Categorie: Journal perdu de kharya


Premières lignes.

Tenir un journal. Depuis que Killya m’en a parlé cette idée me trottait dans la tête. Elle a dit que cela devait me paraître idiot. Pourtant, à bien y réfléchir, il y a bien des souvenirs que je veux garder. Si jamais la mémoire m’échappe un jour, j’aimerai pouvoir relire ces moments importants.

J’ai vécu tant de choses sur Séridia et Irilion. Bastian m’a dit un jour qu’il aimait m’entendre les raconter lors de nos promenades, qu’il apprenait plein de choses sur ces terres grâce à moi. Je ne sais pas si c’est l’histoire des îlots que je veux raconter sur ces pages. Il y a bien des écrits dans les bibliothèques là dessus et dans les archives des dépêches.

Peut être devrais-je me concentrer sur ces gens qui ont partagé mes moments de joies et de peines. Il y en a tellement qui ont disparu et dont personne ne se souvient. Oui, voilà, c’est cela que je vais raconter. Rendre hommage à leur mémoire et que leur souvenir ne meure pas.

Oscarhamel, mon sombre.

Oscarhamel fut mon premier mâle sur les ilots. Il est arrivé à peu près au même moment que moi. Nous nous sommes très vite rapprochés grâce a des récoltes intensives de coton. A cette époque mon projet de devenir forgeronne était la seule chose qui m’occupait l’esprit et j’avais donc besoin de fil pour m’entrainer à la minutie de ce métier. Etant peu fortunée, filer le coton était la meilleure option.

C’est dans les plants de coton de Corren qu’il m’a embrassé la première fois. Je ne m’y attendais pas du tout. C’était doux, agréable, je n’ai pas pu m’empêcher de lui sourire quand il éloigna ses lèvres des miennes.

Nous ne nous quittions plus, et il me fit découvrir les plaisirs charnels dans les souterrains du Val d’Alganiel. C’était le chez nous que nous avions choisit. Il était tendre et moi sous le charme. Ces temps étaient heureux, insouciants.

Il fut mon principal soutien quand Sathia prit la décision de dissoudre le peuple. J’ai refusé d’accepter ce dernier ordre de la première Matriarche des ilots. Voyant que personne ne semblait vraiment s’en soucier, j’ai décidé de tout faire pour réunir le peuple autour de valeurs qui nous sont propres pour ne pas retomber sous la coupe des pâles.

Oscarhamel, ma sœur Oniri, le noble Choubaba et le Patrouilleur Mirolas, à la double personnalité, sont ceux grâce à qui j’ai réussit cette tâche.

Oscarhamel était arrivé sur les îlots après avoir fuit son clan avec son fils, pâle de peau. Ce jeune elfe devait être sacrifié à la naissance à cause de cela. Oscarhamel, dans un élan paternel, refusa de voir son enfant mourir et s’enfuit avec lui. Il fut traqué pendant des dizaines de fingéliens jusqu’à arriver sur les ilots.

Oscarhamel se pensait maudit à cause de cette naissance. Il refusait dorénavant d’enfanter et me confia un jour qu’il avait mis au point une mixture pour se rendre infertile. J’étais choquée de sa décision, prise sans m’en parler. Moi qui l’aimait tant, qui voulait passer ma vie à ses côtés, sans pour autant envisager une Union, il m’avouait qu’il ne m’offrirait aucun enfant.

Le choc laissa place à la colère et, comme une elfette trop gâtée, je décidai de trouver un reproducteur qui me donnerait l’enfant que j’élèverai avec Oscarhamel. Celui que je choisis fut Nalekh.

Oscarhamel devint de plus en plus absent, ne me prévenant pas quand il disparaissait. J’étais désespérée. Je finis par le tromper de nombreuses fois, avec Nalekh d’abord, puis un Eldorian nommé Eskrok. Mais dès qu’il revenait je me jetais dans ses bras, il comptais plus que tout et j’étais tout pour lui. A tel point, qu’il me confia un médaillon lunaire, lié à sa vie. Il me dit ce jour là que si je jetais ce médaillon, il en mourrait. Mais malgré cela, il continua de s’absenter.

Quelques temps après l’une de ses réapparitions, je me rendis compte d’un changement en moi. J’étais enceinte. Ne fréquentant à ce moment là plus que l’Eldorian, l’espoir d’un cadeau d’Oscarhamel m’étreignit le cœur. J’ai immédiatement rédigé des affiches que je placardais un peu partout pour demander si quelqu’un avait vu mon sombre. Un galdur vint un jour me voir pour me dire qu’il le connaissait et qu’il l’avait vu dans son village sur le continent. Le galdur accepta de lui transmettre un message en essayant de quitter les ilots. Oscarhamel revint me chercher pour m’emmener donner la vie hors de ces terres inhospitalières.

Je mis au monde un fils, Arahda, à la peau d’ébène, ce qui rassura Oscarhamel. Il regrettais de ne pas m’avoir donné de fille. Mais j’étais contente, peu m’importait son sexe. Arahda a les cheveux blancs de son père et mes yeux. J’espère le revoir un jour. Il doit avoir bien grandit.

Je suis restée avec eux sur le continent le temps de rejoindre le clan d’un des sombres arrivés en Séridia dont la grand mère était Matriarche. Arahda n’avait que trois mois quand je du le laisser aux soins d’une nourrice. Oscarhamel resta avec lui. Je devais partir reprendre ma place à la tête des elfes noirs des ilots. Ma fille adoptive, Ange_Noir, en avait la gérance mais je la savais trop peu expérimentée pour tenir les sœurs et frères assoiffés de sang inférieur. Même avec le soutien de son mâle MageInvok. Tout ce que j’avais bâti risquait d’être bien vite détruit.

Depuis ce départ du continent, je n’ai plus revu Oscarhamel ni mon fils. Ni eu la moindre nouvelle.

Nalekh.

Nalekh était un sombre relativement discret, je ne saurais dire s’il était arrivé avant ou après moi. Quand Oscarhamel me fit cette confidence sur sa volonté de ne plus avoir d’enfant, je m’étais mise à tête de trouver un reproducteur pour le remplacer.

Je ne sais plus très bien à quelle occasion cela s’est passé mais je me souviens avoir commencé à faire des avances à Nalekh par un massage au dépôt de Starenlith. Je lui ai bien vite signalé mon envie d’aller plus loin avec lui. Il était gêné de cette proposition. Tout le monde savait qu’Oscarhamel était mon mâle. Nalekh ne voulait pas tromper la confiance d’un frère. Mon massage, de plus en plus sensuel, finit par le convaincre qu’Oscarhamel n’en saurait rien. Nous avons passé notre première nuit d’amants dans la maison d’Enna, au Bourg Thylion. Nalekh m’a laissé faire de lui mon jouet. Je ne lui avais bien entendu pas parlé de cette recherche d’un reproducteur.

J’avais franchit le cap de l’infidélité. Et je ne me suis pas arrêtée à Nalekh.

Nalekh voulait bien être mon amant, mais il voulait être le seul dans ce cas. Quand il apprit que je fréquentais un autre mâle, Eldorian qui plus est, il s’est vexé et a tout de suite mit fin à notre relation. Je continuais malgré tout à avoir cette insolente attitude de séductrice envers lui. Je n’en suis pas sure, mais il me semble bien que c’est à partir de ce moment là qu’il a commencé à être de plus en plus incontrôlable au sein du peuple. Cela m’amusait au début d’aller le taquiner et lui faire des avances. Puis, je me suis lassée.

Autant j’arrivais à prendre ses remarques de plus en plus agressives et rebelles à la légère, autant ma fille Ange_noir, en mon absence n’y parvenait pas du tout. A mon retour du continent après avoir mis au monde mon fils, Nalekh avait été tellement odieux avec elle que je le déclarais bannit des nôtres immédiatement. De plus, sa réputation de bandit était devenue pire qu’à mon départ et il devenait dangereux pour l’image des elfes noirs, nous qui avions obtenu la reconnaissance officielle de Luxin peu de temps avant.

Nalekh sembla regretter ses actes et souffrir un peu de l’isolement qu’il subissait par cette sentence. En effet, la plupart des sombres le traitait avec mépris. Voyant cela, je décidai de le réintégrer sous conditions mais en maintenant les autres peuples persuadés qu’il n’était toujours plus des nôtres. Nalekh devait nous servir d’espion et s’occuper des basses oeuvres. L’élimination en zone de non droit des ennemis du peuple l’enchantait. Quoi qu’il en soit, il ne retrouva jamais une réelle place dans le peuple. Plus tard, la Coterie fit son apparition et le lien de Nalekh avec ce groupe intriguant n’arrangea pas les choses.

Nalekh est très peu présent maintenant, je crois bien ne pas l’avoir revu depuis au moins un fingélien si ce n’est plus.

Eskrok, mon écarlate.

Eskrok était un Eldorian charmant, qui s’est approché de moi progressivement. Je me doutais bien qu’il envisageait de devenir mon amant. Oscarhamel était absent souvent. J’avais Nalekh bien sur, mais qui ne me montrait pas réellement de tendresse. Eskrok était attentionné et en cela, il comblait mes manques affectifs.

Je ne m’étais pas tant cachée de cette relation et elle ne semblait pas poser de soucis pour les elfes noirs, sauf pour la jalousie de Nalekh. Os’ a été blessé quand il l’a appris mais m’a vite pardonné sachant qu’il n’était pas là pour moi. Je passais beaucoup de temps avec lui, nous nous disputions souvent car il avait parfois des attitudes envers moi qui m’énervaient. Cela ne durait pas longtemps et nous nous réconcilions bien vite.

C’était un amant performant, insatiable et de fait, coureur de femelle. J’avais beaucoup d’affection pour lui, je pense l’avoir même aimé, sans pour autant qu’il parvienne à remplacer Oscarhamel. Il m’a rendu jalouse à cause d’une femme bleue Volesprit. Celle-ci était éprise de lui, et lui ne semblait pas savoir laquelle de nous deux choisir. Le bleue le rendait doux alors qu’avec moi, je sentais une force obscure s’emparer de lui, faisant ses yeux prendre un éclat rouge vif, d’où le surnom que je lui donnais : mon écarlate.

Quelques temps avant que je n’apprenne sa relation avec Volesprit, j’avais, à je ne sais plus quelle occasion, sûrement une blessure grave, insuffler de mon sang à Eskrok. Il était en quelque sorte lié à moi, si bien que j’avais en fin de compte un avantage sur le bleue. L’Eldorian revenait plus facilement vers moi que vers elle. Elle était jalouse aussi et me considérait comme un danger pour lui à cause de la violence qui bouillait parfois dans ses veines à mes côtés. Elle voulait le sauver de moi et l’attirer à elle. Pour ce faire, elle utilisa un rituel bleu mêlant magie du chant et tatouage. Elle pensait avoir réussit mais une résonance de ce tatouage apparut également sur moi, au dessus du coeur. Je pense que c’est a cause du sang que j’avais donné à Eskrok. Il représente une bleusienne mêlée à des entrelacs de symboles tribaux. Cependant, il ne me fallut pas longtemps pour que l’enchantement qu’il avait subit ne cède et qu’il revienne dans mes bras.

Ce conflit entre femelles avait duré des mois. Elle m’avait envoyé des poèmes de menace et je lui répondais par missive tout aussi peu aimable mais avec des phrases à double sens. Cela m’amusait beaucoup. Je n’étais plus vraiment jalouse. A ce moment là, elle m’intéressait même plus que l’Edorian. Une rivale douée. J’ai regretté quand elle a abandonné la partie après l’échec du rituel.

Eskrok faisait des projets pour nous, il voulait lui aussi devenir forgeron et travaillait ce métier plus que moi. J’étais bonne alchimiste aussi voulait il que nous ouvrions notre forge tous les deux. Je n’ai jamais accepté. Il faut dire que cette proposition arrivait à la fin de notre relation, je devais repartir accoucher pour le continent et j’avais rencontré un sinan que je comptais mettre dans mon lit, Magazran.

Peu avant mon départ, Eskrok me raconta des bribes de son passé, me demandant de l’écrire pour lui. Il n’eut pas le temps de tout me dire à ce moment là. Mon affection pour lui me fit choisir son prénom d’origine pour mon fils : Arahda. Mon écarlate pensait me raconter le reste des événements de son passé à mon retour, mais il devint de moins en moins présent, ce qui me fit aller de plus en plus vers le Sinan. Et Eskrok disparu.

Muuriakh de Norhen Dagha.

Jeune sombre intrépide et turbulent, Muuriakh s’est très vite attaché à moi, ne me lâchant pas d’une semelle mais sans intention de me séduire. Il voulait être mon frère. Tant d’effronterie me sidérait mais en même temps, m’amusait beaucoup. J’avais envie d’une famille alors j’ai accepté. Nous avons lié nos sang et il est devenu un Norhen Dagha. Mon petit frère, Muu’inuk.

Il s’est beaucoup investit pour le peuple bien qu’il faisait de nombreuses erreurs politiques que je devais sans cesse rattraper. Dans ces moments là, il subissait ma mauvaise humeur avec des mots tranchants et amers. Cela ne le décourageait pas pour continuer à oeuvrer pour le peuple par la suite.

Il avait hérité de moi ce besoin de séduire et a eu quelques amantes qui l’ont plus ou moins bien traité. Je m’en souviens de deux noms, dont l’une plus marquante que l’autre.

La première dont je me rappelle est Yelina, jeune femelle considérant les mâles comme ses esclaves personnels. Je crois que Muu’ fut son premier mâle sombre sur les ilots. Il s’est fait exploiter docilement jusqu’à ce qu’elle se lasse de lui pour prendre deux nouveaux sombres fraîchement débarqués, Dalz et Sharkeen, qui rivalisaient pour la satisfaire. Mon frère essayait encore de lui plaire mais elle le rejetait comme un déchet. Cette femelle avait vraiment un caractère atroce. J’avais un jour décidé de lui donner les pouvoirs de Matriarche pour voir si ses dents longues feraient d’elle une bonne héritière mais elle réussit seulement à provoquer une mutinerie en une dizaine de jours. Je fus obligée de mettre fin plus vite que prévu à cette période d’essai.

La seconde était une femelle bien plus discrète nommée Illivara. Elle ne resta pas bien longtemps et n’eut pas l’occasion de rester dans ma mémoire pour de grandes choses. Je pense que c’est à cause d’elle et de ses absences que Muu’ n’est plus à mes côtés. Il a disparu lui aussi, peut être a t-il retrouvé la trace de sa femelle.

J’aimais mon petit frère d’adoption. Il me manque lui aussi.

Ange_Noir de Norhen Dagha.

Ange_noir était une magnifique jeune sombre aux cheveux couleur de nuit. Sa mémoire lui faisait défaut, elle ne savait ni qui elle était ni pourquoi elle était là et ne savait pas plus que faire de sa vie. Elle était complètement perdue. En tant que Matriarche, depuis peu à cette époque, j’ai essayé de la mettre à l’aise dans notre peuple. Pourtant, elle n’arrivait toujours pas à trouver sa place. Je ressentais au fond de moi une attirance pour elle, non pas sexuelle, mais une envie de la protéger de tout. Mon instinct maternel était en train de s’éveiller. Alors que je l’avais menée au Temple de Lith pour lui apprendre le rituel de la Purification, j’ai décidé de la prendre sous mon aile en faisant d’elle ma fille, héritière de mon trône : Ange_Noir de Norhen Dagha, Dalharess du peuple Elfe Noir de Draïa. Cette adoption sembla donner un sens à son existence et elle s’impliqua avec brio dans le peuple.

Quelques temps plus tard, elle s’attacha à un mâle sombre prometteur nommé MageInvok. Il était travailleur, dévoué à l’extrême à sa femelle au point de développer le plus de métier possible pour subvenir à tous ses besoins. Le mâle parfait. Elle décida donc de me demander l’autorisation de s’unir à lui, craignant ma réaction. J’étais très réticente, non seulement parce qu’elle était ma fille, mais aussi parce que je n’ai jamais trouvé d’intérêt à l’Union. Mais je voyais à quel point elle y tenait et à quel point elle était persuadée qu’il serait à la hauteur. J’ai donc accepté. Polgarath conduisit le rituel que MageInvok accomplit jusqu’à son terme. Ainsi lié à ma fille, il rejoignit notre Maison.

Arriva alors pour moi le moment de laisser provisoirement les rènes du peuple à Ange_noir pour aller donner naissance à Arahda, mon fils et celui d’Oscarhamel, qu’Ange_noir le considérait comme son père adoptif. Je pus conserver un échange épistolaire avec Ange_noir pendant mon absence, nous avions dressé des faucons robustes pour nous retrouver avec ces longues distances.

Ma fille a eu du mal à se faire à son rôle de dirigeante. Mais elle a reçu du soutien des plus anciens. Elle a été ravie de mon retour pour pouvoir enfin souffler. Quelques temps après, Ange_Noir a passé les épreuves de Polgarath et a été élevée Prêtresse.

Cependant, j’ai bien peur que cette expérience de grande responsabilité est arrivée trop tôt et l’a découragée. Je soupçonne que sa disparition sans nouvelle y soit finalement liée, qu’elle ne voulait pas prendre la succession. J’aurais seulement aimé qu’elle m’en parle.

*Quelques lettres de Kharya et lettres de Ange_Noir sont glissées à cet endroit de la page du journal*

MageInvok de Norhen Dagha.

MageInvok a son arrivée était un mâle discret. Je ne sais pas comment ma fille en est venue à s’attacher à lui. Quoi qu’il en soit, il était très travailleur. Ils avaient même ouvert une boutiques tous les deux à Naralik. Je n’avais aucun argument contre lui mais j’étais malgré tout réticente à ce que ma fille s’unisse à lui. Je dois bien avouer que pour n’importe quel mâle j’aurais tenté de la décourager.

Polgarath dirigea le rituel d’Union, en tant que Haute Pretresse. Moi, j’étais là pour m’assurer qu’il se montre digne d’Ange_noir. Tout commenca à Illumen par une chasse à l’ours. Il devait ramener trois cœurs frais. Avec du mal, il accomplit sa tache. Il n’était pas encore un bon guerrier. Cependant, j’avoue a cette époque avoir été surprise qu’il puisse achever un seul de ces plantigrades.

Sa seconde épreuve était d’affronter le champion désignée par Ange_noir. Elle avait choisit le meilleur frère de l’époque, Tosh. Bien évidemment MageInvok succomba. Mais il s’était vaillamment battu, ne reculant pas devant la fin qui l’attendait. Honteux, il se présenta devant moi en revenant de l’Acheron, toujours déterminé à devenir le mâle de ma fille. J’ai toujours été trop tendre avec Ange_noir, si bien que je l’ai autorisé à continuer le rituel, en lui faisant promettre sur l’essence vitale enrichie symbolique dont il me fit présent, qu’il défierait Tosh plus tard pour confirmer qu’il méritait bien de s’unir à la Dalharess du peuple. Il faut dire que prétendre venir à bout de Tosh était un défi que je savais dès le début bien trop hardu.

Il ne restait plus qu’une épreuve. Polgarath avait choisit la chapelle dans les Catacombes de Naralik. Je ne sais si ce sont les Landes qui voyaient d’un mauvais œil ce rituel ou si Lith elle même voulait mettre à l’épreuve les deux amants, mais le chemin pour atteindre cette salle fut parsemé de hordes d’orques de toutes sortes. J’ai du me réfugier dans la cave à émeraude en attendant une escorte pour pouvoir rejoindre la chapelle. Ces attaques passées, le rituel pu s’achever normalement.

Cette dernière épreuve était celle de nécromancie. MageInvok devait se montrer digne des talents de nécromant qu’il revendiquait. Il parvient à créer un léopard des neiges superbe. Il valide ainsi la dernière épreuve. Polgarath peut ainsi achever le rituel à l’aide des invocations de Tosh. Ange_noir et MageInvok mélangent leurs sangs, unis dans l’éternité. MageInvok devient dès lors un Norhen Dagha. En présent, je lui offris un bouclier en titane, symbolisant le rempart protecteur qu’il devra toujours être entre ma fille et ses ennemis.

MageInvok n’a jamais affronté Tosh par la suite. Mais il s’est montré digne de ma fille et de notre Maison. Il a toujours été attentifs aux désirs de ma fille et du peuple. Travaillant sans relâche pour l’un et l’autre. Fidèle en toute circonstance. Je ne regrette pas qu’il soit devenu mon fils. Je l’ai honnoré du titre de Valuk quand le besoin d’un bras droit se fit sentir. Il y avait peu de femelles à l’époque, il y avait donc la place pour un mâle dirigeant.

Il s’est acquitté de sa tache jusqu’à ce qu’il disparaisse avec ma fille pendant plusieurs fingeliens. A son retour, il a repris sa place et ne m’a pas déçue. Mais sa légitimité fut maintes fois remise en cause car de nouvelles femelles étaient arrivées, plus dures, plus traditionnalistes. Il s’est accroché au mieux qu’il a pu. Toujours en suivant l’étiquette, courbant l’échine, restant poli malgré leurs railleries et insultes. Il a finit par craquer, malheureusement, quand Fharath osa lui attribuer une relation charnelle avec une sinane. Il la gifla. Bien que je comprenais son geste et que j’étais outrée par l’attitude de cette sœur, MageInvok ne pouvait plus rester Valuk. Aucune matriarche ne pouvait laisser passer cet acte sans appliquer de sanction si elle ne veut pas voir se lever contre elle toutes ses sœurs. Depuis que son titre lui a été retiré, MageInvok est de moins en moins présent parmi nous. Je sens sa présence mais il ne communique que rarement.

Comme il est difficile de concilier ses sentiments et son devoir…

Magazran, mon bretteur.

J’ai rencontré Magazran pour la première fois à l’arène de Starath Lin. J’étais en train de m’entraîner avec Eskrok et lui était venu avec son ami elfe Tiranus pour faire de même. Nous n’avons fait que nous croiser mais dès les premiers échanges de regards, les sourires ont commencé. Il m’attirait, c’était indiscutable. Il était aussi très ami avec MageInvok.

Notre relation a vraiment débutée à mon retour du continent après avoir mis au monde mon fils. Nous brûlions d’une passion mutuelle, tout d’abord dissimulée car j’étais encore avec Eskrok, mais qui fut bientôt découverte par l’eldorian. La jalousie les amena à s’affronter verbalement assez souvent et physiquement quelques fois. Puis Eskrok disparu.

J’aimais Magazran, nous passions tout notre temps ensemble, l’un à coté de l’autre à travailler au dépôt, dos à dos dans les invasions, une symbiose quasi totale. Il était là à chaque instant. Je l’avais surnommé mon bretteur parce qu’il était doué au combat. Lui m’appelait sa volcanique à cause de mes cheveux.

Je n’ai jamais été tentée par une autre relation pendant les quatre fingeliens que nous avons vécu ensemble. Sauf une fois, quand il disparu sans nouvelles. J’étais désespérée. J’ai cru au pire et je me suis réfugiée dans les bras d’un autre pour une nuit. Il s’agissait de Meynaf. Mon bretteur revint cependant au bout d’un mois. J’oubliai vite le pâle.

Magazran m’aimait tellement qu’il a voulu devenir plus qu’un amant pour moi. Il me demanda en mariage. C’est à ce moment là, je crois, que j’ai commencé à fuir. Je lui avais pourtant dit oui, mais en mettant je ne sais plus quelle condition préalable. Comment aurai-je pu justifier une telle Union auprès des miens ? Impossible…

Notre amour redonna cependant naissance à l’alliance entre les Sinans et les Elfes Noirs. Alliance qui mourut finalement avec la nouvelle disparition de Magazran, Nattes et Bherir. Tout s’était enchaîné si vite.

Nattes, jeune sinane prometteuse, était devenue leur représentante. Elle était assistée de Bherir, sinan d’âge mur, qui tomba bien vite sous le charme de la belle humaine. Ils se marièrent. Mais l’envie de fonder une famille les gagna vite. De plus, Nattes supportait mal la pression du rôle qui lui incombait pour son peuple. Ils quittèrent les îlots. Abandonnant leur peuple.

Magazran quand a lui, avait de plus en plus de problèmes relationnels avec de nombreux aventuriers. Si bien qu’il disparu à nouveau sans rien dire. Déprimée, je suis restée seule pendant plusieurs mois. Ne le voyant cette fois pas revenir et vu les circonstances, j’étais persuadée que tout était fini. J’ai alors rencontré un sombre aux promesses séduisantes, Quazar, qui devint mon nouvel amant.

Mais le sinan réapparu au bout d’un demi fingelien. Comme si rien ne c’était passé. Quand je l’a revu, j’étais furieuse. Je l’ai giflé. Il l’a mal prit. Nous nous sommes fâchés. Je ne sais plus si c’est moi qui lui ait dit ou s’il apprit par d’autre ma relation avec Quazar. Malheureusement, cette retraite loin des îlots n’avait pas calmé Magazran et il repris ses hostilité envers et contre tous. Frôlant la folie. Peut être est-ce ma faute…Peut être aurais-je du me remettre avec lui et l’apaiser…Quand je vois comment ma relation avec Quazar a tourné, je regrette d’avoir agit ainsi avec Magazran. Nous étions si heureux…

Sa folie l’a mené à explorer les montagnes. Cette fois les Landes n’avaient pas décidées de l’amener en Acheron. Son ami Tiranus ne retrouva de lui que sa cape d’invocateur déchirée et maculée de sang.

Quazar, ‘zar’ssin.

J’ai rencontré Quazar lors de la seconde disparition de Magazran. Je pensais qu’il était un nouvel arrivant mais apparemment il était dans l’ombre et le silence depuis un certains temps déjà. Je me suis intéressée à lui. C’est au cours d’un marché organisé par la Confrérie d’Illumen dans la cité de Pierre Blanche que notre relation a réellement débutée.

Nous faisions le tour des étals, de nombreux aventuriers s’étaient déplacés. Je me suis arrêtée à celui d’un bijoutier. Je crois qu’il s’agissait du pâle Zurin. Il nous montra un médaillon en argent gravé d’une araignée. Quazar, voyant mon intérêt pour cet ouvrage finement travaillé, l’acheta et me l’offrit. Appréciant beaucoup ce présent, je l’ai entraîné à la taverne la plus proche, nous sommes monté dans une chambre et je l’ai remercié à ma manière. Il est rare que je sois aussi directe mais il faut croire que l’absence de Magazran déréglait mes principes.

Nous étions devenus amants depuis ce jour. Il était mon ‘zar’ssin et j’étais sa ‘rya’ssin. Nous passions beaucoup de temps ensemble à discuter de lui, son passé, ce qu’il avait perdu et ce qu’il comptait retrouver. J’avais envie de l’aider à redevenir le grand guerrier qu’il avait été avant d’être dépossédé de ses moyens sur les îlots. Je lui fournissais ce qu’il voulait quand il le demandait. Je le soutenais moralement, l’encourageais.

En retour, il s’est beaucoup investit dans le peuple quelque peu fragilisé par le départ des plus anciens de mes sœurs et frères. Il a impulsé le retour à la réflexion sur la rénovation de Naralik. Pour mener à bien sa mission, il me demanda de lui donner un titre de Lig’Ylith pour avoir suffisamment de légitimité pour conduire le projet. Il traça des plans ambitieux et magnifiques et organisa des séances de travail en commun pour le financement.

Je commençais à peine à me rendre compte de l’ambition dévorante dont il souffrait. Ce sont les réflexions de certains sombres qui me fit réaliser mon erreur, notamment celles acerbes d’Elzeberith. Elle me reprochait de l’avoir promu juste parce qu’il était mon amant. Je m’en défendais mais avec le recul, finalement, j’ai cédé à sa demande alors qu’il n’avait pas encore fait ses preuves comme les autres Lig’Ylith. Et je lui ai laissé trop de marge de manœuvre, j’avais trop confiance en lui.

Mon manque de discernement ne tarda pas à porter ses mauvais fruits. Quazar était un sombre obstiné, voulant toujours avoir raison. Ses plans posaient problème au service d’architectes du Palais mais il ne voulait vraisemblablement pas écouter leurs critiques. Si bien qu’il me fallut l’écarter du projet sous peine de voir réduit à néant nos espoirs de reconstruction.

La fierté du sombre en prit un coup, il n’a jamais supporté d’être écarté comme un déchet. Il est vrai que je n’ai pas pris des pincettes mais j’étais furieuse. Il s’est exilé de lui même disparaissant pendant longtemps. Nul besoin de préciser que notre relation était terminée dès lors que je l’avais dessaisit du projet.

J’ai attendu espérant qu’il se calme et qu’il prenne conscience des risques qu’il nous avait fait prendre. Mais il ne revint que plein de rancœur avec l’envie de me voir tomber en bas de mon trône. De nombreuses rumeurs couraient sur sa volonté de former un groupe de rebelles au sein des Elfes Noirs pour arriver à ses fins et prendre le pouvoir pour lui même. Soit les rumeurs étaient infondées, soit il n’acquit jamais la puissance nécessaire, car je suis toujours en place sans qu’il ne m’aie jamais inquiétée de près ou de loin. Constatant qu’il ne changeait pas de position, je pris la décision de lui ôter tous ses titres et responsabilités au sein du peuple. Il n’a pas été bannit car les rumeurs n’ont pas été avérées par des preuves.

Il me sembla pourtant s’être calmé en entrant dans la Confrérie d’Illumen. Il retrouvait un nouveau groupe pour se plaindre de moi et vanter ses mérites d’antant. Il eut la chance que la Gilde marchande traverse une crise dans ses instances dirigeante. Il accéda au rang de Maître. Il avait enfin du « pouvoir ». En tant que tel, il se permit de m’inviter dans leur bâtiment de Gilde pour demander mon autorisation de prendre des guerriers sombres comme gardes de la Confrérie. Je l’ai fais argumenter encore et encore, juste pour l’agacer et le voir perdre le contrôle devant moi. Il resta courtois malgré tout, comme s’il était un sombre solitaire mais respectueux de sa Matriarche et des traditions.

Quelques mois plus tard, il fut remplacé à la tête de la Gilde par VinceHood et n’arbora plus leur insigne. Je me suis toujours demandée s’il avait été jeté dehors pour ses décisions aberrantes pour une Gilde de marchands ou s’il était parti vexé de se faire encore rabaisser par sa nouvelle famille.

Les quelques mois qui suivirent, il s’engagea chez les Patrouilleurs. Il se fit plus discret. Bien qu’il ne ratait pas une occasion de se mettre en avant lors d’invasions, même s’il ne pouvait y participer car trop faible, ou quand les Natifs demandait de l’aide.

Cela fait maintenant plusieurs mois que je n’entends plus parler de lui. Je ne le regrette pas. Je regrette juste de m’être laissée séduire si facilement, d’avoir eu si peu de recul. J’ai appris une bonne leçon grâce à lui. Ne jamais laisser un amant croire qu’il devient mon second parce qu’il est dans mon lit, ne jamais laisser croire aux sombres que cela peut être le cas. Les enseignements que j’ai reçu dans mon enfance prennent leur sens maintenant. Je regrette de ne pas avoir davantage cru en mes tutrices dans le clan Norhen Dagha. Depuis cette histoire pénible, je ne prends plus d’amants officiels, j’évite d’en prendre chez les sombres, je garde le flou sur mes relations privées. Je n’en reçois pas moins de critiques mais la hiérarchie reste en place.

Du jour où j’ai rencontré Quazar au jour de son départ, il ne redevint jamais le grand guerrier invincible dont il me parla à l’époque. Il n’était même toujours pas aussi fort que moi. Il avait besoin d’être admiré, mais comme il n’était pas capable de ses ambitions, il ne vivait que dans le passé mettant en avant un temps révolu qui ne reviendrai jamais. Les Landes mettent à l’épreuve. Il a échoué.

Argonn, l’assassin.

Dans les quelques mois troubles après les problèmes causés par Quazar, un Sinan a la réputation plus que maléfique refit son apparition sur les îlots. Il s’agissait d’Argonn, l’assassin du héros kultar Morumi, défunt époux de la vieille et regrettée gardienne de la Magie Atekel. Je dois bien avouer qu’une telle aura, un tel charisme ne pouvait garder mon intérêt loin de lui. Il m’attirait un peu comme son illustre frère Sinan Grenouille à une époque.

Je l’ai approché progressivement, profitant de quelques dîners en tête à tête, entamant des discussions avec certains doubles sens tout en posant sur lui un regard des plus charmeurs. Il fallut tout de même du temps pour qu’il cède à mes avances. La première tentative a bien faillit être la seule et unique car il disparut du jour au lendemain sans prévenir.

Il revint au bout de quelques mois comme si de rien n’était. J’étais quelque peu contrariée, mais tenant à le mettre dans mon lit, j’ai laissé de côté ma fierté. Un dîner plus tard, il tomba dans ma toile. Un plaisir malheureusement éphémère puisqu’il repartit pour le continent, sans depuis revenir.

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