WandraLL était un jeune sombre turbulent. Les premiers temps de son arrivée, il n’avait de cese de semer le chaos pour son plus grand amusement. Malheureusement pour lui, j’ai toujours veillé à ce que les sombres restent discrets dans leurs exactions. Il y a eu des avertissements plus ou moins menaçant qui furent insuffisants. Je l’ai donc punis à cette époque dans les catacombes de Naralik. Je l’ai attaché face contre une grille, torse nu et je l’ai torturé à la dague pour qu’il apprenne qu’on ne joue pas avec ma très longue patience. Il se calma quelques temps. Mais il trouva finalement le moyen de commettre un acte que je dû me résoudre à condamner publiquement malgré ma répugnance à léser un des miens pour son instinct. WandraLL fut bannit après avoir trahie une pâle, Loumea, qui le considérait comme un ami fidèle.
Il se passa de longs mois avant que WandraLL ne se rendent compte de son erreur et ne commence à la regretter. Il revint donc me voir et demander ma clémence pour sa réintégration. Je la lui ai accordée en échange d’une période de mise à l’épreuve. Je n’ai pas eu à me plaindre de son attitude quasi exemplaire par la suite. Il avait même réussit à se faire pardonner par cette pâle.
Notre relation intime commença dans les thermes de Nagraw Sud. Encore une fois, je ne me souviens plus des raisons pour lesquelles je l’y avais fait convoquer. Peut être avais-je seulement envie d’un massage pour me délasser. Il était apeuré, impressionné par ma présence comme le sont souvent les jeunes sombres, d’autant plus, je pense, qu’il savait a quel point je pouvais être redoutable quand j’étais contrariée. Il craignait de mal faire et de me déplaire mais ses mains s’en sortirent plutôt bien sur mon dos. Pour le mettre en confiance, j’ai essayer de lancer la conversation sur des banalités, puis sur lui, ce qu’il faisait en ce moment, et finalement s’il avait une femelle en vue. Pour toutes les questions personnelles, il répondait dans le vague et n’en révélait pas plus malgré mon insistance. Tout ce mystère mêlé de crainte et combiné à cette eau tiède et savoureuse qui déclenche toujours en moi des envies exacerba mon instinct de chasseuse de mâle. Le massage que je lui rendis après qu’il eu terminé se transforma en caresses irrésistibles et nous nous sommes étreints avec fougue. A ce moment là, il n’était encore qu’un jouet.
Nous nous sommes revus régulièrement. J’essayais a chaque fois de percer les secrets qu’il refusait de révéler sans pour autant le menacer ou lui ordonner de parler. J’ai toujours aimé les mâles mystérieux qui me font languir et me laisse être dévorée de curiosité. Grâce à cela, j’en appris plus sur cette pâle a qui il était attaché. Il disait qu’elle était une sœur mais je le soupçonnais de ressentir d’avantage pour elle et qu’il s’en était convaincu parce qu’elle avait déjà un fiancé. J’étais un peu jalouse et je craignais qu’il ne se confie à elle. Une pâle. Pourrait-il me trahir ? Cette jalousie me mena a accroître mon influence sur lui, pour essayer de la lui faire oublier. Par simple égo ? A cette époque, j’aurais sûrement dit oui. Savoir que mes amants vont voir ailleurs est un échec personnel. Mais à force de le savoir en si bonne entente avec elle, alors qu’avec moi, il retenait ses confidences, me blessait le cœur sans que je veuille l’admettre. Il ne devait être qu’un jouet. Je ne voulais plus de relation sérieuse.
Il fallait pourtant que je me rende à l’évidence. Nos moments intimes étaient de plus en plus tendres et je me sentais apaisée contre lui. Je lui parlais sans retenue de mes craintes et il écoutait, me rassurait. Et quand il a osé révéler ses sentiments pour moi, j’ai pris le fuite. Il ne comprit pas pourquoi, me chercha partout, me demanda des explications. J’étais paniquée mais je le laissai me rejoindre à Illumen. Je lui ai alors parlé de mes expériences passées, que chaque mâle auquel j’avais tenu avait disparu. Que je pensais être maudite, et que s’il m’aimait, il finirait comme tous les autres. Comme LeBarBaR quelques mois avant, il fit le brave en disant que cela ne lui arriverait jamais et qu’il serait toujours là pour moi. Je lui répliquais qu’il n’était pas le seul à m’avoir fait cette promesse. Mais il maintint fermement qu’il ne disparaîtrait pas. C’était la première fois que je le voyais si déterminé. Et je me suis laissée rassurer.
Nous avons filé ensuite une relation parfaitement épanouie sans pour autant l’exposer aux yeux des tous. J’avais toujours en tête la désastreuse période Quazar. WandraLL prenait de l’assurance dans le peuple et obtint le titre d’Ac’Ylith pour ses actes et fut pardonné par les pâles avec le soutien de Loumea. Mais vint le moment où mon instinct de séductrice fut réveillé par un sinan entreprenant, Bastian. J’ai réussis à cacher cet amant à WandraLL quelques temps. Mais il n’était pas dupe et se rendit compte que quelque chose n’allait pas. Il était devenu jaloux et suspicieux, m’interrogeant sur ce que j’avais fais, avec qui j’étais mais sans parvenir à me faire parler. Un jour, je le vis porter une nouvelle tenue magnifique qu’il avait fait faire soit disant par le natif teinturier de Tarsengaard. Je trouvais ce travail trop finement ouvragé pour les grosses pattes du Galdurs. Mystérieusement, il était tout sourires et son air interrogateur sur mes actes n’était plus là. Une hypothèse se forma dans mon esprit et il fallait que je la vérifie. Je suis donc allée au dépôt de la Cité du Port, espérant y trouver la sinane aventurière réputée pour ses bons soins à la gente masculine. En discutant de tout et de rien, elle en vint à me montrer ses carnets de croquis pour les commandes vestimentaires qui lui étaient passées. Le style était reconnaissable. Pour ne pas éveiller les soupçons de la sinane, je lui demandais de me faire une tenue sur mesure. J’étais maintenant sure que WandraLL avait fait faire sa tenue par elle et qu’il en avait profité pour faire appel à ses autres talents. Je bouillais intérieurement. Cependant, je me suis retenue d’écorcher Llariarith ou d’aller punir mon mâle. Je savais bien que j’étais la cause de cet écart. Je l’avais mérité.
A partir de ce jour, WandraLL devint de moins en moins présent, de plus en plus distant. J’essayais de le récupérer mais il était trop tard. Je m’en voulais sans pouvoir pour autant abandonner mon amant sinan et pire encore augmentant mon harem. Peut être parce que je sentais la fin de notre relation venir. Ce fut Nevros qui porta indirectement le coup de grâce à notre couple. Il avait attaqué la Cité du Port et clamait qu’il ne mettrait fin à l’invasion que si des Aventuriers lui vendait des objets intéressants. WandraLL se dévoua pour sauver les natifs de nos alliés et vendit discrètement sa dague de lumière. L’attaque cessa mais fut remplacée par une offensive sur Naralik. Nevros alla même jusqu’à me narguer par télépathie en me disant que je devais cet assaut à l’un des miens. Une fois les troups ennemies abattues, WandraLL m’avoua cette vente. J’étais folle de rage mais je me suis contentée d’être froide avec lui.
J’ai dans les jours suivant réunit le Conseil Matriarcal et exposé le cas de WandraLL pour déterminer quelle punition lui asséner pour vente au Véreux ayant entraîné une attaque sur notre terre. Le Conseil s’accorda que cette affaire ne serait pas diffusée en dehors des personnes présentes et qu’une sanction discrète serait préférable pour l’image du peuple. Je savais déjà laquelle. J’ai convoqué WandraLL dans les catacombes, à l’endroit même où je l’avais punis pour la première fois. Je lui ai expliqué la raison de sa présence ici. Il a explosé de colère quand il a su que je n’avais pas gardé le secret sur sa confidence de vente. J’ai eu beau lui argumenter qu’un tel acte ne pouvait rester impunis, il en voulait rien entendre et commença à partir. Je l’ai rattrapé et l’ai habilement mis face contre terre. J’ai immédiatement déchiré sa chemise et d’un geste habile lui ai planté une aiguille dans le nerf sortant de la onzième vertèbre. D’un ton froid et cérémonieux, j’ai dit que cette douleur serait brève mais le marquerait dans l’âme. Dès que j’eus finis de triturer le nerf, je me suis levée et j’ai quitté les lieux sans me retourner pour qu’il ne puisse pas voir mes larmes. Je ne pense pas qu’il aurait pu comprendre le dilemme qui m’agitait entre mon devoir et mon amour pour lui. Bien entendu, il ne me parla pas pendant des semaines.
Cela ne fit qu’accroître ma culpabilité. Je pensais qu’il comprendrait ma décision vu les faits. Mais quand nous avons repris contact, ce n’était pas la punition qui l’avait blessé dans son cœur. C’était que je me sois permise d’en parler au Conseil sans l’avertir, alors qu’il était persuadé que je lui avais promis de le garder pour moi. Je n’avais rien promis. Cependant, il est vrai que j’aurais dû l’avertir avant d’en parler. Je ne voulais pas me passer de lui alors j’ai ravalé ma fierté. J’ai présenté des excuses et lui ai dit qu’il pouvait faire ce qu’il voulait de moi pour qu’il me pardonne. Il a accepté de me voir. Il m’a fait m’agenouiller devant lui. J’ai serré les mâchoires mais j’ai obéis. Il m’a fait promettre de ne plus jamais parler de ses confidences à autrui. J’ai promis. Il m’a invité à me relever mais j’ai vu dans ses yeux que ses sentiments pour moi n’étaient plus les mêmes. Il n’était plus en colère. Il n’était plus amoureux. Il a quitté les îlots de plus en plus fréquemment et de plus en plus longtemps. Je n’ai plus de nouvelles.
Je suis une Veuve Noire, ma Malédiction a une fois encore dévoré un mâle qui s’était approché de trop près du cœur de ma toile.