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Réveil brutal

Nous étions tout joyeux d’arriver à Pyr. Malgré notre épuisement, nous n’avons pas pu nous empêcher d’aller taquiner quelques Shookis devant les portes de la ville. Mais tellement empressés, nous faisions un peu n’importe quoi attaquant chacun une créature sans faire attention de prendre soin de l’autre. Nous avons alors failli succomber sous leur riposte collective. Ça nous a bien fait rire. Nous avons fini par nous trouver un coin pour la nuit. Ywan a basculé très vite dans le sommeil à mes côtés.

Mais, moi, je n’arrivais pas à m’endormir. Alors, je suis montée en haut d’une dune. Je respirais enfin l’air chaud du désert Fyros et plus cette odeur de moisissure des champignons de Silan. Je regardais l’immensité désertique en me disant que j’étais enfin chez moi. Je suis retournée me coucher près d’Ywan avec un sourire aux lèvres.

Le réveil a été brutal. Un « cal i selak » tonitruant a retenti près de moi, le chef de notre guilde Icus me saluait avec la salutation des légionnaires : le fameux « Force et gloire » en fyros. Ywan n’était plus là. Les yeux encore embués de sommeil, j’ai regardé éberluée les légionnaires entourer notre chef. Et c’était parti : la légion se mettait en ordre de bataille!

Les jours qui ont suivi, n’ont été que entraînements intensifs à n’en plus finir et de longues expéditions… encore et encore… Je croisais Ywan que pendant de brefs instants de répits. Eeri n’était pas souvent là, elle non plus. De nouveaux arrivants venaient tous les jours gonfler les rangs de la légion. Je me sentais perdue, ne sachant pas où était ma place. Moi qui avait pourtant déjà eu droit à l’entrainement des légionnaires avec Eeri dans les profondeurs, je me sentais complètement abrutie par ce traitement de choc. J’avais rêvé d’aventures, de découvertes et de grands espaces mais je me retrouvais comme oppressée par la pression que m’infligeait l’entrainement de la légion.

Toutefois, les moments que je préférais étaient les expéditions mais Ywan n’était pas là pour les partager avec moi. J’étais pourtant tellement heureuse de découvrir la taverne de Thesos où Kyshala était venue… Mais, nous nous sommes à peine arrêter. Il fallait déjà repartir cette fois pour Yrkanis la capitale des matis. Tout c’est fait au pas de course comme toujours… Un jeune fyros nous a suivi profitant de la force de frappe des légionnaires en mouvements. J’ai à peine vu les primes racines…Nous étions déjà dans les forêts pleines de champignons du pays matis. A un moment, quelqu’un a crié que le dernier arrivé à la taverne était un bébé matis: insulte suprême pour un fyros. La troupe s’est disloquée chacun courant le plus vite possible pour ne pas arriver dernier. Pour ma part, ne sachant absolument pas où se situait cette taverne, j’ai suivi Eeri. La connaissant, je savais qu’elle pouvait sentir l’odeur d’une taverne à dix kilomètre à la ronde. Mais au final, personne n’est allé là bas. La troupe s’est retrouvée devant l’intendante matis. Le but était de l’agacer le plus possible en refusant la citoyenneté matis. Au début, je trouvais le jeu amusant mais à force, je n’aimais pas ce manque de respect même envers une matis. Et quel était l’intérêt pour la guilde de se mettre déjà à dos les matis, je ne comprenais pas… Je me sentais une fois de plus en total décalage avec ce que j’avais pensé vivre ici. Heureusement, Eeri m’a déclaré par télépathie qu’elle trouvait elle aussi que tout ceci était exagéré. Elle considérait qu’elle avait bien l’intention de se servir de matis pour au moins leur pomper leurs dappers. Elle préférait donc garder des relations neutres avec eux. Au final, je suis retournée par téléporteur à Pyr complètement dépitée, oubliant de prendre un pacte pour pouvoir retourner à Yrkanis…

Les jours passaient. Ywan était toujours aussi absent. Eeri, en tant qu’officier, avait bien d’autres choses à s’occuper que de moi. Je me sentais très seule… Heureusement, j’ai rencontré une petite tryker Lyouna qui était venue s’installer à Pyr. Elle était enthousiaste et je l’ai aidé du mieux que j’ai pu. Elle a fini par vouloir intégrer les légions fyros, elle aussi… Je n’étais pas très enthousiaste pour qu’elle le fasse mais elle semblait tellement y tenir que j’ai donné un avis favorable à sa candidature. Elle m’a sautée au cou pour me remercier après que notre chef Icus lui ait remis son écusson de la légion.

Et puis, j’ai revu Ywan. Il semblait déprimé. Il n’avait plus envie de rien. Je crois qu’il pensait que tout serait facile, qu’il suivrait les traces de son oncle Morandy et qu’il deviendrait un grand magicien et un grand foreur comme lui. Mais la réalité était tout autre. Il était un jeune légionnaire débutant et même si il apprenait bien plus vite que moi, Atys ne faisait aucun cadeau à qui tentait de la défier… Il s’est endormi près du téléporteur kami de l’oasis d’Oflovak. Je l’ai quitté avec la gorge serrée… Allait il repartir et retourner dans les profondeurs?

Première réunion des légions fyros

Une nouvelle fois, j’ai été réveillée en sursaut d’un sommeil sans rêve. Icus appelait les légionnaires à la première réunion des nouvelles légions fyros.

C’est encore à moitié endormie que je me suis rendue dans notre hall de guilde. J’étais une des dernières à arriver et pourtant je savais où se situait notre immeuble contrairement à ceux arrivés après moi. Comme disait Icus, ce n’était pas difficile : c’était l’immeuble de guilde le plus proche de la taverne. Je me suis assise près de la porte en oubliant de saluer les présents. Eeri m’a fait un petit signe de la main auquel j’ai répondu avec un vague sourire. Si j’avais pu, je me serais assise près d’elle mais Kralis et Guyzion, l’entourait déjà. J’ai regardé un peu tristement l’assemblée : Ywan n’était pas là…

La réunion a commencé rapidement sous la direction d’Icus. Il allait nous falloir des uniformes. Depuis toujours, la légion arborait fièrement une armure fyros lourde rouge. Seuls certains anciens légionnaires, parmi ceux qui avait survécu au deuxième grand essaim avaient encore leur uniforme. Mais pour fabriquer des armures, il fallait des ingrédients. Un rendez-vous a été pris à Thesos pour organiser une récolte.

Puis, des expéditions allaient être à nouveau organisées pour Yrkanis, Zora et Fairhaven. Ceci afin de permettre à tous les légionnaires d’avoir accès aux télé-porteurs des capitales.

Depuis toujours la guilde avait été plutôt kamiste, mais cette fois, Icus semblait dubitatif sur cette orientation « religieuse ». Il semblait préférer une position plus neutre. Mais, l’avantage d’être dans les bonnes grâces des kamis, permettait d’avoir accès à leurs télé-porteurs. Toutefois, on entendait de plus en plus de rumeurs concernant la future apparition de télé-porteurs qui n’appartiendraient ni aux kamis, ni à la Karavane. La guilde allait restait neutre en attendant de plus amples informations.

Puis, les artisans de la guilde ont été choisis chacun avec une spécialité. Pour finir, les trois postes à responsabilité ont été distribués : Icus a conservé son rôle de chef, Maltor est devenu l’intendant et Eeri a été désignée diplomate. Ça m’a fait sourire : elle qui traînait dans les tavernes allait devoir apprendre à être sérieuse. Quoique comme elle le disait, la diplomatie pouvait commencer à la taverne!

La réunion s’est terminée. Je n’avais pas vraiment participé à part pour répondre aux questions qui étaient posées à tous. Je me sentais trop débutante parmi tous ses habitués de la surface. J’allais m’en aller quand Eeri m’a rattrapée pour me demander si je voulais quelque chose dans le hall de guilde. J’ai parlé de mes amplificateurs qui étaient devenus trop faibles pour les sorts que j’arrivais désormais à lancer. Elle m’a alors sorti un amplificateur correspondant à mon niveau de mage.

Après l’avoir remerciée, j’allais partir quand elle m’a demandé si je voulais faire quelque chose. J’étais heureuse : Eeri avait enfin un peu de temps pour moi. Nous sommes alors parties à la chasse aux bandits et aux créatures dangereuses pour sécuriser les alentours de Pyr à la demande d’un sergent de la garde. A vrai dire, c’était aussi pour gagner un peu de dappers qui étaient désormais si difficiles à gagner.

Ce soir là, je me suis endormie un peu rassérénée par la présence souriante et joyeuse de celle qui avait pris soin de moi après la mort de Kyshala.

Fairhaven enfin!

Nous étions prêtes au départ Lyouna et moi pour le téléporteur du bosquet de l’ombre. J’avais prévu de partir très tôt, étant persuadée que j’allais me perdre dans les méandres de la jungle zoraï. A tout hasard, j’ai demandé sur le canal de la guilde si quelqu’un était intéressé pour nous accompagner jusque là. Je ne m’attendais pas vraiment à de réponses puisque la plupart des légionnaires avaient déjà fait le voyage. C’est avec surprise que j’ai entendu Ywan répondre qu’il voulait venir avec nous. Je dois dire que j’étais heureuse et rassurée qu’il nous rejoigne. Il connaissait la région pour l’avoir souvent parcouru seul.

Il nous a guidé sans hésitation au milieu de la jungle. Je crois que j’ai commencé à avoir peur quand il s’est dirigé droit vers un nid de kitines qu’Icus avait fait en sorte de nous faire éviter en faisant un grand détour. Ywan était confiant, il était déjà passé par là : étrangement, les créatures n’attaquaient pas… Je dois dire que je n’étais absolument pas rassurée pour autant. Passer au milieu de ces insectes répugnants et géants ne m’enchantait pas du tout. J’ai pris une grande inspiration et j’ai suivi Ywan au milieu des créatures. J’entendais le bruit caractéristique de leurs griffes sur le sol mais comme l’avait affirmé Ywan, elles ne nous attaquaient pas. La peur commençait pourtant à m’envahir. Je m’imaginais tomber sur le corps à moitié dévoré de Kyshala. Et si je la trouvais là au milieu des créatures avec Morandy? J’ai commencé à paniquer courant de plus en plus vite vers la sortie de l’amas de griffes.

Est ce ma peur qui les a attirées ou est ce que l’un de nous avait donné un coup par inadvertance à l’une d’entre elles? Elles nous ont soudain attaqués alors que nous étions en train de sortir de leur nid… Malgré l’intervention des gardes, nous avons fini par tous succomber. Ywan a demandé une résurrection aux kamis et est revenu nous relever. J’étais pâle je crois, mais incapable d’exprimer la terreur qui m’avait prise au milieu des kitines.

Nous avons continué la route, cette fois sans encombre jusqu’au téléporteur. Nous étions en avance, très avance… J’avais vraiment prévu large pensant nous perdre mais avec Ywan qui nous avait guidé tout avait été beaucoup plus simple. Allions nous attendre les autres pour partir? Nous sommes descendu vers le vortex des primes racines pour au moins profiter de la vue. Icus était là. J’ai vaguement émis l’idée de partir pour Fairhaven tout de suite. Icus a répliqué d’un ton sans équivoque : « on attend les autres! ». Puis, il est parti s’allonger un peu pour faire une sieste en les attendant. Lyouna, Ywan et moi, nous nous sommes regardés. Il fallait encore attendre de longues minutes avant que les autres arrivent. Nous sommes partis sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller Icus, nous étions tous d’accord pour tenter la traversée à trois.

La beauté des primes racines était une fois de plus enchanteresse : des gubanis, des bodocs et des mektoubs blancs parmi des plantes étranges aux couleurs fluorescentes…

Mais cette beauté hors du temps cachait les créatures les plus dangereuses d’Atys : des varynx à la peau sombre, des énormes tyranchas et des vorax, des espèces de lézards géants qu’on ne trouvait qu’ici.

Aussi quand Ywan nous a dit avec humour « c’est le moment de serrer les fesses », en nous montrant un passage entre ces créatures, je serrais tellement mes petites fesses potelées que j’aurais pu casser une noix. Nous avons sprinté mais heureusement aucune créature ne nous a attaqué. Nous avons finalement atteint le vortex qui menait aux pays trykers.

Nous nous sommes reposés un instant le temps de nous remettre de nos émotions. Ywan et Lyouna ont bien ri quand je leur ai raconté à quel point j’avais serré les fesses. Plus tard, nous avons d’ailleurs décidé que le cri « casse-noisette » signifierai pour notre petite troupe « attention danger ».

Il nous a fallu repartir, nous n’étions pas encore à Fairhaven. Il fallait passer entre des cutes, une tribu primitive particulièrement agressive. Ils formaient un barrage presque infranchissable. Nous avons tenté d’en combattre un : moi et Lyouna au soin et Ywan au combat. Ces êtres étaient particulièrement résistants… Nous ne pourrions pas passer en force. Mais la technique d’Ywan était la discrétion. Seul, il parvenait souvent à passer sans encombre mais nous étions trois et pas forcément aussi silencieux et discrets qu’une seule personne. C’était d’autant plus difficile que Lyouna était épuisée et avait du mal à nous suivre avec ses petites jambes. Pourtant, après plusieurs essais, nous avons pu rejoindre l’eau des lacs, synonyme d’abri sur Atys.

Fairhaven était en vue. Lyouna et Ywan se sont endormis au pied du téléporteur kami. Mais moi, je n’arrivais pas à dormir. Je voulais découvrir ce pays qui avait tant plu à ma cousine Kyshala. J’en rêvais depuis que j’étais arrivée à la surface. Je me suis baignée appréciant la limpidité de l’eau qui permettait de découvrir le merveilleux spectacle des fonds lacustres.

Alors que je profitais de ma baignade improvisée, j’ai vu arriver les légions fyros. Je les avais complètement oublié. Ils avaient rattrapé une grande partie du retard qu’ils avaient sur nous. Sans doute avaient ils pu passer sans encombre le barrage des cutes qui nous avait tellement posé problème. Ils courraient tous vers la taverne de Fairhaven semblant faire la course. J’ai suivi le mouvement.

Archlongine a annoncé fièrement qu’elle était la première. Icus a profité que nous étions rassemblés dans la taverne pour accueillir une nouvelle recrue : Gunbra. Elle avait déjà participé à plusieurs de nos expéditions. Pour ma part, j’avais particulièrement apprécié sa présentation un peu « brute de fonderie » dans notre hall de guilde surtout quand elle avait parlé d’Artifice qu’elle trouvait bizarre parce qu’elle se baladait souvent en petite culotte.

La soirée s’est poursuivie avec des verres de bière de shooki et de liqueur d’ocyx. Le reste est assez flou, je dois dire… Je suppose que j’avais un peu trop bu et que j’ai du m’endormir sur place.

Réflexions solitaires

J’étais de plus en plus souvent seule. Ywan ne faisait plus que de brèves apparitions fugaces et quand il était là, il ne réclamait pas spécialement ma présence. Lyouna était là parfois. Nous nous entraînions alors ensemble à défaut de pouvoir participer aux chasses des grands guerriers que les autres étaient devenus. Et puis Eeri, un jour, m’a annoncée qu’elle allait sans doute dans quelques mois rejoindre les profondeurs : elle avait des choses à régler…

Son annonce m’a glacée même si je n’ai rien laissé paraître sur le moment, préférant caparaçonner mon coeur pour éviter qu’il ne saigne. Elle aussi, elle allait partir? Comme Kyshala ? Est ce que tout ceux qui prenaient soin de moi finissaient par disparaître ? Dans ce cas, pourquoi s’attacher ?

A-t-elle sentie mon désarroi ? Je ne sais… Mais, elle s’est faite beaucoup plus présente me proposant de l’accompagner dans ses chasses. Elle ne me posait pas de questions. Nous profitions juste de la présence l’une de l’autre retrouvant cette drôle de connivence qui avait toujours marqué notre relation : peu de mots échangés mais une compréhension presque immédiate et instinctive de l’autre.

Pourtant, je n’osais lui parler des doutes que j’avais sur ma présence au sein des légions fyros et de mon incartade chez les matis. J’avais peur de la blesser, elle qui avait tellement donné pour le renouveau de la guilde.

Finalement, ma solitude me permettait de réfléchir à tout çà. Je ne suis pas allée à la deuxième réunion des légions fyros malgré les appels insistants d’Icus sur les ondes de la guilde. Je préférais rester seule au bord du lac de la région des vents du songe, en faisant glisser le sable entre mes doigts. Je les entendais parfois échanger. Je crois qu’ils ont décidé d’organiser une journée de forage ensemble chaque semaine.

Mais alors que je les écoutais distraitement en regardant les couleurs du ciel à la nuit tombante, des petites perles de lumière roses se sont mises à s’élever du sol autour de moi…

C’était tellement beau…

Sans doute, certains religieux y auraient vu un signe de Ma-Duk ou de Jena. Mais je me suis toujours méfiée de la religion et de ceux qui en portent la parole : qu’avait donc fait ces sois-disant déités lors de la mort de mes parents et de celles de ma tante et de mon oncle? Et qu’avaient ils fait pour Kyshala? Moi, je ne voyais là qu’une merveilleuse manifestation de la beauté d’Atys. Est ce que ma voie était là dans la défense d’Atys?

Une chose était sûre, alors que j’entendais Icus grogner des ordres sur les ondes de la guilde pour entraîner les légionnaires à des formations en ligne ou en carré, je me sentais bien plus heureuse d’être là au milieu des lucioles qui voletaient autour de moi qu’à faire des exercices militaires.

Où est ma place?

Cela faisait plusieurs jours déjà que je furetais à droite et à gauche dans les cubes d’ambre sans vraiment savoir ce que je cherchais. Sans doute que j’espérais y trouver une nouvelle direction à prendre dans ma vie d’homine.

Ces derniers jours m’avaient fait comprendre que je n’étais pas à ma place au sein des légions fyros. Je n’avais pas la même façon de penser ni les mêmes idéaux qu’eux. Mais qu’elle était ma place ? Défendre Atys mais comment?

Et puis je suis tombée sur des discussions sur les neutres de culte et civilisation. Je trouvais dans celles-ci comme une connivence d’esprit. Je découvrais ce qu’était les gnosts et les tenants. Les gnosts étaient ceux qui ne privilégiaient aucune religion Kami ou Karavan respectant les deux. Les tenants étaient ceux qui ne privilégiaient aucune « civilisation », ils étaient appréciés de la même façon par les peuples trykers, zoraïs, matis et fyros. Je me sentais très proche de ces deux définitions.

Et puis ce passage m’a soudainement frappé :

« La raison d’être des Rangers est de protéger les homins contre la menace kitine. Les Rangers sont animés par un idéal de fraternité. Ils pensent que les homins devraient vivre en paix sans division, estimant que les divisions entre homins ont été l’une des causes de la catastrophe du Grand Essaim, chaque peuple ayant lutté seul. »

Mais oui… c’est çà… J’étais une Ranger dans l’âme… J’avais trouvé ma voie… Je suis restée un instant stupéfaite par cette évidence.

Moi qui me croyais anormale, je découvrais que je n’étais pas seule et que d’autres partageaient les mêmes opinions que moi. Il me restait à les rencontrer.

Mais avant, j’avais quelque chose de difficile à faire : quitter les légions fyros… Je n’avais pas peur d’être seule et de perdre la protection de la guilde mais mon coeur se serrait à l’idée de blesser ou de décevoir ceux qui avaient cru faire de moi une légionnaire : Eeri, Icus, Ywan…

Départ des légions fyros

Pendant plusieurs jours, je n’ai pas réussi à dire à Eeri la décision que j’avais prise de quitter la légion. Les mots me restaient coincés dans la gorge. Et quand elle me proposait d’aller prendre une armure lourde dans le hall de guilde, j’esquivais, déclarant que je le ferais plus tard.

Finalement, c’est Icus qui m’a contactée télépathiquement. Il avait vu les messages de demandes d’informations sur les rangers que j’avais laissé dans le hall réservé aux neutres. J’ai été surprise sur le moment mais j’ai compris ensuite ma bévue. Je pensais être discrète en laissant mon message mais je l’avais mis dans le hall réservé aux neutres de culte et pas de civilisation.Tous les légionnaires étaient pour le moment restés neutres au niveau religieux à la demande d’Icus. Cela avait d’ailleurs fait grincer des dents : ne prendre partie pour aucune religion, c’était se couper l’accès à un certain nombre de téléporteurs. Mais la règle avait été suivie.

Icus m’a alors indiqué le nom de quelques personnes qui avaient des connaissance sur les rangers. Son attention m’a touchée. Je me sentais mal de lui cacher mes intentions de départ. J’ai fini par lui raconter que j’avais participé à la libération des terres matis. Je m’attendais à une colère noire de sa part, à une punition, voir un bannissement… Mais, il n’en a rien été. Icus a émis un son entre un grognement et un toussotement gêné. Ne le voyant pas réagir, plus que çà, j’ai fini par déclarer que j’allais quitter les légions fyros mais que je voulais rendre mon écusson à celle qui l’avait apposé sur mon armure : Eeri. Il a répondu : « C’est mieux oui! ». J’étais inquiète, il semblait si éteint par la nouvelle. Je lui ai alors demandé si il m’en voulait. Il a répondu légèrement agacé que ce n’était pas le cas. La conversation s’est éteinte d’elle même… Je ne voyais plus vraiment quoi lui dire.

Quelques jours plus tard, pourtant, j’ai pu en apprendre un peu plus sur le fond de sa pensée. Pour lui, ma décision n’était qu’une lubie utopique du à mon jeune âge. Peut-être avait il raison… peut-être que je ne serais jamais ranger et que l’idéal de fraternité entre les peuples ne pourrait jamais être atteint… Mais ce dont j’étais sûre c’est que les kitines resteraient mon principal ennemi pour avoir tué mon oncle et avoir été la cause de la disparition de Kyshala. Et, il était également sûr désormais que je n’accepterais plus de faire partie d’une guilde qui attaquent d’autres homins avec comme seule justification qu’ils font partie d’un autre peuple…

C’est le lendemain que j’ai pu parler de mon départ des légions fyros à Eeri. Je me doutais qu’Icus ne tarderait pas à lui rapporter mes paroles. Quand je lui ai dit que je voulais devenir ranger comme les rangers de Silan. J’ai senti son angoisse. Elle a cru un moment, que je voulais retourner là-bas. Je l’ai rassurée, lui affirmant que je restais à la surface mais que je quittais les légions fyros. Elle l’a assez bien pris. Elle ne m’en voulait pas de faire mes propres choix, même si ils pouvaient s’avérer être mauvais. Quand je lui ai parlé de l’étrange réaction d’Icus, déclarant en riant qu’il se ramollissait pour ne pas m’avoir punie d’avoir aider les matis. Elle est restée sérieuse : « il aime bien ses deux chauves… ». Elle m’a demandé si j’allais rejoindre une autre guilde. Mais pour l’instant, je n’avais pris aucune décision. Je savais qu’il y avait le groupe Centor qui m’avait intégrée à leur équipe lors de libération des terres matis et qui semblait rangers dans l’âme. Il y avait aussi cette guilde Hoodo qui se déclarait ouvertement ranger mais dont je n’avais vu aucun membre… Peut-être avaient ils disparu durant le deuxième grand essaim ? Notre discussion a duré jusque tard dans la nuit. Eeri était loin, je n’ai pas eu le courage de me déplacer pour rendre mon écusson ce soir là.

Quelques jours plus tard, Eeri m’a invitée à une chasse avec d’autres légionnaires. Peut-être espérait elle encore me faire rester en me montrant ce qu’il y avait de mieux parmi la guilde : la fraternité des légionnaires entre eux. Il est vrai que durant ces chasses, j’avais toujours apprécié l’esprit de corps qui y régnait. Et cette fois encore, j’ai apprécié cette entraide sans concession que tous donnaient aux autres. Mais ma décision était prise. Pourtant, je sentais que Eeri faisait durer indéfiniment la chasse pour ne pas que je lui rende mon écusson. Quand je lui en ai fait la remarque. Elle m’a souri avec un petit air faussement innocent.

Finalement, la fatigue aidant, j’ai commencé à commettre des erreurs mettant en danger les autres. Il valait mieux que j’aille dormir. Quand, j’ai dit dépitée à Eeri que ce n’était pas encore aujourd’hui que j’allais lui rendre mon écusson. Elle a finalement déclaré que je pouvais le faire maintenant mais qu’elle me laissait l’annoncer aux autres. J’ai pris deux longues inspirations, un peu angoissée à l’idée que mes frères d’armes me rejettent pour la décision que j’avais prise de quitter la guilde.

Puis j’ai commencé : « J’ai une petite annonce à faire… Je vais quitter la guilde… ». Gunbra a reniflé comme si elle retenait des larmes et Zaydan m’a demandé en plaisantant si je quittais la guilde parce que je n’avais pas digéré le dernier bébé matis. J’ai répondu sur le même ton humoristique qu’effectivement, je n’avais pas apprécié le goût. Puis j’ai continué plus séieusement : « J’ai choisi une autre voie… Je voudrais devenir Ranger. Mais je tiens à dire que j’ai beaucoup apprécié faire ce bout de chemin avec vous. ». Il y a quelques questions sur ce qu’étaient les rangers. J’ai eu peur à des réactions négatives quand j’ai affirmé que en tant que ranger je défendrais tous les homins, même les matis. Mais Zaydan a déclaré : « Comme ça nous pourront l’achever nous! ». Et Bjorka a ajouté en crachant par terre : « Je lui attacherai les mains Zaydan que tu puisse faire ton oeuvre ». Ce qui m’a fait plutôt rire.

J’ai rendu mon écusson à Eeri et j’ai fait mes adieux même si ce n’en était pas vraiment puisque je restais sur l’écorce. Bjorka a semblé inquiet pour moi : « Attention à toi Shaakya, ta nouvelle mission pourra être dangereuse, beaucoup d’homins prennent des risques. A bientôt Shaakya, hésite pas si tu as besoin de mes soins et même de ma lame ! ». Et Gunbra a ajouté : « Ou de ma retch ». Eeri m’a réaffirmé que je serais toujours la bienvenue parmi eux. Je suis partie avec un brin de nostalgie mais le coeur heureux que mes frères d’armes aient accepté mon choix.

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