Khaena avait organisée une visite d’Irilion pour nos jeunes sombres. Cette idée m’a rappelée que Os’ nous avait fait de même il y a bien longtemps. Mon premier voyage en Irilion. Je crois que les jeunes ont été aussi conquis que moi à l’époque. J’étais heureuse de les voir éblouis. Ma louve faisait un bon guide. J’ai aussi ajouté quelques commentaires au début puis je me suis tut pour ne pas trop lui prendre cette place. Il faut que je la laisse le plus possible s’exprimer si elle me succède. Je suis sure qu’elle fera une bonne Matriarche, elle a le peuple avec elle.
Mais cette touche de bonne humeur s’assombrit dans les jours suivants. Le tigre et le sauvage sont entrés en conflit à cause des nains. Encore eux. Ils se disent harcelés alors que c’est absolument l’inverse. D’accord, le sauvage n’est pas très fin quand on le provoque. Et sa relation avec le tigre a toujours été plutôt mauvaise depuis qu’il y avait eu le soucis de l’invocation provocatrice à Nord Thyl. Mais ses mots envers lui étaient injustes. Le sauvage s’était plaint qu’un nain l’avait insulté et avait craché à ses pieds. Le tigre, présent, n’avait pas réagit. Le sauvage a voulu se faire vengeance lui même et a bloqué le pont de Zirak avec des ours polaires. Il n’en fallait pas plus pour que les nain hurle son outrage sur les ondes et que les autres nains se liguent avec lui pour faire pression sur notre peuple. J’ai eu le tort d’intervenir pour soutenir le sauvage. Je savais que c’était uen erreur mais les barbes à bottes dépassent les limites du supportable avec leur mauvaise foi. J’avais deux mâles furieux sur les bras mais fort heureusement les nains se sont rapidement tus. J’ai été voir le sauvage pour lui parler et tenté de le calmer. Il en tient toujours rancune au tigre mais au moins, il ne se sent pas rejeté malgré son impulsivité.
Puis l’alarme de Naralik a retenti. Des araignées rendues folles par les Landes attaquaient les habitants puis une troupe de pirates a débarquée d’on ne sait où. Nos guerriers arrivèrent rapidement sur place. Alexorims, Malkael, Mouks, Mulvaar. Même le jeune Morax vint défendre notre terre. Leur dévotion fait plaisir à voir alors que nous sortions de ces troubles sur nos ondes.
Le tigre a voulu me voir ensuite pour régler cette affaire. Nous sommes allés dans notre salle de peuple. La colère l’empêchait de voir une alternative aux décisions strictes qu’il voulait que je prenne. Calmement, je répondais, argumentais. Lui non plus ne pardonnera pas. Mais il eût l’air satisfait de ce que j’avais décidé. Quelque peu soulagée, j’ai décidé d’aller me détendre dans le bassin de l’autre pièce. Il m’a suivit. Comme moi, l’eau chaude a tendance à apaiser son humeur. C’est la deuxième fois que nous nous retrouvons tous les deux seuls dans ce bassin. Je me suis mise à lui masser le dos comme la dernière fois mais avec dès le début plus de force. Pour uen fois, notre discussion n’a pas entièrement tournée autour de la politique. Il m’a parlé un peu de son passé et moi du mien, très brièvement. Puis quand j’eus finit de décontracter ses muscles, il se tourna et, comme la fois d’avant, m’offrit une étreinte fougueuse. Quand nous fûmes contentés l’un l’autre, il me remercia de l’avoir presque complètement calmé. Fait inhabituel, il laissa échapper un tutoiement qu’il repris bien vite et il me souriait presque tendrement. Je ne lui ai répondu que par un sourire en lui effleurant les lèvres de mes doigts. Il m’a caressé la joue et embrassé le front avant de sortir de l’eau pour aller prendre du repos. Il a laissé le Ilharess de côté pour me saluer par mon prénom en quittant la salle. Je crois que là aussi, c’est la première fois.
Je suis restée dans le bain quelques minutes à réfléchir sur ce que je venais de faire et sur ce que je devais faire concernant cette affaire avec le sauvage. Je laisserai probablement mon Conseil donner son avis avant d’arrêter ma décision. L’humeur joyeuse que m’avait laissé ce moment avec le tigre retomba bien vite et l’envie d’aller chasser s’imposa. Ce qui se passa ensuite, je ne suis pas encore prête à l’écrire. Rien qu’évoquer son nom à mes sombres m’a été une épreuve.