J’ai cru qu’il était retourné au temple de la terre. Il n’en était rien. Pourtant je me sentais lié à lui plus que d’habitude. J’avais la sensation de voir avec mes yeux, de me mouvoir avec mes jambes … c’était étrange. Nous parlions comme si nous étions côte à côte, un dialogue muet, ce n’était pas de la télépathie. J’étais lui et il était moi. C’était la première fois que la fusion était à ce point avancée entre nos deux esprits, à tel point que j’avais des sensations physiques.
Le lieu y était pour quelque chose c’était évident, mais sans l’acceptation du petit bleu cela n’aurait jamais pu avoir lieu. Il commençait à me donner sa confiance, nous allions pouvoir faire de grande chose tous les deux. Pour entériner cette confiance j’ai lu les dernières interrogations qu’il avait et j’y ai apporté une réponse.
- L’avais-je manipulé pour retrouver Killya ? Non.
- Que voulais-je faire de lui ? Cohabiter.
- Pouvait-il me donner plus qu’une présence d’esprit ?
J’ai hésité à lui dire la vérité, j’avais maintenant acquis la certitude que c’était possible, mais cela était dangereux autant pour lui que pour moi d’ailleurs. Il est parfois tellement tête brûlée, l’immortalité fait parfois oublier que l’état vivant peut être parfois proche de la mort voire pire. Et je ne me fierais pas tant que ça aux Landes. J’ai vu dans la mémoire du petit bleu tous ces aventuriers qu’il a connus et qui ont pourtant disparus. Morts ? Vivants ? On ne sait pas. Aucunes informations.
Mais nous ne formions tellement qu’un qu’il a vu la réponse. Il va falloir que je maitrise un peu mieux mon esprit maintenant qu’il accepte ma présence. Je l’ai laissé faire parce que j’avais aussi envie. Pouvoir voir Killya, la prendre dans mes bras, me lier à elle retrouver notre complicité.
Killya … j’avais passé les trois épreuves, je lui appartenais désormais.
Il était décidé. Etrange comme il peut avoir des certitudes un jour et douter autant le lendemain. Il a prévu ce qu’il lui semblait nécessaire pour provoquer notre lien physique. Je n’avais pas besoin de le lui dire, il savait. Il a chargé Khaena de pourvoir à toutes éventualités de malaise. Des potions, des essences, de quoi le couvrir et je ne sais quoi encore. Je commençais à devenir fébrile, comme un jeune puceaux qui rejoint la couche d’une femelle pour la première fois.
J’allais revoir Killya.
Puis il a préféré aller au temple de Lith, celui de Tarsengaard. Il pensait que ce dernier serait plus propice. Moi je pense qu’à Naralik ça aurait été parfait. Les catacombes sont peut être moins chargées d’énergie mystique, mais nous aurions été sur la terre des elfes noirs. A peine le pied posé sur le sol du temple et déjà nos esprits fusionnaient. L’idée du petit bleu était de nous entourer de l’énergie de l’art ultime. Plus il invoquait, plus je prenais forme en lui. Il n’a pas eu peur, il est allé jusqu’au bout.
J’ai pu sentir le froid du temple sur ma peau. Sentir, l’air remplir mes poumons et en sortir sous la forme d’une vapeur chaude. Toutes ces sensations que je ne pensais pas pouvoir ressentir un jour. Nous avions beaucoup avancé dans ce rituel, mais peu pouvait nous en parler une fois qu’ils l’avaient fait et pour cause. Nous en avions conclu à l’époque qu’il n’était pas possible de pouvoir prendre corps. Mais en voyant Killya et Khaena j’ai revu ma position. Et la nous approchions du but.
Ma fille Khaena se tenait devant moi, elle ne semblait pas rassurée plus que ça. J’ai souris puis je l’ai taquinée un peu sur son bleu. C’était marrant de voir comment elle prenait sa défense. Alors que je sentais déjà les forces du petit bleu diminuer, Killya, sans prévenir, à pris le contrôle et s’est jetée sur moi, m’embrassant et m’embrasant par la même occasion. Elle a voulu dire des choses, je l’ai laissé parlé, parce qu’on ne coupe pas une femelle mais je n’attendais qu’une seule chose. Je la voulais, je voulais ne faire qu’un avec elle et je sentais les forces du corps s’amenuiser. Je pense que Killya l’a senti. Elle a finalement arrêté de parler pour s’occuper de nous deux. Elle m’a emmené rapidement à la jouissance, je me suis senti partir alors qu’elle arrivait à la sienne.
C’était déjà fini.
J’étais frustré. Pourtant c’était déjà énorme d’avoir réussi cela.