Jour 10 Mundia – Fingelien 384
Je suis arrivée à Trépont. J’ai contacté tout de suite Kharya qui s’est précipitée à ma rencontre. Elle m’a pris dans ses bras et je l’ai serrée contre moi. J’étais heureuse de la retrouver. Elle m’a entraînée dans la taverne de l’île. Nous avons parlé de son futur départ, des problèmes amoureux d’Alak avec Seliane, du peuple et de ses divisions. Elle cherchait quelqu’un pour prendre en charge le dépôt du peuple. Je lui ai proposé mon aide. Elle semblait surprise. Elle avait pensé je crois que je n’étais là que pour peu de temps. Et à vrai dire, je me suis surprise moi aussi… Est ce que je comptais vraiment rester? Puis j’ai continué, si le peuple devenait orphelin en perdant sa mère, je pouvais essayer d’être une tante pour lui… Je ferais en sorte de prendre soin de lui en son absence. Elle a semblé assez dubitative déclarant qu’elle laisserait le conseil en décider.
Darkmon est arrivée. Elle avait peur de nous déranger mais nous avions fini. Kharya est partie récolter. Darkmon semblait heureuse de me retrouver. Elle m’a, elle aussi, donné des nouvelles du peuple. Je lui ai demandé des nouvelles d’Iymril mais apparemment celle-ci s’était isolée et restait à l’écart des autres. Darkmon s’est aussi interrogée sur ma présence ici. Elle espérait que j’allais rester. Je lui ai donc expliqué que j’étais revenue suite à une lettre de Kharya et que je comptais aider notre peuple pendant son absence. Elle se demandait si j’allais la remplacer, c’était d’ailleurs toujours ce qu’elle s’était imaginée. J’ai tenté de ré-freiner ses ardeurs en lui déclarant que celui ou celle qui devrait la remplacer serait désigné par le conseil. Elle a affirmé alors que si elle avait le droit de paroles, elle ferait savoir qu’elle souhaitait que je sois celle-là. Je l’ai quittée réconfortée de savoir à quel point elle avait confiance en moi.
Je suis ensuite retournée à Naralik. Retrouver nos terres m’a fait du bien. Je suis allée au dépôt. Il y avait Alak, et d’autres sombres. J’ai parlé un peu avec lui et des craintes de sa mère au sujet de sa liaison avec Seliane. Cette jeune sombre était devenue la fille adoptive de Polgarath et avait suivi les conseils de sa mère un peu trop à la lettre. Elle multipliait les mâles et Alak en souffrait. Elle avait même failli provoquer un incident diplomatique avec les hauts-elfes en aguichant l’un des leurs. C’est alors que j’ai assisté à leur rupture. Seliane a déposé son bouclier du peuple à terre : elle allait s’éloigner du peuple.
Je n’étais pas loin et alors qu’elle disparaissait laissant son bouclier de peuple à terre, je me suis précipité pour le prendre. J’avais peur que Voronwe, le représentant haut-elfe s’en empare. Alak avait eu le même réflexe. Je lui ai laissé le bouclier.
Il y a eu aussi un petit incident avec Voronwe. Celui-ci avait apparemment pris ses habitudes à venir travailler dans notre dépôt et à prendre une des rares places sur le banc. Après être revenue d’une course, j’ai constaté qu’il s’était installé sur la dernière place disponible. Sur le moment, je n’ai rien dit m’asseyant à terre pour commencer à travailler. Mais Alak n’a pas vraiment supporté qu’une femelle de son peuple et qui plus est Jaliless soit reléguée sur le sol. Il m’a donc proposé sa place. Je crois avoir eu un ton assez acerbe envers Voronwe déclarant que ce n’était pas à Alak de céder sa place mais à celui qui n’était pas des nôtres. Kharya qui était présente m’a soutenue. Et devant ce front uni de sombres, le pâlot a du me céder sa place. Je ne l’ai pas remercié estimant qu’il n’avait mis aucune bonne volonté à le faire.
J’ai tenté durant cette première journée de retour dans les îlots de garder un visage avenant et souriant mais le coeur n’y était pas. Ma réaction épidermique et agacée face à l’attitude de Voronwe en était une des manifestations. C’est quand Kharya m’a demandé par télépathie des nouvelles de ma femelle d’jhi que j’ai failli craquer et montrer ma faiblesse. Heureusement, à ce moment là, les landes ont lancé une invasion de lapins avec parmi eux les terribles démons lapins, m’envoyant directement en Achéron et m’évitant ainsi de répondre à des questions douloureuses.
Après l’invasion, je ne suis pas retournée au dépôt préférant éviter les regards des miens alors que la douleur de l’absence de ma femelle était soudain devenue si oppressante. Je me suis endormie seule me recroquevillant dans un coin isolé.