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Killya et Keros

Jour 12 Elouenien – Fingelien 380
J’ai proposé à Kely d’aller nous tremper dans les bains publics de Nargraw Sud. Nous avions besoin de détente. Nos petits jeux coquins du début de la baignade se sont rapidement transformés en jeux plus érotiques. Nos corps ont finis par se mêler et comme à Irrisadith, nos esprits se sont liés dans une intense communion. J’ai alors laissé la porte entrouverte à l’esprit de La Sombre. Mon bleu avait parlé de cette possibilité de la satisfaire ainsi. Mais elle semblait endormie. Mais soudain, elle a pris le contrôle mais comme dans un rêve éveillé sans se rendre compte de ce qu’elle faisait. Elle a approché une main tremblante vers la joue de Kely alors que nos corps étaient toujours liés. Une intense et belle vague d’amour provenant de son esprit nous a submergé. Elle a soudain murmuré : « Keros » .
Kely surpris d’entendre la voix de La Sombre et de s’entendre appeler ainsi, s’est reculé. Elle s’est réveillée brutalement et s’est mise à hurler de désespoir tandis qu’une terrible onde douloureuse nous envahissait. Elle s’est recroquevillée dans un coin laissant parfois échapper des sanglots. Sa douleur continuait de nous envahir par vague. Je l’ai soudain senti couper le contact avec l’esprit de mon bleu, elle ne voulait pas le faire souffrir inutilement. Kely la recouverte d’une serviette, ne sachant trop que faire et se méfiant de ses réactions violentes. Il s’est assis non loin d’elle.
Il lui a demandé qui était Keros. Et elle s’est mise à parler d’abord avec réticence puis plus calmement.
Keros était son mâle. Il y a plusieurs années, elle était une jeune sombre nommée Killya qui avait découvert son pouvoir de séduction. Elle séduisait tout le monde : mâles, femelles qu’ils soient liés ou non. Elle séduisait puis se lassait rapidement et recommençait avec un autre ou une autre. Un jour, une jeune prêtresse est devenue Haute-prêtresse à la suite d’un concours de circonstances malheureux. Celle-ci prônait l’abstinence et la virginité des prêtresses de Lith. La haute-prêtresse est alors devenue sa cible : un véritable défi pour elle. La Sombre commença alors son petit jeu de séduction. Mais la jeune haute-prêtresse ne se laissa pas faire facilement, elle envoyat même plusieurs fois La Sombre en cellule pour être entrée dans sa chambre sans son autorisation. Mais çà ne l’a pas découragée bien au contraire, cela l’amusait et rendait le défi encore plus excitant. La proie finit par céder et La Sombre resta un temps avec elle. La liaison resta secrète et finalement comme à son habitude La Sombre se lassa et chercha une autre proie.
Elle fit la connaissance de Keros, un elfe noir qui venait d’arriver au sein de son peuple. Il n’était pas comme les autres mâles : plus ouverts et moins soumis. Il avait semble-t-il beaucoup voyagé avant d’arriver ici. L’Ilharess l’avait accepté au sein du peuple pour ses talents de forgeron. Il avait appris son métier auprès d’un Maître nain. Les meilleurs combattants du peuple passaient par lui pour être fourni en armes et armures. C’est ainsi que La Sombre l’a connu.
Elle tenta toute suite de le séduire mais il s’amusait de ses tentatives qu’il trouvait puériles. Elle finit par abandonner. Keros était son premier echec mais il devint son ami. Elle continua à séduire à droite et à gauche mais sans y trouver autant de plaisir qu’avant. Elle recherchait la compagnie de Keros mais il la considérait toujours comme une amie. Elle détestait devenir dépendante de lui mais continuait à le voir, ne pouvant se passer de sa compagnie. Elle finit par dépérir petit à petit… Keros lui demanda ce qu’elle avait. A vrai dire, elle ne le comprenais pas. Elle lui expliqua alors les drôles de sensations qu’elle ressentait en sa présence et ce manque terrible qui naissait en elle dés qu’il n’était pas là. Il a souri et lui a dit qu’elle était simplement amoureuse. C’était la première fois pour La Sombre. Keros l’a alors pris dans ses bras et ils sont devenus amants. Ils ne se quittaient plus.
La Haute-prêtresse qui cherchait à se venger de son ancienne maîtresse, se dit qu’il était temps d’agir. Elle exigeat que Keros vienne la rejoindre dans sa couche : un droit que tous les femelles ont sur les mâles du peuple. La Sombre était furieuse alors elle affirma que ce n’était pas possible car Keros et elle allaient se lier. Keros et la Prêtresse la regardèrent surpris. Finalement, cette dernière fit un sourire en coin et les laissa partir. La Sombre se sentait gênée, elle avait dit çà pour empêcher la Haute-prêtresse de prendre son mâle mais maintenant elle se rendait compte qu’elle en avait envie. Et Keros lui dit qu’il le souhaitait aussi.
La cérémonie a commencé. Keros avait réalisé les premières épreuves sans difficulté. Pour la dernière, il devait montrer son courage en combattant. La Sombre a compris trop tard que le combattant avait été choisit par la Haute-Prêtresse. Normalement, le combat devait s’arrêter au premier sang versé mais la première blessure que reçu Keros était mortelle. La Sombre a hurlé quand il est tombé. Elle l’a pris dans ses bras mais il était déjà mort. Le guerrier qui l’avait tué, lui a murmuré qu’il était désolé, qu’on lui avait donné l’ordre de le tuer. La Sombre a jeté un regard vers la haute-prêtresse. Celle-ci semblait se délecter de la douleur qu’elle avait provoqué. La Sombre s’est jetée sur elle. Elle l’aurait tuée si des gardes ne l’avait pas arrêtée : elle a quand même réussi à lui entailler la gorge. La haute-prêtresse l’a alors faite enfermée pour avoir osé lever sa main sur elle. La Sombre est restée plusieurs mois enfermée jusqu’à ce qu’elle réussisse à s’échapper.
Elle est allé directement dans la chambre de la haute-prêtresse bien décidé à finir ce qu’elle avait commencé… mais elle n’a pas pu… Elle lui a juste entaillé les joues et le front avec la marque des bannis. Et elle s’est sauvée. Évidement, une gilde d’assassins a été envoyée à sa poursuite. La Sombre a réussi à leur échappé longtemps… mais son ventre s’arrondissait, elle était enceinte… Keros lui avait fait un enfant avant sa mort. Les assassins se rapprochaient tandis que La Sombre était sur le point d’enfanter. Elle a accouché seule cachée dans la forêt. Elle a pris son enfant dans ses bras c’était une fille : c’était moi… Les assassins étaient tous proches désormais… Elle savaient qu’elle ne pourrait pas leur échapper mais elle voulait me sauver…Elle m’a alors déposée devant la maison de ma mère adoptive. La suite, je l’ai déjà raconté dans ce journal.

La Sombre a finalement sourit, semblant soulagée d’avoir raconté son histoire. Elle a dit à Kely qu’il ressemblait à Keros sur bien des points et qu’elle était contente que sa fille l’ait trouvé. Elle a ajouté qu’elle essaierait de m’aider un peu dans mes relations avec les autres elfes noirs même si elle n’était pas sûre d’être une très bonne conseillère… Elle s’est finalement enfouie en disant qu’elle aimait bien Kely.

J’étais émue… je connaissais un peu plus l’histoire de mes parents. J’avais l’impression de me rapprocher un peu plus de La Sombre. J’arrivais désormais à l’appeler ma mère.

Deux en un

Vers la fin du finglien 382

Tout va trop vite.

Khaena est revenue avec une blessure importante. J’ai fait les soins qui me semblaient appropriés, mais la blessure n’arrêtait pas de saigner. Je n’arrivais à rien avec la magie, ni avec les soins. Je me disais que je devais appeler la matriarche, mais je n’arrivais pas à m’y résoudre. Elle m’aurait posé des questions, je n’aurais pas réussi à ne pas y répondre. Elle m’aurait rendu responsable c’est sûr. Je suis resté là un peu indécis, et au moment où je ne voyais pas d’autres issues que de faire appelle à elle, j’ai senti qu’Illy était là. Je l’ai appelé, soulagé et angoissé, elle est venue tout de suite et elle a fait ce qu’il fallait pour arrêter le saignement nettoyer la plaie. Moi je restais aux côtés de Khaena, elle ne voulait pas que je parte chercher ce qu’il fallait à Illy, du coup j’ai laissé Illy faire tous les allers retours.  Sur le moment je n’ai pas trouvé ça anormale, c’est tout juste d’ailleurs si j’ai eu conscience qu’elle était là. Je m’étais déjà éloigné du sentiment d’angoisse de voir Khaena blessée, je repensais à tout ce qui s’était passé depuis cette fameuse nuit. Il fallait que je parle à Killya.

Quand Illy a eu fini, j’ai porté Khaena dans une maison, cette dernière n’était pas des plus salubres, mais elle me permettait de pouvoir chauffer l’eau tranquillement et il y avait un lit pour Khaena. Je l’ai veillée ainsi plusieurs jours. J’alternais les tisanes et les cataplasme. J’ai peu dormi et quand je dormais j’étais pris par des cauchemars qui me réveillaient alors rapidement. Les figures qui me hantaient autrefois réapparaissaient. J’étais terrifié car je n’arrivais pas à comprendre ce qui se passait et ce qui s’était passé. Je ne voulais pas revivre ce passé de cauchemar et d’incertitude. Je croyais que je maitrisais ce que je pensais être une partie de moi en l’acceptant et en la perfectionnant, mais là de nouveau … l’incertitude de qui j’étais vraiment.

J’ai donc passé quelques jours comme ça. La fièvre de Khaena était enfin complètement partie et elle reprenait des couleurs et des forces. Elle m’a demandé de partir de cette maison, elle voulait aller dans un endroit calme. Je l’ai emmené à Nargraw nord. Quand nous sommes arrivés au dépôt, j’ai assez rapidement demandé si elle ressentait sa mère, ça n’avait pas l’air d’être le cas. Nous avons tenté de retrouver une fusion d’esprit ensemble, front contre front, je me suis mis à émettre des sons. Je me disais que Killya était un esprit, donc un état vibratoire et que j’arriverais sûrement à l’atteindre ainsi. J’y croyais. Je changeais la tonalité jusqu’à ressentir une accroche. J’ai fini par y arriver.

Je ne me souviens plus trop de la discussion que j’ai eu avec elle. J’ai la sensation d’une grande souffrance, d’un enfouissement, puis un rêve.  Je suis avec mes parents et ils m’emmènent par la main visiter des dessins qui s’animent sous me yeux. Je vois une histoire se dérouler : un homme et une femme qui vont dans une ville, ou un campement je ne sais plus c’est un peu flou au début. Puis l’homme change de visage, il se noircit, ses oreilles s’allongent formant des pointes. Il s’approche d’une femme comme lui et il la tue. J’ai l’impression qu’il me regarde. Alors je me rappelle que ce sont mes souvenirs que je revois et je vois que je ne suis pas responsable du meurtre, je vois que c’est un autre et que je n’ai été qu’un instrument.

Quand je sors de mon état inconscient je m’aperçois que le corps de Khaena saigne de nouveau, Killya me crie dessus, que si je rebouscule Khaena comme ça encore une fois, elle m’étripe. J’agis vite, je demande à Illy où elle est et j’emmène Killya. Illy procède de nouveau aux soins, pour le plus grand bonheur de Killya d’ailleurs.

Killya s’endort sur les genoux d’Illy et je raconte tout ce qui s’est passé dernièrement à Illy. Comme d’habitude elle écoute en silence, sans jugement. Je lui raconte comme pour me persuader de cette nouvelle réalité : une part de Keros m’habite.

Tensions

Un jour dans le mois d’Illumen 382

Le retour est difficile. Les cauchemars vont et viennent. Un jour je me sens bien, un autre je sens la terre s’ouvrir sous moi. Nous sommes tous à cran. Killya est au plus mal. Je pense qu’elle se sent rejetée par Illy … je ne sais pas ce qui se passe avec Kharya. Je pourrais aller la voir mais … je n’y arrive pas.

Khaena souffre des ressentis de sa mère, elle a de plus la sensation d’être entre deux feux : moi et sa mère.

Illy aussi semble tendue. Elle m’a envoyée ballader alors que je lui demandais si elle avait besoin d’aide. Elle a pris ça pour de la surprotection de ma part. S’il est vrai que j’ai cette tendance, ce n’était absolument pas le cas sur le coup. Je suppose que l’insistance de Killya a finit d’achever sa patience.

Il y a une drôle de bestiole qui est se promène dans les Landes. On l’a aperçut pour la première fois à Illumen et la dernière fois à Nord Thyl, elle semble affectionner les montagnes alentours. Personne ne sait ce que c’est, elle n’a jamais été observée. Les animaux dans son sillage deviennent comme enragés. Les aventuriers qui s’approchent trop près subissent sa morsure et perdent la tête quelques instants. Ils deviennent fous furieux et cherchent à verser le sang. Après ils ne se souviennent plus de rien. Je voulais voir cette créature. Je l’ai juste entre aperçue. C’est en la cherchant que j’ai cru voir Khaena, elle est passée comme ça devant moi, sans rien dire, pas un mot, pas un regard. En fait c’était Killya, elle cherchait à protéger Illy qui s’était mis en tête de trouver la bestiole pour la soulager d’une épine dans le pied. Illy confond les contes avec la réalité parfois. Elle était bien sûr partie sans aucune protection sur elle, juste sa robe légère. J’imagine dans quel état de nerf cela avait mis Killya.

C’est à ce moment là que j’ai contacté Illy pour lui demander si ça allait bien, elle était à l’abri disait-elle et loin de la bestiole. J’ai mal compris sur le moment, j’ai cru qu’elle était à l’abri, genre dans une maison et qu’elle attendait que ça se calme pour en sortir. J’ai donc reproposé mes services pour l’escorter ailleurs, c’est là qu’elle s’est fâchée et qu’il fallait qu’on la lâche tous les deux. Killya et moi je suppose.

Je suis rentré un peu dépité je l’avoue et donc un peu en colère contre Killya qui, je trouvais à ce moment là, semait plus la zizanie autour d’elle qu’autre chose. En retournant voir Khaena je l’ai presque sommé de maitriser un peu plus son corps et par la même sa mère. Je me rends bien compte que c’était idiot. Et là, c’est Khaena qui s’est fâchée.

En y repensant d’ailleurs j’avais meurtri Killya en pensant tout haut avec Khaena sur ce qui me semblait évident des sentiments d’Illy envers Killya.

Finalement c’était moi qui semait la zizanie. Etait-ce l’esprit du sombre qui me rendait aussi peu à l’écoute des personnes qui me sont chères ?

Pouvoir ou coopération

20 Ullitavar 382

Mes cauchemars s’estompent. J’avais la sensation de maîtriser la situation. Mais j’ai senti un moment que je m’enfonçais dans le sol. Aspiré par un tourbillon. Il prenait ma place. J’ai lutté, une bataille d’esprit peut être aussi douloureuse qu’un combat physique. On ne le pense pas, on ne peut tellement pas l’imaginer d’ailleurs. J’ai gagné et pourtant je sais depuis le début que son esprit est plus fort que le mien. Sinon je ne serais ni forgeron, et encore moins nécromant. Cela dit je ne serais plus vivant non plus … Il s’est comme retiré. Pourquoi cet essai que j’ai vécu comme une tentative de prise de pouvoir ?

J’ai réfléchi. Khaena et encore plus Killya parle de Keros comme d’un elfe sage, à les écouter il serait de nature humaine. J’ai sollicité Killya, je ne sais plus pourquoi c’était elle qui était avec moi plutôt que Khaena. Je voulais en savoir plus sur Keros, je lui ai demandé de me parler de lui. J’ai vu qu’elle était émue, peinée aussi. Je devinais bien qu’il lui manquait. Si je ne voyais plus Khaena, je ressentirai la même chose. Elle m’a parlé de lui, pas très longtemps, j’aurais aimé qu’elle m’en dise plus, mais elle n’est pas douée Killya pour exprimer les ressentis, les sentiments.

Killya a dû vivre une période assez difficile. J’ai peu vu Khaena pendant une période. J’ai mis à profit pour me rendre au temple de la terre, non pour discuter avec le prêtre, j’étais bien loin de pouvoir lui parler de tout cela. Mais j’avais besoin d’un endroit propice à la méditation et à la réflexion.

Les jours sont passés assez vite. J’ai senti la présence de Keros. J’essayais d’affiner ce lien qui nous unissait. Il m’a offert la connaissance du rituel. Je sais comment il est arrivé là. Je sais aussi que tant que je resterais ici, dans les Landes, il ne pourra pas en repartir. Que la seule solution pour lui est que j’engendre une progéniture. J’ai vu l’étendue de son pouvoir. J’ai su alors que sans pour autant me faire disparaitre, il pouvait me neutraliser complètement. Il ne l’a pas fait, pourquoi ?

Je discernais que le pouvoir ne l’intéressait pas. Pour lui c’était une aventure qui ne prenait tout son sens que dans la coopération qui pouvait naitre de deux esprits. Défi d’autant plus grand que les deux esprits étaient de race différente. J’avais l’impression qu’il répondait à toutes mes interrogations non formulées. A celle qui me taraudait le plus, ma rencontre avec Khaena, il sut rappeler le souvenir que Killya elle même ne savait plus qui elle était quand j’ai rencontré Khaena. Donc il n’y était pour rien, il ne se doutait d’ailleurs même pas que Killya était morte. Le hasard fait parfois bien les choses.

Toutes ses questions si longtemps sans réponse.

Et la dernière, celle qui intéressait Killya et certainement Keros lui-même. Etait-il possible de lui offrir plus qu’une coopération d’esprit ? Ce n’était pas sans risque, j’ai senti son désarroi, partagé entre l’envie de pouvoir toucher Killya, lui parler et le risque qu’il me faisait prendre. Mais c’était possible, il fallait s’entourer de précaution, mais il ne savait pas encore lesquelles et moi encore moins.

La réponse est venue d’elle même quelques jours après, alors que nous combattions ensemble Khaena et moi dans les catacombes de Naralik. Il y avait un autel, encore utilisé apparemment. Khaena m’apprit que c’était un ancien temple ici. J’ai senti la présence de Keros muée d’une énergie particulière. Nous étions proches, presque à ne former qu’un. Un début d’idée germait dans nos esprits. Khaena y pensait aussi, je le voyais dans ses yeux. Nous avons combattu encore un moment puis je me suis senti prêt.

Au dépôt de Morcraven, nous nous sommes équipés en tentant de tout prévoir : surtout des potions anti-poison, mais toutes les autres potions évidemment faisaient parties de notre paquetage. Des essences aussi. Moi de mon côté j’ai pris ce qu’il fallait pour pratiquer l’art de Keros. J’ai vu la panique sur le visage de Khaena l’espace d’un instant. Fermement je lui ai dit que j’avais besoin d’elle. Elle s’est reprise, puis nous nous sommes dirigés vers le temple de Lith, celui de tarsengaard, là où je n’étais plus tout à fait moi-même quand j’y allais.

Notre intuition fut la bonne, cela a fonctionné. Je n’en garde aucun souvenir si ce n’est un grand froid corporel et une lassitude importante. Quand j’ai pu enfin me lever et marcher j’avais encore terriblement froid, j’ai émis le souhait de me rendre au campement pour me baigner dans l’oasis tiède. Les bains de Nargraw sud auraient été parfaits, mais ils étaient trop loin. Nous sommes donc allés au campement et Khaena voulait quelques fruits frais. Je l’accompagnais au jardin, nous avancions doucement, et là … oui, pourquoi n’y avais-je pas pensé ! La magie du jardin de Galein’th Aseyis. Je m’y suis installé et j’ai récupéré toutes mes forces en une demi-journée.

J’avais réussi, j’étais un peu grisé de ce pouvoir sur la vie et la mort.

Représentante et Assistante

Jour 2 Nuona – Fingelien 382
J’ai découvert que ma mère avait fait de moi ou plutôt de « nous », l’assistante de l’Ilharess. Çà s’est passé durant le conseil matriarcal de la veille…

Il s’agit d’un poste imposé par le palais dans chacun des peuples. Le représentant est celui qui comme son nom l’indique « représente » le peuple auprès du palais et l’assistant le remplace en cas d’absence. La plupart des peuples a adopté cette nouvelle contrainte politique du palais en en faisant leur nouveau système politique.
Mais les sombres rebelles l’ont refusé. Nous continuons à garder notre propre système : une Ilharess, entourée de ses Jaliless qui la conseillent et un Valuk qui est le représentant des mâles au conseil matriarcal.

Pour nous, ces postes imposés par le palais n’ont aucune valeur au sein de notre peuple. Ils ne sont là que pour les relations « extérieurs ». Et encore, l’Ilharess reste celle qui dirige. Il est impensable par exemple que le représentant puisse être en désaccord avec les opinions de l’Ilharess. Il doit être sa voix.

Mais pour ce fingelien, l’Ilharess avait décidé d’être la représentante de notre peuple. Et moi, j’étais sensée la remplacer en son absence. J’espère qu’elle ne sera pas souvent absente!!!

La présence physique

J’ai cru qu’il était retourné au temple de la terre. Il n’en était rien. Pourtant je me sentais lié à lui plus que d’habitude. J’avais la sensation de voir avec mes yeux, de me mouvoir avec mes jambes … c’était étrange. Nous parlions comme si nous étions côte à côte, un dialogue muet, ce n’était pas de la télépathie. J’étais lui et il était moi. C’était la première fois que la fusion était à ce point avancée entre nos deux esprits, à tel point que j’avais des sensations physiques.
Le lieu y était pour quelque chose c’était évident, mais sans l’acceptation du petit bleu cela n’aurait jamais pu avoir lieu. Il commençait à me donner sa confiance, nous allions pouvoir faire de grande chose tous les deux. Pour entériner cette confiance j’ai lu les dernières interrogations qu’il avait et j’y ai apporté une réponse.

  • L’avais-je manipulé pour retrouver Killya ? Non.
  • Que voulais-je faire de lui ? Cohabiter.
  • Pouvait-il me donner plus qu’une présence d’esprit ?

J’ai hésité à lui dire la vérité, j’avais maintenant acquis la certitude que c’était possible, mais cela était dangereux autant pour lui que pour moi d’ailleurs. Il est parfois tellement tête brûlée, l’immortalité fait parfois oublier que l’état vivant peut être parfois proche de la mort voire pire. Et je ne me fierais pas tant que ça aux Landes. J’ai vu dans la mémoire du petit bleu tous ces aventuriers qu’il a connus et qui ont pourtant disparus. Morts ? Vivants ? On ne sait pas. Aucunes informations.
Mais nous ne formions tellement qu’un qu’il a vu la réponse. Il va falloir que je maitrise un peu mieux mon esprit maintenant qu’il accepte ma présence. Je l’ai laissé faire parce que j’avais aussi envie. Pouvoir voir Killya, la prendre dans mes bras, me lier à elle retrouver notre complicité.
Killya … j’avais passé les trois épreuves, je lui appartenais désormais.

Il était décidé. Etrange comme il peut avoir des certitudes un jour et douter autant le lendemain. Il a prévu ce qu’il lui semblait nécessaire pour provoquer notre lien physique. Je n’avais pas besoin de le lui dire, il savait. Il a chargé Khaena de pourvoir à toutes éventualités de malaise. Des potions, des essences, de quoi le couvrir et je ne sais quoi encore. Je commençais à devenir fébrile, comme un jeune puceaux qui rejoint la couche d’une femelle pour la première fois.

J’allais revoir Killya.

Puis il a préféré aller au temple de Lith, celui de Tarsengaard. Il pensait que ce dernier serait plus propice. Moi je pense qu’à Naralik ça aurait été parfait. Les catacombes sont peut être moins chargées d’énergie mystique, mais nous aurions été sur la terre des elfes noirs. A peine le pied posé sur le sol du temple et déjà nos esprits fusionnaient. L’idée du petit bleu était de nous entourer de l’énergie de l’art ultime. Plus il invoquait, plus je prenais forme en lui. Il n’a pas eu peur, il est allé jusqu’au bout.

J’ai pu sentir le froid du temple sur ma peau. Sentir, l’air remplir mes poumons et en sortir sous la forme d’une vapeur chaude. Toutes ces sensations que je ne pensais pas pouvoir ressentir un jour. Nous avions beaucoup avancé dans ce rituel, mais peu pouvait nous en parler une fois qu’ils l’avaient fait et pour cause. Nous en avions conclu à l’époque qu’il n’était pas possible de pouvoir prendre corps. Mais en voyant Killya et Khaena j’ai revu ma position. Et la nous approchions du but.

Ma fille Khaena se tenait devant moi, elle ne semblait pas rassurée plus que ça. J’ai souris puis je l’ai taquinée un peu sur son bleu. C’était marrant de voir comment elle prenait sa défense. Alors que je sentais déjà les forces du petit bleu diminuer, Killya, sans prévenir, à pris le contrôle et s’est jetée sur moi, m’embrassant et m’embrasant par la même occasion. Elle a voulu dire des choses, je l’ai laissé parlé, parce qu’on ne coupe pas une femelle mais je n’attendais qu’une seule chose. Je la voulais, je voulais ne faire qu’un avec elle et je sentais les forces du corps s’amenuiser. Je pense que Killya l’a senti. Elle a finalement arrêté de parler pour s’occuper de nous deux. Elle m’a emmené rapidement à la jouissance, je me suis senti partir alors qu’elle arrivait à la sienne.

C’était déjà fini.
J’étais frustré. Pourtant c’était déjà énorme d’avoir réussi cela.

Dernier pilier

Jour 12 Félinien – Fingelien 382
Le dernier pilier qui me soutenait s’est effondré sur lui même. Kely a préféré vendre des informations à un elfe peu recommandable plutôt que de venir en aide à la tavernière Réca… Il est devenu aussi vénal que certains individus que j’exècre. A croire que les landes détruisent tout. Je n’ai pas cherché à le voir depuis que j’ai appris ce qu’il avait fait. J’aurais été sans doute particulièrement brutale vu l’état dans lequel je suis.

Que me reste-t-il ? Je fuis mon peuple depuis ma démission de mon titre de Jaliless. J’ai quitté les patrouilleurs. Et Kely n’est plus celui que j’ai connu. J’erres sans but, seule, fuyant la compagnie des aventuriers. Émettant parfois un bonjour quand je croise une connaissance.

Ma mère est dans le même état que moi, à moins que ce soit moi qui suis dans le même état qu’elle. Nos émotions se confondent et se mélangent parfois étrangement.

Je ne sais plus très bien quoi faire ni où aller…

L’arbre de l’éternité

Le petit bleu m’a donné son corps une nouvelle fois. Je ne le savais pas, je n’arrive plus à lire son esprit et j’ai l’impression par contre que lui arrive à lire dans le mien.

J’étais dans un environnement plutôt froid, avec un immense arbre. Je ne reconnaissais pas du tout un temple, et encore moins un temple dédié à Lith. Je n’ai pas eu le loisir de réfléchir plus longtemps, Killya s’est jetée sur moi. Nous nous sommes liés avec l’ardeur de nos premiers rapports. Nous avons parlé aussi beaucoup. Elle souffre de sa relation avec sa femelle. Je ne sais pas comment l’aider.

C’est endroit est étrange, il parait que c’est cet arbre qui rend possible l’immortalité des aventuriers ici. En tous les cas il m’a permit de passer énormément de temps avec Killya sans signe de faiblesse de la part du corps du petit bleu et sans volonté de celui-ci à revenir. J’arrive toujours pas à comprendre ce qui s’est passé. Il est passé rapidement d’un refus absolu de mon existence à me laisser une place et pendant un long moment en plus.

J’espère que j’ai apporté un peu de réconfort à ma femelle …

Prise et perte de contrôle

Fin du Félinien 382

Keros m’a livré son savoir sans retenue. Depuis que je lui ai permis de revoir Killya, il ne met plus aucune réserve entre nous. Ca m’a fait peur, j’avais l’impression parfois que nous ne faisions plus qu’un. Avec les nouvelles connaissances que j’ai acquises, j’ai pu y mettre un frein assez rapidement, ça va trop vite. Je sens que Keros ne comprend pas mon comportement, mais pour l’instant je ne peux faire autrement. Je ne veux pas faire qu’un avec lui, connaitre tout de lui et que lui connaisse tout de moi.

Tant que je n’arriverais pas segmenter ce que je peux le laisser voir, il ne verra et n’entendra rien.

Nous avons renouveler l’expérience sur une idée de Khaena. L’arbre de l’éternité s’est révélé être un site propice de magie et d’énergie pour m’aider à laisser plus de temps à Keros. Ce temps qui m’a semblé distendu d’ailleurs. J’avoue avoir pris peur, c’est encore trop nouveau pour moi tout cela. J’ai repris tout contrôle sans prévenir, si bien que je me suis retrouvé nu avec Killya qui m’embrassait. J’ai pu cacher mon trouble en plaisantant sur le fait qu’elle embrassait toujours aussi bien. Je me suis rhabillé rapidement et je suis parti, j’ai fui presque, j’avais besoin d’air frais et de marcher.

Je suis retourné à Nargraw Nord et je me suis entrainé encore et encore. Une espèce de frénésie pas trop contrôlable.

Je n’étais plus moi même, je n’étais pas Keros non plus.

Mais qui étais-je à ce moment là ?

Fou rire et timidité

Jour 8 Mundia – Fingelien 382
Je crois que j’ai rarement autant ri. Kely m’a racontée la mésaventure qu’il avait eu avec ma mère : surpris par l’Ilharess en pleine situation scabreuse. Je n’arrivais pas à m’arrêter de rire. Kely ne comprenait pas ma réaction et affichait un air stupéfait qui provoquait un nouvel éclat de rire. Il a fini par rire lui aussi avec moi.

Après m’être calmée un peu, je me rendais compte que cette situation avait dû provoquer une crise au sein du couple que formait ma mère et l’Ilharess. Et ce n’était pas vraiment le moment d’après Kely. L’Ilharess n’allait pas très bien et d’après les dires de ma mère semblait être en pleine crise de doutes envahie par un lourd sentiment de solitude. Entre autre, elle paraissait peinée que je ne vois en elle qu’une Ilharess.
Je dois avouer que je me sentais tellement gauche et mal assurée à côté d’elle que je n’osais pas entamer d’autres discussions que celle d’une sombre à son Ilharess. Kely insistait : il fallait que je reprennes mon titre de Jaliless pour la soutenir et éventuellement devenir son amie, sa confidente.

Mais à vrai dire, je ne savais pas bien comment m’y prendre. Kely me poussait à aller près d’elle dés son réveil. C’était surprenant de sa part, il avait toujours montré pour l’Ilharess, une grande animosité. Et soudain, il semblait inquiet pour elle. A moins, qu’il se sente coupable d’avoir provoqué un peu plus de douleur alors qu’elle allait si mal…
Toujours est il que je suis allée à Nukavuri attendant son réveil. Quand elle est arrivée, je me sentais, une fois de plus, stupide et tous les mots que j’avais préparés pour tenter de lui prouver qu’elle était bien plus qu’une Ilharess pour moi me sont sortis de la tête. Je n’ai pu que lui dire que j’étais toujours là pour le peuple et qu’elle pouvait compter sur moi…

Je me sentais stupide, j’ai laissé ma mère reprendre les commandes.

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