A mon réveil, Anyume n’était toujours pas là… j’ai commencé à m’inquiéter. Alric l’avait elle trouvée? Avait-il mis ses menaces à éxécution ? J’ai parcouru le désert à sa recherche. Mais le désert est immense… J’ai fini par retourner à Pyr espérant la trouver. J’ai regardé aux bains à tout hasard. Il n’y avait personne.
J’ai fini par retourner à la taverne de Lydix. J’allais l’attendre là… avec un peu de chance, elle y passerai réclamer son jus de baies rouges au poivre.

Je sirotais ma bière de shooki pensive quand une belle matisse m’a saluée. J’ai répondu à son salut mécaniquement toujours perdue dans mes pensées. Elle a commandé une infusion à Lydix. Je pensais à Anyume… Où pouvait elle être? La matisse a dit quelque chose et finalement est retournée au fond de la salle en grommelant quelque chose sur les fyros.

Je me rendais compte que j’avais été parfaitement impolie. Elle m’avait demandée si j’attendais quelqu’un et devant mon silence, était repartie en pestant contre les fyros et leur bavardage. Je me suis excusée en souriant : « Désolée… Vous ne me dérangez pas… j’étais juste pensive… Et vous, vous attendez quelqu’un? ». Elle a répondu : « Na mindala et vous ? ». Je ne savais pas ce que signifiait « Na mindala »… J’ai supposé que c’était le nom de quelqu’un. J’ai répondu un peu dépitée de ne pas voir Anyume : « moi?… ma prochaine bière… peut-être… ».

Elle semblait curieuse : « Et … ma présence ne vous gêne pas ? ». Je l’ai regardée un peu surprise : « Non… pourquoi me gênerait elle? vous êtes très discrète. ». Elle a alors précisée : « Je suis blanche comme la neige ! ». J’ai alors compris qu’elle faisait allusion au fait qu’elle était matis et moi fyros. J’ai répondu en souriant : « Et moi mate comme le sable des dunes… Est ce que çà doit faire de nous des ennemies? ». Je me suis approchée. Elle a souri visiblement amusée : « J’aime cette couleur mais la mienne ici n’est pas très aimée. ». Je n’ai pas osée lui dire que la couleur neige de sa peau lui allait particulièrement bien. Elle était très belle et délicate comme le sont les matis.

Elle a tapoté le sol à côté d’elle : « Je ne mord pas… ». J’ai ri en m’asseyant à ses côtés : « Si en plus les matis mordaient… ils seraient encore moins aimés! ». Nous nous sommes présentées. Elle se nommait Isyldia. J’ai demandé ce qu’elle buvait. C’était une infusion apaisante à base de plantes. J’étais surprise que Lydix serve ce genre de choses alors qu’il savait à peine servir un jus de fruit. Elle a souri : « Quand on demande gentiment et qu’on fréquente souvent les lieux on peut demander à laisser ses infusions ». Elle m’a proposée de goûter. J’ai hésité en l’observant, on m’avait souvent dit que les matis étaient des experts en poison et qu’il valait mieux éviter d’accepter quelque chose à boire ou à manger venant d’eux : « Je ne suis pas très… infusion… ». Puis, je me suis sentie stupide, au diable les à priori, elle était avant tout une homine et m’avait offert avec gentillesse de partager quelque chose avec moi. J’ai pris la tasse et j’ai bu une petite gorgée. Ce n’était pas désagréable. J’ai rendu la tasse à Isyldia.

Toujours aussi curieuse, je lui ai demandé ce qu’elle faisait à Pyr. Elle a baissé le regard : « Longue et Noire histoire… Mais je veux rester ici avec Na mindala… Pardon je parle Mateis… avec mon amour. ». Est ce que c’était un fyros ? Elle a acquiescé : « Un légionnaire même. Et ce n’est pas facile tous les jours. ». J’imaginais mal un légionnaire avec une matisse. De qui pouvait il bien s’agir? C’était Diwen. Je me souvenais de ce nom qu’Eeri avait prononcé au sujet d’une histoire avec une matisse. J’ai compris qu’il devait s’agir d’Isyldia. Je lui ai précisé alors que je connaissais bien les légionnaires pour en avoir été une. Elle aussi était curieuse : « Pourquoi ne plus en être une ? Si ce n’est pas indiscret … ». J’ai répondu en souriant : « Parce que justement, je les trouve trop… anti-matis… ». Elle s’est étouffée de rire : « Anti-Matis il a changé… Je l’ai retrouvé errant dans le désert, perdu et on s’est rapprochés ».

Elle m’a regardée en tapotant sa tasse : « Je peux vous demander quelque chose ? Pourquoi ne plus être une Légionnaire aujourd’hui ? ». J’étais étonnée qu’elle me pose à nouveau la même question. Sans doute, ma première réponse ne l’avait pas satisfaite, alors j’ai précisé : « J’ai l’espoir un jour de devenir ranger… je sais que certains pensent que c’est une lubie qui me passera…« . Je pensais à Icus et à ce qu’il m’avait dit sur la nouvelle orientation de ma vie. Puis j’ai ajouté : « Mais je garde de bons contacts avec tous les légionnaires! ».

Elle a eu un petit regard triste : « Je vous envie. Ils ne m’aiment pas beaucoup. Serae Eeri est une amie après certains me font même peur… ». Ça ne m’étonnait pas vraiment : certains étaient du genre à taper d’abord et discuter ensuite. Elle m’a regardée en acquiesçant : « Je me souviens avoir goûté de cet à priori… Une petite séance de dite « torture » quelques bleus et cicatrice rien de plus ». Je l’ai regardée effarée en me disant que j’étais heureuse de ne plus être légionnaire à cause de ce genre d’exactions qui me répugnaient. Elle a retrouvé le sourire en affirmant : « Ça n’a fait que nous rapprocher Diwen et moi. C’est loin maintenant vous savez! « . J’ai secoué la tête : comment des homins pouvaient être aussi stupides… Elle a posé sa main sur mon épaule : « Je ne suis pas aussi innocente qu’une fleur fraîchement sortie de terre non plus. ». J’ai souri : « Non les matis le sont rarement! ». Prononçant un de ces « à priori » que je reprochais aux autres. Ça l’a fait sourire.

Elle se demandait si j’attendais les légionnaires. J’ai répondu un peu tristement en pensant à Anyume : « J’espérais croiser une amie mais je crois qu’elle ne viendra plus… ». Soudain, Gunbra est arrivée en lançant un tonitruant « cal i selak » auquel j’ai répondu de façon toute aussi tonitruante. Isyldia a sursauté. Je me suis excusée de lui avoir fait peur pendant que Gunbra repartait aussi vite qu’elle était venue. Elle m’a expliquée qu’elle venait tout juste d’apprendre ce que cela signifiait : Force et gloire. C’était comme un cri de guerre ou de rassemblement pour se donner du courage. Sans doute que cela devait beaucoup plaire aux légionnaires de la voir sursauter à chaque fois, au moins ils avaient l’impression de faire peur au matis. Nous avons ri de concert.

J’ai raconté ma réaction lorsque j’avais vu pour la première fois un matis alors que j’étais encore enfant. Il avait la peau si blanche, que je l’avais cru mort comme une esprit presque transparent. Trouvait elle çà stupide? Elle m’a répondu simplement : « Non je ne trouve pas. Un enfant rêve même éveillé.. Puis elle a continué pensive : « Moi il venait de se faire avoir par… Brinn… ».

Icus est arrivé coupant court à notre conversation et s’installant près de nous. Il y a eu quelques minutes de silence. Isyldia pensait être de trop mais ce n’était pas le cas. Je me demandais juste ce qu’Icus faisait là. Puis, Gunbra et Diwen sont arrivés eux aussi. L’apparition de Diwen provoquant un beau sourire sur le visage d’Isyldia. Gunbra a demandé comment se passait ma vie de non-légionnaire. J’ai répondu amusée : « Je profite! Je n’ai pas à m’entraîner tous les jours, ni à nettoyer mon armure… ni à faire des kamipompes! ». Diwen a grogné : « La vie facile hein … ». Je n’ai pas répondu. Mais j’étais amère. Que croyait il? Que c’était facile de survivre seule ici? Ne se rendait il pas compte qu’au sein de la légion, il était protégé et mangeait tous les jours à sa faim ?

Gunbra m’a fait retrouver un peu le sourire quand elle a déclaré : « Oui mais tu ne te délectes pas à massacrer des Matis! ». J’ai répondu pourtant assez sérieusement sentant qu’Isyldia avait pu être blessée par la repartie de Gunbra : « Je n’ai jamais pris plaisir à maltraiter des homins uniquement parce qu’ils ont une peau plus blanche que la mienne. ». Gunbra a répliqué un peu obtuse comme à son habitude : « Mais ce ne sont pas des homins, ce sont des matis! ». Puis elle a regardé Isyldia : « oui bon certains ont peut-être un petit quelque chose de homins ». Isyldia l’a remerciée pour ce semblant de compliment.

J’ai fini mon verre. Je voulais m’en aller me sentant toujours blessée par la remarque de Diwen, je préférais partir pour continuer à chercher Anyume. Icus m’a retenue un instant en me demandant si j’avais participé à la réunion de la N’ASA. Je lui ai confirmé. Il voulait qu’on se retrouve à l’occasion pour en parler. J’ai accepté.

Je suis sortie en les saluant. J’ai cherché Anyume toute la nuit courant à droite et à gauche sans vraiment de stratégie. Ma recherche ressemblait plus à une fuite en avant. Qu’est ce que je fuyais? J’ai fini par me rouler en boule dans un coin trop épuisée pour continuer…

«