Qu’est-ce que je suis en train de faire ? Je n’imaginais pas qu’il puisse être aussi sensible. Est-ce un stratagème ? Dois-je lui offrir cette confiance qu’il demande ? Il avait l’air sincère, pourtant. Ces derniers jours n’ont pas été faciles pour lui. Beaucoup à faire. La blessure de son égo. Il me dit que j’arrive à le calmer. Il m’a montré ses faiblesses. Cela me perturbe. Il avait toujours eu l’air si solide. Se serait-il prit dans ma toile sans que je ne m’en rende compte ?

J’ai réunis le Conseil Matriarcal. Nous avions quelques sujets à aborder. Avant de commencer nous avons remis son bouclier de peuple à Darkmon. Elle était surprise, honorée et émue. Nous avons dicuter du tournoi de nécromancie en l’honneur de la fin des travaux de Naralik. Un sujet réjouissant avant de commencer la délicate situation de conflit entre Malkael et Mulvaar.

Je voulais donner une sanction financière à Malkael en faveur des nains pour éviter de ternir nos relations déjà difficiles mais apparemment Bagnar lui avaient finalement présenté des excuses. Il n’y avait plus qu’un jugement disciplinaire interne à régler. Les discussions ont été âpres. Je n’aime pas ce genre de spectacle. Mais c’est un fait que la hiérarchie doit être respecté sinon où irons nous ? La discipline est primordiale. Peut importe la fierté des uns ou des autres.

L’atmosphère tendue s’est figé à la fin du point suivant sur la formation de la relève des officiels. J’ai annoncé ma volonté de former une héritière à mon titre. C’était comme si un coup de massue s’était abattu sur chaque tête. Certains se demandant s’ils n’étaient pas en cause avec les récentes tensions. Je les ai rassurés sur ce point, j’y pensais depuis longtemps. Mes trois objectifs principaux étaient presque accomplis. Rassembler, faire accepter, s’installer. Je m’imaginais bien qu’ils seraient surpris. Mais pas choqués à ce point. J’ai essayé de les rassurer en leur disant que ce n’est pas imminent, qu’il reste encore du chemin à faire. Je ne pense pas que cela à beaucoup arranger leur moral. Puis nous avons dérivé sur l’ancienne Matriarche Sathia, sur Elzeberith. Les derniers arrivés Deskhart et Darkmon ont pu apprendre davantage sur notre histoire grâce à cela.

Puis j’ai levé la séance. Je ne tenais plus sur mon trône avec ces blessures cuisantes. Ne rien faire paraître sur mon état m’a demandé beaucoup d’énergie. Khaena m’a raccompagnée dans notre chambre de la taverne. Je me suis allongée sur le ventre avec soulagement. Elle m’a aidé à me déshabillé et m’a enduit de l’onguent cicatrisant à la lavande. J’étais sur le point de m’endormir quand j’ai entendu le rugissement de colère du tigre sur nos ondes. J’avais bien vu lors du Conseil, à l’annonce de ma retraite probable, qu’il en était particulièrement affecté. Il est allé à la taverne de Bel’ar, offrant la boisson à qui des nôtres voudrait le rejoindre. Je sentais qu’il avait besoin de rompre cette solitude. Je me suis tournée vers ma sombre louve. Elle dormait. Alors j’ai quitté le lit, j’ai renfiler avec difficulté mon armure en cuir sinan et je suis descendue dans la grande salle.

Je l’ai abordé avec un ton quelque peu ironique lui disant que je n’arrivais pas à dormir avec tout le bruit qu’il faisait. Mais cette blague ne l’a pas fait sourire comme cela l’aurait du. Il s’est excusé disant qu’il ferait attention. Je me suis installée au comptoir à côté de lui et j’ai commandé du vin. Son humeur était vraiment très noire. Nous avons échangé quelques banalités puis je lui ai proposé d’aller discuter à l’étage pour être plus tranquilles. Une fois installé, je lui ai fait parler de ce qui le mettait dans cet état. Surmenage et critiques font des dégâts mais l’annonce de mon départ l’avait apparemment achevé. Il a voulu savoir si je resterais présente dans le peuple même en ayant donné le titre. Il essayait de faire passer cela sur le compte de la perte que cela pouvait engendrer pour les nôtres. Mais je ne suis pas la dernière des sottes. Alors je me suis levée et je me suis approchée de lui pour l’embrasser.

Nous avons continué à discuter entre deux attentions douces jusqu’à ce qu’il se fasse plus entreprenant et me hisse sur la table à ma grande douleur. J’ai été obligé de lui faire comprendre que nous n’irions pas plus loin ce soir là. Il était déçu mais aussi inquiet de ces douleurs. J’ai essayé le plus longtemps possible de ne rien lui avouer. Mais j’ai finalement soulevé mon cuir pour lui montrer une partie de mon dos. Je lui ai dit ce qui était arrivé sans trop de détails. Il s’est resservit de l’outranque, la colère enflait en lui. La haine aidant il a fait éclater le verre en le serrant. J’ai soigné sa main. Et je lui ai dit que Killya m’avait déjà vengée. Il s’est calmé un peu. J’ai précisé que Malkael l’avait aidé. Je voulais qu’il sache que malgré ce qu’il pense du sauvage, il n’en est pas moins dévoué. Il m’a reproché de ne lui avoir rien dit. Je crois qu’il ne se rend pas compte qu’avouer avoir subit une telle chose n’est pas aisé compte tenu de mon rang.

La colère fit place peu à peu à l’inquiétude. Je lui ai dit que je ne pouvais pas rester dormir avec lui, que Killya s’inquiéterait trop de mon absence. Il m’a dit qu’il prendrait une chambre a côté si jamais il y avait uen urgence quelconque. Quand je repense à sa tête à ce moment là, je me demande où était passé le Mulvaar que tous connaissent. Si fort, si mesuré. Alors je lui ai dis de venir avec moi dans la chambre de prestige où dormaient Killya et Khaena. Il a hésité, se demandant ce qu’elles en penseraient. Laquelle se réveillerait en premier. J’ai insisté et nous sommes allés nous coucher.

Maintenant que je suis réveillée, entre mes deux amants, j’écris ces lignes, et je me pose des questions. Comment puis-je arriver à me mettre dans des situations pareilles ?

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