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Un complot

Jour 5 Elouenien – Fingelien 382
La petite sombre stupide a encore fait des siennes… Elle a proposé à l’échevin sinan Balazs de l’épouser, prendre la place de la Matriarche et ensuite diriger leurs deux peuples. C’est d’un ridicule… Cette petite a la folie des grandeurs…
Malheureusement pour elle qui se croyait sans doute sûre de son charme, Balazs a tout raconté à Kharya. Elle a tenté une explication improbable affirmant qu’il s’agissait de tester la fidélité de l’entente entre les sinans et les sombres.

Cette histoire a préoccupé ma belle. Tout le monde savait, que la stupide petite sombre mentait comme elle respirait. Malheureusement, elle le faisait très mal et sans aucune intelligence. Elle desservait constamment son peuple par ses éclats de folies. Même le lèche-botte Mulvaar qui l’avait pris sous son aile en tant qu’apprentie, s’en était lassé. Il lui avait appris la discrétion, elle passait son temps à tenter de se faire remarquer d’une façon ou d’une autre. Kharya avait cru en elle, pensant qu’il suffisait de la cadrer de lui montrer la voie à prendre pour canaliser son exubérance. Mais cette dernière affaire montrait qu’il n’y en avait pas grande chose à en tirer.

Ma belle sombre a passé des jours et des jours à réfléchir à ce qu’elle devait faire. Elle savait que la prêtresse Elzeberith lui reprocherait de croire un sinan plutôt qu’une soeur. Toutefois, le doute était permis même si peu croyait en la sincérité de la stupide sombre. J’ai essayé d’apporter des clés pour aider Kharya dans cette décision difficile. Je lui ai dit de parler à Mulvaar qui la connaissait mieux que quiconque. Apparemment, Mulvaar n’a rien fait pour tenter de sauver son ex-apprentie. Il s’est même disputé avec elle dans la salle de notre peuple à la vue de tous. La décision était prise, il fallait la bannir. Mais, ma belle répugnait d’arriver à cette extrémité. Surtout que le petit protégé de ma sombre, le jeune Alak a présenté cette affaire sous son regard intelligent. Dans cette affaire, il n’y avait que de mauvaises solutions : soit nous séparer d’une membre de notre peuple et l’affaiblir, soit la garder en notre sein et devoir gérer de nouvelles crises semblables…

Ma belle a finalement opté pour une solution qui permettait à la jeune sombre de prouver sa valeur et son désir de rester au sein du peuple. Elle l’a bannie de façon temporaire pour un fingelien, charge à elle de prouver qu’elle mérite cette clémence pour être réintégrer parmi les sombres. C’est triste à dire, mais je suis persuadée qu’elle ne saisira pas la main tendue de son Ilharess et qu’elle s’enfoncera un peu plus dans ses délires.

Incompréhensions

Jour 12 Elouenien – Fingelien 382
J’écoutais la petite et Keros tout en parlant à Kharya par telépathie. Je me moquais gentiment de la réaction de la petite qui s’assombrissait quand son père lui demandait si elle avait une femelle. La petite n’avait jamais eu de femelle et ne savait pas bien réagir face à ma relation avec Kharya.

Ma belle craignait que cette discussion fasse encore plus fuir Khaena d’elle. J’ai plaisanté en lui disant que ce serait peut-être l’inverse qui se passerait. Elle est restée interdite face à cette hypothèse. Cela lui semblait inconcevable. Je l’ai titillé en lui demandant si elle n’avait jamais eu eu envie de mettre la petite dans son lit. De toute évidence non. Je trouvais çà dommage, si la petite devait avoir sa première femelle, j’aurai aimé qu’elle tombe sur une femelle douce et expérimentée comme Kharya.

Puis, j’ai demandé à ma fille de me laisser voir mon mâle. J’ai proposé à Kharya de venir nous rejoindre. Elle a refusé prétextant que nous n’étions pas souvent seuls moi et mon mâle. J’ai trouvé son explication pas très convaincante mais j’ai accepté son choix un peu surprise par cette réaction. Après que nos corps se soient rassasiés l’un de l’autre, j’ai parlé à Keros. Je me sentais soudain triste que Kharya n’est pas voulue me rejoindre. Je me sentais repoussée par celle que j’aimais. Keros semblait surpris que j’ai demandé à ma femelle de venir. Il pensait que je lui avais proposé une partie de jambes en l’air à trois… J’étais atterrée… J’avais juste voulu qu’ils se voient tous les deux qu’ils apprennent à se connaître. Je me sentais incomprise. Il m’a caressée la joue en me disant que je devrais le préciser à Kharya qui avait sans doute compris la même chose que lui. C’était effectivement le cas. Les deux êtres que j’aimais le plus au monde s’était complètement trompée sur mes intentions… Je ne sais plus ce que j’ai grogné à Kharya mais j’étais furieuse contre elle.

Ça me faisait mal et comme souvent j’avais besoin d’extérioriser mon mal-être dans la violence. Mon mâle l’a très bien compris et m’a laissé chasser m’accompagnant dans ma rage. Malheureusement, après une blessure un peu plus profonde que les autres, le petit bleu est réapparu… Je n’avais pas envie de lui parler et surtout pas dans l’état rageur dans lequel j’étais. J’ai cédé ma place à la petite.

La petite m’a à nouveau donner le contrôle quand elle a su qu’il y avait une entrainement entre sombres. J’y suis allé toujours avec la rage au ventre et d’une humeur massacrante. Kharya était déjà là. Je ne lui avais pas adressé la parole depuis que je m’étais mise en colère contre elle. Je l’ai à peine regardée m’attaquant aux orques qui passaient par là. Elle n’était pas dupe. Elle m’a demandé si j’avais l’intention de continuer à lui faire la tête ou si je préférais lui taper dessus. J’ai répondu avec un petit sourire sadique que je préférais lui taper dessus.

Ce que j’ai fait avec violence extériorisant ma rage. Elle encaissait les coups sans broncher. Les autres sombres étaient surpris de ma violence. Le petit protégé de Kharya, Alak n’en croyait pas ses yeux, pensant que j’étais la petite. Il y avait aussi le sauvage, qui semblait trouver cette scène assez amusante. Mais petit à petit, ma rage s’est dissipée. J’appréciais de moins en moins de lui donner des coups, surtout qu’elle attendait toujours le dernier moment pour se soigner par magie. Sans doute, que c’était intentionnel pour que je ne me sentes coupable de lui faire mal. Toujours est il, que la voir ainsi blessée a fini par me calmer.

Alors que nous retournions au dépôt pour reprendre de quoi nous soigner, je l’ai prise par la taille, elle s’est retournée vers moi en souriant, j’ai goûté ses lèvres. J’ai passé un doigt sur ses lèvres si douces mais nous n’avons pas pu continuer nos caresses plus longtemps, le sauvage et le petit protégé sont arrivés. Je les ai regardés d’un air agacé n’appréciant pas d’être dérangée ainsi. Puis, nous sommes retournés à l’entrainement. Cette fois, je portais mes coups avec moins de violence et je la soignais dés que je pouvais. Puis, Kharya a voulu s’entraîner avec le sauvage. Je sentais qu’elle s’intéressait à celui qui avait été mon amant et celui de la petite. Je la voyais poser son regard sur lui s’amuser de le voir prendre de ses coups. Elle riait, elle était heureuse.

A la fin de l’entrainement, j’ai demandé par télépathie à ma belle si elle voulait rester seule avec le sauvage. Quelques jours auparavant, nous lui avions proposé mi plaisantant mi sérieusement, de nous rejoindre toutes les deux dans notre couche. Il avait décliné l’offre. Je me disais que si il avait l’occasion de découvrir Kharya seul, il accepterai plus tard de nous avoir toutes les deux. Ma belle a accepté. Je l’ai laissée avec le sauvage, espérant qu’en lui offrant mon mâle, elle oublierait mon attitude si déplaisante quelques heures auparavant.

Mais ma nuit a été courte et entre-coupée de cauchemars. Ma belle n’était pas là pour m’apaiser et j’imaginais qu’après avoir passé une nuit avec le sauvage, elle ne voudrait plus de moi. A mon réveil, je lui ai envoyé un mot par coursier avec une rose rouge. Je lui expliquais mes craintes. Quand je l’ai retrouvée plus tard, elle a été tendre et douce avec moi. Elle n’avait apparemment pas vraiment passé la nuit avec le sauvage. Elle avait juste eu quelques caresses sensuelles avec lui. Elle m’a caressée et cajolée. Je me suis endormie apaisée entre ses bras.

Retour dans les îlots

Jour 22 Ullitivar – Fingelien 383
J’ai rejoint les îlots. La douleur de ma mère était perceptible. Elle quittait le continent et celle qu’elle aimait pour rejoindre les îlots et celle qui avait été sa femelle et qui désormais l’ignorait. Elle se sacrifiait pour moi et Kely. Et je dois dire que pour moi aussi c’était difficile de m’imaginer sans Bahar même si j’avais décidé de ne plus la voir. Mais j’avais au moins la consolation de retrouver Kely.

Il était heureux et ému de me revoir. Il avait cru que j’allais rester sur le continent et ne plus revenir. Mais cette idée ne m’avait pas traversé l’esprit. Je savais que ma place était sur les îlots désormais pour vivre près de Kely. Nous avons beaucoup parlé tous les deux. Il avait l’impression qu’il ne m’apportait pas tout ce dont j’avais besoin. J’ai été franche. Depuis que j’avais touché le corps d’une femelle, je sais que l’envie serait toujours là. Je lui ai fait remarqué que moi non plus, je ne semblais pas lui apporter tout ce dont il avait besoin de la part de sa femelle : ma douceur ne s’accordait parfois pas avec ses envies plus brutales. Il m’a regardé interdit, se rendant compte que j’avais raison. Nous allions devoir trouver une autre manière d’envisager notre couple sans que l’autre en souffre : un difficile équilibre.

Je savais aussi qu’en retournant sur les îlots. Je rejoignais un peuple avec lequel mes relations étaient redevenues tendues à cause de mon différent avec Kharya. D’ailleurs, j’avais désormais beaucoup de mal à l’appeler Ilharess alors qu’il y a encore quelques temps je ne pouvais pas l’appeler autrement. Comme si, j’avais perdu le respect que j’avais toujours eu pour elle. Pourtant sur le continent, j’avais commencé à accepter l’idée de lui pardonner. Mais, quand ma mère m’a appris la façon dont elle l’avait traitée, ignorant sa présence et la reléguant derrière un mâle nain, çà m’a rendue furieuse. J’avais l’impression qu’elle avait traité ma mère avec irrespect : elle ne méritait pas çà. Je dois dire que j’étais heureuse qu’elle ait trouvé du réconfort dans les bras de Bahar et même plus. Ma mère ne se laissait pas emprisonner dans la toile de cette fille de Lith pour mourir à petit feu. Elle s’en échappait recherchant le bonheur ailleurs.

Il y a eu un conseil matriarcal, ce soir là. Il fallait nommer les nouveaux officiels aux postes séridiens. Je n’avais bien sûr proposer ma candidature pour aucun d’eux. Je me voyais mal remplir une telle fonction alors que je n’avais plus foi en celle qui dirigeait le peuple. Mulvaar a été désigné pour devenir représentant. Je trouvais çà affligeant que cet être sournois devienne le représentant des sombres. J’ai secoué la tête mais je n’ai rien dit. Alak a été nommé échevin et Iymril économe. Je les appréciais tous les deux et même si ils semblaient jeunes et inexpérimentés, j’étais sûre qu’ils honoreraient leur peuple.

Quand il a fallu nommé des suppléants, Mulvaar a émis l’idée que je pourrais être la sienne. J’ai répondu d’un « non merci » glacial. Il a fait un petit sourire en coin déclarant que ma mère pourrait être intéressée. J’ai regardé Kharya en affirmant que ce n’était surement pas le cas en ce moment. Mulvaar s’est tu. Il avait soudainement pris conscience de la tension qui existait entre Kharya et moi. Iymril semblait elle aussi désolée. Elle sentait cette tension depuis le début de la réunion sans en comprendre la raison. Et elle ne comprenait pas pourquoi je n’avais aucun poste. J’ai tenté de lui expliquer que c’était mon choix. Mais, cette déchirure qu’elle sentait au sein du peuple la perturbait. Mais j’étais incapable de faire plus pour le moment. J’aiderai mon peuple du mieux que je pourrais mais je ne voulais pour l’instant plus m’impliquer dans la politique.

J’ai quitté rapidement la réunion. Je voulais rejoindre les bras de mon mâle. Kharya n’a pas réclamé ma mère. Elle ne l’avait pourtant pas vu depuis des jours. Je me demandais si c’était çà la fin d’un amour : jouer à s’ignorer mutuellement pour s’oublier petit à petit…

Retour sur les oubliés, II, les Proches.

Donlema.

Comme je regrette cette première sœur. Elle est arrivée à peu de chose près en même temps que moi. Nous avons tout de suite sympathisé. Nous faisions presque tout ensemble. Quand je me suis lancée dans le rassemblement des sombres, elle a été avec Oscarhamel et Choubaba un pilier essentiel. Elle était toujours de bonne humeur. Malgré les temps difficiles qui s’annonçaient pour les nôtres, l’atmosphère entre sœurs et frères étaient détendue à cette époque. La politique ne m’avait pas encore rendue si austère. J’aurais aimé qu’elle reste à mes côtés pour guider le peuple. Mais il en est ainsi pour de nombreux aventuriers, rares sont ceux qui tiennent aussi longtemps que moi. J’espère la revoir un jour.

Ignis.

Ignis était un sombre de bonne éducation sans pour autant être aussi servile que MageInvok. Il s’investit vite pour le peuple, ne rechignant jamais à la tâche. Il était nécromant et se promenant souvent avec une panthère noire nommée Pas de l’Ombre. C’était chaque fois la même âme qui semblait revenir dans le corps du félin qu’il réanimait. Il fut le premier à devenir Lig’Ylith quand je mis en place ce système hiérarchique qui devait encourager les mâles à agir en faveur du peuple. Il y avait à l’époque peu de femelles et il me fallait donc des éléments volontaires pour continuer l’effort de rassemblement et de conquête d’une place dans la société séridienne. Malheureusement, l’arrivée d’une sœur plus véhémente que les autres acheva la motivation d’Ignis. Elzeberith lui reprochait ses liens rapprochés avec Kara, une pâle à l’histoire torturée. Elle ne ratait pas une occasion de le rabaisser malgré son rang et son investissement. Lassé, il quitta les îlots pour ne plus y revenir. J’ai pourtant parfois l’impression de sentir son ombre parcourir ces terres comme s’il attendait le bon moment pour revenir.

Lisbeth.

Elle était une petite sombre curieuse de tout. Son humeur joyeuse égayait nos ondes. Très intelligente, malicieuse, elle était aussi devenue l’élève d’Ignis et s’intéressait donc au Noble Art. Elle m’aida même avec Alak à l’organisation d’un Tournoi de Nécromancie avec des idées originales et des techniques de comptage des point abouties. Il est bien dommage de plus l’entendre, nous avons tellement besoin de fraîcheur, je n’arrive plus à rassembler les nôtres autour de divertissements comme autrefois.

Jared de Norhen Dagha.

Petit dernier à avoir été adopté comme fils, Jared était un jeune sombre muet et incapable de s’exprimer télépathiquement. Il mimait pour pouvoir se faire comprendre. Il ne savait pas non plus écrire. Il avait visiblement été traumatisé par l’autorité des femelles. Il les craignait beaucoup. Considérant son handicap, sa vie dû être encore plus difficile que pour un mâle normal. Ceci lui posa aussi quelques soucis sur les îlots. Certaines des nôtres, et plus particulièrement Yelina, le traitait comme un simple d’esprit et un faible, le rabaissant continuellement. C’est une attitude que j’avais du mal à accepter mais qui faisait partie de l’élitisme habituel des clans continentaux.

J’ai donc voulu le mettre sous ma protection et le meilleur moyen était d’en faire mon fils. Il me fallut du temps pour l’apprivoiser et qu’il ne me redoute pas. Il fut surpris de mon intérêt et de ma douceur envers lui. Mais quand je lui annonçais faire de lui mon fils, il pleura de joie et de soulagement. MageInvok l’accepta comme frère sans rechigner, il n’avait de toute façon pas le choix. Cela dit, il n’avait jamais montré d’hostilité envers Jared puisque le petit était des plus respectueux envers les femelles malgré les brimades qu’il pouvait subir de leur part.

J’ai essayé d’apprendre à lire à Jared. Ce n’était pas facile. Non pas qu’il soit idiot, il comprenait les choses rapidement, mais il avait une sorte de blocage pour tout ce qui touchait à la communication. Sûrement un traumatisme de son éducation passée. Je n’ai pas pu finir son apprentissage.

Une femelle bleue s’était attachée à lui.  Tous les jeunes mâles sont un peu idiots sur ces thèmes là. Il lui obéissait sagement sans savoir exactement ce qu’elle voulait de lui. Elle alla un jour me demander officiellement de le prendre comme mâle. Je n’ai pas donné un véritable accord puisque je voyais bien que mon fils n’en avait pas saisit les enjeux et aussi parce qu’elle n’était pas sombre. Qu’ils entretiennent une relation d’amant n’était pas exclue à mes yeux mais une liaison avec une bénédiction de ma part était impossible vis à vis des traditions.

Il disparu du jour au lendemain sans explications. C’est quand il a réapparu quelques jours, il y a maintenant deux fingeliens je crois, que j’en compris la raison. Quand je l’ai revu il semblait inquiet de la présence de quelqu’un. D’une sœur. Il me fit deviner qu’il s’agissait de Yelina. Elle aurait été la cause de son départ. Je l’ai rassuré sur le fait qu’elle était partie, elle aussi. Pourtant cela ne suffit pas et Jared disparu de nouveau sans m’avertir.

Alak.

Alak est lui aussi un de nos plus jeunes frères. Il est obéissant vis à vis des femelles mais son tempérament est plutôt sauvage quand cela concerne les autres peuples. Il entretient d’ailleurs une haine pour les Nains bien réciproque surtotu depuis son banissement de Nord Thyl pour Nécromancie sur son sol. Je ne doute pas qu’il devienne un grand Nécromant, il s’entraîne assidûment.

Malgré sa jeunesse, il a su prendre de l’importance dans le peuple grâce à son dévouement. Avec Lisbeth, il a longtemps été cette petite touche de légèreté qui fait du bien au groupe. Il n’a pas été d’une présence très régulière pendant un temps mais cela semble se stabiliser. Je lui ai fais passer un cap récemment en le propulsant Echevin. Finit pour lui l’insouciance et voici venu le temps de la prudence. J’espère qu’il n’en souffrira pas trop. La politique est destructrice.

La maison de Shaael

Jour 19 Ullitavar – Fingelien 384
Shaael m’a envoyé une lettre.

« Ma belle sombre,

J’ai enfin réussi à acheter la maison de Blancherive dont je t’avais parlé. Malheureusement, elle est pleine de poussières et de toiles d’araignées et vide de meubles. Je compte bien faire en sorte de la rende habitable pour pouvoir t’y accueillir dignement.

La maison est à la sortie de la ville, juste à côté de la forge. Tu la trouveras facilement. Même si pour le moment, la chambre n’est pas ce qu’il y a de mieux, il y a un grand lit. Ce sera sans doute la première pièce que je rénoverais.

Tu me manques ma belle sombre. J’attends ton retour avec impatience.

Shaael. »

J’ai tout laissé tomber. J’ai préparé mon sac et j’ai pris le premier bateau pour le continent. Le voyage a été rapide avec le cheval de Shaael. Je suis arrivée aux portes de Blancherive. J’ai frappé à la porte de la petite maison à côté de la forge. J’ai cru que je m’étais trompée quand une humaine m’a ouvert la porte. Elle m’a dit s’appeler Lydia et que Shaael était en mission à Faillaise. J’ai été tétanisée. Que faisait cette humaine chez ma femelle chat? Je n’ai pas cherché très loin : j’étais persuadée qu’elles étaient amantes. Je suis repartie très vite sans un mot le coeur en berne.

J’ai rejoint les îlots. A peine arrivée, j’ai appris que Véreux avait menacé Kharya, lui affirmant que « c’était pour bientôt ». J’ai contacté Kharya pour lui proposer de rester à ses côtés. Elle m’a répondu évasivement en laissant échapper un tutoiement : « si tu veux. ». Comme elle ne semblait pas y tenir plus que çà, je lui ai répondu que je ne voulais pas m’imposer. Elle a alors affirmé être « bien entourée ». J’ai hésité… Est ce que je devais me rendre près d’elle ou non? Et puis, l’imaginer aux mains de Véreux m’a décidée : qu’elle le veuille ou non, je voulais tout faire pour empêcher Nevros de s’en prendre à elle.

J’ai rejoint le dépôt de Naralik mais elle n’y étais déjà plus… Malkael était là me faisant une place près de lui mais je m’inquiétais pour Kharya. Elle était en train de récolter avec Mulvaar. J’étais rassurée que son mâle soit près d’elle, toutefois je voulais rester pas trop loin. J’ai dit à Malkael que je partais récolter et après avoir vérifié où était Kharya et Mulvaar, je me suis mise un peu plus loin pour ne pas troubler leur intimité. J’ai signalé toutefois à l’Ilharess ma présence à quelques mètres. Elle m’a remercié. Je voulais de toutes façons être à l’écart loin des autres. J’avais besoin de réfléchir à ce qu’il s’était passé à Blancherive.

Puis en retournant au dépôt pour déposer ma récolte d’absinthes, j’ai constaté que Kharya s’était déplacée sans me le dire : elle était au dépôt aux côtés de Malkael. Je lui en ai fait le reproche mais elle n’a rien répondu. J’étais dépitée. Je suis quand même restée pas trop loin d’elle. Malkael est venu s’asseoir à côté de moi malgré mon humeur morose.

J’ai vu alors arriver Alak en compagnie d’une jeune sombre récemment arrivée sur les îlots : Seliane. J’étais surprise : Alak était très jeune et n’avait jamais montré un quelque-conque intérêt pour les femelles. Mais je le comprenais : Seliane était une magnifique femelle aux cheveux roux. Mon côté Killya s’est alors réveillé. J’avais besoin de séduire comme une sorte de vengeance contre Shaael et contre Kharya aussi je crois. J’ai déclaré à Seliane que si les mâles finissaient par l’ennuyer, j’étais intéressée pour être sa femelle. Alak est resté bouche bée. Les autres n’ont montré que de l’indifférence. Devant ses réactions, je me suis mis à rire. Mais ce rire était un rire amer. Seliane a fini par dire qu’elle ne s’intéressait qu’aux mâles. Je l’ai finalement laissé tranquille.

Je n’avais plus envie de rien… Je me suis endormie sur l’épaule de Malkael.

Un retour après une longue absence

Jour 10 Mundia – Fingelien 384
Je suis arrivée à Trépont. J’ai contacté tout de suite Kharya qui s’est précipitée à ma rencontre. Elle m’a pris dans ses bras et je l’ai serrée contre moi. J’étais heureuse de la retrouver. Elle m’a entraînée dans la taverne de l’île. Nous avons parlé de son futur départ, des problèmes amoureux d’Alak avec Seliane, du peuple et de ses divisions. Elle cherchait quelqu’un pour prendre en charge le dépôt du peuple. Je lui ai proposé mon aide. Elle semblait surprise. Elle avait pensé je crois que je n’étais là que pour peu de temps. Et à vrai dire, je me suis surprise moi aussi… Est ce que je comptais vraiment rester? Puis j’ai continué, si le peuple devenait orphelin en perdant sa mère, je pouvais essayer d’être une tante pour lui… Je ferais en sorte de prendre soin de lui en son absence. Elle a semblé assez dubitative déclarant qu’elle laisserait le conseil en décider.

Darkmon est arrivée. Elle avait peur de nous déranger mais nous avions fini. Kharya est partie récolter. Darkmon semblait heureuse de me retrouver. Elle m’a, elle aussi, donné des nouvelles du peuple. Je lui ai demandé des nouvelles d’Iymril mais apparemment celle-ci s’était isolée et restait à l’écart des autres. Darkmon s’est aussi interrogée sur ma présence ici. Elle espérait que j’allais rester. Je lui ai donc expliqué que j’étais revenue suite à une lettre de Kharya et que je comptais aider notre peuple pendant son absence. Elle se demandait si j’allais la remplacer, c’était d’ailleurs toujours ce qu’elle s’était imaginée. J’ai tenté de ré-freiner ses ardeurs en lui déclarant que celui ou celle qui devrait la remplacer serait désigné par le conseil. Elle a affirmé alors que si elle avait le droit de paroles, elle ferait savoir qu’elle souhaitait que je sois celle-là. Je l’ai quittée réconfortée de savoir à quel point elle avait confiance en moi.

Je suis ensuite retournée à Naralik. Retrouver nos terres m’a fait du bien. Je suis allée au dépôt. Il y avait Alak, et d’autres sombres. J’ai parlé un peu avec lui et des craintes de sa mère au sujet de sa liaison avec Seliane. Cette jeune sombre était devenue la fille adoptive de Polgarath et avait suivi les conseils de sa mère un peu trop à la lettre. Elle multipliait les mâles et Alak en souffrait. Elle avait même failli provoquer un incident diplomatique avec les hauts-elfes en aguichant l’un des leurs. C’est alors que j’ai assisté à leur rupture. Seliane a déposé son bouclier du peuple à terre : elle allait s’éloigner du peuple.

Je n’étais pas loin et alors qu’elle disparaissait laissant son bouclier de peuple à terre, je me suis précipité pour le prendre. J’avais peur que Voronwe, le représentant haut-elfe s’en empare. Alak avait eu le même réflexe. Je lui ai laissé le bouclier.

Il y a eu aussi un petit incident avec Voronwe. Celui-ci avait apparemment pris ses habitudes à venir travailler dans notre dépôt et à prendre une des rares places sur le banc. Après être revenue d’une course, j’ai constaté qu’il s’était installé sur la dernière place disponible. Sur le moment, je n’ai rien dit m’asseyant à terre pour commencer à travailler. Mais Alak n’a pas vraiment supporté qu’une femelle de son peuple et qui plus est Jaliless soit reléguée sur le sol. Il m’a donc proposé sa place. Je crois avoir eu un ton assez acerbe envers Voronwe déclarant que ce n’était pas à Alak de céder sa place mais à celui qui n’était pas des nôtres. Kharya qui était présente m’a soutenue. Et devant ce front uni de sombres, le pâlot a du me céder sa place. Je ne l’ai pas remercié estimant qu’il n’avait mis aucune bonne volonté à le faire.

J’ai tenté durant cette première journée de retour dans les îlots de garder un visage avenant et souriant mais le coeur n’y était pas. Ma réaction épidermique et agacée face à l’attitude de Voronwe en était une des manifestations. C’est quand Kharya m’a demandé par télépathie des nouvelles de ma femelle d’jhi que j’ai failli craquer et montrer ma faiblesse. Heureusement, à ce moment là, les landes ont lancé une invasion de lapins avec parmi eux les terribles démons lapins, m’envoyant directement en Achéron et m’évitant ainsi de répondre à des questions douloureuses.

Après l’invasion, je ne suis pas retournée au dépôt préférant éviter les regards des miens alors que la douleur de l’absence de ma femelle était soudain devenue si oppressante. Je me suis endormie seule me recroquevillant dans un coin isolé.

Peau sombre

Jour 13 Mundia – Fingelien 384
Je n’avais toujours pas de nouvelles de Shaael… Ma douleur se transformait en rage… Le premier à en faire les frais a été Mulvaar. Il grognait sur le manque d’habileté de Tankel à réparer ses dagues et regrettait de l’avoir aidé à retrouver sa fille. Alors je l’ai volontairement provoqué pour attiser sa colère en lui reprochant son manque d’amabilité. J’avais envie d’en découdre et n’importe qui aurait fait l’affaire mais à vrai dire Mulvaar était une proie facile à mettre en rage… trop facile à mon goût…

Il a commencé à dire que Tankel travaillerai mieux si sa fille avait une lame sous sa gorge. Puis quand je lui ai fait remarqué qu’il était douteux que lui un ancien échevin ne respecte pas les lois. Il a rétorqué, tombant dans le piège que je lui tendais, que les lois pouvaient être bafouées à condition de ne pas se faire prendre. J’ai répliqué qu’un sombre pouvait donc écraser les araignées de Naralik tant qu’il ne se faisait pas prendre, rappelant un incident qui avait eu lieu où un jeune sombre par pure provocation s’était enorgueilli de tuer des araignées. Je m’amusais pendant que Rhiodan s’esclaffait. Mais Mulvaar commençait à être étouffé par la rage d’être humilié en public.

La discussion s’envenimant et provoquant des remouds au sein des sombres présents, Alak devenu le fils adoptif de Mulvaar, a tenté d’apaiser les choses. Mais il n’a fait que déporter la rage de son père sur lui. J’ai alors traité Mulvaar de « primate » parce qu’il préférait passer sa rage sur plus faible que lui. J’ai ensuite signifié l’arrêt de la dispute en déclarant que j’allais suivre les conseils d’Alak qui était bien plus avisé que son père. Et c’est avec une joie malsaine que j’ai entendu Mulvaar passer sa rage à mains nues sur les créatures qui l’entouraient.

J’en avais terminé avec lui mais j’avais encore besoin de passer ma rage sur quelqu’un. Et qui mieux que Fharath pouvait répondre à mon besoin d’agressivité. C’était une adversaire redoutable plusieurs fois elle avait par le passé, brisé le peu de confiance que j’avais en moi. Mais cette fois-ci, étrangement ses piques glissaient sur moi sans m’atteindre et je ne me privais pas de lui en envoyer. Petit à petit, ma rage s’atténuait et j’appréciais nos petites passes d’armes.

Notre discussion (dispute? ) durait mais je n’avais aucune envie cette fois-ci d’y mettre un terme. Je crois que Fharath s’amusait elle aussi. J’avais l’impression parfois qu’elle tentait de m’apprendre l’art de la répartie et j’écoutais ses conseils avidement non sans me moquer d’elle en la soupçonnant de vouloir faire de moi son apprentie. Elle m’a plusieurs fois appelée « peau sombre ». Je savais que c’était une provocation et qu’elle voulait dire par là que je n’étais sombre que de peau mais pas d’esprit. J’ai fini par lui demander si c’était le cas. Elle m’a affirmé que c’était un nom doux qui me convenait bien tout en me faisant la leçon : il ne faut jamais relever un mot qu’un adversaire cherche justement à vous faire relever…

Finalement, j’aimais bien qu’elle m’appelle ainsi : Peau sombre. Étais-je en train d’apprécier Fharath? Est ce que ma douleur et ma rage me rapprochaient d’elle?

Ul’Jaliless

Jour 16 Mundia – Fingelien 384
C’était le dernier conseil matriarcal avant le départ de Kharya. Il devait être décidé entre autre de comment serait géré le peuple en son absence.
Le conseil venait tout juste de débuter quand j’ai senti la présence de Fharath. Je lui ai proposé par jeu de venir y participer pensant qu’elle m’enverrai une fin de non recevoir. Mais, c’est avec surprise que je l’ai entendu répondre un « pourquoi pas! ». J’en suis restée stupéfaite.

Mais son isolement volontaire faisait qu’elle ne connaissait pas la nouvelle salle de notre peuple… à moins qu’elle est volontairement feint l’ignorance pour que ce soit moi qui doive la mener jusque dans notre salle. Ça m’était égale après tout. J’assumais le fait de l’avoir invitée même si je savais qu’elle allait sans doute provoquer des remous.

Son entrée dans la salle à ma suite a jeté un grand froid. Fharath s’est assise au fond de la salle. Je lui ai lancé une petite pique par télépathie en lui demandant si elle avait besoin de la permission de l’Ilharess pour s’asseoir sur les grands sièges destinés aux Jalilessen. Elle s’est alors levée et s’est assise aux côtés de Polgarath.

Kharya a d’abord nommé Darkmon Jaliless. Ma jeune soeur sombre était particulièrement émue par cette promotion. Mais elle le méritait : elle était réfléchie et posée. Elle s’est assise à mes côtés. La disposition des Jalilessen était d’ailleurs surprenant. D’un côté de l’Ilharess, il y avait la faction dure et traditionnaliste avec Polgarath et Fharath et de l’autre, il y avait moi et Darkmon qui avions une image plus douce et plus ouverte.

Kharya a ensuite annoncé qu’elle souhaitait nommer une des Jaliless, Ul’Jaliless. Cette dernière serait chargée de présider le Conseil Matriarcal en son absence. Son rôle sera de proposer les thèmes à débattre afin de prendre des décisions avec l’appui du Conseil.

Rhiordan était absente mais elle lui avait fait savoir qu’elle désirait que ce soit moi qui soit choisie. Kharya a ensuite annoncé qu’elle pensait que j’étais la plus à même de prendre ce poste. Elle s’est ensuite tournée vers le reste du conseil pour qu’il donne son avis.

Darkmon s’est levée et a déclaré qu’elle me choisissait. Polgarath a ensuite pris la parole et s’est approchée de moi avec son bâton de nécromancie. J’ai bien cru qu’elle allait me frapper mais je n’ai pas cillé. Finalement, elle a violemment tapé son bâton sur le sol en déclarant qu’elle me choisissait. J’ai incliné la tête en signe de remerciement.

C’était au tour de Fharath. Tous attendaient qu’elle prenne la parole mais elle restait silencieuse. J’étais persuadée qu’elle allait refuser que je sois l’Ul’Jaliless. Finalement Kharya lui a demandé qu’elle était son choix. Elle a répondu : « mon silence est ma réponse ». Venant d’elle, j’ai presque pris çà comme un assentiment. J’ai souri discrètement.

C’était au tour des mâles du conseil de donner leur avis. Mulvaar a indiqué qu’il acceptait ma nomination à condition que je laisse à l’écart mes côtés humains. Etant donné, l’inimitié qu’il y avait entre nous, j’étais surprise qu’il fasse ce choix surtout après ce que je lui avais fait. Mais, je suppose qu’il ne voulait pas aller contre l’avis de l’Ilharess. J’ai souri amusée. C’était ensuite à Alak d’annoncer son choix mais celui-ci a juste indiqué qu’il n’avait pas d’avis. Fharath a lancé un « çà c’est un bon mâle ». J’ai failli m’esclaffer comprenant la pique envoyée à Mulvaar.

J’ai donc était nommé Ul’Jaliless. Je me sentais honorée par cette confiance mais je savais que ce poste serait particulièrement difficile à tenir.

Il a fallu ensuite nommer un responsable du dépôt sombre. C’est Alak qui a été choisi. Je ne me souviens pas bien à propos de quoi mais un accrochage assez virulent a eu lieu entre Polgarath et Fharath. La haute-prêtresse avait tutoyé Fharath et celle-ci détestait çà. Les deux femelles sombres se dressaient sur leur ergots toutes deux aussi fières l’une que l’autre. Mais à mes yeux, Polgarath semblait soudain bien douce comparée à Fharath. Elle ressemblait à une enfant capricieuse qu’on a contrarié alors que Fharath restait comme à son habitude glaciale, fière et distante.

Quand , j’ai fait remarqué à Fharath par télépathie que Polgarath avait l’air d’un doux agneau à côté d’elle, elle a rétorqué qu’elle m’avait déjà dit que Polgarath n’était pas si terrible : elle finissait toujours par obéir.

Le conseil s’est terminé Fharath est partie immédiatement par téléportation. Quand à moi, j’avais du mal à partir et je n’étais d’ailleurs pas la seule… J’avais peur de ne pas revoir Kharya avant son départ mais elle m’a assurée qu’elle me préviendrait avant de s’en aller. Je suis alors partie très vite, soudain submergée par l’émotion. J’avais peur que Mulvaar se moque des larmes qui allaient inévitablement couler et me reproche à nouveau mon côté bien trop humain.

Ma jeune soeur Darkmon, s’est inquiétée de ma réaction. Elle était douce et réconfortante. Ses paroles étaient pleines de bon sens. Je comprenais qu’elle ait été choisie comme Jaliless même si elle n’a pas réussie à apaiser ma peine. Qui l’aurait pu d’ailleurs?

Je me suis ensuite endormie à nouveau seule, à même le sol dans le recoin d’une grotte.

Echanges épistolaires avec Kharya

Jour 6 Thyllion – Fingelien 384
J’ai enfin reçu des nouvelles de Kharya. Je commençais à m’inquiéter pour elle. Il y a eu deux lettres à quelques jours d’intervalle .

La première est arrivée abîmée. Elle était cachetée de cire noire par un sceau représentant un clair de lune barré d’une dague.

« Khaena,

J’ai enfin pu atteindre le continent. Une fois de plus le voyage a été mouvementé, la mer intérieure est toujours aussi mauvaise. Le navire a mouillé dans un port Galdur tout à l’est des îlots. Je n’ai pas encore pu repérer la route pour le village où devraient m’attendre Oscarhamel et Arahda. La dernière fois, le bateau avait fait naufrage et je m’étais retrouvée plus au nord.

Le port n’est pas d’une grande allure. Un ponton et un ensemble de hameaux de bois et de terre plus ou moins bien assortis les uns aux autres. L’air flair le poisson fumé et est agité des rires rauques des marins. Je passe plus ou moins inaperçue. Ma carrure ne leur fait pas craindre de danger, je pense.

J’ai pris une chambre dans ce qui leur sert d’auberge le temps d’organiser plus précisément mon voyage. Je ne tiens pas à partir à l’aventure sans une direction et une bonne carte. J’ai eu quelques questions sur les îlots mais je n’avais pas le cœur à raconter grand chose. Il faut que je me concentre sur ce que j’ai à faire pour revenir au plus vite.

J’espère que tout se passe bien pour les sombres, qu’ils t’écoutent et qu’ils ne te donnent pas trop de mal.

Que Fenryos te soutienne.

Je t’embrasse,

Kharya. »

Et la deuxième est arrivée, à un moment où je doutais en ma capacité à servir efficacement mon peuple. Le coursier était furieux et me hurlait qu’il ne transmettrait plus jamais de lettre venant de moi…

« Khaena,

J’ai reçu ta lettre et la rose. Par contre, j’ai l’impression que tu n’as pas eu la mienne. C’est assez difficile de trouver des volontaires pour rejoindre les « ilots maudits » juste pour livrer une lettre. J’espère que le tien est fiable. Je dois dire que je l’ai un peu impressionné.

Je me sentais suivie depuis quelques temps dans la forêt que je devais traverser et j’avais décidé de m’en débarrasser en sachant ce qu’il me voulait au préalable. J’ai préparé un piège pour ce pauvre coursier. Rien de bien méchant, il est resté indemne. J’ai pu apercevoir une missive tomber de sa besace à temps pour ne rien lui faire de regrettable.

J’avoue que je suis très méfiante, plus qu’à l’habitude, maintenant que je sais que je n’ai plus d’immortalité pour me préserver des mauvaises surprises.

J’ai récupéré assez d’informations pour retrouver le village natal d’Arahda. Cela fait un bon mois maintenant que je voyage. Je me rends compte que mes expériences sur les îlots m’ont bien servit pour chasser efficacement. Je n’ai pas de soucis de vivre au moins.

Ce qui est le plus gênant est le froid et la neige qui rend difficile le repérage dans cette immensité blanche. Je suppose que tu dois connaître ce genre de soucis avec Bordeciel. Mais j’ai bon espoir d’arriver d’ici un mois à destination.

Tu as très bien agit avec Seliane et Melany. Pour Elzeberith, écoute ce qu’elle a à dire, pèse le pour et le contre, et ne courbe jamais l’échine devant elle, défend tes positions. Elle n’agira jamais contre toi même si elle peut être des plus désagréable. Elle sait qu’elle n’est pas en position de force, tu as trop de soutiens, les même que les miens.

Pour Alak et Mulvaar, je préfère que tu ne les traites pas différemment des autres sombres. Leur lien privilégié avec moi est déjà perçut comme du favoritisme, je ne tiens pas à ce que cette impression erronée perdure en mon absence.

J’ai confiance en tes compétences. Quand à ceux à qui je manque, dis leur que je vais bien et que je n’oublie pas notre peuple.

Puisse Fenryos te soutenir dans la tâche que je t’ai confiée.

Je t’embrasse,

Kharya. »

Sa lettre m’a fait du bien et lui ai raconté ce qu’il s’était passé dernièrement.

« Ma très chère amie,

J’ai bien reçu tes deux lettres à quelques jours d’intervalle. Effectivement, le coursier était des plus traumatisés quand il m’a remis ta lettre. Il m’a hurlé dessus et m’a assuré que plus jamais il ne ferait de course pour moi. J’ai bien ri. Mais évite quand même de leur faire trop peur, je vais finir par ne plus trouver de coursiers pour t’envoyer des lettres.

Je dois dire que ces derniers jours ont été particulièrement durs pour moi. Je pensais que j’avais fait le plus dur en maîtrisant Elzeberith, Polgarath et Fharath. Je ne pensais vraiment pas que le coup de poignard dans le dos viendrait de mon âme soeur Rhiordan.

Il y a actuellement une histoire à propos d’une cérémonie à laquelle nous avait invité Angdar avec les sinans. Le but est de rendre au temple de Pierre-blanche son utilisation originelle : un temple dédié à la nécromancie. Quelques jours plus tard, un esprit est apparu défendant le temple des « mécréants ». Il attaquait tous ceux qui n’étaient ni sinans, ni sombres. Il disait défendre le temple. Malheureusement, il a attaqué quelques natifs également.

La doge sinane voulait que nous fassions un déclaration commune mais elle affirmait que nous avions été contraints à venir à cette réunion. Elle dénonçait Angdar. Je dois dire que j’ai été choquée comme d’autres sombres. Il était hors de question de signer cette déclaration. Nous étions encore en train de discuter si nous faisions une déclaration autre ou pas du tout quand Rhiordan est allé apposer un parchemin dénonçant Angdar.

Elle est allé contre l’avis du conseil. Je ne sais pas quoi faire d’elle maintenant. Nous avons du faire une déclaration dans l’urgence. J’espère qu’Alak l’apposera, il était contre toute déclaration….

Enfin, tu es loin de tout çà maintenant et quand tu me parles d’étendues neigeuses, Bordeciel me manque… Je me sens si seule parfois.

Que Khala guide tes pas vers ton fils et ton mâle.

Khaena. »

Jour 12 Thyllion – Fingelien 384
Avec l’affaire du temple nécromant de Pierre-Blanche, j’ai demandé à voir Suliane, la représentante des eldorians. Je me suis fait accompagnée d’Alak, le représentant des elfes noirs et de Darkmon devenue Jaliless depuis peu. La discussion est restée des plus cordiales à part pour Alak qui est resté renfrogné et de mauvaise humeur comme un gosse qu’on a puni. Il est vrai que je l’avais un peu forcé à venir mais en tant que représentant, il se devait d’être là car il est chargé des relations avec les autres peuples.

Je dois dire qu’il commence à m’agacer. Même si il est fidèle et dévoué à notre peuple, ses petites attitudes boudeuses et son manque d’initiative m’exaspère. Quand je lui demande de faire une déclaration simple sur notre soeur Nisrath à l’esprit égaré, il trouve quand même le moyen de me demander de l’écrire. J’ai parfois l’impression d’avoir un simple exécutant totalement dénué d’intelligence. Et pourtant, il en a. Il a proposé des idées concrètes pour aider les nouveaux arrivants de notre peuple. Peut-être que ce rôle de représentant n’est pas pour lui, ou peut-être était il trop tôt pour le mettre à ce poste…

Quand à Darkmon, je l’apprécie de plus en plus. Nous passons beaucoup de temps ensembles, partageant de nombreux fous rires. Son calme et sa sérénité sont des plus apaisants pour mon esprit torturé. Si elle n’avait pas son mâle Deskhart, sans doute que je tenterais de la séduire. Mais je crois qu’elle n’est absolument pas intéressée par les femelles… Il y a pourtant une connivence entre nous presque instinctive.

Toujours est il que notre réunion avec la représentante Suliane s’est bien passée. Elle a compris notre position et elle a apprécié que nous proposions notre aide. Nous avons d’ailleurs été le seul peuple à le faire.

A peine sortie de cette réunion, la haute prêtresse Polgarath nous a convié au rituel d’intervertion qui devait faire de Seliane sa fille à part entière en lui donnant un nouveau prénom.
Cette histoire avait été l’occasion de nombreux fous rires avec Darkmon d’ailleurs. Polgarath avait sortie plusieurs phrases que nous avions détournée comme : « je lui donnerai un nom comme telle. » ou « baptiser ma fille du nom qui lui revient ».
Nous avions imaginé que Seliane s’appellerait « commetelle » ou quiluirevient », ce qui provoquait chez nous des fous rires difficilement répressibles.

Difficile pour nous alors, durant la cérémonie, de rester de marbre, même si je pense que nous sommes à peu près arrivées à garder une attitude digne du moins de façade. Je dois dire que quand Polgarath a prononcé l’incantation « pytruuijyf gyu Sathia, ghyreaj rhu Lith, cumyyrraz Kharya, Ggrlloihhrre, Fruyoooik Seliane » et que Darkmon m’a envoyé par télépathie un « à vos souhaits ». J’ai failli éclater de rire.

Mais je pensais à Seliane et Polgarath pour qui cette cérémonie était importante, alors j’ai retenue mes rires. Seliane a soudain disparue dans un nuage de fumée. Quand la fumée s’est dissipée, Polgarath a prononcée le nouveau prénom de sa fille : Jhanniss.

Nous lui avons tous souhaité la bienvenue. J’espérais intérieurement que ce nouveau nom ferait d’elle également une nouvelle elfe noire, digne de sa mère.

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