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Argonn, l’assassin.

Dans les quelques mois troubles après les problèmes causés par Quazar, un Sinan a la réputation plus que maléfique refit son apparition sur les îlots. Il s’agissait d’Argonn, l’assassin du héros kultar Morumi, défunt époux de la vieille et regrettée gardienne de la Magie Atekel. Je dois bien avouer qu’une telle aura, un tel charisme ne pouvait garder mon intérêt loin de lui. Il m’attirait un peu comme son illustre frère Sinan Grenouille à une époque.

Je l’ai approché progressivement, profitant de quelques dîners en tête à tête, entamant des discussions avec certains doubles sens tout en posant sur lui un regard des plus charmeurs. Il fallut tout de même du temps pour qu’il cède à mes avances. La première tentative a bien faillit être la seule et unique car il disparut du jour au lendemain sans prévenir.

Il revint au bout de quelques mois comme si de rien n’était. J’étais quelque peu contrariée, mais tenant à le mettre dans mon lit, j’ai laissé de côté ma fierté. Un dîner plus tard, il tomba dans ma toile. Un plaisir malheureusement éphémère puisqu’il repartit pour le continent, sans depuis revenir.

WandraLL, mon mystérieux.

WandraLL était un jeune sombre turbulent. Les premiers temps de son arrivée, il n’avait de cese de semer le chaos pour son plus grand amusement. Malheureusement pour lui, j’ai toujours veillé à ce que les sombres restent discrets dans leurs exactions. Il y a eu des avertissements plus ou moins menaçant qui furent insuffisants. Je l’ai donc punis à cette époque dans les catacombes de Naralik. Je l’ai attaché face contre une grille, torse nu et je l’ai torturé à la dague pour qu’il apprenne qu’on ne joue pas avec ma très longue patience. Il se calma quelques temps. Mais il trouva finalement le moyen de commettre un acte que je dû me résoudre à condamner publiquement malgré ma répugnance à léser un des miens pour son instinct. WandraLL fut bannit après avoir trahie une pâle, Loumea, qui le considérait comme un ami fidèle.

Il se passa de longs mois avant que WandraLL ne se rendent compte de son erreur et ne commence à la regretter. Il revint donc me voir et demander ma clémence pour sa réintégration. Je la lui ai accordée en échange d’une période de mise à l’épreuve. Je n’ai pas eu à me plaindre de son attitude quasi exemplaire par la suite. Il avait même réussit à se faire pardonner par cette pâle.

Notre relation intime commença dans les thermes de Nagraw Sud. Encore une fois, je ne me souviens plus des raisons pour lesquelles je l’y avais fait convoquer. Peut être avais-je seulement envie d’un massage pour me délasser. Il était apeuré, impressionné par ma présence comme le sont souvent les jeunes sombres, d’autant plus, je pense, qu’il savait a quel point je pouvais être redoutable quand j’étais contrariée. Il craignait de mal faire et de me déplaire mais ses mains s’en sortirent plutôt bien sur mon dos. Pour le mettre en confiance, j’ai essayer de lancer la conversation sur des banalités, puis sur lui, ce qu’il faisait en ce moment, et finalement s’il avait une femelle en vue. Pour toutes les questions personnelles, il répondait dans le vague et n’en révélait pas plus malgré mon insistance. Tout ce mystère mêlé de crainte et combiné à cette eau tiède et savoureuse qui déclenche toujours en moi des envies exacerba mon instinct de chasseuse de mâle. Le massage que je lui rendis après qu’il eu terminé se transforma en caresses irrésistibles et nous nous sommes étreints avec fougue. A ce moment là, il n’était encore qu’un jouet.

Nous nous sommes revus régulièrement. J’essayais a chaque fois de percer les secrets qu’il refusait de révéler sans pour autant le menacer ou lui ordonner de parler. J’ai toujours aimé les mâles mystérieux qui me font languir et me laisse être dévorée de curiosité. Grâce à cela, j’en appris plus sur cette pâle a qui il était attaché. Il disait qu’elle était une sœur mais je le soupçonnais de ressentir d’avantage pour elle et qu’il s’en était convaincu parce qu’elle avait déjà un fiancé. J’étais un peu jalouse et je craignais qu’il ne se confie à elle. Une pâle. Pourrait-il me trahir ? Cette jalousie me mena a accroître mon influence sur lui, pour essayer de la lui faire oublier. Par simple égo ? A cette époque, j’aurais sûrement dit oui. Savoir que mes amants vont voir ailleurs est un échec personnel. Mais à force de le savoir en si bonne entente avec elle, alors qu’avec moi, il retenait ses confidences, me blessait le cœur sans que je veuille l’admettre. Il ne devait être qu’un jouet. Je ne voulais plus de relation sérieuse.

Il fallait pourtant que je me rende à l’évidence. Nos moments intimes étaient de plus en plus tendres et je me sentais apaisée contre lui. Je lui parlais sans retenue de mes craintes et il écoutait, me rassurait. Et quand il a osé révéler ses sentiments pour moi, j’ai pris le fuite. Il ne comprit pas pourquoi, me chercha partout, me demanda des explications. J’étais paniquée mais je le laissai me rejoindre à Illumen. Je lui ai alors parlé de mes expériences passées, que chaque mâle auquel j’avais tenu avait disparu. Que je pensais être maudite, et que s’il m’aimait, il finirait comme tous les autres. Comme LeBarBaR quelques mois avant, il fit le brave en disant que cela ne lui arriverait jamais et qu’il serait toujours là pour moi. Je lui répliquais qu’il n’était pas le seul à m’avoir fait cette promesse. Mais il maintint fermement qu’il ne disparaîtrait pas. C’était la première fois que je le voyais si déterminé. Et je me suis laissée rassurer.

Nous avons filé ensuite une relation parfaitement épanouie sans pour autant l’exposer aux yeux des tous. J’avais toujours en tête la désastreuse période Quazar. WandraLL prenait de l’assurance dans le peuple et obtint le titre d’Ac’Ylith pour ses actes et fut pardonné par les pâles avec le soutien de Loumea. Mais vint le moment où mon instinct de séductrice fut réveillé par un sinan entreprenant, Bastian. J’ai réussis à cacher cet amant à WandraLL quelques temps. Mais il n’était pas dupe et se rendit compte que quelque chose n’allait pas. Il était devenu jaloux et suspicieux, m’interrogeant sur ce que j’avais fais, avec qui j’étais mais sans parvenir à me faire parler. Un jour, je le vis porter une nouvelle tenue magnifique qu’il avait fait faire soit disant par le natif teinturier de Tarsengaard. Je trouvais ce travail trop finement ouvragé pour les grosses pattes du Galdurs. Mystérieusement, il était tout sourires et son air interrogateur sur mes actes n’était plus là. Une hypothèse se forma dans mon esprit et il fallait que je la vérifie. Je suis donc allée au dépôt de la Cité du Port, espérant y trouver la sinane aventurière réputée pour ses bons soins à la gente masculine. En discutant de tout et de rien, elle en vint à me montrer ses carnets de croquis pour les commandes vestimentaires qui lui étaient passées. Le style était reconnaissable. Pour ne pas éveiller les soupçons de la sinane, je lui demandais de me faire une tenue sur mesure. J’étais maintenant sure que WandraLL avait fait faire sa tenue par elle et qu’il en avait profité pour faire appel à ses autres talents. Je bouillais intérieurement. Cependant, je me suis retenue d’écorcher Llariarith ou d’aller punir mon mâle. Je savais bien que j’étais la cause de cet écart. Je l’avais mérité.

A partir de ce jour, WandraLL devint de moins en moins présent, de plus en plus distant. J’essayais de le récupérer mais il était trop tard. Je m’en voulais sans pouvoir pour autant abandonner mon amant sinan et pire encore augmentant mon harem. Peut être parce que je sentais la fin de notre relation venir. Ce fut Nevros qui porta indirectement le coup de grâce à notre couple. Il avait attaqué la Cité du Port et clamait qu’il ne mettrait fin à l’invasion que si des Aventuriers lui vendait des objets intéressants. WandraLL se dévoua pour sauver les natifs de nos alliés et vendit discrètement sa dague de lumière. L’attaque cessa mais fut remplacée par une offensive sur Naralik. Nevros alla même jusqu’à me narguer par télépathie en me disant que je devais cet assaut à l’un des miens. Une fois les troups ennemies abattues, WandraLL m’avoua cette vente. J’étais folle de rage mais je me suis contentée d’être froide avec lui.

J’ai dans les jours suivant réunit le Conseil Matriarcal et exposé le cas de WandraLL pour déterminer quelle punition lui asséner pour vente au Véreux ayant entraîné une attaque sur notre terre. Le Conseil s’accorda que cette affaire ne serait pas diffusée en dehors des personnes présentes et qu’une sanction discrète serait préférable pour l’image du peuple. Je savais déjà laquelle. J’ai convoqué WandraLL dans les catacombes, à l’endroit même où je l’avais punis pour la première fois. Je lui ai expliqué la raison de sa présence ici. Il a explosé de colère quand il a su que je n’avais pas gardé le secret sur sa confidence de vente. J’ai eu beau lui argumenter qu’un tel acte ne pouvait rester impunis, il en voulait rien entendre et commença à partir. Je l’ai rattrapé et l’ai habilement mis face contre terre. J’ai immédiatement déchiré sa chemise et d’un geste habile lui ai planté une aiguille dans le nerf sortant de la onzième vertèbre. D’un ton froid et cérémonieux, j’ai dit que cette douleur serait brève mais le marquerait dans l’âme. Dès que j’eus finis de triturer le nerf, je me suis levée et j’ai quitté les lieux sans me retourner pour qu’il ne puisse pas voir mes larmes. Je ne pense pas qu’il aurait pu comprendre le dilemme qui m’agitait entre mon devoir et mon amour pour lui. Bien entendu, il ne me parla pas pendant des semaines.

Cela ne fit qu’accroître ma culpabilité. Je pensais qu’il comprendrait ma décision vu les faits. Mais quand nous avons repris contact, ce n’était pas la punition qui l’avait blessé dans son cœur. C’était que je me sois permise d’en parler au Conseil sans l’avertir, alors qu’il était persuadé que je lui avais promis de le garder pour moi. Je n’avais rien promis. Cependant, il est vrai que j’aurais dû l’avertir avant d’en parler. Je ne voulais pas me passer de lui alors j’ai ravalé ma fierté. J’ai présenté des excuses et lui ai dit qu’il pouvait faire ce qu’il voulait de moi pour qu’il me pardonne. Il a accepté de me voir. Il m’a fait m’agenouiller devant lui. J’ai serré les mâchoires mais j’ai obéis. Il m’a fait promettre de ne plus jamais parler de ses confidences à autrui. J’ai promis. Il m’a invité à me relever mais j’ai vu dans ses yeux que ses sentiments pour moi n’étaient plus les mêmes. Il n’était plus en colère. Il n’était plus amoureux. Il a quitté les îlots de plus en plus fréquemment et de plus en plus longtemps. Je n’ai plus de nouvelles.

Je suis une Veuve Noire, ma Malédiction a une fois encore dévoré un mâle qui s’était approché de trop près du cœur de ma toile.

Bastian, mon chasseur.

J’avais rejoins le Dispensaire créé par un Kultar mais bien vite le petit groupe de départ avait éclaté et j’avais pris les rênes par défaut. J’ai relancé des recrutements et c’est à cette occasion qu’à commencé mon idylle avec Bastian.

Je l’avais rencontré pour la première fois lors d’un conflit qu’il avait eu avec un sombre, Karaz. La raison de cette dispute n’est plus très claire dans mon esprit mais il me semble que Bastian avait fait des réflexions peu aimables à propos de la vieille Atekel et Karaz en voulant faire du zèle en public était allé le menacer. Je me suis rendue sur place, amusée par cette situation. Le sinan était peu connu et disparu ensuite pendant plusieurs mois.

A son retour, j’avais de nouveau échangé quelques mots avec lui. Parlant de tout et de rien d’abord, puis lui donnant quelques conseils sur l’entraînement à la magie. J’ai du finir par lui parler du Dispensaire et il eu l’air intéressé. Il a voulu en savoir plus et m’invita a la taverne de la Cité du Port pour parler tranquillement.

J’ai commencé mon discours de recrutement habituel mais je voyais bien que mes mots seuls n’étaient pas son plus grand centre d’intérêt. Il me faisait du charme et je me suis dis que, finalement, cet entretien n’avait peut être été pour lui qu’un prétexte pour m’approcher davantage. Je l’ai laissé m’embrasser. C’était délicieux.

Comme souvent, j’ai cédé assez vite à mes pulsions malgré le mâle qui partageait déjà mon lit et mon cœur. Bastian avait quelque chose de différent, une sorte d’aura qui me fascinait. Quand ses mains se posaient sur ma taille, je sentais des frissons de désir m’envahir. Il fut direct dès le début de notre relation. Il ne voulait rien de sérieux, aucun attachement affectif, juste passer du bon temps avec une jolie dame. Je n’étais pas contre, mais je savais que j’avais tendance à être possessive. Je ne lui en ai rien dit, pour le garder dans ma toile. C’était un amant fantastique.

Cependant, nous ne partagions pas uniquement des étreintes. Nous avions pris l’habitude d’explorer Irilion. Je n’ai jamais été une grande exploratrice, cette activité m’ennuyant bien vite seule. Mais à deux c’est différent. Il était amusant de le voir fouiller tous les meubles et embarquer discrètement les quelques lumens qu’il pouvait y trouver. Il appréciait aussi ces petites ballades car il arrivait que je lui raconte certains faits historiques s’y étant déroulés. Il m’écoutait fasciné par ma mémoire.

A part les menus larcins, il aimait chasser, ce qui lui valut de ma part le surnom de chasseur. Il pratiquait aussi le métier de récolteur et faisait un peu de nécromancie. Il avait par contre un défaut : il était avare. Terriblement proche de ses lumens. C’était amusant de l’entendre se plaindre des prix et d’en reporter la faute sur les kultars systématiquement. Il était bien tombé avec moi, je lui offrais assez souvent ce qu’il voulait acquérir. Il savait très bien comment me remercier, et je n’avais jamais a payer mes matières premières.

Les promenades en Irilion étaient l’occasion de trouver de beaux lieux pour nos rendez vous discrets. Et à force de passer du temps ensemble, son attitude à mon égard changea sensiblement. Nos baisers et nos étreintes avaient toujours été passionnées, enflammées par un désir mutuel intense. Mais un soir, il m’embrassa avec plus de tendresse. Je n’ai rien fait remarquer, me disant que je me faisais sûrement des idées. J’ai attendu d’autres signes plus concrets.

C’est une réunion du Dispensaire qui me donna l’occasion de confirmer son attachement à moi. Nous étions en train d’explorer Arius. Meynaf appela les membres sur les ondes télépathiques. Nous n’avions jamais affiché notre relation devant qui que ce soit, même devant eux. J’avais prévu ce jour là de lui offrir une cape rouge. Il en cherchait une mais, comme souvent, en trouvait le prix trop élevé. Je lui ai demandé de fermer les yeux. Je lui ai mis la cape sur les épaules. Quand il a vu l’étoffe, il n’en revenait pas. Il m’embrassa avidement et me demanda à ce que nous ne répondions pas au Capitaine. J’ai refusé, par devoir. Il m’a dit que j’étais bien cruelle avec lui. Avec un sourire mutin, je l’ai défié en lui disant que j’étais capable d’être plus cruelle encore. Il avait le goût du jeu, et demandait à voir.

Nous avons rejoint la taverne d’Idaloran avec quelques minutes d’intervalle. Meynaf, Atwenas, Bagnar et Eryann étaient déjà arrivés. Il ne restait qu’une place à la table où ils s’étaient assis. Au culot, j’ai demandé au Capitaine de m’asseoir sur ses genoux. A ma grande et agréable surprise, il a accepté. Meynaf avait été mon amant plusieurs fingeliens plus tôt mais il avait depuis refusé mes avances. Bastian regardait mon petit manège et je n’hésitais pas à avoir des sous entendus assez évidant avec l’elfe. Cela faisait jaser l’assemblée et m’amusait autant que lui. Le sinan, lui, était amer. Comme jaloux, sans vouloir l’avouer. Il me fit remarquer par télépathie qu’en effet je pouvais être bien plus cruelle. J’étais ravie, j’avais remportée mon pari. Mais plus encore, je savais maintenant qu’il s’était pris les pieds dans ma toile. Mon égo adorait le savoir à ma merci.

Nous avions une relation sereine. Aucune de dispute. Il cachait toujours son attachement si bien que ma frayeur face aux sentiment était apaisée. Je pensais pouvoir ne pas m’attacher. Un leurre. Cela faisait déjà un moment que ce n’était plus seulement la passion de nos corps qui nous réunissait. Pourtant, cela ne m’a pas empêché d’entretenir à cette période de nombreuses relations parallèles. Il y avait déjà WandraLL, puis vint Meynaf suite à cette comédie dans la taverne. Ensuite toucan. Et Killya. Mais Bastian avait toujours une place particulière. Je pouvais abandonner n’importe lequel de mes amants pour lui. Surtout depuis qu’il avait finit par m’avouer ses sentiments pour moi.

Cela arriva suite à une invasion de la Cité du Port. Nous nous étions déployés lui et moi en tant que phalange du Dispensaire. Il s’était pris un coup mortel mais la plaie n’arrivait pas à cicatriser à la sortie de l’Achéron. Les combats finis, je l’ai entraîné à la taverne dans une chambre de l’étage pour le recoudre. Comme je savais que ce serait douloureux, j’avais prévu de nombreuses bouteilles de vin à lui faire boire. Il grommela de devoir boire en si peu de temps cette boisson qu’il préférait apprécier à petite dose avec un rituel bien précis pour en révéler tous les arômes.

Une fois bien saoul, je l’ai fais allonger et j’ai commencer à exercer mes talents de guérisseuse. Ce fut malgré tout douloureux. Mais une fois fini, il commença a parler. Beaucoup. Sa langue se délia et il m’a dit qu’il m’aimait. Et qu’il savait que je l’aimais aussi. Je suis restée figée un instant réalisant ce que j’avais voulu me cacher à moi-même. Je l’ai endormi doucement, il avait besoin de repos avec cette blessure. Je l’ai veillé, assise sur une chaise à côté. Il fit des cauchemars en délirant a propos de Kultars et de choses qu’il hurlait n’avoir pas commises. Il s’est réveillé en sursaut et je suis venue le rassurer. Quand il a repris ses esprits, il s’est rendu compte qu’il en avait trop dit la veille. Il m’a regardé un peu gêné. S’excusant de son état déplorable. Il n’aimait pas abuser d’alcool quand il était en plaisante compagnie. Je lui ai répondu des banalités. Il voyait bien que j’étais malgré tout un peu troublée. Je lui ai ordonné de garder le lit quelques jours.

Durant cette convalescence, je suis restée distante. Cela a finit par l’agacer et il est venu me demander la raison de ce silence et de la froideur de mon accueil quand il venait me parler. N’arrivant à rien avec moi, il a quitté les îlots, me laissant une lettre pour m’en avertir laissant planer le doute sur son retour. Il disait avoir besoin de faire le point. Je m’en suis voulu d’être aussi stupide mais j’avais peur. L’amour n’est pas fait pour moi, il détruit ceux qui m’approchent.

A mon grand soulagement, il est revenu au bout d’une dizaine de jours. Je n’ai pas hésité et je l’ai rejoins immédiatement, lui sautant dans les bras. J’ai oublié ma retenue, oublié mes frayeurs. Je me suis réfugiée contre lui en disant a quel point il m’avait manqué et a quel point j’avais regretté. Je lui ai fais part des inquiétudes qui m’avaient poussées à le rejeter. Il m’a rassurée et les choses ont repris leur cours.

Je n’avais pas pour autant mis fin à mes autres relations. Je ne le cachais pas à Bastian, restant même toujours aussi séductrice vis à vis de Meynaf en sa présence. Mais mon chasseur l’acceptait, me disant lui même que s’il croisait une belle femme, il n’était pas impossible qu’il aille plus loin que de simples compliments. Cependant, il préférait ignorer le nom de mes amants. Tout comme il gardait pour lui ceux de ses conquêtes. Mais j’étais moins disponible pour lui, ma femelle prenant de plus en plus d’importance et réclamant bien plus d’attention que tous les amants que j’avais eu jusque là.

Mais arriva ce qui arrive toujours. Des absences répétées de plus en plus longues. La première fois que cela arriva, à son retour, je me suis une nouvelle fois précipitée à sa rencontre. Nous avons exploré Thelinor brièvement, jusqu’à ce que je ne tienne plus et profite de la visite d’une maison pour le pousser vers le lit. Quand nous en eûmes terminé, je lui ai demandé s’il serait d’accord pour partager un lit à trois avec une autre femelle. D’abord surpris, il a ensuite été séduit par l’idée. Il s’inquiéta cependant du fait de toujours pouvoir me voir seul à seul et ne pas avoir à me partager à chaque moment intime. Il voulait aussi rencontrer la femelle en question et faire connaissance avant d’envisager d’aller plus loin.

Je lui ai donc parlé de Killya et de la particularité de sa situation. Il fut plutôt désappointé mais essaya de comprendre. Ma femelle n’avait pas non plus l’air contre quand je lui en ai parlé sur le moment. Pourtant, quand ils se croisèrent en ma présence pour la première fois, l’air devint glacial. Il faut dire que je venais d’avoir une discussion difficile avec ma femelle concernant mon passé d’apprentie en salle de torture. Elle toisa le sinan, le saluant à peine. Bastian n’a pas voulu s’imposer plus longtemps. Je me suis dis que je pouvais faire une croix sur ce fantasme de mettre mes deux favoris dans le même lit.

Cela ne fit pas rester mon chasseur bien longtemps. Il m’avait promis de revenir vite et qu’il resterait plus longtemps la prochaine fois. Mais il ne revint qu’une journée par ci par là. Jusqu’à ne plus réapparaître du tout. Etait-ce dû à la souffrance de ne pas me voir consacrée qu’à lui ?

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