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Jour 3 Félinien – Fingelien 383
Aleldar avait eu une idée. Il pensait que nous pourrions trouver des indices dans les catacombes effondrées de Naralik. Avec Kely, nous avons organisé une expédition là bas avec tous ceux qui voulaient se joindre à nous. Il y avait : Bouh, Malkael, Chto, Lao, Iymril, Cisco, Voronwe, et d’autres. L’Ilharess s’est finalement elle aussi jointe à nous.

Le plan était simple : se glisser parmi les créatures avec des potions d’invisibilité et visiter les lieux. Je ne sais combien de fois je suis tombée sous les lances des démons d’jhi qui me repéraient alors que mes potions d’invisibilités refusaient de fonctionner. Je n’ai rien trouvé pour ma part. Mais Bouh est parvenu à ramener un livre de sort qui semblait servir au incantation de la première Matriarche des îlots Gaed’Estr. En recoupant, les informations de ce livre et un ancien parchemin de Ardur, les aventuriers ont compris qu’il faudrait trouver trois équivalents de l’orbe. Pour celà, nous devions nous rendre à Nargraw Nord, rencontrer le seigneur galdur Herm et d’autres anciens galdurs qui avaient participé à la guerre de l’Orbe.

Le seigneur Herm nous a proposé un chantage ignoble. Il nous offrait des informations à la seule condition de lui faire construire un palais « digne de sa puissance » et une rénovation de sa région, et tout ceci pour un montant allant de 5 à 10 millions de lumens. Notre Ilharess Kharya, en tant que Chambellan, a accepté. Elle savait qu’elle n’obtiendrait rien de lui si elle n’acceptait pas le marché et la situation était urgente. Les créatures commençaient à envahir tout Séridia. L’acceptation de ce marché a fait grincer des dents mais les récriminations les plus virulentes venaient de l’elfe Voronwe qui convoitait la place de Chambellan et d’un bleu Drakalch qui semblait être de mise avec lui.

Après avoir signé le contrat dans le sang, le seigneur a accepté de nous laisser un de ses mages Venrham qui nous aiderait à sortir les pierres que nous convoitions. Une fois de plus, rien n’était simple. Il fallait nous rendre à Yrsis bastion des démons d’jhi. Le mage lançait une incantation qui permettait la sortie d’une créature. Chaque créature devait être abattue différemment suivant la vision de Venrham. Le premier était un Vengeur, une espèce de guerrier fantôme géant. Celui-ci devait être détruit par la magie. Vient ensuite un Mirage un gros chimérien du désert, qui devait mourir par l’épée. Et la dernière créature était une cockatrice qui elle devait mourir sous les coups d’une créature invoquée par nécromancie. Cette dernière nous a posé problème. Nous n’avions aucun grand nécromant parmi nous. Kely était sans doute le plus puissant des aventuriers présents. Je lui ai dit qu’il devait y aller. Il hésitait, si il le faisait, il révélerait au grand jour ses talents de nécromant et serait sans doute discrédité par son peuple. Pourtant, il est parti chercher les essences nécessaires à son art, pour la défense de Séridia. Heureusement, au dernier moment, Fharath est arrivée et a invoqué un géant qui a détruit d’un seul coup de massue la cockatrice.

Nous sommes ensuite rapidement retournés en Séridia. Nous avions les trois points d’incantations. Aleldar me confirmant par télépathie ce que nous avions deviné l’Ilharess et moi : la mine de titane, la bibliothèque de notre peuple, la place centrale à la statue de serpent. Kely irait à la mine de titane, Voronwe dans notre bibliothèque et l’Ilharess Kharya sur la place centrale. Tous trois devaient lever vers le ciel les trois pierres pour conjurer la malédiction des lieux. Les combattants devaient les défendre coûte que coûte et empêcher les créatures d’approcher d’eux. Kely était à l’endroit le plus dangereux et il est tombé. Nous avons cru que tout était perdu mais Minoth, un de nos frères sombres a repris la pierre et a poursuivi ce que Kely avait commencé. Les pierres bleues de purification que tenaient les trois aventuriers ont fini par attirer les pierres rouges de malédiction du sol. Les pouvoirs des deux pierres se sont annihilées entre elles. Les démons d’jhi ont fui suivis des peaux vertes. Les troupes du général Ernek les attendaient dans les montagnes pour les éliminer. Tandis que nous éliminions ceux qui étaient restés en retrait.

La guerre était gagnée. Le seigneur Luxin a félicité les aventuriers et leur a annoncé qu’un banquet serait organisé pour fêter la victoire. Il a annoncé le début immédiat des travaux sur Naralik. J’étais fière d’avoir participé à la libération de nos terres mais j’étais épuisée. J’ai retrouvé les bras chauds et réconfortants de Kely oubliant la guerre pour profiter enfin de nous.

Le mépris de Fharath

Jour 25 Elfist – Fingelien 384
Malkael m’avait parlé de Fharath, il y a quelques jours. J’avais été surprise d’apprendre qu’elle s’était éloignée du peuple parce qu’elle s’était sentie dénigrée par les sombres. Je me demandais pourquoi et à quelle occasion, elle avait eu cette impression. Si ce malentendu pouvait être dissipé, peut-être que la fière sombre qu’elle était reviendrait parmi nous et qu’avec sa force de caractère, elle pourrait devenir la future Ilharess qui pourrait remplacer Kharya.

En effet, j’avais beau retourner le problème dans tous les sens : je savais que je n’étais pas celle qu’il fallait pour les sombres. Je n’avais pas assez d’autorité et de goût pour la politique pour être une Ilharess qui saurait mener le peuple. Même si Fharath était, elle aussi, peu attirée par la politique, elle était respectée, fière, dure avec les autres et avec elle même, avec une autorité naturelle et un sens de la répartie que je n’avais pas. Je savais qu’elle pourrait être une grande Ilharess si elle le voulait.

J’ai donc engagé la conversation télépathiquement avec elle. Je savais par avance que la conversation serait glaciale et je m’y étais préparée mais je ne pensais pas en ressortir aussi blessée.

J’ai commencé par essayer de savoir ce qui avait provoqué son départ. Apparemment, il y avait eu un incident sur une proposition de travail en commun qu’elle avait faite pour fabriquer des bagues de Naralik. Je n’avais aucun souvenir de çà… Il y avait eu aussi des accusations sur des prétendues ventes à Véreux. Je me doutais que MageInvok devait être à l’origine de ces moqueries et de ces accusations douteuses. Elle et lui étaient constamment à couteaux tirés à l’époque. J’ai essayé de lui préciser que celui-ci n’était plus là. Elle le savait déjà et affirmait que c’était une bonne chose pour le peuple.

Malgré les continuelles piques qu’elle me lançait à chacune de mes phrases, j’ai tenté d’orienter la conversation sur celle qui devrait succéder à l’Ilharess. Elle semblait être très courant de tout ce qui se passait dans le peuple parce qu’elle n’a pas paru surprise à cette annonce. Elle a même ajouté que çà la désolait que je sois la successeure presque désignée de l’Ilharess. Je suis restée un instant interdite. La pique m’avait fait mal cette fois mais je n’ai pas bronché préférant affirmer que çà me désolait tout autant qu’elle et que justement, elle était surement plus apte que moi pour prendre cette place.

Une fois de plus, elle m’a attaquée frontalement. Je fuyais mes responsabilités en me déchargeant sur elle. Ce n’était pas tout à fait faux mais à vrai dire, je ne faisais que penser à mon peuple. Elle a martelé que le peuple sombre était mort et que j’en étais responsable. Je suis restée interdite. Fharath me méprisait. Elle détestait ce que je représentais. Je n’étais pas grand chose de plus pour elle que les inférieurs : Voronwe, le représentant haut-elfe, était bien plus sombre que je ne le serais jamais…

Une boule s’est formée dans ma gorge. Je n’arrivais plus à parler ou difficilement. Malkael qui était à mes côtés a remarqué mon trouble et m’a conseillé de cesser la conversation. J’ai tenté de le faire une première fois, elle a sauté sur l’occasion pour me rabaisser à nouveau en disant que je fuyais une fois de plus, qu’une vrai sombre face à ce genre d’attaques aurait répliqué et « mordu »… Mais à quoi bon continuer une conversation qui n’en était pas une et qui ne servait à Fharath qu’à déverser son fiel sur moi ?

Je crois que j’ai perdu ce jour là tout le respect que j’avais pour elle mais j’ai aussi perdu beaucoup plus : le peu de confiance que j’avais acquis en m’occupant de mon peuple venait d’être détruit par les quelques agressions acerbes d’une autre sombre. Je savais désormais que jamais je ne pourrais être Ilharess…

Un retour après une longue absence

Jour 10 Mundia – Fingelien 384
Je suis arrivée à Trépont. J’ai contacté tout de suite Kharya qui s’est précipitée à ma rencontre. Elle m’a pris dans ses bras et je l’ai serrée contre moi. J’étais heureuse de la retrouver. Elle m’a entraînée dans la taverne de l’île. Nous avons parlé de son futur départ, des problèmes amoureux d’Alak avec Seliane, du peuple et de ses divisions. Elle cherchait quelqu’un pour prendre en charge le dépôt du peuple. Je lui ai proposé mon aide. Elle semblait surprise. Elle avait pensé je crois que je n’étais là que pour peu de temps. Et à vrai dire, je me suis surprise moi aussi… Est ce que je comptais vraiment rester? Puis j’ai continué, si le peuple devenait orphelin en perdant sa mère, je pouvais essayer d’être une tante pour lui… Je ferais en sorte de prendre soin de lui en son absence. Elle a semblé assez dubitative déclarant qu’elle laisserait le conseil en décider.

Darkmon est arrivée. Elle avait peur de nous déranger mais nous avions fini. Kharya est partie récolter. Darkmon semblait heureuse de me retrouver. Elle m’a, elle aussi, donné des nouvelles du peuple. Je lui ai demandé des nouvelles d’Iymril mais apparemment celle-ci s’était isolée et restait à l’écart des autres. Darkmon s’est aussi interrogée sur ma présence ici. Elle espérait que j’allais rester. Je lui ai donc expliqué que j’étais revenue suite à une lettre de Kharya et que je comptais aider notre peuple pendant son absence. Elle se demandait si j’allais la remplacer, c’était d’ailleurs toujours ce qu’elle s’était imaginée. J’ai tenté de ré-freiner ses ardeurs en lui déclarant que celui ou celle qui devrait la remplacer serait désigné par le conseil. Elle a affirmé alors que si elle avait le droit de paroles, elle ferait savoir qu’elle souhaitait que je sois celle-là. Je l’ai quittée réconfortée de savoir à quel point elle avait confiance en moi.

Je suis ensuite retournée à Naralik. Retrouver nos terres m’a fait du bien. Je suis allée au dépôt. Il y avait Alak, et d’autres sombres. J’ai parlé un peu avec lui et des craintes de sa mère au sujet de sa liaison avec Seliane. Cette jeune sombre était devenue la fille adoptive de Polgarath et avait suivi les conseils de sa mère un peu trop à la lettre. Elle multipliait les mâles et Alak en souffrait. Elle avait même failli provoquer un incident diplomatique avec les hauts-elfes en aguichant l’un des leurs. C’est alors que j’ai assisté à leur rupture. Seliane a déposé son bouclier du peuple à terre : elle allait s’éloigner du peuple.

Je n’étais pas loin et alors qu’elle disparaissait laissant son bouclier de peuple à terre, je me suis précipité pour le prendre. J’avais peur que Voronwe, le représentant haut-elfe s’en empare. Alak avait eu le même réflexe. Je lui ai laissé le bouclier.

Il y a eu aussi un petit incident avec Voronwe. Celui-ci avait apparemment pris ses habitudes à venir travailler dans notre dépôt et à prendre une des rares places sur le banc. Après être revenue d’une course, j’ai constaté qu’il s’était installé sur la dernière place disponible. Sur le moment, je n’ai rien dit m’asseyant à terre pour commencer à travailler. Mais Alak n’a pas vraiment supporté qu’une femelle de son peuple et qui plus est Jaliless soit reléguée sur le sol. Il m’a donc proposé sa place. Je crois avoir eu un ton assez acerbe envers Voronwe déclarant que ce n’était pas à Alak de céder sa place mais à celui qui n’était pas des nôtres. Kharya qui était présente m’a soutenue. Et devant ce front uni de sombres, le pâlot a du me céder sa place. Je ne l’ai pas remercié estimant qu’il n’avait mis aucune bonne volonté à le faire.

J’ai tenté durant cette première journée de retour dans les îlots de garder un visage avenant et souriant mais le coeur n’y était pas. Ma réaction épidermique et agacée face à l’attitude de Voronwe en était une des manifestations. C’est quand Kharya m’a demandé par télépathie des nouvelles de ma femelle d’jhi que j’ai failli craquer et montrer ma faiblesse. Heureusement, à ce moment là, les landes ont lancé une invasion de lapins avec parmi eux les terribles démons lapins, m’envoyant directement en Achéron et m’évitant ainsi de répondre à des questions douloureuses.

Après l’invasion, je ne suis pas retournée au dépôt préférant éviter les regards des miens alors que la douleur de l’absence de ma femelle était soudain devenue si oppressante. Je me suis endormie seule me recroquevillant dans un coin isolé.

Tracasseries et retour d’Elzeberith

Jour 6 Kamarien – Fingelien 384
Peu de choses se sont passées ces derniers jours. Le peuple sombre était comme sonné par la départ de sa Matriarche. A moins que ce ne soit moi qui ne voyait plus bien, ce qu’il se passait…

Puis les choses ont repris un cours normal avec les tracasseries quotidiennes entre sombres. Une nouvelle fois, Seliane a provoqué un incident… Elle avait vu Melany regarder de trop près son nouveau mâle le représentant des pâles Voronwe… Il s’en était suivi une querelle entres les deux soeurs sombres. Finalement, Melany avait défié en duel Seliane. Cette dernière m’a demandé audience pour me parler de l’incident. J’ai tenté de les apaiser toutes les deux mais elles ont continuer à s’invectiver de plus en plus durement. Finalement, j’ai pris la décision avec Darkmon et en l’absence des autres membres du conseil de leur donner à toutes deux la même punition : récolter 1000 quartz roses chacune pour le dépôt du peuple.

Puis, j’ai eu la surprise de découvrir l’arrivée de l’ex haute-prêtresse Elzeberith. Mes premiers pas en tant qu’Ul’Jaliless n’allait sans doute pas être des plus simples avec son arrivée. Killya l’appelait à l’époque la vipère et je ne pense pas qu’elle ait beaucoup changé depuis. Mais à vrai dire, çà m’était égale, comme si plus grand chose ne me touchait… J’ai même proposé à Elzeberith de lui faire visiter la nouvelle Naralik. Elle a accepté. J’ai parlé de mes craintes au sujet d’Elzeberith à Darkmon. Celle-ci s’est proposée de m’accompagner. Ca me faisait plaisir que ma jeune soeur me soutienne ainsi.

Puis, j’ai pensé que Fharath serait peut-être heureuse de savoir que Elzeberith avec qui elle entretenait des rapports cordiaux était revenue. Je lui ai même proposé de participer à la visite de Naralik, croyant ainsi lui offrir une bonne excuse pour venir voir la prêtresse. Mais, celle-ci s’est complètement fourvoyée dans ce qu’elle pensait être mes pensées. Elle s’imaginait que je souhaitais sa venue parce qu’Elzeberith me faisait peur. J’avais d’après elle, « la peur qui suintait par tous les pores de ma peau »… Comment pouvait elle se tromper à ce point? J’avais pensé naïvement que nos dernières discussions nous avaient rapprochées. Ne voyait elle pas que je n’étais plus la Khaena timide et renfermée qu’elle avait connue ? Ne voyait elle pas que je n’avais plus peur d’elle, ni de Elzeberith? Je n’ai pas poursuivi cette discussion stérile avec elle. c’est la première fois que Fharath me décevait à ce point.

La visite de Naralik a été brève mais suffisante pour voir à quel point Elzeberith exultait de découvrir la transformation de nos terres. Pour la visite du temple de Lith, je l’ai laissé aux mains de Rhiordan qui était son apprentie au moment où elle est partie.

De retour au dépôt, je me suis installée pour travailler sur quelques potions. Voronwe est arrivé. J’étais agacée d’avance par sa présence pour avoir provoqué l’incident entre Seliane et Melany, d’autant plus qu’il avait tendance à vouloir attirer mon attention. Ca n’avait d’ailleurs pas échappé à Darkmon, nous en avons ri toutes les deux. Voronwe aurait sans doute pu m’intéresser il y a quelques temps mais j’avais perdue l’envie de goûter aux mâles… Et, je me méfiais bien trop de lui pour le laisser me séduire. J’étais donc volontairement désagréable avec lui.

Notre jeune soeur à l’esprit égaré, Nisrath, m’a donné l’occasion de le taquiner encore plus. Celle-ci avait décidé d’en faire son jouet. Elle le pinçait, le tâtait avec une branche. Je lui ai donné l’idée de le manger comme le faisait un de nos frères maintenant disparu. Ca a beaucoup plus à Nisrath mais beaucoup moins à Voronwe pour ma plus grande joie. Mais il est quand même resté jusqu’au bout forçant mon admiration malgré les gentilles maltraitances que lui infligeait Nisrath.

Je suis finalement partie en saluant tout le monde sauf bien sûr Voronwe. Je dois dire que j’en ai éprouvé un plaisir malsain. Je crois qu’il va me détester maintenant. Dire qu’avant, j’avais du mal à supporter les reproches et la haine des autres… Maintenant, cela m’amusait…

Silence et engourdissement

Jour 8 Archeno – Fingelien 385
Je me suis coupée des ondes sombres… comme Fharath étonnement mais sans doute pas pour les mêmes raisons… Je n’en pouvais plus d’entendre les membres de mon peuple imaginer des plans stupides pour déstabiliser telle ou telle personne…

Puis j’ai entendu les ondes publiques où une alliance étrange des eldorians, haut-elfes, bleus, kultars et nains faisait front pour la démission de Kharya au poste de Chambellan.
Je n’attendais plus grand chose des Eldorians dont la représentante Suliane se faisait mener par le bout du nez par Voronwe depuis bien longtemps, des nains non plus qui sont de toutes façons stupidement systématiquement contre les sombres et des haut-elfes encore moins dirigés par Voronwe qui ne veut qu’une chose la place de Chambellan.
Mais comment les bleus et les kultars avaient pu donner foi à ce genre d’ineptie? Ne voyaient ils donc pas qu’ils se faisaient manipuler par un ambitieux ne cherchant que son profit personnel?

La politique me dégoûte, je ne veux plus m’en mêler. J’ai décidé de me couper de tout contact avec ces discussions mesquines et vaines. J’ai enfin profité du silence apaisant, en récoltant un peu de fer dont je ne sais pas que faire…

Un haut-elfe était là, Rodry. Je l’ai soudain entendu soupirer. Il a dit simplement que cela faisait des heures que nous récoltions l’un près de l’autre et que nous ne nous battions pas pourtant. J’ai compris que ce devait être en rapport avec une discussion qui avait lieu sur les ondes. Je lui ai donc expliqué que je m’étais coupée des ondes publiques où je trouvais qu’il y avait trop de haine et de mesquineries. Il a souri en déclarant qu’il allait faire comme moi.

Étions nous les seuls à ne plus supporter ces verbiages stupides sur les ondes publiques? Je ne sais…

J’ai continué à récolter ainsi pendant des heures en silence me laissant engourdir par l’abrutissement du travail : piocher le fer, le porter jusqu’au dépôt, l’entreposer et recommencer sans fin…

La cérémonie funèbre sinane

Jour 12 Elfist – Fingelien 385
J’ai contacté la doge sinane Llariarith pour savoir ce qu’il en était des propositions que j’avais faites pour aider les familles en deuil du peuple sinan. Elle m’avait parlé d’aider à la garde des jeunes enfants d’un des défunts : Gaiden.

J’ai retrouvé Nivi sa veuve au village à l’est de la cité du port. Elle m’a présentée ses deux enfants Lusio et Lyri agés de 10 et 6 ans. Lyri ne semblait pas vraiment se rendre compte qu’elle ne reverrait plus son père. Lusio faisait le fanfaron mais ses traits tirés montraient qu’il ne dormait sans doute pas beaucoup. J’ai parlé avec eux. Lusio disait vouloir devenir un « grand guerrier ». J’ai déclaré qu’il était fier comme un vrai sombre.

Je lui ai demandé si il faisait de la nécromancie mais apparemment, chez les sinans, l’art nécromantique était réservé à des élites. J’ai alors commencé à raconter que quand j’étais enfant, je faisais de la nécromancie sur les insectes et les petits animaux. Les enfants étaient curieux. Ils voulaient tout savoir de mon histoire. J’ai commencé à conter mon histoire pendant que Nivi s’éclipsait discrètement pour prier au temple.

J’ai raconté avec des mots d’enfants l’amour et l’union de Killya et Keros, la fuite de ma mère pour échapper aux assassins et comment elle m’avait déposer sur le pas de la porte d’une maison humaine pour me sauver. Lusio écoutait avec attention. Lyri s’est endormie après quelques minutes. Darkmon qui s’inquiétait de mon silence, m’a rejoint pour écouter la fin de l’histoire.

Soudain, Lusio a enfin exprimé son inquiétude profonde. Qu’allaient ils devenir sa soeur et lui si sa mère mourrait comme son père? J’ai vu Darkmon baisser la tête. J’ai fait mon possible pour le rassurer : mes deux parents étaient morts et quelqu’un avait pris soin de moi. Il y aurait toujours quelqu’un pour prendre soin d’eux. Mais surtout, il était très peu probable que sa mère rejoigne son père : les aventuriers la protégeront et la doge également. Il a ajouté fièrement : « et moi aussi! ». Sa mère est arrivée à ce moment là. Elle était fière de lui. Elle semblait soulagée d’avoir eu un instant pour elle.

Nous sommes reparties avec Darkmon. Cette dernière a proposé que nous restions ensemble pour discuter. J’étais intriguée pourquoi souhaitait elle ma présence? Était-elle attirée par moi ? Je lui ai proposé d’aller voir le lever de soleil à Trépont. Elle a accepté me déclarant qu’elle aimait beaucoup elle aussi regarder les couchers et les levers de soleil.

Elle voulait que je lui parle de moi et de Kely. J’ai raconté comment Kely et moi nous étions unis et comment j’avais tout brisé en le trompant avec Malkael. Comment nous avions essayé de recoller les morceaux… Comment il m’avait trompé avec Kharya alors qu’il savait que j’avais des sentiments troubles pour elle… Comment il m’a aidé à accepter mon attirance pour les femelles en m’accompagnant pour rencontrer Bahar… Comment il l’a mise enceinte… Sa réaction violente quand il a appris qu’il allait devenir père… Comment il a petit à petit changé devenant plus colérique, plus violent… Comment il m’a presque violée ou plutôt celle qui était Killya… Comment il n’a plus jamais voulu me revoir après çà, sans doute trop brisé par ce qu’il avait fait… Comment il a disparu pendant des mois… Comment Kharya et moi, nous sommes devenues amantes… Comment quand Kely est revenu sans être vraiment lui même, Kharya m’a réconfortée… Comment nous nous sommes aimées passionnément… Comment elle a finit par me délaisser pour Bastian et Mulvaar… Comment j’ai tout accepté, ne voulant que son bonheur… et comment elle m’a laissé sombrer sans me rattraper… Comment j’ai essayé de garder une relation amicale avec elle mais qui était tellement douloureuse que j’ai fini par trancher ces derniers liens avec elle…

Darkmon écoutait. Puis elle a dit que j’étais arrivée à un point de rupture de moi même et qu’il fallait que je tire de la force de ma souffrance. J’avais tellement à découvrir encore… Je n’étais pas convaincue mais Darkmon a ajouté qu’il fallait laisser « le temps au temps ».

Je l’ai regardée sentant un frémissement de mon coeur pour elle… Je me demandais pourquoi elle restait si proche, s’inquiétant continuellement de moi. Je n’osais poser directement la question de savoir si je l’attirais. Alors, j’ai demandé de façon plus vague si elle avait déjà connu l’amour avec une femelle. Elle a répondu très doucement qu’elle n’avait jamais connu d’attachement avec qui que ce soit. Elle n’en avait pas le droit : s’attacher à quelqu’un était le condamner à disparaître.

Elle m’a raconté difficilement son histoire. Elle ne connaissait pas ses parent. Elle avait été placé dans un endroit qu’on pourrait appeler un « orphelinat » où se trouvaient tous les enfants sans parent. Il n’y avait aucun amour, aucune chaleur. On leur jetait parfois de la nourriture. Chacun devait se débrouiller pour survivre. Un jour, alors qu’elle devait avoir une vingtaine de fingéliens, on l’a sortie de cette cave.

Un vieille femme lui a annoncé qu’elle avait été choisie pour devenir le réceptacle. Jusqu’à qu’elle ait atteint ses soixante-dix fingéliens, elle a été « dressée » : chaque jour elle devait acquérir un nouvel enseignement qui était accompagné par une punition. Elle a alors compris que ce qu’on lui apprenait, n’était pas pour elle mais pour « l’entité » qui allait prendre son corps. Elle avait de plus en plus de mal à raconter son histoire. Elle a juste réussi à dire que son premier amour avait été tué de ses propres mains ou plutôt par l’entité qui était en elle. Cela ressemblait étrangement à ce que j’avais vécu avec Khaena et Killya : deux esprits dans un même corps.

Puis nous avons entendu la doge qui appelait ce qui le souhaitait à assister à la cérémonie honorant les sinans défunts. J’y ai retrouvé Nivi et ses deux enfants, essayant de les soutenir du mieux que je le pouvais. Puis nous avons rejoint la taverne pour boire un verre en l’honneur des disparus. J’ai refusé de m’asseoir à la table de Voronwe que j’estimais responsable du terrible accident qui avait coûté la vie aux sinans. Sa façon continuelle de vouloir envenimé les choses entre les peuples, avait amené les eldorians et les nains à le suivre dans une résolution agressive d’un conflit qui aurait pu être résolu de façon beaucoup plus sereine si il n’avait pas été là.

Je trouvais toutefois sa présence courageuse, jusqu’à ce qu’on son agressivité naturelle reprenne le dessus quand il a traité la Doge Llariarith de « serveuse ». J’ai failli me rendre à sa table pour le jeter dehors mais Llariarith m’a demandé par télépathie de rester calme pour ce jour réservé aux défunts. Puis, elle a ajouté que rien ne serait oublié ni pardonné. C’est alors que le Bailli sinan Bais a sorti une dague de sa ceinture pour la poser violemment sur la table dans un claquement sinistre. Il s’est ensuite éloigné. Tout le monde a alors remarqué les symboles de mort sur la lame.

Voronwe est enfin parti. La soirée a suivi son cours. Darkmon et moi avons fini nos verres. Elle a proposé que nous nous trouvions un abri pour la nuit. Une nouvelle fois j’ai été surprise de sa proposition. Voulait elle que nous passions la nuit ensemble? Nous avons trouvé une petite maison en bois au nord de la cité du port. Il y avait deux lits ce qui a semblé surprendre Darkmon. Je me suis demandée un bref instant si elle voulait que nous dormions dans le même lit… Puis, après qu’elle se soit installé dans un des lits, je me suis sagement installée dans l’autre.

Elle a sorti une couverture en peau d’ours polaire en me racontant qu’un aventurier lui avait offert à son arrivée. Elle a ajouté que quand on vivait seule, on avait tendance à se raccrocher à de petites choses. Je me suis étonnée : elle vivait seule? et son mâle Deskhart ? Elle affirmait qu’ils n’étaient pas si proche tous les deux et qu’il était des plus furtifs ces derniers temps. Elle a ajouté qu’elle aimait partager ses découvertes et ses difficultés mais qu’il n’était pas souvent là. J’ai osé un : « moi je veux bien partager avec vous Darkmon… ».

Elle m’a regardée gravement : « Oui moi aussi, mais je ne suis pas sûre de savoir ce que vous attendez et surtout je ne sais pas si je pourrais vous l’offrir. ». Elle n’avait pas besoin d’en dire plus, j’avais compris le sous-entendu. Pourtant, elle a préféré ajouter : « Pour l’instant je peux vous offrir la plus sincère des amitiés… je ne peux rien vous promettre de plus. ». Je me suis installée moi aussi pour la nuit me recouvrant de ma couverture de peaux de loups. Je l’ai remercié d’avoir été franche avec moi et je lui ai souhaité une bonne nuit. Mais, le sommeil ne venait pas et pour Darkmon non plus apparemment.

Elle s’est redressée en disant que nous avions l’air stupide comme çà : « Ce n’est pas parce que je ne peux pas répondre à vos désirs que je ne vous considère plus comme importante à mes yeux ». Puis, elle a ajouté que mine de rien elle tenait encore à son mâle si furtif. J’ai tenté de la rassurer. Deskhart était un mâle qui méritait le respect et je comprenais tout à fait qu’elle puisse l’aimer. Elle a déclaré qu’elle comprenais l’amour dans tous ses contextes et qu’elle ne voyait aucun mal. J’ai fini sa phrase : « mais vous n’aimerez jamais une femelle… ». Elle m’a surprise en répondant qu’elle ne savait pas. Elle a ajouté que j’étais celle avec qui elle se sentait le mieux parmi les sombres. Mais elle ne voulait pas que cela devienne trop pénible pour moi de la côtoyer en sachant qu’elle n’avait pas d’amour pour moi. Je n’ai rien répondu.

Je lui ai souhaité une nouvelle fois une bonne nuit. Je l’ai vu se recouvrir entièrement de sa couverture. Je me suis endormie d’un sommeil sans rêve.

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