Tag Archive: Solitude


Dernier pilier

Jour 12 Félinien – Fingelien 382
Le dernier pilier qui me soutenait s’est effondré sur lui même. Kely a préféré vendre des informations à un elfe peu recommandable plutôt que de venir en aide à la tavernière Réca… Il est devenu aussi vénal que certains individus que j’exècre. A croire que les landes détruisent tout. Je n’ai pas cherché à le voir depuis que j’ai appris ce qu’il avait fait. J’aurais été sans doute particulièrement brutale vu l’état dans lequel je suis.

Que me reste-t-il ? Je fuis mon peuple depuis ma démission de mon titre de Jaliless. J’ai quitté les patrouilleurs. Et Kely n’est plus celui que j’ai connu. J’erres sans but, seule, fuyant la compagnie des aventuriers. Émettant parfois un bonjour quand je croise une connaissance.

Ma mère est dans le même état que moi, à moins que ce soit moi qui suis dans le même état qu’elle. Nos émotions se confondent et se mélangent parfois étrangement.

Je ne sais plus très bien quoi faire ni où aller…

Solitude et Meeko

Jour 7 Nuona – Fingelien 384
Ca y est nous étions à Solitude!!! Après une longue traversée des marais, où nous avions été attaquées par toutes sortes de créatures : vasards, araignées, trolls, …

Solitude était une grande ville accrochée à la montagne avec une étrange formation rocheuse surplombant le bras de mer à ses pieds.

Notre mission était de trouver un argonien du nom de Gulum-Ei. Je ne savais absoluement ce qu’était un argonien. Mais en découvrant Gulum-Ei, j’ai compris que les argoniens devaient être ce que nous appelions les sauriens en Draïa, ou du moins quelque chose s’en approchant… Il devait pouvoir nous aider à découvrir qui se cachait derrière un mystérieux symbole retrouvé sur plusieurs documents. Quelqu’un en voulait à la guilde des voleurs et il nous fallait découvrir qui. Gulum-Ei était susceptible de nous donner cette information, encore fallait il qu’il veuille bien le faire. L’amadouer n’a pas été facile, il nous a d’abord demandé d’aller voler une caisse de vin-de-feu au palais.

J’ai pu voir alors en action ma femelle chat subtilisant la caisse alors que des gardes étaient à quelques mètres seulement. Puis, elle est repassée devant eux très calme, l’air de rien alors que je n’en menais pas large. J’avais peur à chaque instant qu’un garde nous demande ce que nous faisions là. Shaael voyant mon angoisse, m’a pris par la taille en souriant et en me murmurant à l’oreille de ne pas m’inquiéter.

Nous avons ramené la caisse à l’argonien mais celui-ci ne nous en a pas dit beaucoup plus. Il fallait le suivre pour trouver son repère et avoir un moyen de pression pour qu’il nous dise ce qu’il savait. Nous l’avons pris en filature jusqu’au port où il est entré dans un entrepôt. Shaael m’a impressionnée un nouvelle fois par son habileté au crochetage de serrure. Nous sommes entrées. L’entrepôt était gardé par des soldats impériaux. Il valait mieux que nous ne nous fassions pas voir. Heureusement, en tant que sombre, je n’ai pas démérité : ma marche était aussi silencieuse que celle de Shaael. Nous avons suivi Gulum-Ei, nous cachant entre les caisses pour éviter les gardes. Il a fini par atteindre une espèce de grotte dont l’entrée était presque entièrement submergée.

C’est dans les tunnels de cette grotte que j’ai compris l’intérêt de l’arc de ma femelle chat. Elle tirait de loin puis se cachait subrepticement. Les bandits ne voyaient jamais d’où venait les tirs et elle les éliminait les uns après les autres. C’est de cette façon que nous avons fini par atteindre le fond de la grotte où se cachait Gulum-Ei. Cette fois, il était apeuré et il a tout avoué de peur que nous le tuons comme ses acolytes. Celle qui cherchait à déstabiliser la guilde des voleur était Karliah. J’ai sursauté en entendant ce nom : j’avais compris Kharya… Shaael a remarqué mon trouble mais n’a rien dit sur le moment, continuant l’interrogatoire de l’argonien.

Nous avions toutes les infos. Il était temps de repartir. La sortie de l’entrepôt a été plus problématique une garde impériale, nous a surpris. Shaael a du l’éliminer pour ne pas qu’elle alerte les autres gardes. Après avoir déposé, un livre à l’académie des Bardes, nous avons quittés Solitude.

Sur le chemin, nous avons croisé un chien. Il semblait vouloir que nous le suivions. Il nous a conduit à une petite cabane en bois. Un homme était là mais il était mort. Il s’agissait sans doute de son maître… En lisant le journal qu’il avait laissé, nous avons appris que le chien s’appelait Meeko. Il avait un air tellement gentil. Il me faisait craquer.

Mais le côté félin de Shaael ne lui trouvait rien d’intéressant. Elle voulait le laisser là. Les chiens et les chats n’ont jamais fait bon ménage… Alors, j’ai sorti le grand jeu en lui faisant les mêmes yeux que Meeko. Et elle n’a pas résisté. Elle a accepté en grognant qu’il nous suive. Je lui ai sauté au cou. Elle m’a souri attendrie. Puis à nouveau, elle a grogné sans doute trouvant qu’elle avait accepté trop vite : « j’espère qu’il sera utile! Je n’ai pas envie d’un idiot de chien dans mes pattes. ». J’ai pouffé en la prenant par la main. Nous avons repris la route avec Meeko qui restait sagement derrière nous.

Aurore boréale et chien de guerre

Jour 10 Nuona – Fingelien 384
En nous levant, ce matin là, nous avons vu une aurore boréale… C’était tellement beau… Je regardais subjuguée pendant que Shaael me caressait tendrement le dos attendrie par mon émotion.

Elle m’a enveloppée de ses bras, mon dos contre elle. Nous étions assises en train de regarder le spectacle magique que la nature nous offrait. Elle me caressait tendrement. Ce moment me rappelait le coucher de soleil que j’avais vécu avec Kely. J’ai approché doucement le visage de ma femelle chat du mien et j’ai goûté ses lèvres. Elle a compris ce que je voulais sans que je lui dise un mot. Ses caresses sont devenues sensuelles m’offrant un plaisir et un bonheur rares. Est ce que ce que je vivais avec Shaael était l’aube d’une nouvelle vie pour moi ?

Il était temps de repartir mais Shaael fixait Meeko : « Et maintenant, on va faire quoi de ce chien? j’aimerai bien voir de quoi il est capable… ». Elle a proposé de remplir la mission que le chambellan de Solitude lui avait proposé. Il fallait « faire le ménage » dans la grotte du crane de loup. En arrivant près de l’entrée, Shaael a distingué deux squelettes. Elle a pu les tuer de très loin avec son arc. Meeko est resté tranquillement derrière nous, sans intervenir. Puis nous sommes entrées dans la grotte furtivement, sans un bruit, Shaael éliminant les nécromanciens qui nous barraient la route. Meeko est intervenu une première fois quand les bandits nous ont aperçu et se sont dirigés vers nous. Il a arrêté leur progression permettant ainsi à Shaael de continuer à utiliser son arc. Elle a souri un peu se rendant compte de l’utilité que pourrait avoir le chien dans sa façon de combattre.

Plus loin, Meeko s’est soudain précipité en avant alors que nous n’avions rien vu… J’ai couru malgré les cris de Shaael qui me disaient de rester près d’elle, j’entendais les gémissements de Meeko. Il avait été blessé. Il était dans un trou, j’ai sauté pour lui venir en aide. Il y avait là un nécromancien entourés de golems de glace. Meeko continuait attaquer tandis que je tentais de l’aider. J’entendais les flèches de Shaael siffler près de moi et qui atteignaient les créatures. Tout s’est arrêté quand la dernière flèche de Shaael a atteint mortellement le nécromancien.

Meeko était vivant mais ne bougeait plus grièvement blessé. J’ai commencé à soigner ses blessures. Shaael nous a rejoint dans le trou. Elle était furieuse : « Quel idiot ce chien!!! Et toi qu’est ce qu’il t’a pris de sauter avec lui? ». Je voulais défendre Meeko des critiques : « il voulait nous protéger… et j’ai voulu l’aider… ». Et j’ai vu le regard de Shaael. Elle était horriblement inquiète. Elle m’a serrée contre elle. Elle tremblait : « J’aurais pu te blesser… ». Je l’ai rassurée : je n’avais aucune blessure. J’ai goûté tendrement ses lèvres. Elle a répondu par un baiser avide. Nos sens ont commencé à s’enflammer oubliant tout ce qui nous entourait, jusqu’à ce que Meeko aboie, nous ramenant à la réalité. Shaael a souri : « il est jaloux le chien! ». Nous avons éclatés de rire.

Nous avons continué en nous enfonçant dans la grotte toujours plus profond, éliminant ceux qui étaient sur notre chemin jusqu’à une tour d’où émergeait une lumière bleue qui semblait prendre la forme d’une femme. Du bas, nous pouvions distinguer qu’il y avait des nécromanciens autour mais impossible à atteindre. Nous allions donc devoir entrer par les escaliers, seul chemin pour y accéder… Shaael n’aimait pas çà. Nous arrivions par le bas avec une retraite difficile mais il n’y avait pas beaucoup d’autres possibilités. La première flèche a attiré directement les nécromanciens sur nous et pire une nécromancienne que nous avions cru morte s’est relevée derrière nous, nous bloquant toute retraite. Pourtant, c’était notre seule chance de salut. Nous l’avons à nouveau « tuée » fuyant les autres. Shaael nous a entraîné sur un petit surplomb rocheux. Nos poursuivants sont passés sans nous voir. Ils sont repassés à nouveau pensant apparemment que nous étions loin et décidé à terminer leur rituel.

Nous avons profité de ce bref répit pour nous soigner. Les blessures que nous avaient infligées nos agresseurs étaient assez graves. J’ai vu Shaael qui regardait autour d’elle cherchant une solution. Finalement, du petit surplomb rocheux où nous nous étions réfugiées, il y avait moyen d’atteindre certains nécromanciens. Une nouvelle fois, l’arc de ma femelle chat a fait des dégâts : un nouveau nécromancien s’est écroulé et un autre a été grièvement blessé. Mais, elle ne pouvait atteindre les autres. Il allait falloir retourner à l’affrontement direct.

Nous sommes descendues du surplomb rocheux et avons montés en silence les escaliers. Shaael a lancé Meeko à l’attaque devant nous. Il a éliminé sans problème le nécromancien blessé tandis que nous nous précipitions à sa suite. Il attaquait tandis que Shaael inondait de flèches les derniers nécromanciens. Nous avions réussi. La lueur bleue s’est éteinte : le rituel avait été stoppé à temps. Nous avons poussé un cri de victoire tandis que Meeko aboyait joyeusement en courant autour de nous.

Notre retour à Solitude a été plutôt mouvementé… A peine sorties de la grotte, nous avons entendu un grondement sourd qui faisait trembler la terre sous nos pied : « un dragon!!! ». Meeko s’est précipité en avant cherchant à l’attaquer alors qu’il volait autour de nous. Il s’est soudain poser derrière nous en envoyant son souffle glacé. Une fois de plus, Meeko est intervenu bravement se jetant sur lui et le faisant fuir plus loin. Shaael lançait ses flèches qui on finit par l’affaiblir. Il est finalement tomber juste au pied de ma femelle chat mais il était encore bien vivant. Je la regardait effrayée : le monstre était bien plus gros qu’elle. Elle a sorti son espadon d’acier de Forgeciel et s’est ruée sur lui. J’étais tétanisée incapable de réagir, c’était la première fois que je voyais un dragon d’aussi près. Il lui a suffit de deux coups pour achever le monstre.

Ensuite, une drôle de chose s’est passée : Shaael a absorbé l’âme du dragon… C’est du moins ce qu’elle m’a expliqué. Apparemment, elle était un enfant dragon… Elle semblait à peine y croire elle même. Je la regardais impressionnée : elle se tenait fièrement dans son armure elfique près de la carcasse du dragon avec Meeko à ses côtés. Je crois que cette image restera gravée dans ma mémoire.

Nous avons poursuivis notre chemin, Shaael semblant trouver tout çà parfaitement « normal »… Une nouvelle fois, Meeko nous a sorti de mauvais pas en repérant un spectre de glace et un smilodon bien avant nous. L’arc de ma kajiit faisait le reste. J’ai cru discerner enfin dans les yeux de ma femelle chat une certaine admiration pour Meeko. Je l’ai même surprise à lui donner une petite tape affectueuse sur la tête. Je me suis gentiment moquée d’elle affirmant qu’elle l’aimait bien. Elle a grogné : « les chats n’aiment pas les chiens mais… il est utile. Faudra quand même que tu lui apprennes à se taire! Il m’énerve à aboyer tout le temps ». J’ai ri sous cape. Je savais bien qu’elle commençait à avoir de l’affection pour lui malgré ses paroles.

Noir

Jour 23 Fingel – Fingelien 385
Je suis arrivée à Bordeciel. Il fallait que je me fasse discrète si je voulais retrouver Shaael. Si elle était vivante, elle ferait sans doute tout pour m’éviter comme quand je l’avais cherché la première fois. Il me fallait écouter sans poser de questions trop directes. Heureusement pour moi, les kajiits sont assez rares en Bordeciel. Il suffisait que je dises chercher une caravane Kajiit pour qu’on me parle des Kajiits qu’ils avaient croisé. Puis, quand un nordique m’a parlé d’une kajiit accompagnée d’un chien, j’ai su que j’étais sur la bonne voie. Même si je m’étonnais qu’il ne parle que d’un seul chien… Quand j’ai quitté Shaael, elle avait deux chiens : Meeko et Barbas. Peut-être que Barbas avait fini par retrouver son maître?

J’ai suivi la piste que le nordique m’avait indiquée. Je voyageais de nuit utilisant mes qualités de discrétion de sombre, en profitant ainsi pour repérer les feux de camps au loin. J’ai fini par la trouver. J’ai failli me faire repérer. Ses sens aiguisés avaient repéré mon approche. Je me suis cachée derrière un arbre espérant qu’elle ne m’avait pas vu. Je la voyais regarder dans ma direction intriguée. Elle devait se demander si elle avait rêvé ou non. J’ai vu qu’elle était en compagnie de Lydia, la nordique mise à son service par le Jarl de Blancherive. Une pointe de jalousie a aiguillonné mon coeur. Etaient elles devenues amantes?

Soudain, une masse sombre s’est jetée sur moi. Elle s’est mise à me léchouiller le visage. Meeko était là. Il m’avait reconnu. Il sautait autour de moi me faisant la joie, tandis que j’essayais de le calmer pour ne pas que son attitude attire l’attention de Shaael. J’adorais Meeko et j’étais heureuse qu’il se souvienne de moi ainsi. Je l’ai caressé autant que j’ai pu et je lui ai chuchoté de rejoindre Shaael. J’ai vu ma femelle chat, observer interloquée l’attitude de Meeko qui revenait vers elle tout joyeux. Je l’ai vaguement entendu gromeller que ce chien était vraiment stupide, ce qui a fait sourire la glaciale Lydia. Elles ont alors continué à remballer leurs affaires prêtes à repartir.

Je ne savais pas ce que je devais faire : si je me montrais, Shaael risquait de fuir encore une fois et si je continuais à les suivre, je finirais de toutes façons par me faire repérer. J’en étais là de mes réflexions quand un mouvement dans la neige a attiré mon attention : un troll des glaces était en train de me charger. Je n’avais aucune chance contre cette bestiole que j’avais fui il y a plusieurs mois avec Shaael. J’ai fui une nouvelle fois droit devant moi.

Ma course effrénée a brutalement été stoppée… une douleur fulgurante m’a traversée la poitrine… Une flèche de verre était plantée tout près de mon coeur… j’ai regardé devant moi incrédule… Shaael était là toujours avec son arc bandé. L’incompréhension se lisait dans nos deux regards. J’ai vu soudain Meeko menaçant me montrant les dents… je ne comprenais plus… il s’est jeté sur moi… j’ai vu l’effroi dans le regard de Shaael… puis soudain une nouvelle douleur dans le dos cette fois. Les griffes du troll des glaces m’avait entaillée… Meeko ne s’était pas jeté sur moi mais sur lui…

Une nouvelle flèche a sifflé à mes oreilles tandis que l’horizon basculait et que le sol s’est rapproché de moi sans que je puisse l’en empêcher… j’étais allongée dans la neige glaciale, qui rougissait sous mon corps. Les sons autour de moi étaient étouffés… Il y avait un martèlement étrange. J’ai compris qu’il s’agissait des battements de mon coeur. Je me suis dit que j’allais me retrouver bien vite dans l’Achéron… Et puis, je me suis souvenue… ici, il n’y avait pas d’Achéron… La panique m’a envahie soudain… j’allais mourir… le martèlement s’est accéléré provoquant une douleur plus vive encore.

Je crois que j’ai appelé Shaael… j’entendais des bruits de lutte près de moi puis le râle d’agonie du troll des glaces. Je me suis retrouvée soudain dans les bras de ma femelle chat. Elle regardait plus loin semblant donner des ordres… pourquoi est ce qu’elle ne me regardait pas? J’ai tendu un main vers sa joue pour attirer son regard mais mon bras avait la lourdeur du plomb. Elle a pris ma main et l’a posée sur sa joue en me regardant, d’un air terriblement angoissé. J’ai tenté de sourire. Elle a embrassé la paume de ma main avec le baiser enflammé d’une amante. Elle m’aimait toujours… j’ai souri… Elle me disait quelque chose mais je n’entendais pas… un voile rouge gênait ma vue… il fallait que je lui dise… « je t’aime »… je n’ai pas entendue ma voix… est ce que j’avais parlé? J’ai senti la douceur de ses lèvres sur les miennes tandis que mon coeur s’emballait de bonheur et que la douleur me déchirait…

Puis le noir…

Souvenirs

En rassemblant ce que j’avais pour soigner Khaelya, j’ai ouvert son sac. Je suis tombée sur ses deux journaux intimes : celui de Khaena et celui de Killya… J’avais les deux livres entre les mains. Avais je le droit de les lire? Je les ai posé à côté d’elle sans oser les ouvrir…

J’ai trouvé quelques potions, des essences dont je ne connaissais pas l’usage, sans doute utile dans les îlots comme elle les appelait. Les pansements de ma sombre étaient déjà imbibés : elle perdait beaucoup trop de sang… Mes connaissances en soins étaient plus que limitées. Je regrettais de ne pas m’être plus intéressée que çà, à la façon de soigner les gens. Khaelya était apothicaire. Elle savait faire tout çà et elle aimait prendre soin des autres… Pourquoi ce n’était pas moi qui avait été blessée à sa place? Moi, je n’étais bonne qu’à voler et à tuer…

J’ai refait ses pansements. Elle n’a pas réagit… elle était toujours aussi faible… mais au moins elle était toujours vivante… combien de temps tiendra-t-elle? J’étais inquiète pas seulement à cause de son état mais aussi parce que le temps allait tourner au blizzard. Le campement était au milieu d’une petite plaine sans protection et Khaelya était intransportable. J’ai construit une espèce de petite cabane en neige et en peau autour de nous et du feu.

La tempête faisait rage dehors… je ne savais plus quoi faire. Mes yeux sont retombés sur les journaux intimes. J’hésitais… Puis, j’ai ouvert celui de Khaena… Au début, j’ai juste feuilleté sans oser vraiment lire. Puis je suis tombée sur la lettre qu’elle avait envoyée à Kharya sa femelle des îlots et où elle parlait de moi…

Je me souviens de notre rencontre. Mon regard avait été attiré par elle parce qu’elle me fixait avec des yeux effrayés et éberlués. Elle m’a expliqué par la suite sa frayeur d’avoir cru apercevoir un démon d’jhi. Je me suis invitée à sa table. Elle était belle magnifiquement belle… Des cheveux de la blancheur de la lune, une peau entre l’ébène et l’argenté, des yeux rouges flamboyants et des traits d’une finesse qui la faisait paraître presque fragile. J’étais déjà sous le charme. Et puis, une fois l’instant de frayeur passé, elle ne m’a pas traité en animal mais comme un être à part entière: sans condescendance et avec respect. C’est rare en Bordeciel envers les kajiits.

Nous avons parlé toute la journée puis une partie de la nuit sans pouvoir nous séparer. Elle m’a raconté avec angoisse son secret : le double esprit qu’il y avait en elle. Elle avait peur que je la prenne pour une folle. Mais étrangement, je l’ai cru. Je ne sais pourquoi. Mon instinct de kajiit sentait qu’elle était sincère. Nous avons fini par aller nous coucher chacune dans une chambre.

Mais je n’arrivais pas à dormir. Je voulais la rejoindre. Je suis entrée furtivement, sans savoir ce que j’allais faire ensuite. Elle dormait peut-être déjà? Puis, j’ai entendu cette autre voix, plus affirmée, plus rauque. C’était Killya. Est ce que Killya avait parlé de moi dans son journal intime? J’ai cherché et j’ai trouvé. Je me souviens de cette bagarre qui s’était terminée en étreinte. Je me souviens des jours qui ont suivis et de la passion qui nous avait emportée. Je n’avais pas revu Khaena. Killya s’imposant continuellement jusqu’à ce que Khaena veuille rentrer pour un évènement qui avait l’air de lui tenir à coeur : l’inauguration de la reconstruction des terres de son peuple sur les îlots. Je me souviens de leur départ. Killya était furieuse, elle voulait rester près de moi… Je me souviens du regard peiné de Khaena déchirée entre sa promesse de retourner sur les îlots et les désirs de Killya. Je n’ai pas voulu en ajouter plus à son désarroi. Je l’ai laissé partir. Mais, je n’ai pas pu m’empêcher de venir goûter un coin de ses lèvres en lui disant au revoir. Maintenant, je sais que ce baiser l’avait troublé autant que moi. J’étais amoureuse des deux femelles en elle : la passionnée Killya et la douce Khaena…

J’ai refermé les livres. Le vent hurlait au dehors et le froid me transperçait. J’ai vérifié la température de Khaelya, elle était glacée. J’ai mis toutes les couvertures sur elle et je l’ai prise dans mes bras pour la réchauffer de mon corps. La nuit allait être longue…

Retour à Solitude

C’est avec stupéfaction que j’ai vu apparaître Lydia. Comment avait elle fait pour être aussi rapide ? Elle m’a juste racontée qu’elle avait « intercepté » un chariot qui se rendait à Solitude et lui avait fait faire un « petit détour ». J’ai presque souri en imaginant les arguments convaincants de nordique qu’elle avait du employer pour arriver à ses fins. Le chariot était un peu plus bas sur la route.

J’ai ramassé les affaires et je les ai données à Lydia pour qu’elle les porte. J’ai pris Khaelya dans mes bras, elle semblait moins pâle et sa respiration plus régulière. Je savais que le trajet était risqué et que ma sombre allait sans doute souffrir de ce déplacement mais le temps était redevenu clair et beau. C’était l’occasion ou jamais. A Solitude nous pourrions trouver des guérisseurs. En restant ici, je la mettais en danger si son état se dégradait à nouveau.

Lydia s’est proposée pour porter Khaelya jusqu’au chariot. En tant que Nordique, elle était bien plus robuste et plus forte que moi. Mais, je me refusais à laisser porter ma sombre par quelqu’un d’autre que moi. La descente était difficile. J’ai failli tomber plusieurs fois mais Lydia gardait constamment un oeil sur moi et me retenait quand il le fallait. Nous avons installé des peaux pour que Khaelya puisse rester allongée tout le long du voyage. Elle a gémi un peu en grimaçant quand je l’ai déposée dans le fond du chariot. Je lui ai caressé doucement le visage. Elle a ouvert les yeux et m’a regardée. J’ai embrassé sa main en lui expliquant que nous allions à ma nouvelle maison à Solitude. Elle a esquissé un léger sourire douloureux et s’est rendormie.

Le voyage a été pénible pour elle. J’ai essayé de la garder contre moi la plupart du temps pour lui éviter les secousses. Arrivées, à Solitude, J’ai porté Khaelya jusque dans la chambre pendant que Lydia courrait chercher un guérisseur. Jordis, la rousse huscarl que le Jarl de Solitude avait affecté à mon service, m’a regardé éberluée. Je crois qu’elle ne s’attendait pas à ce que je ramène quelqu’un et surtout que j’ai des gestes tendres envers une femelle.

Lydia est arrivée avec le guérisseur. Il a ausculté Khaelya. La blessure provoquée par ma flèche ne l’inquiétait pas trop. Il disait que nous avions fait ce qu’il fallait même si nous avions eu beaucoup de chance qu’en faisant traverser la flèche ainsi nous n’ayons pas touché le coeur. Cela aurait été fatal. La blessure dans le dos semblait l’inquiéter beaucoup plus. Elle était profonde. Il a froncé les sourcils et il a demandé si Khaelya avait bougé les membres inférieurs depuis qu’elle avait été blessée. A vrai dire, je n’en savais rien… Elle avait presque été inconsciente tout le temps… Pourquoi me posait il cette question ?

Il n’a rien répondu, se remettant à sourire comme pour me rassurer. Il a déclaré que nous verrions bien quand elle se réveillerait. Lydia l’a raccompagné jusqu’à la porte pendant que Jordis me demandait si elle pouvait faire quelque chose. Je l’ai renvoyé vertement en lui disant d’aller jouer aux billes avec Lydia. Je me suis allongée près de Khaelya. L’angoisse m’étreignait la gorge. Je me suis blottie contre son cou, respirant son odeur. Au moins, elle était vivante…

Les soins d’un guérisseur

Je me suis réveillée sous les caresses de Khaelya. Elle me souriait. Je me suis redressée pour me pencher ensuite sur elle et goûter ses lèvres. Elle a répondu avec ferveur à mon baiser, enflammant mon désir. Mes mains se sont mises à caresser son corps presque malgré moi. Puis, je me suis ressaisie : elle était blessée, je risquais de lui faire plus de mal que de bien. Elle a ri de mes inquiétudes. Mais, je ne voulais pas en démordre : elle devait voir le guérisseur avant.

J’avais renvoyé Lydia à Blancherive pour qu’elle se repose. J’ai alors demandé assez durement sans y mettre beaucoup de formes à Jordis d’aller chercher le guérisseur. Khaelya s’est moquée de moi en disant que c’était la première fois qu’elle voyait une chatte aboyer. J’ai vaguement souri ayant du mal à cacher mon inquiétude. Je suis venue me blottir contre elle recherchant ses caresses qu’elle m’a offertes naturellement.

Le guérisseur est arrivé interrompant ce moment de tendresse. Khaelya a demandé à ce que je les laisse seuls. J’ai grogné surprise qu’elle m’écarte ainsi. J’ai attendu dans la pièce d’à côté en faisant les cent pas sous le regard de Jordis qui n’osait pas m’adresser la parole de peur de subir mes foudres. Après plusieurs minutes, j’ai entendu un cri de douleur de Khaelya. Je me suis précipitée : ma sombre était allongée sur le ventre et horriblement pâle. J’ai attrapé le guérisseur par le col prête à le frapper pour avoir oser lui faire mal. Celui-ci était stupéfait de ma réaction. Khaelya m’a demandé de me calmer : le guérisseur n’avait fait que son travail en enlevant la pointe de la griffe du troll des glaces de son dos. Je l’ai lâché en le repoussant quand même en arrière assez rageusement. Khaelya a eu un regard dur en me demandant assez durement de ressortir.

J’ai obéi en baissant les yeux m’en voulant d’avoir provoqué la colère de ma femelle. Après de très longues minutes, le guérisseur est sorti de la chambre. J’ai essayé de lui dire que j’étais désolée mais il a levé la main comme pour dire qu’il comprenait. Il m’a expliqué que Khaelya allait avoir du mal à marcher pendant quelques temps mais qu’il pensait qu’il n’y aurait pas de séquelles. Je l’ai remercié et je l’ai payé grassement comme pour excuser mon attitude. Il a souri en déclarant que cet argent servirait à soigner ceux qui n’en avaient pas les moyens. J’ai laissé Jordis le raccompagner à la porte.

J’ai hésité à entrer dans la chambre… J’avais peur de retrouver, le regard furieux de Khaelya. Mais après tout, je méritais bien sa colère… Je suis entrée à petit pas. Elle était assise dans le lit et m’a souri. Soulagée, je me suis précipitée à ses côtés, me blottissant contre son ventre pendant qu’elle me caressait. Je me suis mise à pleurer sans que je sache vraiment pourquoi… Sans doute, la tension qui se relâchait brutalement. Elle n’a pas cessé de me caresser et de me murmurer des mots doux jusqu’à ce que je m’endorme épuisée contre elle.

Convalescence

Cela fait des jours et des jours que je n’ai pas écrit dans ce journal… Sans doute parce que quand on est heureux, on ne ressent pas le besoin de l’écrire.

Mes premiers jours d’éveil, j’avais toujours cette horrible douleur dans le dos qui m’empêchait de marcher. Shaael passait son temps à me porter à droite à gauche. J’aimais être dans ses bras et qu’elle prenne soin de moi ainsi. Elle m’a fait découvrir sa « maison »… Il s’agissait en fait d’un immense manoir sur trois étages, appelé par les habitants de la ville : le manoir de Haute-flèche. Il était situé tout près du palais et bénéficiait d’une vue incroyable sur la baie en contrebas. Je me suis moquée de ma femelle chat : elle qui n’avait jamais eu vraiment de maison préférant la liberté du nomadisme, se retrouvait avec trois maisons dans trois villes différentes. Elle m’a regardé très sérieusement avouant qu’elle ne les avait achetées que pour m’y voir vivre avec elle. Je suis restée un instant stupéfaite pour finalement me mettre à pleurer sous l’émotion. Même quand je suis partie loin d’elle en rejoignant les îlots, elle avait toujours espéré mon retour et avait acheté ces maisons pour moi.

Les jours ont passé et j’ai recommencé doucement à marcher. Shaael et moi, nous ne nous quittions plus. Notre relation devenait fusionnelle au point qu’il nous était impossible de nous séparer même quelques instants. Nos mains étaient constamment liées quand il ne s’agissait pas de nos corps.

Jordis nous surprenait parfois sans le vouloir dans des attitudes qui ne pouvaient prêter à confusion. Le plus surprenant, c’est que Shaael plutôt que de s’écarter de moi comme nous le faisions dans ces cas là pour ne choquer personne, n’arrêtait pas ses gestes. Elle cherchait à la provoquer je crois. Les nordiques sont en effet très traditionalistes et l’amour entre femelles est difficile à accepter pour eux et encore plus quand il s’agit de femelles de races différentes. D’autant que nous faisions toutes deux parties de races qui avaient très mauvaises réputations ici : les Kajitts étaient considérés comme des voleurs et les elfes noirs des assassins…

Je ne m’attendais pas à tant de mépris de la part de certains en Bordeciel. J’y étais pourtant habituée dans les îlots. Je dois dire que j’ai failli exploser une fois quand j’ai entendu une garde traiter Shaael de « minou ». Ma femelle chat s’était raidie sous l’insulte mais voyant que j’était prête à exploser moi aussi, elle m’a entraînée au loin. Elle ne voulait pas que je me retrouve au cachot à cause d’elle. J’étais furieuse : comment une garde représentant la loi pouvait se permettre ce genre d’agression verbale gratuite? Le racisme était il tellement entré dans les moeurs qu’il était normal d’insulter les non nordiques? Elle posait ses mains sur mes joues tentant de me calmer affirmant qu’elle avait l’habitude. Puis, elle s’est mise à sourire : elle reconnaissait la véhémence contre l’injustice de Khaena et l’envie d’en découdre de Killya. Son sourire amoureux m’a finalement calmée.

Mais malgré les tentatives de provocation de Shaael, Jordis n’a jamais semblé troublée par nos rapports. Elle ne faisait aucune remarque s’éloignant sans un mot comme si elle ne voulait pas nous déranger. Shaael a fini par se lasser de son jeu.

Nous avons continué ainsi de profiter l’une de l’autre : visitant la ville, partageant des soirées. J’écoutais les derniers potins. Ce qui semblait le plus préoccuper les habitants, c’était l’assassinat de la cousine de l’empereur pendant son mariage. Apparemment des membres de la guilde des assassins avait été vus sur place. Quand j’ai entendu pour la première fois cette histoire, j’ai lancé un regard interrogatif à Shaael, elle a détourné la tête. Puis quand j’ai entendu certaines personnes dire que ma kajitt était là au mariage, j’ai compris qu’elle ne devait pas être complètement innocente dans cette histoire. Je ne lui ai pas posé de questions, je sentais que je n’aimerai sans doute pas savoir ce qu’elle avait fait ce jour là.

Puis nous avons fini par tourner en rond. Il était temps de reprendre la route. Shaael en avait besoin et moi, je supportais de moins en moins la grande ville qu’était Solitude. Quand j’ai proposé à ma femelle chat de repartir à l’aventure, j’ai vu son regard s’illuminer. En fait, elle n’attendait que çà mais n’oser pas forcer les choses attendant que j’aille mieux.

Nous avons préparé notre paquetage et nous sommes reparties sur les chemins tortueux de Bordeciel.

Questions et rumeurs

Khaelya va mieux pour mon plus grand soulagement. Elle recommence à marcher. Mais je me demande, si je ne préférais pas devoir la porter. Au moins, je n’avais pas peur qu’elle tombe à chaque instant ou que quelque chose lui arrive. J’ai tellement été terrifiée à l’idée de la perdre que désormais je n’arrive plus à la quitter du regard ou à ne plus la toucher. J’ai peur parfois qu’elle me trouve trop « collante » mais elle semble apprécier mes attentions et mêmes parfois elle les recherche. J’adore voir son regard s’enflammer quand je la caresse. J’adore quand ses mains visitent mon corps. Toutes ses attentions que nous nous offrons, me transportent…

Je déteste que Jordis nous surprenne alors que je suis en train d’offrir du plaisir à ma belle sombre. Alors, je continue sans me préoccuper d’elle, espérant que choquée, elle finisse par demander un autre thane. Mais apparemment, çà ne la dérange pas, elle s’éclipse discrètement sans un mot. Elle est moins glaciale que Lydia, plus sensible. Je me suis renseignée sur elle discrètement auprès de mes contacts de la guilde des voleurs. Elle avait eu deux thanes avant moi : Une nordique qui avait fini par cesser les combats et se marier, et un orque alcoolique et violent qui était mort lors d’une mission que lui avait confié le palais. Les rumeurs disaient que Jordis l’avait laissé mourir sans venir à son aide : une sorte de vengeance pour avoir subi ses humiliations quotidiennes. Mais je me méfiais toujours de ce type de rumeurs. Et puis, je trouvais que si c’était vrai, l’orque n’avait eu que ce qu’il méritait. J’ai fini par arrêté mes provocations. Je l’aimais bien finalement.

Khaelya voulait découvrir Solitude. Je n’aimais pas beaucoup çà mais je venais avec elle. J’avais peur qu’elle entende trop de choses au sujet du mariage de la cousine de l’empereur. Mais comment empêcher les gens de parler surtout de cette histoire où la mariée était morte assassinée… Je crois qu’on en parlera encore très longtemps. C’est moi qui l’avait tuée effectuant une mission de la guilde des assassins. J’avais laissé Lydia et Meeko à l’entrée de la ville pour ne pas qu’ils soient impliqués si jamais je me faisais prendre. J’ai fini par trouver comment la tuer : au dessus de là où elle devait s’asseoir, il y avait une tête de gargouille qui tenait à peine. J’ai eu juste à pousser un peu et je me suis enfuie sans que personne ne me voit pendant que des gardes se déployaient de partout, et que la foule hurlait… A part dans la guilde des assassins, jamais personne n’a su que c’était moi qui avait exécuté la mariée mais certains savaient que j’étais au mariage. Khaelya l’a appris. Elle me lançait parfois des regards interrogatifs pour savoir ce que j’avais vu. Je préférais détourner les yeux, je ne voulais pas qu’elle comprenne que l’assassin mystérieux dont tout le monde parlait, c’était moi. Mais, elle n’était pas dupe. Je pense qu’elle a compris que j’avais quelque chose à voir avec cette histoire. Elle ne m’a plus jamais interrogée sur cette affaire ensuite.

Je voulais quitter la ville. Je ne savais pas rester à un endroit très longtemps mais je n’osais pas le proposer à Khaelya. J’avais peur qu’elle ne soit pas assez remise et puis j’avais l’angoisse qu’elle soit à nouveau blessée… Mais c’est finalement elle qui me l’a proposé. J’étais heureuse de quitter enfin Solitude et ses ragots et surtout retrouver les grands espaces avec ma belle sombre.

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