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Retour dans les îlots

Jour 22 Ullitivar – Fingelien 383
J’ai rejoint les îlots. La douleur de ma mère était perceptible. Elle quittait le continent et celle qu’elle aimait pour rejoindre les îlots et celle qui avait été sa femelle et qui désormais l’ignorait. Elle se sacrifiait pour moi et Kely. Et je dois dire que pour moi aussi c’était difficile de m’imaginer sans Bahar même si j’avais décidé de ne plus la voir. Mais j’avais au moins la consolation de retrouver Kely.

Il était heureux et ému de me revoir. Il avait cru que j’allais rester sur le continent et ne plus revenir. Mais cette idée ne m’avait pas traversé l’esprit. Je savais que ma place était sur les îlots désormais pour vivre près de Kely. Nous avons beaucoup parlé tous les deux. Il avait l’impression qu’il ne m’apportait pas tout ce dont j’avais besoin. J’ai été franche. Depuis que j’avais touché le corps d’une femelle, je sais que l’envie serait toujours là. Je lui ai fait remarqué que moi non plus, je ne semblais pas lui apporter tout ce dont il avait besoin de la part de sa femelle : ma douceur ne s’accordait parfois pas avec ses envies plus brutales. Il m’a regardé interdit, se rendant compte que j’avais raison. Nous allions devoir trouver une autre manière d’envisager notre couple sans que l’autre en souffre : un difficile équilibre.

Je savais aussi qu’en retournant sur les îlots. Je rejoignais un peuple avec lequel mes relations étaient redevenues tendues à cause de mon différent avec Kharya. D’ailleurs, j’avais désormais beaucoup de mal à l’appeler Ilharess alors qu’il y a encore quelques temps je ne pouvais pas l’appeler autrement. Comme si, j’avais perdu le respect que j’avais toujours eu pour elle. Pourtant sur le continent, j’avais commencé à accepter l’idée de lui pardonner. Mais, quand ma mère m’a appris la façon dont elle l’avait traitée, ignorant sa présence et la reléguant derrière un mâle nain, çà m’a rendue furieuse. J’avais l’impression qu’elle avait traité ma mère avec irrespect : elle ne méritait pas çà. Je dois dire que j’étais heureuse qu’elle ait trouvé du réconfort dans les bras de Bahar et même plus. Ma mère ne se laissait pas emprisonner dans la toile de cette fille de Lith pour mourir à petit feu. Elle s’en échappait recherchant le bonheur ailleurs.

Il y a eu un conseil matriarcal, ce soir là. Il fallait nommer les nouveaux officiels aux postes séridiens. Je n’avais bien sûr proposer ma candidature pour aucun d’eux. Je me voyais mal remplir une telle fonction alors que je n’avais plus foi en celle qui dirigeait le peuple. Mulvaar a été désigné pour devenir représentant. Je trouvais çà affligeant que cet être sournois devienne le représentant des sombres. J’ai secoué la tête mais je n’ai rien dit. Alak a été nommé échevin et Iymril économe. Je les appréciais tous les deux et même si ils semblaient jeunes et inexpérimentés, j’étais sûre qu’ils honoreraient leur peuple.

Quand il a fallu nommé des suppléants, Mulvaar a émis l’idée que je pourrais être la sienne. J’ai répondu d’un « non merci » glacial. Il a fait un petit sourire en coin déclarant que ma mère pourrait être intéressée. J’ai regardé Kharya en affirmant que ce n’était surement pas le cas en ce moment. Mulvaar s’est tu. Il avait soudainement pris conscience de la tension qui existait entre Kharya et moi. Iymril semblait elle aussi désolée. Elle sentait cette tension depuis le début de la réunion sans en comprendre la raison. Et elle ne comprenait pas pourquoi je n’avais aucun poste. J’ai tenté de lui expliquer que c’était mon choix. Mais, cette déchirure qu’elle sentait au sein du peuple la perturbait. Mais j’étais incapable de faire plus pour le moment. J’aiderai mon peuple du mieux que je pourrais mais je ne voulais pour l’instant plus m’impliquer dans la politique.

J’ai quitté rapidement la réunion. Je voulais rejoindre les bras de mon mâle. Kharya n’a pas réclamé ma mère. Elle ne l’avait pourtant pas vu depuis des jours. Je me demandais si c’était çà la fin d’un amour : jouer à s’ignorer mutuellement pour s’oublier petit à petit…

Jour 3 Félinien – Fingelien 383
Aleldar avait eu une idée. Il pensait que nous pourrions trouver des indices dans les catacombes effondrées de Naralik. Avec Kely, nous avons organisé une expédition là bas avec tous ceux qui voulaient se joindre à nous. Il y avait : Bouh, Malkael, Chto, Lao, Iymril, Cisco, Voronwe, et d’autres. L’Ilharess s’est finalement elle aussi jointe à nous.

Le plan était simple : se glisser parmi les créatures avec des potions d’invisibilité et visiter les lieux. Je ne sais combien de fois je suis tombée sous les lances des démons d’jhi qui me repéraient alors que mes potions d’invisibilités refusaient de fonctionner. Je n’ai rien trouvé pour ma part. Mais Bouh est parvenu à ramener un livre de sort qui semblait servir au incantation de la première Matriarche des îlots Gaed’Estr. En recoupant, les informations de ce livre et un ancien parchemin de Ardur, les aventuriers ont compris qu’il faudrait trouver trois équivalents de l’orbe. Pour celà, nous devions nous rendre à Nargraw Nord, rencontrer le seigneur galdur Herm et d’autres anciens galdurs qui avaient participé à la guerre de l’Orbe.

Le seigneur Herm nous a proposé un chantage ignoble. Il nous offrait des informations à la seule condition de lui faire construire un palais « digne de sa puissance » et une rénovation de sa région, et tout ceci pour un montant allant de 5 à 10 millions de lumens. Notre Ilharess Kharya, en tant que Chambellan, a accepté. Elle savait qu’elle n’obtiendrait rien de lui si elle n’acceptait pas le marché et la situation était urgente. Les créatures commençaient à envahir tout Séridia. L’acceptation de ce marché a fait grincer des dents mais les récriminations les plus virulentes venaient de l’elfe Voronwe qui convoitait la place de Chambellan et d’un bleu Drakalch qui semblait être de mise avec lui.

Après avoir signé le contrat dans le sang, le seigneur a accepté de nous laisser un de ses mages Venrham qui nous aiderait à sortir les pierres que nous convoitions. Une fois de plus, rien n’était simple. Il fallait nous rendre à Yrsis bastion des démons d’jhi. Le mage lançait une incantation qui permettait la sortie d’une créature. Chaque créature devait être abattue différemment suivant la vision de Venrham. Le premier était un Vengeur, une espèce de guerrier fantôme géant. Celui-ci devait être détruit par la magie. Vient ensuite un Mirage un gros chimérien du désert, qui devait mourir par l’épée. Et la dernière créature était une cockatrice qui elle devait mourir sous les coups d’une créature invoquée par nécromancie. Cette dernière nous a posé problème. Nous n’avions aucun grand nécromant parmi nous. Kely était sans doute le plus puissant des aventuriers présents. Je lui ai dit qu’il devait y aller. Il hésitait, si il le faisait, il révélerait au grand jour ses talents de nécromant et serait sans doute discrédité par son peuple. Pourtant, il est parti chercher les essences nécessaires à son art, pour la défense de Séridia. Heureusement, au dernier moment, Fharath est arrivée et a invoqué un géant qui a détruit d’un seul coup de massue la cockatrice.

Nous sommes ensuite rapidement retournés en Séridia. Nous avions les trois points d’incantations. Aleldar me confirmant par télépathie ce que nous avions deviné l’Ilharess et moi : la mine de titane, la bibliothèque de notre peuple, la place centrale à la statue de serpent. Kely irait à la mine de titane, Voronwe dans notre bibliothèque et l’Ilharess Kharya sur la place centrale. Tous trois devaient lever vers le ciel les trois pierres pour conjurer la malédiction des lieux. Les combattants devaient les défendre coûte que coûte et empêcher les créatures d’approcher d’eux. Kely était à l’endroit le plus dangereux et il est tombé. Nous avons cru que tout était perdu mais Minoth, un de nos frères sombres a repris la pierre et a poursuivi ce que Kely avait commencé. Les pierres bleues de purification que tenaient les trois aventuriers ont fini par attirer les pierres rouges de malédiction du sol. Les pouvoirs des deux pierres se sont annihilées entre elles. Les démons d’jhi ont fui suivis des peaux vertes. Les troupes du général Ernek les attendaient dans les montagnes pour les éliminer. Tandis que nous éliminions ceux qui étaient restés en retrait.

La guerre était gagnée. Le seigneur Luxin a félicité les aventuriers et leur a annoncé qu’un banquet serait organisé pour fêter la victoire. Il a annoncé le début immédiat des travaux sur Naralik. J’étais fière d’avoir participé à la libération de nos terres mais j’étais épuisée. J’ai retrouvé les bras chauds et réconfortants de Kely oubliant la guerre pour profiter enfin de nous.

Découverte d’Irilion – dernier voyage

Jour 26 Elfist – Fingelien 384
J’étais encore en train de discuter avec Malkael de la discussion que j’avais eu avec Fharath quand Kharya est arrivée. Elle s’est assise à côté de nous en silence. Mulvaar est arrivé peu après. Il était étrange… le regard éteint… Il parlait de mission à accomplir. Il semblait obéir aveuglement à Kharya suivant ses instructions à la lettre. Quand il est reparti, J’ai demandé à ma sombre ce qu’il arrivait à Mulvaar. Elle m’a juste dit qu’il avait bu une potion de dévotion. Je l’ai regardée avec des yeux écarquillés tandis qu’elle continuait à confectionner ses essences tranquillement.

Je n’ai pas pu l’interroger plus sur le sujet. Les jeunes sombres arrivaient attendant que je leur fasse découvrir les dernières régions d’Irilion. Il y avait Iymril, Darkmon et Deskhart. Nous avons Visité : Yrsis, Arius, le passage de Fénégor, le Val d’Iriliel et Aeth Aelfan. C’est étrange… pendant cette visite, je ne cessais de leur montrer des endroits où j’avais été heureuse, où j’avais été avec ceux que j’aimais et que j’avais aimé. Une étrange nostalgie me prenait. Je ne suis pas sûr que quelqu’un s’en soit rendu compte… Par contre, moi je me rendais compte du silence pesant de ma sombre.

Nous avons fini à la taverne d’Aeth Aelfan. J’ai demandé à Kharya si elle souhaitait aller dormir. Elle a décliné l’offre. Elle avait besoin d’aller méditer au temple de Lith. Je voyais bien qu’elle n’allait pas bien… et ce n’était vraiment pas le moment de lui parler de mes doutes et de ma discussion avec Fharath. Je suis partie de mon côté tout en continuant à lui parler par télépathie. J’ai deviné que c’était l’état de Mulvaar qui la préoccupait. Elle se sentait responsable… C’est elle qui lui avait parlé de cette potion de dévotion quand il a commencé à trouver que la sinane le rendait faible. Il avait du jouer à être tendre et du coup était tombé dans le piège de la toile que la sinane avait tissé autour de lui. Il voulait redevenir lui même, il se détestait et avait demandé de l’aide à ma sombre. Elle l’avait prévenue des effets dévastateurs de cette potion. Mais il avait préféré la boire et devenir un sombre obéissant et sans âme plutôt que de devenir tendre et sentimental…

Ma sombre souffrait de le voir ainsi. Elle avait commencé à s’attacher à lui et le voir dans cet état était douloureux pour elle. Une fois de plus, un de ceux qu’elle avait aimé disparaissait. Elle voulait comprendre pourquoi notre déesse Lith, lui en voulait autant. Elle avait décidé de passer la nuit à méditer pour chercher des réponses. Je l’ai laissé espérant qu’elle trouverai de l’apaisement. Je me suis endormie seule encore une fois dans un des igloos de Trassian. Le froid était autour de moi mais aussi dans mon coeur.

Déception

Jour 8 Fingel – Fingelien 384
J’ai retrouvé Kharya à Fénégor. Elle était pensive en train de récolter des amanites. Je me suis installée à côté d’elle en silence. Elle m’a sourit en me prenant la main. Nous sommes restées juste l’une à côté de l’autre en silence en ne faisant que récolter. Elle est partie chercher des fruits et je l’ai suivi m’installant en face d’elle près de la petite cascade sur une petite couverture. Nous avons parlé des enfants de Bahar : elle voulait savoir leurs noms. Je lui ai expliqué la méthode que j’avais employé pour les protéger de Vulgor. J’ai continué à m’épancher sur le sentiment que j’avais eu en face de Bahar : mon envie de fuir. Elle m’a tendue ses bras pour que je puisse m’y blottir. Sur le moment, je me suis sentie rassurée par l’amour qu’elle me montrait ainsi. Mais en y repensant, je me demande si elle n’avait pas eu là un geste maternelle qu’elle aurait eu avec n’importe quelle de mes soeurs qui lui auraient confié ses problèmes.

Elle a été invitée par les nains à participer à la cérémonie de deuil de trois natifs nains morts suite à l’invasion des forges d’Hamal. Je lui ai proposé de l’accompagner. Elle a accepté. En retournant au dépôt, j’ai constaté que Malkael était en compagnie d’Iymril. A la façon, dont ils étaient ainsi proches l’un de l’autre, j’ai supposé qu’il y avait peut-être une liaison entre eux. Je n’ai rien dit. D’ailleurs, que pouvais je bien dire? J’étais moi même dans les bras de Kharya quelques instants auparavant.

La cérémonie n’a pas commencé tout de suite. Nous avons du attendre à Illumen que les derniers gobelins soient éliminés.

Notre frère Morax a proposé sur nos ondes à Kharya de l’accompagner à la cérémonie. J’ai eu peur qu’elle accepte mais elle a répondu qu’elle l’était déjà. Mon frère sombre a voulu savoir qui était « l’heureux élu », Kharya n’a rien répondu se contentant de sourire malicieusement. J’étais heureuse qu’elle préfère rester à mes côtés pourtant je me doutais qu’un mâle comme Morax avec son intelligence pourrait peut-être lui faire oublier Mulvaar. Elle m’a répliqué qu’elle n’avait pas besoin d’oublier Mulvaar. Elle allait bien. J’ai essayé d’insister. Elle m’a traité de têtue en souriant. J’ai répondu que j’étais juste amoureuse et que je m’inquiéterai toujours pour elle. Elle n’a rien répondu…
Eryann était là à ce moment là. Je crois qu’il essayait d’attirer mon attention mais ma conversation avec ma sombre l’avais complètement focaliser sur elle.

La cérémonie a ensuite commencé particulièrement ennuyeuse. Morax s’est mis à discuter avec moi par télépathie. Je dois dire que çà m’occupait un peu l’esprit. Les nains ont porté les corps des trois natifs, dans la grotte de rubis de Nord Thyl. Certains aventuriers sont tombés sous les coups des hordes de gobelins qui vivaient là. Étrange, pour des nains d’enterrer les leurs dans un lieu investi par les gobelins… Comment leur âme pourrait y trouver la paix?

La cérémonie se continuait interminable. Il fallait faire des offrandes. J’ai soufflé à Kharya que nous pourrions déposer de la viande, des os, une barbe coupée et des essences vitales, tout ce qu’il faut pour un nécromant pour leur redonner vie. Elle a sourit me trouvant particulièrement taquine avec les nains. Je dois dire que je me sentais oppressée par leurs attaques continuelles et me moquer d’eux me permettait de lâcher un peu de la pression accumulée. Mais je l’ai fait par télépathie alors que personne d’autres ne m’entendait à part Kharya.

C’est le sombre Dalz qui s’est permis de plaisanter en public. Au moment, où le nain gardien de la tradition qui présidait la cérémonie a prononcé le mot « bénir », il l’a béni par magie. Il savait très bien que les nains étaient très réticents à l’utilisation de la magie. Et l’utiliser ainsi sur un de leur, devant tous, lors d’une cérémonie de deuil, était une provocation difficilement pardonnable. Je crois que Kharya a du envoyer télépathiquement menacer Dalz avec son épée tandis que les nains se regroupaient autour de lui pour l’attraper. Il s’est enfui en se téléportant.

Les nains grognaient contre cet affront et je les comprenais. De plus, Dalz aurait pu mettre en danger notre Ilharess si les nains avaient décidé de se retourner contre elle. Mais, ils ont juste réclamé que justice soit faite. J’étais déçue qu’un de mes frères se montrent aussi stupides que les nains. Nous avons préféré nous éloigner rapidement pour rejoindre la prochaine étape de la cérémonie : l’arène. Je suis restée en arrière pour protéger mon frère Morax qui avait quelques difficultés contre les gobelins.

J’ai rejoint Kharya à l’arène et je me suis endormie contre elle, épuisée. Je crois me souvenir qu’elle m’a amenée dans la maison aux lys tigrés d’Illumen. A mon réveil, elle n’était pas là… J’avais une nouvelle fois dormi seule. J’avais pourtant pensé qu’elle dormirait avec moi cette nuit… J’ai l’impression que je ne suis pas assez… enfin trop… enfin je ne sais pas… Je ne dois sans doute pas être celle dont elle a besoin. Sans ma mère, je suis incapable de la retenir.

Je me pose de plus en plus la question de savoir ce que je fais sur les îlots… Il est peut-être temps de passer à autre chose et de prendre un nouveau cap ?

La nouvelle Naralik

Jour 6 Illumen – Fingelien 384
Je suis arrivée à Trépont. J’ai contacté tout de suite Kharya par télépathie. Pour ma plus grande joie, elle a accouru. Nous nous sommes enlacées heureuses de nous retrouver après une si longue absence. Nous avons rejoint la taverne pour boire un verre en discutant de mes découvertes à Bordeciel. Elle m’a ensuite parlé des mâles qui lui tournaient autour : Morax, Ranaghar. Elle m’a surprise quand elle m’a avoué vouloir s’unir à Mulvaar… Ma mère est intervenue. Elle a été une véritable peste. Quand j’ai repris le contrôle, l’humeur joyeuse de ma Shaa’enySs était devenue maussade.

Elle m’a proposé de changer d’endroit. Nous avons été sur la terrasse de la forge de Naralik pour regarder les derniers préparatifs, continuant à parler de choses et d’autres. Nous nous caressions tendrement mais je n’osais pas faire le premier pas même si j’avais très envie d’elle. Nos caresses sont devenues plus sensuelles et nos baisers plus pressants. Nos corps se sont retrouvés avides l’un de l’autre après cette longue séparation. Nous nous sommes endormies dans les bras l’une de l’autre. Elle a du ensuite partir très vite à cause d’une réunion de justice.

En l’attendant, j’ai fait la connaissance de Morax. Elle m’avait conseillée de l’avoir à mon bras pour l’ouverture de Naralik. J’aurais préféré Malkael mais je savais qu’il entretenait une relation avec Iymril. Celle-ci avait d’ailleurs fait la demande à Kharya et Rhiordan de se le « réserver ». Je ne sais pas si elle avait connaissance de ma relation avec Malkael mais Iymril m’a saluée très gentiment en entendant ma voix sur les ondes sombres.

Quand je suis arrivée à Morcraven, Morax m’a proposé de nous retrouver dans un lieu à l’écart. C’était une petite maison à flanc de montagne au sud de Morcraven. Nous nous sommes assis par terre. Il a allumé les quelques bougies qui se trouvaient là. Il est resté assez silencieux. Il voulait apprendre à me connaitre. Je lui ai parlé assez rapidement du partage d’esprit que j’avais avec ma mère, afin qu’il ne soit pas trop surpris si jamais il la croisait. Il n’a pas paru rebuter par cet aspect. Il m’a appris que son clan l’avait envoyé sur les îlots à la mort de son père. C’était un grand nécromant. Son clan voulait qu’il développe ses dons de nécromancie ici.

Nous avons ensuite rejoint le dépôt : l’heure de l’ouverture était arrivée. Il y avait là Malkael qui semblait à la fois heureux de me voir et inquiet par ma disparition si soudaine. Nous avons commencé à visiter. Eryann est arrivé. Sur les ondes sombres, RanaGhar a commencé à parler de goûter « à la chaire fraîche du pâlot ». Je l’ai prévenu de ne pas toucher à celui-là. Il s’est incliné déclarant qu’il me le laissait.

La visite a continué. J’ai perdu de vue Eryann et Morax. Par contre, celle que j’ai vu, c’est Ajh’Illya. Elle m’a regardée surprise de me trouver là apparemment. Je lui ai lancé un regard glacial. Et ma mère a pris le contrôle du corps. Elle était en rage que Ajh’Illya ose mettre les pieds sur nos terres, elle qui était l’amante de celui qui avait violé l’Ilharess du peuple sombre. Je sentais toutes ses émotions qui débordaient. Elle avait peur que la bleue attire Vulgor près de Kharya. Cette crainte était irrationnelle mais je crois que la panique de revoir Kharya blessée embrumait son esprit. Elle a suivi Ajh’Illya partout échangeant des propos acerbes avec elle jusqu’à ce qu’elle décide de partir d’elle même.

Elles ont quand même continué à s’invectiver par télépathie mettant ma mère dans une rage proche de la folie. Elle s’est précipité dehors hurlant qu’elle allait la tuer. Elle a plongé sa tête dans l’eau pour tenter de calmer son feu intérieur. Puis, elle est partie pour Irinveron s’endormant dans la neige fraîche.

Remords dans les bras de Malkael

Jour 10 Illumen – Fingelien 384
A la fin de ma transe, j’ai rejoint Malkael. Il me l’avait fait promettre. Nous avons parlé pendant des heures. Il s’inquiétait de savoir si mon départ n’était pas du au fait que je l’avais vu à Fénégor aux côtés d’Iymril. A vrai dire, ce n’était qu’une des choses qui m’avaient données envie de partir. J’étais en effet partie à la suite d’une série de désillusions et pas seulement celle-ci. Malkael avait du mal à y croire et il se sentait un peu responsable.

Mais, il m’en voulait aussi de ne lui avoir rien dit une nouvelle fois. Mais je ne l’avais pas fait car je pensais que Iymril s’en occuperai de lui bien mieux que moi. Et je ne lui avais pas écrit car je pensais qu’il n’aimerait pas une communication épistolaire. Il m’a assuré que même si il n’aimait pas écrire, il m’aurait répondu si je lui avais envoyé une lettre. J’étais émue. Malgré tout ce que je lui faisais subir, il continuait à tenir à moi. Je lui ai caressé la joue. J’ai approché mes lèvres des siennes mais au dernier moment, je me suis souvenue d’Iymril et j’ai juste déposé un baiser sur le coin de ses lèvres. Mais Malkael n’a pas résisté et a attrapé ses lèvres avec les siennes en m’embrassant avidement.

Nous étions au tout nouveau dépôt de Naralik et il valait mieux que nous allions dans un endroit plus calme. Nous avons opté pour Arius où nous allions souvent tous les deux. Malheureusement, il y avait des créatures issue des restes d’une invasion. Finalement, Yrsis nous a ouvert ses bras une nouvelle fois. Nous avons retrouvés cette maison avec le balcon que nous aimions tant. J’essayais de retenir l’envie que j’avais de lui et je crois que lui aussi. Il était noué. Je le sentais. Il hésitait et moi aussi. Je lui ai proposé un massage… et tout s’est enchaîné, nos corps se sont retrouvés avec avidité.

J’étais apaisée entre ses bras mais le remord a commencé à m’envahir. J’ai parlé à Kharya de ce qu’il venait de se passer. Elle a tenté de me rassurer suggérant que peut-être Iymril accepterait de partager Malkael. Elle m’a même proposé de tâter le terrain pour savoir si l’idée pourrait être envisagée… Je l’ai remercié. Elle ne m’en voulait pas d’avoir rejoint Malkael. Elle semblait même plutôt contente pour moi. Je me suis endormie avec une drôle d’impression : heureuse mais avec une boule de remords dans la gorge.

La réaction d’Iymril

Jour 18 Illumen – Fingelien 384
Avec l’accord de Malkael, j’ai parlé à Iymril. Elle était furieuse mais pas après moi… après Malkael. J’ai essayé de lui dire que Malkael n’avait pas pu résister à une femelle sombre. Mais elle m’a raconté qu’elle l’avait volontairement poussé dans mes bras pour le tester. Et mon beau mal sombre m’avait cédé et avait sans doute perdu la confiance de sa nouvelle amante.

Puis, Iymril a continué la discussion mettant de côté le problème de Malkael. Elle m’a fait les mêmes reproches que Fharath mais avec des mots plus doux… Apparemment, elle la connaissait bien. J’ai détesté cette discussion. La rage gonflait en moi. J’ai stoppé la conversation assez rapidement. Je voulais une nouvelle fois partir. J’en ai parlé à Kharya, je voulais lui rendre ce qui appartenait au dépôt sombre. Elle m’a demandé si j’étais certaine de mon choix. J’ai répliqué d’un ton amer : « et toi ? ». Elle m’a répondu qu’elle voulait que je reste. Je suis restée un instant silencieuse. Je lui ai finalement dit qu’elle n’avait pas besoin de moi… J’espérais qu’elle nie cette déclaration mais elle n’a rien dit. J’ai préféré couper court à la conversation.

Une nouvelle fois, j’ai trouvé ma réaction exacerbée : pas le genre de réaction plus calme que j’avais d’habitude. Je suis restée isolée préférant éviter tout contact avec qui que ce soit.

Lettres et glace

Jour 9 Ullitavar – Fingelien 384
Durant le voyage, je repensais aux lettres brutales et dénuées de sentiments que j’avais envoyées à Iymril et Bahar en quittant les îlots. Je me souvenais d’une phrase maladroite que j’avais écrite à Iymril en parlant de Malkael : « Vous avez su profiter d’une période difficile pour Khaena pour attirer son attention. ». Je me rendais compte à quel point cette phrase pouvait être mal interprétée. J’espérais qu’il n’en était rien mais je n’avais eu aucune réponse d’Iymril.

D’ailleurs, je n’avais eu aucune réponse non plus à la lettre que j’avais envoyée à Bahar :
« Bahar,

Je crois que vous avez le droit de savoir que Khaena et Killya n’existent plus. Leurs esprits ont fusionnés en un seul. Je suis le résultat de cette fusion.

Je ferais en sorte que vous ne manquiez de rien comme l’aurait souhaité Khaena et Killya.

La chose qui remplace Khaena et Killya. »
Je ne sais ce qu’a pensé Bahar de cette lettre… Je suppose qu’elle a été mortifiée.

Étrangement, j’avais l’impression que mon attitude glaciale avait été semblable à celle qu’avait Fharath. Est ce que la sombre si dure et si froide avait cette façon d’être pour se protéger? Est ce qu’elle caparaçonnait son coeur ainsi pour ne pas souffrir? Possible… Mais à vrai dire, je ne voyais pas bien comment je pourrais le vérifier. Il faudrait déjà que j’arrive à l’approcher sans qu’elle me repousse. Mais je n’étais pas sûre d’avoir envie de ce genre de confrontation même si je n’étais plus aussi vulnérable que la Khaena d’avant…

J’étais bientôt arrivée. J’attendais le bateau. Je regardais au loin espérant distinguer les îlots. Qu’allais je retrouver là bas? Est ce que j’aurais envie de rester cette fois?

Fenryos et les louves égarées

Jour 16 Nuona – Fingelien 384
J’avais reçu une lettre d’Iymril, il y a quelques jours.

« Khaena,
je ne sais si je vais parvenir au bout de cette missive… ou bien si, une
nouvelle fois je vais la déchirer…
j’aurai tant de choses à vous dire… mais tellement compliquées…
peut être commencer par : taknéa…
j’imagine votre surprise ! mais grâce à vous ou bien à cause de vous,
j’ai découvert la noirceur du sentiment qu’on appelle avec banalité :
jalousie…
elle m’a dévorée puis, grâce à Lith ?, elle m’a inspirée : j’ai piégé Malkael dans le Styx où je l’avais attiré… j’ai découvert la faiblesse d’un mâle face à l’une de nous… et mon esprit est maintenant libéré… le reste de la nuit, mes cauchemars ne sont pas revenus… ses bras étaient réconfortants…

Depuis, Malkael m’a appris que vous quittiez ces ilots…
Certes, je l’ai pour moi toute seule (quoi que j’en doute…) mais je sais que vous lui manquez, bien qu’il se refuse à cette idée… Il vit cela comme une… fatalité… un choix que Lith aurait décidé… le déchargeant, lui, de le faire ?
Mais en réalité… je crois que j’ai changé… Je tiens peut être trop à ma liberté pour en priver les autres…
Oui, je suis bien avec lui mais j’aurai aimé vous connaître un peu plus…
vous offrir mon amitié s’il n’est pas trop tard…
De plus, je n’arrive pas à trouver ma place au sein de notre peuple…
j’ai perdu tout intérêt… que des mâles que je soupçonne emplis d’ambition,
pour succéder à nos sœurs…
Je dois vous avouer que je vous imaginais devenir notre représentante…
vous, vous auriez su être attentive à vos sombres et créer une véritable force et union du peuple…
Là, je crains que les apparences ne soient trompeuses : Naralik n’a jamais été aussi belle mais dans ses entrailles,j’ai peur du courroux de Lith…

pour finir sur une note plus drôle : savez vous que notre sombre s’est mis à récolter !!
j’en suis resté… figée ! À vérifier qu’il ne faisait pas semblant ! Mais non !…

Si vous décidez de revenir même un bref instant, sur nos ilots, et bien sûr,si vous le souhaitez,
je serais heureuse de partager un peu de temps avec vous…

je vous souhaite de trouver le bonheur que vous méritez où que vous soyez…

Iymril

je ne peux m’empêcher de rajouter ces quelques lignes:
alors que nous récoltions du soufre en ce jour de famine, j’ai croisé notre jeune sœur (suis je si vieille déjà??!!) Darkmon… elle semblait… triste et seule… et s’était, elle aussi, réfugiée en Irilion, loin de Naralik… son passé semble avoir été douloureux… elle m’est apparue… perdue… je l’ai assuré de mon soutien si elle avait besoin d’une amie… mais pourrais je l’aider comme vous auriez su le faire… ?
Khaena que se passe t il ici ? Est ce un autre cauchemar ? »

Je lui ai répondu en tentant de la rassurer.

« Ma chère Soeur,

J’ai bien reçu votre missive.

Je suis heureuse que vous ayez retrouvé les bras de Malkael. Je ne l’ai jamais beaucoup ménagé avec mes absences et mes départs alors qu’il a toujours été là pour moi quand tout allait mal. Je crois que vous n’aurez pas de mal à être une bien meilleure femelle que je ne l’ai été pour lui. C’est ce que je lui souhaite et c’est ce que je vous souhaite. Malkael sait être attentif pour une femelle.
Et oui, je sais qu’il récolte mais uniquement quand il est en charmante compagnie! Il devait être avec vous.

Ce que vous me racontez de vous et de Darkmon, m’attriste. Il est vrai que la façon dont tourne le peuple et le retour du culte de Lith n’ont pas été parmi les choses qui m’ont donné envie de rester. Mais, je pense que vous pouvez faire confiance à l’Ilharess pour réunir son peuple. Elle peut paraître parfois inaccessible et froide mais dans le fond elle ne l’est pas. Faites lui par de vos doutes, je suis sûre qu’elle saura vous rassurer.

Je vais revenir. Je ne sais quand mais j’espère que vous serez là. J’aimerais apprendre à vous connaître un peu mieux. Malkael me disait souvent que nous nous ressemblions. Nous avons déjà les mêmes goûts en ce qui concernent les mâles. Cela nous fait déjà un point commun, peut-être qu’il y en a d’autres?

A bientôt, je l’espère.

Khaena. »

Dés que nous avons eu un petit moment de répit avec Shaael, Je lui ai annoncé que je devais retourner sur les îlots, rejoindre mes soeurs sombres, Iymril et Darkmon. Elle a grogné. Je sentais sa jalousie, elle avait peur que je retourne entre les bras de Kharya. Pour la rassurer, je lui ai promis de ne pas tenter de la contacter. Je voyais la question qui lui brûlait les lèvres : « et si c’est elle qui te contacte? ». Mais, elle n’a rien dit finalement acceptant que je rejoigne pour un temps la seule famille qu’il me restait. Pourtant je sentais qu’elle avait peur que je ne revienne pas. Quand à moi, j’avais le coeur déchiré : deux de mes soeurs avaient besoin de moi et ma femelle chat allait souffrir de mon absence. Je suis pourtant partie.

Tout juste arrivée, j’ai contacté Iymril. Elle m’a rejoint à Nukavuri. Nous avons parlé de tout et de rien : de son mal-être, de Malkael. Notre mâle avait semble-t-il succombé aux charmes d’une humaine… Iymril ne le comprenait plus et je dois dire que moi non plus. Nous avons fini par en rire : lui qui traitait avec mépris tout ce qui n’était pas sombre, était tombé avec la même rapidité que Mulvaar dans la toile de l’humaine. Les mâles étaient décidément désespérants…

Puis, Darkmon nous a rejoint. Elle se sentait mal elle aussi. La folie intégriste de la prêtresse de Lith Polgarath lui faisait peur. Elle et Iymril s’éloignaient de leur peuple, n’arrivant plus à se sentir en accord avec lui. Alors, je leur ai parlé de Fenryos, le dieu loup. Celui qui rassemblait les égarés, les oubliés et les solitaires. Je crois que çà leur a fait du bien de savoir qu’un dieu était là pour les protéger.

Alors que nous nous étions toutes les trois assoupies, j’ai ressenti des images que Darkmon m’envoyait inconsciemment : une louve blanche et un loup noir.

C’était magnifique… Darkmon affirmait qu’il ne s’agissait pas d’un rêve mais d’une vision qu’elle avait eu… Qu’est ce que cela pouvait bien signifier? Je ne sais pas… mais Fenryos avait pour habitude d’apparaître sous la forme d’un loup noir. Est ce que la louve blanche était Khala, la déesse de la lune?

J’ai proposé à mes soeurs égarées d’utiliser des ondes différentes de celles du peuple afin que nous soyons toutes les trois rassemblées dans cet esprit de Fenryos : liberté, intelligence et respect. Sans doute, d’autres égarés, d’autres solitaires, finiraient par nous rejoindre. C’est ce que nous espérions.

Avant que je ne partes, mes soeurs m’ont demandée si elles devaient suivre l’enseignement de Lith. Je n’aimais pas la vision de Polgarath sur Lith. Celle-ci n’avait retenu que la partie destructrice de la déesse mais Lith était aussi la création. Je craignais que mes soeurs souffrent de cet enseignement brutal. Je leur ai fait part de mes craintes tout en leur laissant la liberté de choix. A elles de voir si elles pouvaient recevoir cet enseignement sans être emportées par sa folie destructrice…

Je les ai laissé en leur promettant de revenir. Shaael avait besoin d’être rassurée elle aussi mais surtout chaque seconde sans elle augmentait ma douleur de ne pas être entre ses bras.

Une lettre et un retour

Jour 19 Nuona – Fingelien 384
Je n’étais même pas encore arrivée à Blancherive que déjà j’avais une lettre d’Iymril. Ma jeune soeur me racontait l’annonce de Polgarath faisant de Seliane sa fille adoptive… Elle en avait eu froid dans le dos.
Je dois dire que moi aussi quand je pense à la jeune Seliane à peine arrivée sur les îlots et déjà prise entre Kharya et Polgarath et devant satisfaire les deux… Comment allait elle pouvoir supporter cette pression? Si à mon arrivée, on m’avait traité de la sorte, je crois que je serais repartie. Il aurait peut-être mieux valu d’ailleurs. Mon expérience des îlots reste amère et j’ai de moins en moins envie d’y retourner.

J’ai chassé ces idées noires pour retrouver Shaael dans notre maison de Blancherive. Je suis entrée en silence. Je l’entendais. Elle était dans le laboratoire d’alchimie. Elle a soudain jeté rageusement contre le mur la potion qu’elle venait de faire. J’ai compris que sa mauvaise humeur était dû à mon absence et à son angoisse de ne pas me revoir. Je me suis approchée doucement mais elle m’a entendue et m’a plaquée contre le mur mes mains emprisonnées dans l’une des siennes et une dague sous la gorge, toujours prompte à se défendre.

Je lui ai souri. Ses traits rageurs se sont adoucis. Elle a baissé sa dague en me maintenant toujours les mains. Puis, elle m’a embrassée longuement, voluptueusement. Et pour finir, elle m’a entraînée dans notre chambre…

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