvés à terre pendant que je me demandais pourquoi il nous avait attaqué. Mais c’est quand nous avons croisé le camp de la tribu des Graines vertes que j’ai compris.

Icus a lancé : « on va se faire les graines vertes ». J’ai cru à cet instant qu’il parlait des espèces de drôles de plantes en forme de cerveaux appelés psykoplas. Mais quand j’ai vu mes frères et soeurs légionnaires se jeter sur les membres de la tribu matis des Graines vertes qui nous avait laissé entrer sans méfiance dans leur camp, je suis resté interdite. Pourquoi faisaient ils çà ? Ces matis ne nous avaient rien fait… Je voulais bien répondre à une agression matis mais pas les attaquer volontairement et brutalement sans aucune raison. J’ai regardé les matis tomber les uns après les autres sous les coups des membres de ma guilde. Ils étaient déjà repartis loin devant quand je suis sortie de mon état de stupéfaction.

Je m’apprêtais à repartir quand j’ai vu une des nôtres qui était restée en arrière. J’ai eu l’impression qu’elle était blessée car elle ne réagissait pas aux coups que lui donnait un matis encore debout. J’ai appelé à l’aide. Les légionnaires sont revenus en force massacrant le pauvre matis. Mais de toutes évidences, j’avais fait une bourde… celle que j’avais cru en danger, avait voulu « se faire » seule le matis et je l’en avais empêchée en rameutant la troupe…

C’est l’esprit un peu perdu que je suis arrivée à Yrkanis. Une nouvelle fois, nous avons investi le trône du roi, prenant même un luciogramme de groupe.

Les autres sont repartis. Mais cette fois, je suis restée en arrière et je ne les ai pas suivi. J’avais peur qu’ils m’entraînent à nouveau dans des exactions contre les matis que je n’approuverais pas. Je me suis endormie dans un coin d’Yrkanis en espérant que si des gardes me trouvaient, ils ne me reprocheraient pas les attaques auxquelles j’avais participé bien malgré moi…

Fairhaven enfin!

Nous étions prêtes au départ Lyouna et moi pour le téléporteur du bosquet de l’ombre. J’avais prévu de partir très tôt, étant persuadée que j’allais me perdre dans les méandres de la jungle zoraï. A tout hasard, j’ai demandé sur le canal de la guilde si quelqu’un était intéressé pour nous accompagner jusque là. Je ne m’attendais pas vraiment à de réponses puisque la plupart des légionnaires avaient déjà fait le voyage. C’est avec surprise que j’ai entendu Ywan répondre qu’il voulait venir avec nous. Je dois dire que j’étais heureuse et rassurée qu’il nous rejoigne. Il connaissait la région pour l’avoir souvent parcouru seul.

Il nous a guidé sans hésitation au milieu de la jungle. Je crois que j’ai commencé à avoir peur quand il s’est dirigé droit vers un nid de kitines qu’Icus avait fait en sorte de nous faire éviter en faisant un grand détour. Ywan était confiant, il était déjà passé par là : étrangement, les créatures n’attaquaient pas… Je dois dire que je n’étais absolument pas rassurée pour autant. Passer au milieu de ces insectes répugnants et géants ne m’enchantait pas du tout. J’ai pris une grande inspiration et j’ai suivi Ywan au milieu des créatures. J’entendais le bruit caractéristique de leurs griffes sur le sol mais comme l’avait affirmé Ywan, elles ne nous attaquaient pas. La peur commençait pourtant à m’envahir. Je m’imaginais tomber sur le corps à moitié dévoré de Kyshala. Et si je la trouvais là au milieu des créatures avec Morandy? J’ai commencé à paniquer courant de plus en plus vite vers la sortie de l’amas de griffes.

Est ce ma peur qui les a attirées ou est ce que l’un de nous avait donné un coup par inadvertance à l’une d’entre elles? Elles nous ont soudain attaqués alors que nous étions en train de sortir de leur nid… Malgré l’intervention des gardes, nous avons fini par tous succomber. Ywan a demandé une résurrection aux kamis et est revenu nous relever. J’étais pâle je crois, mais incapable d’exprimer la terreur qui m’avait prise au milieu des kitines.

Nous avons continué la route, cette fois sans encombre jusqu’au téléporteur. Nous étions en avance, très avance… J’avais vraiment prévu large pensant nous perdre mais avec Ywan qui nous avait guidé tout avait été beaucoup plus simple. Allions nous attendre les autres pour partir? Nous sommes descendu vers le vortex des primes racines pour au moins profiter de la vue. Icus était là. J’ai vaguement émis l’idée de partir pour Fairhaven tout de suite. Icus a répliqué d’un ton sans équivoque : « on attend les autres! ». Puis, il est parti s’allonger un peu pour faire une sieste en les attendant. Lyouna, Ywan et moi, nous nous sommes regardés. Il fallait encore attendre de longues minutes avant que les autres arrivent. Nous sommes partis sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller Icus, nous étions tous d’accord pour tenter la traversée à trois.

La beauté des primes racines était une fois de plus enchanteresse : des gubanis, des bodocs et des mektoubs blancs parmi des plantes étranges aux couleurs fluorescentes…

Mais cette beauté hors du temps cachait les créatures les plus dangereuses d’Atys : des varynx à la peau sombre, des énormes tyranchas et des vorax, des espèces de lézards géants qu’on ne trouvait qu’ici.

Aussi quand Ywan nous a dit avec humour « c’est le moment de serrer les fesses », en nous montrant un passage entre ces créatures, je serrais tellement mes petites fesses potelées que j’aurais pu casser une noix. Nous avons sprinté mais heureusement aucune créature ne nous a attaqué. Nous avons finalement atteint le vortex qui menait aux pays trykers.

Nous nous sommes reposés un instant le temps de nous remettre de nos émotions. Ywan et Lyouna ont bien ri quand je leur ai raconté à quel point j’avais serré les fesses. Plus tard, nous avons d’ailleurs décidé que le cri « casse-noisette » signifierai pour notre petite troupe « attention danger ».

Il nous a fallu repartir, nous n’étions pas encore à Fairhaven. Il fallait passer entre des cutes, une tribu primitive particulièrement agressive. Ils formaient un barrage presque infranchissable. Nous avons tenté d’en combattre un : moi et Lyouna au soin et Ywan au combat. Ces êtres étaient particulièrement résistants… Nous ne pourrions pas passer en force. Mais la technique d’Ywan était la discrétion. Seul, il parvenait souvent à passer sans encombre mais nous étions trois et pas forcément aussi silencieux et discrets qu’une seule personne. C’était d’autant plus difficile que Lyouna était épuisée et avait du mal à nous suivre avec ses petites jambes. Pourtant, après plusieurs essais, nous avons pu rejoindre l’eau des lacs, synonyme d’abri sur Atys.

Fairhaven était en vue. Lyouna et Ywan se sont endormis au pied du téléporteur kami. Mais moi, je n’arrivais pas à dormir. Je voulais découvrir ce pays qui avait tant plu à ma cousine Kyshala. J’en rêvais depuis que j’étais arrivée à la surface. Je me suis baignée appréciant la limpidité de l’eau qui permettait de découvrir le merveilleux spectacle des fonds lacustres.

Alors que je profitais de ma baignade improvisée, j’ai vu arriver les légions fyros. Je les avais complètement oublié. Ils avaient rattrapé une grande partie du retard qu’ils avaient sur nous. Sans doute avaient ils pu passer sans encombre le barrage des cutes qui nous avait tellement posé problème. Ils courraient tous vers la taverne de Fairhaven semblant faire la course. J’ai suivi le mouvement.

Archlongine a annoncé fièrement qu’elle était la première. Icus a profité que nous étions rassemblés dans la taverne pour accueillir une nouvelle recrue : Gunbra. Elle avait déjà participé à plusieurs de nos expéditions. Pour ma part, j’avais particulièrement apprécié sa présentation un peu « brute de fonderie » dans notre hall de guilde surtout quand elle avait parlé d’Artifice qu’elle trouvait bizarre parce qu’elle se baladait souvent en petite culotte.

La soirée s’est poursuivie avec des verres de bière de shooki et de liqueur d’ocyx. Le reste est assez flou, je dois dire… Je suppose que j’avais un peu trop bu et que j’ai du m’endormir sur place.

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