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Fairhaven enfin!

Nous étions prêtes au départ Lyouna et moi pour le téléporteur du bosquet de l’ombre. J’avais prévu de partir très tôt, étant persuadée que j’allais me perdre dans les méandres de la jungle zoraï. A tout hasard, j’ai demandé sur le canal de la guilde si quelqu’un était intéressé pour nous accompagner jusque là. Je ne m’attendais pas vraiment à de réponses puisque la plupart des légionnaires avaient déjà fait le voyage. C’est avec surprise que j’ai entendu Ywan répondre qu’il voulait venir avec nous. Je dois dire que j’étais heureuse et rassurée qu’il nous rejoigne. Il connaissait la région pour l’avoir souvent parcouru seul.

Il nous a guidé sans hésitation au milieu de la jungle. Je crois que j’ai commencé à avoir peur quand il s’est dirigé droit vers un nid de kitines qu’Icus avait fait en sorte de nous faire éviter en faisant un grand détour. Ywan était confiant, il était déjà passé par là : étrangement, les créatures n’attaquaient pas… Je dois dire que je n’étais absolument pas rassurée pour autant. Passer au milieu de ces insectes répugnants et géants ne m’enchantait pas du tout. J’ai pris une grande inspiration et j’ai suivi Ywan au milieu des créatures. J’entendais le bruit caractéristique de leurs griffes sur le sol mais comme l’avait affirmé Ywan, elles ne nous attaquaient pas. La peur commençait pourtant à m’envahir. Je m’imaginais tomber sur le corps à moitié dévoré de Kyshala. Et si je la trouvais là au milieu des créatures avec Morandy? J’ai commencé à paniquer courant de plus en plus vite vers la sortie de l’amas de griffes.

Est ce ma peur qui les a attirées ou est ce que l’un de nous avait donné un coup par inadvertance à l’une d’entre elles? Elles nous ont soudain attaqués alors que nous étions en train de sortir de leur nid… Malgré l’intervention des gardes, nous avons fini par tous succomber. Ywan a demandé une résurrection aux kamis et est revenu nous relever. J’étais pâle je crois, mais incapable d’exprimer la terreur qui m’avait prise au milieu des kitines.

Nous avons continué la route, cette fois sans encombre jusqu’au téléporteur. Nous étions en avance, très avance… J’avais vraiment prévu large pensant nous perdre mais avec Ywan qui nous avait guidé tout avait été beaucoup plus simple. Allions nous attendre les autres pour partir? Nous sommes descendu vers le vortex des primes racines pour au moins profiter de la vue. Icus était là. J’ai vaguement émis l’idée de partir pour Fairhaven tout de suite. Icus a répliqué d’un ton sans équivoque : « on attend les autres! ». Puis, il est parti s’allonger un peu pour faire une sieste en les attendant. Lyouna, Ywan et moi, nous nous sommes regardés. Il fallait encore attendre de longues minutes avant que les autres arrivent. Nous sommes partis sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller Icus, nous étions tous d’accord pour tenter la traversée à trois.

La beauté des primes racines était une fois de plus enchanteresse : des gubanis, des bodocs et des mektoubs blancs parmi des plantes étranges aux couleurs fluorescentes…

Mais cette beauté hors du temps cachait les créatures les plus dangereuses d’Atys : des varynx à la peau sombre, des énormes tyranchas et des vorax, des espèces de lézards géants qu’on ne trouvait qu’ici.

Aussi quand Ywan nous a dit avec humour « c’est le moment de serrer les fesses », en nous montrant un passage entre ces créatures, je serrais tellement mes petites fesses potelées que j’aurais pu casser une noix. Nous avons sprinté mais heureusement aucune créature ne nous a attaqué. Nous avons finalement atteint le vortex qui menait aux pays trykers.

Nous nous sommes reposés un instant le temps de nous remettre de nos émotions. Ywan et Lyouna ont bien ri quand je leur ai raconté à quel point j’avais serré les fesses. Plus tard, nous avons d’ailleurs décidé que le cri « casse-noisette » signifierai pour notre petite troupe « attention danger ».

Il nous a fallu repartir, nous n’étions pas encore à Fairhaven. Il fallait passer entre des cutes, une tribu primitive particulièrement agressive. Ils formaient un barrage presque infranchissable. Nous avons tenté d’en combattre un : moi et Lyouna au soin et Ywan au combat. Ces êtres étaient particulièrement résistants… Nous ne pourrions pas passer en force. Mais la technique d’Ywan était la discrétion. Seul, il parvenait souvent à passer sans encombre mais nous étions trois et pas forcément aussi silencieux et discrets qu’une seule personne. C’était d’autant plus difficile que Lyouna était épuisée et avait du mal à nous suivre avec ses petites jambes. Pourtant, après plusieurs essais, nous avons pu rejoindre l’eau des lacs, synonyme d’abri sur Atys.

Fairhaven était en vue. Lyouna et Ywan se sont endormis au pied du téléporteur kami. Mais moi, je n’arrivais pas à dormir. Je voulais découvrir ce pays qui avait tant plu à ma cousine Kyshala. J’en rêvais depuis que j’étais arrivée à la surface. Je me suis baignée appréciant la limpidité de l’eau qui permettait de découvrir le merveilleux spectacle des fonds lacustres.

Alors que je profitais de ma baignade improvisée, j’ai vu arriver les légions fyros. Je les avais complètement oublié. Ils avaient rattrapé une grande partie du retard qu’ils avaient sur nous. Sans doute avaient ils pu passer sans encombre le barrage des cutes qui nous avait tellement posé problème. Ils courraient tous vers la taverne de Fairhaven semblant faire la course. J’ai suivi le mouvement.

Archlongine a annoncé fièrement qu’elle était la première. Icus a profité que nous étions rassemblés dans la taverne pour accueillir une nouvelle recrue : Gunbra. Elle avait déjà participé à plusieurs de nos expéditions. Pour ma part, j’avais particulièrement apprécié sa présentation un peu « brute de fonderie » dans notre hall de guilde surtout quand elle avait parlé d’Artifice qu’elle trouvait bizarre parce qu’elle se baladait souvent en petite culotte.

La soirée s’est poursuivie avec des verres de bière de shooki et de liqueur d’ocyx. Le reste est assez flou, je dois dire… Je suppose que j’avais un peu trop bu et que j’ai du m’endormir sur place.

Libération du désert ardent

Depuis le deuxième grand essaim, les nids de kitines étaient toujours présents provoquant parfois des incidents malheureux lorsqu’on s’en approchait de trop près. il était grand temps de les refermer. Et c’est par le désert ardent que nous allions commencer.

Les légions fyros avait été réquisitionnées à Thesos et devaient se mettre sous les ordres de l’officier de l’armée impériale Ibritis Ibirus. Tous ceux qui le désiraient pouvaient se mettre à son service. D’autres groupes étaient également présents à Pyr et à Dyron et avaient le même objectif : détruire tous les nids de kitines.

Pour l’occasion et sur les conseils d’Eeri, je m’étais achetée une nouvelle armure légère. Pour les magiciens, c’est ce type d’armure qui était recommandé. Une moyenne ou une lourde étaient gênantes pour lancer des sorts et je voulais être la plus efficace possible pour la bataille qui allait avoir lieu. Au marché, je n’en avais trouvé aucune correspondant à la fois à mon niveau de magie et de la couleur rouge de la légion. Au final, j’avais opté pour un mélange de couleurs blanche et bleue.

Forcément quand les légions fyros se sont rassemblées toutes de rouges vêtues, je ressortais un peu du lot avec Bjorka qui n’avait pas non plus d’armure au couleur de la légion. Sylve a râlé déclarant que nous aurions pu réclamer notre armure rouge et qu’on nous l’aurait fabriquée : la légion subvenant au besoin de base de ces légionnaires. Mais à vrai dire, je n’aimais pas demander me sentant par la suite redevable. Il faut dire que même pendant les longs mois que j’avais passés en tant qu’enfant des rues, je n’avais jamais usé de la mendicité comme le faisait certains. Sans doute, qu’un jour la faim et le désespoir m’auraient poussée, moi aussi, à le faire si Eeri ne m’avait pas retrouvée…

Une seule fois, j’avais demandé une parure de bijoux magiques à Icus, presque forcée par Ywan. Mais j’avais tellement mal formulé ma demande que j’avais fini par avoir une parure que ma force magique n’était pas capable de supporter. Je n’ai jamais osé en parler Icus, mortifiée à l’idée de l’avoir fait travailler pour rien. Enfin pas pour rien, un jour je pourrais la porter sa parure. En attendant, j’utilisais une vieille parure usée et plus du tout adaptée à mes progrès en magie que Ywan avait pris pour moi dans le hall de guilde, il y a bien longtemps.

Nous étions près à partir. L’angoisse me nouait la gorge. Je savais que Kyshala avait vécu plusieurs batailles contre les kitines et qu’elle avait disparu durant la dernière. Est ce que moi aussi, j’allais disparaître? Est ce que mon corps allait être emporté par les kitines au fond de leur trou? Je me souvenais de la description horrible qu’elle avait faite des kitines dévorant des homins… Est ce que j’allais être dévorée moi aussi?

Alors que ces idées noires me trottaient dans la tête, notre armée s’est mise en route au pas de course. Il fallait boucher les nids le plus rapidement possible afin d’éviter qu’elles s’organisent. Nous sommes arrivés au premier nid. D’habitude je les regardais de loin mais là nous allions les combattre. il y a eu un bref moment d’observation mutuelle puis une clameur : les guerriers homins s’enfonçaient dans les rangs des kitines.

Ils ont été balayés. J’ai vu la marée de kitines s’avancer vers moi. La terreur m’a tétanisée. Je regardais les insectes sans réagir, les homins tombaient autour de moi. Et soudain, je me suis enfuie dans un dernier instinct de survie. Je courrais droit devant. D’autres soigneurs s’enfuyaient aussi tout comme moi, certains étaient pris à revers par des attaques de varynx qui profitaient de cette occasion. Et là… enfin… l’eau protectrice…

J’ai repris mes esprits et j’ai eu honte… honte d’avoir laissé mes frère d’armes sur place, sans soin. Est ce que c’était ce qui était arrivé à Kyshala? La rage m’a prise j’ai couru en sens inverse. Il fallait que je les sauve. Je lançais des soins à droite et gauche. Les soigneurs revenaient relevant les homins qui repartaient à la charge. A plusieurs reprises, je suis tombée : je ne fuyais plus. Je demandais une résurrection aux kamis, retournant en courant vers mes compagnons. Il a fallu plusieurs charges pour venir à bout de ce premier nid. Mais enfin, toutes les kitines ont été éliminées et le trou rebouché.

Puis nous avons continué, nous organisant un peu mieux à chaque nouveau nid. Pourtant à l’avant dernier nid, la bataille a failli tourner à notre désavantage : les kitines décimant les premiers rangs que les soigneurs ne pouvaient plus soigner attaqués par des varynx en arrière garde. Je suis tombée comme beaucoup d’autres. Un vortex n’était pas loin : j’ai demandé une résurrection et je suis repartie. Mais, une attaque de varynx m’a, à nouveau, fauchée. Je savais que la dette de vie que j’aurais à rembourser aux kamis serait énorme mais après tout j’étais une soigneuse et je me devais d’aller relever les autres quel qu’en soit le prix. Plusieurs fois ainsi, j’ai essayé de rejoindre les combattants mais je ne passais pas le barrage des carnivores. Alors, j’ai attendu que d’autres me rejoignent au vortex. Nous nous sommes organisés vaguement, nous soignant le mieux possible et nous sommes repartis en groupe cette fois. Zaydan était là en tant que tank, il m’a ouvert un passage. J’étais stupéfaite par le nombre d’homins à terre. J’ai soigné encore et encore. Finalement, ce nid a été refermé. Je me souviens des fanfaronnades de quelques légionnaires qui se vantaient de n’avoir rien eu à devoir aux kamis à la suite de cette bataille, j’ai répondu assez vertement ce jour là : savaient ils à quel point certains s’étaient dévoués accumulant une dette énorme de sève de vie aux kamis pour qu’eux ne doivent rien à personne? Je ne suis pas sûre que ma remarque ait été très appréciée.

Puis le dernier nid a été lui aussi rebouché. Icus a voulu faire quelques luciogrammes de groupe devant le dernier nid pour ne pas qu’on oublie ce que nous avions fait. Puis, nous nous sommes tous rendus à la taverne de Pyr pour fêter çà.

Je dois dire que je n’avais pas très envie de faire la fête. Toutes ses images sombres de Kyshala et de sa dernière bataille me trottaient dans la tête. Mais j’ai quand même pris un verre. J’ai remarqué les regards de plusieurs légionnaires sur les fesses très dénudées d’Eeri dans son armure légère zoraï. Quand je lui ai fait remarquer qu’elle avait beaucoup de succès. Elle a répondu d’un ton maussade qu’elle s’en passerait bien. Pourquoi? Ne voulait elle pas quelqu’un dans sa vie? Mais, en posant cette question, je me rendais compte que je ne l’avais jamais vu avec qui que ce soit… Elle me disait qu’elle ne voulait rendre de compte à personne et être libre de toutes attaches. Avait elle peur de souffrir? Mais ce n’était pas çà : elle avait plutôt peur de faire souffrir. J’ai répliqué avec un petit sourire qu’elle était pourtant attachée à « sa petite Shaa ». Mais, pour elle, ce n’était pas pareil… J’ai voulu savoir pourquoi ce n’était pas pareil. Mais comme à chaque fois que je cherchais à entrer un peu plus dans son intimité, elle détournait la conversation.

Elle m’a parlé de Glorf qu’elle était allée voir avec Icus, le chef des légions fyros quand Kyshala était encore là. Tout le monde le croyait disparu et pourtant Icus et elle l’avait retrouvé. J’ai pensé alors qu’il y avait encore l’espoir de retrouver Kyshala. Mais Eeri me disait qu’elle la pensait morte. J’ai encaissé le coup. Elle a poursuivi sur sa rencontre avec Glorf. Celui-ci n’était plus lui même. Il avait décidé de vivre parmi les Fraiders, ses étranges guerriers frahars. Il disait s’appeler désormais Glorrrf. Il avait absorbé une drogue durant son rite d’initiation et avait désormais le langage primitif des frahars : « Glorrf frraiderrr maintenant. Frrrrraiderrr!!! ». Je ne comprenais pas comment on pouvait choisir de devenir un être primitif… Mais Eeri m’expliquait qu’il avait choisi de tout oublier, ne se remettant pas de la mort de son empereur Dexton et de celui de ces camarades. Elle a ajouté que c’était comme çà et qu’il fallait l’accepter et vivre avec. J’ai compris enfin, où elle voulait en venir : Je devais vivre désormais avec l’absence de Kyshala…

Pendant toute cette conversation avec Eeri, je n’avais absolument pas suivi les autres conversations autour de moi. J’ai été au bar commander plusieurs bières de shooki… J’avais du mal à accepter. J’ai avalé plusieurs verres d’affilé, recherchant l’oubli dans l’alcool. J’ai commencé à m’écrouler. Je crois que je me suis endormie un bref instant le front sur le comptoir. Puis soudain, deux claques m’ont sortie du sommeil brutalement. Eeri m’avait réveillée à sa manière douce. J’ai beuglé : « çà va pôô nononono!!! ». J’étais prête à en découdre avec elle et lui rendre les baffes qu’elle m’avait donnée. Et elle m’a criée : « En slibard et sans parure, allez!!! ». J’ai obéi pressée d’en découdre avec elle. Et soudain, j’ai pris le poing de Gunbra en plein figure. Mais qu’est ce qu’elle me voulait elle? Je lui ai sauté dessus commençant à taper comme une sourde. Eeri souriait en sirotant son verre, pendant que Gunbra me susurrait d’un air agressif : « Je vais te répandre le rouge de tes yeux sur tout ton corps ». Eeri m’encourageait : « héééé tu te débrouilles bien!!!! Allez tape ça défoule!! ». Je continuais à taper encore et encore, extériorisant toute ma rage. Puis, Gunbra s’est écroulée me faisant sortir de l’état second dans lequel j’étais. Et j’ai compris : j’avais été enrôlée malgré moi dans un concours de combat à mains nues.

Les combats ont continué. Eeri devait se battre contre Archlongine mais elle a perdu contre la grande zoraï à la si grande allonge. Puis, c’est moi qui ai du la combattre. Moi aussi, j’ai perdue. L’alcool, les coups reçus et données ont eu raison de moi. Je ne comprenais plus rien. Je ne voyais plus qu’une masse informe de légionnaires se battant entre eux dans une mêlée générale… Je me suis endormie à même le sol dans la taverne…

Départ des légions fyros

Pendant plusieurs jours, je n’ai pas réussi à dire à Eeri la décision que j’avais prise de quitter la légion. Les mots me restaient coincés dans la gorge. Et quand elle me proposait d’aller prendre une armure lourde dans le hall de guilde, j’esquivais, déclarant que je le ferais plus tard.

Finalement, c’est Icus qui m’a contactée télépathiquement. Il avait vu les messages de demandes d’informations sur les rangers que j’avais laissé dans le hall réservé aux neutres. J’ai été surprise sur le moment mais j’ai compris ensuite ma bévue. Je pensais être discrète en laissant mon message mais je l’avais mis dans le hall réservé aux neutres de culte et pas de civilisation.Tous les légionnaires étaient pour le moment restés neutres au niveau religieux à la demande d’Icus. Cela avait d’ailleurs fait grincer des dents : ne prendre partie pour aucune religion, c’était se couper l’accès à un certain nombre de téléporteurs. Mais la règle avait été suivie.

Icus m’a alors indiqué le nom de quelques personnes qui avaient des connaissance sur les rangers. Son attention m’a touchée. Je me sentais mal de lui cacher mes intentions de départ. J’ai fini par lui raconter que j’avais participé à la libération des terres matis. Je m’attendais à une colère noire de sa part, à une punition, voir un bannissement… Mais, il n’en a rien été. Icus a émis un son entre un grognement et un toussotement gêné. Ne le voyant pas réagir, plus que çà, j’ai fini par déclarer que j’allais quitter les légions fyros mais que je voulais rendre mon écusson à celle qui l’avait apposé sur mon armure : Eeri. Il a répondu : « C’est mieux oui! ». J’étais inquiète, il semblait si éteint par la nouvelle. Je lui ai alors demandé si il m’en voulait. Il a répondu légèrement agacé que ce n’était pas le cas. La conversation s’est éteinte d’elle même… Je ne voyais plus vraiment quoi lui dire.

Quelques jours plus tard, pourtant, j’ai pu en apprendre un peu plus sur le fond de sa pensée. Pour lui, ma décision n’était qu’une lubie utopique du à mon jeune âge. Peut-être avait il raison… peut-être que je ne serais jamais ranger et que l’idéal de fraternité entre les peuples ne pourrait jamais être atteint… Mais ce dont j’étais sûre c’est que les kitines resteraient mon principal ennemi pour avoir tué mon oncle et avoir été la cause de la disparition de Kyshala. Et, il était également sûr désormais que je n’accepterais plus de faire partie d’une guilde qui attaquent d’autres homins avec comme seule justification qu’ils font partie d’un autre peuple…

C’est le lendemain que j’ai pu parler de mon départ des légions fyros à Eeri. Je me doutais qu’Icus ne tarderait pas à lui rapporter mes paroles. Quand je lui ai dit que je voulais devenir ranger comme les rangers de Silan. J’ai senti son angoisse. Elle a cru un moment, que je voulais retourner là-bas. Je l’ai rassurée, lui affirmant que je restais à la surface mais que je quittais les légions fyros. Elle l’a assez bien pris. Elle ne m’en voulait pas de faire mes propres choix, même si ils pouvaient s’avérer être mauvais. Quand je lui ai parlé de l’étrange réaction d’Icus, déclarant en riant qu’il se ramollissait pour ne pas m’avoir punie d’avoir aider les matis. Elle est restée sérieuse : « il aime bien ses deux chauves… ». Elle m’a demandé si j’allais rejoindre une autre guilde. Mais pour l’instant, je n’avais pris aucune décision. Je savais qu’il y avait le groupe Centor qui m’avait intégrée à leur équipe lors de libération des terres matis et qui semblait rangers dans l’âme. Il y avait aussi cette guilde Hoodo qui se déclarait ouvertement ranger mais dont je n’avais vu aucun membre… Peut-être avaient ils disparu durant le deuxième grand essaim ? Notre discussion a duré jusque tard dans la nuit. Eeri était loin, je n’ai pas eu le courage de me déplacer pour rendre mon écusson ce soir là.

Quelques jours plus tard, Eeri m’a invitée à une chasse avec d’autres légionnaires. Peut-être espérait elle encore me faire rester en me montrant ce qu’il y avait de mieux parmi la guilde : la fraternité des légionnaires entre eux. Il est vrai que durant ces chasses, j’avais toujours apprécié l’esprit de corps qui y régnait. Et cette fois encore, j’ai apprécié cette entraide sans concession que tous donnaient aux autres. Mais ma décision était prise. Pourtant, je sentais que Eeri faisait durer indéfiniment la chasse pour ne pas que je lui rende mon écusson. Quand je lui en ai fait la remarque. Elle m’a souri avec un petit air faussement innocent.

Finalement, la fatigue aidant, j’ai commencé à commettre des erreurs mettant en danger les autres. Il valait mieux que j’aille dormir. Quand, j’ai dit dépitée à Eeri que ce n’était pas encore aujourd’hui que j’allais lui rendre mon écusson. Elle a finalement déclaré que je pouvais le faire maintenant mais qu’elle me laissait l’annoncer aux autres. J’ai pris deux longues inspirations, un peu angoissée à l’idée que mes frères d’armes me rejettent pour la décision que j’avais prise de quitter la guilde.

Puis j’ai commencé : « J’ai une petite annonce à faire… Je vais quitter la guilde… ». Gunbra a reniflé comme si elle retenait des larmes et Zaydan m’a demandé en plaisantant si je quittais la guilde parce que je n’avais pas digéré le dernier bébé matis. J’ai répondu sur le même ton humoristique qu’effectivement, je n’avais pas apprécié le goût. Puis j’ai continué plus séieusement : « J’ai choisi une autre voie… Je voudrais devenir Ranger. Mais je tiens à dire que j’ai beaucoup apprécié faire ce bout de chemin avec vous. ». Il y a quelques questions sur ce qu’étaient les rangers. J’ai eu peur à des réactions négatives quand j’ai affirmé que en tant que ranger je défendrais tous les homins, même les matis. Mais Zaydan a déclaré : « Comme ça nous pourront l’achever nous! ». Et Bjorka a ajouté en crachant par terre : « Je lui attacherai les mains Zaydan que tu puisse faire ton oeuvre ». Ce qui m’a fait plutôt rire.

J’ai rendu mon écusson à Eeri et j’ai fait mes adieux même si ce n’en était pas vraiment puisque je restais sur l’écorce. Bjorka a semblé inquiet pour moi : « Attention à toi Shaakya, ta nouvelle mission pourra être dangereuse, beaucoup d’homins prennent des risques. A bientôt Shaakya, hésite pas si tu as besoin de mes soins et même de ma lame ! ». Et Gunbra a ajouté : « Ou de ma retch ». Eeri m’a réaffirmé que je serais toujours la bienvenue parmi eux. Je suis partie avec un brin de nostalgie mais le coeur heureux que mes frères d’armes aient accepté mon choix.

La matisse des légionnaires

A mon réveil, Anyume n’était toujours pas là… j’ai commencé à m’inquiéter. Alric l’avait elle trouvée? Avait-il mis ses menaces à éxécution ? J’ai parcouru le désert à sa recherche. Mais le désert est immense… J’ai fini par retourner à Pyr espérant la trouver. J’ai regardé aux bains à tout hasard. Il n’y avait personne.
J’ai fini par retourner à la taverne de Lydix. J’allais l’attendre là… avec un peu de chance, elle y passerai réclamer son jus de baies rouges au poivre.

Je sirotais ma bière de shooki pensive quand une belle matisse m’a saluée. J’ai répondu à son salut mécaniquement toujours perdue dans mes pensées. Elle a commandé une infusion à Lydix. Je pensais à Anyume… Où pouvait elle être? La matisse a dit quelque chose et finalement est retournée au fond de la salle en grommelant quelque chose sur les fyros.

Je me rendais compte que j’avais été parfaitement impolie. Elle m’avait demandée si j’attendais quelqu’un et devant mon silence, était repartie en pestant contre les fyros et leur bavardage. Je me suis excusée en souriant : « Désolée… Vous ne me dérangez pas… j’étais juste pensive… Et vous, vous attendez quelqu’un? ». Elle a répondu : « Na mindala et vous ? ». Je ne savais pas ce que signifiait « Na mindala »… J’ai supposé que c’était le nom de quelqu’un. J’ai répondu un peu dépitée de ne pas voir Anyume : « moi?… ma prochaine bière… peut-être… ».

Elle semblait curieuse : « Et … ma présence ne vous gêne pas ? ». Je l’ai regardée un peu surprise : « Non… pourquoi me gênerait elle? vous êtes très discrète. ». Elle a alors précisée : « Je suis blanche comme la neige ! ». J’ai alors compris qu’elle faisait allusion au fait qu’elle était matis et moi fyros. J’ai répondu en souriant : « Et moi mate comme le sable des dunes… Est ce que çà doit faire de nous des ennemies? ». Je me suis approchée. Elle a souri visiblement amusée : « J’aime cette couleur mais la mienne ici n’est pas très aimée. ». Je n’ai pas osée lui dire que la couleur neige de sa peau lui allait particulièrement bien. Elle était très belle et délicate comme le sont les matis.

Elle a tapoté le sol à côté d’elle : « Je ne mord pas… ». J’ai ri en m’asseyant à ses côtés : « Si en plus les matis mordaient… ils seraient encore moins aimés! ». Nous nous sommes présentées. Elle se nommait Isyldia. J’ai demandé ce qu’elle buvait. C’était une infusion apaisante à base de plantes. J’étais surprise que Lydix serve ce genre de choses alors qu’il savait à peine servir un jus de fruit. Elle a souri : « Quand on demande gentiment et qu’on fréquente souvent les lieux on peut demander à laisser ses infusions ». Elle m’a proposée de goûter. J’ai hésité en l’observant, on m’avait souvent dit que les matis étaient des experts en poison et qu’il valait mieux éviter d’accepter quelque chose à boire ou à manger venant d’eux : « Je ne suis pas très… infusion… ». Puis, je me suis sentie stupide, au diable les à priori, elle était avant tout une homine et m’avait offert avec gentillesse de partager quelque chose avec moi. J’ai pris la tasse et j’ai bu une petite gorgée. Ce n’était pas désagréable. J’ai rendu la tasse à Isyldia.

Toujours aussi curieuse, je lui ai demandé ce qu’elle faisait à Pyr. Elle a baissé le regard : « Longue et Noire histoire… Mais je veux rester ici avec Na mindala… Pardon je parle Mateis… avec mon amour. ». Est ce que c’était un fyros ? Elle a acquiescé : « Un légionnaire même. Et ce n’est pas facile tous les jours. ». J’imaginais mal un légionnaire avec une matisse. De qui pouvait il bien s’agir? C’était Diwen. Je me souvenais de ce nom qu’Eeri avait prononcé au sujet d’une histoire avec une matisse. J’ai compris qu’il devait s’agir d’Isyldia. Je lui ai précisé alors que je connaissais bien les légionnaires pour en avoir été une. Elle aussi était curieuse : « Pourquoi ne plus en être une ? Si ce n’est pas indiscret … ». J’ai répondu en souriant : « Parce que justement, je les trouve trop… anti-matis… ». Elle s’est étouffée de rire : « Anti-Matis il a changé… Je l’ai retrouvé errant dans le désert, perdu et on s’est rapprochés ».

Elle m’a regardée en tapotant sa tasse : « Je peux vous demander quelque chose ? Pourquoi ne plus être une Légionnaire aujourd’hui ? ». J’étais étonnée qu’elle me pose à nouveau la même question. Sans doute, ma première réponse ne l’avait pas satisfaite, alors j’ai précisé : « J’ai l’espoir un jour de devenir ranger… je sais que certains pensent que c’est une lubie qui me passera…« . Je pensais à Icus et à ce qu’il m’avait dit sur la nouvelle orientation de ma vie. Puis j’ai ajouté : « Mais je garde de bons contacts avec tous les légionnaires! ».

Elle a eu un petit regard triste : « Je vous envie. Ils ne m’aiment pas beaucoup. Serae Eeri est une amie après certains me font même peur… ». Ça ne m’étonnait pas vraiment : certains étaient du genre à taper d’abord et discuter ensuite. Elle m’a regardée en acquiesçant : « Je me souviens avoir goûté de cet à priori… Une petite séance de dite « torture » quelques bleus et cicatrice rien de plus ». Je l’ai regardée effarée en me disant que j’étais heureuse de ne plus être légionnaire à cause de ce genre d’exactions qui me répugnaient. Elle a retrouvé le sourire en affirmant : « Ça n’a fait que nous rapprocher Diwen et moi. C’est loin maintenant vous savez! « . J’ai secoué la tête : comment des homins pouvaient être aussi stupides… Elle a posé sa main sur mon épaule : « Je ne suis pas aussi innocente qu’une fleur fraîchement sortie de terre non plus. ». J’ai souri : « Non les matis le sont rarement! ». Prononçant un de ces « à priori » que je reprochais aux autres. Ça l’a fait sourire.

Elle se demandait si j’attendais les légionnaires. J’ai répondu un peu tristement en pensant à Anyume : « J’espérais croiser une amie mais je crois qu’elle ne viendra plus… ». Soudain, Gunbra est arrivée en lançant un tonitruant « cal i selak » auquel j’ai répondu de façon toute aussi tonitruante. Isyldia a sursauté. Je me suis excusée de lui avoir fait peur pendant que Gunbra repartait aussi vite qu’elle était venue. Elle m’a expliquée qu’elle venait tout juste d’apprendre ce que cela signifiait : Force et gloire. C’était comme un cri de guerre ou de rassemblement pour se donner du courage. Sans doute que cela devait beaucoup plaire aux légionnaires de la voir sursauter à chaque fois, au moins ils avaient l’impression de faire peur au matis. Nous avons ri de concert.

J’ai raconté ma réaction lorsque j’avais vu pour la première fois un matis alors que j’étais encore enfant. Il avait la peau si blanche, que je l’avais cru mort comme une esprit presque transparent. Trouvait elle çà stupide? Elle m’a répondu simplement : « Non je ne trouve pas. Un enfant rêve même éveillé.. Puis elle a continué pensive : « Moi il venait de se faire avoir par… Brinn… ».

Icus est arrivé coupant court à notre conversation et s’installant près de nous. Il y a eu quelques minutes de silence. Isyldia pensait être de trop mais ce n’était pas le cas. Je me demandais juste ce qu’Icus faisait là. Puis, Gunbra et Diwen sont arrivés eux aussi. L’apparition de Diwen provoquant un beau sourire sur le visage d’Isyldia. Gunbra a demandé comment se passait ma vie de non-légionnaire. J’ai répondu amusée : « Je profite! Je n’ai pas à m’entraîner tous les jours, ni à nettoyer mon armure… ni à faire des kamipompes! ». Diwen a grogné : « La vie facile hein … ». Je n’ai pas répondu. Mais j’étais amère. Que croyait il? Que c’était facile de survivre seule ici? Ne se rendait il pas compte qu’au sein de la légion, il était protégé et mangeait tous les jours à sa faim ?

Gunbra m’a fait retrouver un peu le sourire quand elle a déclaré : « Oui mais tu ne te délectes pas à massacrer des Matis! ». J’ai répondu pourtant assez sérieusement sentant qu’Isyldia avait pu être blessée par la repartie de Gunbra : « Je n’ai jamais pris plaisir à maltraiter des homins uniquement parce qu’ils ont une peau plus blanche que la mienne. ». Gunbra a répliqué un peu obtuse comme à son habitude : « Mais ce ne sont pas des homins, ce sont des matis! ». Puis elle a regardé Isyldia : « oui bon certains ont peut-être un petit quelque chose de homins ». Isyldia l’a remerciée pour ce semblant de compliment.

J’ai fini mon verre. Je voulais m’en aller me sentant toujours blessée par la remarque de Diwen, je préférais partir pour continuer à chercher Anyume. Icus m’a retenue un instant en me demandant si j’avais participé à la réunion de la N’ASA. Je lui ai confirmé. Il voulait qu’on se retrouve à l’occasion pour en parler. J’ai accepté.

Je suis sortie en les saluant. J’ai cherché Anyume toute la nuit courant à droite et à gauche sans vraiment de stratégie. Ma recherche ressemblait plus à une fuite en avant. Qu’est ce que je fuyais? J’ai fini par me rouler en boule dans un coin trop épuisée pour continuer…

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