Écrit dans: Non classé par La Sombre
7 janvier 2012
Jour 25 Félinien – Fingelien 383
Khaena m’avait donné, il y a quelques jours, la lettre de Kharya qu’elle avait caché pour me protéger. Je crois qu’elle a bien fait. Je n’étais pas à même de la recevoir sans sombrer un peu plus à ce moment là. Mais maintenant, j’allais mieux : j’avais retrouvé Bahar.
Je lui ai donc répondu :
« Ma belle sombre,
Khaena vient de me remettre ta lettre. Une fois de plus, je me sens impuissante et incapable de savoir quoi faire. Sans doute que mes propres douleurs m’empêchent de pouvoir aider ceux que j’aime. Je sais que je n’ai pas été celle sur qui tu pouvais t’appuyer. Je sais que j’ai vampirisé ton attention et ton temps. Ma façon d’aimer est trop passionnelle. Tu as besoin de quelqu’un de plus doux qui ne t’étouffe pas comme je l’ai fait.
Khaena pourrait t’aider. Elle a changé. Elle n’est plus la petite sombre intimidée que tu as connue. Elle a grandi bien malgré elle. Elle est devenue plus sûre, plus confiante. Elle t’a pardonné et elle t’a même offert son amitié. Je l’ai vu.
Mais, tu n’as eu aucune réaction, pas un sourire, pas un mot, pas un frémissement. Tu es déjà en haut de ta tour de glace. Qui réussira à la faire fondre?
Peut-être as tu raison de « disparaître » et de prendre du recul… J’espère juste que tu reviendras. Mes bras seront toujours là pour t’accueillir si tu as encore envie d’eux.
Killya. »
A vrai dire, je ne m’attendais pas à une réponse. J’avais abandonnée l’idée de la reconquérir. Je l’avais entendu dire à Khaena que nous avions une vision de la vie trop éloignée l’une de l’autre. Pourtant, elle m’a répondue :
« Killya,
Je suis désolée de te faire autant de mal. Mais je ne sais apparemment faire que cela. J’ai bien remarqué que Khaena a changé. Elle essaie de me faire abandonner l’idée de partir. Je n’ai pas réagit à ses attentions tendres parce qu’il ne faut pas qu’elle s’attache à moi. Non pas parce que j’ai eu pour elle les sentiments d’une mère pour sa fille. Comme je l’ai dit dans ma lettre précédente, je ne veux plus détruire ceux qui me sont chers. Je commence à retrouver quelques sentiments par moment mais je suis obligée les faire taire rapidement pour les préserver de moi.
Kely m’a dit que Keros n’était plus en lui. Je ne sais pas s’il te l’a dit mais je pense qu’il faut que tu le saches. Aussi douloureux que cela puisse être pour toi, l’ignorer te fera plus de mal quand tu l’apprendras s’il a osé te le cacher. Il pense que c’est à cause de la pierre de purification qui a été utilisée pour pacifier Naralik après l’attaque du Féal.
Bien que les choses ne pourront revenir comme elles étaient, mes bras te sont ouverts si tu as besoin de confier tes peines, si cela peut t’aider à te reconstruire.
Kharya. »
J’ai lu et relu sa lettre. Je croyais y déceler de l’inquiétude pour moi et aussi qu’elle commençait à ressentir à nouveau quelque chose. Je voulais l’aider même si je doutais de ma capacité à le faire avec mes manières brutales. Je l’ai contacté. Elle a accepté de me parler. Nous nous sommes retrouvées à Trépont. Elle s’était réfugiée dans la grotte aux rats. Elle voulait sans doute être à l’abri des oreilles et des regards indiscrets. Je me suis approchée d’elle. Je l’ai serré dans mes bras. J’ai goûté doucement ses lèvres mais elle ne réagissait pas à mes caresses.
Je ne sais plus de quoi nous avons parlé. Je sais juste qu’elle a réclamé mes bras pour la nuit. Elle voulait dormir près de moi. Elle était éteinte presque sans vie. C’est moi qui l’ai déshabillée et conduite jusqu’à un lit. Je me suis allongée contre son dos dans la position que nous avions toujours affectionné toutes les deux. J’étais rongé par le désir que j’avais d’elle mais je sentais qu’elle n’était pas prête. Je l’ai enveloppé de mes bras posant mes mains sur son ventre. J’ai embrassé sa nuque comme je l’avais fait de si nombreuses fois auparavant. Et ses mains ont enfin bougé, elles ont prises les miennes de la même façon qu’elle me les avait si souvent serrées.
Elle s’est endormie contre moi. Je la regardais… Je me rendais compte que j’avais beau repoussé au loin les sentiments que j’avais pour elle, ils revenaient irrémédiablement…