Jour 26 Nuona – Fingelien 383
J’ai revu Bahar… une nouvelle fois, je n’ai pas pu lui résister, irrésistiblement attirée par celle qui m’a fait découvrir un plaisir que je me croyais interdit.
Elle m’a parlé de Kely. Elle n’a jamais connu d’homme. Elle m’a demandé si je voudrais le partager. Même si sa demande m’a surprise au premier abord, j’ai accepté à condition qu’il soit d’accord. Mais elle semblait inquiète : est ce qu’il était doux ? Kely était parfois brutal mais il savait être extrêmement doux et tendre. Elle a finalement renoncé à cette idée, sans doute la peur de l’inconnu…
J’ai à nouveau laissé le contrôle à ma mère. Mais, elle me semblait étrange comme perdue. Je sentais que le fait que sa femelle bleue n’arrive pas à lui déclarer les sentiments, qu’elle avait pour elle, la perturbait. Sa rupture avec Kharya et son éloignement de Bahar, la faisait souffrir continuellement. Ma mère avait besoin d’être aimée et d’entendre dire qu’on l’aimait pour être rassurée. Et d’un autre côté, je sentais que Bahar avait besoin de temps pour oser lui témoigner son amour, je sentais une fêlure en elle qu’elle cachait profondément.
J’aurai du essayer de rassurer ma mère, la faire patienter… Mais sa colère a été soudaine et brutale. Bahar était tétanisée par la violence dont elle faisait preuve même si elle ne la dirigeait que contre les objets qui étaient sur son passage. Puis, elle s’est effondrée en pleurs, se recroquevillant sur elle même…
Bahar ne savait pas comment réagir. J’ai vu sa réaction face à cette violence. Je me suis demandée si cette fêlure que je sentais en elle, n’était pas dû à des violences dont elle aurait subies enfant. Elle avait un peu parlé à ma mère de l’absence d’amour qui avait caractérisé son enfance et du manque que cela avait provoqué. Elle ne voulait plus connaître ce manque et préférais ne s’attacher à personne.
Elle a fini par poser sa main sur l’épaule de ma mère, en lui disant qu’elle ne pouvait pas lui apporter ce qu’elle recherchait pour le moment. Celle-ci l’a bien sûr très mal pris, incapable d’entendre ce qu’il se cachait derrière cette affirmation : il fallait juste un peu de patience… Elle a juste entendu que Bahar ne l’aimait pas. Elle est partie fuyant celle qui provoquait autant de douleur en elle.
Depuis, nous sommes sur les îlots… Elle passe son temps à s’entraîner sans discontinuer. Mes mains et mon corps sont couvert d’ecchymoses et de blessures. Elle ne mange plus et refuse de m’écouter. Notre corps souffre de sa douleur morale. Heureusement, Kely n’est pas là pour voir çà, parti plusieurs jours méditer dans son temple. Il aurait été mort d’inquiétude. Je tente de maintenir notre corps à flot, en le nourrissant et en soignant les blessures dés qu’elle me laisse le contrôle.
J’espère que sa rage ne durera pas trop longtemps, j’ai du mal à écrire dans mon journal tellement mes mains me font mal…