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Départ de Ghaara

Jour 3 Elavrion – Fingélien 379

J’étais à Irrisadith quand Ghaara m’a contacté par télépathie. Il m’a reproché de l’ignorer. Il n’avait pas tout à fait tord mais ne m’a pas laissé le temps de parler. Il m’a annoncé son départ et m’a dit qu’il partait se venger de la Veuve Noire. Et il est partit…
Je suis restée interdite, des larmes ont coulé sur mes joues tandis que je continuais ma chasse dans un état second… je ne sais combien de ratons laveurs sont passés de vie à trépas durant cette période…

J’ai alors décidé de partir par n’importe quel moyen quitte à y laisser ma vie… je n’en avais plus rien à faire… C’est là que ma sœur Rhiordan m’a contactée pour que j’assiste au conseil matriarcale. Je lui ai annoncé alors que je partais. Étrangement, elle m’a retenue… Je suis donc allée participer au conseil matriarcale des elfes noirs, je ne sais pourquoi… je n’avais vraiment pas la tête à çà. Je voulais juste m’enfuir…

A la fin du conseil, l’Ilharess Kharya m’a demandée si je m’acclimatais bien aux îlots… que lui dire à part que je voulais partir. Elle a été surprise. Elle s’est assise en face de moi pour m’écouter. Je lui ai parlé de mon mal-être d’être une elfe noire, de mon éducation humaine, de mon sentiment d’être en décalage avec les autres elfes noirs, de ne pas être à ma place ici. Elle m’a demandée alors si quelque chose m’avait choqué parmi les elfes noirs. Je lui ai alors parlé de la façon dont les elfes noirs appelaient les autres peuples en les traitant d’inférieurs. La Jaliless Fharath a alors dit que ce n’était que la vérité. Je me suis presque mis en colère, en lui disant que certains « inférieurs » avaient construit des villes fortifiées ici alors que Naralik, la terre des elfes noirs n’était qu’un champs de ruines. Fharath a alors rétorqué que leurs peuples à eux n’avaient pas complétement été exterminé… Çà m’a touchée : savoir que mon peuple avait autant souffert.
L’Ilharess a alors repris la parole et m’a dit que ma connaissance des humains pouvaient servir les elfes noirs et la Jaliless Fharath a enfoncé le clou en disant que ma douceur pouvait peut-être atténuer sa dureté envers les autres peuples. J’ai été touchée qu’elles souhaitent que je fasse partie des leurs malgré mes différences. Je ne m’y attendais pas. J’ai alors décidé de rester.
L’Ilharess a semblé heureuse de ma décision. Elle a posé sa main sur mon épaule et m’a dit de venir la voir si parfois je n’allais pas bien.

Je crois que même si j’ai perdu Ghaara, j’ai aujourd’hui trouvé une nouvelle famille.

Le tournoi racial

Jour 21 Félinien – Fingelien 380
Un tournoi racial avait été organisé par un des mâles de mon peuple : Minoth. Je dois dire que l’idée de faire combattre par équipe des membres d’un même peuple contre ceux d’un autre peuple me répugnait. J’avais l’impression, peut-être à tord, qu’on exacerbait et encourageait ainsi la haine entre les peuples. Je ne voulais pas le voir et encore moins y participer.
Mais quand je me suis réveillée ce jour là, Kely était déjà assis dans les gradins de l’arène de la pointe d’Egratia et m’attendait. Alors que j’hésitais à le rejoindre. La Jaliless Fharath a ordonné aux elfes noirs présents de se rendre au tournoi pour représenter notre race. Je suis restée interdite devant la bannière de la pointe d’Egratia à Zirak. Je ne voulais pas y aller et encore moins si on me l’ordonnait. J’ai tenté de dire à Kely ce qui se passait mais il semblait m’encourager à représenter mon peuple… Soudain, la Jaliless Fharath m’a contacté directement par télépathie en me disant qu’on m’attendait… je n’avais plus aucun échappatoire.
J’étais furieuse. J’ai prononcé des mots de dépit sur les ondes de mon peuple. Mais mes frères et soeurs me parlaient de gloire et de fierté de représenter notre race. Je me suis rendu près de l’arène me préparant pour un combat que je ne voulais pas. Et là, je me suis rendu compte que mon âme soeur Rhiordan était là elle aussi. Elle était à peine plus forte que moi au combat… Aucun de nos mâles les plus puissants n’étaient là. La Jaliless grande combattante était présente ainsi que le mâle Barbouz. Fharath avait donc aligné une équipe… une pitoyable équipe avec ce qu’elle avait sous la main… Nous étions condamnés à nous faire étriper par les équipes en face de nous qui alignaient leurs meilleurs combattants.
Pour couronner le tout le Connétable Kargorm, a demandé à la commandante en seconde Kido de m’enlever mon écusson de Patrouilleurs. Il s’agissait juste d’un geste symbolique visant à montrer que les Patrouilleurs ne se battent pas entre eux mais sur le moment, je me suis sentie abandonnée par mes frères d’armes. J’étais anéantie…

Je suis montée sur l’arène avec les autres elfes noirs sous les viva de la foule mais je n’entendais plus rien… Le combat a été lancé contre l’équipe naine. Je n’ai pas fait un mouvement attendant les coups qui sont arrivés brutalement. J’ai tenté de répliquer mais… j’étais bien trop faible face aux guerriers en face de moi. J’ai rapidement visité le Styx. La Jaliless Fharath m’y a rejoint peu de temps après et m’a sourit. Je n’ai pas répondu à son sourire, ni à personne d’ailleurs. On m’a reconduit de force près de l’arène pour le deuxième combat contre les Eldorians.
De la même façon, les coups se sont abattus sur moi, sans que j’arrive à faire quoique ce soit…. Une fois de plus, l’équipe des elfes noirs avait mordu la poussière durement. Nous étions éliminés.
J’ai alors quitté le Styx la rage au ventre, sentant la sombre en moi se délecter de la violence que j’avais subie. Je ne suis pas retournée à l’arène malgré la proposition qui nous était faite de prendre une revanche.

Je me suis enfuie à Irinveron, un contrée polaire désertique, où je cherche parfois refuge quand tout va mal. Je tentais de calmer la sombre enfouie en moi quand la Jaliless Fharath m’a contactée en me disant qu’elle me remerciait pour ma participation. Je ne sais si elle voulait dire par là qu’elle voulait que je revienne participer à la revanche que les elfes noirs avaient finalement acceptée ou si ces quelques mots étaient sincères… Toujours est il que la rage m’a prise et la sombre s’est emparée de mon esprit désirant de la violence. Je me suis retrouvée dans la grotte aux torcos sans savoir comment, tapant et tuant sans discontinuer prise par une rage animale et incontrôlable. Le connétable Kargorm et le commandant Karadak m’ont parlé et m’ont dit que je pouvais reprendre mon écusson. Mais j’étais incapable de répondre emportée dans un déchaînement de violence.
C’est alors que Kely m’a contactée : ne me voyant pas sur l’arène il s’inquiétait de savoir où j’étais. J’ai réussi à prononcer d’une voix rauque qu’il fallait qu’il reste loin de moi si il ne voulait pas que je m’en prenne à lui. Mais il m’a cherchée et m’a retrouvée. Il se tenait là devant moi pendant que je le menaçais en pointant mon arme près de sa gorge. Finalement, en entendant sa voix douce et apaisante, la sombre s’est enfoui au fond de moi me laissant effondrée et épuisée.

Kely m’a conduit en douceur jusqu’à notre maison. Il a fait chauffer de l’eau avec quelques plantes. Je ne bougeais plus, je ne disais plus rien. Il me regardait inquiet. Il m’a déshabillée. Il a ensuite pris un petit chiffon doux qu’il a trempé dans l’eau chaude et me l’a passé très doucement sur le corps. Je me suis laissée faire incapable de quoique ce soit… Il m’a ensuite enveloppée dans une couverture et m’a prise contre lui. Je me suis endormie ainsi entre ses bras. Et j’ai dormis ainsi longtemps, très longtemps…

Nouvelles Jaliless

Jour 30 Illumen – Fingelien 381
Je dois dire que ces journées passées en compagnie de Malkael, m’ont troublée au point que j’ai oublié de raconter les derniers changements qui ont eu lieu au sein de notre peuple. Il est vrai que depuis le retour de la Jaliless Fharath, les choses avait évolué pour les sombres : la reconstruction avait débuté.
Rhiordan a repris un poste à responsabilité en tant qu’économe et Mulvaar était devenu échevin.
Depuis, nous avions tenté tous ensemble de nous réunir pour des journées de travail communes. D’ailleurs l’occasion était belle puisqu’il fallait aider le peuple Kultar à fournir les éléments nécessaire à la reconstruction de leur région, Morcraven. Les aider, nous permettrait de pouvoir bientôt nous aussi bénéficier des services de l’ingénieur Perdur pour la reconstruction de Naralik. Les sombres étaient enthousiasmés par cette perspective et l’aide que nous avons fourni aux Kultars a été chaudement remercié par leur représentants.
Je ne sais si c’est parce que je me suis beaucoup investie dans ses travaux ou si c’est parce que j’avais tenté de ramener Fharath vers notre peuple, mais l’Ilharess Kharya a apposé un parchemin dans notre salle :

« Peuple Sombre,

Nos sœurs Rhiordan et Khaena se voient attribuer chacune le rang de Jaliless pour leurs efforts de cohésion du peuple. Je reconnais en elles l’avenir des nôtres et les accueille avec satisfaction au sein du Conseil Matriarcal.

Par Ma Volonté,

Votre Matriarche,

Kharya de Norhen Dagha. »

Rhiordan et moi, nous étions donc devenus Jaliless… Sur le moment, en lisant le parchemin, j’ai cru que l’Ilharess s’était trompée. Je le lui ai même demandé mais elle a confirmé sa décision. Rhiordan trouvait amusant que je pose cette question et me disait que je ne devais pas douter des choix de notre Ilharess.
Je dois dire que quand pour la première fois la prêtresse Elzeberith m’a appelée « Jaliless », çà m’a paru bizarre. Par contre, Rhiordan et moi, nous trouvions très jouissif que Mulvaar doivent nous appeler ainsi. Nous en avons beaucoup rit toutes les deux.

J’étais donc désormais Jaliless et moi qui m’étais depuis longtemps éloignée de mon peuple, je me retrouvais en plein centre des futures décisions qui seraient prises pour son avenir.
J’espère que je ne faillirais pas dans cette fonction…

Agression du lèche-botte

Jour 26 Elfist – Fingelien 382
Il m’avait énervé le lèche-botte, il y a quelques jours. Il avait traité ma fille de palotte sans aucun respect pour son rang de Jaliless. Il lui avait dit çà quand elle lui avait demandé de transmettre au petit bleu les témoignages recueillis sur son agression par la bleue débile. Mais avant de l’agresser, je voulais quand même avoir l’accord de Kharya.
Elle me l’a donné. Alors que je travaillais en face d’elle et qu’elle était une fois de plus perdue dans ses rêveries. J’ai vu le lèche-botte arriver. Je ne lui ai pas laisser le temps de réagir et je l’ai entamé à la gorge au niveau de la jugulaire. C’était assez amusant de le voir croire que Khaena était devenue folle. Mais je lui ai fait comprendre qui j’étais. Et Kharya lui a confirmé qu’il y avait « deux têtes dans un seul corps ».
Je ne me souviens plus de la conversation précisément mais il a commencé à dire qu’il n’avait fait que son devoir en retenant les informations de l’agression de la petite en sa possession. Ce à quoi, Kharya a approuvé son geste! J’étais stupéfaite!
Ma belle approuvait la fouine, le lèche-botte… J’ai essayé de donner des arguments d’elfe noire : les informations demandées n’avaient aucune importance pour le peuple sombre et çà permettrait de rendre la vie plus difficile à une bleue, çà pourrait même peut-être diviser le peuple bleu sur cette histoire ce qui était une bonne chose vu qu’il était déjà affaibli…
Je ne sais pas si ses arguments ont eu un poids. Je ne sais même pas si Kharya les a entendu, une nouvelle fois repartie dans ses rêves. Mais, ils ont semblé plaire au lèche-botte. Il a avoué bien aimer « ce côté de ma personnalité » même si il la trouvait un peu sauvage. A vrai dire, je ne détestais pas Mulvaar mais je le trouvais trop lèche-botte avec la vipère Elzeberith. Il est monté sur ces grands chevaux quand j’ai traité Elzeberith de vipère. Il disait qu’elle était une femelle « très respectable ». Il nous a d’ailleurs appris qu’elle avait apprécié « souffrir » de ces coups une fois et proposait de me faire apprécier la même chose… J’ai préféré lui signifier d’emblée que je n’avais pas ce genre de tendances. Il disait qu’avec ma tenue en cuir sinan, on pouvait le croire.
Nous avons ensuite parlé nécromancie et de mon peuple qui avait développé très en avant cet art. Je crois qu’il a voulu m’impressionner à un moment en invoquant un chimérien des cimes. J’ai trouvé çà amusant. Mais, à vrai dire, çà ne me faisait pas grand chose l’invocation de créatures. Mon peuple avec ses connaissances, avait réussi à repousser les limites de la mort des sombres. L’esprit pouvait renaître dans un autre corps à condition d’avoir un nouveau né à sa disposition.
Soudain, ma belle s’est levée disant qu’elle allait se reposer. Je lui ai proposé de la rejoindre. Elle n’a pas refusé mais elle m’a fait comprendre qu’elle dormirait sans doute déjà. C’était le cas d’ailleurs. Je l’ai caressé un peu puis je suis partie m’entraîner déçue une nouvelle fois du peu d’attention qu’elle m’avait accordé.

C’était amusant de parler avec le lèche-botte mais à vrai dire, j’ai eu l’impression de jouer le rôle d’une sombre violente et sans coeur. J’ai çà en moi bien sûr mais je ne suis pas que çà… enfin je crois… sinon pourquoi la douce m’apprécie?

Représentante et Assistante

Jour 2 Nuona – Fingelien 382
J’ai découvert que ma mère avait fait de moi ou plutôt de « nous », l’assistante de l’Ilharess. Çà s’est passé durant le conseil matriarcal de la veille…

Il s’agit d’un poste imposé par le palais dans chacun des peuples. Le représentant est celui qui comme son nom l’indique « représente » le peuple auprès du palais et l’assistant le remplace en cas d’absence. La plupart des peuples a adopté cette nouvelle contrainte politique du palais en en faisant leur nouveau système politique.
Mais les sombres rebelles l’ont refusé. Nous continuons à garder notre propre système : une Ilharess, entourée de ses Jaliless qui la conseillent et un Valuk qui est le représentant des mâles au conseil matriarcal.

Pour nous, ces postes imposés par le palais n’ont aucune valeur au sein de notre peuple. Ils ne sont là que pour les relations « extérieurs ». Et encore, l’Ilharess reste celle qui dirige. Il est impensable par exemple que le représentant puisse être en désaccord avec les opinions de l’Ilharess. Il doit être sa voix.

Mais pour ce fingelien, l’Ilharess avait décidé d’être la représentante de notre peuple. Et moi, j’étais sensée la remplacer en son absence. J’espère qu’elle ne sera pas souvent absente!!!

Jaliless?

Jour 12 Elavrion – Fingelien 382
Je me demande si j’ai vraiment été Jaliless un jour. L’Ilharess m’avait nommée alors que je ne m’y attendais pas. Depuis, je me faisais violence à chaque fois que je devais donner mon avis sur un sujet. J’ai toujours préféré rester en retrait et là je devais me mettre en avant pour tenter d’entrer dans le moule d’une conseillère de l’Ilharess. Très souvent, je me faisais rabrouer par Mulvaar ou MageInvok, ceux-ci me trouvant la plupart du temps trop « humaine » ou trop « patrouilleuse ».

Il y a quelques jours, j’ai donné mon avis sur le cas de la sinane Llariarith. Celle-ci avait été bannie de son peuple pour des motifs futiles comme très souvent avec les officiels sinans. Ces derniers voulaient que nous l’ajoutions à la liste d’indésirables du peuple sombre. Je trouvais cette proposition ridicule. Et j’ai indiqué qu’il était souhaitable d’être extrêmement prudent quand à ajouter des indésirables de la liste sinane sur notre propre liste connaissant le manque de discernement de ces derniers.
A ceci, MageInvok a répliqué que mon opinion était calquée sur celle de mon « confrère » patrouilleur le Chambellan Kargorm. Il a ajouté que j’étais hypocrite puisqu’une partie des indésirables de notre liste se trouvait là à cause de mes plaintes et étaient également sur celle des sinans. Je suppose qu’il faisait allusion à ma plainte contre Sonki et Scuro.

Cette nouvelle agression gratuite m’a fait sortir de mes gonds. J’ai indiqué que je ne connaissais pas l’opinion de Kargorm et que je n’étais plus patrouilleuse. J’ai ensuite précisé que mon avis se rapprochait plus de celui de l’Ilharess.
J’en avais plus qu’assez de me défendre contre ce type de réactions. J’ai donc ajouté que je demanderais à l’Ilharess de me retirer mon titre de Jaliless pour ne pas polluer de mes paroles celles du vrai sombre qu’il était. Ça a bien sûr fait ricaner MageInvok. Mais çà m’était égale. Je ne voulais plus répondre. J’étais épuisée de jouer un rôle qui ne me correspondait pas.

Quelques heures plus tard, j’ai entendu l’Ilharess. J’ai sauté sur l’occasion pour la contacter et lui demander directement qu’elle me retire mon titre de Jaliless. J’ai sursauté quand elle a répondu d’un simple « non ». Je ne m’attendais pas à ce qu’elle saute de joie à cette nouvelle mais je ne pensais pas qu’elle me refuserait cette demande. Alors, j’ai tenté d’expliquer mon ressenti face à ce titre qui ne me convenait pas. Je me sentais inutile et de moins en moins respectée voir dénigrée par les mâles à chaque fois que j’osais donner mon opinion. Elle a répliqué que je n’étais pas là pour « plaire » aux mâles. Mais j’ai insisté : je supportais mal ces agressions. Elle était agacée et déçue que j’abandonne face à des mâles.

Je n’aimais pas la décevoir mais à vrai dire je ne m’étais jamais sentie à la hauteur de ses attentes. J’attendais donc la confirmation de la suppression de mon titre de Jaliless mais elle n’est jamais venue. L’Ilharess a été interpellée pour un autre problème concernant Naralik et n’a pas donné suite à notre conversation. Je ne sais donc pas si je suis encore Jaliless ou non… Mais de toutes façons, je n’ai plus envie désormais de donner mon avis trop « humain » au sein d’un peuple trop « sombre ». Je n’ai plus envie de me battre en recevant constamment des coups de mes propres frères et soeurs.

J’ai lu la réaction toujours aussi alambiquée et incompréhensible de la prêtresse Elzeberith sur cette affaire. Mais quand elle a écrit au sujet des sinans : « Ils divisent eux-mêmes les maigres ressources dont ils disposent« . J’avais l’impression qu’elle pourrait dire exactement la même chose de notre peuple. Ça me rend triste. J’ai perdu la foi que j’avais d’avoir un jour un peuple sombre uni, comme mon âme soeur Rhiordan l’avait perdue à un moment donné. J’ai besoin de me ressourcer, de me retirer quelques temps en Irilion, loin de tout…

Fou rire et timidité

Jour 8 Mundia – Fingelien 382
Je crois que j’ai rarement autant ri. Kely m’a racontée la mésaventure qu’il avait eu avec ma mère : surpris par l’Ilharess en pleine situation scabreuse. Je n’arrivais pas à m’arrêter de rire. Kely ne comprenait pas ma réaction et affichait un air stupéfait qui provoquait un nouvel éclat de rire. Il a fini par rire lui aussi avec moi.

Après m’être calmée un peu, je me rendais compte que cette situation avait dû provoquer une crise au sein du couple que formait ma mère et l’Ilharess. Et ce n’était pas vraiment le moment d’après Kely. L’Ilharess n’allait pas très bien et d’après les dires de ma mère semblait être en pleine crise de doutes envahie par un lourd sentiment de solitude. Entre autre, elle paraissait peinée que je ne vois en elle qu’une Ilharess.
Je dois avouer que je me sentais tellement gauche et mal assurée à côté d’elle que je n’osais pas entamer d’autres discussions que celle d’une sombre à son Ilharess. Kely insistait : il fallait que je reprennes mon titre de Jaliless pour la soutenir et éventuellement devenir son amie, sa confidente.

Mais à vrai dire, je ne savais pas bien comment m’y prendre. Kely me poussait à aller près d’elle dés son réveil. C’était surprenant de sa part, il avait toujours montré pour l’Ilharess, une grande animosité. Et soudain, il semblait inquiet pour elle. A moins, qu’il se sente coupable d’avoir provoqué un peu plus de douleur alors qu’elle allait si mal…
Toujours est il que je suis allée à Nukavuri attendant son réveil. Quand elle est arrivée, je me sentais, une fois de plus, stupide et tous les mots que j’avais préparés pour tenter de lui prouver qu’elle était bien plus qu’une Ilharess pour moi me sont sortis de la tête. Je n’ai pu que lui dire que j’étais toujours là pour le peuple et qu’elle pouvait compter sur moi…

Je me sentais stupide, j’ai laissé ma mère reprendre les commandes.

Ul’Jaliless

Jour 16 Mundia – Fingelien 384
C’était le dernier conseil matriarcal avant le départ de Kharya. Il devait être décidé entre autre de comment serait géré le peuple en son absence.
Le conseil venait tout juste de débuter quand j’ai senti la présence de Fharath. Je lui ai proposé par jeu de venir y participer pensant qu’elle m’enverrai une fin de non recevoir. Mais, c’est avec surprise que je l’ai entendu répondre un « pourquoi pas! ». J’en suis restée stupéfaite.

Mais son isolement volontaire faisait qu’elle ne connaissait pas la nouvelle salle de notre peuple… à moins qu’elle est volontairement feint l’ignorance pour que ce soit moi qui doive la mener jusque dans notre salle. Ça m’était égale après tout. J’assumais le fait de l’avoir invitée même si je savais qu’elle allait sans doute provoquer des remous.

Son entrée dans la salle à ma suite a jeté un grand froid. Fharath s’est assise au fond de la salle. Je lui ai lancé une petite pique par télépathie en lui demandant si elle avait besoin de la permission de l’Ilharess pour s’asseoir sur les grands sièges destinés aux Jalilessen. Elle s’est alors levée et s’est assise aux côtés de Polgarath.

Kharya a d’abord nommé Darkmon Jaliless. Ma jeune soeur sombre était particulièrement émue par cette promotion. Mais elle le méritait : elle était réfléchie et posée. Elle s’est assise à mes côtés. La disposition des Jalilessen était d’ailleurs surprenant. D’un côté de l’Ilharess, il y avait la faction dure et traditionnaliste avec Polgarath et Fharath et de l’autre, il y avait moi et Darkmon qui avions une image plus douce et plus ouverte.

Kharya a ensuite annoncé qu’elle souhaitait nommer une des Jaliless, Ul’Jaliless. Cette dernière serait chargée de présider le Conseil Matriarcal en son absence. Son rôle sera de proposer les thèmes à débattre afin de prendre des décisions avec l’appui du Conseil.

Rhiordan était absente mais elle lui avait fait savoir qu’elle désirait que ce soit moi qui soit choisie. Kharya a ensuite annoncé qu’elle pensait que j’étais la plus à même de prendre ce poste. Elle s’est ensuite tournée vers le reste du conseil pour qu’il donne son avis.

Darkmon s’est levée et a déclaré qu’elle me choisissait. Polgarath a ensuite pris la parole et s’est approchée de moi avec son bâton de nécromancie. J’ai bien cru qu’elle allait me frapper mais je n’ai pas cillé. Finalement, elle a violemment tapé son bâton sur le sol en déclarant qu’elle me choisissait. J’ai incliné la tête en signe de remerciement.

C’était au tour de Fharath. Tous attendaient qu’elle prenne la parole mais elle restait silencieuse. J’étais persuadée qu’elle allait refuser que je sois l’Ul’Jaliless. Finalement Kharya lui a demandé qu’elle était son choix. Elle a répondu : « mon silence est ma réponse ». Venant d’elle, j’ai presque pris çà comme un assentiment. J’ai souri discrètement.

C’était au tour des mâles du conseil de donner leur avis. Mulvaar a indiqué qu’il acceptait ma nomination à condition que je laisse à l’écart mes côtés humains. Etant donné, l’inimitié qu’il y avait entre nous, j’étais surprise qu’il fasse ce choix surtout après ce que je lui avais fait. Mais, je suppose qu’il ne voulait pas aller contre l’avis de l’Ilharess. J’ai souri amusée. C’était ensuite à Alak d’annoncer son choix mais celui-ci a juste indiqué qu’il n’avait pas d’avis. Fharath a lancé un « çà c’est un bon mâle ». J’ai failli m’esclaffer comprenant la pique envoyée à Mulvaar.

J’ai donc était nommé Ul’Jaliless. Je me sentais honorée par cette confiance mais je savais que ce poste serait particulièrement difficile à tenir.

Il a fallu ensuite nommer un responsable du dépôt sombre. C’est Alak qui a été choisi. Je ne me souviens pas bien à propos de quoi mais un accrochage assez virulent a eu lieu entre Polgarath et Fharath. La haute-prêtresse avait tutoyé Fharath et celle-ci détestait çà. Les deux femelles sombres se dressaient sur leur ergots toutes deux aussi fières l’une que l’autre. Mais à mes yeux, Polgarath semblait soudain bien douce comparée à Fharath. Elle ressemblait à une enfant capricieuse qu’on a contrarié alors que Fharath restait comme à son habitude glaciale, fière et distante.

Quand , j’ai fait remarqué à Fharath par télépathie que Polgarath avait l’air d’un doux agneau à côté d’elle, elle a rétorqué qu’elle m’avait déjà dit que Polgarath n’était pas si terrible : elle finissait toujours par obéir.

Le conseil s’est terminé Fharath est partie immédiatement par téléportation. Quand à moi, j’avais du mal à partir et je n’étais d’ailleurs pas la seule… J’avais peur de ne pas revoir Kharya avant son départ mais elle m’a assurée qu’elle me préviendrait avant de s’en aller. Je suis alors partie très vite, soudain submergée par l’émotion. J’avais peur que Mulvaar se moque des larmes qui allaient inévitablement couler et me reproche à nouveau mon côté bien trop humain.

Ma jeune soeur Darkmon, s’est inquiétée de ma réaction. Elle était douce et réconfortante. Ses paroles étaient pleines de bon sens. Je comprenais qu’elle ait été choisie comme Jaliless même si elle n’a pas réussie à apaiser ma peine. Qui l’aurait pu d’ailleurs?

Je me suis ensuite endormie à nouveau seule, à même le sol dans le recoin d’une grotte.

Le retour de Khalara

Les jours passaient. Kendza ne voulait plus me voir. Je savais d’après ses élèves qu’il n’était pas bon de subir ses foudres en ce moment. Elle utilisait souvent le fouet pour le moindre prétexte. Moi, je savais pourquoi : la douleur l’avait transformée et elle se vengeait sur tous ceux qui passaient sous sa main.

Quand à moi, en tant que servant, j’étais très demandé. Les femelles sombres malgré tout ce qu’on pouvait dire sur leur insensibilité avaient été profondément marquées par ce drame. La plupart avait perdu quelqu’un qui leur avait été cher quoiqu’on en dise : un amant, une soeur, un enfant… Je comprenais leur douleur puisqu’elle était mienne aussi. Sans doute que cette compréhension que j’avais de leur douleur me permettait de panser leur plaie. Et je dois dire que les aider ainsi me permettait de panser les miennes. Souvent, après avoir été dans mes bras, elles me réclamaient à nouveau. Certaines plus profondément blessées s’accrochaient à moi comme à une bouée de sauvetage. Pourtant c’était souvent celles qui ne laissaient rien paraître.

Je suppose que quelques unes parlaient de moi, puisque j’avais de plus en plus souvent de nouvelles femelles de haut-rang qui venaient chercher mon réconfort, jusqu’à des Jaliless pour ma plus grande surprise. J’ai appris ainsi à quel point les relations entre Khalara et l’Ilharess s’étaient tendues avant l’incident. Cette dernière devenait férocement jalouse de la célébrité et de l’aura que pouvait avoir Khalara suite à ses succès sur les champs de bataille. L’Ilharess l’avait envoyée volontairement dans des missions de plus en plus dangereuses espérant ainsi se débarrasser d’une éventuelle future prétendante à son poste. Malheureusement, Khalara ne faillait jamais et s’entourait de plus en plus de gloire. Jusqu’à ce jour où l’Ilharess l’avait envoyée massacrer un clan que des informations disaient sans défense… Khalara avait tenté de la faire fléchir à plusieurs reprises tentant de la convaincre qu’il s’agissait sans doute d’un piège. L’Ilharess n’en avait fait qu’à sa tête ne supportant pas que Khalara aille contre sa volonté.

Je me suis aussi rendu compte à quel point les sombres commençaient à douter des décisions de leur Matriarche… chose impensable… mais celle-ci s’était mis à dos la plupart des membres de son clan en bannissant à mot couvert Khalara, celle qui avait sauvé de l’avis de tous, le peuple de la destruction. L’Ilharess ne pensait plus à son peuple mais à garder son poste coûte que coûte. Si elle avait su à quel point Khalara était peu intéressée à devenir Ilharess, elle n’aurait jamais commis cette erreur.

Un jour, j’ai entendu des murmures qui se transformaient soudain en cris de joie. Je me suis précipité dans les couloirs d’où venaient le bruit. Khalara était de retour avec ses troupes les plus fidèles. Elle tenait quelque chose à la main. Elle se dirigeait vers le trône de l’Ilharess qui la regardait d’un oeil mauvais. Khalara la regardait fièrement sans faillir puis elle a soudain jeté à ses pieds ce qu’elle tenait à la main : la tête de la matriarche du clan responsable du massacre de notre peuple. Khalara la défiait du regard en restant silencieuse. L’Ilharess a fini par émettre un soupire d’agacement en tapotant son accoudoir avec ses doigts : « Je ne vous attendais plus! ». Le regard de Khalara s’est durci. Il se dirigeait vers le cou de l’Ilharess puis elle regardait la tête à ses pieds, puis à nouveau le cou… Tout le monde a compris qu’elle hésitait à offrir le même sort que celle à qui appartenait la tête à celle qu’elle avait en face d’elle. Le visage de l’Ilharess a montré un instant de la peur et sa main s’est portée à sa dague.

Khalara l’a regardée avec un petit sourire amusé puis elle lui a tourné le dos pour sortir de la salle. J’ai vu l’Ilharess se redresser et hésiter à la poignarder ainsi dans le dos mais elle voyait tous les regards réprobateurs des sombres tournés vers elle. Elle a finalement relâché l’étreinte sur sa dague en criant pour ne pas perdre la face : « Je n’en ai pas fini avec vous!!! ». Khalara a fait comme si elle n’avait rien entendu continuant son chemin vers la porte. L’Ilharess voyait les sourires amusés autour d’elle. Alors, elle a voulu reprendre la main pour ne pas paraître de céder : « Mais allez y! Vous avez sans doute besoin de vous reposer. Nous reparlerons de tout çà plus tard! ». Elle s’est finalement rassise après avoir donné un violent coup de pied dans la tête au pied de son trône et en grognant : « Débarrassez moi de çà!!! ».

J’ai quitté alors la salle me précipitant à la suite de Khalara, Kendza était devant moi. Nous sommes entrés à la suite l’un de l’autre dans les quartiers de Khalara. Kendza a brutalement explosé : « Pourquoi tu ne la pas défiée? Tous les sombres ne souhaitaient que çà!!! ». Khalara l’a regardée blasée : « Tous les sombres, sauf moi… et çà aurait changé quoi de toutes façons? çà ne ramènera pas nos filles! ». Kendza a eu un rictus de colère : « Tu n’es qu’une lâche!!! Elle va détruire notre peuple comme elle a détruit nos filles et tu ne fais rien !!! ». Elle est ensuite sortie en claquant la porte.

Khalara m’a regardé avec un air un peu perdu : « Tu penses comme elle? ». J’ai secoué négativement la tête : « non tu n’es pas lâche… mais le peuple n’a plus confiance en l’Ilharess… Il faut en changer et tu es la mieux placée pour çà. Elle t’a toujours crainte… ». Elle a haussé les épaules : « Rattrape Kendza et calme la s’il te plait… je vais réfléchir à tout çà. ». Elle s’est assise et s’est pris la tête entre les mains.

J’ai couru à la suite de Kendza. Elle était en train de réclamer un verre d’alcool aux cuisines mais celui qu’elle voulait lui était refusé parce qu’il avait été « spécialement » préparé par l’Ilharess pour Khalara. Nous nous sommes regardés Kendza et moi, un peu surpris du changement de ton de l’Ilharess à l’égard de Khalara… Puis nous avons attendu que le verre de Kendza soit prêt… Pourtant, j’avais l’impression que quelque chose ne tournait pas rond mais je n’arrivais pas à déterminer quoi…

C’est alors que çà m’est apparu comme une évidence : « le verre… l’Ilharess… ». Kendza a soudain compris, elle aussi. Nous avons couru à en perdre haleine. Nous avons croisé dans les couloirs le serviteur qui revenait d’avoir déposé le verre. Kendza murmurait : « non… non… ». Nous sommes entrés en trombe dans les quartiers de Khalara. Elle venait de reposer son verre vide… Elle s’est tournée vers nous en souriant : « Merci pour le verre! ». Kendza a murmuré avec de l’incompréhension dans la voix : « mais ce n’est pas moi qui… ». Et Khalara a commencé à vaciller. Elle était devenue blanche comme un linge. Kendza a réussi à la rattraper avant qu’elle ne s’effondre complètement. Khalara a doucement murmuré : « L’Ilharess ? ». Nous avons acquiescé de la tête incapable de prononcer le moindre son. « J’aurais du m’en douter… je suis stupide parfois… tu étais trop en colère pour m’offrir un verre… ». Kendza s’est mise à pleurer : « pardonne moi… tu n’as jamais été lâche… tu… ». Khalara lui a posé un doigt sur les lèvres : « chtttt… tout va bien se passer. Je t’attendrais de l’autre côté avec les filles… ». Puis elle s’est éteinte…

Kendza s’est mise à hurler comme une folle… Je n’ai jamais vu autant de douleur dans le regard de quelqu’un que dans celui de Kendza ce jour là. J’ai tenté de la prendre dans mes bras. Elle m’a repoussé violemment contre le mur derrière moi avec la force d’une démente. J’étais à moitié assommé. Elle a pris la dague de Khalara et s’est précipitée dans les couloirs. J’ai repris mes esprits et je me suis précipité à sa suite. Je savais où elle allait.

Je l’entendais hurler : « Vous êtes bien trop lâche pour affronter Khalara de face! vous préférez l’empoisonner!!! Mais, moi, je vous fais face comme devrait le faire tout sombre digne de ce nom et qui veut le bien de son peuple. Vous n’êtes plus l’Ilharess pour moi!!! Vous n’êtes qu’un déchet! Je vous maudis vous et votre descendance!!! Race ignoble!!! ». Le combat avait commencé quand je suis arrivé. Kendza n’avait aucune chance je crois qu’elle le savait bien elle même mais j’espérais que sa rage lui permettrait de gagner… espoir futile…

La dague de l’Ilharess s’est plantée profondément dans le coeur de Kendza… et elle s’est effondrée… L’Ilharess l’a repoussée du pied avec un sourire mauvais : « voilà une bonne chose de faite! ». Puis elle s’est éloignée sans un regard. Les sombres présents étaient stupéfaits… J’ai pris Kendza dans mes bras. « Tu la tueras pour nous n’est ce pas, morpion? ». Elle m’a regardé avec un petit sourire amusé comme si elle me faisait une bonne blague en m’appelant une dernière fois « morpion ». J’ai tenté de sourire : « oui… bien sûr… ». Elle m’a souri une dernière fois et son corps est devenu flasque… Son esprit était parti rejoindre Khalara et nos filles…

J’étais seul désormais… mais il fallait que je survive pour accomplir ma vengeance…

Asservissement

Le soir même de la mort de Khalara et Kendza, même si je n’en avais aucune envie, je me devais d’accomplir mon devoir de servant auprès des femelles qui m’avaient réclamé pour la nuit… Mais la femelle responsable de mon « emploi du temps » m’a envoyée directement rejoindre la Jaliless Sentahya. Celle-ci m’avait réclamée pour la nuit utilisant son autorité pour prendre les rendez-vous destinés à d’autres femelles.

Je me demandais ce qu’elle me voulait. Je l’avais déjà servi une fois : son mâle avait été tué lors du massacre du clan et elle avait eu besoin du réconfort d’un servant comme beaucoup d’autres. Depuis, elle ne m’avait plus réclamé. Mais, ce jour-là, j’avais surpris son regard quand j’avais tenu Kendza agonisante entre mes bras. Pourquoi avait elle ressenti le besoin de me solliciter? Est ce qu’il y avait un rapport avec le geste que j’avais eu pour Kendza?

Je me suis rendu dans sa chambre. Elle m’attendait. Elle ne montrait aucune expression visible : « Masse moi, servant! ». Le ton était autoritaire. J’ai obéi sans y trouver le plaisir habituel que j’éprouvais à toucher le corps d’une femelle. Je ne pouvais m’empêcher de penser à Khalara et Kendza… J’ai continué mécaniquement, finissant par lui donner le plaisir qu’elle était venue chercher, du moins c’est ce que je supposais.

Elle a commenté ma prestation : « tu m’as habitué à mieux, servant! ». Puis, elle a ajouté avec un air faussement amusé : « Un problème? ». Je l’ai regardé me demandant où elle voulait en venir. Cherchait elle à provoquer ma colère? Je n’ai rien répondu crispant les mâchoires et me murant dans le silence. Elle s’est mise à rire : « Ne me dis pas que toi, un servant, tu étais tombé amoureux de celle qui était censée te former? ». Je détestais son rire et le mépris qu’elle affichait mais je retenais ma rage.

Elle a continué : « Ce qui m’étonne le plus, c’est que Kendza ait pu tomber aussi bas… ». Elle n’a pas pu continuer. Je m’étais jeté sur elle la prenant à la gorge cherchant à l’étouffer : elle pouvait dire ce qu’elle voulait de moi mais elle ne pouvait pas dire de mal de Kendza. Je serrais sa gorge le regard meurtrier. Elle ne luttait pas, ne montrant aucune peur. Sans doute que si elle l’avait fait, je l’aurais tuée telle une proie qui se débat et dont le prédateur abrège les souffrances pour avoir la paix.

J’ai fini par me rendre compte de ce que je faisais : j’étais en train d’attenter à la vie d’une femelle sombre et jaliless de surcroît. J’ai relâché l’étreinte, tombant à ses pieds, un genoux à terre, la tête baissée affichant ainsi le geste de soumission du mâle sombre attendant la sentence d’une femelle. Elle est restée silencieuse pendant de longues secondes. Je savais que je méritais la mort ou au minimum de longues séances de tortures mais çà m’était égale : plus personne ne m’attendait désormais…

Puis, j’ai senti sa main dans mes cheveux : une tendre caresse. J’ai relevé la tête surpris toujours à un genoux à terre devant elle. Elle avait un petit sourire triste, sa voix était douce : « Tu n’es pas le seul à avoir perdu quelqu’un de cher, Yloken. Nombreux sont ceux qui ont souffert des erreurs de jugement de l’Ilharess ». Je me suis relevé en la prenant dans mes bras cherchant ses lèvres. Elle a posé un doigt sur les miennes en me murmurant à l’oreille : « il n’y a que mon mâle qui a le droit d’y goûter ». Mais, j’ai continué à la caresser, sa tendresse me rappelait Amahya et j’avais tellement besoin de réconfort. Je l’ai porté jusqu’au lit lui offrant une douce étreinte à laquelle elle répondait avec chaleur.

C’est elle qui m’a finalement donné du plaisir. Je me suis laissé emporter, ne me méfiant pas… J’ai compris trop tard qu’elle était en train de m’asservir. Kendza m’avait pourtant déjà mis en garde contre cette technique que connaissent les femelles sombres. Cela leur permettait de s’assurer de la fidélité d’un mâle. Mais elles utilisaient rarement cette technique car le mâle asservi n’était plus que l’ombre de lui-même. Il devenait hagard complètement dépendant de la femelle, la suivant partout comme un chien obéissant. La plupart du temps, elles n’utilisaient cette technique que sur des esclaves pâlots. Toutefois, il arrivait qu’un mâle sombre tombe entre leurs griffes. En général, il était la victime d’une bataille entre deux femelles qui se disputaient ses faveurs. L’une des deux finissait par l’asservir pour l’avoir à sa botte. Mais, le mâle n’avait plus rien à voir avec ce qu’elle avait connu et elle finissait par s’en lasser. Le mâle asservi délaissé finissait par mourir incapable de supporter l’abandon de la femelle qui l’avait asservi.

Pourquoi Sentahya tentait elle de m’asservir? J’ai essayé de lutter mais elle m’avait attaché les mains au bord du lit sans que je me rende compte. Elle continuait ses caresses qui me procurait un plaisir que je n’avais jamais connu auparavant. Elle me susurrait d’une voix sensuelle avec comme de la tristesse de la voix : « laisse toi faire Yloken… ». J’essayais de lutter pour ne pas succomber mais je ne suis qu’un mâle sombre… et c’était tellement enivrant… Sans doute, que si je n’avais pas été aussi perturbé par la mort de Khalara et Kendza, j’aurais pu résister…

J’ai du crier mon plaisir comme je n’avais jamais crié auparavant. Je tremblais regardant Senthaya avec des yeux perdus. Elle me caressait la joue tendrement toujours avec ce regard triste : « pardonne moi Yloken mais il faut que je m’assure que tu feras ce que je te demanderais et que jamais tu ne me trahiras… ». J’ai eu la force de demander : « Pourquoi? ». « Parce que tu es celui qui va permettre à notre peuple de revivre… tu vas tuer l’Ilharess qui est en train de le détruire à petit feu. Elle a oublié qu’elle était là pour servir son peuple et non pour s’en servir… »

Et elle a recommencé, encore une fois, voulant s’assurer de mon total asservissement. La dernière fois, elle m’a détaché, je n’étais plus à sa merci physiquement mais je l’étais totalement psychologiquement. Elle m’a demandé de lui offrir du plaisir : « donne moi le maximum de ce que tu peux m’offrir! ». J’ai obéi… espérant que je la contenterai assez pour qu’elle m’offre à nouveau la « récompense » dont je ne pouvais déjà plus me passer.

Est ce qu’un mâle sombre peut asservir une femelle? Je ne sais pas mais je crois que Sentahya ne s’attendait pas aux plaisirs que je lui ai donné ce jour-là… Ses cris de plaisirs résonnaient en moi comme autant d’incitation à la contenter encore plus. Je n’ai arrêté qu’à l’aube incapable d’en faire plus pendant qu’elle m’offrait ma « récompense »…

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