Categorie: Les pensées de Keros


Où est Keros ?

C’était la dernière épreuve, dans quelques heures il aurait le droit de s’unir à Killya. Le champion choisit par la haute prêtresse ne laissait pas beaucoup d’issue à l’elfe. Il savait qu’il ne gagnerait pas, mais devait prouver que son courage le portait à l’accepter. Dès la première blessure le combat cesserait. Il avait dans l’idée de reculer le plus le moment de cette première blessure afin de ne pas perdre la face complètement et prouver sa valeur au combat. Il regrettait que ce dernier ne soit pas un combat de nécromancie, il aurait été plus à son aise.
Le combat allait débuter. Ils étaient face à face. Le regard du champion ne laissait rien passer, aucun sentiment. Lui et Keros se connaissaient à peine. La haute prêtresse par contre affichait un sourire à glacer le sang. Keros ne le comprenait pas, il était sur le point d’aboutir, malgré tout ce qu’elle avait pu faire, à s’unir à Killya, et toute vengeance sera par la suite impossible.
Elle leva le bras en signe de départ.
Le champion ne se ruât pas tout de suite sur Keros, jugeant de son agilité à esquiver les coups. Keros compris que ce serait plus difficile qu’il ne le pensait : l’adversaire réfléchissait.
Quelques minutes passèrent, Keros ne voulant pas être le premier à porter le coup et le champion continuant de le jauger. Il a fallu un instant d’inattention, un seul. Le champion l’a tout de suite perçu et a porté son attaque à ce moment là. Au moment où les yeux de Keros se portait sur le visage de Killya, le champion rentra la dague dans la poitrine de Keros, le touchant en plein coeur. Bouche bée, Keros tomba à terre, son regard se fixa sur celui du champion qui regardait la haute prêtresse.
Dans la fraction de seconde précédant la mort Keros comprit que le tournoi avait été pipé et qu’ordre avait été donné d’un combat à mort. Il  entendit vaguement les cris
de douleurs de Killya. L’énergie de vengeance réussit à mobiliser la parcelle de vitalité qui lui restait pour accomplir la magie ultime de l’art sombre : le pouvoir de vie et de mort.

Il quitta son corps avant que ce dernier ne donne son dernier souffle. Il parti ainsi avec une part vitale de lui, comme lui avait enseigné son maitre en matière d’art noble.
Mais il savait ce pouvoir fugace et il lui fallait trouver rapidement une demeure pour son esprit. Il lui fallait un nouveau-né.
L’espace ne compte plus dans cette dimension, l’esprit de Keros se déplace rapidement au sein des Landes, il ne cherchait pas au-delà, une partie de lui était encore intimement lié à Killya et aller au délà d’une certaine distance le faisait trop souffrir. De plus il voulait pouvoir retrouver la haute prêtresse. Les minutes qu’il avait gagné sur la mort s’écoulaient, il y avait plusieurs nouveaux nés mais le choix n’était pas facile. Les dernières secondes ne lui laissèrent pas le temps de réfléchir plus longtemps et il s’engouffra dans le corps d’un nouveau-né mâle bleu sombre au moment où celui-ci allait prendre sa première inspiration. C’est Keros qui la lui insuffla, liant ainsi leur esprit.
La cohabitation s’avéra difficile. L’enfance et l’adolescence ne posa pas trop de souci. Mais arrivé à l’âge adulte, le bleu n’arrivait pas gérer la puissance invocatrice de Keros. La folie prenait le bleu petit à petit. Keros comprit qu’il n’arriverait à rien avec ce corps et cet esprit et que sa soif de vengeance sur la haute prêtresse ne verrait pas le jour.
Il fallait trouver une solution pour quitter ce corps et cet esprit malade. Keros n’était plus un esprit libre puisqu’il était lié à celui du bleu. La seule solution était que le bleu fasse une descendance. Le bleu s’étant isolé de son clan et ne passant son temps que dans la montagne, l’occurrence de rencontrer une femelle s’avéra faible et laissa Keros dans un premier temps sur sa faim. Néanmoins la chance lui sourit. Une caravane nomade arriva un jour au campement du bleu. Keros mit son énergie pour faire rester le bleu et l’approcher de cette communauté nomade.
Le regard du bleu devint flamboyant ce soir là, c’est ce qui attira la femelle envoûter par les yeux du bleu. Keros manipula si bien que dès le premier soir les deux bleus s’unir poussés par une force invisible. Keros ressenti la femelle réceptive à la conception, il quitta l’esprit du bleu pour rejoindre le fluide de vie et dirigea ce dernier pour choisir un mâle apte à le recevoir.
Keros insuffla de nouveau la vie et se lia au nouvel être dès sa conception. Keros avait su influer sur la semence pour qu’elle lui soit favorable.
Il laissa le jeune bleu sombre grandir auprès de ses parents, le protégeant de la folie de son père. Il l’aida aussi, alors qu’il se retrouva seul à la mort de sa mère, de prendre sa vie en charge et de partir à la découverte des autres peuples.

Le voir arriver sur les îlots centraux fut un gage pour Keros de voir un jour sa vengeance se réaliser et peut être de retrouver Killya.

L’esprit de Keros a trouvé refuge dans le corps de kely qui devra apprendre à composer avec la puissance nécromane de Keros.

Suivez ses pensées …

Le coeur des Landes

Fingelien 371 – 378

Le coeur des Landes est un endroit étonnant. Lorsqu’on y pose les pieds pour la première fois on oublie tout, on devient un nouveau né dans les gestes et la force. Ce fût une formidable opportunité pour reprendre l’éducation du petit bleu. La folie du père suite à mon passage, ne m’avait pas permis d’exprimer l’art noble comme je l’espérais chez le petit bleu. Il a pourtant un vrai potentiel dans ce domaine, enfant il avait peur de son père et fuyait cet art que son père et ses acolytes avilissaient. Le peuple du petit bleu n’aidait bien évidemment pas et le confortait dans sa vision étriquée de ce noble art. Je craignais que l’attaque des créatures invoquées par son père et ses acolytes ne laisse des traces indélébiles de refus mais ce ne fut pas le cas.
Dès les premiers jours, alors qu’il dormait je tentais de lui imprimer les gestes de cet art.

Une autre spécificité du coeur des Landes, c’est la faculté qu’ont tous les peuples à converser par télépathie. J’ai tenté de couper le petit bleu des ondes du peuple bleu d’ici afin qu’il reste isolé, j’y suis arrivé un temps mais une femme bleue est venue le chercher et je n’ai pas pu biaiser longtemps cette faculté qu’il avait comme tout à chacun. Mais ce ne fut pas le pire, le pire fut sa rencontre avec celle qui deviendrait sa première compagne. Enfin ce fut le pire et en même temps profitable. Cela l’a conduit vers le peuple bleu du coeur des Landes et leur intolérance envers la nécromancie ce qui ne m’a pas aidé, et en même temps cette bleue arrivait à mettre le petit bleu dans des états de colère ou de jalousie propices à l’expression de mon essence, il devenait alors tellement proche de moi dans ces moments là, jamais ces sentiments ne s’étaient exprimés quand il était enfant. Ce fut une révélation et une aide à laquelle je ne m’étais pas attendu. Il a fallu être vigilant que la folie ne le prenne pas comme son père toutefois, ce fut aussi une période très délicate et le pousser à prendre la décision de quitter cette première compagne ne fut pas une tâche facile. Mais quand il eu fait, alors la période trouble cessa et le temps de l’acceptation arriva.

Il comprit qu’il ne pouvait combattre une part qu’il pensait à lui et prit un maitre pour l’aider à gérer ma puissance nécromantique.

Mais le meilleur était à venir.

Chute

25 thyllion 381

Il a chuté dans un gouffre. J’ai senti qu’il n’était plus là. La douleur certainement a fait qu’il n’a pas encore repris connaissance. Une sacré chute, amortie par une épaisseur de neige toute molle qui était tombée depuis peu. Il a eu de la chance, même si, ici, la mort n’a plus le même sens, il aurait pu en sortir plus amoché. Les Landes retiennnent en vie mais n’empêche pas les blessures qui laissent des traces indélébiles sur les corps.
S’il était devenu moche peut être que ma fille n’en voudrait plus, je pourrais alors l’utiliser comme prévu pour me venger de la haute-prêtresse ! Ce serait une délicieuse sensation que de voir cette femelle périr d’une dague des mains d’un bleu.
Enfin d’ici là, il faut que je l’aide à sortir d’ici. Veiller sur lui est un travail au quotidien, je n’ai jamais vu quelqu’un avoir aussi peu le sens de l’orientation.
Les sens aux aguets je les ai senti arriver toutes les deux, Khaena et Killya, et une troisième
personne. Une personne importante pour Killya. J’ai ressenti le désarroi de ma fille, j’essayais de lui apporter de l’espoir, je crois qu’elle l’a senti.
Elles ont lâché des fruits dans le gouffre, elles pensaient peut être qu’ainsi au moins il ne mourrait pas de faim. C’était une bonne idée, comme à son habitude il était parti sans rien.
Mais pour l’instant il n’était pas question de le faire manger, déjà le faire revenir à lui serait pas mal.
Je me concentrais sur les douleurs physiques que je ne pouvais ressentir mais qui dégagent une énergie particulière. La plus importante se trouvait à la tête, elle ne semblait pas facile à soigner. Il y avait tout le côté gauche sur lesquel il était tombé, les deux membres étaient fracturés, heureusement les saignements étaient minimes et le froid a aidé à la cicatrisation. Il avait également les deux dernières côtes de fracturées, toujours du côté gauche.
Je me suis joins à son esprit pour lui donner la force de se battre. Au bout d’une journée, il a réussi à reprendre connaissance. Je pouvais enfin l’aider à agir en lui insufflant les gestes élémentaires pour commencer à s’occuper de lui. Entre temps Khaena avait descendu un panier de fruits, de viandes crues d’essences volcaniques et des habits chauds. Il n’arrivait pas à ouvrir les yeux, mais j’ai senti son esprit volontaire. Contrairement à d’habitude, il ne s’est pas replié sur lui, depuis la retraite qu’il avait fait, il avait changé, comme s’il avait retrouvé une confiance en quelque chose … sentirait-il qu’il n’est pas vraiment seul ?
Je lui ai donné des images du lieu, de l’espace qui l’entourait et du panier à quelques centimètres de lui. Il s’est mis alors à ramper vers lui. Toujours les yeux fermés, gagnant quelques centimètres contre le froid et la douleur. Ce fut long et sûrement douloureux vu les vibrations que j’avais. Dans un ultime effort, de son bras valide il tatonna dans le panier, le vidant, en prenant soin de poser à proximité de lui ce qu’il pensait reconnaitre. Les vêtements ne posèrent pas de souci, il en fit une couche pour se rouler dessus pour s’isoler du froid. Les autres habits, il le posait à côté de lui pour pouvoir s’en recouvrir, il était hors de question d’envisager de se déshabiller pour l’instant., il mit les fruits et la viande d’un côté. Les essences de l’autre côté sans savoir de quel type elles étaient. Il avait beau les toucher et les sentir, il n’arrivait pas avec certitude à savoir lesquelles c’étaient. Il trouva les parchemins et le crayon qu’il mit dans sa poche. Il ne pouvait ni lire, ni écrire puisqu’il n’y voyait rien pour l’instant. Puis il commençat à fatiguer de nouveau, il mangeat un peu de viande. Il gratta la neige autour de lui pour se désaltérer et reparti dans un nouveau sommeil.
S’il avait pu lire, il y aurait lu ceci :
* Mon tendre amour, je ne sais pas si tu trouveras ce panier. Mais j’espère qu’il t’aidera. Je laisse le panier pour la journée.je le reprendrais pour t’apporter à nouveau de quoi manger. Je t’aime. Ta Thya Khaena.*

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Repu, un peu plus protégé du froid grâce aux habits, il dormit pendant 3 jours. A son réveil son corps n’était encore qu’un amas de douleur. Il avait un peu plus de conscience mais ne voyait toujours rien. La blessure de la tête était liée à cet état de cécité, mais il n’avait pas l’air de le comprendre.
Khaena avait apporté un nouveau panier, elle y avait déposé de nouveau de quoi manger, des
essences et une arme. Kely sentit que les essences n’était pas les mêmes que les premières. Il sentait une différence mais lesquelles étaient-ce ? Il chercha autour de lui quelque chose à enflammer, il trouva une toute petite brindille qu’il cassa en deux, posa les premières essences à gauche et les deuxième à droite et les essaya toutes les deux sur un morceau de brindille. Il sentit une flammèche à gauche alors que rien ne se produisit à droite. Je l’ai entendu demander s’il ne se trompait pas.
Il prit les essences à sa droite et se prépara à se soigner, je l’ai laissé faire, il ne se trompait pas. Il n’avait pas beaucoup de force, mais les deux soins qu’il se prodigua grâce aux essences furent un soulagement. Il se nourrit un peu plus et tenta d’écrire un mot sur un bout de parchemin, mais sans voir et engourdi par le froid il ne s’est pas rendu compte que c’était illisible. Il finit par se rendormir, je l’ai entendu dire « Je suis vivant Thya ». Surement ce qu’il a voulu écrire.
Quand il s’endort je veille. Cette grotte à l’air sûre depuis quelques jours que nous y sommes mais on ne sait jamais. Mon esprit à de la place pour vagabonder quand il est semi-inconscient comme ça.
J’essaie depuis quelques jours de capter l’esprit de Killya mais je n’y arrive pas. Par contre, j’arrive à capter celui de ma fille. Je rentre dans ses rêves. Elle rêve de son bleu, mais petit à petit je rentre en contact avec elle.
Je me présente à elle sous les traits de Lith, j’ai crains qu’elle ait eu peur mais même pas. La seule question qui lui est venue ou plutôt demande, c’était de sauver son mâle. J’ai été surpris, elle ne pensait donc qu’à lui ! Si je voulais accomplir ma vengeance, il était plus que probable qu’il n’en reviennne pas. Pouvais-je ôter la vie du mâle choisi par ma fille ?
Je lui ai posé plusieurs fois la question, elle n’a jamais vacillé. Je retrouve la détermination de Killya sous ses traits.
Elle l’aime, je ne peux le nier. Ca n’arrange pas mes projets. Vais-je y renoncer ?
J’ai essayé de l’impressionner, mais son regard est resté décidé, c’était lui qu’elle voulait et personne d’autre, elle serait même probablement unit à lui si leur peuple respectif ne s’y opposait pas. J’ai souri, sa mère ne ce serait jamais arrêté à ce petit détail.
Elle l’aime, mais lui ? Je me demandais s’il serait prêt à subir les épreuves d’une union.
Je me suis de nouveau inséré dans un de ses rêves, lui demandant de faire passer des épreuves au petit bleu. Je verrais alors s’il est digne de ma fille et peut être abandonnerai-je ma vengeance. Après tout j’ai retrouvé Killya et je sais qu’elle est heureuse maintenant, une partie de mes projets se sont réalisés et c’est un peu grâce au petit bleu.

Jeu de piste en aveugle

J’ai continué d’envahir les rêves de ma fille pour tenter de lui apporter des réponses sur ce qui arrivait à son mâle. J’ai ainsi tenté de lui expliquer le parchemin illisible qu’elle a eu ainsi que les méandres labyrinthiques du sous-sol de Saonar Kraw.

Après les soins qu’il s’était fait, le petit bleu a commencé à aller mieux. Ses os fracturés se sont ressoudés plus rapidement, au bout de 15 jours, il a pu commencer à se lever et à marcher.

Il s’est d’abord familiarisé avec son environnement proche. Il a fait le tour de l’endroit où il était notant les ouvertures qui s’y trouvaient. Il a compté les pas dans tous les sens. Il me faisait rire, à la fin il s’arrêtait juste avant de se cogner, il ne mettait même plus les mains devant lui tellement il était sûr. C’est assez étonnant de le voir avec cette certitude qui l’habite dorénavant.

Il allait au panier, rangeant les aliments, les essences et autre par thème.  Le bois que Khaena avait mis dans le panier était rangé en ordre. Une vrai petite femme d’intérieur.

Au bout d’un mois, il se sentait assez costaud pour aller plus loin. Il a prit tout ce qu’il pouvait dans son sac, le rangeant méthodiquement. A chaque choix, il s’assoit et j’ai l’impression qu’il me demande quel chemin prendre. Je connais, j’ai déjà tout parcouru. Je lui dis et à chaque fois il prend le chemin que je lui indique. Comme si nos esprits étaient un peu plus en lien.

Il est parti, avançant doucement. A chaque nouvel endroit il prend le temps de le découvrir, mesurant l’espace dans sa tête. Il va lui falloir du temps pour sortir à ce rythme.

Il reprend des forces, le dernier rêve il a réussi à m’évincer alors que je m’interposais, pour jouer, entre lui et Khaena. Sans force, ni brutalité, juste par sa présence.

Passage à vide et issue

Elfist du Fingelien 382

Le petit bleu continuait d’errer dans le sous sol de Saonar Kraw à la recherche d’une issue. Sa détermination à réussir a commencé à être entaillée quand il s’est aperçu que ses réserves de nourriture baissaient.

Le sous sol de Saonar Kraw lui semblait interminable. Je savais qu’il pensait à Feydreyah, sa première compagne, ne comprenant toujours pas ce qu’elle trouvait de merveilleux à parcourir ce genre d’endroit. Il n’y voyait qu’un dédale long et périlleux. Le petit bleu s’est aperçu qu’il n’était pas le seul à les parcourir, il lui a fallu occire quelques petites créatures. C’est à ce moment là qu’il a voulu abandonner. Las de donner des coups dans le vide, se faisant surprendre par derrière, il s’est assis, baissant les bras et laissant venir à lui cette vermine qui lui infligeait des morsures partout sur le corps.

J’ai réagis en prenant la place qu’il me laissait. J’ai armé son bras et tué ces parasites en transportant son corps vers un endroit plus serein. En même temps je rappelais à sa mémoire les traits de Khaena. Les souvenirs se sont déroulés les uns derrière les autres. Il a retrouvé la force de continuer, et il a repris sa place de nouveau et moi la mienne.

Le mois qui suivi fut difficile. Les réserves de nourriture n’étant plus très grande, et ne sachant pas encore combien de temps il devait passer à errer, il diminua par quatre les rations journalières. La fatigue s’accumulait. Je ressentais l’énergie vitale du corps disparaitre petit à petit.

Je décidais de ne plus laisser vagabonder mon esprit. Il avait besoin de toutes les forces vives dont disposait son corps pour continuer à marcher et sortir de ce trou à rat. Je ne voulais pas finir ainsi avec lui, je m’efforçais de lui donner les indications pour continuer à ne pas se tromper dans ses choix, comme depuis le début.

Les jours passèrent, dans la tête de petit bleu, le visage de Khaena ne le quittait plus. Il butait de plus en plus sur les obstacles, s’égratignant de plus en plus, il semblait ne plus ressentir la douleur. Sans relâche, il continuait à marcher. C’est à quatre pattes qu’il a finit sur un pavé qui me semblait particulier, je n’étais pas encore très sûr du résultat, les Landes sont particulièrement joueuses. Il s’est retrouvé téléporté sur une île. Son premier mot fut : « Thya », j’ai ressenti l’émoi de ma fille. Il a ensuite décris l’île et Khaena a tout de suite reconnu l’endroit. Elle est arrivée rapidement.

Il allait être de nouveau entre de bonne main et se refaire une santé pour la suite … en espérant qu’il retrouve la vue, sinon cela s’avèrerait plus difficile.

Vengeance

4 Fingel 382

Elle arrive plus tôt que je n’avais prévu, Khaena emmène le petit bleu dans le clan de sa mère !

L’heure de la vengeance se profile, j’ai sauté sur l’occasion et poussé le bleu à l’accompagner malgré les nombreux dangers. Il n’est peut être pas prêt, mais je n’aurais pas d’autres occasions.

Vengeance suite et fin

12 fingel 382

Dès en arrivant au clan j’ai reconnu le regard que la prêtresse portait sur le petit bleu. Elle le trouvait à son goût et le voulait dans sa couche.
J’ai pensé que ça serait alors plus facile que je ne m’imaginais. Mais le petit bleu sortait peu de l’endroit où on les avait assigné. Il m’a fallu user d’énergie pour le pousser à sortir et aller voir la prêtresse.
Quand elle l’a vu arriver, elle a cru que son charme était tellement fort que le bleu faible d’esprit n’avait pu résister à l’envie de la rejoindre. Confortée dans cette croyance elle en a oublié toutes vigilances. Le petit bleu ne bougeait pas, tétanisé par notre lutte interne. Elle a commencé à le déshabiller et l’a emmené vers sa couche où elle s’est allongée. Un coup d’oeil circulaire rapide sur l’environnement m’a permis de repérer une dague. J’ai fais contourner au petit bleu la couche afin de passer à proximité de l’arme, j’ai imposé le geste fatal en lui faisant dire :

« Souviens toi de Killya et Keros »

Pendant que le petit bleu enfonçait la lame froide dans le ventre de la prêtresse, j’ai senti la présence de Killya, elle venait de rentrer, je l’ai regardée un instant puis mon regard s’est porté sur la prêtresse à l’agonie. L’incompréhension de ce qui lui arrivait se voyait dans son regard ainsi que la surprise d’être tuée par un bleu.

L’esprit du petit bleu commençait à défaillir, je l’ai laissé.
Nous étions enfin vengé.

La peur

Je sens la peur qui envahit le petit bleu.
Il y a d’abord eu le déni. Il a refusé en bloc ma présence, j’ai cru me retrouver quelques fingeliens en arrière alors que j’étais avec son père. Le début de la folie s’était alors emparée de lui. A l’époque je n’avais pas su désamorcer, mais là je savais ce qu’il fallait faire.
Ce qui entrave c’est la notion de culpabilité qu’ils cultivent. Je devais lui faire comprendre que ce n’était pas lui qui avait tué.
Ce fut plus dur que je ne pensais. Heureusement Killya était là et elle a eu l’idée géniale de tenter de rentrer en contact avec moi. Nos deux esprits liés comme lorsque nous étions vivants nous a permis d’aider le petit bleu a accepter la réalité. J’ai cru avoir réussi dans un premier temps. Mais trop heureux d’être un peu en contact avec Killya j’ai dû oublier un truc essentiel. Ou bien l’énergie du petit bleu ne nous a pas permis d’aller jusqu’au bout.
Je le sais, je le sens, il part à la dérive.
Il y a bien eu un sentiment de soulagement au début. Soulagé de mettre une raison sur ses goûts, notamment sur celui de la nécromancie, la forge ne lui a jamais posé de problème. Mais ce sentiment passé, il se laisse envahir de nouveau par de noires pensées.
Je dois détruire toutes notions de culpabilité sinon il va sombrer dans la folie comme son père. Et ici, les mâles et femelles ne peuvent pas procréer, je suis donc condamné à sombrer dans la folie avec lui.
Il faut que je trouve une solution, vite !

Lutte interne

Je me suis trompé. Ce n’est pas la culpabilité, il n’a juste pas confiance en moi. Et je le comprends, finalement je l’ai utilisé pour accomplir une vengeance qui m’appartenait. Maintenant qu’il connait mon existence, je ne tente plus de me cacher, j’essaye même de rentrer en contact avec lui, mais il me rejette. Je ne dois plus abuser de lui mais j’ai besoin de prévenir Killya que je sens partir, son esprit se fait de plus en plus faible. Je sais ce qui se passe, je la connais bien. Je sais ce qu’il lui manque mais je ne suis pas en capacité de lui apporter tant que le petit bleu refuse mon existence.

Il refusait obstinément mon contact et je sentais toujours Killya glisser vers le néant. Je me suis résolu à faire violence encore une fois au petit bleu, il y avait urgence, ça ne va pas faciliter encore sa confiance en moi, mais je ne peux pas faire autrement, il en allait de la vie de Killya et aussi de Khaena.

J’avais effectivement ressenti que le lien que Killya avait créer avec Khaena n’était pas celui prévu, pas comme celui que je pourrais avoir avec le petit bleu. Le rituel qu’elle croit avoir raté n’est en fait qu’un autre rituel ou non seulement les esprits cohabitent mais aussi la notion de corps avec tous les besoins qui vont avec. Ce rituel instaure une profonde symbiose entre les deux personnes et si l’une disparait, l’autre la suit.

J’ai donc pris les commandes de son esprit pour contacter Killya et la mettre en garde.

J’ai eu le temps de le faire mais la lutte qui s’en est suivi fut assez horrible. Moi j’y étais habitué, mais le petit bleu non. Il en a terriblement souffert, j’ai pourtant lâché prise le plus rapidement possible une fois que j’avais donné l’avertissement. J’ai d’ailleurs ressenti son incompréhension face à ce qu’il croyait être une prise de pouvoir. Il a dû se demander pourquoi je battais en retraite aussi rapidement et aussi facilement.

Peut être qu’il va se poser les bonnes questions.

Le choix de Keros

J’ai réussi à initier chez le petit bleu mes passions : la nécromancie et la forge. Il s’est mis a passer tout son temps à parcourir le coeur des Landes à la recherche du meilleur filon. Il aime tellement ce qui touche la terre qu’il s’est acoquiné avec le prêtre de la terre. Ca me plaisait pas trop mais ça avait l’air de lui apporter de la sérénité. Parfois il part des jours et des jours au temple. Il entre dans une espèce de contemplation méditative. Dans ses moment là, il amplifie sa conscience, du coup la mienne se libère. Nous nous ressentons l’un l’autre. Il croit que c’est le dieu de la terre qui est présent à ses côtés.

Ca me rappelle comment j’en suis moi-même arrivé à la forge. La vie est étrange et offre parfois des choix inédits. J’étais encore qu’un jeune elfe, à peine pubère mais très avancé dans l’art de la nécromancie. Nous étions un jeune clan, je faisais parti de la première génération qui était née de cet agglomérat d’elfe, et nous cotoyions une hordes d’orcs qui se repeuplaient plus vite que nous. Nous étions continuellement en train de les chasser, à moins que ce n’était eux qui nous chassait, c’est possible. Toujours est-il qu’un jour d’une de ces chasses, je poursuivais des fuyards isolés. Je m’enfonçais toujours plus dans la forêt. J’ai fini par en coincer un que je réussis à tuer. Contrairement aux autres chasses, j’avais prévu ce qu’il fallait pour lui rendre la vie. Je pus continuer ainsi la chasse accompagné d’un orc, un pisteur hors pair de ses propres congénères. Je m’éloignais du clan, je le savais et cela ne m’inquiétait pas.

Nous réussîmes avec ma créature a retrouver ainsi 3 autres fuyards, que je réanimais à chaque fois. J’avais ainsi une garde rapprochée de 4 orcs. Nous continuions à pister, les traces laissaient entendre que ce coup ci ce n’était pas un orc isolé mais un groupe, je n’arrivais pas trop à déterminer le nombre. Nous approchions d’une petite clairière quand des cris de combat se sont faits entendre. Nous courrions pour voir la scène. Avant de lancer mes orcs à l’assaut j’analysais la scène, un petit bonhomme court sur pattes se battait contre 6 orcs. Il était encerclé et ne semblait pas du tout effrayé. Il tenait en respect les orcs qui tournoyaient, hésitant à se lancer à l’attaque. Certains d’entre eux avaient déjà de belles entailles sur le corps, sûrement issu des haches que tenait le nain. De magnifiques haches d’ailleurs. J’hésitais à m’interposer dans un combat qui n’était pas le mien, mais en même temps 6 orcs en moins pour mon clan c’était important.

Je finis par me décider à lancer l’assaut, j’avais la surprise pour moi, mes orcs ne firent qu’une bouchée de leurs compatriotes. Je n’eus même pas le besoin de me battre à leur côté, le court sur pattes extermina les deux derniers en virevoltant avec ses haches. A la fin du combat, je voyais le nain toujours sur la défensive, je révoquais mes créatures. Il me regardait, rien ne transparaissait de son regard, je ne savais pas ce qu’il pensait, d’ailleurs je ne l’ai jamais trop su, même après coup et après des fingeliens.

Il m’invita d’un signe de main à venir m’asseoir autour d’un feu. Il était en train de manger apparemment quand les orcs sont arrivés. Il y avait une sorte de cariole autour du feu, c’était sûrement un marchand ambulant. Il partagea son repas avec moi. Nous discutions peu. J’appris l’essentiel. Il était effectivement un marchand itinérant et il rentrait chez lui. Il vendait des armes. Quand il me les montra je restais sans voix. J’eus envie à ce moment là d’être capable de faire la même chose.

Quand il me demanda ce que moi je faisais dans le coin, je ne lui racontai pas la vérité. J’ai dit que j’errais ici et là vivant de chasse. Je ne su jamais s’il me crut. Toujours est-il qu’il me proposa de faire route ensemble si j’en avais envie. Je l’ai suivi. Chaque jour je m’éloignais de plus en plus de mon clan. Il arriva le moment ou un retour arrière devenait difficile voir improbable. J’ai continué, nous discutions de plus en plus avec le nain de l’art de la forge. Il voyait mon intérêt et il n’était pas avare de renseignement.

C’est ainsi que nous arrivâmes chez lui. Il habitait dans une bicoque assez isolé du reste de sa tribu. En fait il habitait à proximité d’une mine, qui était, je l’appris par la suite, gigantesque, je m’y suis installé d’ailleurs. Il vivait seul, passant son temps à travailler. Je suis resté à ses côtés jusqu’à sa mort. Il m’a appris tout ce qu’il savait.

Quand il est mort, j’ai repris la route à la recherche d’un clan elfe noir à la recherche d’un forgeron. C’est ainsi que je suis arrivé dans le clan de Killya.

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