Vers la fin du finglien 382

Tout va trop vite.

Khaena est revenue avec une blessure importante. J’ai fait les soins qui me semblaient appropriés, mais la blessure n’arrêtait pas de saigner. Je n’arrivais à rien avec la magie, ni avec les soins. Je me disais que je devais appeler la matriarche, mais je n’arrivais pas à m’y résoudre. Elle m’aurait posé des questions, je n’aurais pas réussi à ne pas y répondre. Elle m’aurait rendu responsable c’est sûr. Je suis resté là un peu indécis, et au moment où je ne voyais pas d’autres issues que de faire appelle à elle, j’ai senti qu’Illy était là. Je l’ai appelé, soulagé et angoissé, elle est venue tout de suite et elle a fait ce qu’il fallait pour arrêter le saignement nettoyer la plaie. Moi je restais aux côtés de Khaena, elle ne voulait pas que je parte chercher ce qu’il fallait à Illy, du coup j’ai laissé Illy faire tous les allers retours.  Sur le moment je n’ai pas trouvé ça anormale, c’est tout juste d’ailleurs si j’ai eu conscience qu’elle était là. Je m’étais déjà éloigné du sentiment d’angoisse de voir Khaena blessée, je repensais à tout ce qui s’était passé depuis cette fameuse nuit. Il fallait que je parle à Killya.

Quand Illy a eu fini, j’ai porté Khaena dans une maison, cette dernière n’était pas des plus salubres, mais elle me permettait de pouvoir chauffer l’eau tranquillement et il y avait un lit pour Khaena. Je l’ai veillée ainsi plusieurs jours. J’alternais les tisanes et les cataplasme. J’ai peu dormi et quand je dormais j’étais pris par des cauchemars qui me réveillaient alors rapidement. Les figures qui me hantaient autrefois réapparaissaient. J’étais terrifié car je n’arrivais pas à comprendre ce qui se passait et ce qui s’était passé. Je ne voulais pas revivre ce passé de cauchemar et d’incertitude. Je croyais que je maitrisais ce que je pensais être une partie de moi en l’acceptant et en la perfectionnant, mais là de nouveau … l’incertitude de qui j’étais vraiment.

J’ai donc passé quelques jours comme ça. La fièvre de Khaena était enfin complètement partie et elle reprenait des couleurs et des forces. Elle m’a demandé de partir de cette maison, elle voulait aller dans un endroit calme. Je l’ai emmené à Nargraw nord. Quand nous sommes arrivés au dépôt, j’ai assez rapidement demandé si elle ressentait sa mère, ça n’avait pas l’air d’être le cas. Nous avons tenté de retrouver une fusion d’esprit ensemble, front contre front, je me suis mis à émettre des sons. Je me disais que Killya était un esprit, donc un état vibratoire et que j’arriverais sûrement à l’atteindre ainsi. J’y croyais. Je changeais la tonalité jusqu’à ressentir une accroche. J’ai fini par y arriver.

Je ne me souviens plus trop de la discussion que j’ai eu avec elle. J’ai la sensation d’une grande souffrance, d’un enfouissement, puis un rêve.  Je suis avec mes parents et ils m’emmènent par la main visiter des dessins qui s’animent sous me yeux. Je vois une histoire se dérouler : un homme et une femme qui vont dans une ville, ou un campement je ne sais plus c’est un peu flou au début. Puis l’homme change de visage, il se noircit, ses oreilles s’allongent formant des pointes. Il s’approche d’une femme comme lui et il la tue. J’ai l’impression qu’il me regarde. Alors je me rappelle que ce sont mes souvenirs que je revois et je vois que je ne suis pas responsable du meurtre, je vois que c’est un autre et que je n’ai été qu’un instrument.

Quand je sors de mon état inconscient je m’aperçois que le corps de Khaena saigne de nouveau, Killya me crie dessus, que si je rebouscule Khaena comme ça encore une fois, elle m’étripe. J’agis vite, je demande à Illy où elle est et j’emmène Killya. Illy procède de nouveau aux soins, pour le plus grand bonheur de Killya d’ailleurs.

Killya s’endort sur les genoux d’Illy et je raconte tout ce qui s’est passé dernièrement à Illy. Comme d’habitude elle écoute en silence, sans jugement. Je lui raconte comme pour me persuader de cette nouvelle réalité : une part de Keros m’habite.

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