Ils ont laissé ce qui était Khaena ou Killya dans la prison de Dra Synn avec tout ce qu’il fallait pour se nourrir et boire, puis ils sont partis à la recherche du temple dont leur avait parlé Khaena. Ils ont eu le sentiment de perdre une journée précieuse sans le trouver. Les indices récoltés dans le livre étaient vraiment imprécis, partir dans une montagne comme ça était des plus hasardeux.
Après un moment d’hésitation ils ont décidé de tenter leur chance auprès de moi, ils pensaient que peut être je pourrais sentir, ressentir quelque chose au sujet de l’artefact.
Ils sont allés à l’arbre de l’éternité en silence, le bleu s’est installé confortablement sur le sol avec une peau et il a laissé sa place.
Je me suis retrouvé face à la matriarche une nouvelle fois. Je ne disais rien, l’énergie du lieu est effectivement particulière pour moi mais je n’en savais pas plus. Devant mon silence elle a proposé de me droguer, comme le font les prêtresses. J’ai accepté, je ferais tout pour que ma femelle et ma progéniture puissent vivre en symbiose et non plus en fusion.
Elle s’est approché de moi avec son aiguille, me la plantant dans la tête à l’arrière de l’oreille. J’ai senti le froid m’envelopper et mon esprit s’est mis à voyager. Le corps du bleu s’éloignait, je le savais sans défense, mais je faisais confiance à l’Ilharess pour savoir quoi faire pour le maintenir en vie.
J’ai suivi la source de l’énergie qui me permettait d’être plus présent particulièrement dans ce lieu. Plus exactement les sources, car il y avait l’arbre indéniablement, mais pas que lui. j’ai vu des montagnes, une ville labyrinthique et une mare avec des essences qui virevoltaient au dessus. La dernière vision que j’ai eu, fut trois pics absolument identiques dont celui du milieu qui était lumineux.
Puis un trou noir.
Quand je me suis réveillé, le corps était incroyablement froid. L’ilharess se trouvait contre moi, elle avait tenté de maintenir le corps à température en donnant sa propre chaleur directement.
C’était déroutant de voir la femelle de ma femelle nue contre moi.
J’ai émis un son pour signifier que j’étais de nouveau la. Elle s’est rassise, me couvrant puis se rhabillant.
Je lui ai raconté mes visions puis j’ai laissé le bleu revenir.
Je les ai suivi tout le long de leur périple. Le bleu avait du mal à se remettre de la drogue, il était dans l’incapacité de cloisonner comme il pouvait le faire de temps en temps. Ensemble ils discutaient des visions que j’avais eu. Ils en sont mutuellement arrivés à penser qu’il s’agissait des montagnes entre Trassian et Glakmor. La cité labyrinthique leur rappelant Dra Synn et la mare avec les essences, représentait justement une mare qui se trouvait de l’autre côté, ainsi que la guilde des alchimistes.
En regardant les montagnes ils purent reconnaitre les 3 pics, pas si ressemblant que ça mais ça semblait être le chemin à suivre.
Ils décidèrent donc de partir vers ces pics, visant celui du milieu et se mirent en marchent sans plus tarder.
Au fur et à mesure qu’ils montaient dans la montagnes, le vent se levait, froid et mordant. Puis il s’est mis à neiger. Les flocons durs semblaient les attaquer. Le corps du bleu ne se réchauffait pas. Chaque soir, ils trouvaient heureusement un endroit protégé qui leur permettait de prendre un peu de repos et de faire un feu. Malgré cela le froid gagnait de plus en plus le bleu.
Au bout de cinq jours de marche, la tempête commença à faiblir. Le ciel se dégageait, et ils purent constater qu’ils avaient énormément déviés de leur trajectoire d’origine, s’éloignant de leur objectif plutôt que s’en approchant.
J’ai senti le bleu partir dans une colère froide. Il s’est mis à reprocher à Kharya son manque de lucidité, lui rejetant la faute sur la situation de Khaena et Killya. Il a commencé à la molester. Ils se sont battus. Je n’arrivais à rien sur son esprit.
L’Ilharess n’avait pas subit autant d’épreuves que le bleu, elle réussit à le mettre à terre avec rage. Le surplombant ainsi, elle s’arrêta se rendant compte de l’absurde de la situation. Elle relâcha sa prise. Le bleu en profita pour retourner la situation à son avantage, il la fixa le regard chargé de désir. Elle ne disait rien, ni n’entreprit de le dissuader, peut être en avait-elle envie aussi. Ils défirent leur vêtement et s’unir dans une étreinte violente et brêve.
Sans rien dire, ils réajustèrent leurs vêtements et reprirent la route. Le ciel dégagé leur permettait maintenant d’être sûrs d’arriver au pic du milieu sans encombre.
En arrivant au temple, ils purent constater que ce dernier était en ruine. En s’avançant, ils n’avaient pas fait attention à une présence. Cette dernière s’est jetée sur Kharya. Le bleu s’est interposé entre les deux, se prenant un coup violent sur la jambe. Un craquement suivi d’un cri et le bleu était à terre.
C’était un Yéti, assez jeune. Il s’apprêtait à s’acharner sur le bleu mais la matriarche utilisa son bâton pour lui déstabiliser les pattes. Elle criait au bleu d’allumer une torche. Le yéti agacé par la sombre brisa le bâton. Elle tenta une nouvelle attaque avec une dague empoisonnée. Le yéti grogna et recula. La matriarche accouru aux cotés du bleu pour l’aider à allumer la torche. Elle l’agita ensuite devant le monstre qui, étourdit par le poison, prit la fuite.
La matriarche retourna auprès du bleu pour le soigner. Il était plutôt amoché avec une fracture du fémur. Elle incanta d’abord un sort de soin pour stopper l’hémorragie, finit de déchirer le pantalon avant de réduire la fracture du mieux qu’elle pu et de le recoudre. Elle alla chercher les restes de son bâton pour en faire une atèle et maintenir les morceaux de l’os en place. Ainsi stabilisé, elle le traîna à l’abri de la neige dans les ruines. Dans l’endroit le plus sec qu’elle pu trouver, elle fit prendre un feu et installa leur campement de fortune. Elle ôta les vêtements trempés du bleu et l’installa sur sa peau de léopard. Les premiers soins semblaient avoir apaisé légèrement les douleurs du bleu mais la matriarche n’en avait pas l’air satisfaite. Elle déchira sa cape blanche pour faire des bandes, nettoya la plaie suturée et appliqua une pommade. Le bleu la regardait faire sans rien dire. La douleur l’étreignait mais la douceur des mains qui le soignait ne semblait pas laisser le corps indifférent. La matriarche parut amusée de cette réaction qu’il ne pouvait ni cacher ni contrôler. Elle enroula fermement la cuisse dans une bande avant de le recouvrir de sa propre peau de léopard pour le garder au chaud. Elle s’assit au feu qu’elle attisa pour leur griller le peu de viande qui leur restait.
Le bleu se réveilla à l’aube le lendemain. La matriarche n’était plus là mais le feu dégageait encore de la chaleur. Elle revint une bonne demi heure après fatiguée et contrariée. Elle avait inspecté les ruines et les alentours toute la nuit mais aucun passage ne permettait de pénétrer plus loin. Par dépit, elle demanda au bleu si je pouvais ressentir l’artefact et l’aider à trouver où chercher. Je savais qu’il était risqué pour lui de retenter l’expérience, le corps était si faible. Il le savait aussi ou peut être avait il sentit ma crainte. Pourtant, il accepta. Par le même processus qu’à l’arbre, la transe m’a élevé et permis de voir où déblayer les ruines. Une nouvelle fois, j’ai repris conscience du corps du bleu avec la matriarche blottie contre lui pour lutter contre le froid. Je n’ai pas essayé de l’écarter car elle était épuisée et nos deux corps avaient besoin de chaleur et de repos.
Après de longues heures, la matriarche se réveilla. Elle s’habilla rapidement. Elle fit l’inventaire des sacs. Les vivres allaient bientôt manquer. La mine grave, elle réfléchissait. Elle annonça au bleu qu’elle le renvoyait à son campement avec l’une des bagues qu’elle avait emmené. Elle changea le pansement, lui improvisa un pantalon avec une fourrure de léopard et l’aida à s’habiller. Il l’arrêta avant qu’elle ne lui enfile la bague pour lui donner les potions de force qu’il avait prit à leur départ en expédition.