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Le carcan de mes frères et soeurs

Rhiordan m’a dit un jour qu’elle se sentait prisonnière de ses idées reçues, et du carcan des règles imposées par notre peuple « moribond ». Elle a ajouté qu’elle m’enviait de vivre ce qu’elle ne saurait vivre… Mon âme soeur m’a émue aux larmes. Je savais qu’elle avait raison, mes frères et soeurs étaient prisonniers de leurs propres traditions, ne sachant plus évoluer.
Cela avait fait fuir Ghaara mais pas seulement. J’ai appris que la Haute-Elfe Ferdur avait un jour souhaité s’unir à un de nos mâles. Mon peuple avait semble-t-il était plus que réticent envers cette union et avait tout fait pour l’empêcher. Le mâle avait finalement fui les îlots pour ne plus revenir.
Cela m’a rappelé une petite altercation que j’avait eu avec le Valuk MageInvok sur l’île des oubliés. Il avait remarqué que je passais énormément de temps avec Kely. De plus, mes questions récentes sur l’union des elfes noirs avait attiré son attention. Il voulait savoir ce qu’il en était réellement. J’étais réticente à lui dire quoique ce soit et je lui ai demandé en quoi cela le concernait. Il m’a répondu de façon très soumise que mon bien être comme celui de toutes les femelles du peuple lui importait. Il m’a alors demandé si je comptais faire l’acquisition de Kely… Il semblait ne pas pouvoir imaginer autre chose : une femelle devait « acquérir » son mâle. Je lui ai alors rappelé que sa propre mère l’Ilharess Kharya, multipliait les mâles sans s’unir à eux. Il a répondu que celle-ci était un femelle si exceptionnelle que les mâles ne restaient jamais bien longtemps. J’ai tenté alors de lui expliquer que pour moi un mâle n’était pas un objet qu’on acquière. Mais il ne cessait de répéter en boucle que c’était la tradition, que je devais demander l’autorisation à l’Ilharess et que si Kely était le mâle qui me convient, il survivrait à l’union. J’ai alors pris la main de Kely qui venait d’arriver en lui expliquant ce que voulait le Valuk. MageInvok semblait terriblement gêné par ce geste d’affection que je montrais à mon mâle. Quand à Kely, il a souri en disant que nous étions déjà unis. Le Valuk toujours aussi gêné, a expliqué qu’il parlait d’une « union officielle ». Il est ensuite parti très vite, sans en expliquer d’avantage.
Quand j’ai raconté cette histoire à Rhiordan, elle ne semblait pas surprise. Elle a même ajouté durement que Kely volait une femelle du peuple. Elle a tenté ensuite d’atténuer ses propos en affirmant qu’il fallait que je m’attende à ce genre de réaction de la part des miens…

Mes frères et soeurs ont oublié ce qu’étaient les sentiments. Mais je sais qu’ils sont là enfouis au fond d’eux. D’ailleurs, parfois, ils explosent violemment, la pression se faisant trop forte. Ne sachant désormais n’exprimer que de la colère comme lors du projet des bagues de Naralik. Mes frères et soeurs sont prisonniers et je ne sais comment les aider…

Les illusions perdues

Jour 1 Archeno – Fingelien 381
Cela faisait pas mal de temps que je m’étais éloignée de mon peuple. Il n’y avait qu’avec mon âme soeur Rhiordan que j’avais encore des relations. Ces derniers temps, j’essayais doucement de reprendre contact depuis que je connaissais mon histoire et que j’acceptais La Sombre en moi. Mais un événement m’a fait perdre mes dernières illusions sur mon peuple.
La Jaliless Fharath a laissé un parchemin dans notre salle. Elle réclamait de façon virulente et coléreuse que MageInvok soit destitué de son titre de Valuk et de tous ses droits. Sa faute : lui avoir « caressé la joue« …
Je ne sais pourquoi j’ai cru que MageInvok avait par ce geste exprimé une certaine tendresse à la Jaliless… Je savais pourtant que plusieurs altercations violentes avaient déjà eu lieu entre eux deux… Sans doute, ai-je cru naïvement que mon espoir de voir un jour des sentiments chez mes frères et soeurs s’était enfin réalisé. J’ai donc répondu assez vertement à la Jaliless pour défendre MageInvok. Mais entre temps celle-ci avait affiché un nouveau parchemin indiquant son désir de s’éloigner de notre peuple. J’ai tout de même affiché le mien.

« Echk Jaliless,

J’étais en train de vous répondre mais il semble que ce soit trop tard. Je vous livre quand même ce que je m’apprétais à écrire.

Je trouve votre réaction bien disproportionnée à la vue de l’acte de MageInvok…
D’où vous vient cette colère? Auriez vous éprouvée quelque chose quand ce mâle vous a touché la joue? Quelque chose que vous ne connaissiez pas ou que vous avez oublié et qui vous fait peur?
Vous savez ce sont ces drôles de choses qu’on appelle : sentiments et émotions.

N’avez vous rien d’autres à faire qu’à fustiger un mâle qui vous a témoigné par ce geste une certaine affection?

Mais puisque que vous faites la chasse aux elfes noirs dégénérés, incluez moi dans le lot. Moi aussi, il m’arrive de caresser la joue d’un mâle et d’éprouver des sentiments.

Quelqu’un m’a dit une fois que notre peuple était moribond… Je suis de plus en plus encline à le croire. Un peuple ne comprend pas que des femelles, il est composé aussi de mâles. Laissez les respirer, ils étouffent dans le carcan que vous leur imposez. Résultat : soit ils fuient les îlots, soient ils ne participent à aucune action commune.

Notre peuple se meurt et vous l’enfoncez dans la tombe à coup de pied.

Khaena. »

Le sombre Mulvaar a répondu à la suite. La Sombre l’appelait la petite teigne lécheuse de bottes de ces dames. Et à vrai dire, çà lui allait assez bien! Fidèle à son image, il a léché les bottes de la Jaliless et a fait sa teigne avec moi. Il m’indiquait qu’il n’avait pas besoin d’être « traité comme un pâle« . Il a rajouté qu’il fallait que j’ouvre les yeux car notre peuple ne mourrait pas et que les autres peuples, eux s’entre-déchiraient. J’ai à nouveau apposé un parchemin :
« J’ouvre les yeux Mulvaar et je constate. Nos ondes sont silencieuses. Les travaux communs qu’essaie d’organiser notre Soeur Rhiordan, rassemblent de moins en moins de sombres. Et à par vous, on n’y voit aucun mâle… Mais il semble que vous appréciez être considéré comme un sous-être.
Quand à la guerre larvaire qui règne actuellement entre les peuples, je ne sais même pas quoi dire quand on me demande qu’elle est la position des sombres sur le sujet… Je suppose qu’ils se délectent en interne de voir ces dissensions mais que officiellement ils restent neutres. Mais ce ne sont que des suppositions puisque je n’ai vu aucun parchemin sur le sujet.
Toujours est il que ces différents peuples sont unis en leur sein. Alors que chez les sombres, je n’ai vu dernièrement aucune unité : uniquement des querelles pour des pretextes futiles de domination ou d’ambition personnelle.

Mais je ne demande qu’à être contredite sur ces sujets : prouvez moi que notre peuple est vivant… »

Il est clair que je n’aurais pas dû traité Mulvaar de sous-être mais à vrai dire, c’est ainsi que j’avais l’impression que certaines femelles considéraient les mâles.
Il l’a assez mal pris je crois…

C’est alors que MageInvok a expliqué ce qu’il s’était réellement passé : il n’avait pas « caressé » la joue de Fharath mais retenue un geste de colère contre elle. Il a ensuite fait tout un discours sur la haine qu’il éprouvait pour elle…

Bref, je m’étais complètement trompée sur ce qu’il s’était passé… J’ai préféré les laissé vider tout leur fiel entre eux. Et je dois dire, que cet évènement m’a fait perdre tout espoir de pouvoir être un jour utile à mon peuple.
J’en ai parlé à ma soeur Rhiordan quelques jours après… Étrangement, elle n’a pas essayé de me retenir au sein du peuple et elle est même allé plus loin. Elle aussi semble abattue et se sent inutile en son sein.
Son rêve d’unité du peuple sombre, comme le mien et d’une autre façon celui de Fharath, s’est effondré avec cette nouvelle altercation. Rhiordan va je crois aller voir l’Ilharess bientôt pour lui rendre son poste de trésorière. Quand à moi, je crois que j’irai la voir aussi pour lui expliquer que je n’essaierai plus désormais de faire partie de son peuple. Je lui avais promis il y a bien longtemps lors du départ de Ghaara.

Le nouveau Fingelien commence sous de drôles d’auspices…

La petite mort des elfes noirs

Jour 19 Archeno – Fingelien 381
Ce que j’avais dit sur le coup de la colère est en train de se réaliser… Mon peuple se meurt. Les ondes n’ont jamais été aussi silencieuses : plus de disputes, plus rien. Plus personne ne répond à l’Ilharess quand parfois elle salue sur les ondes.
Cela faisait aussi plusieurs jours que je n’avais pas sentie la présence de mon âme soeur, Rhiordan. Je m’inquiétais, la dernière fois, elle semblait terriblement abattue.
Aussi quand j’ai sentie sa présence, je me suis empressée de la contacter pour savoir comment elle allait. Elle n’allait pas bien, pas bien du tout. Elle souhaitait quitter les îlots. Fharath avec qui elle était très liée, était partie et elle voulait la suivre… Toutefois, elle semblait hésiter encore. Elle cherchait à avoir une réponse de notre déesse Lith avant et passait son temps à méditer à Naralik.
Mais sa voix était éteinte… elle avait perdue le ressort dont elle avait toujours fait preuve dans les moments difficiles. Comment pouvais je l’aider à retrouver foi en notre peuple alors que je ne l’avais plus moi même ?
J’ai tenté de lui faire comprendre que j’avais besoin d’elle, de mon âme soeur mais je ne sais pas si j’y ai réussi. Mais elle m’a fait une promesse : si elle prenait la décision de partir, elle viendrait me dire au revoir avant.

C’est le coeur gros que j’ai rejoint cette nuit là les bras de Kely. Il a tenté de me consoler mais j’ai pleuré de longues heures avant de réussir à me rendormir.

Les noms des elfes noirs

Après quelques recherches dans différentes bibliothèques, j’ai trouvé un parchemin étrange recensant certains noms des elfes noirs et leur traduction en langage commun.

Arha
Obscurité, Nuit, Ombre, Métal, Gris

Daro
Mémoire, Exploit reconue, Pierre, Bleu

Drukh
Impitoyable, Dur, Acier

Elthrai
Sort cruel, Désespoir

Elu
Fin, Démenti

Ganth
Exécution, Sacrifice, Attachement

Har
Endroit, Demeure, Ville, Cité

Harath
Jeunesse, Energie, Jalousie, Ambition

Kar
Désespoir, Froid engourdissant

Khadath
Droit de vie et de mort, Immense pouvoir, Etoiles, Changement

Khae
Meurtre, Massacre, Laiton, Bronze

Khaladh
Dragon, Noblesse, Flamme, Jaune, Orange

Kheyl
Jugement, Règle fondamental, Punition

Khlar
Damnation Eternel, Esclavage

Kuyl
Douleur, Couardise

Kynth
Froid, Mort, Silence, Désert, Perte, Noir

Kython
Connaissance, Serpent, Danger potentiel, Sommet de la douleur

Lakh
Gloire, Infamie, Victoire contre la mort

Lath
Colère, Différence, Orage, Sommeil

Menlu
Eau, Vie, Pluie, Vert

Minaith
Compétence, Artefact

Nagh
Froid, Glace, Pâleur

Oriour
Sang, Naissance, Pourpre

Sarath
Défit, Haine profonde, Devoir, supérieur

Sariour
Sorcellerie, Destin, Cataclysme, Lune, Argent, Blanc

Saro
Eternité, Infini, Intensité

Senlu
Vitesse, Exactitude

Senth
Fidélité, Supériorité numérique

Sheth
Vol, Vent, Criant, Distance

Thalu
Haine, Vengeance

Than
Puissance cachée, Subtilement, Faiblesse simulée

Urith
Destruction, Conquête, Guerre

Yenlu
Chaos, Similarité, Forces opposées

L’idée de l’Ilharess

Jour 19 Elfist – Fingelien 381
Lors de notre dernière discussion, l’Ilharess m’avait annoncé qu’elle réfléchissait à une idée pour sortir notre peuple de la crise où il avait sombré.

Sa première action a été de proposer le changement de l’équipe dirigeante. Tous ces postes sont donc remis en jeu et chacun peut poser sa candidature. Bien sûr, il y a eu des grincement de dents, la Haute-prêtresse Elzeberith n’a pas apprécié que son poste soit à nouveau soumis à candidature et elle a préféré ne pas « ramasser les miettes« .

Elle a ensuite destitué MageInvok de son titre de Valuk pour ne pas avoir remplies les missions qui lui étaient confiées. Quelques jours auparavant, lors de notre discussion, l’Ilharess m’avait demandé ce que je pensais de son fils MageInvok dans son rôle de Valuk. Je dois dire que j’étais un peu surprise par la question. Mais alors que Rhiordan à qui j’avais signalé cette demande me disait de l’éluder, j’ai répondu le plus sincérement possible, en pesant chacun de mes mots avant de les prononcer.
A vrai dire, j’appréciais MageInvok qui avait toujours été parfaitement courtois et respectueux avec moi. Et surtout il défendait férocement le droits des mâles et je l’approuvais dans cette action.
Par contre, il était à l’origine de la plupart des altercations qui avaient eu lieu au sein du peuple ces derniers temps. Je me souviens encore de mon âme soeur Rhiordan, que j’avais trouvée un jour pleine de rage et de dépit et qui ne savait plus si elle faisait son travail de trésorière correctement suite à une de ces remarques blessantes. De ce que j’avais pu voir depuis mon arrivée sur les îlots, il n’avait jamais su être diplomate ni défendre ses idées sereinement. Je ne l’avais pas vu non plus réussir à rassembler les mâles autour de lui, ni participer aux actions communes.
Je ne savais pas vraiment qu’elles étaient les attributions du Valuk mais pour moi pour toutes ses raisons, il ne remplissait pas correctement son rôle.
L’Ilharess m’avais écoutée avec attention et m’a remerciée d’avoir donné mon avis extérieur. Sans doute que celui-ci l’avait aidé à prendre la décision sans doute douloureuse pour elle de destituer son fils de son titre. Elle avait tout de même tenter d’atténuer le choc en lui attribuant un titre honorifique pour service rendu au peuple sombre.

La dernière action que l’Ilharess avait entrepris avait été d’apposer un parchemin rappelant à tous, mâles et femelles, leurs droits et leurs devoirs au sein du peuple. Je crois que ces rappels ne sont pas inutiles durant cette période trouble.

Pour ma part, j’ai envoyé une missive à Fharath. Je ne sais si çà la fera revenir mais au moins j’aurais essayé… Quand à ma soeur Rhiordan, je crois qu’elle n’est pas prête à reprendre un seul poste. Elle me déconseille même d’en prendre un. Je dois dire que je n’ai vraiment pas envie de me mêler à toutes ces intrigues politiques. Mais si je ne prends pas de postes, j’aurais l’impression de ne rien faire pour tenter de réunifier mon peuple… je crois que je dois encore y réfléchir…

J’espère que toutes ces actions permettra à mon peuple de renaître…

DarkCat

Jour 6 Mundia – Fingelien 382
Le mâle sombre DarkCat a attaqué frontalement et verbalement la prêtresse Elzeberith et la stupide jeune sombre sur l’histoire de la nécromancie à Nord Thyl. Je me sentais soutenue par un des miens, enfin…
Mais, j’étais inquiète pour lui. Je craignais la réaction violente de la prêtresse mais heureusement, elle n’est pas venue. Quand à la jeune sombre, j’ai pu apprécier l’étendu de sa bêtise : elle n’a pas compris que quand Darkcat disait qu’il fallait respecter « publiquement » les nains, cela signifiait qu’entre sombres il en était tout autre. Je ne sais pas bien ce que l’Ilharess va pouvoir faire d’elle…

Par contre, il était évident qu’un mâle ne pouvait insulter une femelle de cette façon chez les elfes noirs. Je savais que même si l’Ilharess apprécierait peut-être les attaques croisées que ces deux femelles subissaient, elle devrait punir publiquement le mâle qui osait élever la voix contre l’une d’entre elle. Je ferais mon possible pour tenter d’obtenir une sanction pas trop lourde pour lui.

Un complot

Jour 5 Elouenien – Fingelien 382
La petite sombre stupide a encore fait des siennes… Elle a proposé à l’échevin sinan Balazs de l’épouser, prendre la place de la Matriarche et ensuite diriger leurs deux peuples. C’est d’un ridicule… Cette petite a la folie des grandeurs…
Malheureusement pour elle qui se croyait sans doute sûre de son charme, Balazs a tout raconté à Kharya. Elle a tenté une explication improbable affirmant qu’il s’agissait de tester la fidélité de l’entente entre les sinans et les sombres.

Cette histoire a préoccupé ma belle. Tout le monde savait, que la stupide petite sombre mentait comme elle respirait. Malheureusement, elle le faisait très mal et sans aucune intelligence. Elle desservait constamment son peuple par ses éclats de folies. Même le lèche-botte Mulvaar qui l’avait pris sous son aile en tant qu’apprentie, s’en était lassé. Il lui avait appris la discrétion, elle passait son temps à tenter de se faire remarquer d’une façon ou d’une autre. Kharya avait cru en elle, pensant qu’il suffisait de la cadrer de lui montrer la voie à prendre pour canaliser son exubérance. Mais cette dernière affaire montrait qu’il n’y en avait pas grande chose à en tirer.

Ma belle sombre a passé des jours et des jours à réfléchir à ce qu’elle devait faire. Elle savait que la prêtresse Elzeberith lui reprocherait de croire un sinan plutôt qu’une soeur. Toutefois, le doute était permis même si peu croyait en la sincérité de la stupide sombre. J’ai essayé d’apporter des clés pour aider Kharya dans cette décision difficile. Je lui ai dit de parler à Mulvaar qui la connaissait mieux que quiconque. Apparemment, Mulvaar n’a rien fait pour tenter de sauver son ex-apprentie. Il s’est même disputé avec elle dans la salle de notre peuple à la vue de tous. La décision était prise, il fallait la bannir. Mais, ma belle répugnait d’arriver à cette extrémité. Surtout que le petit protégé de ma sombre, le jeune Alak a présenté cette affaire sous son regard intelligent. Dans cette affaire, il n’y avait que de mauvaises solutions : soit nous séparer d’une membre de notre peuple et l’affaiblir, soit la garder en notre sein et devoir gérer de nouvelles crises semblables…

Ma belle a finalement opté pour une solution qui permettait à la jeune sombre de prouver sa valeur et son désir de rester au sein du peuple. Elle l’a bannie de façon temporaire pour un fingelien, charge à elle de prouver qu’elle mérite cette clémence pour être réintégrer parmi les sombres. C’est triste à dire, mais je suis persuadée qu’elle ne saisira pas la main tendue de son Ilharess et qu’elle s’enfoncera un peu plus dans ses délires.

Première cérémonie de remise de bouclier

Jour 3 Elouenien – Fingelien 383
Il y avait une réunion avec la représentante sinane Llariarith. Nous nous étions retrouvés à la taverne de Naralik.

Je savais que Kharya venait de passer du bon temps avec ma mère et Mulvaar. J’ai tenté de la faire parler sur le sujet. Je lui disais que j’étais heureuse qu’elle puisse faire ce genre de galipettes avec ma mère parce que je ne me sentais pas capable de lui offrir ce genre de choses. Mais elle m’a déclarée qu’elle ne pensait pas qu’elle renouvellerait cette expérience : elle ne s’était pas senti à sa place. Son orgueil de femelle sombre avait été blessé que Mulvaar se soit jeté sur ma mère comme un fauve. : elle avait eu l’impression que celui-ci la désirait plus qu’elle. J’ai tenté de la rassurer en lui assurant que ma mère n’aimait personne autant qu’elle sur les îlots. Mais de toutes évidences, elle n’était pas inquiète du manque d’amour de Killya.

La réunion a commencé. Elle a essentiellement tourné sur une liaison maritime ou magique qui pourrait exister entre la Cité du port et Naralik. Kharya a tenu aussi que je parle du projet que j’étais en train de remettre en place au sein de notre peuple : une bibliothèque rassemblant les ouvrages que nous pourrions partager entre sombre. Llariarith avait elle aussi une bibliothèque du même type et se demandait comment l’utiliser. Nous allions sans doute partager nos traités entre nos deux peuples. La réunion s’est terminée peu après.

Quelques heures, plus tard, je devais remettre un bouclier du peuple à Deskhart qui avait apposé un parchemin de présentation dans notre salle du peuple. En regardant les lumens que je prenais pour aller lui acheter, je me disais que c’était dommage de lui offrir ainsi sans une petite cérémonie. J’ai appelé Kharya télépathiquement en lui présentant mon idée. Elle a aimé. Nous avons donc rassemblé les sombres présents dans notre salle du peuple. Deskhart s’est alors présenté de vive voix et a reçu des mains de son Ilharess son premier bouclier du peuple. Nous avons fini cette célébration dans notre taverne. Au moment de partir, ma Shaa’enySs a posé sa main sur l’épaule de Deshkart en lui déclarant qu’elle était heureuse que ses pas l’aient mené parmi nous. Cela m’a rappelé le geste qu’elle avait eu avec moi à un moment où je voulais quitter les îlots après le départ de Ghaara.

Ce souvenir m’a émue. J’étais heureuse, ma sombre aussi. Nous avions un peuple de plus en plus uni et de plus en plus fier d’être sombre. Même moi qui avait eu tant de mal à m’adapter à mes frères et soeurs, je me sentais bien.

Ma Shaa’enySs et moi, nous avons cette nuit là encore rejoint la terrasse au dessus de la forge pour être au plus près des étoiles. L’étreinte qui a suivi nous en a encore plus rapproché.

Le mépris de Fharath

Jour 25 Elfist – Fingelien 384
Malkael m’avait parlé de Fharath, il y a quelques jours. J’avais été surprise d’apprendre qu’elle s’était éloignée du peuple parce qu’elle s’était sentie dénigrée par les sombres. Je me demandais pourquoi et à quelle occasion, elle avait eu cette impression. Si ce malentendu pouvait être dissipé, peut-être que la fière sombre qu’elle était reviendrait parmi nous et qu’avec sa force de caractère, elle pourrait devenir la future Ilharess qui pourrait remplacer Kharya.

En effet, j’avais beau retourner le problème dans tous les sens : je savais que je n’étais pas celle qu’il fallait pour les sombres. Je n’avais pas assez d’autorité et de goût pour la politique pour être une Ilharess qui saurait mener le peuple. Même si Fharath était, elle aussi, peu attirée par la politique, elle était respectée, fière, dure avec les autres et avec elle même, avec une autorité naturelle et un sens de la répartie que je n’avais pas. Je savais qu’elle pourrait être une grande Ilharess si elle le voulait.

J’ai donc engagé la conversation télépathiquement avec elle. Je savais par avance que la conversation serait glaciale et je m’y étais préparée mais je ne pensais pas en ressortir aussi blessée.

J’ai commencé par essayer de savoir ce qui avait provoqué son départ. Apparemment, il y avait eu un incident sur une proposition de travail en commun qu’elle avait faite pour fabriquer des bagues de Naralik. Je n’avais aucun souvenir de çà… Il y avait eu aussi des accusations sur des prétendues ventes à Véreux. Je me doutais que MageInvok devait être à l’origine de ces moqueries et de ces accusations douteuses. Elle et lui étaient constamment à couteaux tirés à l’époque. J’ai essayé de lui préciser que celui-ci n’était plus là. Elle le savait déjà et affirmait que c’était une bonne chose pour le peuple.

Malgré les continuelles piques qu’elle me lançait à chacune de mes phrases, j’ai tenté d’orienter la conversation sur celle qui devrait succéder à l’Ilharess. Elle semblait être très courant de tout ce qui se passait dans le peuple parce qu’elle n’a pas paru surprise à cette annonce. Elle a même ajouté que çà la désolait que je sois la successeure presque désignée de l’Ilharess. Je suis restée un instant interdite. La pique m’avait fait mal cette fois mais je n’ai pas bronché préférant affirmer que çà me désolait tout autant qu’elle et que justement, elle était surement plus apte que moi pour prendre cette place.

Une fois de plus, elle m’a attaquée frontalement. Je fuyais mes responsabilités en me déchargeant sur elle. Ce n’était pas tout à fait faux mais à vrai dire, je ne faisais que penser à mon peuple. Elle a martelé que le peuple sombre était mort et que j’en étais responsable. Je suis restée interdite. Fharath me méprisait. Elle détestait ce que je représentais. Je n’étais pas grand chose de plus pour elle que les inférieurs : Voronwe, le représentant haut-elfe, était bien plus sombre que je ne le serais jamais…

Une boule s’est formée dans ma gorge. Je n’arrivais plus à parler ou difficilement. Malkael qui était à mes côtés a remarqué mon trouble et m’a conseillé de cesser la conversation. J’ai tenté de le faire une première fois, elle a sauté sur l’occasion pour me rabaisser à nouveau en disant que je fuyais une fois de plus, qu’une vrai sombre face à ce genre d’attaques aurait répliqué et « mordu »… Mais à quoi bon continuer une conversation qui n’en était pas une et qui ne servait à Fharath qu’à déverser son fiel sur moi ?

Je crois que j’ai perdu ce jour là tout le respect que j’avais pour elle mais j’ai aussi perdu beaucoup plus : le peu de confiance que j’avais acquis en m’occupant de mon peuple venait d’être détruit par les quelques agressions acerbes d’une autre sombre. Je savais désormais que jamais je ne pourrais être Ilharess…

Départ

Jour 12 Fingel – Fingelien 384
J’avais beau faire mon possible pour accepter les absences de Kharya, je souffrais à chaque fois. J’ai tenté de la rejoindre par un prétexte futile : lui donner des essences curatives pour le peuple. Mais, elle m’a répondu que ce n’était pas la peine qu’elles étaient destinées à être vendues. J’ai baissé la tête comprenant qu’elle ne souhaitait pas me présence encore une fois.

Eryann est arrivé à ce moment là. J’avais encore de la douleur dans les yeux. Il m’a ouvert ses bras. Je m’y suis blottie. Je me sentais perdue… Puis, j’ai entendu Kharya. Elle faisait un discours sur les ondes sombres. La Déesse lui avait parlé : les sombres devait retrouver leur identité et ne plus se soumettre face aux insultes… Les sombres devaient raviver le Culte de Lith. L’évidence m’est apparue : je n’avais plus ma place. Les sombres allaient redevenir ce qu’ils étaient à mon arrivée : durs et froids.

Ma décision était prise : je devais partir et quitter les îlots. L’oppression qui m’étreignait s’est envolée. J’ai retrouvé Eryann sur l’île des oubliés. Je l’ai conduit sur la petite île déserte. Je savais que j’allais lui faire mal. Je lui ai expliqué pourquoi je devais partir. Il a accepté même si les larmes ont coulé sur son beau visage. Il voulait savoir quand j’allais partir. A vrai dire, je voulais partir vite avant de changer d’avis.

J’ai écouté les ondes. Kharya était occupée par une invasion et Mulvaar semblait être redevenu lui même. Elle ne serait pas seule. Je n’ai pas osée lui demander de venir me dire au revoir. Mon départ en aurait été beaucoup plus difficile.

Eryann voulait me voir partir. Un bateau attendait à Trépont. Mon elfe blond m’a fait promettre trois choses avant de partir : prendre soin des bébés et de Bahar, lui donner des nouvelles et surtout de revenir. Je savais que j’aurais du mal à ne pas revenir pour les travaux de Naralik. Alors, j’ai promis même si je n’étais pas sûre de rester ensuite.

Eryann a chanté une chanson triste et pleine d’émotion qui ont failli m’arracher les larmes que je retenais. Lui ne les a pas retenu. Je les ai embrassé tendrement. J’ai embarqué sur le bateau. J’ai retenu mes larmes jusqu’au bout pour ne pas qu’il les voit. Il m’a montrée la lune. J’avais la gorge trop nouée pour lui répondre. J’ai acquiescé d’un signe de tête. Le bateau s’est éloignée : j’ai regardé les îlots disparaître dans la brume. J’ai enfin laissé couler mes larmes…

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