Jour 9 Nuona – Fingelien 383
Kharya m’ignore depuis mon retour sur les îlots. J’en ai eu assez d’attendre. Je lui ai écrit une lettre, sans doute la dernière.
Je la récris ici, dans mon journal :
« Kharya,
Cela fait des semaines que j’attends un signe de toi. Mais je crois qu’il ne viendra jamais. Je crois que c’est ainsi que tu as décidé de mettre fin à notre relation. J’aurais préféré que tu me le dises en face.
Maintenant, je comprends ce qu’ont subi ceux qui m’ont précédés dans ton coeur, et je sais ce que subiront ceux qui vont m’y suivre. Tu te crois maudite parce que tes amants disparaissent tous les uns après les autres. Alors que c’est toi qui inconsciemment ou non provoque la rupture. Quand la relation que tu vis devient trop forte, tu prends peur et tu cherches à la briser pour le moindre prétexte. Pour moi, çà a été ton altercation avec Khaena.
Je ne sais pas d’où te vient cette peur mais je regrette de ne pas avoir su l’apaiser. Je regrette aussi de ne pas avoir su te faire découvrir qu’on peut être lié à une personne sans se sentir prisonnière et montrer ses faiblesses sans se sentir vulnérable.
Pour ma part, comme tu le sais je ne reste jamais seule très longtemps. Je t’avais parlé un peu de Bahar. Je vais essayer de construire avec elle ce que je n’ai pas réussi à construire avec toi.
Mes bras te seront toujours ouverts mais désormais mon coeur appartient à une autre.
Killya. »
Je crains malheureusement qu’elle ne répondra pas. Elle jouera la femelle impassible que rien n’atteint. Sans doute, que son coeur retrouvera si ce n’est déjà fait l’état dans lequel, je l’avais découvert au tout début de notre relation : protégé dans une carapace dure et infranchissable. J’avais pourtant réussi petit à petit à percer cette carapace pour l’atteindre. Mais, pour tout dire, me battre continuellement pour avoir un peu de place dans son coeur m’épuise.
Et maintenant, que j’ai retrouvé celle que je croyais ne jamais revoir, ma belle femelle bleue, tout est différent. Tout semble si simple et si naturel avec Bahar. Je n’ai plus envie d’autre chose.