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Une femelle pour la petite

Jour 27 Illumen – Fingelien 383
Le lendemain, j’étais à peine rassasiée de Bahar malgré nos multiples étreintes. Elle s’était moquée de moi en me demandant depuis combien de temps, je n’avais pas eu de relations charnelles. Avec un mâle, çà ne faisait pas si longtemps que çà… Mais avec une femelle… Entre la petite qui m’avait éloignée de ma belle et Kharya qui me battait froid, cela faisait presque un mois que je n’avais pas touché au corps de l’une d’elle. Mais à vrai dire, j’aurai pu encore m’en passer mais de celui de Bahar, çà m’était impossible.

Je lui avais préparé un petit déjeuner me rappelant de ses goûts comme si je l’avais quittée la veille. Je ne cessais de la regarder, de la caresser, oubliant que j’avais déjà une femelle sur les îlots. Mais, Bahar m’a remis rapidement les idées en place. Elle m’a demandé si c’était toujours aussi compliqué avec Kharya. Ça l’était ces derniers temps même si nous avions une relation plus apaisée que quand mon aventurière m’avait connue. Bahar avait plusieurs amantes quand à elle mais elle ne les laissait jamais dormir chez elle. J’avais donc eu droit à une exception. J’étais étonnée qu’elle soit encore ici, si près et si loin de moi à la fois. Elle avait cessé ses aventures à la suite « d’une mauvaise rencontre » qui avait provoqué sa blessure à la jambe. Je n’ai pas osé lui demandé pourquoi elle s’était installée au port qui mène en Draïa alors qu’elle avait du connaître lors de ses voyages des lieux sans doute bien plus beaux et plus animés qu’ici. Je me posais la question de savoir si je n’en étais pas la raison…

Elle m’a demandé ensuite pourquoi j’avais quitté les îlots. Je lui ai expliqué que nous pensions, que la petite avait besoin d’être dans les bras d’une femelle pour résoudre son conflit intérieur. Elle trouvait çà étrange mais n’a pas bronché disant qu’elle pouvait me présenter des femelles qui seraient enchantées de déniaiser Khaena. Mais, à vrai dire, l’idée avait germé dans ma tête : c’est elle qui devait le faire. Elle a ri une nouvelle fois, disant que si c’était elle qui s’en chargeait, la petite risquait de trop aimer çà. J’ai répliqué que je préférais çà plutôt que de la mettre dans des bras inexpérimentés.

Et elle a du partir travailler. Nous nous étions donnés rendez vous le soir même à la taverne où était installé le petit bleu. Elle devait faire connaissance avec la petite et si possible la mettre dans son lit. Je n’ai pas pu m’empêcher de la voir et de lui parler un peu ce soir là. J’ai pris ses mains dans les miennes et je les ai embrassées. J’ai commandé du vin de groseille pour elle parce que je savais qu’elle aimait çà et pour la petite afin de la décoincer un peu. Puis, je laissais le contrôle.

Bahar, ma première femelle

Jour 28 Illumen – Fingelien 383
Mon père et ma mère savaient que j’étais troublée par les femelles et je savais qu’ils trouvaient çà étrange. Pour eux, rien n’était plus normale qu’une femelle elfe noire apprécie les autres femelles. Mais, ils savaient aussi à quel point la culture humaine pouvait être rigide en ce qui concernait les relations charnelles et que c’était cette culture que j’avais eu en héritage. Ils voulaient m’aider pas pour me rendre plus elfe noire mais parce qu’il voyait que j’en souffrais. Ils avaient donc eu l’idée d’aller sur le continent pour me mettre dans les bras d’une femelle. Je trouvais çà amusant et touchant mais je me voyais mal accepter de passer une nuit avec une femelle que je connaissais à peine. Je les ai pourtant laissé faire. De toutes façons, les îlots étaient plutôt source de tension en ce moment…

Et là, je me retrouvais devant une bleue très belle et très souriante. Il s’agissait de Bahar. Ma mère m’avait expliquée qu’elle avait eu une liaison courte et passionnée avec elle. La retrouver ici, était inespéré. Je sentais le trouble de ma mère… Elle était profondément amoureuse. Et à vrai dire, je comprenais pourquoi… Bahar illuminait les lieux par sa simple présence.

Pourtant, j’étais légèrement sur la défensive. J’avais l’impression qu’on me forçait la main à faire quelque chose auquel je n’étais pas préparée. Ma mère avait commandé du vin de groseilles pour nous deux. Je regardais le verre en me demandant si il fallait que je le boive pour me détendre un peu ou éviter de le faire pour avoir toute ma tête. Bahar a décidé pour nous deux, affirmant qu’il valait mieux être en état et ne pas boire d’alcool. Elle voulait être sûre que j’étais d’accord avant de tenter quoique ce soit. Cette simple demande a eu tendance à me rassurer et quand elle m’a pris les mains pour me conduire chez elle, je l’ai suivi sans résistance.

Arrivées dans son salon, elle m’a prise par la taille. J’ai frissonné à ce contact. Je lui ai demandé pourquoi elle faisait çà pendant qu’elle allumait un feu dans sa cheminée. Elle s’est doucement moquée en répondant que c’était pour avoir plus chaud. J’ai essayé de lui faire comprendre ce que je voulais dire mais je me suis rendu compte qu’elle plaisantait. Elle a répondu en souriant qu’elle le faisait parce qu’elle aimait les femmes et me trouvait belle. C’était suffisant pour elle. J’étais surprise : elle n’avait pas de sentiments pour moi… Elle a ri : est ce que je n’avais jamais eu de relations charnelles sans sentiments? Je me suis sentie anormale parce que ce n’était pas le cas…

Puis, elle est revenue près de moi. Elle m’a demandé si je voulais que mon mâle soit présent… Je suis restée un instant interdite, sans bien savoir quoi répondre. Je savais que sa présence pourrait me rassurer mais je connaissais sa jalousie et j’avais peur qu’il n’apprécie pas que quelqu’un d’autre que lui me touche. Et à vrai dire, je ne voulais pas gâcher cette première fois à cause des humeurs de mon mâle. Je lui ai donc dit que je ne préférais pas.

Puis, elle a approché ses lèvres des miennes. J’ai eu un mouvement de recul, pour m’approcher aussi vite que je m’étais écartée. Elle a goûté mes lèvres. Son baiser était doux et sensuel puis il est devenu soudain plus intime. Elle a commencé à passer sa main sous ma tunique. J’ai frémi sous la caresse. Elle a ensuite pris ma main pour la passer sous la sienne. Sa peau était douce et chaude… Je me rendais compte que j’appréciais ce contact. Je me suis écartée légèrement pour la regarder. Ses yeux étaient chargés de désir.

Elle m’a attirée sur les coussins. Je l’ai suivi hypnotisée. Elle a enlevée sa tunique sensuellement puis a pris ma main pour la poser sur son sein. Je n’ai pas osé reculer : ma main était tremblante. J’ai vu la pointe du sein de Bahar s’ériger sous mes caresses maladroites. Je me suis sentie gênée de provoquer çà et j’ai retirée ma main en baissant la tête. Elle m’a soulevée le menton tendrement en me répétant que nous n’étions pas obligées même si elle avait envie de moi.

J’ai soudain perdu pied laissant échapper le désir que j’avais d’elle. Je l’ai embrassé fiévreusement caressant son corps. Elle aussi est devenue enfiévrée. Elle m’a déshabillée habilement, habituée à ce genre de situation. Quand à moi, je me sentais désemparée ne sachant que faire de son corps de femelle. Mais, elle maîtrisait parfaitement la situation.

Ses caresses sont devenues intimes, je tremblais, je suffoquais comme une vierge effarouchée. Le plaisir a été immense… totale… comme j’en avais rarement ressenti, sans doute démultiplié pour avoir osé l’interdit. J’ai soudain éclaté en sanglot. Elle m’a serrée contre elle tendrement. J’ai fini par m’arrêter de pleurer.

Je me suis tournée vers elle. Je l’ai embrassée. Elle a voulu m’arrêter me disant que je n’étais pas obligée si je n’en avais pas envie. J’en avais envie : je voulais lui rendre ce qu’elle m’avait offert et découvrir son corps de femelle… Elle a souri me laissant faire. Je tentais maladroitement de reproduire les gestes qu’elle avait eu pour moi. Elle me conseillait avec des paroles douces et rassurantes. Mes gestes maladroits devenaient plus assurés, tandis que ses paroles s’éteignaient pour se transformer en gémissements de plaisir.

Elle est finalement retombée après avoir succombé à mes caresses. Je me suis blottie contre elle. Elle m’a avouée avoir rarement connu un tel plaisir. Je ne la croyais pas vraiment pensant qu’elle continuait à tenter de me rassurer. Mais, elle semblait sérieuse. Puis, elle a eu un petit sourire en ajoutant qu’elle devrait plus souvent prendre de jeunes femelles dans son lit. J’ai ri avec elle.

Elle m’a demandé ensuite si je comptais rester pour la nuit. J’ai répondu que j’en avais envie mais j’avais peur qu’elle me le refuse. Elle avait affirmé à ma mère qu’en général ses amantes ne dormaient pas chez elle. Et qui étais je pour elle à par une amante de passage? Mais elle a déclaré que je pouvais rester. Je me sentais bien et heureuse. Je me suis endormie entre ses bras tendres.

Amour et relation charnelle

Jour 10 Ullitivar – Fingelien 383
Il fallait que je la revois… Son rire, son sourire, hantaient mes nuits. Le souvenir de ses caresses et de ses baisers me faisaient frissonner. Je n’avais qu’elle en tête. Pourtant, je savais que Bahar n’avait pas de sentiments pour moi et ce qu’elle m’avait offert, elle aurait pu l’offrir à n’importe qu’elle autre femelle. Mon corps et mon coeur la réclamait mais ma raison clamait que je n’étais rien pour elle.

Voyant mon trouble, ma mère m’a laissé prendre le contrôle. Je savais qu’elle m’offrait une femelle dont elle était profondément amoureuse mais elle ne laissait paraître aucune jalousie. Sans doute, qu’elle se souvenait avoir eu elle aussi l’amante de sa mère. J’ai ouvert les yeux. Bahar était devant la cheminée en train de rallumer le feu. Elle s’est tournée vers moi et m’a souri. Je lui ai souhaité bonjour en lui rendant son sourire. J’étais nue, çà me gênait d’être ainsi devant elle dans l’état où m’avait laissé ma mère. Je cherchais mes habits du regard tandis que Bahar m’observait en souriant. Voyant mon trouble, elle a fini par déposer une peau sur mes épaules, frôlant, sans doute volontairement, mon corps au passage ce qui a provoqué des frémissements incontrôlables de plaisirs.

Elle m’a ensuite demandé si j’avais faim. Elle a commencé à préparer des légumes grillés. Elle m’a fait goûter déposant un morceau dans ma bouche. C’était délicieux. Elle riait trouvant amusant qu’une sombre aime les légumes. Elle a ensuite affirmé que j’étais une femelle rare ce qui a eu le don d’assombrir ma peau. Elle s’est amusée à continuer de me complimenter provoquant encore plus d’assombrissement et de gêne. J’ai fini par baisser la tête qu’elle a relevé en me soulevant le menton s’amusant de ma différence avec ma mère.

Puis, elle m’a préparée une assiette qu’elle m’a tendue. En la prenant, la peau qui était sur mes épaules est tombée. J’ai tenté maladroitement de la remettre. Bahar m’a aidé frôlant une nouvelle fois ma peau intentionnellement ce qui a provoqué un nouveau trouble chez moi ce qui l’a amusée. Elle a fini par se déshabiller pour se mettre « à égalité » comme elle disait. Je suis restée interdite la regardant bouche bée. Elle s’est approchée de moi avec des yeux rieurs plaçant ses mains sur mon visage déclarant que pour mâcher il fallait bouger les mâchoires joignant le geste à la parole. J’ai failli m’étouffer en riant.

Son corps me frôlait et me troublait. Elle a commencé à me caresser, provoquant des bonds de mon coeur. Elle disait que si je restais, elle ne pourrait pas se retenir longtemps. Je voulais rester : j’ai approché timidement mes lèvres des siennes. Un nouvelle fois, son baiser m’a fait frémir au delà du raisonnable. Elle m’a doucement allongée sur les coussins. J’ai commencé à la caresser avec des mains tremblantes. Elle me disait qu’elle avait envie de moi. Et moi, même si je me sentais aussi maladroite que la première fois, mon regard ne faisait que trahir le désir que j’avais d’elle.

Je lui ai offert le maximum que mes maigres compétences d’amantes pouvaient lui donner. Ses cris de plaisir envahissaient la pièce tandis que j’admirais sa beauté de femelle prise par le plaisir. Elle a fini par retomber lentement sur les coussins. Elle me regardait surprise, affirmant que rares étaient les femelles qui lui avait donné autant de plaisir. Elle me soupçonnait en riant de l’avoir trompée avec d’autres femelles ce dont j’étais bien sûre incapable.

Puis, c’est elle qui m’a prise. Je n’ai pas mis longtemps à succomber à ses caresses expertes. Alors que je me blottissais contre elle, elle m’a regardé en souriant, déclarant qu’elle adorait faire l’amour avec moi. Je lui ai chuchoté que moi aussi. Elle m’a demandé si je trouvais toujours çà « mal ». Ce n’était pas le cas avec elle. Cet aveu lui a fait dire que je devrais essayer d’autres femelles. J’ai haussé les épaules. Je ne savais pas séduire, j’étais bien trop timide pour oser aborder une femelle ou même un mâle… Elle affirmait qu’il suffisait juste parfois de laisser les opportunités s’offrir à moi. J’étais dubitative.

Pour elle, les îlots n’étaient vraiment l’endroit idéal pour les rencontres. Les aventuriers qui étaient là bas, étaient obnubilés pour la plupart par la gloire. Alors que sur le continent, elle avait fait de multiples rencontres. Elle riait en disant qu’elle ne les comptait même plus. Mon coeur se serrait en entendant çà. J’avais l’impression de n’être qu’une femelle de plus pour elle, de n’avoir rien de plus que les autres. Ça me rendait triste. Elle s’en ai rendu compte. Elle tentait de me consoler en affirmant que l’amour c’était beau. Mais, pour ma part, je n’appelais pas çà de l’amour mais des relations charnelles et elle semblait confondre les deux.

Ce que je vivais avec Kely était de l’amour. Nos étreintes n’étaient qu’une partie de cet amour : une partie essentielle mais toute de même qu’une partie. Bahar n’avait retenu que cette partie dans ses relations, oubliant ou refusant de s’attacher. J’avais une boule dans la gorge. J’étais amoureuse d’elle, je le savais maintenant mais elle ne le serait pas de moi… Je voulais m’enfuir. J’ai proposé à Bahar de laisser ma place à ma mère mais elle ne voulait pas déclarant qu’elle ne la laisserait pas dormir. J’aurais du partir… retourner prendre une chambre à la taverne mais je n’y arrivais pas. Je voulais rester près d’elle même si çà me faisait mal.

Bahar voyait bien que je n’allais pas bien. Elle a tenté de me faire parler. Mais à quoi bon lui dire que mon mal-être provenait des sentiments que j’avais pour elle alors qu’elle n’en avait pas pour moi… J’ai menti déclarant que j’étais fatiguée. Je lui ai souhaité une bonne nuit en lui tournant le dos. Je voyais bien qu’elle ne comprenait pas mon attitude. J’ai fait semblant de dormir laissant couler silencieusement des larmes de douleur.

J’ai entendu de longues heures afin d’être sûre qu’elle dormait avant d’oser me tourner vers elle. Je la regardais : même endormie, elle souriait. Des larmes continuaient de couler le long de mes joues. Il ne fallait plus que je la vois… J’avais déjà assez souffert ses derniers temps. Et rien n’est pire que de vivre un amour non partagé. J’avais Kely mon mâle qui finirait bien par revenir et qui m’apportait bien plus que ce que j’avais osé rêver. Alors pourquoi m’accrocher à quelqu’un d’autre? Ma raison parlait mais une fois de plus mon coeur et mon corps disait tout le contraire. La meilleure solution était de l’oublier en évitant de la voir. Je l’ai regardé une dernière fois admirant son visage souriant et ses courbes magnifiques que je n’osais plus caresser. Des larmes se sont remises à couler le long de mes joues et je me suis enfouie profondément dans le corps pour cesser de voir et de penser.

Quelques moments avec Bahar

Jour 20 Ullitivar – Fingelien 383
Les jours qui ont suivi je les ai passés en compagnie de Bahar, profitant au maximum de chaque instant passé près d’elle. J’ai emmagasiné le maximum de souvenirs pour ne pas les oublier une fois sur les îlots.

Comme cette fois, où elle était déjà partie travailler dans sa boutique. Elle ne m’a pas entendu arriver. Je me suis approchée silencieusement. Je me suis collée contre son dos, posant mes mains sur son ventre et j’ai embrassé sa nuque. Après un sursaut de surprise, elle m’a offert un peu plus sa nuque provoquant un peu plus le désir que j’avais d’elle. J’ai commencé à dénouer les liens de son pantalon et j’ai commencé à lui donner du plaisir en surveillant du coin de l’oeil la porte de sa boutique. Bahar se laissait faire gémissant sous mes caresses. Soudain, j’ai vu quelqu’un passer dans la rue. J’ai stoppé mes caresses mais ma belle m’a supplié de continuer. J’ai obéi voyant s’éloigner le passant. Elle a finit par s’écrouler entre mes bras. Puis, elle s’est tournée vers moi et m’a embrassée avidement comme pour me remercier de ce que je lui avais offert.

Une autre fois, elle m’avait plus ou moins invitée à venir me laver avec elle. Bien sûr à force de nous savonner mutuellement, les caresses se sont faites sensuelles. Nous nous sommes prises mutuellement debout alors que l’eau coulait sur nos corps enlacés. Nous avons étouffé nos cris chacune dans le cou de l’autre. Et nous sommes restée ainsi de longues minutes profitant de l’instant, silencieuses et immobiles, intimement enlacées. Puis, elle s’est écartée. Je lui ai caressé le visage. J’ai vu son regard : un regard surpris, comme si elle ressentait pour la première fois des sentiments qui lui étaient étrangers. Cette nuit là, nos corps ne se sont pas quittés, un seul instant.

Mais je devais bientôt partir… çà me faisait mal d’y penser et m’imaginer sans son corps contre le mien. Mais je savais que la petite voudrait rejoindre son mâle… Il était venu voir Bahar et lui avait dit qu’il rentrait sur les îlots. Mais je n’arrivais pas à m’y résoudre. Bahar tentait de me forcer la main affirmant qu’elle devait rejoindre une de ses amantes. J’ai grimacé montrant sans doute une certaine tristesse. Elle a pris mon visage entre ses mains. Elle ne voulait pas que je montre ma tristesse quand elle parlait de ses amantes. J’ai sourit lui affirmant que ce qui me rendait triste c’était qu’elle veuille rejoindre ses amantes sans moi. Elle a ri.

Elle m’a alors emmenée voir Jadiane, une belle humaine blonde au regard un peu triste. Elle vivait dans une riche demeure apparemment seule : elle était veuve. Bahar ne lui a pas laissé beaucoup de choix. Et l’humaine n’a pas réussi à résister à nos doubles caresses. Elle était légèrement apeurée et surprise. Quand à nous, nous avons aimé partager la même femelle. Nous avons dormis toutes les trois dans les bras les unes des autres.

A mon réveil, Jadiane dormait toujours et je regardais Bahar. Elle souriait en dormant. J’ai commencé à la caresser. Je me disais que j’allais devoir la laisser et que les bras de l’humaine lui ferait sans doute penser à autre chose qu’à mon départ. Je m’apprêtais à partir quand Bahar a ouvert les yeux. Nous avons échanger une dernière étreinte silencieuse pour ne pas réveiller Jadiane.

Je me suis rhabillée, j’avais déjà le coeur qui saignait. Je l’ai embrassé longuement n’arrivant pas à me détacher de ses lèvres. Bahar retenait mes mains. J’entrecroisais ses doigts dans les miens sans que nos lèvres se séparent. Puis, elle a doucement retiré ses mains, je me suis écartée. Elle me disait que sa porte me serait toujours ouverte… mais j’écoutais à peine, je voulais fuir pour ne pas qu’elle voit les larmes qui allaient immanquablement couler. J’ai juste répondu qu’elle avait intérêt en tentant de sourire et j’ai fui, courant comme si la mort me poursuivait… J’ai rejoint le bateau pour les îlots et j’ai laissé la petite reprendre le contrôle m’enfouissant en elle, laissant ma douleur éclater.

Lettres à Bahar

Jour 28 Ullitivar – Fingelien 383
Je n’arrête pas de penser à Bahar que j’ai laissé sur le continent. Ma femelle bleue ne cesse d’accaparer mes pensées. J’étais à peine arrivée sur le continent que je lui écrivais déjà une lettre. Elle m’avais dit à plusieurs reprises que dés que je reverrais Kharya je l’oublierai. Comment pouvait elle imaginer çà? Un fingélien entier s’était presque passé entre notre première rencontre et le moment où je l’ai retrouvée : ça ne m’a pas empêché de lui sauter au cou. J’avais enfoui son souvenir au fond de moi pour éviter la douleur de sa disparition. Je n’avais même pas oser en parler dans mon journal de peur de retomber sur des passages des moments merveilleux que j’avais passés avec elle. Mais maintenant, je savais qu’elle était là toute proche. Je ne voulais plus la laisser.

Je lui ai envoyé ma première lettre. Elle était très courte. Je voulais que la lettre reparte avec le bateau qui m’avait reconduit aux îlots. Je lui ai juste écrit à qu’elle point elle me manquait déjà et que je souffrais de son absence. J’ai trouvé une belle rose bleue que j’ai joint à la lettre. Elle avait la même couleur que celle à laquelle elle était destinée.

J’espérais que Bahar la recevrait. J’ai attendu une réponse avec angoisse. J’avais peur que ma bleue préfère ne pas entretenir une relation avec une femelle absente ou qu’elle ne reçoive pas ma lettre. La réponse est venue assez vite malgré les conditions difficiles de navigation entre les îlots et le continent. Ma bleue m’écrivait qu’elle était heureuse d’avoir de mes nouvelles mais qu’elle n’aimait pas savoir que je souffrais. Jadiane, l’humaine que nous avions partagée, semblait très intéressée par moi. Mais ce qui m’a le plus touchée, c’est que Bahar m’avoue attendre mon retour avec impatience pour se repaître de mon corps.
J’ai failli courir prendre le premier bateau pour la rejoindre quand j’ai lu çà mais j’ai pensé à la petite et à son bleu… ils avaient besoin de se retrouver un peu. Alors, je lui ai répondu de façon enflammée et enthousiaste, lui parlant de tout et de rien : de Kharya qui m’ignorait délibérément et de la colère dans laquelle çà me mettait.

J’ai préféré éviter de lui écrire que je souffrais de cette indifférence. Kharya faisait comme si ce qu’il s’était passé entre nous n’avait pas d’importance et qu’elle pouvait très bien se passer de moi… Que pouvais je faire de toutes façons? c’est elle qui avait choisit de mettre des distances entre nous. Pourquoi devrais je encore une fois faire le premier pas pour la retrouver?

J’ai à nouveau cherché une magnifique rose bleue pour Bahar. Mais je me suis rendu compte que je connaissais pas la fleur préférée de ma bleue. Je le lui ai demandé dans ma lettre.

J’ai terminé ma missive en lui déclarant mon amour. Je savais qu’elle avait du mal à l’entendre. Quand j’étais encore à ses côtés, elle avait tiqué à plusieurs reprises quand je lui avais dit à l’oreille que je l’aimais . Mais j’étais persuadée qu’au fond d’elle même çà la touchait.

J’ai laissé la lettre au bateau qui repartait sur le continent. Et maintenant, j’attend sa réponse avec impatience.

Dernière lettre à Kharya

Jour 9 Nuona – Fingelien 383
Kharya m’ignore depuis mon retour sur les îlots. J’en ai eu assez d’attendre. Je lui ai écrit une lettre, sans doute la dernière.
Je la récris ici, dans mon journal :

« Kharya,

Cela fait des semaines que j’attends un signe de toi. Mais je crois qu’il ne viendra jamais. Je crois que c’est ainsi que tu as décidé de mettre fin à notre relation. J’aurais préféré que tu me le dises en face.

Maintenant, je comprends ce qu’ont subi ceux qui m’ont précédés dans ton coeur, et je sais ce que subiront ceux qui vont m’y suivre. Tu te crois maudite parce que tes amants disparaissent tous les uns après les autres. Alors que c’est toi qui inconsciemment ou non provoque la rupture. Quand la relation que tu vis devient trop forte, tu prends peur et tu cherches à la briser pour le moindre prétexte. Pour moi, çà a été ton altercation avec Khaena.

Je ne sais pas d’où te vient cette peur mais je regrette de ne pas avoir su l’apaiser. Je regrette aussi de ne pas avoir su te faire découvrir qu’on peut être lié à une personne sans se sentir prisonnière et montrer ses faiblesses sans se sentir vulnérable.

Pour ma part, comme tu le sais je ne reste jamais seule très longtemps. Je t’avais parlé un peu de Bahar. Je vais essayer de construire avec elle ce que je n’ai pas réussi à construire avec toi.

Mes bras te seront toujours ouverts mais désormais mon coeur appartient à une autre.

Killya. »

Je crains malheureusement qu’elle ne répondra pas. Elle jouera la femelle impassible que rien n’atteint. Sans doute, que son coeur retrouvera si ce n’est déjà fait l’état dans lequel, je l’avais découvert au tout début de notre relation : protégé dans une carapace dure et infranchissable. J’avais pourtant réussi petit à petit à percer cette carapace pour l’atteindre. Mais, pour tout dire, me battre continuellement pour avoir un peu de place dans son coeur m’épuise.

Et maintenant, que j’ai retrouvé celle que je croyais ne jamais revoir, ma belle femelle bleue, tout est différent. Tout semble si simple et si naturel avec Bahar. Je n’ai plus envie d’autre chose.

A la recherche d’une fleur

Jour 14 Nuona – Fingelien 383
Bahar m’a écrit dans une de ces lettres en réponse à ma question sur sa fleur préférée qu’elle en connaissait une magnifique noire au coeur violet. Elle ne se rappelait plus son nom mais il lui semblait qu’il commençait par un A.

Je voulais à tout prix satisfaire ma femelle bleue. J’ai passé des jours à en chercher une. Les fleurs noires sont déjà rares mais avec un coeur violet… Après des jours de recherches infructueuses, j’ai fini par trouver une toute petite fleur noire au coeur mauve mais celle-ci avait une pointe de jaune en son centre. Je savais que ce n’était pas la fleur dont me parlait Bahar. Je connaissais son nom et il ne commençait pas par un A. Il s’agissait d’une pensée.

Je lui ai envoyé avec ma lettre. Je lui ai écrit que le nom de la fleur était évocateur de ce que je ressentais pour elle : mes pensées étaient constamment tournées vers elle.

J’ai continué à chercher mais sans conviction, j’en profitais pour revisiter tous les lieux où j’avais passé des moments avec Bahar. J’ai passé une nuit à la belle étoile seule dans la jungle de Nivros Um à l’endroit même où elle et moi nous avions passé une nuit enflammée. J’étais surprise de retrouver tous ses souvenirs d’elle comme si ils s’étaient passés la veille. Je me suis réveillée à l’aube comme souvent. Alors que j’émergeais tout juste de mon sommeil, mon oeil a été attiré par un rayon de soleil qui éclairait une petite anfractuosité de rocher. Il semblait y avoir quelque chose caché là. En m’approchant, j’y ai découvert une drôle de fleur noire au coeur mauve, exactement comme m’avait décrit Bahar. Elle était presque attendrissante car elle semblait avoir été découpée par les mains d’un enfant.

Je l’ai pris délicatement et j’ai commencé à écrire une nouvelle lettre à Bahar. Je lui racontais ma lettre de rupture avec Kharya, je lui écrivais à quel point je me rendais compte de la différence qui existait entre Kharya et elle. Elle me manquait et j’avais envie de venir lui apporter la lettre et la fleur moi même.

J’ai confié la lettre au coursier mais je n’ai pu me résoudre à rester sur les îlots. J’ai suivi le coursier sur le bateau qui mène au continent. Je voulais retrouver Bahar et la prendre dans mes bras.

Une deuxième rupture pour ma mère

Jour 26 Nuona – Fingelien 383
J’ai revu Bahar… une nouvelle fois, je n’ai pas pu lui résister, irrésistiblement attirée par celle qui m’a fait découvrir un plaisir que je me croyais interdit.
Elle m’a parlé de Kely. Elle n’a jamais connu d’homme. Elle m’a demandé si je voudrais le partager. Même si sa demande m’a surprise au premier abord, j’ai accepté à condition qu’il soit d’accord. Mais elle semblait inquiète : est ce qu’il était doux ? Kely était parfois brutal mais il savait être extrêmement doux et tendre. Elle a finalement renoncé à cette idée, sans doute la peur de l’inconnu…

J’ai à nouveau laissé le contrôle à ma mère. Mais, elle me semblait étrange comme perdue. Je sentais que le fait que sa femelle bleue n’arrive pas à lui déclarer les sentiments, qu’elle avait pour elle, la perturbait. Sa rupture avec Kharya et son éloignement de Bahar, la faisait souffrir continuellement. Ma mère avait besoin d’être aimée et d’entendre dire qu’on l’aimait pour être rassurée. Et d’un autre côté, je sentais que Bahar avait besoin de temps pour oser lui témoigner son amour, je sentais une fêlure en elle qu’elle cachait profondément.

J’aurai du essayer de rassurer ma mère, la faire patienter… Mais sa colère a été soudaine et brutale. Bahar était tétanisée par la violence dont elle faisait preuve même si elle ne la dirigeait que contre les objets qui étaient sur son passage. Puis, elle s’est effondrée en pleurs, se recroquevillant sur elle même…

Bahar ne savait pas comment réagir. J’ai vu sa réaction face à cette violence. Je me suis demandée si cette fêlure que je sentais en elle, n’était pas dû à des violences dont elle aurait subies enfant. Elle avait un peu parlé à ma mère de l’absence d’amour qui avait caractérisé son enfance et du manque que cela avait provoqué. Elle ne voulait plus connaître ce manque et préférais ne s’attacher à personne.

Elle a fini par poser sa main sur l’épaule de ma mère, en lui disant qu’elle ne pouvait pas lui apporter ce qu’elle recherchait pour le moment. Celle-ci l’a bien sûr très mal pris, incapable d’entendre ce qu’il se cachait derrière cette affirmation : il fallait juste un peu de patience… Elle a juste entendu que Bahar ne l’aimait pas. Elle est partie fuyant celle qui provoquait autant de douleur en elle.

Depuis, nous sommes sur les îlots… Elle passe son temps à s’entraîner sans discontinuer. Mes mains et mon corps sont couvert d’ecchymoses et de blessures. Elle ne mange plus et refuse de m’écouter. Notre corps souffre de sa douleur morale. Heureusement, Kely n’est pas là pour voir çà, parti plusieurs jours méditer dans son temple. Il aurait été mort d’inquiétude. Je tente de maintenir notre corps à flot, en le nourrissant et en soignant les blessures dés qu’elle me laisse le contrôle.

J’espère que sa rage ne durera pas trop longtemps, j’ai du mal à écrire dans mon journal tellement mes mains me font mal…

Douleur et solitude

Jour 4 Elavrion – Fingelien 383
Les jours passent et ma mère continue son oeuvre de destruction. Mais, je sens que sa rage baisse petit à petit. J’ai de plus en plus le contrôle mais je suis épuisée…
Mon corps n’est plus que douleur.

Je me rends compte de la solitude dans laquelle je suis désormais. J’ai envoyé une lettre, il y a plusieurs jours à Bahar mais elle ne répond pas… Je ne sais même pas si elle l’a reçue : les liaisons avec le continent étant si chaotiques…

J’espère que Kely reviendra vite.

Cicatrices de l’âme et du corps

Jour 20 Elavrion – Fingelien 383
Bahar a répondu à ma lettre. Elle était très courte. Je me suis inquiétée pour elle. Elle racontait que même son ombre lui faisait peur. Elle parlait de ses cicatrices de l’âme qui ne se refermaient pas.
Je regardais la mienne sur le flanc, elle bien physique. Elle s’était réouverte suite au traitement qu’avait fait subir ma mère à notre corps. Je me disais qu’il n’était pas prudent de rejoindre Bahar dans ces conditions mais elle semblait vouloir me voir et à vrai dire j’avais besoin de ses bras. Elle me manquait. J’avais beau me dire qu’il ne fallait pas que je m’attache à elle, je n’y arrivais pas.

J’ai pris le bateau. Arrivée au port, je suis allée dans la maison qu’avait acheté ma mère pour panser ma blessure et me reposer un peu. Je ne voulais pas que Bahar me voit trop mal en point. La maison était restée telle que je l’avais laissé : les cartons étaient au sol toujours pleins, les meubles étaient à l’endroit où les livreurs les avaient laissés. Comme Bahar l’avait écrit dans sa lettre, elle n’était pas retournée dans la maison depuis notre départ. Je me suis rendue dans sa boutique. Elle était là toujours souriante. Nous nous sommes serrées l’une contre l’autre.

Nous sommes descendues chez elle. En passant ses mains sous ma tunique, elle a remarqué ma maigreur. Elle a tenu à ce que j’avale quelque chose. Je ne me suis pas faite prier. Elle avait de la viande crue que je me suis empressée d’avaler. J’ai retrouvé ensuite son corps auquel je ne peux plus résister. Elle avait peur de me faire mal voyant mes bleus mais je l’ai rassurée. Quand à moi, je faisais mon possible pour être douce et tendre avec elle. Je ne voulais pas qu’elle retrouve en moi la violence qui avait été celle de ma mère quelques jours auparavant. D’ailleurs, Bahar trouvait étrange que je puisse être si douce et sage alors que Killya était si entière et passionnée : deux esprits si différents dans un même corps.

Elle m’a proposée ensuite de tester la baignoire de la nouvelle maison pendant qu’elle retournait acheter de quoi contenter mon appétit d’ogre. J’ai fait couler l’eau du bain y ajoutant plein de mousse. J’ai enlevé le bandage de mon flanc, je suis entrée dans l’eau et j’ai fermé les yeux profitant de cet instant de répit et de bonheur. Bahar après avoir déposé un énorme morceau de viande crue sur la table, m’a rejoint, entrant dans l’eau très doucement. Elle pensait que je dormais. Je l’ai attirée sur moi, son dos collé contre mon ventre. J’ai commencé à la caresser goûtant la peau de son cou. Je n’avais plus les gestes empruntés et gauches de mes premières fois avec elle. Je prenais confiance en moi et en mes capacités à lui donner du plaisir. Nous nous sommes offertes, une nouvelle fois, l’une à l’autre. J’étais émue… je ne sais pourquoi… Bahar a essuyé les larmes qui perlaient le long de mes joues.

Nous sommes sortie du bain pour nous installer près du feu toujours nues. J’ai tenté de cacher ma blessure réouverte. Mais elle l’a vu et a soulevé ma main pour regarder la blessure. Elle a secoué la tête et a refait un bandage s’inquiétant de savoir si c’était « nos galipettes » qui avaient provoquées çà . Je l’ai rassurée. Ce n’était que « l’oeuvre » de ma mère. Puis, elle m’a initiée à son petit plaisir d’après bain… C’était délicieux de s’offrir l’une à l’autre ainsi tête bêche…

Nous avons parlé ensuite nous câlinant dans les bras l’une de l’autre. Elle a réussi à me raconter les violences que lui faisait subir son père quand elle était enfant. Je la laissais parler, n’osant pas l’interrompre par des questions qui la bloqueraient plutôt que de la libérer. Je sentais qu’elle ne me racontait pas tout mais je ne voulais pas la pousser à me dire ce qu’elle n’était pas encore prête à m’avouer. Elle m’a ensuite parler de Kely. Elle m’a demandée à nouveau si il voudrait bien être son premier mâle. Elle semblait avoir besoin de connaître l’amour physique avec un homme pour réussir à cicatriser de ses blessures de l’âme. Je l’ai à nouveau rassurer : la prochaine fois je viendrais avec lui.

Je n’ai pas pu rester plus longtemps même si l’envie était là. Je devais assister à la cérémonie du pardon organisée le soir même à Naralik. Au moment de nous quitter, elle m’a serrée les mains. Elle semblait plus apaisée qu’à mon arrivée. Elle m’a promis de ranger les affaires de la maison. Je l’ai assuré de revenir vite et cette fois avec Kely.

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