Jour 14 Thyllion – Fingelien 380
Je suis arrivée à mon village. Il semble être en meilleur état que quand j’ai du le quitter contrainte et forcée. Les villageois semblent plus heureux aussi et en bien meilleur santé. La dernière fois, la famine était là. Les enfants et les bébés mourraient les uns après les autres. La plupart des villageois était famélique. Moi aussi, je souffrais de la famine mais ma constitution d’elfe noire me permettait de supporter la faim. Les humains sont si fragiles…
Je ne leur en veux pas de m’avoir chassée. Ils étaient désespérés et cherchaient juste un bouc émissaire à leur malheur. Le seul a qui j’en veux terriblement est l’humain qui a été mon premier amant! C’est lui qui leur a mis dans la tête que j’étais celle qui était responsable des mauvaises cultures et de la famine qui avait suivi…
Pour l’instant, je reste cachée. Je préfère que personne ne me voit. Je ne veux pas que mes parents adoptifs souffrent à nouveau d’être en présence d’une sombre.
Je crois que j’ai vu ma mère… Elle semblait si vieille, si frêle, si faible… Elle portait un lourd fagot de bois sur son dos et semblait peiner terriblement. J’ai faillit me précipiter pour l’aider mais heureusement La Sombre m’a retenue : des villageois n’étaient pas loin. Si ils m’avaient vu, je ne sais ce qu’aurait pu être leur réaction…
J’attends la nuit pour pouvoir entrer dans la maison de mes parents. J’espère qu’ils seront heureux de me voir…
Jour 15 Thyllion – Fingelien 380
Quand la nuit est tombée, je me suis approchée silencieusement de la maison de mes parents adoptifs. J’ai frappé discrètement à la porte. La petite femme chétive que j’avais entraperçue était bien ma mère. Quand elle m’a vue, elle a éclaté en sanglots et m’a prise dans ses bras. Je l’ai serrée contre moi mais très doucement, j’avais peur de la briser tellement elle semblait fragile. Des larmes de joie coulaient le long de mes joues. Je me rendais compte seulement maintenant à quel point elle m’avait manquée.
Puis j’ai cherché mon père du regard… Il n’était nul part.
- « Où est papa? » ai-je demandé inquiète.
Un voile de tristesse immense est passé dans les yeux de ma mère.
- « Il est mort, ma petite louve… il s’est interposé entre toi et les villageois pour te donner le maximum de chance de t’enfuir. Sa mort n’aura pas été inutile puisque tu es là et bien vivante »
Je me suis effondrée. Ma mère m’a conduit sur sa couche et m’a prise dans ses bras comme une enfant en me berçant doucement tout en me chantant le petit air qu’elle m’avait toujours chanté pour me consoler.
Quand mes pleurs se sont calmés, elle m’a demandé de lui raconter tout ce qu’il s’était passé depuis mon départ. Je lui ai tout raconté : le sauvetage de Ghaara, mes débuts difficiles chez les elfes noirs, ma rencontre avec Toucan, mon entrée dans la gilde des patrouilleurs, et surtout je lui ai parlé de celui qui était devenu mon compagnon, Kely.
Elle voulait tout savoir sur lui, si j’étais heureuse, si nous avions des enfants… Je n’ai pas osé lui dire que sur Draïa, il était impossible d’avoir des enfants. Mais elle a bien vu à quel point mon tendre bleu me rendait heureuse!
Quand à moi, je me suis rendue compte qu’elle était faible et pâle. Elle se mettait à tousser parfois : des toux violentes qui semblaient lui déchirer les poumons. Je l’ai auscultée. Ma mère était fière que je sois devenue apothicaire. Elle me disait que soigner les autres était ce qu’il y avait de plus noble. J’ai souri : Kely m’avait dit là même chose. Ils devraient bien s’entendre tous les deux.
Malheureusement, je me suis rendue compte que ma mère était très malade et même mourante. J’ai tenté de la soigner en lançant un sort de soins avec des essences curatives… mais en dehors de Draïa, le sort n’a eu aucun effet!
Il me restait quelques potions de régénération dans mon sac. Je lui en fait avaler deux. Elle a semblé aller mieux mais il ne m’en restait que très peu dans mon sac.
Je lui ai donc laissé toutes celles que j’avais en lui disant que j’allais revenir très vite. Elle n’aimait pas trop l’idée de me voir à nouveau repartir mais si je voulais la sauver je n’avais pas le choix. Il m’était impossible d’en fabriquer en grande quantité ici et j’en avais tout un stock dans mon dépôt de Draïa.
Elle m’a donc laissée partir en me faisant promettre de revenir le plus vite possible.
Jour 12 Elouenien – Fingelien 380
J’ai proposé à Kely d’aller nous tremper dans les bains publics de Nargraw Sud. Nous avions besoin de détente. Nos petits jeux coquins du début de la baignade se sont rapidement transformés en jeux plus érotiques. Nos corps ont finis par se mêler et comme à Irrisadith, nos esprits se sont liés dans une intense communion. J’ai alors laissé la porte entrouverte à l’esprit de La Sombre. Mon bleu avait parlé de cette possibilité de la satisfaire ainsi. Mais elle semblait endormie. Mais soudain, elle a pris le contrôle mais comme dans un rêve éveillé sans se rendre compte de ce qu’elle faisait. Elle a approché une main tremblante vers la joue de Kely alors que nos corps étaient toujours liés. Une intense et belle vague d’amour provenant de son esprit nous a submergé. Elle a soudain murmuré : « Keros » .
Kely surpris d’entendre la voix de La Sombre et de s’entendre appeler ainsi, s’est reculé. Elle s’est réveillée brutalement et s’est mise à hurler de désespoir tandis qu’une terrible onde douloureuse nous envahissait. Elle s’est recroquevillée dans un coin laissant parfois échapper des sanglots. Sa douleur continuait de nous envahir par vague. Je l’ai soudain senti couper le contact avec l’esprit de mon bleu, elle ne voulait pas le faire souffrir inutilement. Kely la recouverte d’une serviette, ne sachant trop que faire et se méfiant de ses réactions violentes. Il s’est assis non loin d’elle.
Il lui a demandé qui était Keros. Et elle s’est mise à parler d’abord avec réticence puis plus calmement.
Keros était son mâle. Il y a plusieurs années, elle était une jeune sombre nommée Killya qui avait découvert son pouvoir de séduction. Elle séduisait tout le monde : mâles, femelles qu’ils soient liés ou non. Elle séduisait puis se lassait rapidement et recommençait avec un autre ou une autre. Un jour, une jeune prêtresse est devenue Haute-prêtresse à la suite d’un concours de circonstances malheureux. Celle-ci prônait l’abstinence et la virginité des prêtresses de Lith. La haute-prêtresse est alors devenue sa cible : un véritable défi pour elle. La Sombre commença alors son petit jeu de séduction. Mais la jeune haute-prêtresse ne se laissa pas faire facilement, elle envoyat même plusieurs fois La Sombre en cellule pour être entrée dans sa chambre sans son autorisation. Mais çà ne l’a pas découragée bien au contraire, cela l’amusait et rendait le défi encore plus excitant. La proie finit par céder et La Sombre resta un temps avec elle. La liaison resta secrète et finalement comme à son habitude La Sombre se lassa et chercha une autre proie.
Elle fit la connaissance de Keros, un elfe noir qui venait d’arriver au sein de son peuple. Il n’était pas comme les autres mâles : plus ouverts et moins soumis. Il avait semble-t-il beaucoup voyagé avant d’arriver ici. L’Ilharess l’avait accepté au sein du peuple pour ses talents de forgeron. Il avait appris son métier auprès d’un Maître nain. Les meilleurs combattants du peuple passaient par lui pour être fourni en armes et armures. C’est ainsi que La Sombre l’a connu.
Elle tenta toute suite de le séduire mais il s’amusait de ses tentatives qu’il trouvait puériles. Elle finit par abandonner. Keros était son premier echec mais il devint son ami. Elle continua à séduire à droite et à gauche mais sans y trouver autant de plaisir qu’avant. Elle recherchait la compagnie de Keros mais il la considérait toujours comme une amie. Elle détestait devenir dépendante de lui mais continuait à le voir, ne pouvant se passer de sa compagnie. Elle finit par dépérir petit à petit… Keros lui demanda ce qu’elle avait. A vrai dire, elle ne le comprenais pas. Elle lui expliqua alors les drôles de sensations qu’elle ressentait en sa présence et ce manque terrible qui naissait en elle dés qu’il n’était pas là. Il a souri et lui a dit qu’elle était simplement amoureuse. C’était la première fois pour La Sombre. Keros l’a alors pris dans ses bras et ils sont devenus amants. Ils ne se quittaient plus.
La Haute-prêtresse qui cherchait à se venger de son ancienne maîtresse, se dit qu’il était temps d’agir. Elle exigeat que Keros vienne la rejoindre dans sa couche : un droit que tous les femelles ont sur les mâles du peuple. La Sombre était furieuse alors elle affirma que ce n’était pas possible car Keros et elle allaient se lier. Keros et la Prêtresse la regardèrent surpris. Finalement, cette dernière fit un sourire en coin et les laissa partir. La Sombre se sentait gênée, elle avait dit çà pour empêcher la Haute-prêtresse de prendre son mâle mais maintenant elle se rendait compte qu’elle en avait envie. Et Keros lui dit qu’il le souhaitait aussi.
La cérémonie a commencé. Keros avait réalisé les premières épreuves sans difficulté. Pour la dernière, il devait montrer son courage en combattant. La Sombre a compris trop tard que le combattant avait été choisit par la Haute-Prêtresse. Normalement, le combat devait s’arrêter au premier sang versé mais la première blessure que reçu Keros était mortelle. La Sombre a hurlé quand il est tombé. Elle l’a pris dans ses bras mais il était déjà mort. Le guerrier qui l’avait tué, lui a murmuré qu’il était désolé, qu’on lui avait donné l’ordre de le tuer. La Sombre a jeté un regard vers la haute-prêtresse. Celle-ci semblait se délecter de la douleur qu’elle avait provoqué. La Sombre s’est jetée sur elle. Elle l’aurait tuée si des gardes ne l’avait pas arrêtée : elle a quand même réussi à lui entailler la gorge. La haute-prêtresse l’a alors faite enfermée pour avoir osé lever sa main sur elle. La Sombre est restée plusieurs mois enfermée jusqu’à ce qu’elle réussisse à s’échapper.
Elle est allé directement dans la chambre de la haute-prêtresse bien décidé à finir ce qu’elle avait commencé… mais elle n’a pas pu… Elle lui a juste entaillé les joues et le front avec la marque des bannis. Et elle s’est sauvée. Évidement, une gilde d’assassins a été envoyée à sa poursuite. La Sombre a réussi à leur échappé longtemps… mais son ventre s’arrondissait, elle était enceinte… Keros lui avait fait un enfant avant sa mort. Les assassins se rapprochaient tandis que La Sombre était sur le point d’enfanter. Elle a accouché seule cachée dans la forêt. Elle a pris son enfant dans ses bras c’était une fille : c’était moi… Les assassins étaient tous proches désormais… Elle savaient qu’elle ne pourrait pas leur échapper mais elle voulait me sauver…Elle m’a alors déposée devant la maison de ma mère adoptive. La suite, je l’ai déjà raconté dans ce journal.
La Sombre a finalement sourit, semblant soulagée d’avoir raconté son histoire. Elle a dit à Kely qu’il ressemblait à Keros sur bien des points et qu’elle était contente que sa fille l’ait trouvé. Elle a ajouté qu’elle essaierait de m’aider un peu dans mes relations avec les autres elfes noirs même si elle n’était pas sûre d’être une très bonne conseillère… Elle s’est finalement enfouie en disant qu’elle aimait bien Kely.
J’étais émue… je connaissais un peu plus l’histoire de mes parents. J’avais l’impression de me rapprocher un peu plus de La Sombre. J’arrivais désormais à l’appeler ma mère.