Categorie: Journal de Kharya


Jour 20 d’archeno du fingelien 384.

J’ai perdu mon journal il y a plusieurs jours. Je n’arrive pas à le retrouver. J’espère qu’il n’est pas entre de mauvaises mains. J’en commence un autre, différent, plus classique. Je ressens un besoin d’écrire, c’est étrange, moi qui préfère tout garder pour moi habituellement. Quoi que. C’est comme se parler à soi même. Voir mon évolution. Je me sens parfois si changeante. Mais il est vrai que j’ai changé, depuis mon arrivée. J’aurais peut être dû tenir un journal dès le premier jour. J’aurais pu me rendre compte du contraste.

La seule chose que je ressente ces derniers temps est la lassitude. Fatiguée de tout et surtout de la politique. Même les bras et les mots tendres de Khaena n’arrivent pas à m’apaiser. Je sais que cela lui fait du mal. Mais je ne pense pas que qui ou quoi que ce soit ne puisse arranger ma mélancolie. Pourtant le fingelien commençait bien, j’ai passé ma journée entre les bras de mes femelles avec un appétit de leur corps qui m’a surpris moi même.

Puis quelques jours après j’entrais dans une colère furieuse pour une petite contrariété stupide. Oh oui, si stupide. Comment puis-je encore agir comme une petite femelle trop gâtée ? Je savais pourtant bien à quoi m’attendre avec lui. Ils courent tous après la sinane. J’ai l’impression d’être repoussante. Khaena et Killya m’assureraient du contraire, mais leur en parler m’agace par avance. Je sais ce qu’elles en diraient et je sais que cela ne parviendrait pas à me convaincre. Je suis trop têtue. Mais pourquoi vouloir à tout prix que tous les mâles me regardent avec envie et se battent pour savoir qui ira me satisfaire ? J’ai deux femelles qui m’aiment et que j’aime, je devrais m’en contenter. Je n’y arrive pas.

Je me demande parfois si cela n’est pas dû à mon rang. Où à mon ancienneté ici. Ce qui m’agace c’est que si je fais le premier pas, j’arrive à obtenir ce que je veux d’eux. Le font-ils par devoir ? Le font-ils en espérant obtenir de moi des avantages ? Est-ce qu’ils apprécient seulement ma compagnie ? Ils y prennent du plaisir, c’est physiquement prouvé, mais pourquoi ne cherchent-ils pas à retrouver un moment intime ? Je me sens vieille. Cela me rend lasse. Je veux partir. Je veux retrouver ma glace, j’étais si sereine.

Jour 23 d’archeno du fingelien 384.

Khaena avait organisée une visite d’Irilion pour nos jeunes sombres. Cette idée m’a rappelée que Os’ nous avait fait de même il y a bien longtemps. Mon premier voyage en Irilion. Je crois que les jeunes ont été aussi conquis que moi à l’époque. J’étais heureuse de les voir éblouis. Ma louve faisait un bon guide. J’ai aussi ajouté quelques commentaires au début puis je me suis tut pour ne pas trop lui prendre cette place. Il faut que je la laisse le plus possible s’exprimer si elle me succède. Je suis sure qu’elle fera une bonne Matriarche, elle a le peuple avec elle.

Mais cette touche de bonne humeur s’assombrit dans les jours suivants. Le tigre et le sauvage sont entrés en conflit à cause des nains. Encore eux. Ils se disent harcelés alors que c’est absolument l’inverse. D’accord, le sauvage n’est pas très fin quand on le provoque. Et sa relation avec le tigre a toujours été plutôt mauvaise depuis qu’il y avait eu le soucis de l’invocation provocatrice à Nord Thyl. Mais ses mots envers lui étaient injustes. Le sauvage s’était plaint qu’un nain l’avait insulté et avait craché à ses pieds. Le tigre, présent, n’avait pas réagit. Le sauvage a voulu se faire vengeance lui même et a bloqué le pont de Zirak avec des ours polaires. Il n’en fallait pas plus pour que les nain hurle son outrage sur les ondes et que les autres nains se liguent avec lui pour faire pression sur notre peuple. J’ai eu le tort d’intervenir pour soutenir le sauvage. Je savais que c’était uen erreur mais les barbes à bottes dépassent les limites du supportable avec leur mauvaise foi. J’avais deux mâles furieux sur les bras mais fort heureusement les nains se sont rapidement tus. J’ai été voir le sauvage pour lui parler et tenté de le calmer. Il en tient toujours rancune au tigre mais au moins, il ne se sent pas rejeté malgré son impulsivité.

Puis l’alarme de Naralik a retenti. Des araignées rendues folles par les Landes attaquaient les habitants puis une troupe de pirates a débarquée d’on ne sait où. Nos guerriers arrivèrent rapidement sur place. Alexorims, Malkael, Mouks, Mulvaar. Même le jeune Morax vint défendre notre terre. Leur dévotion fait plaisir à voir alors que nous sortions de ces troubles sur nos ondes.

Le tigre a voulu me voir ensuite pour régler cette affaire. Nous sommes allés dans notre salle de peuple. La colère l’empêchait de voir une alternative aux décisions strictes qu’il voulait que je prenne. Calmement, je répondais, argumentais. Lui non plus ne pardonnera pas. Mais il eût l’air satisfait de ce que j’avais décidé. Quelque peu soulagée, j’ai décidé d’aller me détendre dans le bassin de l’autre pièce. Il m’a suivit. Comme moi, l’eau chaude a tendance à apaiser son humeur. C’est la deuxième fois que nous nous retrouvons tous les deux seuls dans ce bassin. Je me suis mise à lui masser le dos comme la dernière fois mais avec dès le début plus de force. Pour uen fois, notre discussion n’a pas entièrement tournée autour de la politique. Il m’a parlé un peu de son passé et moi du mien, très brièvement. Puis quand j’eus finit de décontracter ses muscles, il se tourna et, comme la fois d’avant, m’offrit une étreinte fougueuse. Quand nous fûmes contentés l’un l’autre, il me remercia de l’avoir presque complètement calmé. Fait inhabituel, il laissa échapper un tutoiement qu’il repris bien vite et il me souriait presque tendrement. Je ne lui ai répondu que par un sourire en lui effleurant les lèvres de mes doigts. Il m’a caressé la joue et embrassé le front avant de sortir de l’eau pour aller prendre du repos. Il a laissé le Ilharess de côté pour me saluer par mon prénom en quittant la salle. Je crois que là aussi, c’est la première fois.

Je suis restée dans le bain quelques minutes à réfléchir sur ce que je venais de faire et sur ce que je devais faire concernant cette affaire avec le sauvage. Je laisserai probablement mon Conseil donner son avis avant d’arrêter ma décision. L’humeur joyeuse que m’avait laissé ce moment avec le tigre retomba bien vite et l’envie d’aller chasser s’imposa. Ce qui se passa ensuite, je ne suis pas encore prête à l’écrire. Rien qu’évoquer son nom à mes sombres m’a été une épreuve.

Jour 1 d’elfist du fingelien 384.

Qu’est-ce que je suis en train de faire ? Je n’imaginais pas qu’il puisse être aussi sensible. Est-ce un stratagème ? Dois-je lui offrir cette confiance qu’il demande ? Il avait l’air sincère, pourtant. Ces derniers jours n’ont pas été faciles pour lui. Beaucoup à faire. La blessure de son égo. Il me dit que j’arrive à le calmer. Il m’a montré ses faiblesses. Cela me perturbe. Il avait toujours eu l’air si solide. Se serait-il prit dans ma toile sans que je ne m’en rende compte ?

J’ai réunis le Conseil Matriarcal. Nous avions quelques sujets à aborder. Avant de commencer nous avons remis son bouclier de peuple à Darkmon. Elle était surprise, honorée et émue. Nous avons dicuter du tournoi de nécromancie en l’honneur de la fin des travaux de Naralik. Un sujet réjouissant avant de commencer la délicate situation de conflit entre Malkael et Mulvaar.

Je voulais donner une sanction financière à Malkael en faveur des nains pour éviter de ternir nos relations déjà difficiles mais apparemment Bagnar lui avaient finalement présenté des excuses. Il n’y avait plus qu’un jugement disciplinaire interne à régler. Les discussions ont été âpres. Je n’aime pas ce genre de spectacle. Mais c’est un fait que la hiérarchie doit être respecté sinon où irons nous ? La discipline est primordiale. Peut importe la fierté des uns ou des autres.

L’atmosphère tendue s’est figé à la fin du point suivant sur la formation de la relève des officiels. J’ai annoncé ma volonté de former une héritière à mon titre. C’était comme si un coup de massue s’était abattu sur chaque tête. Certains se demandant s’ils n’étaient pas en cause avec les récentes tensions. Je les ai rassurés sur ce point, j’y pensais depuis longtemps. Mes trois objectifs principaux étaient presque accomplis. Rassembler, faire accepter, s’installer. Je m’imaginais bien qu’ils seraient surpris. Mais pas choqués à ce point. J’ai essayé de les rassurer en leur disant que ce n’est pas imminent, qu’il reste encore du chemin à faire. Je ne pense pas que cela à beaucoup arranger leur moral. Puis nous avons dérivé sur l’ancienne Matriarche Sathia, sur Elzeberith. Les derniers arrivés Deskhart et Darkmon ont pu apprendre davantage sur notre histoire grâce à cela.

Puis j’ai levé la séance. Je ne tenais plus sur mon trône avec ces blessures cuisantes. Ne rien faire paraître sur mon état m’a demandé beaucoup d’énergie. Khaena m’a raccompagnée dans notre chambre de la taverne. Je me suis allongée sur le ventre avec soulagement. Elle m’a aidé à me déshabillé et m’a enduit de l’onguent cicatrisant à la lavande. J’étais sur le point de m’endormir quand j’ai entendu le rugissement de colère du tigre sur nos ondes. J’avais bien vu lors du Conseil, à l’annonce de ma retraite probable, qu’il en était particulièrement affecté. Il est allé à la taverne de Bel’ar, offrant la boisson à qui des nôtres voudrait le rejoindre. Je sentais qu’il avait besoin de rompre cette solitude. Je me suis tournée vers ma sombre louve. Elle dormait. Alors j’ai quitté le lit, j’ai renfiler avec difficulté mon armure en cuir sinan et je suis descendue dans la grande salle.

Je l’ai abordé avec un ton quelque peu ironique lui disant que je n’arrivais pas à dormir avec tout le bruit qu’il faisait. Mais cette blague ne l’a pas fait sourire comme cela l’aurait du. Il s’est excusé disant qu’il ferait attention. Je me suis installée au comptoir à côté de lui et j’ai commandé du vin. Son humeur était vraiment très noire. Nous avons échangé quelques banalités puis je lui ai proposé d’aller discuter à l’étage pour être plus tranquilles. Une fois installé, je lui ai fait parler de ce qui le mettait dans cet état. Surmenage et critiques font des dégâts mais l’annonce de mon départ l’avait apparemment achevé. Il a voulu savoir si je resterais présente dans le peuple même en ayant donné le titre. Il essayait de faire passer cela sur le compte de la perte que cela pouvait engendrer pour les nôtres. Mais je ne suis pas la dernière des sottes. Alors je me suis levée et je me suis approchée de lui pour l’embrasser.

Nous avons continué à discuter entre deux attentions douces jusqu’à ce qu’il se fasse plus entreprenant et me hisse sur la table à ma grande douleur. J’ai été obligé de lui faire comprendre que nous n’irions pas plus loin ce soir là. Il était déçu mais aussi inquiet de ces douleurs. J’ai essayé le plus longtemps possible de ne rien lui avouer. Mais j’ai finalement soulevé mon cuir pour lui montrer une partie de mon dos. Je lui ai dit ce qui était arrivé sans trop de détails. Il s’est resservit de l’outranque, la colère enflait en lui. La haine aidant il a fait éclater le verre en le serrant. J’ai soigné sa main. Et je lui ai dit que Killya m’avait déjà vengée. Il s’est calmé un peu. J’ai précisé que Malkael l’avait aidé. Je voulais qu’il sache que malgré ce qu’il pense du sauvage, il n’en est pas moins dévoué. Il m’a reproché de ne lui avoir rien dit. Je crois qu’il ne se rend pas compte qu’avouer avoir subit une telle chose n’est pas aisé compte tenu de mon rang.

La colère fit place peu à peu à l’inquiétude. Je lui ai dit que je ne pouvais pas rester dormir avec lui, que Killya s’inquiéterait trop de mon absence. Il m’a dit qu’il prendrait une chambre a côté si jamais il y avait uen urgence quelconque. Quand je repense à sa tête à ce moment là, je me demande où était passé le Mulvaar que tous connaissent. Si fort, si mesuré. Alors je lui ai dis de venir avec moi dans la chambre de prestige où dormaient Killya et Khaena. Il a hésité, se demandant ce qu’elles en penseraient. Laquelle se réveillerait en premier. J’ai insisté et nous sommes allés nous coucher.

Maintenant que je suis réveillée, entre mes deux amants, j’écris ces lignes, et je me pose des questions. Comment puis-je arriver à me mettre dans des situations pareilles ?

Jour 3 d’elfist du fingelien 384.

Idiote. Le soleil se couche sur le jardin du Palais de Tarsengaard. Et je suis une idiote. J’ai voulu croire qu’il tenait à moi. J’ai baissé ma garde. Mais il n’est pas prêt. Je lui ai donné le moyen de dépasser ses craintes et j’ai sacrifié mon espoir. J’aurais tant voulu qu’il devienne ce nouveau bras fort sur lequel me reposer. Mais il est faible. Il n’est pas capable de s’en sortir sans mon remède. Idiote !

Jour 9 d’elfist du fingelien 384.

Cela fait plusieurs jours que je n’ai pas revu mes femelles. Elles vont m’en vouloir. J’avais besoin de savoir où j’allais. Je n’arrivais pas à accepter qu’il préfère fuir plutôt qu’affronter son état. Mais en même temps, ses attentions douces étaient elles sincères ou induites par le trouble qu’il subissait ? Il me fallait le savoir pour ne rien regretter et faire mon deuil quand l’elixir le rendrait insensible. Il m’assurera que ses pensées envers moi n’étaient affectées que seule sa manière d’agir l’était. Cela m’a rassurée, étrangement, malgré qu’il allait m’échapper à jamais.

Mais ses explications sur ce ton plaintif ont aussi finit par m’agacer et je lui ai dit sans détour que j’avais envie de le secouer. Une once de ce qu’il fut se réveilla et il me demanda si je le défiais. J’ai acquiescé avec fierté et je lui ai laissé le choix de l’arène. Je me suis armée jusqu’aux dents, sortant mon armure en titane, prévoyant les potions qui me permettraient de lui faire face plus longtemps. Il m’attendait et j’ai lancé l’assaut immédiatement. Le combat fut assez bref, comme je m’y attendais. Le Styx m’ouvrit ses portes. Il me demanda si j’en avais eu assez, j’ai dit que non. Je suis revenue. Cette fois il a voulu que nous nous battions à mains nues. L’affrontement à été plus long. Il avait l’avantage bien sur. Son instinct lui revenait peu à peu, il m’incita à frapper plus fort. Mais la fatigue me gagnait. Je suis finalement tombée à genoux à sa merci.

Il a finit de me mettre à terre me surplombant laissant s’enflammer mon excitation. Nous avons bataillé au sol, les armures nous gênaient. J’ai réussit à reprendre le dessus, exerçant sur lui mon art macabre. Les douleurs que je lui infligeaient ravivaient son regard malgré l’affaiblissement de son corps avec tous le sang perdu. Je doute qu’arène eu pu faire voir un combat pareil. J’ai perdu à nouveau quand il a réussit à reprendre l’ascendant sur moi poussé par son excitation, il n’a pas dosé sa force et mes blessures se sont aggravées me renvoyant au chaud. Il était assez penaud ne s’attendant pas plus que moi à cela. Je lui ai alors proposé de retrouver sa proie partie se cacher du prédateur. Il a aimé l’idée de ce jeu. J’espérais continuer à stimuler son instinct pour qu’il n’ait pas besoin de l’elixir.

Il m’a retrouvé, il s’est fait silencieux espérant me surprendre mais j’ai senti son odeur. Je l’esquivé d’une roulade au dernier moment. Il m’a rattrapé et plaqué contre la paroi rocheuse fermement. Et son regard s’est éteint subitement. Il a alors prit son sabre et se l’a tourné contre lui même. J’ai envelopper la lame de ma main en lui disant que cela ne changerait rien. Il s’est écarté et m’a donné son sabre. Il s’est tourné, m’offrant son dos. Il m’a demandé de recommencer comme dans l’arène pour faire revenir son instinct. J’ai hésité quelques instants. A quoi cela pourrait bien servir ? Jusque là ce n’avait duré que peu de temps. Je n’ai pas voulu le laisser dans cet état alors j’ai enfoncé la pointe de la lame et je l’ai marqué d’un K. J’ai joué avec la plaie déchaînant son ardeur et il s’est retourné vivement, me prenant avec force contre le rocher, griffant mon dos et laissant sur la pierre une marque rouge écarlate. Nos sens ont été vite contentés mais dès que cela fut finit, son regard se perdit de nouveau.

Je l’ai entraîné près du feu de camp et j’ai soigné les entailles que je lui avait faites. Nous avons discuté un peu. Il m’a demandé si sans ce trouble en lui, nous en serions venus à une telle proximité. Je n’ai pas voulu lui mentir ou adoucir mes mots et je lui ai répondu que oui. Sans cela, je n’aurais pas sentit son attachement à moi. Mais je lui ai précisé que ce n’était pas pour autant que je voulais qu’il reste ainsi. J’ai besoin d’un mâle fort. Il a apprécié. Nous sommes ensuite partis pour rejoindre une maison où nous abriter pour nous reposer.

Jour 17 d’elfist du fingelien 384.

Il s’est passé d’importantes choses depuis la dernière fois que j’ai écris. Un Natif à été assassiné par un groupe d’individus masqué. J’ai pu reparler de mes craintes de le voir disparaître à mon tigre argenté. Mais ce n’est pas ce que je veux aborder. C’est une colère personnelle qui me fait prendre ma plume.

Je n’avais pas vu mes femelles depuis plusieurs jours. Khaena savait que c’était parce que je passais du temps avec mon nouvel amant. Mais je n’avais pas encore parlé de cela avec Killya. Après la dernière visite d’irilion dans les étendues gelées de l’archipel sud, j’ai pu passé du temps avec ma louve. Nos corps se sont retrouvés. Elle ne m’a fait aucun reproche sur mes absences.

J’ai voulu parler à Killya après, lui dire de ce qui se passait entre le « petit chat » et moi. J’ai commencé par lui demander comment elle allait. Elle a fuit la réponse. Elle a commencé à me caresser sensuellement supposant que si je l’avais demandée c’était parce que je n’avais pas été assez satisfaite. Je lui ai répliqué que c’était un bonus. J’ai insisté pour lui parler de ma nouvelle relation. Mais elle était déjà au courant, allant même jusqu’à dire que j’étais amoureuse de lui. J’ai voulu lui parler de la situation particulière dans laquelle il était et ce qui allait probablement arriver mais cela ne l’intéressait pas, apparemment. Elle a reprit ses avances expertes, me faisant oublier ma vexation.

Je garde un goût amer en y repensant. Pour une fois que j’allais livrer mon vague à l’âme et mes craintes à ma sombre, elle s’en est moqué comme d’un lapin retrouvé mort à Trépont. Une fois de plus, je n’ai pas le droit de choisir mes amants sans son accord. Puisqu’elle ne veut pas savoir, je garderai le silence sauf pour lui signifier le bien qu’elle fait à mon corps. S’il n’y a que cela qui l’intéresse maintenant.

Jour 29 d’elfist du fingelien 384.

Il a prit l’elixir. Il est tombé raid devant elle. Elle m’a appelé, le ton froid comme s’il s’agissait d’une personne quelconque qu’elle aurait croisé dans la rue. Elle m’a indiqué l’endroit mais n’est pas restée. Pas une once de sympathie. Je ne sais pas ce qu’il lui a dit exactement. Je me suis rendue sur place dès que possible. Il gisait au sol inerte. J’ai réussis péniblement à le ramener sur le lit. Il n’a réagit qu’à l’ordre de se réveiller. L’elixir était réussit.

Depuis, je ne pense plus qu’à consulter la Déesse. Il faut que je saches pourquoi sa malédiction me suit. Elle a tissé une trame dans sa toile pour moi. Si je m’en écarte, elle me punit en s’en prenant à mes proches. Il est temps que je l’écoute.

Jour 11 du fingel du fingelien 384.

La Déesse l’a mit à l’épreuve. Il est sauvé.

J’avais passé beaucoup de temps au temple depuis qu’il avait prit l’elixir. Je me surprends moi même de ce désir de prière. J’ai rejeté si longtemps le culte… La Déesse a usé mon cœur avec sa Malédiction jusqu’à ce qu’il ne puisse plus le supporter et que je me tourne de désespoir vers elle. Une part de moi n’aime pas cette manipulation divine et l’autre est apaisée de savoir qu’Elle veille sur moi.

C’est arrivé après l’inauguration des forges nains d’illumen. Leurs festivités commencèrent par un hommage aux ouvriers morts lors de l’attaque des gobelins défendant leur village souterrain. En tant que Chambellan, il me fallait être présente ainsi que pour l’image des sombres. Bien que la présence de Dalz a considérablement gâché cette visée diplomatique.

Khaena m’a accompagnée, elle a besoin de ma présence. Je ne me suis presque pas occupée d’elle depuis qu’il a eu ses problèmes. Le jeune Morax m’a proposé son bras pour me rendre aux Forges. Cela m’a beaucoup amusée. Devant mon refus, puisque Khaena venait, il a lancé l’invitation à toute femelle qui voudrait de lui. Dommage qu’aucune ne lui ai répondu. Il est tout de même venu. J’ai ensuite appelé Mulvaar pour qu’il me serve d’escorte de sécurité. Dalz était là aussi, pour provoquer, évidemment, même s’il s’en défendait et se servit du prétexte de l’escorte pour justifier sa présence.

Je me suis recueillie devant chaque dépouille et devant leurs caveaux. Je n’ai pas fait d’offrandes. Je ne savais pas que c’était de coutume naine et de toute façon, je n’en avais pas envie. Ils nous crachent dessus pourquoi aller leur dire merci ? Dalz a lui trouver le moyen de les insulter. Un présent qu’ils ont considérablement apprécié.

Puis les Forges ont été ouvertes et nous sommes allés visiter. J’ai pris le temps d’aller coucher ma sombre que la fatigue avait terrassée avant de m’y rendre. Tout le monde avait l’air ébahit devant cette construction. Une grande muraille, quelques fourneaux, des chariots sortant de la grotte de l’ancien village gobelin, un autel avec une enclume, une table avec des tonneaux de bière…Je n’ai pas trouvé cela exceptionnel, ou tout du moins à mon goût d’elfe noire. Aucun regret de ne plus y mettre les pieds.

J’ai décidé de prendre du repos à Naralik. Mon garde me suivait docilement. J’ai profité de l’air du soir en arrachant quelques absinthes. Quand ma sérénité a été retrouvée, je suis partie pour le temple. Il a continué à me suive. Je ne lui avais pas donner d’ordre contraire. Nous nous sommes agenouillés devant l’autel.

C’est là que l’épreuve a commencé. Il a été secoué de tremblements terribles. Retombant inanimé par deux fois. J’ai utilisé mes vieux souvenirs du clan Norhen Dagha faisant appel à deux incantations : celle de la Vie puis celle de la Purification. Alors que le dernier rituel le faisait succomber une dernière fois, je me suis sentie désemparée. Je ne savais plus comment le sauver. Alors je me suis jetée sur mon sac pour me préparer à la transe. C’est alors qu’il a commencer à reprendre ses esprits peu à peu.

J’ai subitement compris le message de la Déesse. Je dois rétablir le Culte.

Jour 15 du fingel du fingelien 384.

Khaena est partie. Elle a envoyé son palot blond pour me l’annoncer. Je fulmine intérieurement tout autant que mon cœur soufre. Elle m’avait dit que ce qui s’était passé entre Kely et moi et les troubles qui avaient suivit l’avait endurcie. Elle faisait la fière en affirmant que mes absences ne la dérangeait pas. Mon amour l’a ramollie d’un seul coup en fin de compte. Je m’en veux, je lui en veux, j’en veux à Mulvaar, à Fharath, à Eryann !

Que n’était-il pas un mâle digne de ce nom ! Il était tout ce qu’elle désirait pourquoi est-ce qu’elle n’a pas pu s’y attacher plus qu’à moi ? Aimant, doux, tendre, romantique…Tout ce que je ne puis offrir à ma louve sur la durée. Je suis sure qu’elle le savait…Je l’ai à plusieurs fois poussée à aller vers lui. Elle revenait toujours vers moi. Alors qu’elle savait qu’elle serait malheureuse.

Elle m’a envoyé une lettre pour me demander pardon d’être partie. Je l’ai reçu ce matin. Je lui en ai écrit une aussi. Rassurante et pleine d’espoir. Oh oui, j’aimerai la revoir…Mais peut être vaut-il mieux qu’elle reste auprès de Bahar si elle soufre moins. Les jours pour mon peuple s’annoncent plus durs. La Déesse veut nous voir relever la tête. Ce climat ne lui correspondra pas, c’est certain…Mais je ne puis plus me battre contre Sa Volonté. Elle a brisé ma résistance, je ne puis plus que lui obéir.

Jour 24 du fingel du fingelien 384.

Khaena a répondu. Elle part pour une contrée lointaine. Je ne sais pas si elle recevra l’autre lettre que je lui ai envoyé en retour. Je ne savais pas quoi lui raconter. Je ne veux pas la laisser dans un silence total. Je lui ai parlé des sombres. Du départ de Dalz et du calme relatif qui en a suivit, un peu des nouveaux frères qui sont arrivés.

J’ai été incapable de répondre à sa dernière phrase. Elle a souligné le fait que son amour pour moi est toujours là même si je ne lui en renvoyais pas un aussi fort. J’aurais du trouver des mots pour la rassurer mais comment ? J’ai été incapable de lui dire que je l’aime. Elle va sûrement le prendre comme un rejet.

Je n’ai pas dit un seul mot sur mon sombre non plus. Je ne pense pas qu’elle aurait été aussi amusée que moi d’apprendre qu’il est un brin possessif et que les jeunes frères auront du mal à devenir des prétendants à mes charmes. Pour le moment, c’est un jeu de le voir ainsi. Me connaissant, il se pourrait que je finisse par m’en agacer. D’ailleurs, je l’ai prévenu qu’il n’avait pas son mot à dire si je voulais un autre amant tant que celui-ci se comportait convenablement.

Je suis encore sous l’effet de la fraîcheur de ma relation avec lui aussi n’ai-je envie d’aucune autre étreinte que la sienne. Pour combien de temps, là est la question. Les épreuves que nous avons subies lui et moi nous ont rapprochés sous la bénédiction de Lith. Je lui ai dit qu’il devra passer les épreuves de l’Union. Je réalise encore mal que ces mots se soient échappés de mes lèvres. Il semblerait que je sois vraiment amoureuse comme le disait Killya.

Je n’ai plus envie de quitter mon titre non plus. Mon tigre argenté me donne la force de me relever et l’envie d’avancer plus loin pour les nôtres. Il est l’instrument de Lith pour me montrer la Voie. Mais il n’est pas Sa Parole. Je sais où je dois aller, mais la façon de faire m’appartient. Le jour n’est pas venu que j’abandonne toute réflexion pour les beaux yeux de lys d’un puissant fauve.

Je culpabilise de me sentir si bien alors que ma louve soufre de mon indifférence. Je ne sais pas quoi faire pour l’apaiser…

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