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La fuite

J’ai fui pendant des jours mais la haine de certains étaient telle qu’ils ne me laissaient aucun répit.

La famine, les très mauvaises récoltes de l’année rendaient leur colère d’autant plus violente. Il leurs fallait une coupable et moi l’unique elfe noire du village, la « sorcière », j’étais le bouc émissaire idéal.

Alors qu’ils étaient sur le point de m’attraper, un jeune elfe noir est venu à mon secours. C’était la première fois que je voyais un autre membre de mon espèce… Il m’a cachée sans un mot et m’a entrainée jusqu’à un bateau faisant route pour Draïa.

Les légendes sur Draïa m’étaient connues.  On disait qu’on ne revenait jamais de cette région… qu’une malédiction avait été prononcée sur ces îlots. Mais j’ai suivi cet elfe noir, je n’avais pas le choix.

Arrivée sur les îlots

Le voyage en bateau a été particulièrement mouvementé ponctué de tempêtes terribles mais le capitaine savait ce qu’il faisait. Il avait de nombreuses fois fait la traversée.

Nous n’avons été que 2 à débarquer : le jeune elfe noir toujours silencieux et moi. Le capitaine nous a lancé un dernier regard. Il avait l’air de penser que nous creusions notre propre tombe.

Le bateau est partit. Nous étions arrivée en Draïa.

Rencontre et départ

Jour 12 Félinien – Fingélien 379

Cela faisait déjà plusieurs jours que j’errais sans but en solitaire aux seins des îlots de Draïa. Quand je décidais de me poser en récoltant un peu de minerai d’argent à Trassian.
C’est là que j’ai rencontré Ashen_Shugar, un Haut-Elfe à la chevelure noire aux reflets bleutés et à la peau très sombre pour un « pâle ». Il m’a d’emblée appelée « cousine » pour me mettre à l’aise. Je suis souvent un peu réticente à aborder les autres de peur que ma peau sombre d’elfe noire n’effraie ou ne provoque la haine. Résultat : je parle assez peu aux autres. Mais Ashen s’est montré amical et ouvert. Il m’a dit avoir vécu son enfance dans un peuple où les sombres et les pâles vivaient en harmonie. Je lui ai parlé de mon adoption par les humains et de mon impression d’être parfois un peu décalée parmi les autres elfes noirs.
J’ai ensuite appris qu’il était là depuis plus de 17 fingéliens… Je dois dire que je suis restée abasourdie : comment pouvait on vivre aussi longtemps ici?
Alors que j’étais sur le point de prendre congé de lui, il s’est tourné vers moi et j’ai alors aperçu son écusson de la Gilde des Patrouilleurs. Ghaara m’avait parlé de cette gilde dans laquelle il souhaitait entrer. Et je dois dire que j’étais moi aussi tentée d’en faire partie. J’ai alors posé différentes questions à Ashen sur la meilleure façon de proposer ma candidature. Il m’a prodigué de précieux conseils et m’a assurée de son soutien. J’espère que cela sera suffisant pour y entrer. Depuis, je m’entraîne comme une acharnée au combat pour avoir le niveau nécessaire.

Alors que je venais de quitter Ashen, Ghaara m’a contactée par télépathie. Il souhaitait me donner quelques unes de ses affaires. Je l’ai rejoint à Starenlith sans en comprendre la raison. C’est alors qu’il m’a dit qu’il quittait les îlots, définitivement cette fois. Je dois dire que je me doutais de ce départ. Ghaara n’arrivait pas à s’intégrer au sein de notre peuple et se sentait trop seul malgré mon amitié. Il m’a alors offert son bouclier de Lith, un complet en cuir sinan noir et un chapeau à plume. Il m’a serrée dans ses bras et s’est éloigné silencieusement dans la nuit tandis que je tentais de retenir mes larmes…

Le départ vers l’inconnu

Je me suis retrouvé seul. Le campement était vide. Mon père je ne sais où, et je ne souhaitais pas le savoir, je préférais rester seul.

J’ai erré dans le campement pendant plusieurs jours. J’étais accroché à la vision du campement dévasté. Je ne savais pas quoi faire.

Où aller ?  Je n’avais jamais participé à aucune des caravanes, je n’avais aucune conscience de ce qu’il y avait au-delà du campement et des montagnes proches.

Les seules personnes que je connaissais maintenant c’était les compagnons de jeu sinans de mon père, mais je ne pouvais me résoudre à aller les voir. Je ne savais pas quoi faire.

J’ai dû avoir de la fièvre, le temps a passé sans que je m’en rende compte. J’ai réalisé que je devenais fou à rester ici. J’ai pris quelques affaires, de quoi me nourrir, de l’eau et j’ai pris la route.

Un peu plus loin je me suis retourné, j’ai vu le campement, je ne l’avais jamais vu d’aussi loin. Mon cœur s’est serré, je savais que plus jamais je ne le reverrais, à quoi bon d’ailleurs, il n’y avait plus rien.

En face de moi la route s’étalait,  inconnue. J’étais toujours fiévreux, mes nuits étaient de plus en plus agitées. Je me confondais avec mon père. Etaient-ce d’ailleurs bien des cauchemars ? Je n’avais plus conscience de la limite entre le rêve et la réalité.

Je dors peu, réveillé par mes propres hurlements, je décide de reprendre la marche jusqu’à épuisement.

J’ai enfin croisé des gens, les premiers depuis que je suis parti, cela fait maintenant, 18 jours que j’ai quitté le campement. Je ne me suis pas arrêté, je n’avais pas envie de parler. J’ai continué à marcher. Mes réserves s’épuisaient, il était temps que je me mette à chasser,  j’avais faim.

Très maladroitement j’ai essayé de me souvenir de la constitution d’un piège, ce fût long mais je réussi à capturer un lapin. Je l’ai dépiauté, puis j’ai fait un feu. Cela m’a fait du bien,  j’ai dû m’endormir, enfin je crois, je ne suis pas sûr. Quand j’ai repris en semblant de conscience, la peau de lapin avait disparu, un lapin gambadait autour de moi,  les yeux vitreux. Je savais ce que cela voulait dire,  mais je ne savais pas comment il était arrivé là, du moins je ne souhaitais pas trop me poser la question.

Je l’ai tué.

Mon père avait-il réussi à faire de moi un monstre ?

Je me rassurais en pensant que la fièvre était la cause de cet acte et que cela disparaitrait avec le temps.

Cela fait maintenant 33 jours que je suis parti, nous sommes le 6 Kamarien 371, c’est mon anniversaire aujourd’hui. Je suis arrivé à un port, un bateau s’apprête à partir. Je me suis renseigné auprès du capitaine, il m’a dit qu’il allait vers Draïa, je ne connaissais pas. Là ou ailleurs …

Je n’ai pas écouté ce qu’il me disait, un pays est un pays. Il accepte de me faire la traversée en échange de service. Il voulait que je chante pendant le trajet, j’ai trouvé cela bizarre, mais je crois qu’il a été plus surpris que moi quand je lui ai dit que je ne savais pas chanter.

Mes parents adoptifs

Jour 15 Thyllion – Fingelien 380
Quand la nuit est tombée, je me suis approchée silencieusement de la maison de mes parents adoptifs. J’ai frappé discrètement à la porte. La petite femme chétive que j’avais entraperçue était bien ma mère. Quand elle m’a vue, elle a éclaté en sanglots et m’a prise dans ses bras. Je l’ai serrée contre moi mais très doucement, j’avais peur de la briser tellement elle semblait fragile. Des larmes de joie coulaient le long de mes joues. Je me rendais compte seulement maintenant à quel point elle m’avait manquée.
Puis j’ai cherché mon père du regard… Il n’était nul part.
- « Où est papa? » ai-je demandé inquiète.
Un voile de tristesse immense est passé dans les yeux de ma mère.
- « Il est mort, ma petite louve… il s’est interposé entre toi et les villageois pour te donner le maximum de chance de t’enfuir. Sa mort n’aura pas été inutile puisque tu es là et bien vivante »
Je me suis effondrée. Ma mère m’a conduit sur sa couche et m’a prise dans ses bras comme une enfant en me berçant doucement tout en me chantant le petit air qu’elle m’avait toujours chanté pour me consoler.
Quand mes pleurs se sont calmés, elle m’a demandé de lui raconter tout ce qu’il s’était passé depuis mon départ. Je lui ai tout raconté : le sauvetage de Ghaara, mes débuts difficiles chez les elfes noirs, ma rencontre avec Toucan, mon entrée dans la gilde des patrouilleurs, et surtout je lui ai parlé de celui qui était devenu mon compagnon, Kely.
Elle voulait tout savoir sur lui, si j’étais heureuse, si nous avions des enfants… Je n’ai pas osé lui dire que sur Draïa, il était impossible d’avoir des enfants. Mais elle a bien vu à quel point mon tendre bleu me rendait heureuse!
Quand à moi, je me suis rendue compte qu’elle était faible et pâle. Elle se mettait à tousser parfois : des toux violentes qui semblaient lui déchirer les poumons. Je l’ai auscultée. Ma mère était fière que je sois devenue apothicaire. Elle me disait que soigner les autres était ce qu’il y avait de plus noble. J’ai souri : Kely m’avait dit là même chose. Ils devraient bien s’entendre tous les deux.
Malheureusement, je me suis rendue compte que ma mère était très malade et même mourante. J’ai tenté de la soigner en lançant un sort de soins avec des essences curatives… mais en dehors de Draïa, le sort n’a eu aucun effet!
Il me restait quelques potions de régénération dans mon sac. Je lui en fait avaler deux. Elle a semblé aller mieux mais il ne m’en restait que très peu dans mon sac.
Je lui ai donc laissé toutes celles que j’avais en lui disant que j’allais revenir très vite. Elle n’aimait pas trop l’idée de me voir à nouveau repartir mais si je voulais la sauver je n’avais pas le choix. Il m’était impossible d’en fabriquer en grande quantité ici et j’en avais tout un stock dans mon dépôt de Draïa.
Elle m’a donc laissée partir en me faisant promettre de revenir le plus vite possible.

Retour de Kely

Jour 18 Thyllion – Fingelien 380
Une fois retournée, En Draïa, j’ai senti la présence de Kely : mon mâle était enfin revenu dans les îlots. Je l’ai appelé et il a accouru pour me rejoindre. J’étais heureuse et triste en même temps : heureuse de son retour et triste de devoir à nouveau repartir pour tenter de sauver ma mère…
Mais cela faisait tellement longtemps que nos corps ne s’étaient pas retrouvés… J’ai entrainé mon mâle dans une maison isolée. Nos corps se sont mêlés dans de fugaces étreintes emplies de bonheur de se retrouver et de plaisirs partagés.
J’ai du ensuite repartir. Kely ne voulait pas me laisser et moi non plus… mais ma mère avait besoin de moi. Il a voulu m’accompagner. J’étais surprise : il avait sans doute mille choses à faire pour son peuple en tant qu’échevin… mais je dois dire que j’avais tellement besoin de lui : je l’ai pris par la main et nous sommes partis rejoindre ma mère.

Découverte de Draïa

Je ne suis pas resté longtemps debout sur le bateau, j’ai fini plié en deux au dessus du bastingage vomissant mes tripes. Il faut dire c’était la première fois que je naviguais et la première fois que je voyais la mer… Un servant en temps normal ne sort pratiquement jamais des souterrains de son clan.

Le capitaine et ses marins trouvaient mon état très drôle. Ils m’ont laissé finalement sur une île nommée Trépont. Je tenais à peine sur mes jambes. Je me suis endormi à même le sol sans me préoccuper de savoir si l’endroit était dangereux ou non.

A mon réveil, j’avais comme une étrange sensation dont je n’arrivais pas à déterminer la cause. Puis soudain, j’ai compris : le sentiment de manque dû à mon asservissement avec lequel j’avais vécu depuis des mois avait disparu. Sentahya avait réussi à me soigner. Mais à vrai dire, elle me manquait quand même mais d’une autre manière.

Mon estomac gargouillait. Je mourrais de faim. J’ai fini par trouver sur l’île un petit jardin de légumes. Je ne savais pas si j’avais le droit de les cueillir mais je me suis servi. J’étais particulièrement malhabile. Il me fallait plusieurs essais à chaque fois avant de réussir à en arracher du sol.

L’île était assez petite. Certains habitants de Trépont m’ont demandé de leur rendre quelques services. Je répondait à leur souhait à chaque fois. cela me permettait d’apprendre un peu à connaître les îlots et de gagner un peu de lumens. Je me suis rendu compte ainsi que je n’avais pas seulement perdu mon asservissement mais aussi les faibles compétences de combat que j’avais pu avoir grâce à Khalara. J’ai du les réapprendre malgré mon manque de motivation pour cette activité. Je n’avais pas le choix. Les îlots étaient dangereux : une nuit par exemple, j’ai croisé des gargouilles à Pierre-blanche. Je n’ai dû mon salut qu’à ma capacité à courir vite.

J’ai découvert aussi une étrange capacité sur place : la télépathie. J’entendais parfois les voix de personnes qui n’étaient pas à côté de moi. En particulier, celles des sombres. Je restais toutefois silencieux. Je n’avais absolument pas envie de signaler ma présence tout de suite. Je préférais écouter pour apprendre à les connaître. Et puis, à vrai dire quel clan accepterait d’héberger en son sein un sombre qui avait tué son Ilharess ? Si vraiment, je devais rester ici, il allait falloir inventer un mensonge pour qu’ils m’acceptent.

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