Archive for novembre, 2012


A la recherche de Kyshala

Je me suis réveillée la tête dans le sable, sur la plage nord de la ville. Les brumes de l’alcool de la veille avait du mal à se dissiper. Je me suis relevée péniblement époussetant le sable collé à mes joues et mon front et j’ai regardé autour de moi. Ce pays était vraiment magnifique… Je comprenais pourquoi Kyshala l’avait tant aimé. Si elle était encore vivante, elle devait être là quelques parts. C’était décidé j’allais parcourir le pays tryker pour tenter de la retrouver.

Mais d’abord, j’avais envie de me baigner. Je me suis relevée et j’ai directement plongé dans l’eau. J’ai soupiré de plaisir : quel bonheur de nager dans cette eau transparente! Dans le désert, les points d’eau étaient rares et souvent trop sombres ou trop boueux pour en distinguer le fond. Là, je voyais les algues et les plantes lacustres flotter au grès des courants et les poissons multicolores venaient me chatouiller les pieds.

J’avais entendu parler de cette compagnie « Vers de Nouveaux Horizons » qui proposait aux homins de livrer des colis dans différentes villes de chaque région. Le but de ces livraisons était de mettre en place un système de transport rapide entre les villes remplaçant ainsi les téléporteurs kamis ou de la karavane. Ceci était bien sûr rémunéré et très bien d’ailleurs. J’allais profiter donc de ma visite du pays tryker pour livrer ces colis et me faire quelques dappers.

Mais pour çà, il fallait que je trouve leur représentant. Après une première recherche infructueuse, j’ai demandé sur le canal de la légion fyros si quelqu’un savait où le trouver à Fairhaven. Icus a répondu d’un ton bourru que je ferais mieux de le faire dans le désert ardent et n’a pas répondu à ma question. J’ai râler intérieurement : qu’est ce que çà pouvait lui faire d’abord? Si j’avais envie de livrer des colis au pays tryker, je le ferais avec son assentiment ou non! J’ai redoublé d’effort et j’ai fini par le découvrir dans une petite île au sud-est de Fairhaven.

Quand le représentant m’a donné le paquet, j’étais estomaquée : il pesait une tonne!!! Il a fallu que j’aille vider mon sac pour réussir à le porter. Le représentant m’a alors précisé que je gagnerai mes dappers une fois le colis livré et la rémunération était fonction de la difficulté à atteindre la ville. Ça tombait bien, je comptais aller le plus loin possible. Par contre, il fallait faire vite et arriver dans le temps imparti.

Ne connaissant pas très bien la région, je me suis dit que j’allais commencé doucement. Fairhaven était trop près et ne rapporterait sans doute pas grand chose : ma première destination serait Crystabell, une ville située un peu plus loin au nord. Cela me permettrait de vérifier ma capacité à sillonner la région. L’avantage du pays des lacs, c’est la présence d’eau partout qui offrait la possibilité de se réfugier en cas d’attaques. Ça m’allait très bien! J’adorais nager en regardant sous l’eau.

J’ai regardé la carte et j’ai trouvé un passage. J’espérais juste arriver à temps pour le colis. Mais à vrai dire, je n’ai pas vraiment eu de problème. Et, je suis tombée nez à nez avec le responsable des « Nouveaux horizons » de Crystabell dès mon arrivée. La récompense était intéressante mais pas autant que je m’y attendais. Sans doute que Crystabell n’était pas assez éloignée. J’ai fait un tour de la ville cherchant sans grand espoir Kyshala. J’ai posé des questions autour de moi en montrant un luciogramme de ma cousine : quelqu’un avait il vu cette fyrette?. On me répondait toujours par la négative. Un des pontons de Crystabell était relié à une petite île. De loin, j’ai vu qu’elle était envahie par un nid de kitines. Kyshala était elle là? Je me suis approchée à la fois terrifiée et fascinée par les insectes géants : est ce eux qui avait traîné le corps de Kyshala dans les entrailles de leur nid? Ma curiosité a eu raison de moi. Des soldats kitines m’ont pris en chasse. Malgré l’intervention de quelques gardes, je n’ai pas survécu à l’attaque.

Après une demande de résurrection aux kamis, j’étais de retour à Fairhaven. J’ai continué mes recherches toujours en emportant un colis avec moi. J’ai visité Avendale puis Windermeer, laissant à chaque fois un colis aux représentants des « Nouveaux horizons ». Personne n’avait vu Kyshala. Je m’y étais attendu mais la déception était grande.

Pourtant, j’ai continué, nageant longtemps visitant de long en large le pays tryker. J’ai fini par croiser une tribu tryker qui semblait déambulait comme moi à travers tout le pays. Je les ai suivi. Ils m’ont conduit à leur camp. J’ai été accueilli simplement, un énorme kami était là.

Étrange tribu, les trykers étaient plutôt des fervents de la Karavan, hors ceux-ci accueillaient sur leur petite île un ambassadeur kami. Ils m’ont dit qu’ils se nommaient les Corsaires. Apparemment, les autorités trykers les laissaient en paix car ils étaient des guerriers redoutables mais que surtout, ils étaient toujours là lors des guerres pour défendre la région des lacs. A eux aussi, j’ai demandé si ils avaient croisé Kyshala. Un de leur ancien guerrier l’a reconnue me redonnant espoir. Mais d’après ses dires, il l’avait vue bien avant le deuxième grand essaim…

Me voyant déprimée, ils m’ont invité à passer la soirée avec eux. L’alcool a coulé à flot. Je me suis endormie dans leur camp. A mon réveil, au moment de partir, ils m’ont promis de garder les yeux ouverts et de me prévenir si ils voyaient quelqu’un qui pourrait ressembler à Kyshala. Je leur ai laissé un luciogramme d’elle. Je suis repartie avec le sourire : si eux pensaient qu’elle était encore vivante, il y avait encore de l’espoir.

Anlor Winn

Les festivités d’Anlor Winn avaient commencé. Dans la culture tryker, Anlor Winn était le vent maléfique celui qui réveillait chez tous les homins, les terreurs de l’enfance. Des espèces de grosses citrouilles taillées et illuminées avaient envahi les rues des villes.

Des jeux allaient être organisés au bois d’Almati. Nous nous y sommes rendu avec Lyouna. Nous avons retrouvé là bas : Icus, Archlongine, Artifice et Ywan. Ça n’avait pas encore commencé, j’en ai alors profité pour admirer le paysage si particulier du bois d’almati avec ses arbres immenses. C’était l’hiver et la neige était tombée donnant au paysage une beauté rare…

Nous avons tous été appelés près d’une sorte de grand terrain entourée de barrière avec sur les côtés les plus courts des ouvertures au milieu. C’était les buts. Un tournois de yuboball allait être organisé. Icus a mis en place son équipe. Il voulait que les légions fyros soient représentées. Je n’étais pas très enthousiaste, j’étais venue en tant que spectatrice pas pour participer. Mais, nous étions très peu de légionnaires et Ywan ne voulait pas participer. Il fallait une équipe de cinq. Je n’ai pas vraiment eu le choix…

Pour gagner, il fallait attirer un yubo dans les buts de l’adversaire et cela sans le frapper : juste en l’agaçant pour provoquer son attaque ou en lui bloquant le passage. Nous étions l’équipe rouge, couleur de la légion depuis toujours. Un premier match avait lieu avant le notre, nous permettant d’observer la technique de l’équipe gagnante. J’ai demandé à Icus quelle allait être notre stratégie. Il nous a regardé avec un petit sourire. Il était le seul homin entouré de quatre homines : « Notre tactique est simple! Vous vous déshabillez pour déconcentrer l’adversaire et je marque le but pendant ce temps là! ». Nous avons bien ri.

Et puis, çà a été notre tour. Étrangement, nous avons gagné alors que je ne m’y attendais absolument pas. Nous avions repris la tactique de la première équipe gagnante qui attirait le yubo en avançant vers le but en marche arrière et en bloquant le passage du yubo quand il tentait de revenir sur ces pas. Nous étions donc qualifiés pour la suite du tournois. L’attente a été longue très longue… Je m’endormais presque. Heureusement, un homin est passé distribuant des bâtons en forme de sucre d’orge. J’ai reconnu tout de suite le bâton que Kyshala avait reçu en cadeau de Morandy. J’en ai pris un assez fière d’avoir moi aussi un joli sucre d’orge.

Notre deuxième match a commencé mais cette fois, le yubo avait changé. Il était beaucoup plus gros, énorme pour un yubo. Il faisait des bons gigantesques, nous bousculant quand nous tentions de le bloquer. Cette fois, notre tactique a complètement échoué et nous avons perdu le match. Icus semblait déçu mais pour ma part, j’étais plutôt contente de pouvoir aller me coucher. J’étais épuisée.

Le lendemain, des histoires terrifiantes étaient contées. C’était distrayant. J’écoutais en forant. Mais je dois dire que quand un matis a commencé à raconter une histoire de petit izam tombé du nid. Je me suis moquée : les matis trouvaient donc terrifiante cette histoire? Les matis étaient vraiment bizarres. J’ai préféré aller me coucher sans écouter la fin.

Libération du désert ardent

Depuis le deuxième grand essaim, les nids de kitines étaient toujours présents provoquant parfois des incidents malheureux lorsqu’on s’en approchait de trop près. il était grand temps de les refermer. Et c’est par le désert ardent que nous allions commencer.

Les légions fyros avait été réquisitionnées à Thesos et devaient se mettre sous les ordres de l’officier de l’armée impériale Ibritis Ibirus. Tous ceux qui le désiraient pouvaient se mettre à son service. D’autres groupes étaient également présents à Pyr et à Dyron et avaient le même objectif : détruire tous les nids de kitines.

Pour l’occasion et sur les conseils d’Eeri, je m’étais achetée une nouvelle armure légère. Pour les magiciens, c’est ce type d’armure qui était recommandé. Une moyenne ou une lourde étaient gênantes pour lancer des sorts et je voulais être la plus efficace possible pour la bataille qui allait avoir lieu. Au marché, je n’en avais trouvé aucune correspondant à la fois à mon niveau de magie et de la couleur rouge de la légion. Au final, j’avais opté pour un mélange de couleurs blanche et bleue.

Forcément quand les légions fyros se sont rassemblées toutes de rouges vêtues, je ressortais un peu du lot avec Bjorka qui n’avait pas non plus d’armure au couleur de la légion. Sylve a râlé déclarant que nous aurions pu réclamer notre armure rouge et qu’on nous l’aurait fabriquée : la légion subvenant au besoin de base de ces légionnaires. Mais à vrai dire, je n’aimais pas demander me sentant par la suite redevable. Il faut dire que même pendant les longs mois que j’avais passés en tant qu’enfant des rues, je n’avais jamais usé de la mendicité comme le faisait certains. Sans doute, qu’un jour la faim et le désespoir m’auraient poussée, moi aussi, à le faire si Eeri ne m’avait pas retrouvée…

Une seule fois, j’avais demandé une parure de bijoux magiques à Icus, presque forcée par Ywan. Mais j’avais tellement mal formulé ma demande que j’avais fini par avoir une parure que ma force magique n’était pas capable de supporter. Je n’ai jamais osé en parler Icus, mortifiée à l’idée de l’avoir fait travailler pour rien. Enfin pas pour rien, un jour je pourrais la porter sa parure. En attendant, j’utilisais une vieille parure usée et plus du tout adaptée à mes progrès en magie que Ywan avait pris pour moi dans le hall de guilde, il y a bien longtemps.

Nous étions près à partir. L’angoisse me nouait la gorge. Je savais que Kyshala avait vécu plusieurs batailles contre les kitines et qu’elle avait disparu durant la dernière. Est ce que moi aussi, j’allais disparaître? Est ce que mon corps allait être emporté par les kitines au fond de leur trou? Je me souvenais de la description horrible qu’elle avait faite des kitines dévorant des homins… Est ce que j’allais être dévorée moi aussi?

Alors que ces idées noires me trottaient dans la tête, notre armée s’est mise en route au pas de course. Il fallait boucher les nids le plus rapidement possible afin d’éviter qu’elles s’organisent. Nous sommes arrivés au premier nid. D’habitude je les regardais de loin mais là nous allions les combattre. il y a eu un bref moment d’observation mutuelle puis une clameur : les guerriers homins s’enfonçaient dans les rangs des kitines.

Ils ont été balayés. J’ai vu la marée de kitines s’avancer vers moi. La terreur m’a tétanisée. Je regardais les insectes sans réagir, les homins tombaient autour de moi. Et soudain, je me suis enfuie dans un dernier instinct de survie. Je courrais droit devant. D’autres soigneurs s’enfuyaient aussi tout comme moi, certains étaient pris à revers par des attaques de varynx qui profitaient de cette occasion. Et là… enfin… l’eau protectrice…

J’ai repris mes esprits et j’ai eu honte… honte d’avoir laissé mes frère d’armes sur place, sans soin. Est ce que c’était ce qui était arrivé à Kyshala? La rage m’a prise j’ai couru en sens inverse. Il fallait que je les sauve. Je lançais des soins à droite et gauche. Les soigneurs revenaient relevant les homins qui repartaient à la charge. A plusieurs reprises, je suis tombée : je ne fuyais plus. Je demandais une résurrection aux kamis, retournant en courant vers mes compagnons. Il a fallu plusieurs charges pour venir à bout de ce premier nid. Mais enfin, toutes les kitines ont été éliminées et le trou rebouché.

Puis nous avons continué, nous organisant un peu mieux à chaque nouveau nid. Pourtant à l’avant dernier nid, la bataille a failli tourner à notre désavantage : les kitines décimant les premiers rangs que les soigneurs ne pouvaient plus soigner attaqués par des varynx en arrière garde. Je suis tombée comme beaucoup d’autres. Un vortex n’était pas loin : j’ai demandé une résurrection et je suis repartie. Mais, une attaque de varynx m’a, à nouveau, fauchée. Je savais que la dette de vie que j’aurais à rembourser aux kamis serait énorme mais après tout j’étais une soigneuse et je me devais d’aller relever les autres quel qu’en soit le prix. Plusieurs fois ainsi, j’ai essayé de rejoindre les combattants mais je ne passais pas le barrage des carnivores. Alors, j’ai attendu que d’autres me rejoignent au vortex. Nous nous sommes organisés vaguement, nous soignant le mieux possible et nous sommes repartis en groupe cette fois. Zaydan était là en tant que tank, il m’a ouvert un passage. J’étais stupéfaite par le nombre d’homins à terre. J’ai soigné encore et encore. Finalement, ce nid a été refermé. Je me souviens des fanfaronnades de quelques légionnaires qui se vantaient de n’avoir rien eu à devoir aux kamis à la suite de cette bataille, j’ai répondu assez vertement ce jour là : savaient ils à quel point certains s’étaient dévoués accumulant une dette énorme de sève de vie aux kamis pour qu’eux ne doivent rien à personne? Je ne suis pas sûre que ma remarque ait été très appréciée.

Puis le dernier nid a été lui aussi rebouché. Icus a voulu faire quelques luciogrammes de groupe devant le dernier nid pour ne pas qu’on oublie ce que nous avions fait. Puis, nous nous sommes tous rendus à la taverne de Pyr pour fêter çà.

Je dois dire que je n’avais pas très envie de faire la fête. Toutes ses images sombres de Kyshala et de sa dernière bataille me trottaient dans la tête. Mais j’ai quand même pris un verre. J’ai remarqué les regards de plusieurs légionnaires sur les fesses très dénudées d’Eeri dans son armure légère zoraï. Quand je lui ai fait remarquer qu’elle avait beaucoup de succès. Elle a répondu d’un ton maussade qu’elle s’en passerait bien. Pourquoi? Ne voulait elle pas quelqu’un dans sa vie? Mais, en posant cette question, je me rendais compte que je ne l’avais jamais vu avec qui que ce soit… Elle me disait qu’elle ne voulait rendre de compte à personne et être libre de toutes attaches. Avait elle peur de souffrir? Mais ce n’était pas çà : elle avait plutôt peur de faire souffrir. J’ai répliqué avec un petit sourire qu’elle était pourtant attachée à « sa petite Shaa ». Mais, pour elle, ce n’était pas pareil… J’ai voulu savoir pourquoi ce n’était pas pareil. Mais comme à chaque fois que je cherchais à entrer un peu plus dans son intimité, elle détournait la conversation.

Elle m’a parlé de Glorf qu’elle était allée voir avec Icus, le chef des légions fyros quand Kyshala était encore là. Tout le monde le croyait disparu et pourtant Icus et elle l’avait retrouvé. J’ai pensé alors qu’il y avait encore l’espoir de retrouver Kyshala. Mais Eeri me disait qu’elle la pensait morte. J’ai encaissé le coup. Elle a poursuivi sur sa rencontre avec Glorf. Celui-ci n’était plus lui même. Il avait décidé de vivre parmi les Fraiders, ses étranges guerriers frahars. Il disait s’appeler désormais Glorrrf. Il avait absorbé une drogue durant son rite d’initiation et avait désormais le langage primitif des frahars : « Glorrf frraiderrr maintenant. Frrrrraiderrr!!! ». Je ne comprenais pas comment on pouvait choisir de devenir un être primitif… Mais Eeri m’expliquait qu’il avait choisi de tout oublier, ne se remettant pas de la mort de son empereur Dexton et de celui de ces camarades. Elle a ajouté que c’était comme çà et qu’il fallait l’accepter et vivre avec. J’ai compris enfin, où elle voulait en venir : Je devais vivre désormais avec l’absence de Kyshala…

Pendant toute cette conversation avec Eeri, je n’avais absolument pas suivi les autres conversations autour de moi. J’ai été au bar commander plusieurs bières de shooki… J’avais du mal à accepter. J’ai avalé plusieurs verres d’affilé, recherchant l’oubli dans l’alcool. J’ai commencé à m’écrouler. Je crois que je me suis endormie un bref instant le front sur le comptoir. Puis soudain, deux claques m’ont sortie du sommeil brutalement. Eeri m’avait réveillée à sa manière douce. J’ai beuglé : « çà va pôô nononono!!! ». J’étais prête à en découdre avec elle et lui rendre les baffes qu’elle m’avait donnée. Et elle m’a criée : « En slibard et sans parure, allez!!! ». J’ai obéi pressée d’en découdre avec elle. Et soudain, j’ai pris le poing de Gunbra en plein figure. Mais qu’est ce qu’elle me voulait elle? Je lui ai sauté dessus commençant à taper comme une sourde. Eeri souriait en sirotant son verre, pendant que Gunbra me susurrait d’un air agressif : « Je vais te répandre le rouge de tes yeux sur tout ton corps ». Eeri m’encourageait : « héééé tu te débrouilles bien!!!! Allez tape ça défoule!! ». Je continuais à taper encore et encore, extériorisant toute ma rage. Puis, Gunbra s’est écroulée me faisant sortir de l’état second dans lequel j’étais. Et j’ai compris : j’avais été enrôlée malgré moi dans un concours de combat à mains nues.

Les combats ont continué. Eeri devait se battre contre Archlongine mais elle a perdu contre la grande zoraï à la si grande allonge. Puis, c’est moi qui ai du la combattre. Moi aussi, j’ai perdue. L’alcool, les coups reçus et données ont eu raison de moi. Je ne comprenais plus rien. Je ne voyais plus qu’une masse informe de légionnaires se battant entre eux dans une mêlée générale… Je me suis endormie à même le sol dans la taverne…

Réflexions solitaires

J’étais de plus en plus souvent seule. Ywan ne faisait plus que de brèves apparitions fugaces et quand il était là, il ne réclamait pas spécialement ma présence. Lyouna était là parfois. Nous nous entraînions alors ensemble à défaut de pouvoir participer aux chasses des grands guerriers que les autres étaient devenus. Et puis Eeri, un jour, m’a annoncée qu’elle allait sans doute dans quelques mois rejoindre les profondeurs : elle avait des choses à régler…

Son annonce m’a glacée même si je n’ai rien laissé paraître sur le moment, préférant caparaçonner mon coeur pour éviter qu’il ne saigne. Elle aussi, elle allait partir? Comme Kyshala ? Est ce que tout ceux qui prenaient soin de moi finissaient par disparaître ? Dans ce cas, pourquoi s’attacher ?

A-t-elle sentie mon désarroi ? Je ne sais… Mais, elle s’est faite beaucoup plus présente me proposant de l’accompagner dans ses chasses. Elle ne me posait pas de questions. Nous profitions juste de la présence l’une de l’autre retrouvant cette drôle de connivence qui avait toujours marqué notre relation : peu de mots échangés mais une compréhension presque immédiate et instinctive de l’autre.

Pourtant, je n’osais lui parler des doutes que j’avais sur ma présence au sein des légions fyros et de mon incartade chez les matis. J’avais peur de la blesser, elle qui avait tellement donné pour le renouveau de la guilde.

Finalement, ma solitude me permettait de réfléchir à tout çà. Je ne suis pas allée à la deuxième réunion des légions fyros malgré les appels insistants d’Icus sur les ondes de la guilde. Je préférais rester seule au bord du lac de la région des vents du songe, en faisant glisser le sable entre mes doigts. Je les entendais parfois échanger. Je crois qu’ils ont décidé d’organiser une journée de forage ensemble chaque semaine.

Mais alors que je les écoutais distraitement en regardant les couleurs du ciel à la nuit tombante, des petites perles de lumière roses se sont mises à s’élever du sol autour de moi…

C’était tellement beau…

Sans doute, certains religieux y auraient vu un signe de Ma-Duk ou de Jena. Mais je me suis toujours méfiée de la religion et de ceux qui en portent la parole : qu’avait donc fait ces sois-disant déités lors de la mort de mes parents et de celles de ma tante et de mon oncle? Et qu’avaient ils fait pour Kyshala? Moi, je ne voyais là qu’une merveilleuse manifestation de la beauté d’Atys. Est ce que ma voie était là dans la défense d’Atys?

Une chose était sûre, alors que j’entendais Icus grogner des ordres sur les ondes de la guilde pour entraîner les légionnaires à des formations en ligne ou en carré, je me sentais bien plus heureuse d’être là au milieu des lucioles qui voletaient autour de moi qu’à faire des exercices militaires.

Où est ma place?

Cela faisait plusieurs jours déjà que je furetais à droite et à gauche dans les cubes d’ambre sans vraiment savoir ce que je cherchais. Sans doute que j’espérais y trouver une nouvelle direction à prendre dans ma vie d’homine.

Ces derniers jours m’avaient fait comprendre que je n’étais pas à ma place au sein des légions fyros. Je n’avais pas la même façon de penser ni les mêmes idéaux qu’eux. Mais qu’elle était ma place ? Défendre Atys mais comment?

Et puis je suis tombée sur des discussions sur les neutres de culte et civilisation. Je trouvais dans celles-ci comme une connivence d’esprit. Je découvrais ce qu’était les gnosts et les tenants. Les gnosts étaient ceux qui ne privilégiaient aucune religion Kami ou Karavan respectant les deux. Les tenants étaient ceux qui ne privilégiaient aucune « civilisation », ils étaient appréciés de la même façon par les peuples trykers, zoraïs, matis et fyros. Je me sentais très proche de ces deux définitions.

Et puis ce passage m’a soudainement frappé :

« La raison d’être des Rangers est de protéger les homins contre la menace kitine. Les Rangers sont animés par un idéal de fraternité. Ils pensent que les homins devraient vivre en paix sans division, estimant que les divisions entre homins ont été l’une des causes de la catastrophe du Grand Essaim, chaque peuple ayant lutté seul. »

Mais oui… c’est çà… J’étais une Ranger dans l’âme… J’avais trouvé ma voie… Je suis restée un instant stupéfaite par cette évidence.

Moi qui me croyais anormale, je découvrais que je n’étais pas seule et que d’autres partageaient les mêmes opinions que moi. Il me restait à les rencontrer.

Mais avant, j’avais quelque chose de difficile à faire : quitter les légions fyros… Je n’avais pas peur d’être seule et de perdre la protection de la guilde mais mon coeur se serrait à l’idée de blesser ou de décevoir ceux qui avaient cru faire de moi une légionnaire : Eeri, Icus, Ywan…

Déménagement

Ma décision était prise : je voulais être ranger. Il me restait à l’appliquer. Mais tout d’abord, j’allais déménager à Fairhaven : vivre dans le désert ardent et croiser des légionnaires m’auraient fait plus de mal que de bien. J’ai vendu tout ce qui ne m’était plus nécessaire et fabriqué tout ce que je pouvais avec les matières premières qu’il me restait. J’ai regardé la vieille armure ranger complètement usée que les Rangers de Silan m’avait offerte. Je l’avais gardé à l’abri dans les sacoches de mon mektoub. Je ne sais pourquoi mais je n’avais jamais réussi à m’en séparer. Et cette fois encore, je n’ai pas pu…

Je suis partie à dos de mektoub pour un long voyage que je n’avais jamais fait seule… Mais, je ne pouvais demander à personne de m’accompagner, tous mes amis faisaient partis de la guilde. Au départ, je voulais juste aller vers Dyron voir comment je me débrouillais. Et puis, j’ai tellement bien réussi ce premier voyage que j’ai pris confiance : j’allais au moins aller jusqu’à Zora. Mais pour çà, il fallait s’enfoncer dans les primes racines en traversant la zone appelée « Sources interdites ». Je savais que c’était la partie la plus difficile du voyage mais il allait falloir que je m’habitue à vivre seule et c’était une expérience que je rencontrerais souvent désormais.

J’ai vérifié que mon mektoub avait tout ce qu’il lui fallait en nourriture pour la traversée et je suis repartie. La partie dangereuse du nord de Dyron a été passée sans soucis. J’avais compris au fil des expéditions avec les légions fyros, que les bords de falaise étaient plus sécurisés et je gardais les yeux grand ouverts. Et enfin, j’ai vu le vortex d’entrée dans les primes racines.

J’ai poussé un soupir de soulagement : « Jusqu’ici tout va bien! ». Je regardais avec angoisse la beauté des sources interdites sachant très bien qu’il s’y cachait des créatures capables de me briser en deux en un seul coup.

J’ai pris deux grandes inspirations et je suis repartie. J’ai réussi à atteindre le milieu des sources interdites en passant inaperçue me faufilant entre les bestioles inamicales me cachant parmi les herbivores. Et puis, un zerx m’a pris en chasse réussissant à me donner un coup. J’ai paniqué fonçant droit devant pour lui échapper. Heureusement, mon mektoub était rapide. J’ai regardé derrière moi tout en continuant à galoper. J’ai souri le zerx avait été distancé.

J’ai recommencé à regarder devant moi pour me rendre compte avec horreur que je fonçais droit devant un groupe de tyranchas… Il était trop tard pour les éviter. Je n’avais pas le choix il ne me restait plus qu’à espérer passer au travers profitant de la vitesse de mon mektoub pour leur échapper…

Mais, je saignais abondamment déjà de la blessure que m’avait infligée le zerx. Il n’a fallu qu’un seul coup pour que je tombe. Je voyais le vortex de sortie quand un voile rouge est tombé sur mes yeux… la sortie était pourtant là tout près…

J’ai demandé une résurrection aux kamis près du vortex si proche, espérant que mon mektoub avait survécu. Mais quand je suis arrivée, je n’ai pu que constater que les tyranchas en avaient fait leur déjeuner. J’ai réussi à m’approcher pour au moins récupérer les affaires qu’il y avait dans les sacoches : la hache à deux mains qu’Eeri venait de m’offrir, le bâton sucre d’orge qu’on m’avait donné pendant les fêtes d’Anlor Winn… Mon sac a rapidement été plein. J’ai regardé longuement l’armure ranger… J’allais devoir la laisser ici. Pourquoi avais je les larmes aux yeux ? Ce n’était qu’une armure… Et puis, je me suis ressaisie. Ce n’est pas parce que je laissais l’armure ici que je ne deviendrais pas ranger! Elle était de toutes façons inutilisable désormais. J’ai enterré l’armure pour que personne ne la trouve. Après tout, c’était une belle fin pour une armure de ranger que de finir dans les primes racines, si proche des kitines.

Je me suis alors téléportée à ma destination finale : Fairhaven. J’ai racheté un nouveau mektoub. Celui-ci était gris et n’avait pas les couleurs sableuses du désert. J’ai fait quelques tours avec lui, il nageait très bien, normal pour un mektoub des lacs. C’était une brave bête autant que celui que j’avais perdu. J’espère que mes erreurs dans mes futures expéditions ne lui seront pas fatales à lui aussi…

Départ des légions fyros

Pendant plusieurs jours, je n’ai pas réussi à dire à Eeri la décision que j’avais prise de quitter la légion. Les mots me restaient coincés dans la gorge. Et quand elle me proposait d’aller prendre une armure lourde dans le hall de guilde, j’esquivais, déclarant que je le ferais plus tard.

Finalement, c’est Icus qui m’a contactée télépathiquement. Il avait vu les messages de demandes d’informations sur les rangers que j’avais laissé dans le hall réservé aux neutres. J’ai été surprise sur le moment mais j’ai compris ensuite ma bévue. Je pensais être discrète en laissant mon message mais je l’avais mis dans le hall réservé aux neutres de culte et pas de civilisation.Tous les légionnaires étaient pour le moment restés neutres au niveau religieux à la demande d’Icus. Cela avait d’ailleurs fait grincer des dents : ne prendre partie pour aucune religion, c’était se couper l’accès à un certain nombre de téléporteurs. Mais la règle avait été suivie.

Icus m’a alors indiqué le nom de quelques personnes qui avaient des connaissance sur les rangers. Son attention m’a touchée. Je me sentais mal de lui cacher mes intentions de départ. J’ai fini par lui raconter que j’avais participé à la libération des terres matis. Je m’attendais à une colère noire de sa part, à une punition, voir un bannissement… Mais, il n’en a rien été. Icus a émis un son entre un grognement et un toussotement gêné. Ne le voyant pas réagir, plus que çà, j’ai fini par déclarer que j’allais quitter les légions fyros mais que je voulais rendre mon écusson à celle qui l’avait apposé sur mon armure : Eeri. Il a répondu : « C’est mieux oui! ». J’étais inquiète, il semblait si éteint par la nouvelle. Je lui ai alors demandé si il m’en voulait. Il a répondu légèrement agacé que ce n’était pas le cas. La conversation s’est éteinte d’elle même… Je ne voyais plus vraiment quoi lui dire.

Quelques jours plus tard, pourtant, j’ai pu en apprendre un peu plus sur le fond de sa pensée. Pour lui, ma décision n’était qu’une lubie utopique du à mon jeune âge. Peut-être avait il raison… peut-être que je ne serais jamais ranger et que l’idéal de fraternité entre les peuples ne pourrait jamais être atteint… Mais ce dont j’étais sûre c’est que les kitines resteraient mon principal ennemi pour avoir tué mon oncle et avoir été la cause de la disparition de Kyshala. Et, il était également sûr désormais que je n’accepterais plus de faire partie d’une guilde qui attaquent d’autres homins avec comme seule justification qu’ils font partie d’un autre peuple…

C’est le lendemain que j’ai pu parler de mon départ des légions fyros à Eeri. Je me doutais qu’Icus ne tarderait pas à lui rapporter mes paroles. Quand je lui ai dit que je voulais devenir ranger comme les rangers de Silan. J’ai senti son angoisse. Elle a cru un moment, que je voulais retourner là-bas. Je l’ai rassurée, lui affirmant que je restais à la surface mais que je quittais les légions fyros. Elle l’a assez bien pris. Elle ne m’en voulait pas de faire mes propres choix, même si ils pouvaient s’avérer être mauvais. Quand je lui ai parlé de l’étrange réaction d’Icus, déclarant en riant qu’il se ramollissait pour ne pas m’avoir punie d’avoir aider les matis. Elle est restée sérieuse : « il aime bien ses deux chauves… ». Elle m’a demandé si j’allais rejoindre une autre guilde. Mais pour l’instant, je n’avais pris aucune décision. Je savais qu’il y avait le groupe Centor qui m’avait intégrée à leur équipe lors de libération des terres matis et qui semblait rangers dans l’âme. Il y avait aussi cette guilde Hoodo qui se déclarait ouvertement ranger mais dont je n’avais vu aucun membre… Peut-être avaient ils disparu durant le deuxième grand essaim ? Notre discussion a duré jusque tard dans la nuit. Eeri était loin, je n’ai pas eu le courage de me déplacer pour rendre mon écusson ce soir là.

Quelques jours plus tard, Eeri m’a invitée à une chasse avec d’autres légionnaires. Peut-être espérait elle encore me faire rester en me montrant ce qu’il y avait de mieux parmi la guilde : la fraternité des légionnaires entre eux. Il est vrai que durant ces chasses, j’avais toujours apprécié l’esprit de corps qui y régnait. Et cette fois encore, j’ai apprécié cette entraide sans concession que tous donnaient aux autres. Mais ma décision était prise. Pourtant, je sentais que Eeri faisait durer indéfiniment la chasse pour ne pas que je lui rende mon écusson. Quand je lui en ai fait la remarque. Elle m’a souri avec un petit air faussement innocent.

Finalement, la fatigue aidant, j’ai commencé à commettre des erreurs mettant en danger les autres. Il valait mieux que j’aille dormir. Quand, j’ai dit dépitée à Eeri que ce n’était pas encore aujourd’hui que j’allais lui rendre mon écusson. Elle a finalement déclaré que je pouvais le faire maintenant mais qu’elle me laissait l’annoncer aux autres. J’ai pris deux longues inspirations, un peu angoissée à l’idée que mes frères d’armes me rejettent pour la décision que j’avais prise de quitter la guilde.

Puis j’ai commencé : « J’ai une petite annonce à faire… Je vais quitter la guilde… ». Gunbra a reniflé comme si elle retenait des larmes et Zaydan m’a demandé en plaisantant si je quittais la guilde parce que je n’avais pas digéré le dernier bébé matis. J’ai répondu sur le même ton humoristique qu’effectivement, je n’avais pas apprécié le goût. Puis j’ai continué plus séieusement : « J’ai choisi une autre voie… Je voudrais devenir Ranger. Mais je tiens à dire que j’ai beaucoup apprécié faire ce bout de chemin avec vous. ». Il y a quelques questions sur ce qu’étaient les rangers. J’ai eu peur à des réactions négatives quand j’ai affirmé que en tant que ranger je défendrais tous les homins, même les matis. Mais Zaydan a déclaré : « Comme ça nous pourront l’achever nous! ». Et Bjorka a ajouté en crachant par terre : « Je lui attacherai les mains Zaydan que tu puisse faire ton oeuvre ». Ce qui m’a fait plutôt rire.

J’ai rendu mon écusson à Eeri et j’ai fait mes adieux même si ce n’en était pas vraiment puisque je restais sur l’écorce. Bjorka a semblé inquiet pour moi : « Attention à toi Shaakya, ta nouvelle mission pourra être dangereuse, beaucoup d’homins prennent des risques. A bientôt Shaakya, hésite pas si tu as besoin de mes soins et même de ma lame ! ». Et Gunbra a ajouté : « Ou de ma retch ». Eeri m’a réaffirmé que je serais toujours la bienvenue parmi eux. Je suis partie avec un brin de nostalgie mais le coeur heureux que mes frères d’armes aient accepté mon choix.

Mélancolie

Je n’avais pas encore prévenu Ywan de mon départ des légions fyros… Pourtant, c’est à lui que j’aurais aimé le dire en premier mais il était bien trop souvent absent ou trop occupé par son forage dans les primes racines pour m’accorder son attention.

Puisque je n’arrivais pas à le croiser, j’ai fini par lui envoyé un message par izam :

« oren pyr Ywan,

Je n’ai pas réussi à te croiser depuis plusieurs jours, aussi je te le dis dans ce message que j’accroche à la patte de cet izam même si j’aurai préféré te le dire de vive voix.

Peut-être le sais tu déjà? J’ai quitté les légions fyros. Je ne me sentais plus en accord avec les idéaux de la guilde. Après de longues lectures, à droite et à gauche, et une réflexion sur moi-même et sur ce que je voulais faire de ma vie d’homine, j’ai décidé de devenir Ranger.

Icus pense que c’est une lubie dû à mon jeune âge… peut-être… Mais toujours est il que je ne peux plus accepter que notre guilde attaque sans raison une tribu matis qui ne leur a rien fait ou qui ne se déplace pas pour défendre leurs terres des kitines.

C’est peut-être un doux rêve irréalisable mais je veux défendre les homins… tous les homins contre les kitines et j’aimerai qu’un jour toutes ses dissensions entre les peuples s’apaisent.

Pour l’instant, je ne suis d’aucune guilde. Je cherche à atteindre doucement l’idéal ranger et peut-être un jour en rencontrer un.

Je serais toujours là, si tu as besoin de quoique ce soit, je reste ton amie.

Que les kamis veillent sur ta graine de vie.

Shaakya. »

Quelques heures après avoir écrit cette lettre, Eeri m’a signalé que Ywan s’était inquiété de mon absence la veille. Ça m’a donné un peu de baume au coeur de savoir qu’il pensait toujours un peu à moi. Peut-être aurais-je bientôt de ses nouvelles?

Eeri m’a finalement rejoint sans que je lui demande quoique ce soit. Elle a déclaré qu’elle allait m’aider à devenir ranger. Nous avons écumé la région zoraï pour la vider de ses bandits qui attaquaient tous les homins s’approchant un peu trop de leur camp. Cette petite excursion m’a beaucoup aidée à me faire connaître du peuple zoraï mais ce n’était pas ce qui m’importait le plus. Le plus important, c’était qu’Eeri continuait à prendre soin de moi. D’ailleurs, elle s’inquiétait souvent de savoir si j’avais trouvé une guilde correspondant à mes idéaux et elle me répétait que je serais toujours la bienvenue parmi les légionnaires.

Quelques jours plus tard, j’ai senti la présence d’Ywan. Je l’ai contacté par le chant d’Atys. Il avait bien reçu mon message et était heureux que j’ai trouvé ma voie. Lui aussi s’est inquiété de me savoir sans guilde. Il affirmait que seule, j’aurai beaucoup de mal à survivre ici… J’étais surprise : n’était il donc pas possible d’être seule sur Atys? Mais pour le moment, je voulais prendre le temps de choisir et de bien choisir, pour ne pas me tromper. J’avais tout le temps.

Il m’a avoué que lui aussi, ces derniers temps, il ne se sentait plus vraiment en accord avec les dernières décisions concernant les légionnaires au niveau du culte. Je savais qu’Ywan était plutôt proche des kamis comme l’avait toujours été les légions fyros et actuellement la guilde s’orientait plutôt vers la neutralité ce qu’il n’appréciait pas. D’autant qu’il ne pouvait plus participer aux chasses des légionnaires qui étaient devenus des combattants hyper-entraînés et que lui avait négligé son entrainement de combattant pour se concentrer sur le forage. Depuis le début, nous nous étions sentis en décalage par rapport aux autres légionnaires. Mais plus le temps passait, plus le fossé qui nous séparaient d’eux s’élargissait. Pour ma part, j’avais fini par les quitter mais Ywan restait. J’avais l’impression que c’était plus par habitude qu’autre chose.

Il m’a finalement demandé ce que je faisais de mes journées. Je lui ai raconté que je travaillais pour les différents peuples d’Atys. Je lui ai expliqué que j’allais essayer de m’occuper des bandits à l’ouest de Fairhaven. J’espérais vaguement le faire venir. Mais, il a juste affirmé que je n’aurais pas de problème à m’en débarrasser puisqu’il suffisait de sauter dans l’eau pour leur échapper. Finalement, il m’a souhaité une bonne journée, mettant fin à notre conversation assez brutalement…

Cette discussion m’a laissée dans un état assez mélancolique comme si elle m’avait ouvert les yeux sur ma relation avec Ywan. J’avais cru à un moment que quelque chose aurait pu naître entre nous, autre que de l’amitié. Mes ses trop longues absences avaient fini par nous éloigner l’un de l’autre. Je n’arrivais plus à retrouver cette symbiose que nous avions connue quand nous étions sur Silan.

J’ai fini par lancer des paroles de dépit à Eeri : « Tu as raison, il ne vaut mieux pas s’attacher… ». Je faisais allusion à une conversation que nous avions eu à la taverne de Pyr lors d’une soirée de légionnaires. Mais elle n’a pas répondu. Elle avait à ce moment là d’autres yubos à fouetter. Les légionnaires avaient depuis quelques jours des altercations violentes avec les membres de la guilde de la Sève noire qui avaient élu domicile dans le même immeuble. Les choses s’envenimaient de jour en jour…

J’ai fini par aller me saouler seule à la taverne de Fairhaven, saluant au passage quelques habitués appartenant à la tribu Talodi. Je me suis endormie sur place dans une étrange torpeur mélancolique.

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