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Réveil brutal

Nous étions tout joyeux d’arriver à Pyr. Malgré notre épuisement, nous n’avons pas pu nous empêcher d’aller taquiner quelques Shookis devant les portes de la ville. Mais tellement empressés, nous faisions un peu n’importe quoi attaquant chacun une créature sans faire attention de prendre soin de l’autre. Nous avons alors failli succomber sous leur riposte collective. Ça nous a bien fait rire. Nous avons fini par nous trouver un coin pour la nuit. Ywan a basculé très vite dans le sommeil à mes côtés.

Mais, moi, je n’arrivais pas à m’endormir. Alors, je suis montée en haut d’une dune. Je respirais enfin l’air chaud du désert Fyros et plus cette odeur de moisissure des champignons de Silan. Je regardais l’immensité désertique en me disant que j’étais enfin chez moi. Je suis retournée me coucher près d’Ywan avec un sourire aux lèvres.

Le réveil a été brutal. Un « cal i selak » tonitruant a retenti près de moi, le chef de notre guilde Icus me saluait avec la salutation des légionnaires : le fameux « Force et gloire » en fyros. Ywan n’était plus là. Les yeux encore embués de sommeil, j’ai regardé éberluée les légionnaires entourer notre chef. Et c’était parti : la légion se mettait en ordre de bataille!

Les jours qui ont suivi, n’ont été que entraînements intensifs à n’en plus finir et de longues expéditions… encore et encore… Je croisais Ywan que pendant de brefs instants de répits. Eeri n’était pas souvent là, elle non plus. De nouveaux arrivants venaient tous les jours gonfler les rangs de la légion. Je me sentais perdue, ne sachant pas où était ma place. Moi qui avait pourtant déjà eu droit à l’entrainement des légionnaires avec Eeri dans les profondeurs, je me sentais complètement abrutie par ce traitement de choc. J’avais rêvé d’aventures, de découvertes et de grands espaces mais je me retrouvais comme oppressée par la pression que m’infligeait l’entrainement de la légion.

Toutefois, les moments que je préférais étaient les expéditions mais Ywan n’était pas là pour les partager avec moi. J’étais pourtant tellement heureuse de découvrir la taverne de Thesos où Kyshala était venue… Mais, nous nous sommes à peine arrêter. Il fallait déjà repartir cette fois pour Yrkanis la capitale des matis. Tout c’est fait au pas de course comme toujours… Un jeune fyros nous a suivi profitant de la force de frappe des légionnaires en mouvements. J’ai à peine vu les primes racines…Nous étions déjà dans les forêts pleines de champignons du pays matis. A un moment, quelqu’un a crié que le dernier arrivé à la taverne était un bébé matis: insulte suprême pour un fyros. La troupe s’est disloquée chacun courant le plus vite possible pour ne pas arriver dernier. Pour ma part, ne sachant absolument pas où se situait cette taverne, j’ai suivi Eeri. La connaissant, je savais qu’elle pouvait sentir l’odeur d’une taverne à dix kilomètre à la ronde. Mais au final, personne n’est allé là bas. La troupe s’est retrouvée devant l’intendante matis. Le but était de l’agacer le plus possible en refusant la citoyenneté matis. Au début, je trouvais le jeu amusant mais à force, je n’aimais pas ce manque de respect même envers une matis. Et quel était l’intérêt pour la guilde de se mettre déjà à dos les matis, je ne comprenais pas… Je me sentais une fois de plus en total décalage avec ce que j’avais pensé vivre ici. Heureusement, Eeri m’a déclaré par télépathie qu’elle trouvait elle aussi que tout ceci était exagéré. Elle considérait qu’elle avait bien l’intention de se servir de matis pour au moins leur pomper leurs dappers. Elle préférait donc garder des relations neutres avec eux. Au final, je suis retournée par téléporteur à Pyr complètement dépitée, oubliant de prendre un pacte pour pouvoir retourner à Yrkanis…

Les jours passaient. Ywan était toujours aussi absent. Eeri, en tant qu’officier, avait bien d’autres choses à s’occuper que de moi. Je me sentais très seule… Heureusement, j’ai rencontré une petite tryker Lyouna qui était venue s’installer à Pyr. Elle était enthousiaste et je l’ai aidé du mieux que j’ai pu. Elle a fini par vouloir intégrer les légions fyros, elle aussi… Je n’étais pas très enthousiaste pour qu’elle le fasse mais elle semblait tellement y tenir que j’ai donné un avis favorable à sa candidature. Elle m’a sautée au cou pour me remercier après que notre chef Icus lui ait remis son écusson de la légion.

Et puis, j’ai revu Ywan. Il semblait déprimé. Il n’avait plus envie de rien. Je crois qu’il pensait que tout serait facile, qu’il suivrait les traces de son oncle Morandy et qu’il deviendrait un grand magicien et un grand foreur comme lui. Mais la réalité était tout autre. Il était un jeune légionnaire débutant et même si il apprenait bien plus vite que moi, Atys ne faisait aucun cadeau à qui tentait de la défier… Il s’est endormi près du téléporteur kami de l’oasis d’Oflovak. Je l’ai quitté avec la gorge serrée… Allait il repartir et retourner dans les profondeurs?

Première réunion des légions fyros

Une nouvelle fois, j’ai été réveillée en sursaut d’un sommeil sans rêve. Icus appelait les légionnaires à la première réunion des nouvelles légions fyros.

C’est encore à moitié endormie que je me suis rendue dans notre hall de guilde. J’étais une des dernières à arriver et pourtant je savais où se situait notre immeuble contrairement à ceux arrivés après moi. Comme disait Icus, ce n’était pas difficile : c’était l’immeuble de guilde le plus proche de la taverne. Je me suis assise près de la porte en oubliant de saluer les présents. Eeri m’a fait un petit signe de la main auquel j’ai répondu avec un vague sourire. Si j’avais pu, je me serais assise près d’elle mais Kralis et Guyzion, l’entourait déjà. J’ai regardé un peu tristement l’assemblée : Ywan n’était pas là…

La réunion a commencé rapidement sous la direction d’Icus. Il allait nous falloir des uniformes. Depuis toujours, la légion arborait fièrement une armure fyros lourde rouge. Seuls certains anciens légionnaires, parmi ceux qui avait survécu au deuxième grand essaim avaient encore leur uniforme. Mais pour fabriquer des armures, il fallait des ingrédients. Un rendez-vous a été pris à Thesos pour organiser une récolte.

Puis, des expéditions allaient être à nouveau organisées pour Yrkanis, Zora et Fairhaven. Ceci afin de permettre à tous les légionnaires d’avoir accès aux télé-porteurs des capitales.

Depuis toujours la guilde avait été plutôt kamiste, mais cette fois, Icus semblait dubitatif sur cette orientation « religieuse ». Il semblait préférer une position plus neutre. Mais, l’avantage d’être dans les bonnes grâces des kamis, permettait d’avoir accès à leurs télé-porteurs. Toutefois, on entendait de plus en plus de rumeurs concernant la future apparition de télé-porteurs qui n’appartiendraient ni aux kamis, ni à la Karavane. La guilde allait restait neutre en attendant de plus amples informations.

Puis, les artisans de la guilde ont été choisis chacun avec une spécialité. Pour finir, les trois postes à responsabilité ont été distribués : Icus a conservé son rôle de chef, Maltor est devenu l’intendant et Eeri a été désignée diplomate. Ça m’a fait sourire : elle qui traînait dans les tavernes allait devoir apprendre à être sérieuse. Quoique comme elle le disait, la diplomatie pouvait commencer à la taverne!

La réunion s’est terminée. Je n’avais pas vraiment participé à part pour répondre aux questions qui étaient posées à tous. Je me sentais trop débutante parmi tous ses habitués de la surface. J’allais m’en aller quand Eeri m’a rattrapée pour me demander si je voulais quelque chose dans le hall de guilde. J’ai parlé de mes amplificateurs qui étaient devenus trop faibles pour les sorts que j’arrivais désormais à lancer. Elle m’a alors sorti un amplificateur correspondant à mon niveau de mage.

Après l’avoir remerciée, j’allais partir quand elle m’a demandé si je voulais faire quelque chose. J’étais heureuse : Eeri avait enfin un peu de temps pour moi. Nous sommes alors parties à la chasse aux bandits et aux créatures dangereuses pour sécuriser les alentours de Pyr à la demande d’un sergent de la garde. A vrai dire, c’était aussi pour gagner un peu de dappers qui étaient désormais si difficiles à gagner.

Ce soir là, je me suis endormie un peu rassérénée par la présence souriante et joyeuse de celle qui avait pris soin de moi après la mort de Kyshala.

La légion à la taverne

Je commençais à m’habituer à l’absence d’Ywan. Mais ce jour là, il est apparu. Et il semblait un peu plus motivé que la dernière fois où je l’avais croisé. Nous commencions à nous organiser pour trouver une activité quand Icus a demandé à tous les présents de se rendre à la fontaine de Pyr pour parler « recrutement ».

Ne sachant pas très bien ce qu’il voulait dire par là, nous nous sommes rendus sur place avec curiosité. Y avait il de nouveaux légionnaires à recruter? Voulait il nous parler d’une méthode de recrutement? Arrivés sur place, il n’y avait aucun nouveau légionnaire… J’ai commencé à soupçonner un coup fourré : Icus, allait-il nous demander de nettoyer les latrines de la guilde? Ywan s’est gentiment moqué de moi : Icus ne pouvait pas nous demander çà puisque nous étions des officiers. Je l’ai regardé un peu dubitative. J’étais un officier, moi ? Mais, il avait raison Icus avait nommé officier tous les actuels membres de la guilde. Pour moi, cela ne signifiait donc pas grand chose puisque si tout le monde était officier, Icus pouvait très bien nous demander de nettoyer les latrines. Ywan a finalement approuvé mes paroles en souriant.

Un fyros brun est alors apparu. Il avait fait sa demande d’intégration récemment et se nommait Acheran. J’ai poussé un soupir de soulagement, rassurée d’échapper à une corvée rébarbative. Icus a apposé solennellement l’écusson de la guilde sur l’armure d’Acheran après que celui-ci est juré fidélité à l’empire Fyros. Tout le monde l’a alors salué d’un « cal i selak » tonitruant. Puis quelqu’un a déclaré que les nouveaux devaient payer un verre à la taverne aux anciens. J’ai soupçonné Eeri d’être à l’origine de cette demande… Acheran a regardé son porte dappers avec angoisse, alors que tous l’entraînaient comme un seul homin dans la taverne de Lydix.

La fête a alors débuté. Mais alors qu’on en était encore à distribuer les verres, Icus a fait venir une deuxième candidate : Sifydia. Elle aussi a été intégrée officiellement à notre guilde. Deux recrutement dans la même journée, c’était beaucoup. J’ai regardé autour de moi et je me rendais compte que je ne connaissais pas tous les légionnaires présents. La guilde était en train de grandir très vite.

Pendant qu’Icus continuait son discours d’intégration, j’ai eu envie d’embêter un peu Eeri. Je me suis dirigée le plus discrètement possible vers le bar avec l’intention de lui subtiliser son verre. Mais, elle me connaissait bien. J’ai à peine eu le temps de faire la moitié du chemin qu’elle a couru jusqu’au bar pour récupérer son verre et le boire d’un trait. Je me suis moquée d’elle en affirmant qu’elle avait eu peur que je lui prenne.

Puis, j’ai pris deux verres et je me suis dirigée vers Ywan. Il m’avait avoué il y a peu qu’il n’avait jamais mis les pieds dans une taverne… J’étais restée stupéfaite. J’en avais même parlé à Eeri par télépathie ce jour là. Elle avait trouvé çà assez amusant je crois que moi qui finissait souvent mes soirées dans les tavernes puisse être amie avec un sage fyros qui ne buvait pas. J’ai offert un des deux verres à Ywan. Il l’a pris en le regardant avec appréhension. Il l’a même senti, légèrement angoissé. Et puis soudain, il l’a bu d’un trait. Je l’ai regardé ébahie. Sachant qu’il n’était pas habitué à l’alcool, j’avais peur que cela lui tourne la tête. Icus est alors arrivée derrière moi en me donnant une grande claque dans le dos manquant de me faire écrouler par terre : « C’est comme çà que les légionnaires boivent! ». J’étais assez d’accord en temps normal mais je m’inquiétais de l’effet que çà pourrait avoir sur Ywan lui qui n’en avait pas l’habitude. Mais à vrai dire, il a semblé assez bien supporter.

Dans le fond de la taverne, j’ai soudain aperçu Archlongine, la grande zoraï bleue de notre guilde partageant un calumet rempli d’une substance inconnue mais que j’avais très envie d’essayer. J’ai rejoint le cercle qui avait commencé à se former.

Le calumet passait de main en main. Ça a été à mon tour de goûter à cette drôle de substance dont les zoraïs avait le secret. Ils s’en servait la plupart du temps pour entrer en transe dans une sorte de rite religieux. Dans notre cas, il s’agissait surtout d’un moyen artificiel de s’évader. Au début, je n’ai rien ressenti de particulier. Puis, j’ai vu Ywan tomber de sommeil comme une masse. Le mélange alcool et fumée hallucinogène avait eu raison de lui. J’avais une sensation d’apesanteur assez agréable, comme si je flottais dans l’air.

Eeri s’est levée proposant une chasse à Zora. J’ai du la regarder avec un air stupide, ne comprenant pas tout ce qu’elle disait sur l’instant. Beaucoup ont alors quitté la taverne pour la suivre. Je n’avais de toutes façons pas de pacte pour Zora. Je suis restée pour profiter un peu plus du calumet. Soudain, j’ai entendu une voix derrière moi : c’était Eeri qui était revenue pour m’offrir des catalyseurs. J’ai souri stupidement l’esprit embrumée mais heureuse qu’elle prenne encore soin de sa petite Shaakya. J’ai voulu lui sauter dans les bras pour l’embrasser mais elle a disparu… Du coup, je ne sais si elle était une hallucination ou non. Puis, j’ai soudain vu une immense fyros toute bleue passer devant moi… J’ai crié ce que j’avais vu sur le canal de guilde. J’avais les yeux écarquillés mais la fyros bleue a disparu… Après coup, je crois que j’avais en fait juste vu Archlongine quitter la taverne.

Je sentais que mon état était anormal. Je me suis alors dirigée péniblement en me cognant partout vers la fontaine de la place. J’ai plongé ma tête dedans, risquant de me noyer et me relevant de justesse pour ensuite m’écrouler à côté de la fontaine incapable de bouger. Je crois que j’ai du reparler à Eeri qui devait me trouver très drôle. Je l’ai traitée de « vilaine » pour ne pas avoir voulu « mon bisou » et pour m’avoir trop fait boire, surtout que le bruit de l’eau de la fontaine qui coulait avait tendance à me donner envie de « faire pipi »… Elle a éclaté de rire. J’ai compris alors que je racontais n’importe quoi même si j’aimais assez l’entendre rire de mes bêtises. Je me suis finalement écroulée de sommeil dans la rue juste en face de la taverne.

Nouvelle expédition à Yrkanis

A peine éveillée, Eeri m’a proposée de la rejoindre pour faire le « tour des bandits » d’Oflovak comme elle l’appelait. J’ai accepté tout de suite même si j’avais la bouche pâteuse suite à la soirée de la veille. Ywan s’est alors réveillé en saluant la guilde. Eeri s’est alors montrée soupçonneuse : étrange comme nous nous réveillons ensemble Ywan et moi. J’ai pensé que j’aurais bien aimé passer la nuit avec lui mais en l’occurrence ce n’était pas le cas.

Elle m’a alors proposée d’inviter « mon beau blond » à nous suivre dans notre tour. Je me suis empressée de le faire. Il m’a répondu qu’il en avait marre d’attendre pour trouver des bandits. J’ai cru donc qu’il ne voulait pas venir. J’étais un peu déçue de sa réaction mais après tout c’était son choix. Eeri et moi, nous sommes donc partie toutes les deux à la chasse. Ce n’est que bien après que je me suis rendue compte que j’avais mal compris. Ywan avait voulu venir et n’avais pas parler des bandits d’Oflovak mais de ceux de Pyr… J’étais mortifiée et profondément déçue de ne pas avoir pu profiter de sa présence.

J’espérais le trouver pour le départ de l’expédition vers Yrkanis. Mais il n’était pas là m’indiquant qu’il nous rejoindrait « plus tard ». J’espérais qu’il n’était pas fâché contre moi… La troupe des légionnaires prêts à partir en expédition était impressionnante. J’avais rarement vu autant de monde rassemblé. D’ailleurs, la première partie du voyage vers Thesos s’est déroulée plutôt tranquillement sans véritablement d’attaques de la part de créatures, sans doute peu enclines à s’attaquer à un groupe tel que nous.

A Thesos, j’ai cherché Ywan du regard mais je ne l’ai pas vu. J’ai soudain entendu sa voix, il se moquait disant qu’il nous attendait depuis longtemps. J’ai souri en le saluant mais nous avons à peine eu le temps de nous parler que j’ai entendu le cri d’Icus : « Kralis non!!! ». Kralis s’était jeté droit devant dans un groupe de carnivores. J’aimais bien Kralis même si il était un peu « primaire ». Les rares mots qu’il prononçait étaient « Kralis content » ou « Kralis taper » ou encore « Kralis aime pas les minus » quand il parlait des trykers. Là, il avait décidé de n’en faire qu’à sa tête fonçant droit devant, sans doute tout heureux de pouvoir aller « taper » les vilaines bêtes.

Nous n’avions pas le choix, nous devions le suivre au risque de mettre en danger tout le groupe. La bataille a été acharnée : les varynx et les ocyx nous attaquant en nombre. Je suis tombée à plusieurs reprise mais relevée à chaque fois par mes camarades. J’ai bien cru à un moment que tout était perdu, tant il y avait de légionnaires à terre. Mais au dernier moment, la tendance s’est inversée : les prédateurs n’arrivaient plus. Et nous avons fini par être tous à nouveau debout. Mais il ne valait mieux pas rester dans le coin, nous nous sommes précipités vers le vortex nous permettant de rejoindre le désert matis.

Il y avait un téléporteur de la Karavane. Quand j’ai lu son nom « les sources cachées », je me suis souvenue des luciogrammes que Kyshala avait laissé dans son cube d’ambre. Je voulais moi aussi aller voir cet endroit alors j’ai acheté des pactes. J’ai entendu les remarques des légionnaires qui me reprochaient de commercer avec la Karavane. Je n’ai rien répondu. Mais même Ywan s’en est étonné. J’ai tenté de lui expliquer que je voulais découvrir les sources cachées mais je n’ai pas eu le temps pour des explications plus longues : nous étions déjà repartis.

Quelques minutes plus tard, nous étions dans les primes racines. Cette fois, Icus nous a laissé le temps d’apprécier le spectacle. J’ai même eu le temps de prendre un luciogramme.

Nous sommes repartis sans les traverser, c’était inutile pour aller à Yrkanis.

Nous étions bientôt arrivés quand nous avons croisé une tribu matis en plein déplacement. Je ne sais qui a commencé mais soudain nous étions en train de les combattre. Les matis se sont tous retrouvés à terre pendant que je me demandais pourquoi il nous avait attaqué. Mais c’est quand nous avons croisé le camp de la tribu des Graines vertes que j’ai compris.

Icus a lancé : « on va se faire les graines vertes ». J’ai cru à cet instant qu’il parlait des espèces de drôles de plantes en forme de cerveaux appelés psykoplas. Mais quand j’ai vu mes frères et soeurs légionnaires se jeter sur les membres de la tribu matis des Graines vertes qui nous avait laissé entrer sans méfiance dans leur camp, je suis resté interdite. Pourquoi faisaient ils çà ? Ces matis ne nous avaient rien fait… Je voulais bien répondre à une agression matis mais pas les attaquer volontairement et brutalement sans aucune raison. J’ai regardé les matis tomber les uns après les autres sous les coups des membres de ma guilde. Ils étaient déjà repartis loin devant quand je suis sortie de mon état de stupéfaction.

Je m’apprêtais à repartir quand j’ai vu une des nôtres qui était restée en arrière. J’ai eu l’impression qu’elle était blessée car elle ne réagissait pas aux coups que lui donnait un matis encore debout. J’ai appelé à l’aide. Les légionnaires sont revenus en force massacrant le pauvre matis. Mais de toutes évidences, j’avais fait une bourde… celle que j’avais cru en danger, avait voulu « se faire » seule le matis et je l’en avais empêchée en rameutant la troupe…

C’est l’esprit un peu perdu que je suis arrivée à Yrkanis. Une nouvelle fois, nous avons investi le trône du roi, prenant même un luciogramme de groupe.

Les autres sont repartis. Mais cette fois, je suis restée en arrière et je ne les ai pas suivi. J’avais peur qu’ils m’entraînent à nouveau dans des exactions contre les matis que je n’approuverais pas. Je me suis endormie dans un coin d’Yrkanis en espérant que si des gardes me trouvaient, ils ne me reprocheraient pas les attaques auxquelles j’avais participé bien malgré moi…

Forage à Thesos

C’était la journée de forage à Thesos. Je savais que je ne serais pas d’une grande utilité étant donné mes faibles capacités de forage mais je me suis présentée pour, à défaut de pouvoir participer, au moins en apprendre. Icus m’a prise sous son aile. Il disait que je pouvais l’aider à soigner les sources. Il m’a d’abord envoyée à un entraîneur de récolte pour que j’apprenne à stabiliser un sol. Puis, il m’a renvoyée une nouvelle fois chercher une pioche de qualité. La mienne était celle que l’on offrait à tous les réfugiés arrivant sur Silan et était complètement inefficace sur le sol sur lequel on forait aujourd’hui. J’ai fini par grommeler : je ne faisais que courir à droite et à gauche sans rien voir de ce que faisait les autres. Mais c’est avec étonnement que j’ai entendu Icus s’excuser de m’envoyer aussi loin à chaque fois. Il s’est même inquiété de savoir si j’allais revenir.

Mais je suis revenue : j’étais désireuse d’apprendre. Il m’a alors montré patiemment les bons gestes que j’exécutais du mieux que je pouvais. A priori, je ne me débrouillais pas trop mal puisqu’il ne m’a fait aucun reproche. Parfois, il semblait ailleurs comme si il pensait à autre chose. Je lui ai même demandé en riant si c’était « la grande bleue » Archlongine qui le mettait dans cet état. Il a répondu, le regard toujours aussi perdu : « non, non… ». Je n’ai pas insisté. Je me suis demandée à un moment si ce n’était pas mon décolleté plongeant qui le troublait. Mais, à priori, non, il semblait juste penser à autre chose.

Soudain, il a râlé contre Guyzion qui portait une tenue de maraudeur : « A poil Guyzion, tu me vires cette armure immédiatement ». Le pauvre s’est exécuté se retrouvant en slip devant tout le monde n’ayant rien d’autre à se mettre. Pour ma part, j’ai commencé à regarder d’un air appréciateur le mâle fyros en petite tenue. Icus a surpris mon regard et a déclaré qu’il en parlerait à Ywan… J’ai haussé les épaules : « Et alors? Jusqu’à preuve du contraire, Ywan et moi nous ne sommes que des amis… ».

Le forage a continué. Icus a déclaré qu’il allait se vider… Il parlait de vider son sac mais je me suis moquée en lui demandant si il avait envie de faire pipi, ce qui en a faire rire certains. Il est parti avec un petit sourire amusé. Quand il est revenu, nous avons repris le forage. Je dois dire que parfois, je me sentais troublée par sa proximité : quand il forait, je devais être au plus prêt de lui pour pouvoir stabiliser le trou qu’il faisait. Je voyais ses muscles travailler en cadence imprimant les coups de pioches. Puis, je secouais la tête pour me remettre les idées en place.

Peu de paroles étaient échangées. Parfois, le silence était troublé par les explosions que provoquaient Meedrish avec sa façon agressive de forer, provoquant quelques morts de légionnaires autour de lui et un immense nuage de gaz vert qui s’élevait dans les airs pour sa plus grande joie. Kralis aussi était très content : « Kralis aimer boom. Kralis vouloir kamiboom ». Grâce aux explications d’Icus, j’ai compris ce qu’il voulait. Le forage agressif de Meedrish avait tendance à déplaire fortement aux Kamis qui détestaient qu’on maltraite la planète Atys. Ils leur arrivaient donc de lancer une explosion sur les foreurs imprudents et c’est ce qu’espérait Kralis.

Je suis partie me reposer épuisée avant que nous en arrivions à cette extrémité. Mais, j’ai appris par la suite que le « kamiboom » avait bien eu lieu pour la plus grande joie de Kralis.

Sur le chemin de Zora

Peu de choses à raconter sur cette expédition vers Zora la capitale du pays Zoraï. J’ai découvert la jungle suivant ainsi les pas de Kyshala. D’après le cube d’ambre qu’elle avait laissé, elle avait eu beaucoup de mal à atteindre Zora. Il faut dire qu’ils n’étaient que trois pour passer les zones dangereuses. Cette fois, j’avais la chance d’être avec un régiment complet de légionnaires.

Ça ne m’a pas empêchée de devenir la proie favorite des kitines que nous croisions. Je râlais sur ces bestioles qui n’arrêtaient pas d’en vouloir à mes fesses. Acheran a dit quelque chose du genre : « on peut les comprendre ». Sa réaction ne m’étonnait pas vraiment. Il était réputé pour être un homin à homines. J’avais tendance à être un peu agacée par ses « hameçons » qu’il lançait à tout va pour pêcher les homines. Comme à la soirée à la taverne, le jour de son arrivée dans la guilde, où il avait déclaré en regardant une légionnaire avec un petit haut décolleté et une jolie robe de mage, que toutes les homines devraient s’habiller pareil. J’avais rétorqué que tous les homins devraient alors arrêter de porter des robes, faisant allusion à celle qu’il portait. Mais je crois qu’il ne m’a pas entendu. Sa réaction n’était donc pas surprenante mais c’est celle d’Icus qui m’a surprise en approuvant les paroles d’Acheran. Troublée par cette répartie de notre chef, j’ai eu un petit rire un peu gêné.

Plus tard, Icus m’a reprochée de rester trop arrière ce qui pouvait expliquer que je me faisais si souvent croquer les fesses. J’ai trouvé çà plutôt injuste : je faisais mon possible pour rester le plus en avant possible, sachant très bien que le danger venait de l’arrière. Les rares fois, où je m’étais retrouvée en queue de peloton, c’était quand la troupe repartait alors que j’étais en train de lancer un sort de soin sur un des légionnaires. Et presque à chaque fois, alors que je courrais pour rattraper la troupe, j’avais eu droit à une attaque de kitines.

Zora était enfin en vue. Je reconnaissais la ville ouverte entourée par la jungle qu’avait décrit Kyshala. Je ne l’ai pas vraiment visitée, je prendrais le temps de le faire une autre fois. Nous étions déjà repartis, Icus nous entraînant dans la jungle pour rejoindre les différents téléporteurs connus. J’ai fini par m’endormir au pied de l’un d’eux.

Une armure blanche

J’avais participé à une chasse commune aux environs de Thesos où pour une fois, je faisais le « tank » aux côtés d’autres légionnaires. Zaydan, qui était chargé de nous soigner, m’a fait remarquer que mon armure était en « papier mâché » et qu’il devait du coup multiplier les soins pour ne pas que je tombe. J’avais donc décidé de m’acheter une nouvelle armure plus résistante aux coups. La mienne était déjà râpée par endroit. Elle m’avait été offerte par l’instructeur de récolte de Silan.

J’étais devant les vendeurs d’armures, cherchant une armure qui pourrait me convenir, en essayant certaines. Je n’aimais pas beaucoup les lourdes que je trouvais trop encombrantes au combat. Quand aux lègères, elles me protégeraient encore moins que celle que j’avais. La plupart des aventuriers avaient en général, une armure lourde et une armure légère. Mais, pour ma part, ayant peu de place dans mon sac, je me voyais mal me trimbaler continuellement avec deux armures. J’avais donc opté depuis le début pour des armures moyennes qui étaient un bon compromis entre les deux.

Il y avait cette blanche zoraï magnifique… Elle m’allait parfaitement. Mais quand j’ai vu son prix astronomique, je l’ai reposée, préférant me chercher une autre armure plus en rapport avec ma petite bourse. J’en étais là de mes cogitations quand la voix d’Eeri m’a surprise derrière moi. Peut-être m’avait elle entendue soupirer car elle m’a demandé si tout allait bien. J’ai répondu par l’affirmative en ajoutant que çà irait encore mieux si j’avais un peu plus de dappers.

Elle s’est inquiétée : « tu as besoin de quelque chose? ». Je lui ai donc raconté, la remarque qu’on m’avait faite sur mon armure en « papier mâché ». Elle a alors commencé à regarder elle-même sur l’étalage du vendeur : « Tu aimes bien les moyennes zozo blanches? ». J’ai répondu que j’aimais le rouge et le bleu et que je n’aimais pas le vert. C’était d’ailleurs assez drôle car mon armure actuelle était entièrement verte. Mais à vrai dire, la couleur m’importait peu.

J’ai soudain tilté… Me parlait elle de l’armure blanche au prix indécent? « T’es folle t’as vu le prix? ». Elle a répliqué : « oui je suis folle! ». Et elle m’a tendue l’armure blanche zoraï qui m’avait fait envie un peu auparavant : « T’as pas le choix! Sinon, au bar!!! ». J’ai tenté de répliquer que je préférais le bar mais elle a eu « non » tellement catégorique que je n’ai plus osé refuser son cadeau. J’ai répété qu’elle était cinglée. Mais elle a fait mine de ne pas entendre continuant sur son ton de commandement : « Enlève moi cet horrible haut matis! ». J’ai enfilé la belle armure blanche. « Magnifique!!! ».

Je lui ai souri d’un air un peu gêné et je l’ai embrassé doucement sur la joue : « Merci jolie chauve! ». Elle est ensuite repartie pour une mission de fabrication de bijoux qu’on lui avait confié.

Plus tard, j’ai croisé Ywan. Je savais qu’il aimait le blanc. Il a été impressionné. Il trouvait l’armure très belle mais surtout il me disait que les ingrédients avaient du être particulièrement difficile à réunir pour la fabriquer. Icus est arrivé peu après : « ça te va bien Shaakya comme fringues ». J’étais assez fière et je disais à chaque fois que c’était Eeri qui me l’avait offerte pour « prendre soin de sa petite Shaa ».

Quelques jours plus tard, pendant une chasse avec d’autres légionnaires, Icus m’a, à nouveau, parlé de mon armure : « J’aime bien ton armure Shaak! ». Je ne sais pourquoi il insistait autant mais en tout cas, j’ai eu envie de le taquiner un peu : « Merci. Mais je ne suis pas sûre que cette armure t’irais très bien par contre Icus! ». Je dois dire qu’imaginer Icus notre chef dans ma tenue m’a fait beaucoup rire et je n’ai pas été la seule.

Désormais tous les soirs, je prenais grand soin de ma belle armure blanche qui semblait tellement plaire aux homins. Mais elle était surtout le symbole de l’attachement profond qui me liait à Eeri.

Zora encore

Ca faisait longtemps que je rêvais d’aller à Fairhaven. Kyshala n’avait cessé dans ses messages de me dire à quel point la région des lacs lui plaisait. Zora était un point de passage obligé pour se rendre là bas. J’avais déjà fait le chemin pour aller à Zora, contrairement à Lyouna qui n’avait pas pu venir avec nous ce jour là. Elle aussi voulait aller à Fairhaven et découvrir la région de son peuple.

Une nouvelle expédition était organisée mais Lyouna n’était pas vraiment en état de nous suivre. Elle était épuisée, ses petites jambes la soutenant à peine. Mais je savais qu’elle désirait venir avec nous. Alors, je lui ai proposé de l’aider en la portant si il le fallait. Elle était tellement heureuse que sa joie en était communicative. Mais je savais que ce ne serait pas de tout repos. Déjà, éviter les coups en étant seule n’était pas évident mais faire en sorte de les éviter pour quelqu’un qui dormait debout l’était encore plus.

J’ai quand même demandé à Icus si il pensait cela possible. D’après lui, ce n’était pas insurmontable tant qu’elle restait près des soigneurs et pas des tanks. Lyouna semblait rassurée mais moi je l’étais beaucoup moins. Toutefois, je ne voulais pas décevoir la petite tryker et j’étais prête à partir en la soutenant de mon mieux.

Nous sommes partis de l’oasis d’Oflovak pour rejoindre Dyron à quelques-uns, les autres étant déjà à Dyron. Lyouna était encore à peu près vaillante. Mais çà ne nous a pas empêché de tomber dans un guet-apens de frahars. Lyouna est tombée au premier coup reçu, mais je ne voulais pas fuir et la laisser. Mais, j’aurais peut-être du : nous avons fini par tous être à terre. Icus grommelait mais il est quand même venu nous rechercher après avoir demandé une résurrection aux kamis. Dyron était en vue et Lyouna montrait déjà des signes de fatigue.

Nous sommes repartis très vite en direction de Zora. Cette fois, Lyouna dormait presque debout. J’ai demandé aux autres légionnaires, d’avoir un oeil sur elle au cas où le mien défaillirait. Nous avons passé le vortex et j’ai soudain entendu un cri d’un légionnaire : Lyouna ne suivait plus. Elle restait endormie devant le vortex sans me suivre. Je suppose que le cri l’a réveillé et elle est alors passée à son tour.

Le plus dur était à venir. Il y avait cette grande pente remplie de kitines où nous devions obligatoirement passés. Nous nous sommes avancés : les tanks étaient déjà attaqués alors que nous étions encore sur le haut de la pente. J’aurais sans doute du à ce moment là profiter de l’inattention des créatures occupées à combattre pour descendre en bas de la pente avec Lyouna la mettant ainsi à l’abris. Mais, sur le moment, je ne voulais qu’une chose soulager mes frères d’armes légionnaires pour ne pas qu’ils tombent. Malheureusement, nous ne nous attendions pas à une attaque de revers sur les soigneurs. La troupe a été décimée. Certains ont pourtant pu fuir mais sont revenu trop tard pour Lyouna, Archlongine et moi.

Heureusement, le vortex que nous venions de passer était un point de résurrection. Nous sommes reparties toutes les trois au cri de guerre d’Archlongine : « En avant, les filles! ». Nous étions à nouveau en haut de cette pente. Les légionnaires étaient toujours en train de combattre. Cette fois, je suis allée directement en bas de la pente évitant les insectes géants. Puis, j’ai soigné les combattants qui ont finalement pu battre en retraite laissant un amas de kitines mortes sur les flanc de la colline.

Le reste a été assez simple et nous sommes arrivées à Zora. J’ai laissé Lyouna près du téléporteur. Elle ne tenait plus. Elle s’est roulée en boule près du drôle de kami recouvert de poils noirs et s’est endormie profondément.

Mais Icus a annoncé que nous allions aller un peu plus loin, jusqu’au bosquet de l’ombre. J’ai tenté de réveiller Lyouna mais elle dormait trop profondément. J’ai alors suivi la troupe en essayant de repérer le chemin, pour le lendemain essayer d’y emmener Lyouna. Le trajet s’est fait sans incident à part qu’Icus semblait perdu dans les entrelacs de la jungle Zoraï. Et je dois dire que j’étais complètement perdue moi aussi. Archlongine s’est moqué de lui demandant si il voulait qu’elle le guide et qu’il n’y avait pas de honte à dire qu’on était perdu. Il a grommelé qu’il ne laisserait jamais une toxico nous commander. Ça m’a bien fait rire. Il est vrai qu’Archlongine était celle qui nous fournissait en substances bizarres durant les soirées de la légion. Mais contrairement à nous, elle avait l’air de supporter beaucoup mieux les produits qu’elle nous faisait fumer.

Finalement, Icus a retrouvé le chemin et nous sommes arrivés sans encombre au bosquet de l’ombre. Je me suis endormie épuisée au pied du téléporteur Kami.

Anlor Winn

Les festivités d’Anlor Winn avaient commencé. Dans la culture tryker, Anlor Winn était le vent maléfique celui qui réveillait chez tous les homins, les terreurs de l’enfance. Des espèces de grosses citrouilles taillées et illuminées avaient envahi les rues des villes.

Des jeux allaient être organisés au bois d’Almati. Nous nous y sommes rendu avec Lyouna. Nous avons retrouvé là bas : Icus, Archlongine, Artifice et Ywan. Ça n’avait pas encore commencé, j’en ai alors profité pour admirer le paysage si particulier du bois d’almati avec ses arbres immenses. C’était l’hiver et la neige était tombée donnant au paysage une beauté rare…

Nous avons tous été appelés près d’une sorte de grand terrain entourée de barrière avec sur les côtés les plus courts des ouvertures au milieu. C’était les buts. Un tournois de yuboball allait être organisé. Icus a mis en place son équipe. Il voulait que les légions fyros soient représentées. Je n’étais pas très enthousiaste, j’étais venue en tant que spectatrice pas pour participer. Mais, nous étions très peu de légionnaires et Ywan ne voulait pas participer. Il fallait une équipe de cinq. Je n’ai pas vraiment eu le choix…

Pour gagner, il fallait attirer un yubo dans les buts de l’adversaire et cela sans le frapper : juste en l’agaçant pour provoquer son attaque ou en lui bloquant le passage. Nous étions l’équipe rouge, couleur de la légion depuis toujours. Un premier match avait lieu avant le notre, nous permettant d’observer la technique de l’équipe gagnante. J’ai demandé à Icus quelle allait être notre stratégie. Il nous a regardé avec un petit sourire. Il était le seul homin entouré de quatre homines : « Notre tactique est simple! Vous vous déshabillez pour déconcentrer l’adversaire et je marque le but pendant ce temps là! ». Nous avons bien ri.

Et puis, çà a été notre tour. Étrangement, nous avons gagné alors que je ne m’y attendais absolument pas. Nous avions repris la tactique de la première équipe gagnante qui attirait le yubo en avançant vers le but en marche arrière et en bloquant le passage du yubo quand il tentait de revenir sur ces pas. Nous étions donc qualifiés pour la suite du tournois. L’attente a été longue très longue… Je m’endormais presque. Heureusement, un homin est passé distribuant des bâtons en forme de sucre d’orge. J’ai reconnu tout de suite le bâton que Kyshala avait reçu en cadeau de Morandy. J’en ai pris un assez fière d’avoir moi aussi un joli sucre d’orge.

Notre deuxième match a commencé mais cette fois, le yubo avait changé. Il était beaucoup plus gros, énorme pour un yubo. Il faisait des bons gigantesques, nous bousculant quand nous tentions de le bloquer. Cette fois, notre tactique a complètement échoué et nous avons perdu le match. Icus semblait déçu mais pour ma part, j’étais plutôt contente de pouvoir aller me coucher. J’étais épuisée.

Le lendemain, des histoires terrifiantes étaient contées. C’était distrayant. J’écoutais en forant. Mais je dois dire que quand un matis a commencé à raconter une histoire de petit izam tombé du nid. Je me suis moquée : les matis trouvaient donc terrifiante cette histoire? Les matis étaient vraiment bizarres. J’ai préféré aller me coucher sans écouter la fin.

Libération du désert ardent

Depuis le deuxième grand essaim, les nids de kitines étaient toujours présents provoquant parfois des incidents malheureux lorsqu’on s’en approchait de trop près. il était grand temps de les refermer. Et c’est par le désert ardent que nous allions commencer.

Les légions fyros avait été réquisitionnées à Thesos et devaient se mettre sous les ordres de l’officier de l’armée impériale Ibritis Ibirus. Tous ceux qui le désiraient pouvaient se mettre à son service. D’autres groupes étaient également présents à Pyr et à Dyron et avaient le même objectif : détruire tous les nids de kitines.

Pour l’occasion et sur les conseils d’Eeri, je m’étais achetée une nouvelle armure légère. Pour les magiciens, c’est ce type d’armure qui était recommandé. Une moyenne ou une lourde étaient gênantes pour lancer des sorts et je voulais être la plus efficace possible pour la bataille qui allait avoir lieu. Au marché, je n’en avais trouvé aucune correspondant à la fois à mon niveau de magie et de la couleur rouge de la légion. Au final, j’avais opté pour un mélange de couleurs blanche et bleue.

Forcément quand les légions fyros se sont rassemblées toutes de rouges vêtues, je ressortais un peu du lot avec Bjorka qui n’avait pas non plus d’armure au couleur de la légion. Sylve a râlé déclarant que nous aurions pu réclamer notre armure rouge et qu’on nous l’aurait fabriquée : la légion subvenant au besoin de base de ces légionnaires. Mais à vrai dire, je n’aimais pas demander me sentant par la suite redevable. Il faut dire que même pendant les longs mois que j’avais passés en tant qu’enfant des rues, je n’avais jamais usé de la mendicité comme le faisait certains. Sans doute, qu’un jour la faim et le désespoir m’auraient poussée, moi aussi, à le faire si Eeri ne m’avait pas retrouvée…

Une seule fois, j’avais demandé une parure de bijoux magiques à Icus, presque forcée par Ywan. Mais j’avais tellement mal formulé ma demande que j’avais fini par avoir une parure que ma force magique n’était pas capable de supporter. Je n’ai jamais osé en parler Icus, mortifiée à l’idée de l’avoir fait travailler pour rien. Enfin pas pour rien, un jour je pourrais la porter sa parure. En attendant, j’utilisais une vieille parure usée et plus du tout adaptée à mes progrès en magie que Ywan avait pris pour moi dans le hall de guilde, il y a bien longtemps.

Nous étions près à partir. L’angoisse me nouait la gorge. Je savais que Kyshala avait vécu plusieurs batailles contre les kitines et qu’elle avait disparu durant la dernière. Est ce que moi aussi, j’allais disparaître? Est ce que mon corps allait être emporté par les kitines au fond de leur trou? Je me souvenais de la description horrible qu’elle avait faite des kitines dévorant des homins… Est ce que j’allais être dévorée moi aussi?

Alors que ces idées noires me trottaient dans la tête, notre armée s’est mise en route au pas de course. Il fallait boucher les nids le plus rapidement possible afin d’éviter qu’elles s’organisent. Nous sommes arrivés au premier nid. D’habitude je les regardais de loin mais là nous allions les combattre. il y a eu un bref moment d’observation mutuelle puis une clameur : les guerriers homins s’enfonçaient dans les rangs des kitines.

Ils ont été balayés. J’ai vu la marée de kitines s’avancer vers moi. La terreur m’a tétanisée. Je regardais les insectes sans réagir, les homins tombaient autour de moi. Et soudain, je me suis enfuie dans un dernier instinct de survie. Je courrais droit devant. D’autres soigneurs s’enfuyaient aussi tout comme moi, certains étaient pris à revers par des attaques de varynx qui profitaient de cette occasion. Et là… enfin… l’eau protectrice…

J’ai repris mes esprits et j’ai eu honte… honte d’avoir laissé mes frère d’armes sur place, sans soin. Est ce que c’était ce qui était arrivé à Kyshala? La rage m’a prise j’ai couru en sens inverse. Il fallait que je les sauve. Je lançais des soins à droite et gauche. Les soigneurs revenaient relevant les homins qui repartaient à la charge. A plusieurs reprises, je suis tombée : je ne fuyais plus. Je demandais une résurrection aux kamis, retournant en courant vers mes compagnons. Il a fallu plusieurs charges pour venir à bout de ce premier nid. Mais enfin, toutes les kitines ont été éliminées et le trou rebouché.

Puis nous avons continué, nous organisant un peu mieux à chaque nouveau nid. Pourtant à l’avant dernier nid, la bataille a failli tourner à notre désavantage : les kitines décimant les premiers rangs que les soigneurs ne pouvaient plus soigner attaqués par des varynx en arrière garde. Je suis tombée comme beaucoup d’autres. Un vortex n’était pas loin : j’ai demandé une résurrection et je suis repartie. Mais, une attaque de varynx m’a, à nouveau, fauchée. Je savais que la dette de vie que j’aurais à rembourser aux kamis serait énorme mais après tout j’étais une soigneuse et je me devais d’aller relever les autres quel qu’en soit le prix. Plusieurs fois ainsi, j’ai essayé de rejoindre les combattants mais je ne passais pas le barrage des carnivores. Alors, j’ai attendu que d’autres me rejoignent au vortex. Nous nous sommes organisés vaguement, nous soignant le mieux possible et nous sommes repartis en groupe cette fois. Zaydan était là en tant que tank, il m’a ouvert un passage. J’étais stupéfaite par le nombre d’homins à terre. J’ai soigné encore et encore. Finalement, ce nid a été refermé. Je me souviens des fanfaronnades de quelques légionnaires qui se vantaient de n’avoir rien eu à devoir aux kamis à la suite de cette bataille, j’ai répondu assez vertement ce jour là : savaient ils à quel point certains s’étaient dévoués accumulant une dette énorme de sève de vie aux kamis pour qu’eux ne doivent rien à personne? Je ne suis pas sûre que ma remarque ait été très appréciée.

Puis le dernier nid a été lui aussi rebouché. Icus a voulu faire quelques luciogrammes de groupe devant le dernier nid pour ne pas qu’on oublie ce que nous avions fait. Puis, nous nous sommes tous rendus à la taverne de Pyr pour fêter çà.

Je dois dire que je n’avais pas très envie de faire la fête. Toutes ses images sombres de Kyshala et de sa dernière bataille me trottaient dans la tête. Mais j’ai quand même pris un verre. J’ai remarqué les regards de plusieurs légionnaires sur les fesses très dénudées d’Eeri dans son armure légère zoraï. Quand je lui ai fait remarquer qu’elle avait beaucoup de succès. Elle a répondu d’un ton maussade qu’elle s’en passerait bien. Pourquoi? Ne voulait elle pas quelqu’un dans sa vie? Mais, en posant cette question, je me rendais compte que je ne l’avais jamais vu avec qui que ce soit… Elle me disait qu’elle ne voulait rendre de compte à personne et être libre de toutes attaches. Avait elle peur de souffrir? Mais ce n’était pas çà : elle avait plutôt peur de faire souffrir. J’ai répliqué avec un petit sourire qu’elle était pourtant attachée à « sa petite Shaa ». Mais, pour elle, ce n’était pas pareil… J’ai voulu savoir pourquoi ce n’était pas pareil. Mais comme à chaque fois que je cherchais à entrer un peu plus dans son intimité, elle détournait la conversation.

Elle m’a parlé de Glorf qu’elle était allée voir avec Icus, le chef des légions fyros quand Kyshala était encore là. Tout le monde le croyait disparu et pourtant Icus et elle l’avait retrouvé. J’ai pensé alors qu’il y avait encore l’espoir de retrouver Kyshala. Mais Eeri me disait qu’elle la pensait morte. J’ai encaissé le coup. Elle a poursuivi sur sa rencontre avec Glorf. Celui-ci n’était plus lui même. Il avait décidé de vivre parmi les Fraiders, ses étranges guerriers frahars. Il disait s’appeler désormais Glorrrf. Il avait absorbé une drogue durant son rite d’initiation et avait désormais le langage primitif des frahars : « Glorrf frraiderrr maintenant. Frrrrraiderrr!!! ». Je ne comprenais pas comment on pouvait choisir de devenir un être primitif… Mais Eeri m’expliquait qu’il avait choisi de tout oublier, ne se remettant pas de la mort de son empereur Dexton et de celui de ces camarades. Elle a ajouté que c’était comme çà et qu’il fallait l’accepter et vivre avec. J’ai compris enfin, où elle voulait en venir : Je devais vivre désormais avec l’absence de Kyshala…

Pendant toute cette conversation avec Eeri, je n’avais absolument pas suivi les autres conversations autour de moi. J’ai été au bar commander plusieurs bières de shooki… J’avais du mal à accepter. J’ai avalé plusieurs verres d’affilé, recherchant l’oubli dans l’alcool. J’ai commencé à m’écrouler. Je crois que je me suis endormie un bref instant le front sur le comptoir. Puis soudain, deux claques m’ont sortie du sommeil brutalement. Eeri m’avait réveillée à sa manière douce. J’ai beuglé : « çà va pôô nononono!!! ». J’étais prête à en découdre avec elle et lui rendre les baffes qu’elle m’avait donnée. Et elle m’a criée : « En slibard et sans parure, allez!!! ». J’ai obéi pressée d’en découdre avec elle. Et soudain, j’ai pris le poing de Gunbra en plein figure. Mais qu’est ce qu’elle me voulait elle? Je lui ai sauté dessus commençant à taper comme une sourde. Eeri souriait en sirotant son verre, pendant que Gunbra me susurrait d’un air agressif : « Je vais te répandre le rouge de tes yeux sur tout ton corps ». Eeri m’encourageait : « héééé tu te débrouilles bien!!!! Allez tape ça défoule!! ». Je continuais à taper encore et encore, extériorisant toute ma rage. Puis, Gunbra s’est écroulée me faisant sortir de l’état second dans lequel j’étais. Et j’ai compris : j’avais été enrôlée malgré moi dans un concours de combat à mains nues.

Les combats ont continué. Eeri devait se battre contre Archlongine mais elle a perdu contre la grande zoraï à la si grande allonge. Puis, c’est moi qui ai du la combattre. Moi aussi, j’ai perdue. L’alcool, les coups reçus et données ont eu raison de moi. Je ne comprenais plus rien. Je ne voyais plus qu’une masse informe de légionnaires se battant entre eux dans une mêlée générale… Je me suis endormie à même le sol dans la taverne…

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