Jour 20 Elavrion – Fingelien 383
Bahar a répondu à ma lettre. Elle était très courte. Je me suis inquiétée pour elle. Elle racontait que même son ombre lui faisait peur. Elle parlait de ses cicatrices de l’âme qui ne se refermaient pas.
Je regardais la mienne sur le flanc, elle bien physique. Elle s’était réouverte suite au traitement qu’avait fait subir ma mère à notre corps. Je me disais qu’il n’était pas prudent de rejoindre Bahar dans ces conditions mais elle semblait vouloir me voir et à vrai dire j’avais besoin de ses bras. Elle me manquait. J’avais beau me dire qu’il ne fallait pas que je m’attache à elle, je n’y arrivais pas.
J’ai pris le bateau. Arrivée au port, je suis allée dans la maison qu’avait acheté ma mère pour panser ma blessure et me reposer un peu. Je ne voulais pas que Bahar me voit trop mal en point. La maison était restée telle que je l’avais laissé : les cartons étaient au sol toujours pleins, les meubles étaient à l’endroit où les livreurs les avaient laissés. Comme Bahar l’avait écrit dans sa lettre, elle n’était pas retournée dans la maison depuis notre départ. Je me suis rendue dans sa boutique. Elle était là toujours souriante. Nous nous sommes serrées l’une contre l’autre.
Nous sommes descendues chez elle. En passant ses mains sous ma tunique, elle a remarqué ma maigreur. Elle a tenu à ce que j’avale quelque chose. Je ne me suis pas faite prier. Elle avait de la viande crue que je me suis empressée d’avaler. J’ai retrouvé ensuite son corps auquel je ne peux plus résister. Elle avait peur de me faire mal voyant mes bleus mais je l’ai rassurée. Quand à moi, je faisais mon possible pour être douce et tendre avec elle. Je ne voulais pas qu’elle retrouve en moi la violence qui avait été celle de ma mère quelques jours auparavant. D’ailleurs, Bahar trouvait étrange que je puisse être si douce et sage alors que Killya était si entière et passionnée : deux esprits si différents dans un même corps.
Elle m’a proposée ensuite de tester la baignoire de la nouvelle maison pendant qu’elle retournait acheter de quoi contenter mon appétit d’ogre. J’ai fait couler l’eau du bain y ajoutant plein de mousse. J’ai enlevé le bandage de mon flanc, je suis entrée dans l’eau et j’ai fermé les yeux profitant de cet instant de répit et de bonheur. Bahar après avoir déposé un énorme morceau de viande crue sur la table, m’a rejoint, entrant dans l’eau très doucement. Elle pensait que je dormais. Je l’ai attirée sur moi, son dos collé contre mon ventre. J’ai commencé à la caresser goûtant la peau de son cou. Je n’avais plus les gestes empruntés et gauches de mes premières fois avec elle. Je prenais confiance en moi et en mes capacités à lui donner du plaisir. Nous nous sommes offertes, une nouvelle fois, l’une à l’autre. J’étais émue… je ne sais pourquoi… Bahar a essuyé les larmes qui perlaient le long de mes joues.
Nous sommes sortie du bain pour nous installer près du feu toujours nues. J’ai tenté de cacher ma blessure réouverte. Mais elle l’a vu et a soulevé ma main pour regarder la blessure. Elle a secoué la tête et a refait un bandage s’inquiétant de savoir si c’était « nos galipettes » qui avaient provoquées çà . Je l’ai rassurée. Ce n’était que « l’oeuvre » de ma mère. Puis, elle m’a initiée à son petit plaisir d’après bain… C’était délicieux de s’offrir l’une à l’autre ainsi tête bêche…
Nous avons parlé ensuite nous câlinant dans les bras l’une de l’autre. Elle a réussi à me raconter les violences que lui faisait subir son père quand elle était enfant. Je la laissais parler, n’osant pas l’interrompre par des questions qui la bloqueraient plutôt que de la libérer. Je sentais qu’elle ne me racontait pas tout mais je ne voulais pas la pousser à me dire ce qu’elle n’était pas encore prête à m’avouer. Elle m’a ensuite parler de Kely. Elle m’a demandée à nouveau si il voudrait bien être son premier mâle. Elle semblait avoir besoin de connaître l’amour physique avec un homme pour réussir à cicatriser de ses blessures de l’âme. Je l’ai à nouveau rassurer : la prochaine fois je viendrais avec lui.
Je n’ai pas pu rester plus longtemps même si l’envie était là. Je devais assister à la cérémonie du pardon organisée le soir même à Naralik. Au moment de nous quitter, elle m’a serrée les mains. Elle semblait plus apaisée qu’à mon arrivée. Elle m’a promis de ranger les affaires de la maison. Je l’ai assuré de revenir vite et cette fois avec Kely.