Jour 13 Mundia – Fingelien 384
Je n’avais toujours pas de nouvelles de Shaael… Ma douleur se transformait en rage… Le premier à en faire les frais a été Mulvaar. Il grognait sur le manque d’habileté de Tankel à réparer ses dagues et regrettait de l’avoir aidé à retrouver sa fille. Alors je l’ai volontairement provoqué pour attiser sa colère en lui reprochant son manque d’amabilité. J’avais envie d’en découdre et n’importe qui aurait fait l’affaire mais à vrai dire Mulvaar était une proie facile à mettre en rage… trop facile à mon goût…

Il a commencé à dire que Tankel travaillerai mieux si sa fille avait une lame sous sa gorge. Puis quand je lui ai fait remarqué qu’il était douteux que lui un ancien échevin ne respecte pas les lois. Il a rétorqué, tombant dans le piège que je lui tendais, que les lois pouvaient être bafouées à condition de ne pas se faire prendre. J’ai répliqué qu’un sombre pouvait donc écraser les araignées de Naralik tant qu’il ne se faisait pas prendre, rappelant un incident qui avait eu lieu où un jeune sombre par pure provocation s’était enorgueilli de tuer des araignées. Je m’amusais pendant que Rhiodan s’esclaffait. Mais Mulvaar commençait à être étouffé par la rage d’être humilié en public.

La discussion s’envenimant et provoquant des remouds au sein des sombres présents, Alak devenu le fils adoptif de Mulvaar, a tenté d’apaiser les choses. Mais il n’a fait que déporter la rage de son père sur lui. J’ai alors traité Mulvaar de « primate » parce qu’il préférait passer sa rage sur plus faible que lui. J’ai ensuite signifié l’arrêt de la dispute en déclarant que j’allais suivre les conseils d’Alak qui était bien plus avisé que son père. Et c’est avec une joie malsaine que j’ai entendu Mulvaar passer sa rage à mains nues sur les créatures qui l’entouraient.

J’en avais terminé avec lui mais j’avais encore besoin de passer ma rage sur quelqu’un. Et qui mieux que Fharath pouvait répondre à mon besoin d’agressivité. C’était une adversaire redoutable plusieurs fois elle avait par le passé, brisé le peu de confiance que j’avais en moi. Mais cette fois-ci, étrangement ses piques glissaient sur moi sans m’atteindre et je ne me privais pas de lui en envoyer. Petit à petit, ma rage s’atténuait et j’appréciais nos petites passes d’armes.

Notre discussion (dispute? ) durait mais je n’avais aucune envie cette fois-ci d’y mettre un terme. Je crois que Fharath s’amusait elle aussi. J’avais l’impression parfois qu’elle tentait de m’apprendre l’art de la répartie et j’écoutais ses conseils avidement non sans me moquer d’elle en la soupçonnant de vouloir faire de moi son apprentie. Elle m’a plusieurs fois appelée « peau sombre ». Je savais que c’était une provocation et qu’elle voulait dire par là que je n’étais sombre que de peau mais pas d’esprit. J’ai fini par lui demander si c’était le cas. Elle m’a affirmé que c’était un nom doux qui me convenait bien tout en me faisant la leçon : il ne faut jamais relever un mot qu’un adversaire cherche justement à vous faire relever…

Finalement, j’aimais bien qu’elle m’appelle ainsi : Peau sombre. Étais-je en train d’apprécier Fharath? Est ce que ma douleur et ma rage me rapprochaient d’elle?

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