Jour 10 Ullitivar – Fingelien 383
Il fallait que je la revois… Son rire, son sourire, hantaient mes nuits. Le souvenir de ses caresses et de ses baisers me faisaient frissonner. Je n’avais qu’elle en tête. Pourtant, je savais que Bahar n’avait pas de sentiments pour moi et ce qu’elle m’avait offert, elle aurait pu l’offrir à n’importe qu’elle autre femelle. Mon corps et mon coeur la réclamait mais ma raison clamait que je n’étais rien pour elle.
Voyant mon trouble, ma mère m’a laissé prendre le contrôle. Je savais qu’elle m’offrait une femelle dont elle était profondément amoureuse mais elle ne laissait paraître aucune jalousie. Sans doute, qu’elle se souvenait avoir eu elle aussi l’amante de sa mère. J’ai ouvert les yeux. Bahar était devant la cheminée en train de rallumer le feu. Elle s’est tournée vers moi et m’a souri. Je lui ai souhaité bonjour en lui rendant son sourire. J’étais nue, çà me gênait d’être ainsi devant elle dans l’état où m’avait laissé ma mère. Je cherchais mes habits du regard tandis que Bahar m’observait en souriant. Voyant mon trouble, elle a fini par déposer une peau sur mes épaules, frôlant, sans doute volontairement, mon corps au passage ce qui a provoqué des frémissements incontrôlables de plaisirs.
Elle m’a ensuite demandé si j’avais faim. Elle a commencé à préparer des légumes grillés. Elle m’a fait goûter déposant un morceau dans ma bouche. C’était délicieux. Elle riait trouvant amusant qu’une sombre aime les légumes. Elle a ensuite affirmé que j’étais une femelle rare ce qui a eu le don d’assombrir ma peau. Elle s’est amusée à continuer de me complimenter provoquant encore plus d’assombrissement et de gêne. J’ai fini par baisser la tête qu’elle a relevé en me soulevant le menton s’amusant de ma différence avec ma mère.
Puis, elle m’a préparée une assiette qu’elle m’a tendue. En la prenant, la peau qui était sur mes épaules est tombée. J’ai tenté maladroitement de la remettre. Bahar m’a aidé frôlant une nouvelle fois ma peau intentionnellement ce qui a provoqué un nouveau trouble chez moi ce qui l’a amusée. Elle a fini par se déshabiller pour se mettre « à égalité » comme elle disait. Je suis restée interdite la regardant bouche bée. Elle s’est approchée de moi avec des yeux rieurs plaçant ses mains sur mon visage déclarant que pour mâcher il fallait bouger les mâchoires joignant le geste à la parole. J’ai failli m’étouffer en riant.
Son corps me frôlait et me troublait. Elle a commencé à me caresser, provoquant des bonds de mon coeur. Elle disait que si je restais, elle ne pourrait pas se retenir longtemps. Je voulais rester : j’ai approché timidement mes lèvres des siennes. Un nouvelle fois, son baiser m’a fait frémir au delà du raisonnable. Elle m’a doucement allongée sur les coussins. J’ai commencé à la caresser avec des mains tremblantes. Elle me disait qu’elle avait envie de moi. Et moi, même si je me sentais aussi maladroite que la première fois, mon regard ne faisait que trahir le désir que j’avais d’elle.
Je lui ai offert le maximum que mes maigres compétences d’amantes pouvaient lui donner. Ses cris de plaisir envahissaient la pièce tandis que j’admirais sa beauté de femelle prise par le plaisir. Elle a fini par retomber lentement sur les coussins. Elle me regardait surprise, affirmant que rares étaient les femelles qui lui avait donné autant de plaisir. Elle me soupçonnait en riant de l’avoir trompée avec d’autres femelles ce dont j’étais bien sûre incapable.
Puis, c’est elle qui m’a prise. Je n’ai pas mis longtemps à succomber à ses caresses expertes. Alors que je me blottissais contre elle, elle m’a regardé en souriant, déclarant qu’elle adorait faire l’amour avec moi. Je lui ai chuchoté que moi aussi. Elle m’a demandé si je trouvais toujours çà « mal ». Ce n’était pas le cas avec elle. Cet aveu lui a fait dire que je devrais essayer d’autres femelles. J’ai haussé les épaules. Je ne savais pas séduire, j’étais bien trop timide pour oser aborder une femelle ou même un mâle… Elle affirmait qu’il suffisait juste parfois de laisser les opportunités s’offrir à moi. J’étais dubitative.
Pour elle, les îlots n’étaient vraiment l’endroit idéal pour les rencontres. Les aventuriers qui étaient là bas, étaient obnubilés pour la plupart par la gloire. Alors que sur le continent, elle avait fait de multiples rencontres. Elle riait en disant qu’elle ne les comptait même plus. Mon coeur se serrait en entendant çà. J’avais l’impression de n’être qu’une femelle de plus pour elle, de n’avoir rien de plus que les autres. Ça me rendait triste. Elle s’en ai rendu compte. Elle tentait de me consoler en affirmant que l’amour c’était beau. Mais, pour ma part, je n’appelais pas çà de l’amour mais des relations charnelles et elle semblait confondre les deux.
Ce que je vivais avec Kely était de l’amour. Nos étreintes n’étaient qu’une partie de cet amour : une partie essentielle mais toute de même qu’une partie. Bahar n’avait retenu que cette partie dans ses relations, oubliant ou refusant de s’attacher. J’avais une boule dans la gorge. J’étais amoureuse d’elle, je le savais maintenant mais elle ne le serait pas de moi… Je voulais m’enfuir. J’ai proposé à Bahar de laisser ma place à ma mère mais elle ne voulait pas déclarant qu’elle ne la laisserait pas dormir. J’aurais du partir… retourner prendre une chambre à la taverne mais je n’y arrivais pas. Je voulais rester près d’elle même si çà me faisait mal.
Bahar voyait bien que je n’allais pas bien. Elle a tenté de me faire parler. Mais à quoi bon lui dire que mon mal-être provenait des sentiments que j’avais pour elle alors qu’elle n’en avait pas pour moi… J’ai menti déclarant que j’étais fatiguée. Je lui ai souhaité une bonne nuit en lui tournant le dos. Je voyais bien qu’elle ne comprenait pas mon attitude. J’ai fait semblant de dormir laissant couler silencieusement des larmes de douleur.
J’ai entendu de longues heures afin d’être sûre qu’elle dormait avant d’oser me tourner vers elle. Je la regardais : même endormie, elle souriait. Des larmes continuaient de couler le long de mes joues. Il ne fallait plus que je la vois… J’avais déjà assez souffert ses derniers temps. Et rien n’est pire que de vivre un amour non partagé. J’avais Kely mon mâle qui finirait bien par revenir et qui m’apportait bien plus que ce que j’avais osé rêver. Alors pourquoi m’accrocher à quelqu’un d’autre? Ma raison parlait mais une fois de plus mon coeur et mon corps disait tout le contraire. La meilleure solution était de l’oublier en évitant de la voir. Je l’ai regardé une dernière fois admirant son visage souriant et ses courbes magnifiques que je n’osais plus caresser. Des larmes se sont remises à couler le long de mes joues et je me suis enfouie profondément dans le corps pour cesser de voir et de penser.