Jour 26 Illumen – Fingelien 383
Nous avions décidé de partir sur le continent. C’était la meilleure solution. Le temps apaiserai sans doute les tensions et nous espérions mettre notre fille dans les bras d’une femelle.
J’avais pris le bateau avec le petit bleu et malgré le voyage périlleux et mouvementé, nous avions rejoint en un seul morceau le continent. Nous nous sommes dirigés vers la taverne la plus proche du port. Au moment, où nous allions entrer, j’ai soudain aperçu dans une petite ruelle attenante, une petite boutique. C’est le nom qui m’a frappée : « Chez Bahar ».
Des souvenirs me revenaient par vagues. La « Bahar » que je connaissais était une bleue qui avait passé un bref séjour sur les îlots. Je l’avais croisée il y a plusieurs mois alors que tout allait mal pour moi. Kharya ne s’impliquait pas dans notre relation gardant ses distances et la douce ne voulait de moi que comme amie.
Je sortais de l’Achéron suite à un entrainement plutôt musclé où je tapais pour éviter de penser. Elle était là venant de débarquer, regardant autour d’elle, se demandant quelle créature allait se jeter sur elle dans une région où on disait que personne ne revenait. Je l’observais : elle ressemblait un peu à la douce par sa couleur et avait les cheveux attachés comme Kharya. Elle était belle : le regard était fier, sans peur et curieux. Elle a finit par se rendre compte de ma présence. Elle a reconnu dans mon regard que j’appréciais les femelles et j’ai reconnu dans le sien qu’il en était de même pour elle. Je lui ai proposé de venir boire un verre à la taverne la plus proche. Elle m’a suivie en souriant comprenant très bien où je voulais en venir.
Nous avons parlé un peu. Elle souriait et riait souvent. Son visage s’illuminait à chaque fois. J’ai succombé très vite à son charme naturel et elle semblait apprécier le mien. Je l’ai entraînée dans une maison vide. Nous y avons passé plusieurs jours : elle était en manque de relations charnelles et moi en manque de tout. Elle m’a prévenue très vite qu’elle ne resterait pas ici qu’elle voulait juste explorer et découvrir, dessiner ses cartes et repartir ensuite à la découverte d’un autre lieu.
Elle avait la bougeotte et sa petit halte dans cette maison a été la plus longue de tout son séjour sur les îlots. Elle voulait que je lui montre toutes les régions des îlots que je connaissais et leurs secrets. Je répondais du mieux que je pouvais à sa curiosité insatiable. Je l’appelais mon aventurière. J’appréciais sa présence joyeuse et souriante dans une période où tout était sombre pour moi. Et puis, elle a voulu repartir. Je lui ai demandé de rester et elle me demandait de la suivre. Elle voulait continuer ses explorations et moi je devais rester pour la petite… Son départ a brisé ce qu’il restait de mon coeur déjà mal en point.
Et là je revoyais son prénom sur la devanture de cette boutique. Le petit bleu me faisait remarquer que ce prénom était très courant chez les bleus. En nous approchant, j’ai vu qu’il s’agissait d’une boutique de cartographie. Tout correspondait, mais il fallait que j’en ai le coeur net. J’ai ouvert la porte avec angoisse. Et je l’ai vu… C’était bien elle… Elle s’est approchée en boitant s’appuyant sur une cane.
Je me suis jetée dans ses bras, la soulevant de terre, puis l’embrassant avec passion. Elle riait de me voir toujours aussi passionnée. J’ai rapidement renvoyé le petit bleu à la taverne, lui demandant de prendre une chambre pour la nuit en le prévenant que je ne serais pas de retour avant le lendemain.
Bahar m’a conduit dans son sous-sol où était aménagé ses appartements. Elle me montrait son grand salon où trônait une cheminée entourée de coussins et m’a désignée du menton la porte de sa chambre et de sa salle de bain. J’ai commencé à l’entraîner directement là bas. Elle s’est moquée disant que je n’avais aucun romantisme à vouloir aller dans une chambre froide plutôt que près d’un feu sur des coussins moelleux.
J’ai donc allumé un feu accédant à son désir. Et nous nous sommes prises plusieurs fois dans la nuit, nos corps retrouvant leur complicité d’alors.